L'encadrement des peintures – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 10/8

Liste des abréviations et des symboles

Abréviations

CSB
caoutchouc butadiène-styrène
HR
humidité relative
ICC
Institut canadien de conservation
MTR
manutention, transport et mise en réserve
PDF
format de document portable
PE
polyéthylène
PEAV
poly(éthylène-acétate de vinyle)

Symboles

µW/lm
microwatt par lumen
cm
centimètre
mm
millimètre
pi
pied
po
pouce

Introduction

L’encadrement des peintures constitue une mesure importante, tant du point de vue de l’esthétique que de la conservation préventive. Le cadre protège l’œuvre et la soutient pendant la manipulation, la mise en réserve et l’exposition. Un cadre peut aussi comporter une vitre de protection (verre ou acrylique). Pour garantir la sécurité d’une peinture et prévenir les dommages, il est essentiel d’utiliser les techniques d’encadrement appropriées.

Il faut toujours prendre en considération la valeur esthétique et historique du cadre. Dans certains cas, c’est l’artiste lui-même qui, à l’origine, a choisi le cadre ou l’a construit; le cadre fait alors partie intégrante de l’œuvre. En outre, de nombreux cadres comportent des étiquettes, des inscriptions ou des estampilles fournissant des renseignements précieux. Pour toutes ces raisons, le cadre constitue un élément essentiel de l’histoire d’une peinture, et doit être traité en conséquence.

Que l’encadrement soit effectué par un membre du personnel du musée ou un encadreur professionnel, un bon nombre de règles doivent toujours être respectées. La présente Note offre une méthode simple d’encadrement des peintures sur toile tendue sur un châssis (à clés ou simple). Elle comporte aussi quelques indications relatives aux peintures sur panneau de bois, sur panneau dur ou sur carton, ainsi qu’aux peintures qui ne sont pas faites pour être encadrées.

Pour certaines procédures, si l’on n’a pas l’habitude d’effectuer des travaux minutieux avec des outils manuels, il convient de demander l’aide d’un ébéniste local, d’un encadreur professionnel ou d’un restaurateur.

Examen

Avant de commencer l’encadrement, examiner le tableau, le support auxiliaire et le cadre pour veiller à ce que leur structure soit stable et vérifier s’ils sont en bon état (par exemple, aucune peinture écaillée ou aucun élément décoratif mal fixé). (Consulter la Note de l’ICC 10/7 Constat d’état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d’examen et liste de contrôle.)

S’assurer que toutes les clés (coins de bois) dans les angles d’un châssis à clés sont en place et bien fixées. Aucune clé ne devrait être assez desserrée pour pouvoir tomber hors de l’angle dans lequel elle est insérée. Des dommages sont souvent provoqués par la chute d’une clé qui se loge entre la barre inférieure du châssis à clés et la toile (consulter la section Remplacement et mise en place des clés).

Choisir le bon cadre

Le cadre doit être assez fort pour soutenir, de façon sûre, le poids du tableau. S’il comporte une marie-louise, s’assurer qu’elle est solidement fixée à la partie extérieure du cadre.

Certaines grandes peintures contemporaines sont encadrées avec des cadres à bandes trop minces ou mal fixés à la peinture, et cela fait en sorte que le poids des peintures n’est pas soutenu adéquatement. Il peut être nécessaire de modifier la méthode d’encadrement ou d’ajuster le système d’accrochage. Ces modifications ne devraient être apportées que sur l’avis d’un conservateur ou d’un restaurateur.

Si une peinture est encadrée et que le cadre ne convient pas ou semble douteux, il peut être nécessaire de désencadrer la peinture afin d’apporter des améliorations au cadre (consulter la Note de l’ICC 10/12 Comment désencadrer un tableau).

Ajustement et modification du cadre

Placer le cadre face vers le bas sur une surface matelassée propre ou sur des blocs matelassés (consulter la Note de l’ICC 10/2 Fabrication de blocs matelassés).

Mesurer la peinture et comparer ses dimensions avec celles de l’ouverture du cadre. Si la peinture et le cadre semblent compatibles, placer soigneusement la peinture dans le cadre et examiner l’ajustement. Déterminer s’il est nécessaire d’élargir la feuillure ou d’en augmenter la profondeur pour bien loger le tableau dans son cadre (figure 1). La peinture ne doit pas être trop à l’étroit. S’assurer d’avoir un espace de 3 à 6 mm (1/8 po à 1/4 po) sur tous les côtés entre le cadre et la peinture pour permettre le gonflement des pièces de bois en fonction de l’humidité relative (HR). L’arrière de la peinture ne devrait pas trop dépasser l’arrière du cadre. La profondeur de la feuillure peut devoir être augmentée s’il y a un risque d’endommager la toile fragile des bords à fixer ou s’il est difficile de fixer la peinture dans le cadre.

Enlever la peinture du cadre et la placer dans un endroit sûr.

Les flèches blanches superposées sur la photographie indiquent la profondeur et la largeur de la feuillure.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0004
Figure 1. Cadre placé face vers le bas sur une surface matelassée propre. On peut voir la profondeur et la largeur de la feuillure.

Augmentation de la largeur de la feuillure

La largeur de la feuillure peut être augmentée délicatement au moyen d’outils manuels (par exemple, ciseau à bois, guillaume à chant ou évideuse avec anneau de guidage). Il est préférable que le travail soit effectué par une personne habituée à utiliser ces outils. Lorsqu’on travaille avec des outils près de la mince feuillure du cadre, il faut faire très attention et veiller à ne pas exercer une pression suffisante pour fendre le côté mince de la feuillure ou endommager ses revêtements décoratifs (éclats). Les figures 2a, 2b et 2c décrivent une méthode pouvant être utilisée pour élargir la feuillure.

Le schéma indique l'endroit où les clous servant de guides et la règle sont placés sur le cadre, tandis qu'un couteau est utilisé pour marquer la ligne.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0011
Figure 2a. Planter deux clous à finir dans le cadre avec un chasse-clou. Ces clous permettront de maintenir la règle en place. À l’aide d’une règle de métal et une lame bien aiguisée (par exemple, couteau de sculpture), on incise la ligne délimitant la largeur de la feuillure désirée. Ne pas retirer plus de 0,5 cm (3/16 po) de la largeur à la fois. Ne pas enlever plus que ce qui est nécessaire.

