Plan de gestion de l’épaulard du large (Orcinus orca) au Canada [Proposition] 2009

Août 2009

image de couverture

Qu’est-ce que la Loi sur les espèces en péril (LEP)?

La LEP est la loi fédérale qui constitue l’une des assises de l’effort national commun de protection et de conservation des espèces en péril au Canada. La Loi est en vigueur depuis 2003 et vise, entre autres, à « favoriser la gestion des espèces préoccupantes pour éviter qu’elles ne deviennent des espèces en voie de disparition ou menacées ».

Qu’est-ce qu’une espèce préoccupante?

Selon la LEP, une espèce préoccupante est une espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou une espèce en voie de disparition par l’effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces signalées à son égard. Les espèces préoccupantes sont inscrites à la Liste des espèces en péril de la LEP.

Qu’est-ce qu’un plan de gestion?

Selon la LEP, un plan de gestion est un document de planification axé sur l’action qui désigne les activités de conservation et les mesures relatives à l’utilisation des terres qu’il faut prendre pour éviter, à tout le moins, que l’espèce préoccupante ne devienne menacée ou en voie de disparition. Pour de nombreuses espèces, le but ultime d’un plan de gestion est d’atténuer les menaces d’origine anthropique et de retirer l’espèce de la Liste des espèces en péril. Le plan fixe des buts et des objectifs, relève les menaces et propose les principales activités à entreprendre pour atténuer ces dernières.

L’élaboration de plans de gestion est obligatoire en vertu des articles 65 à 72 de la LEP
(http://www.sararegistry.gc.ca/approach/act/default_f.cfm).

Le plan de gestion doit être préparé au plus tard trois ans après l’inscription de l’espèce à la Liste des espèces en péril. Dans le cas des espèces qui ont été inscrites à la LEP lorsque celle-ci a été adoptée, le délai est de cinq ans.

Et ensuite?

Les orientations contenues dans le plan de gestion permettront aux entités responsables, aux collectivités, aux utilisateurs des terres et aux conservationnistes de mettre en œuvre des mesures de conservation qui auront des effets préventifs ou réparateurs. Le manque de certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour retarder la prise de mesures efficaces pour éviter qu’une espèce ne devienne davantage en péril; la mise en œuvre de telles mesures pourrait même ultérieurement, éviter d’importantes dépenses.

La série des plans de gestion

Cette série présente les plans de gestion élaborés ou adoptés par le gouvernement fédéral dans le cadre de la LEP. De nouveaux documents s’ajouteront régulièrement à mesure que de nouvelles espèces seront inscrites et que les plans de gestion actuels seront mis à jour.

Pour en savoir davantage

Pour en savoir davantage sur la Loi sur les espèces en péril et les initiatives de conservation, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril (http://www.registrelep.gc.ca).

Référence recommandée :

Pêches et Océans Canada. 2009. Plan de gestion de l’épaulard du large (Orcinus orca) au Canada [Proposition]. Série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Nanaimo. vii + 58 p.

Exemplaires supplémentaires :

Il est possible de télécharger des exemplaires de la présente publication à partir du Registre public des espèces en péril : (http://www.registrelep.gc.ca/).

Illustration de la couverture : B. Lewis

Also available in English under the title:
“Management Plan for the Offshore killer whale (Orcinus orca) in Canada [Proposed]”.

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans du Canada, 2009. Tous droits réservés.
ISBN : 978-1-100-91082-6
No de catalogue : En3-5/4-2009F-PDF

Le contenu du présent document (sauf les illustrations) peut être utilisé sans permission, à condition que la source soit adéquatement citée.

L’épaulard du large est un mammifère marin qui relève de la compétence du gouvernement fédéral. Conformément à la Loi sur les espèces en péril (LEP, article 65), le ministre compétent doit préparer des plans de gestion pour les espèces qui ont été désignées comme étant préoccupantes. L’épaulard du large a été désigné en tant qu’espèce préoccupante aux termes de la LEP en 2003. Pêches et Océans Canada – région du Pacifique a présidé à l’élaboration du présent plan de gestion en collaboration et en consultation avec un grand nombre de personnes, d’organismes et de services gouvernementaux, comme il est indiqué ci-après. Ce plan satisfait aux exigences de la LEP quand au contenu et au processus (LEP, articles 65-68).

La réussite de la gestion de cette espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties qui participeront à la mise en œuvre des orientations formulées dans le présent plan de gestion et ne pourra reposer sur Pêches et Océans Canada ou sur une autre instance seulement. Le plan renferme des conseils à l’intention des entités et des organismes susceptibles ou désireux de participer à des activités visant la conservation de l’espèce. Dans l’esprit de l’Accord national pour la protection des espèces en péril, le ministre des Pêches et des Océans invite les entités responsables ainsi que tous les Canadiens à se joindre à Pêches et Océans Canada pour appuyer le présent plan et le mettre en œuvre au profit de l’épaulard du large et de l’ensemble de la société canadienne. Le ministre rendra compte des progrès réalisés d’ici cinq ans.

Pêches et Océans Canada tient à remercier tous ceux qui ont participé à l’atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés (annexe III), qui a fourni des informations utiles sur la biologie de l’épaulard du large ainsi que sur les menaces pesant sur cette population à l’appui de la production du présent plan de gestion.

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une évaluation environnementale stratégique (EES) doit être menée pour tous les documents de planification du rétablissement produits en vertu de la LEP. L’objet de l’EES est d’intégrer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics afin de soutenir la prise de décisions éclairées sur le plan environnemental.

La planification de la gestion profitera aux espèces en péril et à la biodiversité en général. Il est toutefois reconnu que des plans peuvent produire, sans que cela ne soit voulu, des effets environnementaux négatifs qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des impacts possibles sur les espèces ou les habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement compris dans le plan lui-même, mais sont également résumés ci-après.

Tout au long du processus d’élaboration du présent plan, de nombreux facteurs qui mettent en péril ou qui peuvent mettre en péril la gestion de cette population ont fait l’objet d’une évaluation et sont présentés ci-après. Parmi les principales menaces d’origine anthropique, mentionnons la disponibilité ou la qualité moindre des proies, la contamination de l’environnement et les perturbations acoustiques aiguës. Dans certains cas, ces facteurs menacent la population; dans d’autres cas, ils ont une incidence sur son habitat. Nous sommes arrivés à la conclusion que certaines de ces menaces peuvent être atténuées grâce aux lois, aux politiques et aux programmes en vigueur. En fait, nous avons recensé de nombreux exemples de mesures d’atténuation qui sont actuellement mises en œuvre. Toutefois, dans d’autres cas, la menace ou les mesures d’atténuation potentielles doivent faire l’objet de recherches ou d’évaluations plus approfondies avant que nous ne puissions formuler des recommandations sur des activités ou des mesures particulières. Le type général de recherche, d’évaluation et d’approches relatives à l’atténuation est présenté dans ce plan de gestion (voir la section 2.3 « Actions »).

Pendant le processus de mise en œuvre des mesures, des activités précises en matière de gestion, de rétablissement et d’atténuation des menaces seront évaluées et exposées en détail pour cette population et seront accompagnées d’une évaluation des effets et des coûts de chaque activité ou mesure. En conséquence, si nous tenons compte de la nature générale des nouvelles mesures d’atténuation recommandées pour la gestion de ces populations et du fait que bon nombre des recommandations visant à protéger l’habitat relèvent de lois et de politiques en vigueur, nous pouvons affirmer que le présent plan de gestion n’entraînera pas d’effets négatifs importants.

Les épaulards (Orcinus orca) sont principalement noirs et présentent un abdomen blanc, une grande tache blanche derrière chaque œil et une tache grise en forme de selle en dessous et à l’arrière de la nageoire dorsale noire. Celle-ci est grande et distinctive chez les mâles, tandis qu’elle est petite et incurvée chez les femelles et les juvéniles. Pour le néophyte, il est très difficile de faire la distinction entre les trois « assemblages » d’épaulards présents sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, à savoir les épaulards résidents, les épaulards migrateurs et les épaulards du large (aussi appelés « hauturiers »). Si on les compare à celles des épaulards résidents et migrateurs, les nageoires dorsales des épaulards du large ont tendance à être arrondies sur leur bord antérieur et à leur sommet, ce qui leur donne un aspect émoussé. La nageoire dorsale a tendance à être moins inclinée à l’arrière et présente beaucoup plus d’entailles et d’encoches que celle des épaulards résidents. Les taches dorsales sont d’ordinaire d’un gris uniforme, bien qu’elles puissent, chez certains individus, présenter une région noire (Black et coll., 1997; Ford et coll., 2000).

Les épaulards du large constituent un groupe distinct sur le plan génétique, qui seraient toutefois davantage apparentés aux épaulards résidents qu’aux épaulards migrateurs en raison de similitudes dans leur apparence, leurs vocalisations et leur patrimoine génétique (Barrett-Lennard et Ellis, 2001). On les observe le plus souvent en groupes de 20 individus ou plus (Barrett-Lennard et Ellis, 2001) et, d’après les données d’identification photographique de ces animaux, on estime que la population de la Colombie-Britannique compte au moins 280 individus (MPO-PRC, données non publiées). Les rencontres avec ces animaux sont rares et il est difficile d’établir un catalogue de cette population étant donné la rareté des observations, le comportement fuyant de ces baleines et leur habitat qui se trouve en grande partie en plein océan. Ces dernières années, des observations d’épaulards du large dans les eaux côtières et intérieures se sont accrues (MPO-PRC, données non publiées), ce qui laisse sous-entendre que l’utilisation de l’habitat côtier est plus élevée que par le passé et peut refléter un changement associé aux conditions océaniques et à l’aire de répartition des proies.

En règle générale, il semble que la taille des populations d’épaulards soit naturellement petite et que leur potentiel de croissance démographique soit faible. Ces facteurs intrinsèques rendent la population d’épaulards du large vulnérable aux menaces. Parmi les plus importantes menaces relevées, citons la disponibilité moindre des proies imputable à un changement de régime alimentaire ou à la concurrence exercée par les pêches, la contamination chronique et aiguë par des substances toxiques et les stress aigus causés par le bruit. Des facteurs naturels et des évènements périodiques, comme des échouements de masse ou l’emprisonnement dans des bras de mer étroits, peuvent également réduire de façon marquée les effectifs locaux (COSEPAC, 2002).

