La salubrité de l'eau potable au Canada, de la prise d'eau au robinet : un document cadre

Table des matières

Préface

Le présent document cadre est centré sur une approche à barrières multiples, considérée comme le moyen le plus efficace de veiller à la salubrité, à la qualité et à la fiabilité des approvisionnements d'eau potable au Canada. Il décrit les enjeux de la qualité de l'eau de la prise d'eau au robinet, y compris le traitement, la vérification de la qualité de l'eau potable, le fonctionnement et l'entretien des systèmes de stockage et de distribution, et la sensibilisation du public. Cette approche reconnaît que si les barrières individuelles sont parfois inadéquates pour éliminer ou éviter efficacement la contamination, donc pour protéger la santé publique, ensemble, elles offrent une assurance accrue que l'eau potable sera salubre à long terme. Le cadre est conçu spécifiquement pour l'industrie de l'eau (publique et privée), y compris les gestionnaires et les praticiens chargés d'assurer la salubrité de l'eau potable.

Le présent document cadre a été produit par un groupe de travail du Sous-comité fédéral-provincial-territorial sur l'eau potable (SEP), qui relève du Comité fédéral-provincial-territorial de l'hygiène du milieu et du travail (CHMT). Un autre document en cours d'élaboration par le Groupe de travail sur la qualité de l'eau (GTQE) du Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME) examine les questions liées à la salubrité de l'eau potable de la source à la prise d'eau, dont la protection de l'eau de source. Ces deux documents seront fusionnés, puis augmentés en 2002 pour former un document technique à l'usage des pourvoyeurs en eau potable. Le document technique sera élaboré par un consultant sous la direction du SEP et du GTQE.

Introduction

Contexte

Par le passé, beaucoup d'agences au Canada et partout dans le monde ont eu largement recours à la surveillance de la conformité comme mécanisme pour gérer la qualité de l'eau potable et ainsi protéger la santé publique. La surveillance de la conformité consiste à échantillonner de petites quantités d'eau dans un réseau d'eau potable et à analyser ces échantillons afin de détecter la présence de substances ou d'organismes connus et quantifiables. Cette méthode comporte certaines limites importantes : les défauts des techniques d'échantillonnage et de surveillance; la prise en compte inadéquate de l'éventail de facteurs qui influent sur la qualité de l'eau potable; et le défaut de présenter une réponse efficace aux pathogènes microbiologiques et aux contaminants en l'absence d'une recommandation numérique prescrite ou d'une méthode d'analyse établie.

L'approche à barrières multiples reconnaît que la clé pour assurer la salubrité, la qualité et la fiabilité de l'eau potable consiste à mettre en oeuvre des barrières multiples contrôlant les pathogènes microbiologiques et les contaminants qui pourraient pénétrer dans le réseau d'approvisionnement en eau. Bien que l'approche à barrières multiples pour la sûreté de l'eau potable ne soit pas un concept nouveau, les pourvoyeurs d'eau du monde entier commencent à déplacer leur centre d'attention de la surveillance de la conformité à une approche plus globale.

Il relève généralement le travail des organismes de réglementation et des propriétaires/exploitants de réseaux d'eau potable de mettre en oeuvre des pratiques de gestion et d'exploitation afin de veiller à ce que ces barrières soient en place et en opération. Toutefois, les organismes de réglementation et les exploitants ne peuvent s'acquitter de ces responsabilités que si on leur donne les outils nécessaires (p. ex. : les ressources humaines et financières, la formation et l'éducation). Avec les bons outils, ils sont capables de mettre en oeuvre des barrières, de surveiller leur efficacité, de procéder aux inspections prescrites par règlement et de communiquer de l'information au public en temps utile et d'une manière transparente.

