L’Inventaire national des rejets de polluants : arsenic
Depuis 1993, le gouvernement du Canada recueille annuellement des données sur les rejets de polluants dans l’eau, l’air et le sol de certaines installations canadiennes à travers l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP). Si elles rencontrent les seuils de déclarations ou pratiquent certaines activités, les installations doivent obligatoirement déclarer les quantités rejetées pour chaque substance visée.
La carte suivante illustre l’emplacement des installations qui ont déclaré de l’arsenic à l’INRP en 2020.

Description longue
Carte illustrant l’emplacement des installations qui ont déclaré de l’arsenic à l’INRP en 2020
Vous pouvez trouver les données de l’INRP utilisées pour créer cette carte en téléchargeant nos tableaux de données pour une année.
Dans cet aperçu sur l’arsenic, vous apprendrez:
- quels sont ses effets sur l’environnement et la santé humaine
- quelles sont les quantités rejetées d’arsenic dans l’air, l’eau et le sol, ainsi que les quantités éliminées sur place et transférées hors site à des fins de recyclage
- quelles sont les mesures de réduction et d’atténuation de la pollution mises en place par les industries et le gouvernement du Canada
Contexte
L’arsenic est un élément naturellement présent dans l’environnement qui est utilisé dans une variété d’applications industrielles. Par contre, il n’existe que rarement à l’état pur. Généralement, l’arsenic se combine à d’autres éléments pour former différents composés organiques et inorganiques. Par exemple, lorsque l’arsenic est combiné avec le carbone ou de l’hydrogène, il forme des composés organique d’arsenic. S’il se combine avec l’oxygène, du chlorure ou du soufre, il forme des composés inorganiques d’arsenic. Il faut savoir que l’arsenic organique est considéré comme non toxique pour l’humain, alors que les composés inorganiques sont toxiques pour la santé.
L’arsenic inorganique figure parmi la Liste des substances toxiques de l’annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE) (1999) puisque la substance « pénètre ou peut pénétrer dans l’environnement en une quantité ou une concentration qui peut avoir un effet nocif immédiat ou à long terme sur l’environnement et la biodiversité et constituer un danger au Canada pour la vie ou la santé humaine. »
Effets sur la santé humaine
D’après des études de Santé Canada, l’arsenic peut pénétrer dans les aliments par l’eau, l’air et le sol. Par exemple, selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments, l’arsenic inorganique se retrouve surtout dans les breuvages de fruits et le riz puisqu’il est présent naturellement dans tous les végétaux. L’arsenic organique est surtout détecté dans le poisson, les mollusques et les crustacés, bien que les concentrations d’arsenic dans les aliments vendus au Canada sont généralement faibles.
Les composés d’arsenic inorganiques s’accumulent dans les tissus humains, ce que nous appelons la bioaccumulation. L'exposition pendant de nombreuses années à des concentrations élevées d'arsenic inorganique est associée à un risque élevé de cancer et à d'autres effets nuisibles sur la santé, comme :
- des maladies du cœur
- un épaississement et une décoloration de la peau
- des nausées ou diarrhées
- un engourdissement des mains et des pieds
Effets sur l’environnement
L’arsenic n’a pas de goût ni d’odeur et il est un élément naturel très répandu dans la croûte terrestre. Par contre, en grandes concentrations, il a des effets nombreux sur l’environnement et la santé. La principale source d’exposition est la nourriture, suivie par l’eau, le sol et l’air. Rejeté dans l’environnement, il cause des effets tels que la diminution de la croissance et de la photosynthèse chez les plantes, des effets comportementaux, la mort et même des impacts sur la reproduction des espèces.
L’arsenic n’est pas bioamplifiéNote de bas de page 1 dans la chaîne alimentaire, alors ses effets sont surtout concentrés à proximité des sources d’émissions.
Rejeté dans l’air, l’arsenic peut avoir des effets nocifs sur les petits mammifères.
Dans l’eau, l’arsenic se fixe aux sédiments (tels que les oxydes de fer et les argiles) et peut avoir un effet chronique sur les organismes benthiques d’eau douce, ce qui affecte la santé du cours d’eau.
L’érosion et l’altération des sols pour exploiter les minéraux peuvent entraîner la contamination des eaux souterraines par l’arsenic.
Après avoir évalué les risques de l’arsenic, Santé Canada a établi une recommandation d’un maximum de 0,010 milligramme par litreNote de bas de page 2 pour la qualité de l’eau. Heureusement, les données prélevées par Santé Canada indiquent que les concentrations d’arsenic dans l’eau au Canada sont généralement inférieures à 0,005 partie par million (ppm).