On observe d’importantes lacunes dans les connaissances concernant presque tous les aspects de la biologie et de l’écologie en général des épaulards du large, et c’est pourquoi il faut accroître les efforts en matière de recherche pour combler ces lacunes. Il faut notamment poursuivre les efforts pour mieux connaître l’abondance des populations, leurs besoins en matière de proies et leur occurrence saisonnière dans les eaux canadiennes si l’on veut gérer efficacement cette population. La synchronisation des activités de recherche et de gestion multispécifiques facilitera une pleine conservation des mammifères marins en Colombie-Britannique et permettra une utilisation efficace des ressources disponibles.

L’information qui suit est tirée du rapport de situation du COSEPAC sur les épaulards au Canada (Baird, 2001) et du site du COSEPAC (COSEPAC, 2002).

Date de l’évaluation : En novembre 2001, la population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est a été désignée comme étant préoccupante.

Nom commun (population) : Population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est

Nom scientifique : Orcinus orca

Désignation par le COSEPAC : Espèce préoccupante
Justification de la désignation : La population du large est de petite taille et affiche un faible potentiel de croissance démographique. On sait peu de choses à propos de cette population, et aucune information sur les tendances démographiques n’est disponible à l’heure actuelle. Les épaulards sont potentiellement en péril en raison de deux types d’effets d’origine anthropique, à savoir les effets immunotoxiques provoqués par des produits chimiques persistants et les effets causés par la disponibilité moindre des proies. L’augmentation des activités commerciales et récréatives d’observation des baleines peut avoir une incidence sur la population, bien que les conséquences de ces activités ne soient pas claires à l’heure actuelle. Des facteurs naturels et des évènements périodiques, notamment des échouements de masse ou des emprisonnements dans des bras de mer étroits, peuvent également réduire de façon marquée les effectifs locaux.

Occurrence au Canada : Les épaulards fréquentent les zones extérieures du plateau continental, les détroits et les chenaux côtiers le long de l’ensemble de la côte de la Colombie-Britannique.

Historique de la désignation par le COSEPAC : En 1999, cette population a été évaluée comme étant « menacée ». En novembre 2001, on lui a conféré le statut de population « préoccupante ». Cette population respecte les critères associés à la désignation de populations en voie de disparition, mais non les définitions d’espèce « en voie de disparition » ou « menacée » (c.-à-d. non en danger de disparition).

Les épaulards sont principalement noirs et présentent un abdomen blanc, une grande tache blanche derrière chaque œil et une tache grise en forme de selle en dessous et à l’arrière de la nageoire dorsale noire. Celle-ci est grande et distinctive chez les mâles (souvent d’une hauteur de 1,8 m), tandis qu’elle est petite et incurvée chez les femelles et les juvéniles (moins de 0,9 m de hauteur). Chaque épaulard possède une nageoire dorsale et une tache en forme de selle de forme unique ainsi que des encoches et des cicatrices acquises de façon naturelle. Pour le néophyte, il est très difficile de faire la distinction entre les trois « assemblages » d’épaulards présents sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, à savoir les épaulards résidents, migrateurs et du large. L’apparence physique des épaulards du large (aussi appelés « hauturiers ») est celle qui ressemble le plus aux épaulards résidents (Ford et coll., 2000). Si on les compare à celles des épaulards résidents et migrateurs, les nageoires des épaulards du large ont tendance à être arrondies sur leur bord antérieur et à leur sommet, ce qui leur donne un aspect émoussé. La nageoire dorsale a tendance à être moins inclinée à l’arrière et présente plus d’entailles et d’encoches que celle des épaulards résidents. Les taches dorsales sont d’ordinaire d’un gris uniforme, bien qu’elles puissent, chez certains individus, présenter une région noire (Black et coll., 1997; Ford et coll., 2000).

Les épaulards sont les plus grands membres de la famille des dauphins (delphinidés). En général, les longueurs maximales observées chez les épaulards mâles sont de 9,0 m, tandis qu’elles sont de 7,7 m chez les femelles (Dahlheim et Heyning, 1999). Yamada et coll., 2007 ont récemment observé un rapport poids-longueur maximal de 6600 kg chez un mâle de 7,65 m et de 4700 kg chez une femelle de 6,58 m. Chez les mâles adultes, les nageoires pectorales en forme de pagaies et les extrémités de la queue sont beaucoup plus longues et plus larges, et les extrémités de la queue sont incurvées vers le bas (Bigg et coll., 1987).

Même s’ils constituent un groupe distinct sur le plan génétique, les épaulards du large seraient davantage apparentés aux épaulards résidents qu’aux épaulards migrateurs en raison de similitudes dans leur apparence, leurs vocalisations et leur patrimoine génétique (Barrett-Lennard et Ellis, 2001). On les observe le plus souvent en groupes de 20 individus ou plus (Barrett-Lennard et Ellis, 2001).

Les trois assemblages d’épaulards présents sur la côte ouest sont distincts sur le plan génétique les uns des autres, même si des études génétiques préliminaires laissent sous-entendre qu’il peut y avoir un certain degré de croisement entre les épaulards migrateurs et les épaulards du large (Barrett-Lennard, 2000). Les populations migratrices et résidentes de la Colombie-Britannique ont fait l’objet d’études approfondies, mais on manque d’informations détaillées sur le cycle biologique des épaulards du large. Des différences comportementales et culturelles ont été observées au sein des populations migratrices et résidentes. Les épaulards résidents vivent en groupes matrilinéaires stables (jusqu’à 50 individus), tandis que les épaulards migrateurs voyagent en petits groupes (de 5 à 7 individus) dont la composition peut varier (c.-à-d. que des individus migrent et émigrent souvent entre ces groupes). On peut également différencier les épaulards migrateurs des épaulards résidents par leurs préférences alimentaires. Les épaulards résidents s’alimentent exclusivement de poissons et de calmars et affichent une préférence particulière pour les saumons quinnat et kéta (Ford et Ellis, 2006), tandis que les épaulards migrateurs s’alimentent de mammifères (Bigg et coll., 1987).

Aucune estimation de l’abondance des populations d’épaulards de la Colombie-Britannique n’a été établie avant 1976. Depuis le début des années 1970, les études menées sur les épaulards résidents et migrateurs nous ont permis de mieux comprendre la répartition de ces mammifères et de la dynamique de leurs populations. Les épaulards du large n’ont été décrits que récemment, et un examen des relevés historiques montre que la première observation d’épaulards du large au Canada a eu lieu en 1979, dans les eaux extracôtières des îles de la Reine-Charlotte (Ford et coll., 1992).
L’aire de répartition connue des épaulards s’étend actuellement du sud de la Californie jusqu’au sud-est des îles Aléoutiennes (Black et coll., 1997; Matkin et coll., 2007), et des occurrences d’individus de cette population ont été documentées dans les eaux marines du bord du plateau continental, au large de la côte de la Colombie-Britannique (figure 1). On a surtout observé des épaulards du large dans les environs des îles de la Reine-Charlotte; quoique ces animaux aient été davantage signalés ces dernières années dans les eaux côtières et intérieures (p. ex. dans la partie inférieure du détroit de Georgia et dans l’ouest du détroit de Johnstone [Ford et coll., 1992; MPO-PRC, données non publiées]), ce qui laisse sous-entendre que l’utilisation de l’habitat côtier est plus élevée que par le passé. Il est probable que l’aire de répartition de ces baleines soit fonction des conditions océanographiques et de la répartition des proies.

D’après les données d’identification photographique des animaux, on estime que la population de la Colombie-Britannique compte au moins 280 individus (MPO-PRC, données non publiées). La vitesse à laquelle on découvre de nouveaux épaulards non identifiés ralentit, tandis que le nombre de réobservations d’épaulards du large connus est à la hausse (MPO-PRC, données non publiées), ce qui donne à penser que la majeure partie de la population de la Colombie-Britannique a été cataloguée. On ne dispose pas à l’heure actuelle d’estimation fiable de la population d’épaulards du large pour l’ensemble du Pacifique Nord-Est, et il n’existe actuellement aucune preuve d’occurrence à l’extérieur de ces eaux.

En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) fédérale, cette population a été désignée comme étant « préoccupante », ce qui signifie qu’elle est vulnérable au déclin (c.-à-d. qu’elle est susceptible de devenir menacée ou en voie de disparition) en raison d’une combinaison de caractéristiques biologiques et de menaces relevées. À l’échelon provincial, la population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est de la Colombie-Britannique figure sur la liste bleue avec une cote S3 (CDC, 2007). Avec un tel classement, la population est considérée comme vulnérable à la disparition ou à l’extinction en raison du faible nombre de populations, de sa répartition, de déclins récents ou d’autres facteurs (CDC, 2007). Depuis octobre 1998, la situation relative à la conservation à l’échelle internationale des épaulards du large est G4G5TUQ, ce qui signifie qu’il existe une certaine incertitude quant à l’abondance mondiale de la population (c.-à-d. qu’elle varie de quelque peu abondante à abondante) et que certaines questions se posent concernant son statut taxonomique. En conséquence, on ne peut classer plus précisément la population à l’échelle mondiale (CDC, 2007).

En général, on constate de graves déficiences dans les données qui nous empêchent de bien connaître les besoins en matière d’habitat et les besoins biologiques des épaulards du large. Par conséquent, il est impossible de documenter les zones importantes ou l’aire vitale de l’espèce. Toutefois, comme pour toutes les espèces, la disponibilité de proies de qualité élevée en quantités adéquates et la liberté de mouvement dans des habitats appropriés sont nécessaires à la survie des épaulards. L’écholocation et les vocalisations sociales constituent un aspect important du comportement des trois assemblages d’épaulards, et il ne fait aucun doute que la présence d’un environnement acoustique qui permet une communication et une alimentation appropriées est importante.

