Nous sommes préoccupés par le fait que le poids de la preuve et l'accent mis sur la bioamplification chez les espèces aquatiques ont joué un rôle important dans la décision finale sur la bioaccumulation de l’APFO, malgré les renseignements démontrant la présence de cette substance dans les niveaux trophiques supérieurs (mammifères et animaux terrestres). Nous ignorons si les faibles concentrations d'APFO détectées chez de nombreuses espèces de poissons ont té les principales raisons pour conclure que cette substance n'est pas bioaccumulable, conformément aux critères de bioaccumulation prévus dans le Règlement sur la persistance et la bioaccumulation pris en application de la LCPE (1999). |
Les critères numériques de bioaccumulation, prévus dans le Règlement sur la persistance et la bioaccumulation pris en application de la LCPE (1999), n’ont été calculés qu’à partir de données sur la bioaccumulation chez des espèces aquatiques d'eau douce (poissons), et que pour des substances dont la répartition se fait de préférence dans les lipides. Par conséquent, les critères ne sont pas nécessairement pertinents comme indicateurs du potentiel de bioaccumulation de l'APFO, qui se répartit de préférence dans les protéines du foie, du sang et des reins chez les mammifères terrestres et marins. Le potentiel de bioaccumulation de l'APFO peut être faible chez le poisson. Toutefois, on considère que cette substance s'accumule et se bioamplifie chez les mammifères terrestres et marins, puisque les facteurs de bioamplification (FBAm) varient de 0,03 à 125 (ours blancs) et que les facteurs d'amplification dans le réseau trophique varient de 0,1 à 3,28 (bélugas). |
La méthode du poids de la preuve appliquée par les évaluateurs a-t-elle permis d’examiner soigneusement tous les produits de dégradation, le métabolisme et les effets synergiques potentiels d’autres substances semblables aux acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne ou aux APFO, à leurs sels et à leurs précurseurs? |
Le potentiel de bioaccumulation de l'APFO, plutôt que l'accumulation de différents précurseurs, constitue l'élément principal pris en compte dans le cadre de cette évaluation. La gamme complète des précurseurs est moins bien caractérisée que l'APFO même; toutefois, les précurseurs ont été inclus, car, ils devraient se dégrader en APFO au fil du temps et ainsi contribuer finalement à la charge de l'APFO dans l'environnement. Les précurseurs peuvent également jouer un rôle clé dans le transport à grande distance et la dégradation ultérieure en APFO dans des régions éloignées. |
Nous encourageons le gouvernement à entreprendre une révision du Règlement sur la persistance et la bioaccumulation afin de renforcer les critères appliqués concernant la persistance et de tenir compte de la bioaccumulation dans les animaux terrestres et les mammifères. Le gouvernement devrait reconnaître que certaines substances comme celles qui sont ionisables peuvent ne pas présenter le potentiel de bioaccumulation tel qu'il est défini dans le Règlement sur la persistance et la bioaccumulation. Ce règlement devrait être plus général et devrait permettre de déterminer le potentiel de bioaccumulation pour ces types de substances. |
Dans les évaluations publiées sur les substances perfluorées telles que le perfluorooctanesulfonate, l'APFO et les acides perfluorocarboxyliques à longue chaîne, le gouvernement du Canada a reconnu que les critères de bioaccumulation tels qu'ils sont indiqués dans le Règlement sur la persistance et la bioaccumulation peuvent ne pas entièrement tenir compte de l'accumulation de substances qui se répartissent dans les tissus lipidiques. La pertinence des révisions au Règlement sera étudiée plus fond. |
Même si l'évaluation préalable a indiqué que les facteurs d'amplification trophique (FAT) et les FBAm mesurés peuvent faire tat des différences observées dans les réseaux trophiques de ces organismes, ils ne peuvent pas déterminer le potentiel de bioaccumulation de l’APFO. On remarque toutefois qu’il importe d'utiliser ces mesures pour éclairer les décisions du gouvernement sur la bioaccumulation de l’APFO. |
Il existe plusieurs incertitudes associées à la bioaccumulation des composés perfluorés, comme l’APFO, et celles-ci sont reconnues et décrites dans l'évaluation préalable. Toutefois, s'il a été établi dans des études sur le terrain que des substances se bioamplifient dans le réseau trophique (au moyen de mesures telles que les FBAm et les FAT), cela confirme, aux fins de l'établissement du poids de la preuve, que les substances peuvent s'accumuler dans le biote. |