Portée

Le Canada dispose d'environ 9 p. cent de l'eau douce renouvelable du globe. Cependant, plus de la moitié de cette eau s'écoule vers le nord dans l'océan Arctique et la baie d'Hudson, ce qui en prive généralement les 90 p. cent de la population canadienne qui vivent à moins de 300 kilomètres de la frontière sud du pays. Ce fait, combiné aux récentes poussées de maladies d'origine hydrique à Walkerton (Ontario) et à North Battleford (Saskatchewan), a mené les Canadiens et Canadiennes à reconnaître qu'ils doivent traiter les sources d'eau douce comme une ressource précieuse plutôt que comme une commodité en surabondance, pour continuer à avoir accès à une eau potable qui soit salubre, sûre et fiable.

À cette fin, le Sous-comité fédéral-provincial-territorial sur l'eau potable (SEP) - qui représente les ministères ayant des intérêts dans la qualité de l'eau potable (généralement la santé et l'environnement) aux échelons fédéral, provincial et territorial - a élaboré le présent document cadre pour la gestion des approvision-nements en eau potable au Canada.

Le présent document prend en compte les facteurs qui influent sur la qualité de l'eau potable de la prise d'eau au robinet, que l'approvisionnement soit public ou privé, de grande ou petite taille, en milieu urbain ou rural. Il identifie les principaux éléments d'un programme complet sur l'eau potable et établit les meilleures pratiques de gestion pour les pourvoyeurs en eau potable, avec le but général de rétablir la confiance du public dans les réseaux d'eau potable canadiens. Le présent document sera augmenté en 2002 pour former un document plus long et plus technique à l'usage des autorités en matière d'eau potable et des autres personnes qui sont directement responsables d'assurer la sécurité des approvisionnements canadiens en eau potable, notamment les exploitants d'usines de traitement de l'eau potable. Comme l'eau embouteillée est régie par la Loi sur les aliments et drogues, ni le présent document ni le document technique augmenté ne traiteront de l'eau embouteillée.

Le SEP reconnaît que la protection de l'eau de source est une composante essentielle du schéma de gestion global visant à assurer la qualité de l'eau potable. Cependant, comme la protection de l'eau de source déborde le cadre des travaux de notre groupe, le présent rapport ne traitera pas en détail de la protection de l'eau de source. Les enjeux liés à l'eau de source sont au coeur du document cadre produit par le Groupe de travail sur la qualité de l'eau du CCME, document qui sera combiné avec celui-ci pour produire un document conjoint en 2002.

L'engagement dans le programme sur l'eau potable

Pour être efficaces et pour assurer la salubrité, la qualité et la fiabilité des approvisionnements en eau potable, les programmes sur l'eau potable comptent sur l'engagement d'un large éventail d'intéressés. Afin de renforcer la confiance du public dans le système, ces intéressés - les ministères, l'industrie, les entreprises du secteur privé, les organisations non gouvernementales et le public - doivent travailler ensemble sans perdre de vue le but ultime, qui est de protéger la santé publique. À tous les paliers, les politiques relatives à la qualité de l'eau potable doivent soutenir les objectifs de la santé publique, notamment celui de veiller à l'innocuité microbiologique des approvisionnements.

Les lois et règlements

Historiquement, au Canada, l'eau potable est considérée comme une ressource naturelle. À ce titre, la responsabilité législative de fournir au public de l'eau potable de qualité est depuis longtemps considérée comme une responsabilité provinciale ou territoriale. La plupart des provinces et territoires ont adopté des règlements exécutoires afin de protéger leur eau de source et d'établir des exigences pour la fourniture de l'eau potable, y compris la certification des exploitants.

La responsabilité mixte

Comme nous l'avons vu, la responsabilité de la supervision réglementaire de la qualité de l'eau potable publique relève généralement du gouvernement provincial ou territorial et l'obligation de fournir de l'eau potable incombe au pourvoyeur. Dans chaque sphère de compétence, l'autorité responsable de l'eau potable est normale-ment soit le ministère de la Santé, soit le ministère de l'Environnement (ou les deux). Sur les terres des Premières nations, la responsabilité est partagée entre les conseils de bande des Premières nations, Santé Canada, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, les autorités provinciales et la communauté elle-même. Les champs de compétence exclusive du gouvernement fédéral comprennent les parcs nationaux et les moyens de transport en commun tels que les aéronefs, les trains, les autobus et les navires.