Les populations d’épaulards observées partout dans le monde adoptent souvent des stratégies d’alimentation hautement spécialisées et ciblent des espèces de proies très précises (Hoelzel, 1991; Simila et Ugarte, 1993; Guinet et Bouvier, 1995; Ford et coll., 1998; Visser, 1999; Saulitis et coll., 2000; Pitman et Ensor, 2003; Ford et Ellis, 2006). Sur la côte ouest de la Colombie-Britannique, les épaulards migrateurs s’alimentent de mammifères marins, tandis que les épaulards résidents consomment des saumons (Bigg et coll., 1987; Ford et coll., 1998).

Des études récentes, portant notamment sur des observations d’épaulards en train de s’alimenter (Jones, 2006), l’analyse des contenus stomacaux (Heise et coll., 2003) ainsi que des analyses des acides gras et des isotopes de tissus adipeux (Herman et coll., 2005; Krahn et coll., 2007), laissent sous-entendre que le régime alimentaire des épaulards du large est constitué de poissons et comprend du flétan et du requin. À l’heure actuelle, on ne sait pas précisément si des mammifères ou d’autres espèces font également partie du régime alimentaire de ces épaulards. Un examen rapide de la dentition d’épaulards du large morts indique que les dents de ce type d’épaulards sont plus usées et émoussées que celles des autres assemblages (G. Ellis, comm. pers.), ce qui, jumelé à une analyse des isotopes chimiques effectuée par Krahn et coll., (2007), indique un régime différent de celui des épaulards résidents ou migrateurs.

Bien qu’il n’y ait aucune distinction documentée entre les assemblages d’épaulards, les peuples des Premières nations vouent depuis longtemps un très grand respect culturel et spirituel aux épaulards en tant que protecteurs des océans. Traditionnellement, les Premières nations ne chassaient pas l’épaulard, bien que des os d’épaulards aient été découverts dans un dépotoir à Ozette (J. Scordino, comm. pers.). À l’heure actuelle, certains groupes des Premières nations mettent sur pied des initiatives pour assurer une surveillance des mammifères marins et rassembler les connaissances traditionnelles portant sur l’occurrence historique des épaulards dans leurs territoires traditionnels.

Les facteurs qui limitent la croissance démographique des prédateurs de niveau trophique supérieur, comme celle de la population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est, peuvent être catégorisés de façon générale comme étant des processus ascendants intrinsèques tributaires de la disponibilité et de la qualité des proies. Les facteurs intrinsèques à la biologie de l’espèce ne peuvent être atténués ni gérés. Cependant, l’activité humaine peut engendrer des contraintes qui modifient l’équilibre de ces facteurs limitatifs et, de ce fait, menacent la population. En pareils cas, il faut prendre des mesures pour faire en sorte que l’activité humaine n’impose pas de contraintes indues sur les facteurs limitatifs.

Les épaulards résidents constituent l’assemblage d’épaulards le plus étudié en Colombie-Britannique (Ford et coll., 2005). Puisque l’on ne dispose que de très peu d’informations sur les épaulards du large, on s’est servi d’informations générales sur la durée de vie et les paramètres biologiques des épaulards résidents pour illustrer les facteurs limitatifs environnementaux et biologiques potentiels associés aux épaulards du large (tableau 1). Les paramètres du cycle biologique des épaulards du large peuvent être similaires à ceux qui limitent les autres assemblages d’épaulards, mais il faut faire preuve de prudence lorsque l’on extrapole des similitudes entre les différents assemblages d’épaulards.

Facteurs limitatifs biologiques Attributs particuliers Description
Longévité* Femelles : 50 ans, maximum de 80 à 90 ans
Mâles : 29 ans, maximum de 50 à 60 ans
Reproduction Maturité sexuelle tardive* Environ 15 ans pour les mâles et les femelles, bien que les mâles ne se reproduisent pas avant d’avoir plus de 20 ans.
Longue période de gestation* De 16 à 17 mois
Faible nombre de baleineaux par gestation* Un baleineau par gestation
Faible taux de reproduction* L’intervalle entre les mises bas est habituellement de cinq ans, mais peut varier de deux à douze ans, ce qui limite la croissance démographique.
Sénescence reproductive* La période de reproduction des femelles est d’environ 25 ans, la naissance du dernier baleineau ayant lieu lorsque celles-ci ont environ 40 ans.
Ainsi, la plupart des femelles ne donnent naissance qu’à cinq baleineaux au cours de leur vie, ce qui limite le potentiel de croissance démographique.
Mortalité néonatale* Possiblement jusqu’à 50 % entre 0 et 6 mois.
Dispersion limitée Dispersion physique La dispersion des épaulards du large à partir des groupes familiaux demeure inconnue.
Dispersion génétique Les comportements reproducteurs demeurent inconnus à l’heure actuelle, bien que des études génétiques laissent sous-entendre que certains croisements peuvent avoir lieu entre les épaulards migrateurs et ceux du large.
Faible population À l’heure actuelle, 280 individus sont relevés dans cette population génétiquement distincte.
Comportements appris (c.-à-d. traditionnels ou culturels) Vocalisations uniques vraisemblablement accompagnées de comportements sociaux fortement structurés.
Proies Type Prédateurs de niveau trophique supérieur; espèces de proies précises inconnues à l’heure actuelle. Cependant, des observations préliminaires révèlent la consommation de flétans et de requin.
Les proies, particulièrement celles provenant des niveaux trophiques supérieurs, peuvent également transmettre des maladies.
Disponibilité On a démontré que la limitation des proies réduit la survie et le succès reproducteur des épaulards résidents (Ford et coll., 2005).
Comme les épaulards du large sont des prédateurs de niveau trophique supérieur, la limitation de l’approvisionnement alimentaire est une menace majeure pour la croissance et la survie de la population.
La disponibilité des proies peut être limitée par un changement de régime écosystémique, le changement climatique ou par la pêche.
Maladies Les maladies d’occurrence naturelle peuvent avoir une incidence sur la viabilité de la population.
Les proies, particulièrement celles provenant des niveaux trophiques supérieurs, peuvent également transmettre des maladies. (voir « Régime alimentaire »).
L’usure importante des dents observée chez des épaulards du large peut accroître le risque d’infections par des agents pathogènes présents dans les proies.
Échouement ou emprisonnement Des épaulards peuvent s’échouer accidentellement sur des plages ou demeurer prisonniers d’anses, de lagunes ou de lacs salés (p. ex. Bain, 1994).
Changement de régime écosystémique Des changements naturels dans les processus écosystémiques peuvent affecter les épaulards du large (p. ex. en entraînant des changements dans l’abondance ou la qualité des proies, l’occurrence des maladies).
Références de l’information présentée dans le présent tableau : Ford, 1989; Bigg et coll., 1990; Olesiuk et coll., 1990; Ford, 1991; Bain, 1994; Barrett-Lennard, 2000; Ford et coll., 2000; Herman et coll., 2005; Jones, 2006; MPO-PRC, données non publiées.
* La description est fondée sur des données provenant d’études menées sur des épaulards résidents.

Les menaces qui entraînent un déclin de la population peuvent être d’origine anthropique (p. ex. emmêlements accidentels dans des engins de pêches ou empoisonnement par des substances toxiques) ou imputables à des processus naturels (p. ex. changements de régime écosystémique). Des facteurs limitatifs sont des facteurs environnementaux ou biologiques (p. ex. la longévité) qui peuvent, de façon naturelle, limiter la taille de la population ou ralentir la croissance démographique. D’ordinaire, ils ne sont pas considérés comme une menace, à moins qu’ils aient subi l’incidence de l’activité humaine (EC, 2007). Les évaluations des menaces (tableau 2) permettent l’établissement de l’ordre des priorités des mesures de gestion ou autres recommandées pour éviter que cette population ne devienne menacée ou en voie de disparition. En outre, elles permettent de déterminer s’il est possible ou non de prendre des mesures pour atténuer l’effet d’une menace. Les définitions des termes utilisés dans les classements sont présentées à l’annexe I (tableau 5).

On a évalué les menaces selon leur probabilité d’occurrence actuelle et la gravité de leur incidence sur la population d’épaulards du large. En outre, on a incorporé la certitude d’occurrence d’un effet sur l’ensemble de la population dans l’évaluation afin de fournir une mesure du degré de confiance que l’on peut accorder au classement de l’« importance » de la menace et de fournir une indication des secteurs où il peut être utile de mener d’autres activités de surveillance ou études afin d’éliminer les incertitudes ou de combler les lacunes dans les connaissances (tableau 2). Lorsque la certitude de l’occurrence d’un effet sur la population d’épaulards du large n’est pas démontrée, les données scientifiques relatives à d’autres cétacés peuvent être considérées comme adéquates pour inclusion à l’évaluation de l’importance d’une menace.

Le potentiel d’atténuation renvoie à la probabilité qu’une mesure (future ou actuelle) atténuera ou empêchera de façon adéquate l’occurrence d’effets négatifs sur la population. Il convient de noter que le classement indiqué pour l’importance de la menace reflète les préoccupations actuelles relatives à des impacts découlant d’une menace présente et que les évaluations futures peuvent révéler des classements qui diffèrent de ceux dont il est question dans le présent document. En conséquence, l’importance d’une surveillance à long terme de la population ne peut être mise en doute.

Le potentiel d’atténuation renvoie à la probabilité qu’une mesure (future ou actuelle) puisse atténuer ou empêcher l’occurrence d’effets négatifs sur la population. La présente évaluation est en quelque sorte un reflet à jour de l’état des menaces pesant sur la population et, en tant que tel, le classement de l’importance de la menace peut changer au fil du temps. L’astérisque (*) signifie que la menace est naturellement présente dans la population (c.-à-d. qu’il s’agit d’un facteur limitatif dont les effets peuvent être exacerbés par l’activité humaine).