Nous sommes très préoccupés par le fait qu'il n’existe actuellement que peu de renseignements sur la toxicologie des précurseurs de l'APFO, la possibilité d'effets combinés ou synergiques avec l'APFO ainsi que la toxicologie et le potentiel d'effets combinés ou synergiques de l'APFO avec d'autres acides perfluoroalkyliques. Compte tenu de la variabilité des résultats d'analyses obtenus par divers laboratoires, cette question suscite encore plus d'inquiétudes quant au niveau de confiance des données recueillies. |
Il est vrai que d'autres composés perfluoroalkyliques ainsi que les précurseurs de l'APFO peuvent contribuer à l'effet additif ou synergique de cet acide et que les précurseurs contribuent à la charge ultime d'APFO. Cependant, l'évaluation n'a pas tenu compte des effets combinés de l'APFO, de l'ensemble de ses précurseurs et d'autres composés perfluorés. L'élément clé considéré est le potentiel de bioaccumulation de l'APFO, plutôt que l'accumulation des composés individuels. Cependant, l'évaluation préalable fait état des diverses incertitudes et des données manquantes relatives à l'évaluation des risques écologiques des composés perfluorés, tels que l’APFO. |
Sur le plan scientifique, il ne convient pas d'attribuer la cause des effets potentiels observés à l'APFO, lorsqu'un rapport de causalité n’a pas été établi (même si une association statistique a été observée). |
Aucun lien de causalité à l'APFO n'a été précisé pour des effets potentiels observés si un rapport de causalité n'était pas clairement établi relativement aux études décrites dans l'évaluation préalable. Par exemple, aucun lien de causalité à l'APFO n'a été indiqué dans le cas de l'étude sur les lésions hépatiques observées chez l'ours blanc de l’Est du Groenland et de l'étude sur les paramètres d'inflammation et d’immunité chez le dauphin à gros nez. |
Les évaluations de l'exposition cologique, des effets et des risques ne sont pas axées dans la même mesure sur les concentrations d'exposition. Elles semblent plutôt porter sur l'importance des concentrations d'exposition potentielle fondée uniquement sur la persistance de l'APFO et la détection de cette substance à des concentrations généralement très faibles. |
L'exposition et la caractérisation des risques de l'APFO reposent sur les données disponibles au Canada. Les quotients de risque calculés pour certains types de poissons indiquent une faible probabilité des risques présentés par les expositions aux concentrations actuellement mesurées dans l'environnement. |
Aucune étude menée à l'aide d'échantillons prélevés dans l’environnement depuis 2000 ne laisse entendre que les concentrations d'APFO observées dans une espèce présentent une tendance à la hausse continue. |
Le gouvernement du Canada a relevé trois tudes qui montrent des tendances temporelles d'APFO allant jusqu'à 2002 et 2006 (c'est-à-dire, entre 1972 et 2002, entre 1984 et 2006 et entre 1992 et 2002) chez l'ours blanc et la loutre de mer. |
L'évaluation de la bioamplification » (et peut-être de la bioaccumulation) fondée sur des extrapolations à partir des résidus hépatiques d'un organisme à ceux de l'organisme occupant le maillon supérieur de la chaîne alimentaire ne convient pas, car elle suppose des similarités non démontrées dans les processus d'absorption et la physiologie des organismes. |
D'un point de vue physiologique, c'est la concentration d'une substance au site de l'action toxique dans l'organisme qui détermine si une réponse est observée, peu importe la concentration extérieure. Dans le cas de l'APFO, on a souvent lieu de croire que le site de l'action toxique est le foie. Toutefois, aux fins de l'évaluation du potentiel de toxicité d'une substance pour les organismes consommateurs, c'est la concentration dans le corps entier d'une proie qui est pertinente, tant donné que le prédateur consomme souvent la proie entière (y compris les tissus et les organes comme le foie et le sang). Étant donné la répartition des substances perfluorées dans le foie et le sang, on a utilisé ces organes et tissus pour la plupart des dosages sur place de ces substances, notamment dans le cas des organismes des niveaux trophiques supérieurs (p. ex. l'ours blanc), pour lesquels il est impossible d'analyser le corps entier à cause de contraintes logistiques relatives au mode d'échantillonnage ou aux méthodes d'analyse en laboratoire. Ainsi, d'un point de vue toxicologique, les facteurs de bioconcentration (FBC), les facteurs de bioaccumulation (FBA) et les FBAm basés sur les concentrations dans certains organes, comme le foie, pourraient être plus pertinents pour prévoir le potentiel de toxicité directe de cet organe (c.-à-d. la toxicité hépatique). |