Potentiel d'effets nocifs sur la santé humaine

Les tableaux 8 à 14 présentent une comparaison des concentrations nord-américaines et européennes d'HBCD dans le lait maternel, le sérum (dans le sang maternel et le cordon ombilical), les aliments, les tissus adipeux et la poussière. D'après ces données, au Canada et en Amérique du Nord, les concentrations d'HBCD dans le lait maternel, le sang de la mère ou du cordon ombilical et l'alimentation, ainsi que l'absorption alimentaire d'HBCD sont soit comprises dans les fourchettes relevées en Europe, soit inférieures à celles-ci, comme on pourrait s'y attendre en raison de la répartition mondiale de l'utilisation d'HBCD dans la fabrication de produits de consommation et de produits industriels d'utilisation finale. Par conséquent, on s'attend à ce que l'exposition à l'HBCD au Canada soit inférieure à celle estimée pour l'Europe. Les scénarios rapportés par l'Union européenne comprennent ceux qui figurent dans le tableau 15 (EURAR, 2008).

Les estimations de la limite supérieure pour l'ensemble de la population canadienne sont présentées à l'annexe D.

Dans une étude menée par Roosens et al. (2009), les concentrations sériques d'HBCD étaient mises en corrélation avec l'exposition à la poussière, mais pas avec l'exposition par voie alimentaire. Les auteurs ont indiqué que l'enrichissement de l'énantiomère du (-)α-HBCD chez l'humain semble être dû à une excrétion ou à un métabolisme énantiosélectif in vivo plutôt qu'à une ingestion de poussière ou à des aliments en contenant (Roosens et al., 2009).

La concentration la plus élevée d'HBCD relevée dans le lait maternel au Canada était de 28 µg/kg poids lipidique. Elle a été obtenue au moyen d'échantillons prélevés dans le cadre d'une étude auprès de femmes canadiennes (n = 35) de la région de Hamilton en 2005; 23 échantillons mesurés contenaient de l'HBCD. Selon cette étude, de faibles concentrations d'HBCD (ppb) étaient présentes dans les lipides du lait maternel en Amérique du Nord. Les valeurs d'HBCD étaient 20 à 100 fois inférieures à celles du BDE47 (un congénère du tétrabromodiphényléther utilisé comme marqueur d'exposition à cette classe d'ignifugeants bromés) dans les mêmes échantillons. Les données mondiales sur l'HBCD indiquent que l'exposition humaine est relativement uniforme. Il s'agissait de la première fois qu'on faisait état de la présence de l'isomère α-HBCD et non du ß-HBCD ou du γ-HBCD dans des échantillons humains et également d'une sélectivité chirale potentielle de l'HBCD chez l'humain (Ryan et al., 2006a). Comme le pourcentage de la teneur lipidique du lait maternel est inférieur à 6 % en poids et qu'il tourne souvent autour des 3 %, la teneur lipidique de 3 % sera utilisée pour obtenir une estimation de l'absorption.

Les concentrations d'HBCD dans les produits alimentaires représentatifs en Amérique du Nord ont été obtenues grâce à une étude américaine sur le panier de provisions (Schecter et al., 2009). Dans la partie I de cette étude d'envergure, on a mesuré l'HBCD total dans 310 échantillons composites issus de 31 types d'aliments. L'HBCD total variait au sein des groupes alimentaires et entre eux. On a estimé l'absorption d'HBCD à 16 ng/jour principalement avec la consommation de viande. Les limites de détection ont été utilisées pour les cas de non-détection. Les estimations de la limite supérieure d'absorption à partir de l'alimentation étaient les suivantes : a) viande : 0,86 µg/kg poids humide; b) produits laitiers : 0,261 µg/kg poids humide; c) œufs : 0,01 µg/kg poids humide; d) produits halieutiques : 1,46 µg/kg poids humide; e) matières grasses : 0,810 µg/kg poids humide; f) céréales : 0,180 µg/kg poids humide; g) fruits : 0,022 µg/kg poids humide; h) légumes : 0,018 µg/kg poids humide.