Catégorie Contraintes pour la population Gravité des impacts pour la population Incertitude Importance actuelle Potentiel d’atténuation

Disponibilité moindre des proies

- Concurrence pour les ressources

- Changement de régime écosystémique*

Disponibilité des proies
Taux de reproduction Mortalité
Maladies
Effets synergétiques des menaces
Potentiel-lement élevée Faible d’après les données recueillies sur la limitation de la disponibilité des proies pour les épaulards résidents Actuelle-
ment INCONNUE
Potenti-
ellement ÉLEVÉE
Aucun si attribuable à des fluctuations naturelles
De moyen à élevé si attribuable à des effets d’origine anthropique
Déversements de produits toxiques Taux de reproduction
Mortalité
Maladies
Élevée, mais est fonction de l’emplacement et du moment Faible d’après les données recueillies pour les épaulards résidents ÉLEVÉE Modéré
Contamination par des produits chimiques Taux de reproduction
Mortalité
Maladies
Modérée Moyenne MOYENNE-ÉLEVÉE De faible à modéré
Bruits aigus Déplacement
Échouement?
Modérée Moyenne-
élevée
MOYENNE Élevé
Bruits chroniques Déplacement
Disponibilité des proies (p. ex. réussite de l’alimentation)
Inconnue Élevée FAIBLE Faible
Perturbation physique Déplacement Inconnue Élevée NÉGLIGEABLE De modéré à élevé
Collision avec des navires Mortalité Inconnue, est fonction de la taille et de la vitesse du navire Élevée INCONNUE Faible
Emmêlements dans des engins de pêches Mortalité Inconnue Élevée INCONNUE Inconnu
Changement climatique Changement de régime écosystémique
Disponibilité des proies
Maladies
Inconnue Élevée INCONNUE Inconnu
Polluants biologiques Maladies
Taux de reproduction
Mortalité
Échouement?
Inconnue Élevée INCONNUE De faible à modéré
Agents pathogènes d’occurrence naturelle* Maladies
Taux de reproduction
Mortalité
Échouement?
Inconnue, habituellement faible Élevée INCONNUE Aucun
Échouements de masse ou emprison-nements d’origine naturelle* Mortalité Peut avoir une incidence sur l’abondance locale Élevée INCONNUE Au cas par cas

Réduction de la disponibilité des proies

La possibilité que la disponibilité des proies de ce prédateur de niveau trophique supérieur soit réduite est l’un des principaux éléments qui a amené le COSEPAC à désigner cette population comme étant préoccupante (Baird, 2001). Dans le cas des épaulards résidents, on estime qu’un déclin dans l’abondance des proies aurait causé une diminution du taux de survie et du succès reproducteur (Ford et coll.,2005), ce qui pourrait également être le cas pour les autres assemblages d’épaulards.

L’incertitude plane en ce qui concerne le régime alimentaire des épaulards du large. Si l’on découvre que leur régime comprend une forte proportion de poissons importants sur le plan commercial tel le flétan de l’Atlantique (Jones, 2006), la concurrence avec les pêches pourrait devenir une menace importante (tableau 2). Pêches et Océans Canada serait toutefois en mesure d’atténuer cette menace en mettant à jour les plans de gestion intégrés des pêches des espèces pertinentes de manière à faire état des besoins alimentaires des épaulards du large. Le potentiel d’atténuation de cette menace va de modéré à élevé, du fait que les prélèvements des pêches sont gérés directement par Pêches et Océans Canada. Comme les épaulards du large et, vraisemblablement, leurs proies sont des espèces transfrontalières, il faudra peut-être obtenir une collaboration supplémentaire de la part des gestionnaires des pêches américains pour assurer une gestion efficace de la population.

Les changements naturels dans les processus écosystémiques (également appelés « changements de régime ») découlant d’évènements à grande échelle, comme El Niño et l’oscillation décennale du Pacifique, sont récurrents et peuvent avoir une incidence sur la composition des espèces ou d’autres processus intrinsèques au sein de l’habitat des épaulards du large (Francis et coll., 1998; Hare et Mantua, 2000). Aucun effet important sur les mammifères marins découlant des changements de régime n’a été observé en Colombie-Britannique. Ainsi, l’existence d’effets sur la disponibilité et la qualité des proies est grandement spéculative. Il est toutefois impossible d’appliquer des mesures d’atténuation pour assurer la disponibilité des proies lorsque survient un changement de régime écosystémique.

L’effet qui est avancé concernant la limitation de la disponibilité des proies sur la population d’épaulards résidents de la Colombie-Britannique (Ford et coll.,2005) et l’observation effectuée par Jones (2006) d’un épaulard du large consommant du flétan de taille commerciale donnent à penser que la concurrence exercée par les pêches pourrait être une menace potentiellement importante pour la population. Il convient de noter que les effets synergétiques sur la disponibilité des proies découlant d’un changement dans les conditions océaniques, jumelés à la concurrence exercée par les pêches, peuvent entraîner des effets plus importants que l’un ou l’autre des facteurs considéré isolément. En raison du degré élevé d’incertitude concernant les proies, le niveau actuel de préoccupation associé à une réduction générale de la disponibilité des proies est classé comme étant inconnu, mais potentiellement élevé (tableau 2).

Déversements de produits toxiques

Les épaulards n’évitent pas les zones où ont eu lieu des déversements de produits toxiques, et certains ont été observés se déplaçant dans des mares de pétrole (Matkin et coll.,1999; MPO, 2007, 2008). Après le déversement de pétrole de l’Exxon Valdez (1989), on a observé un taux de mortalité de beaucoup supérieur à la normale au sein du groupe d’épaulards qui s’est trouvé en présence du pétrole déversé (Matkin et coll., 1999, 2008). Des analyses effectuées par Matkin et coll., 2008 révèlent que deux groupes d’épaulards qui se sont trouvés en présence du pétrole déversé, un groupe d’épaulards résidents et un autre d’épaulards migrateurs, ont affiché des pertes de 41 et de 33 % respectivement. Jusqu’à maintenant, aucun de ces groupes d’épaulards n’est revenu aux effectifs antérieurs, et le groupe d’épaulards migrateurs a été désigné comme étant « décimé » en vertu de la Marine Mammal Protection Act des États-Unis (Matkin et coll., 2008). La perte de nombreuses femelles matures au sein d’une population peut rendre impossible le rétablissement à la suite d’évènements catastrophiques. Après avoir étudié des rapports faisant état de plusieurs observations d’épaulards du large, on a estimé que plus de 50 mammifères étaient présents dans un même secteur (MPO-PRC, données non publiées), ce qui laisse présager qu’un seul déversement pourrait affecter un pourcentage important de cette petite population.

Compte tenu de la nature accidentelle des déversements, ceux-ci sont susceptibles de se produire sur une base récurrente dans les eaux canadiennes. Les épaulards du large habitent des zones adjacentes aux principales voies de navigation (O’Hara et Morgan, 2006; EC, 2006), et toute augmentation du trafic maritime augmente la probabilité de déversements par des navires dans l’habitat de ces épaulards.

Des mesures sont actuellement en place pour limiter les risques de déversements (p. ex. Loi sur le transport des marchandises dangereuses) ainsi que des plans d’intervention en cas de déversement impliquant plusieurs ordres de gouvernement (p. ex. Plan Dix Canada-États-Unis, plan d’intervention d’urgence en cas de déversement de pétrole en mer de la Colombie-Britannique) qui servent à mettre en œuvre des mesures de nettoyage des lieux et d’autres mesures d’atténuation. Cependant, les navires qui transportent des cargaisons mixtes (p. ex. substances toxiques et non toxiques) n’ont pas l’obligation de fournir des manifestes aux autorités canadiennes et, par conséquent, il est possible que le transport de substances toxiques dans les eaux canadiennes ne soit pas toujours signalé. Les déversements qui se produisent loin au large peuvent ne pas tous être déclarés, et il est habituellement plus difficile de coordonner la prise de mesures d’atténuation en pareils cas.

Les données sur les mortalités d’épaulards et le rétablissement de la population à la suite du déversement de pétrole de l’Exxon Valdez (Matkin et coll., 1999, 2008) et le comportement d’agrégation des épaulards du large soulèvent d’importantes préoccupations (tableau 2) concernant le potentiel d’effets graves sur l’ensemble de la population. Des mesures pour prévenir et atténuer les effets des déversements sont en place, mais lorsqu’un déversement se produit, l’efficacité des mesures de nettoyage des lieux chute habituellement de 5 à 15 % (Graham, 2004). Le potentiel d’atténuation que représentent la prévention des déversements et le nettoyage des lieux où de tels évènements se sont produits est considéré comme modéré.

Contamination par les produits chimiques

Selon des échantillonnages préliminaires, les épaulards du large contiendraient de très fortes concentrations de produits chimiques toxiques bioaccumulatifs persistants (PCTBP) tels que du DDT1 et des PBDE (Krahn et coll., 2007). Ces contaminants sont particulièrement préoccupants du fait qu’ils persistent pendant de longues périodes dans l’environnement et qu’ils se bioaccumulent dans les réseaux trophiques (Christensen et coll., 2005; Ross, 2006). La contamination chronique aux PCTBP est associée à des effets à long terme sur la santé et à une réduction de la reproduction chez les mammifères marins (Ross, 2000; Ross et coll., 2004). La longévité des épaulards et le rôle qu’ils jouent en tant que prédateurs de niveau trophique supérieur les rendent vulnérables à la contamination par les PCTBP (Rayne et coll., 2004; Ross, 2006). Ces animaux figurent en fait parmi les mammifères les plus contaminés sur la planète (Ross et coll., 2000; Ross, 2002).

Ces « polluants anciens » comprennent les PCTBP dont l’utilisation et la production ont cessé, mais qui demeurent présents dans l’environnement. De fortes concentrations de ces produits chimiques sont mesurées dans l’environnement (Ross et coll., 2000, 2004; Garrett et Ross, sous presse), et ce, longtemps après l’arrêt de leur production locale. En conséquence, l’élimination de cette contamination exigera vraisemblablement plusieurs décennies (Hickie et coll., 2007).