Au Canada, les différents paliers gouvernementaux sont responsables de la qualité de l’eau afin de s’assurer à ce que la population ait accès à de l’eau potable. Ils révisent donc régulièrement les recommandations et les exigences concernant la qualité de l’eau afin de refléter les études les plus récentes.
Où l’arsenic est rejeté au Canada
La carte suivante illustre la répartition des rejets d’arsenic au Canada en 2020. Nous observons que les rejets les plus élevés d’arsenic proviennent du Nunavut (50%), du Québec (25%) et de l’Ontario (10%).

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Carte illustrant la répartition des rejets d’arsenic au Canada en 2020.
Vous pouvez trouver les données de l’INRP utilisées pour créer cette carte en téléchargeant nos tableaux de données pour une année.
Des 296 installations qui ont déclaré des rejets d’arsenic à l’INRP en 2020, c’est l’Ontario qui présente le plus d’installations déclarantes (85), suivi par le Québec (57), l’Alberta (50) et la Colombie-Britannique (45).

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Province | Quantité |
---|---|
Alberta | 466 |
Colombie-Brittanique | 1 090 |
Manitoba | 1 625 |
Nouveau Brunswick | 854 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 126 |
Territoires du Nord-Ouest |
14 |
Nouvelle-Écosse | 5 426 |
Nunavut |
33 311 |
Ontario | 6 776 |
Québec | 16 552 |
Saskatchewan | 557 |
Installations déclarantes
En 2020, des installations ont déclaré un rejet de 47, 8 tonnes d’arsenic au total dans l’air, l’eau et le sol combinés. La majorité des quantités d’arsenic rejetées pour cette même année représente 26,2 tonnes d’émission atmosphériques. Au total, 12,6 tonnes ont été rejetées au sol et 9 tonnes dans l’eau. Parmi ces rejets, le secteur des mines et des carrières a rejeté un total de 15,6 tonnes d’arsenic.
Les installations qui déclarent des rejets d’arsenic à l’INRP font partie des secteurs industriels clés suivants :
- l’extraction minière et l’exploitation en carrière
- la production de métaux, comme la fabrication de l’acier, la fusion des métaux communs et l’extraction de l’or
- la préservation du bois
- la production d’énergie à partir de carburants fossiles, comme le charbon
En 2020, 96% (64 585 tonnes) des rejets totaux d’arsenic déclarés à l’INRP faisaient partie du secteur de l’extraction minière et de l’exploitation en carrière, avec un total de 97 installations déclarantes. Le total des éliminations ou des transferts pour traitement et recyclage pour le secteur des mines et carrière était de 64 569,8 tonnes d’arsenic en 2020. Cela s’explique par le fait que l’arsenic est généralement présent dans les minerais d’or, d’argent, de nickel, de cuivre et de zinc. Ces minéraux « contaminés » par l’arsenic en rejettent lorsqu’ils sont extraits de la croûte terrestre lors des activités minières.
L’arsenic a aussi longtemps été utilisé comme pesticide et pour préserver le bois traité des poteaux électriques. C’est pourquoi il est souvent détecté dans les champs agricoles, les vergers et les bordures de passage hydroélectrique.
Tendances des rejets d’arsenic au cours des dix dernières années
Le présent aperçu des tendances porte sur les quantités d’arsenic déclarées à l’INRP depuis 2010. Jusqu’en 2002, les rejets étaient déclarés à l’INRP en tonnes plutôt qu’en kilogrammes.
Depuis 2010, les rejets totaux d’arsenic déclarés à l’INRP et le nombre d’installations déclarantes sont en augmentation.
Dans le graphique ci-dessous, nous remarquons que les rejets déclarés étaient assez constants jusqu’en 2019, où ils ont presque doublé comparativement à ceux des années précédentes. Cette tendance vers la hausse des rejets totaux d’arsenic s’est poursuivi en 2020. Cela est attribuable aux quantités importantes d’éliminations sur place de résidus miniers et stériles (RMS). Puisque les mines calculent leurs quantités d’arsenic en multipliant la quantité de déchets générés par la concentration mesurée, les rejets varient grandement lors de changement dans les concentrations. Cependant, les concentrations mesurées dans les résidus miniers sont variables et n’ont pas la même toxicité. Par exemple, en 2020, l’installation avec les plus grandes quantités de rejets a déclaré des concentrations moyennes de 196 parties par millions (ppm) dans les RMS, alors que la deuxième mesuraient en moyenne 1,093 ppm dans les RMS.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 17 978 | 280 |
2011 | 24 201 | 283 |
2012 | 20 795 | 287 |
2013 | 20 872 | 283 |
2014 | 20 176 | 289 |
2015 | 24 441 | 274 |
2016 | 23 075 | 277 |
2017 | 24 073 | 285 |
2018 | 31 752 | 288 |
2019 | 55 898 | 300 |
2020 | 67 515 | 296 |
Puisque de nombreuses installations déclarent des rejets d’arsenic à l’INRP, voyons maintenant la répartition par milieux de rejets, afin d’en ressortir les tendances dans le temps.