Il s'est avéré que la consommation de poisson provenant d'un lac contaminé était liée aux concentrations sériques d'HBCD (Thomsen et al., 2008). Les concentrations sériques élevées d'HBCD chez les Norvégiens étaient également liées à l'exposition par voie alimentaire à cette substance par suite de la consommation de fruits de mer. Pour cette raison, la consommation de poisson ayant une concentrations d'HBCD de 4,6 µg/kg poids humide (consommation de touladis dans le lac Ontario, au Canada) a été intégrée au calcul des estimations de la limite supérieure d'exposition pour l'ensemble de la population canadienne (Alee et al., 2004). Le tableau 7 présente des données supplémentaires sur les concentrations d'HBCD dans les aliments.

La concentration d'HBCD dans l'air ambiant extérieur des régions de l'Arctique canadien et russe qui a été retenue était de 1,8 pg/m3 ou 1,8 × 10-6 µg/m3 pour Alert, Tagish et l'île Dunai (TPSGC-AINC-PLCN, 2003). Comme on n'a relevé aucune concentration atmosphérique d'HBCD dans l'air intérieur au Canada, on a utilisé, en guise de substitut, les mesures de cette substance dans l'air intérieur de résidences du Royaume-Uni (concentration médiane d'HBCD de 180 pg/m3 ou 0,0002 µg/m3) (Abdallah et al., 2008a).

Les données publiées par Abdallah et al. (2008b) relativement à la concentration la plus élevée dans la poussière de l'air intérieur des maisons canadiennes, soit 1 300 µg/kg poids sec, ont servi à estimer la limite supérieure d'exposition pour l'ensemble de la population du Canada.

Comme on n'a trouvé aucune concentration d'HBCD dans l'eau potable au Canada, la concentration d'HBCD mesurée dans des lacs au Royaume-Uni, soit 270 pg/L ou
2,7 × 10-4 µg/L, a été utilisée (Harrad et al., 2009).

Au Canada, les expositions les plus élevées, estimées à 1,1 × 10-1 µg d'HBCD/kg p.c. par jour, concernaient les nourrissons allaités âgés de 0 à 6 mois (Santé Canada, 2008). Les concentrations dans le lait maternel sont présentées au tableau 8. Comme l'HBCD est bioaccumulable, il a été jugé bon d'obtenir également des estimations de l'absorption quotidienne à partir des concentrations d'HBCD mesurées dans le sang de l'ensemble de la population canadienne. D'après une cinétique de premier ordre, l'estimation de l'absorption quotidienne, obtenue à partir de la concentration la plus élevée dans le sang de la mère ou du cordon ombilical au Canada, soit 2,4 µg/kg, et d'une demi-vie de 64 jours ainsi que d'une absorption de 100 % par voie orale, était de 0,01 µg/kg p.c. par jour. Cette valeur est très semblable à l'estimation déterministe de l'exposition atttribuable à des sources alimentaires, ce qui confirme l'utilisation des apports alimentaires quotidiens en tant que mesure appropriée de l'exposition.

Produits de consommation

L'HBCD est un ignifugeant bromé qui peut être rejeté de la matrice de produits de consommation, étant donné qu'il n'y est pas lié par covalence; il est seulement mélangé ou dissous dans la matière. C'est pourquoi l'HBCD peut migrer du produit au fil du temps en raison de l'abrasion et de l'utilisation. Étant donné sa faible pression de vapeur, l'HBCD ne se volatilisera pas et ne dégagera pas de gaz à partir du produit.