Un ciseau à bois est placé le long de la ligne marquée afin d'approfondir l'incision; un autre ciseau à bois est placé en diagonale, créant de petites sections dans la partie à enlever.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0012
Figure 2b. Il est possible d’approfondir l’incision en y passant plusieurs fois le couteau, comme l’illustre la figure 2a, ou en utilisant un ciseau à bois. Des incisions diagonales doivent être effectuées au moyen d’un ciseau à bois, de façon que le bois puisse être retiré par petites sections.

Le schéma illustre un ciseau à bois inséré horizontalement sous une section coupée de la feuillure.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0013
Figure 2c. À l’aide d’un ciseau à bois ou d’une scie à placage maniée horizontalement, détacher les morceaux de bois ou les éclats de bois restés sur la feuillure. Il est souvent préférable de ne pas enlever toute la profondeur d’un coup; il vaut mieux procéder de façon graduelle (une couche partielle à la fois). Un soin particulier est requis lorsqu’on travaille le long de la feuillure. Les outils ne doivent pas entrer en contact avec la bordure peinte ou dorée de la feuillure, car cela risquerait d’endommager (éclats) les revêtements décoratifs. Au final, la feuillure devrait être plane et lisse.

Augmentation de la profondeur de la feuillure

On peut augmenter la profondeur de la feuillure en collant ou en vissant des pièces de bois sur le dos du cadre (figures 3a, 3b et 3c). Si l’on accroît la profondeur du cadre, on doit ajouter des pièces de bois suffisamment épaisses pour permettre au cadre d’avoir des dimensions identiques à celles de l’arrière du support auxiliaire.

: Le schéma montre une pièce de bois, taillée dans les mêmes dimensions que celles de la bordure de la feuillure et fixée au dos du cadre au moyen de vis à bois.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0014
Figure 3a. Augmentation de la profondeur de la feuillure.

Photographie d'un coin arrière de cadre sur lequel une baguette de bois supplémentaire a été ajoutée. À côté du cadre se trouve une baguette de bois semblable, pouvant être fixée au moyen de vis à bois.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0001
Figure 3b. Une pièce de bois supplémentaire est ajoutée à l’arrière du cadre afin d’accroître la profondeur de la feuillure et de permettre ainsi d’insérer la peinture et d’en protéger les bordures.

Photographie de l'envers d'une peinture encadrée. Les bordures du tableau ont exactement les mêmes dimensions que l'intérieur du cadre muni d'une baguette de bois supplémentaire, et des plaques de renfort droites tiennent le tableau en place.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0015
Figure 3c. La peinture, placée dans le cadre avec une pièce de bois supplémentaire, est maintenant protégée grâce à la profondeur de la feuillure.

Réduire la largeur de la feuillure

Si le cadre est un peu trop grand pour la peinture, remplir un espace de plus de 3 mm (1/8 po) avec de petites lattes de mousse stable (par exemple, Ethafoam, Volara) ou un morceau de liège afin d’empêcher la peinture de bouger à l’intérieur du cadre. Ces matériaux sont compressibles et permettront une certaine expansion du bois lorsque l’HR augmentera. Il n’est pas nécessaire d’étendre ces lattes sur toute la longueur de la feuillure. Fixer les lattes sur le côté de la feuillure avec de la colle blanche ou du ruban adhésif double face pour les maintenir en place.

Protéger les bordures et la surface de la peinture

Voici deux options, décrites ci‑dessous, pour la protection des bordures et de la surface de la peinture : poser une matelassure sur la feuillure et ajouter des bordures de protection le long des côtés de la peinture. Si les bords de la peinture ne sont pas particulièrement fragiles, il est généralement préférable et plus pratique de poser une matelassure sur la feuillure du cadre.

Matelassure sur la feuillure

Il est très important que la surface de la peinture ne touche pas directement à la feuillure du cadre afin que les bords avant de la peinture ne subissent pas de dommages. S’il n’y a pas de bordures de protection ou si elles sont insuffisantes, il faut placer une matelassure sur la feuillure du cadre. La pose d’une matelassure sur la feuillure est souvent la meilleure option, tant qu’il n’y a pas d’empâtement soulevé le long des bords du tableau et que la peinture en contact avec la feuillure peut supporter un certain contact et une certaine pression sans s’écraser ni se briser. La pose d’une matelassure sur la feuillure devrait seulement être effectuée après avoir confirmé l’ajustement de la peinture dans son cadre et apporté les modifications nécessaires sur le cadre.

Divers produits peuvent être utilisés pour matelasser la feuillure afin d’empêcher l’usure de la surface de la peinture. Un ruban de velours de nylon ou de feutre synthétique grand-teint peut être fixé à la feuillure avec de la colle blanche. Certaines mousses de polyéthylène alvéolées fermées et réticulées à peau intégrée (surfaces sans coupure) (par exemple, Volara) conviendraient également; elles constitueraient une surface lisse « glissante » sur laquelle la peinture pourrait s’appuyer sans s’accrocher. Les mousses ayant une largeur de 1 cm (25/64 po) et une épaisseur de 1,5 mm (1/16 po), ou une largeur de 1,5 cm (19/32 po) et une épaisseur de 3 mm (3/32 po), sont utiles et peuvent facilement être coupées pour correspondre à la largeur désirée de la feuillure. Les mousses peuvent être fixées à la feuillure à l’aide de colle blanche (de préférence de la colle acrylique) ou de ruban adhésif double face. Le ruban adhésif double face doit être stable, puissant et de grande qualité. S’assurer qu’il puisse y avoir une forte adhérence permanente entre le ruban, le feutre ou la mousse, et la surface de bois de la feuillure. Veiller à ce que la matelassure soit suffisamment épaisse pour permettre un léger matelassage de la surface peinte et assez large pour couvrir la largeur de la feuillure. Veiller aussi à ce qu’elle ne soit pas visible de l’avant lorsqu’on regarde la peinture encadrée (figure 4). Une matelassure de couleur foncée est beaucoup moins visible le long des bords de la peinture qu’une matelassure de couleur plus pâle.

Si l’on fixe la matelassure avec de la colle, il faut attendre 24 heures avant de placer la peinture dans le cadre pour permettre à la colle de sécher complètement et aux composés volatils qu’elle contient de se dissiper.

