Soins de base – Œuvres sur papier

Les termes « œuvre sur papier » désignent bien des choses : aquarelles, estampes, affiches et dessins, y compris ceux des enfants. Les matériaux choisis par les artistes sont tous aussi divers : peintures à l'aquarelle, fusain, pastels, encres de couleur, graphite ou crayon et même des crayons de cire et des feutres.

Que ces œuvres décorent les murs ou soient rangées, certaines précautions élémentaires doivent être prises pour les protéger. Ces précautions permettent non seulement de prolonger le plaisir que l'on tire de la contemplation de ces œuvres, mais aussi d’en assurer la longévité.

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Causes des dommages

Le papier est fabriqué avec des matières fibreuses, comme des chiffons, de la paille, de l'écorce ou du bois. Ces fibres, peu importe leur origine, contiennent de la cellulose, qui est le principal ingrédient du papier. En général, ce sont les variétés de plantes qui contiennent le plus de cellulose et le moins d'impuretés qui donnent les papiers de qualité supérieure. Toutefois, tous les papiers sont susceptibles de dommages divers.

Manipulation

Une manipulation inadéquate est probablement la cause la plus fréquente des dommages. En effet, le papier se déchire, se plisse et se tache facilement. La meilleure façon de le manipuler, c'est de le toucher le moins possible. Pour éviter que les huiles et les sels présents sur la peau n'endommagent le papier, on conseille de porter des gants de coton blanc pour le manipuler. Pour soulever une œuvre sur papier, glisser une feuille de papier épais ou de carton pour passe-partout sous l'œuvre avant de la déplacer. Éviter aussi de manger, de boire ou de fumer à proximité du papier, et garder les stylos et feutres loin de lui.

Lumière

La lumière (naturelle et artificielle) délave les couleurs et altère la couleur du papier; dans certains cas, elle le fragilise. Les œuvres sur papier, comme les peintures à l'aquarelle, les estampes japonaises exécutées avec des encres colorées et les dessins à l'encre ferro-gallique ou au feutre, peuvent pâlir. Les dommages causés par la lumière sont irréversibles. Il faut donc éviter de suspendre les œuvres là où elles sont exposées à la lumière du soleil qui pénètre par les fenêtres ou les puits de lumière. Poser des rideaux, des stores ou des volets dans les pièces où sont suspendues des œuvres sur papier. On peut aussi protéger les œuvres en les encadrant sous verre ou sous plastique, ce qui permet de filtrer les rayons ultraviolets.

Humidité relative et température

Il faut éviter d'exposer ou de ranger les œuvres sur papier dans les sous-sols et les greniers, où la température et l'humidité relative varient. Le papier absorbe rapidement l'humidité. Dans un milieu humide, le papier gonfle et gagne en volume. Il a alors une apparence gondolée ou, dans les pires cas, plissée. Lorsque le papier est conservé longtemps à un endroit très humide, la dégradation chimique risque de s'accélérer et des moisissures peuvent se former. Certaines taches, comme les rousseurs (taches rousses à la surface du papier) peuvent foncer. Un taux d'humidité relative faible ou changeant peut endommager les matériaux utilisés par l'artiste. Choisir des passe-partout, des matériaux d'encadrement et des contenants de protection de qualité archives pour protéger les œuvres des effets d'une hausse provisoire du taux d'humidité relative.

La chaleur accélère les réactions chimiques qui causent la dégradation du papier. Il faut donc éviter d'utiliser des projecteurs et il faut accrocher les estampes et les dessins loin des radiateurs et des bouches de chaleur.

Polluants

Le papier est absorbant, ce qui signifie qu'il « boit » les liquides ou les gaz avec lesquels il entre en contact. Les polluants présents dans l'air sont acides et ont un effet néfaste sur le papier et les pigments. Les acides de source externe, comme ceux que contiennent les matériaux d'encadrement de mauvaise qualité, peuvent pénétrer le papier et en altérer la couleur ou l'abîmer. Le papier est également endommagé par la colle, la colle au caoutchouc, le ruban autoadhésif et le ruban masque. Les trombones peuvent laisser des taches de rouille sur le papier, tandis que les papillons adhésifs amovibles laissent un léger résidu à la surface du papier, résidu auquel la saleté peut adhérer. Il faut donc éviter les matériaux susceptibles de contaminer le papier.