De nouvelles générations de PCTBP sont produites actuellement aux échelles locale, nationale et mondiale. Ces produits chimiques présentent des propriétés similaires à celles des polluants anciens (Ross, 2006), et leur utilisation et leur production vont en augmentant, tout en demeurant inadéquatement réglementées (MPO, 2008). À l’heure actuelle, la principale préoccupation concernant ces nouveaux polluants vise les polybromodiphényléthers (PBDE) dont la présence dans les écosystèmes de la Colombie-Britannique augmente rapidement (Rayne et coll., 2004; Elliott et coll., 2005). Les effets toxiques des PBDE ne sont pas encore inconnus, mais de plus en plus de données scientifiques semblent indiquer que ces produits chimiques peuvent avoir une persistance environnementale et des effets toxiques semblables à ceux des biphényles polychlorés (BPC) (Ross, 2006).

L’utilisation répandue, tant par le passé que maintenant, de PCTBP a entraîné la contamination chronique de l’environnement. Des résultats préliminaires de recherche indiquant de fortes concentrations de contaminants chez les épaulards du large (Krahn et coll., 2007) soutiennent cette théorie. La nature persistante des contaminants anciens et la présence accrue de nouveaux contaminants chimiques persistants soulèvent des préoccupations allant de moyennes à élevées en ce qui concerne les impacts pour la population d’épaulards du large. Même si les sources de contamination ponctuelles peuvent être réglementées et surveillées, le potentiel d’atténuation de cette menace est considéré comme allant de faible à modéré (tableau 2) en raison des difficultés entourant l’application de mesures d’atténuation ou de gestion aux sources de contamination diffuse. En outre, les sources de contamination d’origine canadienne peuvent faire l’objet de mesures d’atténuation par le Canada; il en va tout autrement des possibilités d’atténuation des effets de la contamination qui a lieu dans des eaux internationales.

Bruits aigus

En règle générale, les bruits aigus sont des sons impulsifs produits dans la plage allant des fréquences moyennes à basses, y compris les sons produits par des sonars tactiques militaires, des relevés sismiques, des explosions et des dispositifs d’effarouchement acoustique2. Nombre de ces sons impulsifs peuvent franchir de grandes distances dans les zones océaniques ouvertes non restreintes (Nieukirk et coll., 2004). Les habitats du large peuvent être plus vulnérables du fait que des exercices avec sonars militaires et des activités sismiques peuvent avoir lieu plus souvent dans ces secteurs. Le bruit des sonars, comme celui produit pendant l’incident mettant en cause l’USS Shoup, provoque des changements comportementaux chez les épaulards résidents (Fromm, 2006; J. Ford, comm. pers.). On a observé un peu partout dans le monde que les bruits aigus perturbaient d’autres mammifères marins, provoquant notamment des changements comportementaux, des changements d’habitat et, dans des cas extrêmes, des blessures et des mortalités (p. ex. Crum et Mao, 1996; Schrope, 2002; Jepson et coll., 2003; Fernández et coll., 2004; Buck et Calvert, 2005). La prévision de la propagation du son à l’aide de modèles repose fortement sur la disponibilité de données adéquates concernant le type de fond et les profils de vitesse du son (Lawson et McQuinn, 2004). Même s’il faut faire preuve de prudence lorsqu’on extrapole les effets entre des espèces ou des populations, nous devons, faute d’informations précises, recourir à un nombre accru de données concernant d’autres cétacés pour estimer les effets que peuvent avoir les bruits aigus sur les épaulards du large.

À l’heure actuelle, le Canada utilise une zone d’essais militaires au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, à l’intérieur de l’aire de répartition connue de la population d’épaulards canadienne. Si des explosions, des relevés sismiques ou des activités avec sonar devaient avoir lieu pendant que des épaulards du large sont présents, la gravité du stress causé à ces animaux pourrait les forcer à quitter leur habitat, occasionner des dommages physiques à leur appareil auditif ou, dans des cas extrêmes, provoquer la mort d’individus.

Des relevés sismiques et des activités avec sonar ont actuellement lieu dans les eaux canadiennes du Pacifique sur une base récurrente et les protocoles pour régir de telles activités en sont encore à l’état d’ébauche ou leur efficacité n’a pas été examinée. Selon les données recueillies pour d’autres cétacés et le comportement d’agrégation des épaulards du large, des effets modérés sur l’ensemble de la population sont attendus et ont été démontrés. En conséquence, la préoccupation globale à l’égard des bruits aigus est classée comme étant moyenne (tableau 2). La nécessité d’obtenir un permis et l’application de protocoles pour les activités produisant des bruits aigus permettent une forte atténuation de cette menace.

Bruits chroniques

Le trafic maritime augmente le long de la côte de la Colombie-Britannique (O’Hara et Morgan, 2006), et on constate que les voies maritimes et les emplacements où des épaulards du large ont été signalés tendent à se chevaucher (voir « Populations et aire de répartition » (O’Hara et Morgan, 2006; EC, 2006). D’après les données relevées pendant 30 ans sur les bruits sous-marins au large de la côte de la Californie, une augmentation moyenne de 10 dB entre les années 1960 et les années 1990 (ce qui multiplie par deux le niveau de bruit), la majeure partie de cette hausse étant attribuée à une augmentation de l’activité maritime (Andrew et coll., 2002). La zone d’exclusion économique (ZEE) du Canada permet une certaine atténuation du bruit produit par la circulation des vraquiers du fait que les grands vraquiers doivent demeurer à au moins 200 MM au large de l’île de Vancouver et de la côte de la Colombie-Britannique et à 80 MM au large de la côte ouest des îles de la Reine-Charlotte3.

ependant, de nombreux autres grands navires (p. ex. navires de croisière, navires de transport de marchandises commerciales à destination de l’Alaska, les navires du ministère de la Défense nationale) traversent fréquemment les limites de la ZEE.

Il est difficile d’établir les effets particuliers que peut avoir le bruit chronique sur les mammifères marins; souvent, ces effets ne peuvent être distingués de ceux provoqués par d’autres sources (Morton et Symonds, 2002). Williams et coll., (2002a, b,) ont observé des changements comportementaux chez les épaulards résidents en présence de navires d’observation des mammifères marins, mais ils ont été incapables de distinguer les réactions provoquées par la perturbation physique de celles provoquées par la perturbation acoustique. Les épaulards sont une espèce riche en vocalises qui utilise l’écholocation ou l’écoute passive pour s’alimenter de façon efficace (Barrett-Lennard et coll., 1996; Deecke et coll., 2005). Ainsi, tout bruit qui vient masquer les bruits naturels peut faire en sorte que les épaulards seront incapables de capter les signaux de communication dont ils ont besoin pour s’alimenter efficacement ou pour socialiser (Erbe, 2002). Ils seront ainsi moins capables de capturer des proies, de trouver un compagnon pour la reproduction ou de maintenir la cohésion des groupes sociaux.

Les préoccupations concernant l’impact des bruits chroniques sont actuellement considérées comme faibles (tableau 2). Malgré le caractère actuel et permanent de cette menace dans la ZEE canadienne, la certitude associée à l’occurrence d’impacts sur la population et la gravité de ceux-ci demeurent inconnues. Le potentiel d’atténuation est assez faible du fait que la densité du trafic extracôtier est difficile à surveiller et qu’il est difficile d’atténuer les effets du bruit qu’il produit, notamment lorsqu’il est question de grands navires (p. ex. vraquiers).

Perturbation physique

La majorité des activités d’observation des mammifères marins menées en Colombie-Britannique est axée sur les épaulards résidents des détroits de Georgia, de Haro et de Johnstone. Les épaulards du large sont rarement observés par des chercheurs ou par le grand public dans les eaux de la Colombie-Britannique. Toutefois, le nombre de rencontres d’épaulards du large dans les zones côtières s’est accru ces dernières années (MPO-PRC, données non publiées). Si cette tendance devait se maintenir, ces animaux pourraient être exposés à des contraintes par l’industrie de l’observation des mammifères marins ou à d’autres perturbations physiques causées par de petits navires. Williams et coll., (2006) signalent des modifications dans le budget des activités des épaulards résidents en présence de trafic maritime, ce qui révèle un certain coût énergétique associé à la perturbation. Comme les épaulards du large ne sont pas habitués à être approchés ou ciblés par des navires, certaines inquiétudes persistent quant à la sécurité des personnes présentes dans les embarcations et à celle des épaulards mêmes si de telles occasions se présentent. Le Règlement sur les mammifères marins (RMM) de la Loi sur les pêches protège tous les mammifères de toute perturbation. En outre, la brochure intitulée « Respectez les baleines! Directives pour l’observation de la faune aquatique à l’intention des plaisanciers et des observateurs » prescrit une distance d’observation minimale de 100 m, ce qui peut cependant ne pas être suffisant pour atténuer les impacts potentiels que peuvent avoir les petits navires étant donné la « naïveté » des épaulards du large quant à la présence de petits bateaux.

Actuellement, en raison des rares expositions des épaulards du large à une perturbation ciblée par des navires dans les eaux côtières, l’importance de cette menace est considérée comme étant négligeable. Le potentiel d’atténuation de cette menace va de modéré à élevé (tableau 2) du fait que des lignes directrices et des règlements sont en place pour régir le comportement des navires d’observation près des baleines et que les activités d’observation des mammifères marins se déroulent principalement près des centres urbains côtiers d’où il est relativement facile d’assurer une surveillance.

Collisions avec des navires

Les grands navires (p. ex. paquebots) se déplacent à des vitesses élevées à l’intérieur de la ZEE sur la côte ouest. Comme les épaulards du large habitent également ces régions, il existe une possibilité d’interaction avec ces navires. Bien que le RMM assure la protection légale des mammifères marins par rapport à la perturbation, il n’est pas possible d’assurer une surveillance des interactions avec les navires dans les zones du large.