Photographie d'une personne en train de fixer une feutrine (mousse de polyéthylène autocollante) à la feuillure.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0150
Figure 4. Poser une matelassure sur la feuillure. Appliquer une matelassure mince, douce et stable sur la feuillure du cadre pour réduire l’usure sur la surface de la peinture. La photographie montre une mousse de polyéthylène stable, fixée au moyen d’un adhésif acrylique sensible à la pression. Un feutre grand-teint, fixé au moyen d’un adhésif stable, peut également être utilisé.

Des feutres synthétiques, sur lesquels un adhésif acrylique sensible à la pression est appliqué d’un côté, peuvent aussi être utilisés comme feutrine ou matériel de calage. Lorsqu’on commande de tels produits, il faut préciser que l’on a besoin d’un feutre d’acrylique ou de polyester, et s’assurer qu’un adhésif acrylique stable a été utilisé. Les mousses de polyéthylène réticulées à cellules fines et fermées et à peau intégrée (surface lisse sans coupure) (par exemple, Volara) qui ont un adhésif acrylique stable conviennent également. Les produits de caoutchouc naturel adhésifs peuvent ne pas convenir à l’utilisation près d’une surface peinte. Comme les fabricants peuvent changer la formulation du produit, il est difficile de recommander un produit en particulier. Il est préférable de travailler avec un fournisseur ou un fabricant qui peut confirmer la formulation du produit et qui comprend et respecte le fait que seul un produit stable doit être utilisé près d’une œuvre d’art.

Bordures de protection

Lorsqu’elles sont utilisées avec un cadre, les bordures de protection qui s’étendent au-dessus de la surface de la peinture empêchent la feuillure du cadre d’endommager la surface peinte fragile, particulièrement s’il y a un empâtement fragile autour des bords (figure 5). Quand une peinture est censée être encadrée mais qu’aucun cadre permanent convenable n’existe pour le moment, l’ajout de bordures de protection aux bords de la toile du support auxiliaire (châssis à clés ou simple) peut aider à protéger les bords de toile effilochés. Les bordures protègent également les bords de la peinture jusqu’à ce que celle‑ci soit encadrée. L’inconvénient lié à l’utilisation de bordures de protection est que d’autres vis doivent être ajoutées sur le bord de la toile, ce qui perce le support en toile. L’installation d’une bordure en forme de « L », fixée à la peinture sur la face arrière du support auxiliaire plutôt que sur le bord de la toile, constitue une bonne solution de rechange.

Matériaux

Des lattes de tilleul, de pin ou de contreplaqué de 3 mm (1/8 po) d’épaisseur ou une mince moulure d’aluminium peuvent être utilisées. L’utilisation de lattes de bois ou de métal en forme de « L », fixées sur la face arrière du châssis à clés ou du châssis simple, constitue une bonne solution de rechange. Ces lattes présentent un avantage : elles ne percent pas le bord de la toile avec des vis.

Utiliser de la peinture noire, mate et ne tachant pas (appliquée au pinceau ou en aérosol) ou du vernis à bois au polyuréthane comme revêtement facultatif pour les bordures de protection.

Utiliser des vis de laiton ou d’acier inoxydable, d’une longueur de 1,5 cm à 1,8 cm (1/2 po à 3/4 po), selon l’épaisseur de la bordure de protection, pour fixer les bordures de protection au support auxiliaire. (Les vis ne devraient pas avoir à pénétrer le bois du support auxiliaire sur plus de 1 cm à 1,2 cm [3/8 po à 1/2 po].)

Marche à suivre

Couper les lattes de bois ou les bandes de métal à la longueur requise. Leur largeur devrait dépasser la surface de la peinture de 3 mm à 5 mm (1/8 po à 1/4 po). Sabler les lattes pour obtenir des bordures et des coins lisses et légèrement arrondis.

Au moment de fixer les bordures de protection, placer la peinture face vers le haut sur une surface propre afin de déterminer l’emplacement des points de fixation. Placer la peinture face vers le haut fait que les dimensions de la bordure de protection seront automatiquement identiques à celles de l’arrière de la peinture. Veiller à ce que les points de fixation ne soient pas aux mêmes endroits que les punaises ou les agrafes en bordure de la peinture. À l’écart de la peinture, faire des trous dans les bordures de protection tout en les fraisant dans la mesure du possible. Ne faire que le nombre de trous nécessaires, mais utiliser un nombre suffisant de points de fixation pour empêcher les bordures de protection de se courber vers l’extérieur.

Appliquer la peinture choisie sur les bordures de protection au moyen d’un pinceau ou d’une bombe aérosol. Attendre quelques jours pour permettre à la couche de peinture de sécher complètement.

Fixer les bordures de protection aux bords de la toile au moyen de vis de laiton ou d’acier inoxydable. Utiliser un poinçon pour percer la toile, en passant à travers les trous préalablement faits, avant d’insérer les vis. (L’installation d’une bordure de protection en forme de « L », fixée à la peinture à l’arrière du support auxiliaire, est une excellente solution de rechange. Cela permet d’éviter d’avoir à faire des trous additionnels dans les bords de la toile.)

Coupe transversale d'un schéma montrant une bordure qui sépare la surface de la peinture et la feuillure du cadre. Le dos protecteur et les plaques de renfort sont également indiqués.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0017
Figure 5. Vue transversale des bordures de protection.

Dans le cas d’une peinture non encadrée ou d’une peinture que l’artiste n’avait pas prévu faire encadrer pour une exposition, l’utilisation d’un cadre de type manutention‑transport‑mise en réserve (MTR) permettra de protéger les bords et la surface vulnérables de la peinture pendant la manipulation et l’entreposage.

Remplacement et mise en place des clés

Il faut remplacer les clés endommagées ou brisées ou en ajouter s’il en manque. Il est difficile de retirer celles qui sont profondément enfoncées dans les angles. Si l’on ne peut les enlever avec les doigts, il est préférable de les laisser en place et de demander l’aide d’un restaurateur.

Au besoin, découper une nouvelle clé sur le modèle d’une des clés d’origine. On doit généralement tailler les nouvelles clés dans une planchette de pin ou de tilleul de 3 mm à 7 mm d’épaisseur (1/8 po à 1/4 po) en suivant le fil du bois. Chaque clé doit pouvoir se loger facilement dans les angles du châssis (figure 6). On arrondit les coins de chaque clé par ponçage.