Chacune de ces autorités doit trouver des moyens de gérer de manière compétente les approvisionnements en eau qui sont de son ressort. Les autorités doivent également veiller à ce que les consommateurs aient accès à l'information sur leur approvisionnement en eau potable qui peut avoir des effets sur leur santé.

Des directives rigoureusement scientifiques et applicables sur la qualité de l'eau potable

Depuis trente ans, les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral collaborent par l'entremise du SEP à établir les Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada. Les autorités provinciales et territoriales sont responsables de la mise en oeuvre de ces recommandations dans leur champ de compétence. À l'échelon fédéral, les recommandations servent d'étalon sur lequel on peut mesurer la qualité de l'eau potable sur les terres fédérales, notamment dans les parcs nationaux et aux passages frontaliers.

Les Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada établissent les paramètres fondamentaux que tout réseau d'aqueduc (public, semi-public ou privé) doit s'efforcer de respecter afin de fournir un approvision-nement en eau potable qui soit le plus salubre, le plus sûr et le plus fiable possible.

Des recommandations sont élaborées à l'égard des micro-organismes ou des substances chimiques qui répondent aux critères suivants :

  • l'exposition au micro-organisme ou à la substance pourrait entraîner des effets néfastes sur la santé; et
  • la substance ou le micro-organisme est souvent détecté, ou on pourrait s'attendre à le trouver, dans une grande quantité d'approvisionnements en eau potable du Canada; ou
  • la concentration à laquelle il est détecté ou à laquelle on pourrait s'attendre à le détecter a une importance pour la santé.

Les recommandations pour l'eau potable les plus importantes concernent la qualité microbiologique, afin de réduire autant que possible le risque d'exposition par l'eau potable à des organismes causeurs de maladie. La turbidité est également considérée comme un substitut de paramètre microbiologique parce qu'elle est étroitement liée à la qualité microbiologique de l'eau potable.

Des recommandations d'ordre esthétique et opérationnel sont également élaborées. Les recommandations d'ordre esthétique touchent les paramètres qui ont un effet sur l'acceptation de l'eau par les consommateurs, même si la substance en question se trouve à des concentrations inférieures à celles où pourraient apparaître des effets sur la santé. Ces recommandations portent également sur d'autres caractéristiques de l'eau qui pourraient avoir un effet sur son goût, son odeur ou sa couleur.

Toutes les valeurs des recommandations et les pièces à l'appui sont accessibles sur le site Internet sur la qualité de l'eau de Santé Canada (www.hc-sc.gc.ca/eauqualite). Les recommandations sont réévaluées selon les besoins.

Les critères de rendement et de conception

Les autorités qui prennent des décisions à propos des processus de traitement doivent choisir ceux qui offrent constamment au consommateur une eau potable et acceptable au plan esthétique. L'innocuité microbiologique de l'eau potable est un objectif de premier plan pour la santé publique. En conséquence, à moins d'une exemption particulière à un réseau, il est recommandé que tous les approvisionnements en eau potable soient désinfectés. En outre, le traitement minimal de tous les approvisionnements provenant de sources d'eau de surface et d'eau souterraine touchée par des eaux de surface devrait inclure la coagulation, la sédimentation et la filtration, ou des technologies équivalentes.

Il est également essentiel d'élaborer des normes de rendement exhaustives et défendables du point de vue scientifique à l'égard des technologies qui sont économiquement abordables, efficaces, fiables et réalisables. Les critères de rendement du traitement sont soit des mesures narratives soit des seuils numériques pour de nombreux paramètres spécifiques qui sont exigés pour que l'eau réponde à un objectif particulier en matière de santé publique ou de qualité de l'environnement. Parfois, lorsque le rendement des technologies de traitement disponibles est limité, la recommandation pour la qualité de l'eau potable est moins stricte. Lorsqu'une nouvelle technologie devient disponible et qu'elle s'avère efficace pour atteindre un résultat plus strict, la recommandation est modifiée en conséquence.