Historiquement, on compte peu de cas de collisions entre des épaulards et des navires. Toutefois, de 2003 à 2007, six collisions ont été signalées en Colombie-Britannique, dont trois ont été fatales pour des épaulards résidents (MPO-PRC, données non publiées). En 2005, des relevés de recherche sur des cétacés menées par le MPO ont permis l’observation d’un épaulard du large ayant déjà été identifié et dont la nageoire dorsale avait été entièrement sectionnée à la base (MPO-PRC, données non publiées). Cet individu a survécu et ses blessures correspondent à celles qui peuvent être causées par les pales d’une hélice. Comme les épaulards du large n’utilisent d’ordinaire pas d’habitat situé près des zones urbaines, ils ne sont pas exposés à de fortes densités de trafic de petites embarcations sur une base régulière (contrairement aux épaulards résidents). En conséquence, ces épaulards peuvent se comporter de façon très différente en présence de petits bateaux, comparativement aux autres assemblages d’épaulards (voir « Perturbation physique »).

Comme on ne dispose d’aucune information sur la fréquence des collisions avec des navires ni d’un recensement complet de la population, il est difficile de préciser le niveau de menace que les collisions avec des navires représente pour la viabilité de la population. Les blessures observées indiquent que des collisions avec des navires surviennent actuellement avec des individus de la population du large, et les mortalités enregistrées chez les autres épaulards indiquent que les impacts peuvent être majeurs. À l’heure actuelle, il existe toujours plusieurs lacunes dans les connaissances concernant l’occurrence de cette menace; ainsi, l’importance de cette menace demeure inconnue. Les collisions avec des navires sont accidentelles et une fois qu’un animal a été frappé, il est impossible d’atténuer les effets sur cet individu; cependant, les règlements et les lignes directrices visent à sensibiliser davantage les gens aux épaulards et de prescrire aux opérateurs de navires le comportement qu’ils doivent avoir en présence d’épaulards. En conséquence, la possibilité d’atténuation de cette menace est considérée comme faible (tableau 2).

Emmêlement dans des engins de pêche

Les pêches à la seine, au filet maillant ou au filet dérivant peuvent représenter une menace pour les épaulards du large par le risque d’interaction et d’emmêlement qu’ils posent. Les emmêlements dans des engins de pêche ou d’autres dispositifs fabriqués par l’homme peuvent causer des dommages aux épaulards et, dans de rares cas, peuvent provoquer leur mort. Même s’il n’y a aucun cas d’emmêlement signalé mettant en cause des épaulards du large, on a rapporté un incident mettant en cause l’emprisonnement naturel d’épaulards du large. En 1994, un groupe d’épaulards du large a été emprisonné dans le lac Barnes (accessible uniquement à marée haute), en Alaska, pendant deux à trois mois (Bain, 1994), et finalement, il n’a pu quitter le secteur qu’à la suite d’une intervention humaine.

À l’heure actuelle, on pratique une pêche au filet maillant, au filet dérivant et à la palangre dans l’aire de répartition connue des épaulards du large (MPO, 2007a). Les données sur les occurrences d’épaulards du large à l’extérieur du Pacifique Nord-Est peuvent nous aider à combler les lacunes dans les connaissances relatives aux interactions avec les pêches hauturières ou étrangères ainsi qu’à délimiter l’aire de répartition potentielle de ces animaux. L’obtention de renseignements supplémentaires sur le taux actuel d’emmêlements, sur les proies, sur l’utilisation de l’habitat et sur l’aire de répartition des épaulards du large nous aidera à réduire le fort degré d’incertitude concernant cette menace pesant sur la population d’épaulards du large de la Colombie-Britannique.

En raison des très grandes lacunes dans les données entourant les emmêlements dans des engins de pêche ainsi que la certitude associée à l’occurrence d’impacts sur la population et la gravité de ceux-ci, l’importance de cette menace demeure inconnue (tableau 2). Il faut envisager de formuler des recommandations pour la mise en œuvre de modifications rentables aux engins pour lesquels l’apport de telles modifications, dans d’autres régions (c.-à-d. aux États-Unis ou au Canada atlantique), a donné des résultats concluants pour atténuer les taux d’emmêlements des cétacés.

Changement climatique

Les changements du climat planétaire peuvent avoir une incidence sur la répartition des épaulards du large et de leurs proies, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières canadiennes. Le changement climatique planétaire peut modifier les conditions océanographiques ainsi que la dynamique entre les prédateurs et les proies. Macdonald et coll., (2005) avancent que les grands changements qui surviennent dans les processus naturels peuvent avoir une incidence sur le comportement des substances chimiques dans l’environnement et entraîner des modifications dans les vecteurs qui transmettent les maladies. En outre, d’autres contaminants et facteurs de perturbation peuvent avoir des effets interactifs qui réduiront la capacité de contrebalancer les effets des polluants (Sih et coll., 2004).

L’importance de cette menace demeure inconnue (tableau 2). Cependant, les changements environnementaux, tel le changement climatique, doivent être pris en considération sur le plan de leurs effets synergétiques ou interactifs potentiels. On ignore s’il est possible d’atténuer les effets du changement climatique sur la population, et c’est pourquoi il faut poursuivre les études pour comprendre les effets potentiels de cette menace sur l’épaulard du large.

Polluants biologiques

La charge en éléments nutritifs transportés par les eaux de ruissellement terrestre peut créer des environnements où des maladies d’occurrence naturelle ou des proliférations algales nocives proliféreront en densité. Les eaux de ruissellement provenant des zones urbaines et agricoles contiennent souvent des antibiotiques, des hormones, des virus ou des substances biologiques qui peuvent affecter les mammifères marins, comme les épaulards du large. L’introduction de maladies étrangères dans une population de cétacés fortement socialisée, comme les épaulards, peut déclencher des épidémies qui entraîneront le déclin de la population (Guimarés et coll., 2007). La taille des agrégations d’épaulards du large rend cette population particulièrement vulnérable aux épidémies virulentes. Certains agents pathogènes d’origine terrestre affectent les mammifères marins (Raverty et coll., 2007; Conrad et coll., 2005), quoique la présence de polluants biologiques dans la population d’épaulards du large n’ait pas fait l’objet d’études exhaustives, ce qui laisse des incertitudes importantes en ce qui concerne les impacts potentiels à l’échelle de cette population. Le potentiel d’atténuation de cette menace est considéré comme allant de faible à modéré dans le cas des sources ponctuelles de pollution au Canada (tableau 2). Pour d’autres détails sur les effets des maladies et des agents pathogènes sur les épaulards, se reporter à la section « Agents pathogènes d’occurrence naturelle ».

Les menaces naturelles sont des facteurs limitatifs dont les effets sur les épaulards du large peuvent être amplifiés par les activités d’origine anthropique (EC, 2007). Par exemple, les effets des maladies peuvent être accrus par une exposition aiguë ou chronique à des polluants biologiques ou à des substances toxiques. Même si les menaces naturelles ne peuvent vraisemblablement pas être gérées ni atténuées, elles peuvent avoir une incidence sur la viabilité de la population d’épaulards du large et, de ce fait, doivent faire l’objet d’un suivi afin que l’on puisse détecter les tendances et déterminer les besoins en matière de nouvelles recherches.

Agents pathogènes d’occurrence naturelle

Les agents pathogènes et les maladies d’occurrence naturelle affectent les cétacés un peu partout dans le monde. Ces maladies, même si elles sont endémiques aux populations, peuvent être amplifiées par les effets synergétiques ou cumulatifs d’autres menaces ou facteurs limitatifs. Se reporter à la section « Polluants biologiques ».

Des études préliminaires sur les maladies infectieuses révèlent que la septicémie causée par Salmonella newport ou par Edwardsiella tarda et Erysipelothrix rhusiopathiae et Brucella (formes marines) affectent les épaulards de la côte ouest de l’Amérique du Nord (Raverty et coll., données non publiées). La Brucella marine ainsi que les poxvirus des cétacés peuvent avoir une importance particulière du fait que l’infection peut entraîner une réduction de la fécondité et du succès reproducteur et une augmentation de la mortalité néonatale (Gaydos et coll., 2004).

En outre, les épaulards du large peuvent également être exposés à des maladies d’occurrence naturelle qui leur sont transmises par les proies qu’ils consomment. Les fissures dans les dents des épaulards du large peuvent permettre aux bactéries d’entrer plus facilement dans le système sanguin, ce qui rend possible le transfert d’agents pathogènes de la proie au prédateur.

Même si on connaît mal l’importance des maladies ou des infections au sein de la population d’épaulards du large, les données dont on dispose sur d’autres épaulards ainsi que les chevauchements entre les aires de répartition des trois populations nous laissent croire à tout le moins qu’une exposition générale à une série de maladies similaires d’occurrence naturelle est possible. Gaydos et coll., (2004) recommandent que l’on procède à d’autres études sur quatre agents pathogènes prioritaires susceptibles d’affecter les populations d’épaulards résidents, que ce soit par interaction interspécifique ou intraspécifique : Brucella marine, poxvirus des cétacés, morbillivirus des cétacés et virus herpétiques. Même si des études axées sur ces quatre agents pathogènes permettaient de répondre aux préoccupations concernant leurs effets sur les populations des divers assemblages d’épaulards, 16 autres agents pathogènes ont également été reconnus comme susceptibles d’affecter les épaulards (Gaydos et coll., 2004). L’importance de cette menace demeure inconnue (tableau 2) en raison des incertitudes entourant la prévalence des maladies au sein de la population d’épaulards du large.

Échouements de masse et emprisonnements

Les échouements de masse ou les emprisonnements d’épaulards dans des bras de mer étroits ont été reconnus par le COSEPAC comme étant une cause potentielle de déclins marqués dans l’abondance locale des épaulards du large (Baird, 2001). Depuis 1992, trois échouements d’épaulards ont été enregistrés en Colombie-Britannique (MPO-PRC, données non publiées). Même si aucun échouement d’épaulard du large n’a été signalé, l’habitat côtier de la Colombie-Britannique est tel que les échouements qui se produisent à l’extérieur des zones densément peuplées sont moins susceptibles d’être signalés. La cause des échouements de cétacés est très mal comprise; cependant, les effets d’activités anthropiques, comme les bruits produits par les sonars tactiques, ont été mis en cause dans plusieurs échouements de masse de baleines à bec (p. ex. Schrope, 2002; Jepson et coll., 2003), ce qui donne à penser que les contraintes d’origine anthropique peuvent contribuer à l’occurrence des échouements de masse.