Photographie montrant une baguette de tilleul sur laquelle se trouvent des marques indiquant l'endroit où couper; on y voit également deux sections coupées, dont une a les coins sablés.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0018
Figure 6. Découpe de nouvelles clés.

Placer le cadre face vers le bas sur des blocs matelassés disposés à la diagonale dans les coins (consulter la Note de l’ICC 10/2 Fabrication de blocs matelassés) ou sur une surface convenablement matelassée si le tableau peut être placé de façon sécuritaire sur sa face peinte (consulter la Note de l’ICC 10/7 Constat d’état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d’examen et liste de contrôle).

Intercaler avec précaution un carton de protection (morceau de passe-partout de 2 à 4 plis) entre la barre du châssis et la toile afin de protéger cette dernière au moment d’ajuster les clés. Il faut éviter toute pression sur la toile (avec les doigts ou le carton) lorsqu’on insère ou retire ce carton.

Introduire la clé dans l’angle du châssis en poussant légèrement avec le pouce; le bord à contrefil de la clé doit être adjacent à la barre du châssis afin d’éviter de briser la clé au cours du réglage de tension (figure 7).

Si un réglage de tension s’impose, se reporter à la Note de l’ICC 10/9 Le réglage de tension des tableaux. Remarque : Le réglage de tension peut endommager la peinture. Il ne s’agit pas d’une procédure routinière facile. Ne pas essayer de régler la tension à moins d’avoir reçu une formation donnée par un restaurateur de tableaux.

On fixe habituellement les clés au châssis avec de la ficelle, un produit de calfeutrage stable et de grande qualité ou un petit morceau de ruban d’encadreur ayant une bonne adhérence aux surfaces de bois (l’usage de ce dernier produit est plus récent). On recommande d’appliquer un mince filet de produit de calfeutrage ou un ruban d’encadreur convenable, car il s’agit d’une procédure simple qui implique moins de manipulations. Un produit de calfeutrage à base de silicone non acide peut être utilisé, mais il faut faire très attention de ne pas mettre de produit de calfeutrage sur la toile, la peinture ou toute autre surface située à proximité. Un produit de calfeutrage à l’acrylique peut également être utilisé. Choisir un produit de grande qualité à base d’eau ayant une garantie de longue durée.

Une fois le carton de protection inséré, on prend un petit tube de produit de calfeutrage et l’on applique un filet de produit de calfeutrage sur le joint entre le châssis et la clé (figure 7).

Il faut laisser sécher le produit de calfeutrage pendant 24 heures au moins avant de mettre en place le dos protecteur (consulter la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile).

Schéma d'un châssis muni de deux clés montrant l'emplacement du bord à contrefil, du produit de calfeutrage et du carton protecteur.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0019
Figure 7. Les clés doivent être insérées, et le bord à contrefil de la clé doit être adjacent à la barre du châssis. Une mince couche de produit de calfeutrage a été utilisée pour fixer les clés.

Des rubans d’encadreur autocollants, qui offrent une assez bonne adhérence, sont maintenant offerts. De petits morceaux de ruban peuvent être pliés et fixés contre la clé et le bord de la feuillure (figure 8). Le ruban permettra de tenir les clés en place.

Photographie du coin arrière droit du cadre montrant le ruban d'étanchéité utilisé pour tenir les clés en place.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 85733-0086
Figure 8. Utilisation d’un petit morceau de ruban d’encadreur autocollant pour tenir les clés en place.

Remplacement ou installation d’un dos protecteur

Toutes les peintures, notamment celles sur toile, devraient avoir un dos protecteur (figures 5, 9a, 11 et 12) (consulter la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile).

Vitre de protection

Dans le cas d’un encadrement sous verre, il ne faut jamais que le verre ou la feuille d’acrylique touche la surface de la peinture. On doit utiliser une cale d’espacement pour veiller à ce que le verre ne soit pas collé sur la surface peinte (figures 9a à 9c, 10 et 13).

La vitre de protection offre une protection additionnelle contre les dommages accidentels et donne à l’encadrement une certaine étanchéité qui permet de réduire les effets de la saleté, de la poussière, des polluants atmosphériques ainsi que des variations des conditions ambiantes. Le vitrage est parfois la méthode la plus appropriée pour les peintures dont la surface est particulièrement fragile ou qui sont particulièrement sensibles aux variations de l’HR; par exemple, celles dont la peinture a l’habitude de se soulever et de s’écailler. La pose d’une vitre de protection, en plus d’un dos protecteur scellé afin de créer une enveloppe scellée, peut être justifiée si l’HR est susceptible de baisser au-dessous de 30 % (Michalski, 2004).

Le verre est facile à obtenir et ne s’égratigne pas facilement, mais est lourd et peut casser. Pour cette raison, une feuille d’acrylique claire, qui risque moins de casser que le verre, peut constituer le meilleur matériau de vitrage pour une peinture appelée à voyager. Toutefois, on ne doit pas utiliser une feuille d’acrylique pour les objets dont la surface est poudreuse, comme les dessins au pastel ou à la craie. L’installation d’une feuille d’acrylique peut causer une charge électrostatique susceptible d’attirer les particules qui ne sont pas solidement attachées à l’œuvre.

On peut se procurer une plaque de verre ou une feuille d’acrylique traitée avec un revêtement optique pour réduire les reflets. Ces matériaux de vitrage sont presque invisibles à partir d’une distance d’observation normale. Des matériaux de vitrage (utilisés par les musées) munis de filtres ultraviolets (UV) sont aussi offerts (consulter la Note de l’ICC 11/3 Vitrage d’encadrement pour les œuvres sur papier). Cette protection (et la dépense qui l’accompagne) n’est pas nécessairement requise si les rayonnements UV dans l’aire d’exposition ont été éliminés ou contrôlés à la source pour rester à moins de 75 µW/lm (consulter la Note de l’ICC 2/1 Filtres ultraviolets et la Note de l’ICC 10/4 Conditions ambiantes recommandées pour les peintures). Le verre laminé, qui offre une protection contre les bris et présente d’excellentes qualités optiques, peut être obtenu auprès de fournisseurs spécialisés; son coût est toutefois élevé. Communiquer avec un musée, un encadreur local ou l’Institut canadien de conservation pour obtenir des renseignements sur les fournisseurs.