Les critères minimaux de conception, de construction (y compris les matériaux) et d'exploitation doivent assurer l'atteinte des objectifs de protection de la santé publique et de qualité de l'environnement. On ne peut employer une solution de rechange que si l'on peut démontrer qu'elle constitue une manière meilleure ou équivalente d'atteindre les mêmes objectifs.

Les programmes permanents d'investissement dans la construction et l'entretien d'infrastructures

Les coûts associés à la construction, à l'entretien et à l'exploitation de l'infrastructure sont bien réels. L'aide au financement des projets d'infrastructure est généralement accessible par les trois paliers de gouvernement (municipal, provincial/territorial et fédéral), chaque palier offrant le tiers des ressources financières nécessaires pour couvrir le coût d'un projet approuvé. Sur les terres des Premières nations, les conseils de bande reçoivent des subventions du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.

Il faut noter qu'une part importante des coûts de l'infrastructure d'approvisionnement en eau est assumée par les contribuables par la facturation normale de l'eau. Bien que le « financement spécial » de l'infrastructure de l'eau par le gouvernement soit important, le principe de l'utilisateur payeur pourrait aider à sensibiliser les consommateurs à la véritable valeur de l'eau.

Cela dit, il faut assurer le même niveau de protection de la santé publique quelle que soit la taille de la collectivité. Pour cette raison, il faudrait accorder une attention particulière au soutien financier additionnel que nécessitent les petits réseaux dans les collectivités rurales; ces réseaux ont accès à une assiette fiscale beaucoup plus faible que les collectivités plus populeuses et, par conséquent, ne sont pas toujours capables de fournir leur part des coûts d'investissement du projet en question. Pour des raisons de santé publique, il faudrait encourager certains petits réseaux à fusionner avec des réseaux municipaux. Les municipalités souhaitant devenir propriétaires de ces petits réseaux devraient avoir accès à une aide financière.

Les réseaux de distribution déficients sont une cause importante d'éclosions de maladies d'origine hydrique. Par exemple, un examen des éclosions de maladies d'origine hydrique aux États-Unis depuis 1991 indique que 38,7 p. cent de celles-ci ont été causées par des problèmes de réseau de distribution. Les collectivités sont donc fortement encouragées à mettre en place un programme de contrôle actif des jonctions fautives, soutenu par des règlements municipaux.

En outre, les organismes de financement devraient affecter leurs ressources en tenant compte des enjeux de la santé : les projets d'infrastructure ayant le plus d'effets positifs sur la santé devraient avoir préséance sur ceux qui n'auront que des effets négligeables sur la santé. Par exemple, le financement de l'entretien et de la modernisation d'une usine de traitement d'eau potable qui aura des effets positifs sur la santé publique devrait avoir préséance surla construction et l'entretien d'autres projets d'infrastructure.

Un élément de coût secondaire, mais tout aussi important, associé à l'entretien et à la modernisation de l'infrastructure est d'assurer que les installateurs et les concepteurs détiennent les qualifications requises. À cette fin, il peut être nécessaire de mettre en place des programmes de formation ou de certification.

La surveillance de la conformité et l'accréditation des laboratoires

La surveillance de la conformité doit s'effectuer à l'aide de méthodes variées afin de veiller à ce que les résultats d'analyses soit exacts et rapportés adéquatement. Chaque instance devrait avoir en place des processus d'approbation, ou des programmes d'Assurance de la qualité, contrôle de la qualité (AQ/CQ), pour choisir des laboratoires qui effectueront des analyses de routine des échantillons d'eau potable pour toutes les substances pertinentes et plus particulièrement celles qui indiquent la qualité microbiologique de l'eau potable. Les essais microbiologiques approuvés doivent être ceux élaborés spécifiquement pour l'eau potable; les méthodologies d'analyse environnementale des échantillons ne sont pas adéquates dans ce contexte. Les laboratoires devraient être accrédités pour exécuter les analyses spécifiques requises. Il faut noter que les laboratoires ne sont pas toujours accrédités pour effectuer tous les types d'analyse de l'eau.

