Effets des effluents d'eaux usées : introduction
Les cours d’eau, les lacs et les eaux côtières ont été utilisés depuis longtemps à titre de réceptacles pour la dilution et la dispersion des déchets domestiques. La pollution de l’eau due aux rejets d’eaux usées remonte sans doute à la fondation des premières villes, il y a 7 000 ans, le long du Tigre et de l’Euphrate et de l’Indus. Cette façon de faire n’est devenue un problème sérieux qu’au cours de la révolution industrielle lorsque les déchets des procédés industriels et les eaux usées domestiques d’une population urbaine en croissance étaient rejetés non traités dans les plans d’eau les plus près. Des exemples classiques de la pollution de l’eau à long terme par les eaux usées domestiques ont été décrits pour la Tamise, en Angleterre (Gameson et Wheeler, 1977) de même que pour le port de Boston et la baie Chesapeake, aux États-Unis (National Research Council, 1993). Bien que des efforts considérables aient été consentis depuis les années 1970 par les pays développés dans le but d’améliorer le traitement des eaux usées, le rejet d’eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées demeure une préoccupation dans bon nombre de parties du monde, surtout dans les pays en développement ou ceux dont l’économie est en transition (p. ex., Russie et Europe centrale). Dans le cas des pays en développement, plus de 90 % des eaux usées urbaines sont directement rejetées dans les eaux de surface, sans traitement (World Resources Institute, 1996). Mais même dans bon nombre de pays développés, seulement une partie des eaux usées municipales fait l’objet d’un traitement classique. Ainsi, à la fin des années 1980, la proportion de la population totale des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques qui était desservie par un réseau de collecte des eaux usées faisant l’objet d’un traitement des eaux usées domestiques ne s’élevait qu’à seulement 60 % (OCDE, 1995).
Les incidences sur les eaux réceptrices des rejets d’eaux usées domestiques sont nombreuses. Les eaux usées présentent un risque sanitaire direct de par la présence d’organismes pathogènes, comme des bactéries (p. ex., choléra, salmonella, shigella), de virus (p. ex., virus de l’hépatite, entérovirus, poliovirus, virus de Norwalk) et de parasites (p. ex., protozoaires tels Giardia et Cryptosporidium et helminthes) [Organisation mondiale de la santé, 1993; World Resources Institute, 1996]. On compte, comme dangers sanitaires indirects pour l’homme, la consommation de poissons ou de mollusques rendus toxiques par la présence de bactéries, de métaux ou de composés organiques que l’on retrouve dans les eaux usées (Waldichuck, 1989) ou l’exposition, au cours d’activités récréatives, à des eaux ayant fait l'objet d’une contamination microbienne (Edsall et Charlton, 1996). Aux risques pour la santé humaine des rejets d’eaux usées domestiques s’ajoutent ceux pour l’environnement. Les charges en azote et en phosphore peuvent donner lieu à une eutrophisation provoquant des modifications radicales de la productivité et de la biodiversité, les rejets de contaminants peuvent présenter une toxicité aiguë ou chronique pour les organismes des eaux réceptrices et les charges élevées de matières consommant de l’oxygène peuvent abaisser la teneur en oxygène dissous à des concentrations qui menacent la survie des organismes aquatiques (p. ex., Meybeck et al., 1989; National Research Council, 1993).
La présente étude a pour objet de faire l’examen des conséquences du rejet d’eaux usées municipales dans les lacs, les cours d’eau et les eaux côtières du Canada qui est souvent perçu comme un pays très favorisé à cause de l’abondance et de la qualité de ses ressources hydriques. Par ailleurs, les préoccupations soulevées par des organismes internationaux au sujet de l’élimination des eaux usées à l’échelle mondiale (Nations Unies, 1992a; PNUE, 1995) et par des groupes d’intérêt public relativement à la situation canadienne (Sierra Legal Defence Fund, 1994; Kapitain, 1995; Nantel, 1995, 1996a,b) ont mis l’accent sur la nécessité d’évaluer la situation actuelle des rejets d’eaux usées municipales et de leurs effets sur l’environnement canadien. Nous avons résumé, au cours du présent examen, les risques actuels pour la santé humaine et l’environnement que pose le rejet d’eaux usées municipales au Canada. La gestion de ces eaux usées mettait antérieurement l’accent sur les rejets des stations d’épuration des eaux usées municipales (SE), mais il est maintenant reconnu que cette gestion devrait aussi prendre en compte les rejets des égouts pluviaux et les trop-pleins des égouts unitaires. Nous avons donc examiné les effets des rejets de toutes ces sources. Les rejets des étangs de traitement et des fosses septiques n’ont pas été examinés car les risques qu’ils présentent pour la santé humaine et l’environnement sont difficiles à généraliser étant donné la pauvreté de l’information canadienne à ce sujet.
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