2. Caractérisation de la pénétration dans l'environnement

Les mono- et dialkylétains (méthyl-, butyl- et octylétains) servent surtout de stabilisants du CPV. Environ 70 % de la production mondiale annuelle totale de composés organostanniques non pesticides est destinée à cet usage (Lytle et al., 2003). Les composés organostanniques soufrés rendent le CPV plus stable à la chaleur et les composés organostanniques non soufrés (p. ex., les carboxylates) le rendent plus résistant à la lumière et à l'altération atmosphérique. Certains mono- et dialkylétains (p. ex., le trichlorure de butylétain et le dichlorure de diméthylétain) sont aussi utilisés pour appliquer des revêtements d'oxyde d'étain transparents et durables sur des bouteilles de verre réutilisables. Certains dialkylétains servent de catalyseurs pour la production de divers polymères et esters. À l'échelle mondiale, les dialkylétains servent de stabilisants d'huiles lubrifiantes, du peroxyde d'hydrogène et de polyoléfines (Gitlitz et Moran, 1983). Les dioctylétains sont généralement utilisés comme additifs pour des produits de CPV servant à l'emballage d'aliments.

Les tétraalkylétains servent surtout d'intermédiaires pour la synthèse d'autres substances organostanniques (Gitlitz et Moran, 1983).

Certains types de composés organostanniques sont utilisés comme pesticides. Des dialkylétains servent d'agents anthelminthiques pour lutter contre des vers parasites de la volaille (Gitlitz et Moran, 1983). Les trialkylétains servent surtout de biocides. Il semble que pratiquement toutes, sinon toutes, les utilisations volontaires des tributylétains au Canada soient liées à leurs propriétés pesticides. En 1999, cinq tributylétains étaient homologués à titre d'ingrédients actifs de formulations pesticides au Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. Ces ingrédients actifs se retrouvaient dans des agents antisalissures, des agents de conservation de matériaux, des agents de conservation du bois et des myxobactéricides (Maguire, 2000). L'utilisation des tributylétains dans les peintures antisalissures est interdite au Canada depuis le 1er janvier 2003 (Agence de réglementation des produits antiparasitaires, 2000). Au mois de mai 2005, on comptait deux tributylétains homologués en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires qui se retrouvaient dans dix produits. Les formulations importées au Canada sans affirmation d'usage antiparasitaire et les substances fabriquées au Canada aux seules fins d'exportation ne sont pas visées par la Loi sur les produits antiparasitaires et tombent sous la compétence de la LCPE (1999).

Il est admis que des composés triorganostanniques existent sous forme de contaminants dans d'autres produits organostanniques du commerce. Par exemple, Environnement Canada signalait que le tributylétain pouvait être une impureté, dont la concentration pouvait atteindre 20 %, du tétrabutylétain importé pour la synthèse de stabilisants organostanniques. Du tributylétain est aussi présent en plus faibles concentrations (jusqu'à 0,5 % environ) dans des dibutylétains.

Tel que discuté dans la section 3.1.2, des composés du méthylétain peuvent être présents dans l'environnement par suite de la méthylation naturelle de l'étain inorganique (Chau et al., 1980, 1997; Weber et Alberts, 1990) ou de leurs utilisations industrielles, notamment la stabilisation du CPV (Chau et al., 1997).

Les butylétains ne sont pas produits de façon biologique à partir d'étain inorganique (Maguire, 1992). Les composés du mono- et du dibutylétain sont généralement présents dans l'environnement à la suite de la dégradation du tributylétain et d'utilisations industrielles autres que l'usage pesticide, comme la stabilisation du CPV (Chau et al., 1997).

Des phénylétains sont probablement présents dans les ports à cause de leur utilisation comme agents antisalissures (Chau et al., 1997).

Au Canada, les plus importants rejets de composés organostanniques dans l'environnement découlant d'utilisations non pesticides résultent probablement des activités de formulation et de mélange, plus particulièrement du rejet de résidus liquides se trouvant dans les contenants de transport. Ces rejets de sources ponctuelles pourraient donner lieu localement à des concentrations appréciables de composés organostanniques dans les eaux réceptrices et les sédiments. Une enquête portant sur les pratiques de manutention des utilisateurs de stabilisants organostanniques réalisée par le Conseil du vinyle du Canada et la Tin Stabilizers Association montre que ces substances sont surtout transportées dans des bacs-citernes (semi-vrac), des wagons-citernes et des fûts, bien que l'on utilise aussi des seaux et de petits fûts. Les utilisateurs transvasent manuellement ou automatiquement les stabilisants organostanniques des contenants de transport ou d'entreposage dans les mélangeurs de formulation. Les conduites peuvent être nettoyées chaque mois ou à intervalles irréguliers, les produits de rinçage étant recyclés ou dirigés vers des installations de traitement des eaux usées avant d'être rejetés dans les eaux réceptrices.

Environnement Canada (2006) estime qu'en l'absence de pratiques de gestion quelque 0,4 kg de stabilisants organostanniques pouvaient être rejetés par jour dans l'environnement par une installation obtenant les stabilisants en fûts, mais que cette valeur pourrait être de 0,13 kg par jour dans le cas d'une installation recevant les produits en vrac ou dans des bacs-citernes. Il a été présumé que la fabrication de poudres de revêtement par mélange à sec ne donnerait pas lieu à des rejets dans l'environnement.

Tel qu'indiqué par Environnement Canada (2006), les installations utilisant des stabilisants organostanniques ont adopté des pratiques de gestion qui ont réduit les quantités pouvant être libérées dans l'environnement. Une des installations appliquant de telles mesures affirme avoir réduit à zéro ses rejets de composés organostanniques. Le Conseil du vinyle du Canada et la Tin Stabilizers Association ont élaboré une ligne directrice pour la gestion écologique de ces stabilisants au Canada (Conseil du vinyle du Canada et Tin Stabilizers Association, 2004). Cette ligne directrice vise les sociétés qui traitent du CPV à l'aide d'un stabilisant à base d'étain. On estime que la mise en oeuvre des pratiques de la ligne directrice a permis de réduire de façon appréciable les possibilités de rejet de composés organostanniques dans l'environnement. Environnement Canada (2006) a estimé que la mise en place de telles pratiques pourrait se traduire par des rejets dans l'environnement de stabilisants organostanniques pouvant atteindre 0,0016 kg par jour et par installation.

Tel qu'indiqué plus haut, certains alkylétains sont utilisés comme catalyseurs et pour le revêtement du verre. Il semble que les quantités ainsi utilisées sont de beaucoup inférieures à celles des stabilisants de CPV, de sorte que leurs rejets possibles dans l'environnement seraient aussi beaucoup plus faibles.

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