Les événements récents ont prouvé qu'il faut davantage qu'une surveillance de la conformité pour garantir la qualité de l'eau potable. Il est tout aussi important que les usines de traitement de l'eau aient des normes pour le traitement et l'exploitation de l'usine et que des mécanismes soient en place pour assurer la conformité à ces normes.

Il est impératif d'établir des voies de communication claires entre le laboratoire, l'agence qui exploite l'usine de traitement et l'organisme de réglementation, afin de pouvoir réagir aux résultats d'analyses qui risquent de compromettre la santé publique ouvertement, efficacement et en temps voulu. Idéalement, l'agent sanitaire local de chaque instance, ou son représentant désigné, serait l'un des premiers points de contact où les laboratoires signaleraient tout résultat inacceptable au plan de la qualité de l'eau.

L'éducation du personnel des programmes sur l'eau potable

Il est d'une importance cruciale que tous les participants à un programme sur l'eau potable - qu'il s'agisse de représentants élus (y compris à l'échelon municipal), d'organismes réglementaires, d'employés scientifiques, d'exploitants des services publics, etc. - aient accès à une éducation permanente dans ce domaine. Une formation adéquate permet au personnel de prendre des décisions efficaces et d'avoir les connaissances nécessaires pour comprendre les conséquences de ses activités et de ses décisions sur la qualité de l'eau.

La recherche et le développement

Les programmes sur l'eau potable doivent réagir aux recherches en cours sur les nouveaux enjeux, en mettant l'accent sur la qualité microbiologique de l'eau potable de la source au robinet. Les instances devraient entreprendre de la recherche à l'échelle locale afin de déterminer les préoccupations pour la santé particulières à des sites donnés et la façon d'appliquer localement la recherche effectuée dans d'autres régions.

Les pourvoyeurs d'eau et les responsables de la santé publique jouent un rôle important dans la recherche en recueillant des données sur leur réseau d'aqueduc et la santé de la collectivité; il faudrait les encourager à participer à des activités de recherche. On peut parfois faire le suivi des effets sur la santé en comparant ces données aux registres des admissions des hôpitaux, aux dossiers de facturation des services médicaux ou aux ventes de produits pharmaceutiques sans ordonnance. Les données recueillies aident à déterminer si les contaminants ou les pathogènes en question pén&eg rave;trent dans le réseau ou s'ils sont une source de préoccupation pour les approvision-nements en eau potable du Canada. Ces données peuvent former la base de nouvelles politiques en matière de santé publique ou d'une réforme des politiques existantes.

L'évaluation de l'approvisionnement en eau potable

Un programme complet à barrières multiples pour l'eau potable comprend :

  • la protection de l'eau de source;
  • des enquêtes sanitaires sur la région source et le réseau de distribution afin de déterminer et de prioriser les risques pour la santé;
  • des plans de protection du bassin versant ou du haut des puits;
  • une capacité d'expansion en fonction des prévisions de croissance démographique;
  • pour l'eau traitée, un traitement optimal continu;
  • l'entretien de routine du réseau de distribution;
  • la classification de l'usine de traitement et du réseau de distribution, ainsi que la formation et la certification des opérateurs.

L'évaluation de l'approvisionnement en eau potable est à la base de toutes les activités liées à la fourniture au public d'une eau potable la plus salubre, la plus sûre et la plus fiable possible. Les évaluations déterminent les caractéristiques de la source d'eau, les dangers éventuels, la façon dont ces dangers constituent des risques et les meilleurs moyens de gérer ces risques. L'approvisionnement en eau potable englobe tout ce qui est compris entre le captage de l'eau brute et le point où l'eau atteint le consommateur.