La catégorie « élimination sur place de résidus miniers et stériles (RMS) » représente 96% des rejets d’arsenic déclarés à l’INRP depuis 2010, suivie par les éliminations hors-site excluant les RMS avec 2% et le recyclage hors site avec 2%.

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Milieux | Quantité |
---|---|
Élimination hors site (excluant RMS) | 6 157 |
Élimination hors site (RMS) | 69 |
Élimination sur place (excluant RMS) | 1 739 |
Élimination sur place (RMS) | 316 123 |
Recyclage hors site | 5 375 |
Rejets dans l'air |
425 |
Rejets dans le sol |
104 |
Rejets dan l'eau |
368 |
Transferts hors site pour traitement avant élimination finale (excluant RMS) | 425 |
Total des rejets
Le graphique ci-dessous montre que les rejets dans l’air en 2020 ont diminué de près de la moitié depuis 2010 et ce, malgré une légère augmentation du nombre d’installations déclarantes au fil du temps.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 49 |
168 |
2011 | 37 |
163 |
2012 | 37 |
178 |
2013 | 37 |
186 |
2014 | 49 |
181 |
2015 | 47 |
175 |
2016 | 43 |
182 |
2017 | 36 |
187 |
2018 | 39 |
196 |
2019 | 26 |
205 |
2020 | 26 |
195 |
Les rejets d’arsenic dans le sol déclarés à l’INRP sont de quelques tonnes au total et suivent une tendance à la baisse. Nous remarquons, dans le graphique suivant, que les années 2011, 2012,2019 et 2020 regroupent les quantités les plus élevées d’arsenic déclarées à l’INRP, lesquelles provenaient d’installations du secteur d’extraction minière et d’exploitation en carrière.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 4 |
22 |
2011 | 14 |
18 |
2012 | 19 |
16 |
2013 | 6 |
18 |
2014 | 9 |
13 |
2015 | 5 |
16 |
2016 | 4 |
17 |
2017 | 7 |
21 |
2018 | 9 |
16 |
2019 | 14 |
15 |
2020 | 13 |
19 |
Le graphique suivant présente les rejets d’arsenic dans l’eau depuis 2010. Nous observons qu’en 2014, les rejets étaient très élevés comparativement aux autres années en raison d’un déversement accidentel majeur qui a affecté plusieurs plans d’eau, notamment, Quesnel Lake, Polley Lake et Hazeltine Creek en Colombie-Britannique. Sinon, les rejets sont constants depuis 2010, malgré le nombre d’installations en augmentation.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 11 | 139 |
2011 | 11 | 146 |
2012 | 11 | 156 |
2013 | 11 | 155 |
2014 | 269 | 155 |
2015 | 9 | 147 |
2016 | 10 | 148 |
2017 | 10 | 151 |
2018 | 9 | 146 |
2019 | 9 | 158 |
2020 | 9 | 160 |
De façon générale, les tendances sont à la baisse pour les rejets d’arsenic dans l’eau, l’air et le sol, ce qui démontre que les mesures de contrôle mises en place par les industries et le gouvernement du Canada fonctionnent.
Éliminations sur place
En 2020, 96% (66 482 tonnes) des rejets d’arsenic déclarés à l’INRP étaient des éliminations sur place des résidus miniers et stériles (RMS).