Papiers à base de pâte de bois et encre ferro-gallique

Certaines œuvres sont créées au moyen de matériaux qui, en raison de leur composition chimique, sont naturellement instables et se dégradent rapidement. Les restaurateurs parlent alors d'un « vice inhérent ». Les papiers à base de bois et les encres ferro-galliques sont deux exemples de vices inhérents. Les papiers à base de pâte de bois se dégradent parce qu'ils contiennent de la lignine, composée du tissu ligneux des plantes. La lignine forme des composés acides qui attaquent les fibres du papier. L'encre ferro-gallique est à base de noix de galle et de sulfate de fer et, avec le temps, elle dégage de l'acide sulfurique qui détruit le papier. Le rangement ou l'exposition à un endroit frais, où l'humidité relative est faible, peut ralentir la vitesse à laquelle cette dégradation se produit.

Ravageurs

Certains insectes et rongeurs sont friands de papier. Les lépismes, les psoques et les vers bibliophages sont les plus grands ennemis du papier. Non seulement sont-ils attirés par le papier, mais aussi par certains matériaux qu'utilisent les artistes, comme les pastels. Si la surface d'une œuvre présente des signes d'abrasion, on trouvera vraisemblablement des traces de lépismes. On trouve parfois la carapace écrasée d'un insecte sur le papier ou à l'intérieur du cadre. Les insectes préfèrent les endroits frais, sombres et humides : raison de plus d'éviter de ranger les œuvres sur papier dans les sous-sols ou les greniers. Un bon ménage régulier est la meilleure façon de lutter contre les insectes.

Rangement

Le montage dans un passe-partout a l'avantage de soutenir et de protéger les œuvres sur papier. La fenêtre du passe-partout crée l'espace nécessaire entre l'image et la vitre du cadre. Utiliser un passe-partout fait avec du carton de qualité archives à quatre épaisseurs (non acide ou avec réserve alcaline). On conseille d'utiliser des charnières en papier Japon pour fixer l'œuvre au passe-partout. Dans le cas des œuvres de petite ou de moyenne dimension, il suffit de deux charnières en T fixées sur le haut de l'œuvre. Ce montage est illustré dans la Note de l'Institut canadien de conservation (ICC) 11/5, Passe-partout pour les œuvres sur papier. Il faut éviter d'utiliser de la colle ou du ruban adhésif pour fixer les charnières à l'œuvre.

Œuvres non encadrées

Les œuvres sur papier non encadrées peuvent parfois être rangées dans des chemises en papier non acide. On peut fabriquer ces chemises soi-même en se servant de papier non acide; les indications nécessaires pour les fabriquer sont fournies dans la Note de l’ICC 11/1, Contenants de protection pour les livres et les œuvres sur papier. Pour les œuvres que l'on compte entreposer longtemps, ranger ces chemises dans des cartons non acides munis de couvercles. S'il n'est pas possible de ranger les œuvres dans des contenants de protection non acides, on peut également les protéger avec des intercalaires en papier de soie non acide. Le cas échéant, tailler le papier de soie non acide selon les dimensions intérieures du contenant de rangement et introduire une feuille entre chacune des œuvres.

Œuvres exécutées aux pastels, à la craie ou au fusain

Les œuvres exécutées aux pastels, à la craie ou au fusain et qui sont en bon état devraient être montées dans des passe-partout et encadrées. Il est possible de les ranger à plat sur des étagères ou dans des tiroirs. Par contre, il faut s'abstenir d'introduire dans des chemises, des manchons et des enveloppes de Mylar ou de plastique les œuvres d'art créées avec des matériaux d'artiste qui sont susceptibles d'effritement ou d'effacement par frottement. Ces contenants protecteurs risquent d'accumuler une charge d'électricité statique qui peut arracher les particules de fusain ou de pastel de la surface de l'œuvre.

Boîtes de rangement

Il existe des boîtes de rangement de qualité archives qui sont faites de papier à cartes mince, non acide, et pourvues de coins renforcés. Les spécialistes choisissent souvent les boîtes Solander. Construites sur un cadre en contreplaqué, elles sont munies de couvercles, de fonds et de côtés en carton de qualité archives non acide. L'extérieur de ces boîtes est recouvert de tissu, tandis que l'intérieur est tapissé de papier non acide. Elles comportent aussi une doublure en polyéthylène introduite entre le contreplaqué et le papier non acide. Éviter de ranger les œuvres sur papier dans des cartons communs – ils sont à base de pâte de bois et, comme ils sont acides, ils risquent d'endommager les œuvres.

Nettoyage et réparations

Il vaut mieux laisser à un restaurateur des œuvres sur papier le soin de nettoyer et de réparer ces objets parce qu'il est beaucoup trop facile d'endommager une œuvre en ayant recours à un traitement qui ne convient pas. En présence de moisissures, consulter également un restaurateur spécialisé. En effet, les moisissures menacent non seulement l'œuvre, mais aussi les personnes qui y sont exposées.

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Ces documents sont publiés par l'Institut canadien de conservation (ICC). Pour toutes questions ou commentaires, incluant les demandes de reproduction, communiquez avec l'ICC.

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