Synopsis

L'éthylène glycol a été inscrit sur la Liste des substances d'intérêt prioritaire (LSIP) de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) afin d'évaluer les risques pour l'environnement et la santé humaine découlant de l'exposition à cette substance à partir de l'environnement et de produits de consommation.

En décembre 2000, l'évaluation de l'éthylène glycol en vertu de la deuxième liste d'intérêt prioritaire (LSIP2) était formellement suspendue à cause d'incertitudes concernant l'ensemble des données sur les effets chez les humains et sur l'exposition. Au même moment, un rapport sur l'état de la science portant sur cette substance était publié (Environnement Canada et Santé Canada, 2000). On y présentait un examen exhaustif des renseignements disponibles sur la toxicité et l'exposition ayant trait à la santé humaine et à l'environnement. Les renseignements essentiels à l'achèvement de l'évaluation prévue par la LSIP2 ont été relevés et obtenus au cours des sept années suivantes.

L'éthylène glycol est surtout utilisé dans les liquides de dégivrage et d'antigivrage pour les aéronefs et les pistes d'aéroport et comme liquide antigel pour les moteurs des véhicules automobiles. Il sert aussi de liquide de refroidissement industriel, de solvant pour la fabrication de colorants et d'encres, d'intermédiaire chimique pour la fabrication de produits en polyester et de solvant ou stabilisant dans les peintures au latex et les liquides caloporteurs. Au Canada, quelque 1 440 kilotonnes d'éthylène glycol ont été fabriquées en 2001 par trois entreprises situées en Alberta. La plus grande partie de la production canadienne est destinée à l'exportation.

En ce qui concerne l'environnement, les rejets d'éthylène glycol les plus élevés déclarés sont les rejets sur le sol à partir des opérations de dégivrage et d'antigivrage des aéronefs, et les rejets ultérieurs dans le milieu aquatique. Mais ces dernières années, les pratiques de gestion des principaux aéroports du Canada ont été améliorées par la mise en place de nouvelles applications et de réduction des impacts de l'éthylène glycol ou par l'amélioration des installations existantes.

La comparaison directe des concentrations d'exposition mesurées dans le milieu aquatique avec les valeurs estimées sans effet observé (VESEO) indique qu'il est peu probable qu'il y ait des effets nuisibles étant donné la nature saisonnière des rejets, les températures ambiantes, les taux métaboliques et la durée de l'exposition. En outre, l'examen des effets indirects possibles découlant de l'appauvrissement de l'oxygène porte à croire à une faible possibilité que les concentrations d'oxygène dissous (OD) chutent à des valeurs préoccupantes. Il est donc proposé de conclure que l'éthylène glycol ne pénètre pas dans l'environnement en une quantité ou concentration ou dans des conditions de nature à avoir, immédiatement ou à long terme, un effet nocif sur l'environnement ou sur la diversité biologique ou à mettre en danger l'environnement essentiel pour la vie.

En ce qui a trait à la santé humaine, les limites supérieures des estimations de l'absorption quotidienne d'éthylène glycol par la population générale du Canada et par une population fortement exposée se trouvant à proximité immédiate d'une source ponctuelle industrielle sont bien en deçà de l'absorption tolérable (AT) qui est fondée sur une dose repère calculée à partir d'effets rénaux non néoplasiques chez les animaux et d'un facteur d'incertitude. L'absorption tolérable est le niveau d'absorption auquel on croit qu'une personne puisse être exposée quotidiennement tout au long de sa vie sans en subir les effets nocifs. Par ailleurs, des estimations prudentes de la concentration à court terme dans l'air intérieur à laquelle des personnes, y compris des enfants, pourraient être exposées en raison de l'utilisation de certains produits de consommation (peinture au latex) contenant cette substance sont supérieures à la concentration tolérable (concentration à laquelle on croit qu'une personne puisse être exposée sans subir d'effets nocifs) jugée appropriée pour des expositions à court terme. La détermination de la concentration tolérable a été fondée sur une quantité sans effet nocif observé pour le développement chez les animaux et un facteur d'incertitude. Étant donné l'incertitude des estimations des concentrations à court terme auxquelles des personnes, y compris des enfants, pourraient être exposées et la nature des effets sur la santé, il est jugé approprié d'être prudent lors de la caractérisation du risque. Il est donc proposé de conclure que l'éthylène glycol pénètre dans l'environnement en une quantité ou concentration ou dans des conditions de nature à constituer un danger pour la vie ou la santé humaine.

Sur la base des renseignements disponibles sur la santé humaine et l'environnement, il est proposé que l'éthylène glycol soit considéré comme étant « toxique » au sens de l'article 64 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [LCPE (1999)].

Une caractérisation plus poussée de la gamme et de la distribution des concentrations d'éthylène glycol dans certains produits de consommation (peintures au latex) actuellement disponibles au Canada de même que de l'exposition humaine (par inhalation et contact cutané) à cette substance découlant de l'utilisation de ces produits de consommation est considérée prioritaire pour la gestion du risque. En outre, il serait utile d'obtenir de l'information permettant de réduire l'incertitude en ce qui concerne l'absorption cutanée de cette substance à partir de l'utilisation de produits de consommation en contenant. De même, de l'information supplémentaire sur la toxicocinétique et la toxicodynamique inter et intraspécifiques permettrait de déterminer si des valeurs tirées des données pourraient réduire l'incertitude découlant des variations inter et intraspécifiques.

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