Pour intégrer la vitre de protection, le cadre doit être solide et rigide, et la surface de la feuillure, contre laquelle la vitre sera placée, doit être à niveau. Placer la vitre dans le cadre. La vitre ne doit pas être trop serrée, car elle pourrait casser en réaction au mouvement du bois causé par la manipulation ou les fluctuations de l’HR. À titre de recommandation générale, laisser 3 mm (1/8 po) entre la vitre et les bordures de la feuillure. Cependant, les cadres avec des moulures en bois plus larges que 10 cm (environ 4 po) peuvent nécessiter plus d’espace. Placer un cadre de bois intérieur, fixé aux coins, contre la vitre, qui servira de cale d’espacement entre la vitre et la surface peinte (figures 9a, 9b et 9c). On peut également fixer à la vitre une cale d’espacement de bois matelassée (figure 10). La profondeur de l’espace entre la surface peinte et la vitre dépend de la taille, de la rigidité et de la nature de la surface de la peinture, ainsi que du type de vitre utilisé. La feuille d’acrylique, qui offre une certaine flexibilité, peut nécessiter plus d’espace. Les fournisseurs de matériaux de vitrage pour œuvres d’art devraient être en mesure de fournir des renseignements sur l’espace qui doit être laissé. (La profondeur de l’espace pourrait varier de 7 mm [1/4 po] pour les petites peintures à 6,4 cm [2 1/2 po] pour les peintures relativement grandes.) Matelasser la partie intérieure du cadre qui touche la surface peinte en suivant la procédure décrite à la section Matelassure sur la feuillure.

Il peut également être nécessaire de placer une mince matelassure entre la vitre et la feuillure de bois, surtout si les surfaces de bois sont rugueuses. Des matériaux semblables à ceux recommandés pour matelasser la feuillure peuvent être utilisés.

Schéma montrant les trois pièces distinctes : cadre avec vitre de protection, entretoise rembourrée et tableau avec dos protecteur.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0022
Figure 9a. Cale d’espacement matelassée distincte empêchant le contact entre le tableau et la vitre.

Photographie d'une peinture encadrée derrière une plaque acrylique antireflet.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124932-0048
Figure 9b. Cette peinture provenant du McMaster Museum of Art (en anglais seulement) intitulée Near Mongoose Lake, Algoma, a été encadrée sous une feuille d’acrylique antireflet.

Photographie du coin supérieur gauche de la même peinture montrant l'entretoise de bois, rembourrée à l'endroit où elle touche la surface de la peinture.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124932-0050
Figure 9c. Cette vue rapprochée d’un coin de la peinture provenant du McMaster Museum of Art (en anglais seulement) montre une cale d’espacement de bois matelassée à l’endroit où elle touche la surface de la peinture.

Photographie d'un coin arrière d'un cadre avec vitre de protection. Des cales d'espacement de bois noir rembourrées (entretoises) sont fixées au périmètre intérieur de la vitre de protection.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0005
Figure 10. Des cales d’espacement de bois matelassées sont fixées au verre, au moyen de ruban adhésif double face, afin de séparer la peinture et le verre.

Fixation du tableau dans son cadre

Ne pas mettre le tableau dans son cadre tant que la peinture et le vernis ne sont pas secs.

Il ne faut jamais utiliser de clous pour encadrer un tableau. Utiliser plutôt des plaques de renfort en laiton retenues au cadre à l’aide de vis et de rondelles à collerette (figures 5, 8, 11, 12, 13 et 14). On peut également se procurer des plaques de renfort en laiton déjà courbées auprès de fournisseurs d’articles de conservation. On peut aussi utiliser des crochets pour miroirs, mais il peut être difficile de trouver ceux qui ont les dimensions et la forme appropriées.

Les plaques de renfort en laiton sont habituellement vendues plates et doivent être courbées si l’arrière du tableau n’a pas exactement les mêmes dimensions que celles de l’arrière du cadre. Il peut être utile de faire un modèle en papier du contour désiré (figure 11). Indiquer l’emplacement des courbes sur chaque plaque. À l’écart de la peinture, utiliser deux paires de pinces ou un marteau et un étau pour courber les plaques de renfort de façon à suivre le contour du modèle. On peut également courber une plaque de renfort en la tenant avec des pinces carrées à l’endroit qui doit être courbé, puis en plaçant l’autre extrémité de la plaque sur une surface dure solide; on utilise son propre poids pour courber la plaque.

Photographie de l'envers d'un cadre, avec un modèle de papier plié à côté d'une plaque de renfort courbée de façon semblable.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0006
Figure 11. Un modèle sur papier est utile pour aider à courber les plaques de renfort en laiton jusqu’à ce qu’elles aient la forme désirée.

Dans la mesure du possible, visser chaque plaque de renfort dans le cadre seulement à l’aide de deux vis. Ne pas visser les plaques sur le châssis à clés ou le châssis simple en utilisant les trous vides à l’autre extrémité des plaques. La plaque ne devrait exercer qu’une légère pression sur le revers du châssis ou le dos protecteur.

Photographie d'une peinture encadrée, montrant un dos protecteur fixé par des vis et le tableau tenu en place dans le cadre au moyen de plaques d'assemblage.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0007
Figure 12. Tableau installé sur un dos protecteur, tenu à l’intérieur du cadre au moyen de plaques de renfort en laiton fixées au cadre seulement.

Systèmes d’accrochage

Fixer un système d’accrochage convenable sur le cadre (consulter la Note de l’ICC 10/4 Conditions ambiantes recommandées pour les peintures).

Cas particuliers

Panneaux de bois et panneaux durs

De nombreuses peintures sur panneau requièrent un encadrement sur mesure, particulièrement si leur support est très courbé ou gauchi, ou s’il est de très grande dimension. Dans de tels cas, demander conseil à un restaurateur. Des méthodes spéciales d’encadrement sont également nécessaires pour les panneaux de bois non déformés et les panneaux durs (Masonite, par exemple) en raison de leur grande dimension, de leur poids et des changements dimensionnels causés par les fluctuations de l’HR.

Il est extrêmement important de laisser de l’espace à l’intérieur du cadre, de sorte que les panneaux de bois ou les panneaux durs peuvent prendre de l’expansion lorsque l’HR est élevée. Pour la même raison, rien ne devrait être fixé au panneau. Ne pas permettre un certain mouvement du support de bois ou du support dur peut amener le panneau peint à se tordre ou à se fendre, puisque le bois réagit aux fluctuations de l’HR.