La grande majorité des rejets d’arsenic sont inclus dans les résidus miniers et stériles sur place des installations. Dans le graphique, nous remarquons que les éliminations sur place étaient constantes jusqu’en 2019, où ils ont augmenté de façon importante malgré le nombre d’installations similaire. Les éliminations les plus élevés d’arsenic en 2019 et 2020 sont attribuables à une dizaine d’installations ayant géré leurs résidus miniers sur place.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 16 746 | 89 |
2011 | 22 734 | 93 |
2012 | 19 508 | 93 |
2013 | 19 722 |
89 |
2014 | 18 655 | 93 |
2015 | 22 962 | 87 |
2016 | 21 631 | 80 |
2017 | 22 738 | 90 |
2018 | 30 586 | 93 |
2019 | 54 471 | 101 |
2020 | 66 369 |
93 |
Éliminations hors site
À partir de 2017, les éliminations hors site (excluant les RMS) ont commencé à suivre une tendance à la baisse apparente, malgré une certaine augmentation du nombre d’installations déclarantes jusqu’en 2019. Une installation qui déclarait les plus grands rejets a été démantelée progressivement en 2013 pour être fermée définitivement en 2019. La fermeture d’une installation implique la gestion des résidus restants sur le site, ce qui peut conduire à la déclaration de quantités élevées les années suivantes. En 2020, un total de 67 468 tonnes d’arsenic a été déclarées en tant qu’éliminations ou transferts pour traitement et recyclage. Le total des éliminations d’arsenic hors site représentait environ 986 tonnes.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 338 |
94 |
2011 | 771 |
95 |
2012 | 715 |
93 |
2013 | 587 |
92 |
2014 | 678 |
98 |
2015 | 755 |
93 |
2016 | 648 |
92 |
2017 | 675 |
90 |
2018 | 542 |
97 |
2019 | 382 |
104 |
2020 | 67 |
97 |
Les éliminations hors site des RMS sont très peu élevées et ont un maximum de moins de 30 tonnes pour toutes les installations déclarant à l’INRP. L’augmentation en 2015 provient d’une seule installation située au Québec qui a transféré 25 tonnes pour l’élimination.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 4 | 4 |
2011 | 7 | 4 |
2012 | 3 | 3 |
2013 | 2 |
2 |
2014 | 4 |
4 |
2015 | 29 | 5 |
2016 | 3 | 5 |
2017 | 2 | 4 |
2018 | 2 | 4 |
2019 | 2 | 4 |
2020 | 2 | 4 |
Les transferts hors site de l’arsenic pour le recyclage suivent une tendance à la hausse depuis 2010, suivant l’augmentation croissante des installations déclarantes. Les transferts pour le recyclage ont augmenté en 2019 dû aux déclarations de deux installations (430 tonnes et 388 tonnes) qui ont envoyés leurs RMS pour la récupération des métaux et de leurs composés. Il s’agit des deux mêmes installations qui ont contribué à la grande quantité de transfert d’arsenic pour le recyclage en 2020 (447 tonnes et 415 tonnes). Ces deux installations comptent pour 96% des transferts d’arsenic pour le recyclage en 2019 et 2020.

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Année |
Quantité | Installations |
---|---|---|
2010 | 472 |
38 |
2011 | 401 |
36 |
2012 | 311 |
43 |
2013 | 308 |
38 |
2014 | 332 |
36 |
2015 | 468 |
41 |
2016 | 518 |
45 |
2017 | 434 |
40 |
2018 | 391 |
46 |
2019 | 853 |
50 |
2020 | 889 |
50 |
Pour en connaître davantage sur les résidus miniers et stériles, consultez l’aperçu de secteurs de l’INRP sur l’extraction de minerais métalliques.
Activités de prévention de la pollution et mesures gouvernementales
Puisqu’il s’agit d’une substance identifiée comme toxique selon la LCPE, Environnement et Changement climatique Canada met en œuvre plusieurs mécanismes afin de gérer les risques associés aux rejets d’arsenic dans l’environnement, par exemple :
- des lignes directrices sur les émissions des centrales thermiques nouvelles
- des codes de pratiques écologiques pour les aciéries intégrées et non intégrées
- des avis obligeant l’élaboration et l’exécution de plans de prévention de la pollution à l’égard des composés inorganiques d’arsenic
- des règlements, tels que le Règlement sur les effluents de mines de métaux et des mines de diamants
- l’étude canadienne sur l’alimentation totale, qui est un programme de surveillance des concentrations d’arsenic dans les aliments effectué annuellement par Santé Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments, selon les directives de l’Organisation mondiale de la santé
Santé Canada a également établi une recommandation de 0,010 milligramme par litre pour la concentration maximale d’arsenic dans l’eau potable. Les différents paliers gouvernementaux collaborent pour gérer les risques associés à cette substance.
Plus d’informations
Si vous souhaitez obtenir de plus amples renseignements sur l’arsenic ou d’autres substances suivies par l’INRP, veuillez consulter les différents jeux de données en ligne, l'outil de recherche des données de l'INRP, ainsi que d’autres aperçus de substances et de secteurs industriels.
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