On a obtenu des estimations de la limite supérieure d'exposition potentielle à l'HBCD par voie orale issue du mâchonnement d'un coussin ou d'un meuble rembourré; elles sont présentées à l'annexe E, d'après le scénario du modèle (Environ 2003a, 2003b). L'estimation de l'exposition des nourrissons âgés de 0 à 6 mois était de
5,6 × 10-5 µg/kg p.c. par jour, tandis que celle de l'exposition par voie orale des jeunes enfants âgés de 6 mois à 4 ans était de 2,7 × 10-5 µg/kg p.c. par jour. On a obtenu ces estimations pour les nourrissons et les jeunes enfants à l'aide d'un algorithme d'exposition établi, appliqué officiellement pour le phosphate de tris(2-chloroéthyle) (PTCE), un ignifugeant chloré organophosphaté (Canada, 2009; Environ, 2003a, 2003b). L'algorithme, qui utilise un taux de rejet de 84 mg d'HBCD/m2 de superficie de tissu pour l'usure modélisée de tissus récents ou vieillis par rayonnement UV, a été jugé comme étant un substitut approprié pour estimer l'exposition chez les enfants mâchonnant des coussins ou des meubles rembourrés. En comparaison, l'Union européenne a utilisé un taux de rejet de 2 000 mg/m2 (taux utilisé pour les rejets généraux d'HBCD par les textiles) pour modéliser un scénario d'exposition semblable. La démarche adoptée dans la présente évaluation préalable est également conforme à celle suivie dans le cadre du Voluntary Children's Chemical Evaluation Program (programme volontaire d'évaluation des effets des substances chimiques sur les enfants) par l'Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis (Environ, 2003a, 2003b).

À l'aide d'un outil de calcul de l'exposition, des chercheurs ont réalisé une évaluation préliminaire des risques pour la santé que comporte l'HBCD émis dans l'air intérieur en tirant les rideaux (modèle MCCEM de l'EPA des États-Unis; Miyake et al., 2009). Ils ont calculé la dose quotidienne moyenne à vie et obtenu la valeur de 2,67 × 10-4 µg/kg p.c. par jour. Les paramètres utilisés par Miyake et al. (2009) comprenaient une concentration moyenne de pointe dans l'air intérieur de 8,6 ng/m3 pour l'HBCD; quant aux paramètres d'entrée relatifs à la taille de la pièce, à son volume et au taux d'échange d'air, ils ont été fixés à 5,25 m × 3,80 m × 2,70 m, 53,9 m3, et 0,45 h-1, respectivement. Miyake et al. (2009) ont obtenu une marge d'exposition de 2,1 × 105 pour ce scénario d'exposition qu'ils ont jugé peu préoccupant.

Les expositions par voie cutanée sont jugées négligeables, d'après les résultats obtenus par Roper et al. (2007); selon ceux-ci, le stratum corneum constitue une barrière efficace à la pénétration de la substance radiomarquée 14C-HBCD par voie cutanée. Les estimations de l'exposition pour toutes les voies d'exposition aux produits de consommation, sauf le mâchonnement (c.-à-d. par voie cutanée et par inhalation), ont été jugées négligeables; elles n'ont donc pas été reportées dans la caractérisation des risques dans le cadre de l'évaluation des risques par l'Union européenne (EURAR, 2008).

On a relevé un essai biologique de cancérogénicité (Kurokawa et al., 1984) au cours duquel des souris B6C3F1 (50 de chaque sexe par groupe) ont été exposées par voie alimentaire pendant 18 mois à des doses équivalant à l'absorption d'environ 0, 13, 130 ou 1 300 mg/kg p.c. par jour. Il n'y a eu aucun signe manifeste de toxicité. Les animaux exposés ont subi des modifications hépatiques (gonflement, dégénérescence, formation de vacuoles, infiltration graisseuse des cellules hépatiques), mais celles-ci n'ont pas bien été mises en corrélation avec la dose. L'incidence des tumeurs hépatiques totales se trouvait dans la fourchette normale pour cette souche de souris .