La sélection des sources d'eau

La première étape de la mise en oeuvre d'un programme sur l'eau potable consiste à déterminer quelle eau servira de source d'eau potable. À ce stade, il faut évaluer les risques éventuels associés à la source. Les risques peuvent comprendre la faune d'un bassin versant, les activités récréatives telles que la navigation de plaisance dans un réservoir, les usines de traitement des eaux usées situées à proximité, les activités agricoles ou industrielles, etc. Le réseau doit être conçu afin de réduire au minimum l'impact des risques avec le temps. Les caractéristiques de l'eau de source - y compris les caractéristiques physiques (telles que celles de l'aquifère dans le cas des sources d'eau souterraines), les paramètres microbiologiques et chimiques, et les types de contaminants naturels et anthropogéniques présents - déterminent le type de traitement nécessaire pour offrir au public l'eau potable la plus salubre, la plus sûre et la plus fiable possible. Dans la mesure du possible, le système choisi doit pouvoir s'adapter au traitement de contaminants imprévus.

Les puits d'eau souterraine, les prises d'eau et les réservoirs d'eau brute

Les principales caractéristiques de la conception et de la construction des puits d'eau souterraine, des prises d'eau et des réservoirs d'eau brute sont l'emplacement, la taille et la capacité, les variations saisonnières, le temps de rétention, la période de conception, etc. Dans l'évaluation de ces composantes, il faut déterminer tous les dangers

éventuels et leurs causes, ainsi que le niveau de risque associé à chacun des dangers évalués, afin de pouvoir établir des priorités entre les mesures de gestion des risques.

Le système de traitement

Les systèmes de traitement doivent être conçus en fonction de la qualité de l'eau brute particulière au site. Les variations saisonnières doivent également être prises en compte. Les caractéristiques comprennent notamment les processus de traitement, les composantes du traitement, la conception de l'équipement, les produits chimiques utilisés, l'efficacité du traitement et les procédures de surveillance. Le traitement choisi doit répondre à tous les dangers éventuels et au niveau de risque associé à ces dangers.

Le réservoir d'eau traité, les conduites de branchement et le réseau de distribution

Les réservoirs d'eau traitée et les réseaux de distribution devraient être conçus de façon à tenir compte des facteurs suivants : l'accès des animaux sauvages et des personnes, la capacité du réseau, le stockage d'eau de secours, la durée de contact nécessaire à la désinfection, la réduction au minimum ou l'élimination des culs-de-sac et le contrôle des jonctions fautives. Ils doivent également être conçus et construits en conformité avec l'ensemble des arrêtés, des meilleures pratiques de gestion et des règlements municipaux ou provinciaux.

Les pourvoyeurs en eau potable et les consommateurs devraient être prévenus, lorsqu'ils achètent des produits qui seront en contact avec leur eau potable (comme des produits chimiques, du matériel de plomberie ou des filtres à eau), de n'acheter que des produits certifiés conformes aux normes de rendement en matière de santé reconnues. Cet avertissement est particulièrement important pour les consommateurs qui achètent en magasin des produits qu'ils installeront eux-mêmes; les constructeurs domiciliaires et les plombiers agréés sont tenus de n'installer dans les résidences que des produits certifiés afin de respecter les exigences des codes de plomberie. Néanmoins, l'utilisation et l'entretien adéquats de ces produits par le consommateur sont également importants pour réduire le risque de maladie.

La gestion de la qualité de l'eau potable

Le contrôle réglementaire

Les organismes réglementaires établissent des normes et veillent à leur application. Les projets d'aqueducdevraient être examinés et approuvés, puis il faudrait clairement établir les conditions à respecter. Les usines detraitement devraient faire l'objet d'inspections régulières afin d'assurer le respect des normes de qualité. Dans lecas contraire, il devrait y avoir des processus en place pour remédier à la situation. Les outils de conformité varientd'une instance à l'autre.