En règle générale, les emprisonnements observés dans les bras de mer ou les baies témoignent d’une incapacité du groupe à s’adapter pour quitter une zone (voir les exemples dans Baird, 2001). On recense un cas où des épaulards du large s’étaient retrouvés emprisonnés de façon naturelle. En 1994, un groupe d’épaulards du large est demeuré prisonnier du lac Barnes en Alaska, qui est accessible uniquement à marée haute, pendant deux à trois mois (Bain, 1994). Le groupe est finalement parvenu à quitter le lac uniquement à la suite d’une intervention humaine. Cet incident a entraîné la mort d’une femelle adulte et d’un mâle immature (Bain, 1994).

Même si des mesures d’atténuation ont été prises dans le cas de l’incident du lac Barnes, les possibilités d’atténuation des évènements d’échouement ou d’emprisonnement sont fortement fonction de chaque situation et nécessitent une évaluation au cas par cas ainsi que la participation de personnel qualifié.

Comme les effets des menaces et des facteurs limitatifs peuvent être difficiles à distinguer les uns des autres, il devient souvent difficile d’établir avec précision les causes du déclin des populations. Les effets synergétiques qui existent entre de multiples facteurs de perturbation d’une population engendreraient un effet « boule de neige » qui augmente les effets de facteurs limitatifs qui seraient autrement d’importance négligeable (p. ex. Sih et coll., 2004; Macdonald et coll., 2005).

Il existe une grande incertitude quant à l’occurrence et à l’impact global des menaces sur la population d’épaulards du large dans les eaux canadiennes. Néanmoins, une espèce qui, comme l’épaulard, arrive à maturité à un âge avancé et présente un faible taux de reproduction devrait être vulnérable à toute augmentation de la mortalité provoquée par l’homme, en particulier si les conditions océanographiques se détériorent ou en présence d’autres menaces.

La Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée par le gouvernement fédéral canadien exige qu’un plan de gestion soit élaboré pour les espèces préoccupantes tels les épaulards du large. Même si aucune autre mesure de gestion n’a été mise en œuvre pour assurer expressément la conservation des épaulards du large, plusieurs mesures déjà prises pour protéger et préserver d’autres espèces et écosystèmes de l’environnement marin peuvent se révéler utiles pour la gestion de cette population. Ces mesures et ces initiatives peuvent atténuer les contraintes ou fournir des occasions intéressantes d’acquérir des connaissances ou de sensibiliser la population. On peut avoir inscrit des mesures déjà mises en œuvre dans la section 2.3 (Mesures) afin de promouvoir leur achèvement ou d’accroître leur efficacité pour la protection des épaulards du large.

Les épaulards du large sont actuellement protégés en vertu des lois et des lignes directrices suivantes :

I. Élaboration et examen en cours de lois et de règlements
II. Mesures d’intendance déjà en place
III. Stratégies de conservation en cours d’élaboration

Des stratégies de conservation marine pour les espèces de mammifères marins en péril ont été rédigées au moment de la promulgation de la LEP, en 2003. Ces documents recommandent des mesures pour la protection des espèces de mammifères marins. Dans un contexte plus vaste, ces mesures de gestion peuvent également profiter aux épaulards du large. Voir « Plans connexes » à la section 4.0 pour connaître les plans de rétablissement particuliers ainsi que les mesures pertinentes pour la protection et la gestion des épaulards du large en Colombie-Britannique.

En raison des difficultés inhérentes à la recherche dans le domaine marin sur des espèces peu communes et ayant une vaste aire de répartition, il arrive souvent que l’on recueille des données de façon opportuniste. Les chercheurs du MPO, des universités et d’autres organismes4 recueillent et partagent des données sur les observations et les incidents concernant tous les mammifères marins, y compris les épaulards du large, et des travaux d’autopsie sont effectués lorsque c’est possible. Au cours des relevés effectués à partir de navires, des chercheurs et des organismes indépendants recueillent des informations sur les cétacés au moyen :

Des relevés aériens viennent compléter ces activités en fournissant des estimations de l’abondance de nombreuses espèces de mammifères marins. L’établissement des profils des acides gras dans les tissus échantillonnés permet de répondre à des questions concernant le type de proies et des niveaux de contamination. On s’affaire actuellement à acquérir des spécimens d’espèces de proies potentielles et à les analyser, ce qui pourrait soutenir les études menées sur le terrain et portant sur l’identification des proies des épaulards du large au moyen d’analyses des isotopes chimiques (Krahn et coll., 2007).

Jusqu’à maintenant, relativement peu de recherches sur le cycle biologique et l’écologie de l’épaulard du large ont été menées. Leur profil d’occurrence imprévisible et leur habitat en plein océan rendent impossibles les efforts de recherche dirigée. Les prochaines recherches devront porter sur les préoccupations et les lacunes dans les connaissances concernant les menaces.

On dispose d’une importante quantité de connaissances détaillées sur le cycle biologique et la dynamique des populations des communautés d’épaulards résidents de la Colombie-Britannique. On ne sait toutefois pas dans quelle mesure il est possible d’appliquer ces données à la population d’épaulards du large du Canada. Les rencontres avec ces animaux sont relativement rares et il est difficile d’établir un catalogue de cette population étant donné la rareté des observations, le comportement fuyant de ces baleines et leur habitat qui se trouve en grande partie en plein océan.

On observe d’importantes lacunes dans les connaissances concernant presque tous les aspects de la biologie et de l’écologie en général des épaulards du large, et c’est pourquoi il faut accroître les efforts en matière de recherche pour combler ces lacunes. La principale priorité des efforts de recherche consiste à mener des études pour combler les lacunes dans les connaissances sur le régime alimentaire (y compris les besoins nutritifs), l’abondance de la population (p. ex. tendances à long terme), les caractéristiques démographiques, l’aire de répartition et l’occurrence saisonnière, les besoins en matière d’habitat et l’organisation sociale.

La réalisation d’autres programmes de recherche portant sur les profils d’accouplement, les associations génétiques ainsi que les concentrations de contaminants biologiques ou toxiques ainsi que l’ampleur des menaces relevées (tableau 2) est également pertinente.

Maintenir des effectifs viables à long terme dans l’aire de répartition connue de la population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est, dans les eaux du Pacifique au Canada.

Comme l’incertitude entourant l’abondance et la biologie en général de la population est grande, il convient d’adopter une approche prudente et de combler les lacunes dans les connaissances afin d’atteindre ce but. Comme cette population se déplace entre les eaux américaines et canadiennes, le rôle du Canada en matière de gestion sera axé sur la protection de la population au Canada et de contribuer aux initiatives de recherche et de conservation mises en œuvre aux États-Unis, lorsque cela est possible.

Au cours des dix prochaines années, les objectifs relatifs à la population et à l’aire de répartition seront les suivants :

À l’heure actuelle, de nombreuses incertitudes subsistent en ce qui concerne les caractéristiques démographiques et l’aire de répartition des épaulards du large. Cependant, un recensement préliminaire de la population (MPO-PRC, données non publiées) et des données sur des observations nous ont permis d’établir une estimation initiale de 280 individus pour cette population, dont les membres ont été observés dans l’ensemble des eaux marines de la Colombie-Britannique. Comme ces données sont préliminaires, il n’est pas possible à l’heure actuelle d’établir des objectifs précis et quantitatifs en matière de répartition et de population pour accroître la taille de la population ou son aire de répartition.

’établissement d’un objectif de recherche complémentaire (R4) visant à déterminer les niveaux de mortalité causée par l’homme qui n’empêcheront pas l’atteinte de l’objectif relatif à la population (P1) nous aidera à établir un point de repère à partir duquel nous pourrons évaluer les niveaux actuels de mortalité d’origine anthropique. À l’heure actuelle, le maintien de l’effectif estimé et de l’aire de répartition actuels sont les objectifs les plus défendables sur le plan biologique. Du point de vue de la gestion canadienne, la priorité demeure le maintien de l’aire de répartition et des effectifs dans les eaux de la Colombie-Britannique.

Objectifs en matière de recherche et de surveillance

Au cours des dix prochaines années, les objectifs en matière de recherche à atteindre seront les suivants :

D’importantes lacunes dans les connaissances subsistent en ce qui concerne la biologie en général des épaulards du large, et le fait de se pencher sur ces lacunes dans les connaissances nous aidera à orienter les efforts de gestion. L’atteinte de l’objectif R1 nous permettra d’obtenir cette information sur une base continue afin que l’on puisse suivre l’état de santé de la population, tandis que l’atteinte des objectifs R2 et R3 nous permettra de résoudre les incertitudes concernant les menaces pesant sur la population. L’établissement d’une estimation du niveau de mortalité causée par l’homme qui ne compromettrait pas l’atteinte de l’objectif P1 peut nous donner une mesure à partir de laquelle nous pourrons évaluer l’impact des menaces. Les efforts consentis pour assurer un suivi des mortalités d’origine anthropique peuvent nous aider à déterminer les impacts de certaines menaces sur cette population. Comme des questions d’ordre général se posent sur l’écologie des épaulards du large, il faut accorder une priorité plus élevée pour l’instant à la recherche portant sur ces incertitudes. Les efforts de recherche canadiens porteront sur la population vivant dans les eaux de la Colombie-Britannique, tandis que la collaboration avec les chercheurs américains contribuera à l’établissement du corpus de connaissances sur les épaulards du large dans un contexte élargi (c.-à-d. sur la côte ouest de l’Amérique du Nord). D’ici dix ans, nous devrons répondre aux questions concernant le rôle écologique joué par les épaulards du large, si nous désirons soutenir le but établi.

Objectifs de gestion

Au cours des dix prochaines années, les objectifs de gestion à atteindre seront les suivants :

Les objectifs de gestion visent les menaces classées d’importance allant de moyenne à élevée (tableau 2), et ce, afin de prévenir tout déclin de la population et permettre l’atteinte de l’objectif de gestion établi (section 2.1). Les déversements catastrophiques de substances toxiques, la disponibilité moindre des proies, la contamination et les bruits aigus ont été évalués comme étant les menaces les plus importantes pour les épaulards du large (tableau 2). Comme les épaulards du large constituent une population transfrontalière, l’éducation et la collaboration avec les chercheurs et les gestionnaires américains contribueront aux efforts de conservation et d’atténuation.