L'Union européenne a mentionné que des résultats systématiquement négatifs avaient été observés pour l'HBCD lors d'un éventail d'essais de mutagénicité réalisés sur le Salmonella typhimurium (Simmon et al., 1976; Baskin et Phillips, 1977; GSRI, 1979; Zeiger et al., 1987; Ogaswara et Hanafusa, 1993; Hossack et al., 1978; US EPA, 1990). Ces essais comprenaient en outre un essai cytogénétique in vitro visant à déterminer les aberrations chromosomiques avec des lymphocytes circulants humains (Guid et Schadly, 1996) et un essai in vivo visant à déterminer la clastogénicité dans le test des micronoyaux chez la souris (Engelhardt et Hoffman, 2000). Lors d'un essai non normalisé sur deux lignées cellulaires de hamsters chinois présentant des mutations de dédoublement dans le gène hypoxanthine phosphoribosyltransférase (Hprt), on a observé une augmentation modeste, mais significative, des recombinaisons somatiques (Helleday et al., 1999). L'Union européenne a conclu que l'HBCD ne présente pas de potentiel génotoxique important tant in vitro qu'in vivo et elle a indiqué qu'il n'y a aucune raison d'examiner ce paramètre plus en détail (EURAR, 2008). Par conséquent, on considère que l'HBCD ne présente aucun potentiel génotoxique .

Zeller et Kirsch (1969) ont exposé des rats mâles et femelles Sprague-Dawley pendant 28 jours à des concentrations équivalant à 0, 940, 2 400 ou 4 700 mg/kg p.c. par jour dans leur régime alimentaire. Cette étude a été jugée insuffisante pour attribuer des concentrations avec effet, mais elle a indiqué que le foie et la thyroïde étaient des organes cibles de la toxicité de l'HBCD (EURAR, 2008).

Chengelis (1997) a exposé cinq rats mâles et femelles Sprague-Dawley pendant 28 jours, par gavage, à des doses de 0, 125, 350 ou 1 000 mg/kg p.c. par jour. On n'a observé aucune lésion histopathologique significative. Le protocole n'incluait aucune mesure du poids de la glande thyroïde ou des concentrations sériques de thyréostimuline (TSH), les T3 ou T4. Le poids relatif du foie était considérablement accru aux deux doses les plus élevées chez les mâles. La dose minimale avec effet nocif observé (DMENO) était de 125 mg/kg p.c. par jour, d'après une augmentation considérable du poids relatif du foie chez tous les groupes de femelles exposés. L'Union européenne a fait remarquer un problème potentiel de contamination des témoins au cours d'une étude de 90 jours réalisée au même laboratoire (Chengelis, 2001; cité dans EURAR, 2008).

Van der Ven et al. (2006) ont exposé cinq rats Wistar de chaque sexe par gavage pendant 28 jours à 0, 0,3, 1, 3, 10, 30, 100 ou 200 mg/kg p.c. par jour. Le protocole était axé sur les effets immunitaires et endocriniens, notamment l'axe des hormones thyroïdiennes, l'hématologie, la taille et la minéralisation des os ainsi que les paramètres rétinoïques. Ces paramètres ne sont généralement pas examinés lors d'études en doses répétées visées par les lignes directrices de l'OCDE, ce qui pourrait expliquer pourquoi ces effets n'ont pas été détectés au cours d'autres études. Les constatations « les plus remarquables » étaient la diminution de la thyroxine totale, l'augmentation du poids de l'hypophyse, de l'immunocoloration de la TSH dans cette glande et du poids de la thyroïde ainsi que l'activation des cellules folliculaires thyroïdiennes, des modifications liées à la dose. Ces effets se sont limités aux femelles. Chez les femelles, on a constaté des augmentations du poids du foie à une dose de 29,9 mg/kg p.c. par jour (limite inférieure de l'intervalle de confiance de la dose repère [BMDL], 22,9 mg/kg p.c. par jour), tandis qu'on a relevé des augmentations du poids de l'hypophyse à une dose de 50,6 mg/kg p.c. par jour (BMDL, 29,9 mg/kg p.c. par jour). L'augmentation du poids de la thyroïde a été constatée à 3,4 mg/kg p.c. par jour (BMDL, 1,6 mg/kg p.c. par jour). Dans une étude de suivi, Germer et al. (2006) ont examiné les concentrations de cytochromes P450 (CYP) et l'activité de ces cytochromes. Une induction de CYP 3A4 a été observée chez les femelles et une induction de CYP 2B chez les mâles, ce qui laisse penser que le métabolisme propre au sexe pourrait expliquer la toxicité de la thyroïde notée chez les femelles seulement.