Les procédures opérationnelles

L'entretien et l'exploitation adéquats des approvisionnements en eau, des systèmes de traitement et desréseaux de distribution sont une composante essentielle de tout effort visant à assurer la production et la fournitureconstantes d'une eau potable de la meilleure qualité possible. Les procédures opérationnelles varient selon l'usine detraitement et l'instance, mais, en général, des exigences claires à l'égard de la surveillance des opérations devraientêtre en place; les usines devraient être supervisées par des opérateurs formés et certifiés; des programmes deformation des opérateurs devraient être en place; les installations devraient faire l'objet d'inspections régulières; et un soutien administratif devrait être disponible.

La surveillance, la production de rapports et la tenue des dossiers

La surveillance de la qualité de l'eau potable se fait à plusieurs niveaux. Il faut avoir des protocoles enplace pour toutes les activités, y compris le choix des laboratoires, la surveillance de routine, l'analyse deséchantillons et l'information du public; ces protocoles peuvent varier d'une instance à l'autre. En général, lesexigences de surveillances sont spécifiées par des organismes de réglementation.

La surveillance de routine comprend le prélèvement d'échantillons d'eau brute à la prise d'eau,d'échantillons d'eau à l'usine de traitement ou dans les puits et d'échantillons d'eau traitée dans le réseau dedistribution à intervalles prédéterminés afin de vérifier la qualité de l'eau. Les résultats de la surveillance devraientêtre rapportés directement à l'autorité en matière d'eau potable et être mis à la disposition du public. Comme nousl'avons déjà mentionné, il est impératif qu'un système de rapport soit en place afin d'informer le public si lesrésultats de l'analyse indiquent que l'eau potable présente un risque pour la santé qui pourrait être sérieux ou afind'expliquer l'importance des changements dans la qualité esthétique de l'eau. Il est particulièrement importantd'avoir des protocoles en place à l'égard de la qualité microbiologique de l'eau potable.

Les autres types de surveillance comprennent l'évaluation continue de l'emplacement des sites deprélèvement. Comme les échantillons sont prélevés dans une fraction infime de l'eau d'un réseau donné, il faut toutmettre en oeuvre pour que l'eau des échantillons soit représentative de la qualité de l'eau de toute l'usine et de tout leréseau de distribution. Afin de pouvoir remédier rapidement aux situations où le débit de l'eau semble restreint, il estimpératif de conserver des plans à jour du réseau de distribution dans un endroit facile d'accès. Les usines de traitement peuvent choisir d'utiliser la technologie informatique pour automatiser lasurveillance de la qualité de l'eau et des variables opérationnelles (la pression de l'eau, par exemple). En outre, pourfaciliter l'échange de renseignements sur l'approvisionnement en eau, les instances peuvent choisir d'élaborer desbases de données accessibles à une multitude d'utilisateurs. De plus en plus, les membres du public s'attendent àêtre en mesure d'accéder sur Internet aux renseignements concernant leur approvisionnement en eau qui peuventavoir des effets sur leur santé.

La certification et la formation

Comme les opérateurs d'usines de traitement et de réseaux de distribution ont un niveau important decontrôle sur la qualité de l'eau potable de la collectivité, et ainsi sur la santé publique, il est essentiel qu'ils aientreçu une formation appropriée et à jour. Cette formation doit comprendre une éducation de base sur l'importancede la désinfection pour l'atteinte des objectifs de santé publique.

Les approvisionnements en eau potable au Canada et aux États-Unis sont classés par catégories en fonctionde leur taille et de la complexité de l'exploitation. Ces classifications servent de base aux programmes de formationet de certification des opérateurs d'usine de traitement.

Des programmes de certification devraient être établis afin de veiller à ce que les opérateurs des usinesde traitement aient le niveau d'éducation, d'expérience et de connaissances nécessaire pour exploiter de façoncompétente le type d'usine où ils travaillent.