L’ajustement de la peinture dans son cadre dépend de la saison pendant laquelle on y procède, et en particulier du taux d’HR. Si l’on encadre la peinture lorsque l’HR est très élevée, il faut laisser un petit espace entre le bord de la feuillure et l’œuvre d’art (3 mm à 6 mm, ou 1/8 po à 1/4 po). Si la peinture est encadrée au cours d’une période de faible HR, il faut laisser suffisamment d’espace pour permettre au bois de gonfler pendant les périodes de forte HR. Utiliser les indications ci‑après (tableau 1) comme guide.

Une variation de 50 % du taux d’HR cause une modification atteignant 0,5 % de la longueur et de la largeur du panneau dur. Ainsi, pour ne prendre aucun risque lorsqu’on encadre des panneaux durs de 60 cm à 120 cm (environ 2 pi à 4 pi), il faut laisser un espace de 3 mm à 6 mm (1/8 po à 1/4 po) de chaque côté, entre le bord de la feuillure et l’œuvre d’art.

Une modification de 50 % du taux d’HR cause une modification atteignant 3 % de la largeur des panneaux de bois massif. La variation la plus forte se produit perpendiculairement au fil du bois. L’espace à laisser autour des panneaux de bois, pour tenir compte de leur gonflement lorsque le taux d’HR est élevé, dépend de leurs dimensions. Une peinture sur panneau de 1 m sur 1 m (environ 3 pi sur 3 pi) nécessite un espace de 1,5 cm (9/16 po) de chaque côté, parallèlement au fil du bois du panneau. Dans le même ordre d’idée, une peinture sur panneau de 0,5 m sur 0,5 m (18 po sur 18 po) peut gonfler de 1,5 cm (9/16 po). Par conséquent, un espace de 0,75 cm (9/32 po) doit être laissé de chaque côté, parallèlement au fil du bois du panneau. Toutefois, comme il n’y aura pas d’espace entre la peinture et le bord inférieur de la feuillure, il faut permettre à tout l’espace dans cette direction d’être situé entre le haut du panneau et le bord supérieur de la feuillure.

Tableau 1 : Encadrement de panneaux de bois et de panneaux durs; espace additionnel requis pour permettre le gonflement naturel du panneau lorsque le taux d’HR augmente
Type de panneau Longueur des bordures Espace minimal requis au-delà du panneau de chaque côté de la feuillure
Panneau dur (prévoir une expansion de 0,5 %) 200 cm
100 cm
50 cm
5 mm
2,5 mm
1,25 mm
Type de panneau Dimension à contrefil Espace minimal requis au-delà du panneau de chaque côté de la feuillure (parallèlement au fil du bois du panneau)
Panneau de bois solide
(prévoir une expansion de 3 %)
200 cm
100 cm
50 cm
30 mm
15 mm
7,5 mm

Si le panneau a trop de jeu, on peut insérer dans l’espace libre un morceau de matériau compressible (par exemple, mousse Ethafoam). Les panneaux de bois et les panneaux durs peuvent se tordre si le taux d’HR fluctue. Par conséquent, lorsqu’une vitre de protection est installée dans un cadre, il est important de prévoir suffisamment d’espace libre entre le panneau peint et la vitre afin de les empêcher de se toucher en cas de gauchissement.

Matelasser la feuillure du cadre en procédant selon la marche à suivre susmentionnée.

Pour les panneaux de bois ou les panneaux durs de petite ou de moyenne taille, placer le panneau peint dans le cadre, puis déposer par‑dessus une couche de carton à passe-partout de quatre plis. Le carton aidera à atténuer les fluctuations de l’HR. Des couches de feuilles de plastique ondulé (par exemple, Coroplast) taillées selon les mêmes dimensions que la peinture peuvent être ajoutées jusqu’à ce que l’on arrive au même niveau que l’arrière du cadre. Tailler le dos protecteur final (panneau de bois, panneau dur ou Plexiglas) de façon qu’il s’étende par‑dessus le derrière du cadre (figure 13). Le dos protecteur maintiendra le tableau dans le cadre et le scellera à l’intérieur de celui‑ci, ce qui le protégera de la poussière et des saletés. Pour les petits panneaux légers d’une taille maximale de 0,5 m sur 0,5 m (18 po sur 18 po), une feuille de plastique ondulé ou un panneau de mousse stable et robuste (par exemple, Gatorfoam) peut constituer un dos protecteur suffisant.

Le dos protecteur peut également être inséré après la ou les couches de carton, de façon qu’il arrive exactement au même niveau que l’arrière du cadre. On peut utiliser du ruban d’encadreur pour sceller l’espace entre le dos protecteur et le cadre (figure 14).

Maintenir le dos protecteur en place avec des plaques de renfort en laiton. Courber les plaques, au besoin. Dans la mesure du possible, utiliser deux vis pour fixer chaque plaque au cadre seulement. Le dos protecteur rigide devrait maintenir le panneau peint en place par une pression légère (figures 13 et 14).

Les grands panneaux lourds peuvent devoir être fixés plus solidement.

Schéma d'une peinture encadrée montrant le dos protecteur rigide, le carton, la peinture, l'entretoise et la vitre de protection.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120729-0009
Figure 13. Vue transversale d’un encadrement de tableau sur panneau ou sur carton rigides. Le dos protecteur est retenu à l’arrière du cadre au moyen de plaques de renfort courbées et fixé au cadre seulement.

Peintures sur carton rigide

Il ne faut pas que les peintures sur carton soient coincées dans le cadre. On laisse un espace de 3 mm à 6 mm (1/8 po à 1/4 po) entre le bord de la feuillure et chacun des côtés de l’œuvre d’art.

Matelasser la feuillure du cadre en procédant selon la marche à suivre susmentionnée. Un ruban de velours, une mousse, une bande de carton non acide ou un feutre synthétique peut être appliqué sur le bord de la feuillure afin de réduire l’usure des bords du carton.

Placer la peinture dans le cadre. On pose au revers un ou deux cartons à passe-partout non acide ayant les mêmes dimensions que la peinture. Ajouter des couches de feuilles de plastique ondulé jusqu’à ce que le niveau soit égal à celui de l’arrière du cadre. Tel qu’il a été susmentionné, finir par un panneau ferme et rigide (par exemple, feuille de plastique ondulé ou mousse robuste et stable), taillé de façon qu’il recouvre partiellement le derrière du cadre (figure 13).