Chengelis (2001) a exposé des rats Sprague-Dawley (15 par sexe par groupe) par gavage (dans de l'huile de maïs) pendant 90 jours, à des doses de 0, 100, 300 ou 1 000 mg/kg p.c. par jour. Cinq animaux par sexe par groupe ont été soumis à une période de rétablissement de 28 jours. On a noté des augmentations du poids du foie (pour tous les groupes exposés), de la thyroïde (pour les groupes exposés aux doses moyennes et élevées, uniquement chez les femelles) et de la prostate (augmentation selon la dose avec importance statistique chez le groupe exposé aux doses élevées). On a observé une vacuolisation hépatocellulaire minime chez tous les animaux exposés. La DMENO était de 100 mg/kg p.c. par jour, d'après l'augmentation du poids relatif du foie chez les deux sexes. L'Union européenne a signalé que les animaux témoins pourraient aussi avoir été exposés par inadvertance (EURAR, 2008).

Zeller et Kirsch (1969) ont exposé des rats par voie alimentaire pendant 90 jours, à des concentrations équivalant à des doses de 0, 120, 240, 470 ou 950 mg/kg p.c. par jour. L'Union européenne avait souligné que l'étude définissait le foie comme un organe cible, mais qu'elle n'avait pas relevé de concentrations avec effet (EURAR, 2008).

Murai et al. (1985) ont donné à des rates Wistar gravides (20 par groupe) une alimentation contenant des doses approximatives de 0, 7,5, 75 ou 750 mg/kg p.c. du 1er au 20e jour de la gestation. Six animaux par groupe ont pu mettre leurs petits au monde, et les ratons ont été gardés jusqu'à 7 semaines. Le poids absolu et relatif du foie des mères augmentait considérablement à la dose la plus élevée (750 mg/kg p.c. par jour). On n'a observé aucun changement significatif chez les ratons pour ce qui était du nombre d'implants, de résorptions, de fœtus vivants ou morts, ou d'anomalies externes, viscérales ou squelettiques (dose sans effet nocif observé [DSENO] fœtale, 750 mg/kg p.c. par jour).

Stump (1999) a administré de l'HBCD à 25 rats Charles River par gavage du 6e au 19e jour de la gestation, à raison de 0, 500 ou 1 000 mg/kg p.c. par jour. Cette étude n'a indiqué aucune toxicité chez les mères ou les fœtus.

Ema et al. (2008) ont effectué un essai de reproduction sur deux générations avec des rats de souche Crl:CD(SD). Les animaux F0 comprenaient 24 rats par sexe par groupe. L'administration par voie alimentaire correspondait à des doses de 0, 10, 101 et 1 008 mg/kg p.c. par jour chez les mâles et de 0, 14, 141 et 1 363 mg/kg p.c. par jour chez les femelles. Des préparations alimentaires ont été formulées en mélangeant des particules d'HBCD à une quantité adéquate de nourriture en poudre pour chaque groupe exposé. L'administration a commencé dix semaines avant l'accouplement pour bien représenter le cycle spermatogénétique complet, depuis l'accouplement jusqu'à la lactation, en passant par la gestation. La dose moyenne était la DMENO (101 mg/kg p.c. par jour), d'après une diminution de l'indice de fertilité proportionnelle à la dose chez la génération F0, une diminution importante du nombre de follicules primordiaux dans l'ovaire et une incidence significative accrue des animaux présentant une diminution de la taille des follicules thyroïdiens dans les groupes exposés aux deux plus fortes doses chez les deux sexes de la génération F0 et le groupe exposé à la dose la plus élevée chez les femelles de la génération F1. On a mesuré les paramètres de neurotoxicité. Le seul effet significatif onservé était un taux d'achèvement inférieur du réflexe de redressement chez les ratons femelles F2 exposés à la dose la plus élevée (1 363 mg/kg p.c. par jour). Pour cette étude, la DSENO était de 10 mg/kg p.c. par jour. L'Union européenne avait fait remarquer que cette étude était réalisée en accord avec la ligne directrice relative à l'essai no 416 de l'OCDE et qu'elle était conforme aux principes relatifs aux bonnes pratiques de laboratoire (EURAR, 2008).