Il est impératif que les opérateurs et autres membres du personnel aient un accès continu à des possibilitésde maintenir et de mettre à jour leurs compétences et leurs connaissances sur une base régulière.

Les plans en cas d'incident ou d'urgence

Chaque système doit être doté d'un ensemble de procédures à suivre en cas d'incident ou d'urgence. Cesprocédures doivent être mises en place bien avant qu'un tel événement ne survienne. Les plans doivent prévoir desincidents variés tels que la perte de l'eau de source, les bris majeurs de conduites principales, le vandalisme, lespannes de courant et la contamination chimique ou biologique délibérée du réseau de distribution ou des réservoirs.Les plans d'urgence doivent comprendre des procédures claires pour remédier à la situation et communiquer avecles autorités compétentes.

L'évaluation et la vérification par des tiers

Tout système de la taille et de l'importance d'un approvisionnement salubre, sûr et fiable en eau potablenécessite une évaluation qui confirme que les services offerts sont conformes aux plans et aux attentes. Dans lesprogrammes canadiens sur l'eau potable, les évaluations vérifient si les éléments décrits dans le présent cadre ont étémis en oeuvre correctement et exécutés efficacement. Les résultats de l'évaluation servent de base aux améliorationsà apporter dans l'avenir.

La vérification officielle peut prendre diverses formes :

  • vérification du réseau de distribution;
  • vérification de la construction;
  • vérification opérationnelle;
  • vérification de la c onformité à la réglementation;
  • vérification du rendement du traitement;
  • vérification de la conformité administrative;
  • vérification des données sur la qualité de l'eau;
  • vérification professionnelle de la conception.

La sensibilisation et la participation du public

Le public a des attentes à l'égard de la transparence du gouvernement, particulièrement en ce qui concerneles questions qui touchent sa santé. Comme on l'a vu plus haut, la participation du public au programme sur l'eaupotable est essentielle à la réussite de ce programme. Pour favoriser la participation du public à tous les stades, ilfaut :

  • rendre les résultats ou les résumés des activités de surveillance disponibles et faciles d'accès, sur Internet, par exemple;
  • informer le public des risques pour leur santé et des mesures prises par les autorités pour atténuer ces risques;
  • publier régulièrement des rapports sur les réseaux d'eau potable, y compris les améliorations apportées et les domaines qui nécessitent une attention particulière;
  • éduquer le public sur un certain nombre de sujets : les avantages de la désinfection par rapport aux risques de contamination microbiologique et de maladie; la manière dont les recommandations sont élaborées et la signification des valeurs; les moyens de prévenir la détérioration de la qualité de l'eau chez soi; et le coût réel de l'approvisionnement en eau potable salubre;
  • incorporer des consultations publiques aux processus décisionnels ayant des effets sur la santé publique, y compris le processus d'élaboration de nouvelles recommandations et de nouveaux règlements;
  • sensibiliser le public aux enjeux de la conservation de l'eau.

Dans le domaine des avis d'ébullition de l'eau, les membres du public doivent être informés de l'émissiond'un avis qui touche leur collectivité, recevoir de l'information détaillée sur la ou les raisons qui motivent l'avis(mesure de précaution ou réaction à une éclosion), et être informés de la durée prévue de l'avis. Les autoritésdoivent également tenir compte des visiteurs de la collectivité lors de l'émission d'un avis - il peut s'avérer prudentde faire des annonces fréquentes dans des endroits très visibles. Les propriétaires de puits privés doivent être sensibilisés au fait qu'ils sont responsables de la qualité deleur eau et qu'ils doivent la faire analyser régulièrement. Ceci s'applique également aux propriétaires d'eaux desurface privées qui s'en servent comme source d'eau potable. Les propriétaires doivent savoir quoi faire en cas decontamination microbiologique ou s'ils trouvent des contaminants chimiques dans leur eau potable et connaître lesprocédures adéquates pour abandonner un puits qui n'est plus sûr ou dont ils n'ont plus besoin.

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