On maintient en place le dos protecteur par la pression légère des plaques en laiton fixées au cadre seulement.

Par contre, si le dos protecteur rigide ne recouvre pas partiellement l’arrière du cadre, mais qu’il remplit la feuillure et reste au même niveau que l’arrière du cadre, des plaques de renfort plates, fixées au cadre seulement, peuvent être utilisées pour tenir les couches en place. Un ruban d’encadreur devrait alors être utilisé en tant que joint étanche aux poussières (figure 14).

On peut également monter les peintures sur carton rigide dans un passe-partout surhaussé avant de les encadrer. Cette technique est décrite dans l’ouvrage de Merrily Smith Matting and Hinging of Works of Art on Paper (consulter la section Lectures recommandées).

Photographie de l'envers d'une peinture encadrée montrant le dos protecteur, le ruban d'encadreur et les plaques de renfort fixées sur l'ajout au cadre.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 124932-0049
Figure 14. Encadrement d’une petite peinture sur un panneau ou un carton rigide. Dans cet exemple, le dos protecteur, dont les dimensions sont égales à celles de l’arrière du cadre, est fixé étanchement au cadre au moyen de ruban d’encadreur sensible à la pression. Des plaques de laiton droites, fixées uniquement au cadre, exercent une légère pression sur le dos protecteur afin de tenir en place le dos protecteur et la peinture. (Dans cet exemple, le cadre a été modifié; on y a ajouté une pièce de bois supplémentaire à l’arrière pour accroître la profondeur de la feuillure.)

Cadres ou vitrines fermés et conçus sur mesure

Les cadres ou les vitrines fermés et conçus sur mesure fournissent une protection supérieure contre les saletés, les dommages mécaniques, les éclaboussures, les polluants de l’air et les variations brusques de la température et du taux d’HR. Le système le plus simple comporte une vitre de protection (maintenue à distance de la surface de la peinture) et un dos protecteur. La vitre de protection et le dos protecteur sont scellés au cadre au moyen des méthodes convenant le mieux à la situation (consulter McKay, 1990; Sozzani, 1997 et Michalski, 2004). On peut assurer une protection maximale contre les détériorations causées par les variations des conditions ambiantes, et particulièrement de l’HR, en ajoutant, derrière la peinture dans l’enceinte du cadre, un agent tampon, tel le gel de silice (dans un contenant approprié). Toutefois, si la vitre de protection et le dos protecteur sont scellés correctement au cadre, il devrait être possible de créer une enceinte servant de tampon contre les variations de l’HR, y compris celles causées par les changements de saison, en utilisant peu ou pas de gel de silice. La mise en place d’un tampon de carton de 4 mm (5/16 po) ou d’un coussinet de gel de silice, dans un cadre bien fermé, permet d’atténuer au maximum les effets des variations du taux d’HR qui se produisent entre le jour et la nuit et pendant les changements de saison.

On recommande d’utiliser un cadre ou une vitrine fermé et conçu sur mesure pour exposer les tableaux dans des locaux sans régulation adéquate de l’HR. On le recommande particulièrement pour les peintures faites sur des supports tels que l’ivoire ou le bois, qui s’abîment facilement lorsque les conditions ambiantes varient, causant ainsi la contraction ou la dilatation du support. Consulter l’ICC pour obtenir de plus amples renseignements sur les cadres ou les vitrines fermés et conçus sur mesure.

Cadre de type manutention‑transport‑mise en réserve

Un cadre de type MTR (figure 15), dont la conception s’inspire de celle des cadres utilisés au Musée des beaux-arts du Canada, convient à la plupart des peintures sans cadre (consulter la Note de l’ICC 10/16 Emballage de tableaux). Il ne s’agit pas d’un cadre décoratif, mais plutôt d’un cadre fonctionnel pour la manipulation, le transport et l’entreposage de l’œuvre d’art.

Schéma d'un cadre de type MTR présentant en détail le joint de recouvrement utilisé pour installer les traverses sur le cadre.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120554-0002
Figure 15. Vue détaillée de la construction d’un cadre de type MTR.

Des plaques de renfort peuvent être utilisées pour fixer un tableau au cadre de type MTR. Si la peinture doit être enlevée et replacée à plusieurs reprises, il est possible que l’usure des trous de vis ne leur permette plus de tenir les vis en place. Il faudra peut‑être envisager de fixer, dans le contreplaqué du cadre de type MTR, des écrous encastrés pour prolonger la durée de vie utile des trous. Les dispositifs de fixation ou les crochets polyvalents, comme les Oz Clips ou des crochets semblables (par exemple, ceux utilisés dans les différents établissements du Tate, au Royaume‑Uni), offrent l’avantage d’être fixés en permanence au tableau. Ces fixations sont utilisées en position fermée pendant l’exposition de l’œuvre et en position ouverte pour fixer le tableau à un cadre de type MTR. Lorsqu’on prend les mesures pour ce type de cadre, on doit laisser un espace suffisant pour les mains entre les côtés de la peinture et le cadre afin que la peinture puisse être positionnée, fixée et enlevée facilement. Les côtés du cadre devraient s’étendre au-delà de la surface peinte, de sorte qu’une feuille de polyéthylène de protection peut recouvrir toute la face avant du cadre sans toucher à la surface peinte.

Fournisseurs

Remarque : Les renseignements qui suivent visent uniquement à informer le lecteur. Le fait qu’une entreprise figure dans la présente liste ne signifie pas pour autant qu’elle est approuvée par l’Institut canadien de conservation.