À la suite de l'évaluation de l'Union européenne, van der Ven et al. (2009; voir également Lilienthall et al., 2009a) ont mené une étude relative à l'absorption alimentaire sur une génération de rats Wistar, avec des expositions ciblées de 0, 0 (solvant témoins d'huile de maïs), 0,1, 0,3, 1, 3, 10, 30 ou 100 mg/kg p.c. par jour. L'exposition a eu lieu avant la période d'accouplement (dix semaines pour les mâles, deux semaines pour les femelles) et pendant l'accouplement, la gestation et la lactation. Chaque groupe F0 comprenait dix mâles et dix femelles. On a gardé tous les ratons F1. La progéniture a ensuite été exposée à partir du sevrage jusqu'à 11 semaines. Les auteurs ont jugé que les effets les plus sensibles » étaient la diminution de la densité minérale osseuse trabéculaire et de la concentration de rétinoïdes apolaires dans le foie des femelles F1 et l'augmentation de la réponse immunitaire chez les mâles F1. Ils ont noté que les effets immunologiques semblaient se déclencher pendant le développement et qu'ils étaient donc probablement persistants. De la même manière, les rétinoïdes régulent la transcription de nombreux gènes et peuvent entraver la programmation du développement, la morphogenèse squelettique, la croissance embryonnaire, la différenciation sexuelle, la vascularisation et la reproduction. On a émis l'hypothèse que la modulation des concentrations de rétinoïdes était liée à la réponse immunitaire. Les signaux rétinoïques jouent également un rôle dans le développement tissulaire des testicules et des os, qui a été touché chez les animaux F1. Les plus faibles doses efficaces associées à un effet critique étaient de 0,18 mg/kg p.c. par jour (BMDL, 0,056 mg/kg p.c. par jour) pour la diminution de la densité minérale osseuse trabéculaire du tibia chez les femelles F1, 1,45 mg/kg p.c. par jour (BMDL, 0,46 mg/kg p.c. par jour) pour l'augmentation de la réponse immunitaire (immunoglobuline G, hématies de mouton) chez les mâles F1 et 5,1 mg/kg p.c. par jour (BMDL, 1,3 mg/kg p.c. par jour) pour la diminution de la somme des rétinoïdes apolaires dans le foie des femelles F1. En parallèle, la progéniture a fait l'objet d'une évaluation relative au comportement entraîné par la dopamine et à la fonction auditive, par catalepsie provoquée par halopéridol et potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral. On a constaté une réduction de la latence pour le délai de mouvement, essentiellement chez les femelles. Le schéma global des modifications des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (seuils accrus et latences prolongées de vagues précoces) a indiqué un effet cochléaire prédominant. Bien que les auteurs (Lilienthal et al., 2009a) aient signalé que les BMDL se situaient entre = 1 et 10 mg/kg p.c. pour les seuils de la catalepsie et des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral, aucune donnée supplémentaire n'était disponible, comme c'était le cas pour la description des paramètres précédents.

Eriksson et al. (2006) ont exposé des souriceaux NMRI mâles nouveau-nés (jour 10) à l'HBCD par gavage, à une dose unique de 0, 0,9 ou 13,5 mg/kg p.c. À l'âge de trois mois, les souris ont été soumises à une évaluation du comportement spontané et de la capacité d'apprentissage et de mémorisation.

Dix souris mâles par groupe ont fait l'objet d'évaluations du comportement spontané; pour ce faire, on a mesuré leur locomotion (mouvement horizontal, détecté par des rayons infrarouges), leur élevage artificiel et leur activité totale (tous les mouvements, p. ex. le toilettage). Les activités ont été mesurées pendant trois périodes de 20 minutes. Les données quantitatives n'ont pas été présentées. Pour toutes les variables, les animaux témoins se sont accoutumés, c'est-à-dire que l'activité de réaction à la nouveauté de la chambre d'essai a diminué au fil du temps. Les animaux exposés à l'HBCD étaient hypoactifs pendant la première partie de la période de 60 minutes, tandis qu'à la fin de la période d'essai, ils sont devenus hyperactifs.

L'apprentissage et la mémoire associatifs ont été évalués par le test du labyrinthe aquatique de Morris. Des groupes de 12 à 17 souris mâles ont été soumises à des essais pour déterminer leur capacité de localisation d'une plate-forme immergée dans un bassin pendant quatre jours consécutifs et, le cinquième jour, les chercheurs ont réalisé un autre essai pour vérifier si elles trouvaient la plate-forme à un autre endroit du bassin. Cinq essais par jour ont été réalisés. Pendant la période d'acquisition (jours 1 à 4), tant les souris exposées que les souris témoins ont amélioré leur capacité de localisation de la plate-forme. Le quatrième jour, les latences moyennes des souris exposées à 13,5 mg/kg p.c. étaient considérablement plus longues que celles des souris témoins (p < 0,01) et du groupe exposé à 0,9 mg/kg p.c. (p < 0,05). Les souris du groupe d'exposition inférieure n'avaient pas un comportement sensiblement différent des souris témoins. Le cinquième jour, les souris exposées à 13,5 mg/kg p.c. par jour mettaient beaucoup plus de temps (p < 0,05) à trouver le nouvel emplacement de la plate-forme. L'EURAR (2008) a considéré que l'étude était bien réalisée et que la DMENO (basée sur un comportement spontané sensiblement modifié, notamment un état hyperactif et une réduction de l'accoutumance) était de 0,9 mg/kg p.c., la plus faible dose évaluée lors de l'étude.

Un essai de développement sur des rats Sprague-Dawley a été publié après l'évaluation de l'Union européenne. Saegusa et al. (2009) ont exposé des rates Sprague-Dawley gravides à 0, 100, 1 000 ou 10 000 ppm par voie alimentaire, du 10e jour de la gestion jusqu'au 20e jour suivant la mise bas (le jour du sevrage). Le 20e jour après la mise bas, le dosage a pris fin et toutes les mères ont été sacrifiées. Une évaluation histopathologique a été réalisée sur dix mâles et dix femelles de la progéniture de chaque groupe. Le reste de la progéniture a reçu une alimentation normale jusqu'à 11 semaines, puis elle a été sacrifiée pour l'évaluation histologique. Les auteurs ont déclaré que l'exposition maternelle entraînait un faible effet d'hypothyroïdie, avec des modifications pondérales et histopathologiques de la thyroïde et des concentrations sériques de T2 et de TSH chez la progéniture recevant 10 000 ppm jusqu'au sevrage. Une augmentation du poids de la thyroïde et une diminution de la concentration sérique de T3 se sont poursuivies jusqu'à l'âge adulte chez les groupes recevant au moins 1 000 ppm. En ce qui concerne l'effet sur le développement du cerveau, l'HBCD démontrait qu'il touchait le développement oligodendroglial à une dose de 10 000 ppm, probablement en conséquence de l'hypothyroïdie liée au développement. Les auteurs ont conclu que, d'après l'effet du développement sur le cerveau, 100 ppm représentaient la DSENO, d'après les changements des paramètres thyroïdiens (8,1 à 21,3 mg/kg p.c. par jour par niveau d'exposition de la mère). La DMENO serait donc de 1 000 ppm, soit 80,7 à 212,9 mg/kg p.c. par jour, d'après une diminution de la triiodothyronine et l'augmentation du poids relatif de la thyroïde chez les mâles de la progéniture à la 11e semaine.

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