Produits de calfeutrage et d’étanchéité (scellant de silicone transparent, GE Silicone II ou produit de calfeutrage à l’acrylique et à base d’eau ayant une garantie de longue durée [par exemple, 35 ans, intérieur/extérieur]) :

  • magasins de matériaux de construction
  • quincailleries

Dos protecteurs (panneau de plastique cannelé double paroi en polyéthylène [par exemple, Coroplast, Hi‑Core, Cor‑X], panneau de mousse rigide et résistante ou de carton simili-bois [par exemple, Gatorfoam, feuille de polycarbonate [par exemple, Lexan] ou panneau dur [Masonite]) :

  • magasins de bois de charpente ou de produits de plastique
  • magasins de fournitures d’artiste

Carton à passe-partout non acide (de pH neutre ou avec réserve alcaline) :

  • magasins de fournitures d’artiste
  • boutiques d’encadrement

Ruban de velours de nylon :

  • boutiques de tissus

Balsa :

  • magasins d’artisanat et de bricolage

Feutre synthétique avec adhésif sensible à la pression (un feutre acrylique ou polyester appliqué au moyen d’un adhésif sensible à la pression conviendrait) :

  • fournisseurs d’articles d’encadrement et d’exposition

    Remarque : L’ICC a entrepris l’analyse d’un petit nombre de produits autoadhésifs pour la pose d’une matelassure sur les feuillures. On a déterminé que les différents types de fibres de feutre (acrylique, polyester, nylon) sont stables sur le plan chimique et devraient pouvoir être utilisés de façon sécuritaire aux fins d’application contre une surface peinte. On a découvert que les adhésifs sont des acryliques composés de divers éléments : caoutchouc naturel avec résine adhésive hydrocarbonée ou agent d’adhésivité en ester de colophane et caoutchouc butadiène‑styrène [CSB] avec agents d’adhésivité en ester de colophane. L’utilisation des adhésifs acryliques ne devrait comporter aucun risque. Éviter toutefois les adhésifs à base de caoutchouc. Même si certains caoutchoucs sont stables, d’autres, qui contiennent du soufre et permettent l’oxydation et la friabilité du caoutchouc et des agents d’adhésivité, ne sont pas fiables.

Ruban de caoutchouc mousse :

  • Mousses à cellules fines, réticulées et à alvéolées fermées à peau intégrale (surface lisse et sans coupure) (par exemple, Volara) taillées selon les dimensions désirées. Quelques produits autoadhésifs sont offerts sur le marché. Les mousses de polyéthylène (PE) réticulées, ou les mousses de copolymère poly(éthylène-acétate de vinyle) (PEAV) réticulées, avec adhésif acrylique sensible à la pression, pourraient être utilisées.
  • Les rubans minces faits de caoutchouc mousse décrits ci‑dessus peuvent être utilisés pour matelasser la surface entre une feuillure de bois lisse et une vitre (par exemple, Volara, ruban de caoutchouc mousse pour feuillure Lineco) :
  • Remarque : Certaines entreprises peuvent fabriquer un produit autoadhésif selon vos propres exigences. Préciser que le produit devrait être un feutre de polyester, d’acrylique ou de nylon avec un ruban adhésif double face, un support en polyester et un adhésif acrylique stable. Quant aux produits de caoutchouc mousse, il devrait s’agir de mousses de polyéthylène (PE) réticulées ou de mousses de copolymère poly(éthylène‑acétate de vinyle) (PEAV) réticulées avec adhésif acrylique sensible à la pression.

Ruban adhésif double face (ruban de grande qualité avec adhésif stable et très adhérant [par exemple, ruban adhésif double face 3M no 415]) :

  • fournisseurs d’articles de conservation

Ruban d’encadreur :

  • fournisseurs de matériel d’archives
  • fournisseurs d’articles d’encadrement et de support (par exemple, Larson Juhl [en anglais seulement])

Plaques de renfort de laiton (offertes en plusieurs longueurs [2 po, 3 po et 4 po]; les plaques de 3 po et de 4 po sont plus polyvalentes pour les peintures de taille moyenne à grande) :

  • quincailleries
  • boutiques d’outils et de quincaillerie spécialisés (par exemple, Lee Valley)
  • Les plaques de renfort en laiton solides sont de plus en plus difficiles à trouver. Les produits existants sont souvent faits d’acier recouvert de laiton, et il est difficile de les courber sans les casser. Il est préférable de se procurer des plaques de renfort auprès de fournisseurs de matériel de conservation qui les vendent plates (par exemple, Sutherland and Power Fine Art Conservation [en anglais seulement]) ou qui peuvent les courber selon les besoins des clients ou les différentes situations (par exemple, Fraser/Spafford Ricci Art and Archival Conservation [en anglais seulement]). Lorsqu’il s’agit de plaques déjà courbées, celles‑ci peuvent devoir être ajustées de façon plus précise pour permettre un positionnement optimal.

Vis de laiton, rondelles à collerette, crochets muraux pour miroir :

  • quincailleries

Ethafoam :

  • La mousse Ethafoam (Dow Chemical) est distribuée par l’entremise de diverses entreprises d’emballage locales.

Verre antireflet et feuilles d’acrylique :

  • boutiques d’encadrement
  • fournisseurs de matériaux d’encadrement (par exemple, Larson Juhl [en anglais seulement])

Oz Clips :

Remarque : Préserv’Art, site Web sur la conservation préventive créé par le Centre de conservation du Québec, est une excellente ressource pour en apprendre davantage sur les produits et l’équipement de conservation et où se les procurer.

Bibliographie et lectures recommandées

Référence bibliographique

Michalski, S. « Risk Analysis of Backing Boards for Paintings: Damp Climates vs. Cold Climates », dans Minimo intervento conservativo nel restauro dei dipinti, CESMAR7, Secondo congresso internazionale Colore e Conservazione, Thiene (VI), 29–30 October 2004, Saonara (Italie), Il Prato, 2004, p. 21‑27.

Lectures recommandées

Dahlin, E. (directrice de publication). PROPAINT – Improved Protection of Paintings During Exhibition, Storage and Transit: Final Activity Report (format PDF) (en anglais seulement), Kjeller (Norvège), Institut norvégien de recherche sur l’air, 2010.

Hackney, S. « Framing for Conservation at the Tate Gallery », The Conservator, vol. 14, no 1 (1990), p. 44‑52.

Mackay, H. « A Sealed Frame-Case for a Painting », Journal of the International Institute for Conservation – Canadian Group, vol. 15 (1990), p. 9‑11.

Smith, M. Matting and Hinging of Works of Art on Paper, Washington (D.C.), Bibliothèque du Congrès, 1981.

Sozzani, L. « An Economical Design for a Microclimate Vitrine for Paintings Using the Picture Frame as the Primary Housing », Journal of the American Institute for Conservation, vol. 36, no 2 (1997), p. 95‑107.

Rédigé par les restaurateurs de la Section des beaux‑arts
Auteure principale : Debra Daly Hartin
Révisé par Debra Daly Hartin et les restaurateurs de la Section des beaux‑arts en 2018

Première date de publication : 1993

Also available in English.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation, 2018.
ISSN 1928-5272

Détails de la page

Date de modification :