Les menaces qui ont été évaluées comme étant d’importance faible ou inconnue (tableau 2) ne font pas l’objet d’objectifs directs; les lacunes dans les connaissances se rapportant à ces menaces seront comblées plutôt par des moyens opportunistes ou peu coûteux lorsque cela est possible. Certaines menaces ont un impact sur certains épaulards, mais n’affectent pas l’ensemble de la population. Lorsque l’applicabilité de mesures d’atténuation est élevée (tableau 2) et que des ressources sont disponibles, il est prudent de gérer et d’atténuer ces menaces.

Le but premier du présent plan de gestion est de recommander des mesures pour combler les lacunes dans les connaissances et relever les besoins en matière de recherche pour améliorer notre compréhension des épaulards du large du Pacifique Nord-Est. Malgré les incertitudes concernant la biologie de l’espèce, il faut prendre des mesures de gestion qui peuvent réduire le risque d’effets que constituent les menaces pour l’ensemble de la population. La capacité du MPO de mettre en œuvre ou d’appuyer les mesures préconisées sera fonction de la disponibilité des ressources financières et autres requises à cette fin.

On recommande la prise des mesures suivantes (non énumérées par ordre de priorité) pour soutenir le but et les objectifs de gestion exposés aux sections 2.1 et 2.2 afin de faire en sorte que les épaulards du large ne deviennent pas une population menacée ou en voie de disparition. Bon nombre des mesures inscrites ci-après sont actuellement en cours (voir « Mesures déjà prises ou en cours » à la section 1.6) et sont présentées dans d’autres documents de planification du rétablissement (voir « Plans connexes » à la section 4). La synchronisation des activités de protection, de gestion et de recherche énumérées facilitera l’application d’une approche multispécifique pour la conservation des mammifères marins en Colombie-Britannique et permettra une utilisation efficace des ressources disponibles. On recommande la prise de mesures lorsque leur mise en œuvre est jugée pratique et réalisable et lorsque ces mesures sont les plus susceptibles d’assurer une protection appropriée de la population d’épaulards du large de la Colombie-Britannique.

Lorsqu’il a été établi que la responsabilité des mesures relève de Pêches et Océans Canada, leur mise en œuvre sera directement effectuée par l’entremise d’une collaboration avec d’autres agences et organismes responsables, et il faudra coordonner les efforts appropriés dans certains cas pour mettre en œuvre les mesures en question. Si la responsabilité des mesures à mettre en œuvre ne relève pas du mandat ou du champ de compétence de Pêches et Océans Canada, l’octroi d’un soutien pour la mise en œuvre de la ou des mesures et la contribution aux efforts seront une priorité lorsque cela est possible. Les agences et organismes participants ainsi que les calendriers de mise en œuvre pour chacune des mesures énumérées sont présentés au tableau 4. Les organismes qui participent actuellement à la collecte de données sur les épaulards du large sont, quant à eux, présentés à l’annexe II.

  1. Continuer de protéger les épaulards du large contre les perturbations acoustiques aiguës afin d’atténuer de façon efficace les effets négatifs potentiels sur l’ensemble de la population.
    1. Appliquer l’Énoncé des pratiques canadiennes d’atténuation des ondes sismiques en milieu marin (MPO, 2007) de Pêches et Océans Canada et des protocoles de mise en œuvre régionaux connexes afin d’améliorer l’efficacité des mesures d’atténuation du stress provoqué par le bruit sismique sur les épaulards.
    2. Examiner l’Ordre du Commandement maritime sur les procédures d’atténuation visant les mammifères marins (MDN, 2007) du ministère de la Défense nationale du Canada et le réviser au besoin afin de limiter les impacts des bruits occasionnés par l’utilisation de sonars tactiques sur les épaulards du large.
  2. Protéger les épaulards du large contre les perturbations physiques, les interactions avec les navires et le stress causé par les bruits chroniques.
    1. Achever les modifications au Règlement sur les mammifères marins [RMM] de la Loi sur les pêches afin de réduire le risque de déplacement hors de l’habitat, de collision avec des navires et d’emmêlement dans des engins de pêche ainsi que les effets de la perturbation acoustique 5.
    2. Poursuivre la mise en application du RMM et des lignes directrices régionales concernant l’observation des mammifères marins ainsi que celle des règlements régissant l’expansion du transport maritime.
  1. Poursuivre l’examen des projets qui prévoient la réalisation de relevés au moyen de dispositifs sismiques et de sonars et formuler des avis sur chaque projet sur les mesures d’atténuation à prendre ou sur les zones à éviter.
  2. Gérer et réduire les apports de produits chimiques dans l’habitat afin de réduire la charge en substances toxiques chez les épaulards du large, dans leur habitat et chez les espèces qui leur servent de proies.
    1. Élaborer des mesures propres aux mammifères marins et les inclure dans les programmes d’intervention en cas de déversement catastrophique.
      1. Élaborer un plan d’intervention d’urgence pour identifier les experts en mammifères marins requis lors des interventions en cas de déversement.
      2. Élaborer un manuel opérationnel propre aux mammifères marins qui doit être inclus dans les plans d’intervention en cas de déversement catastrophique6 afin de déterminer quelles données doivent être recueillies et quels protocoles d’intervention sont nécessaires pour atténuer les effets à court et à long terme sur les mammifères marins et leur habitat.
    2. Effectuer un examen et un suivi régulier des sources de contamination ponctuelles recensées dans l’habitat connu de l’épaulard du large en Colombie-Britannique.
      1. Passer en revue la gestion des sources ponctuelles de polluants toxiques afin d’évaluer l’utilité des lignes directrices fédérales, provinciales et régionales actuelles concernant les seuils de contamination environnementale pour les produits chimiques énumérés à l’annexe I relativement aux effets potentiels qu’ils peuvent avoir sur les épaulards du large.
      2. Assurer un suivi régulier de ces sources ponctuelles afin d’évaluer leur conformité aux lignes directrices fédérales, provinciales et régionales qui déterminent les seuils de contamination environnementale à respecter pour les produits chimiques énumérés à l’annexe I.
  3. Poursuivre la délivrance de permis pour des programmes de recherche effectués à l’extérieur du MPO ainsi que des activités de surveillance et des évaluations (sections 2.3.3 et 2.3.4) afin de combler les lacunes dans les connaissances et de clarifier les menaces relevées. Cette mesure maintiendra le soutien aux mesures 8a à e, 9, 10a à c et 11a à c.
  4. Soutenir le Marine Mammal Response Network afin de faciliter la collecte normalisée d’échantillons et l’exécution de autopsies sur les carcasses ainsi que la collecte et le partage de données pour permettre une compréhension étendue des menaces relevées (déversements catastrophiques, perturbations sonores et physiques, collisions avec des navires, emmêlements dans des engins de pêche, emprisonnements et échouements de masse). Cette mesure soutiendra celle indiquée au point 11a.
  5. Renforcer, soutenir et favoriser, dans la mesure du possible, l’élaboration continue de normes et de lignes directrices concernant les rapports des observateurs des pêches concernant l’identification des espèces de mammifères marins et la collecte de données afin de clarifier l’importance des interactions avec les pêches (p. ex. emmêlements dans des engins de pêche, prises accessoires) et de recueillir des échantillons lorsque c’est possible. Cette mesure soutiendra les mesures 6 et 11b, s’il y a lieu.
  1. La priorité du présent plan de gestion est de souligner les activités de recherche nécessaires pour accroître notre connaissance des épaulards du large en Colombie-Britannique et sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. On peut combiner la collecte de données opportuniste et les programmes de recherche multispécifiques pour réduire les coûts relatifs à l’atteinte de l’objectif de recherche exposé dans le présent plan de gestion et dans d’autres initiatives, y compris des programmes de rétablissement et des plans d’action (voir « Plans connexes » à la section 4.0). Les renseignements qui suivent concernant les paramètres du cycle biologique des épaulards du large sont présentés en ordre d’importance sur le plan des lacunes à combler dans les connaissances sur cette population.
    1. Procéder à des relevés de reconnaissance annuels multispécifiques sur les mammifères marins à partir de navires. Compléter avec des relevés aériens, lorsque c’est possible. Ces relevés nous aideront à déterminer l’aire de répartition et l’occurrence saisonnière des épaulards du large dans les eaux de la Colombie-Britannique et nous fourniront les ressources pour la mise en œuvre des mesures 8b à 8e.
    2. Poursuivre le programme d’observation et de réobservation (photo-identification) visant des épaulards du large afin d’acquérir des données aux fins du recensement de la population totale et de permettre le suivi de l’abondance de la population, des tendances à long terme ainsi que des caractéristiques démographiques des épaulards du large.
    3. Déployer des dispositifs de télésurveillance acoustique chaque année pour établir l’occurrence saisonnière des épaulards du large dans des zones clés de la côte de la Colombie-Britannique.
    4. Procéder à des campagnes d’échantillonnage sur le terrain afin d’établir l’écologie de l’alimentation et le régime alimentaire des épaulards du large afin d’améliorer notre connaissance et d’assurer le suivi des effets d’une abondance moindre des proies.
    5. Prélever des échantillons de tissus d’épaulards du large et d’espèces de proies potentielles lorsque c’est possible afin de faciliter la détermination des profils des agents pathogènes et des polluants et l’identification des espèces de proies potentielles. Cette mesure servira de complément à la mesure 8d et peut tirer profit de la mesure 11a, le cas échéant.

La population ainsi que les menaces relevées doivent faire l’objet d’une surveillance à long terme si l’on veut évaluer l’efficacité des mesures de gestion des menaces ainsi que prévenir toute augmentation du stress pour la population. Lorsque les effets des menaces sont inconnus, il faut concentrer les efforts sur la collecte de données supplémentaires pour résoudre les incertitudes. Cet effort de surveillance pourrait également inclure l’identification et l’échantillonnage des sources ou des vecteurs de stress.

  1. Soutenir les efforts consentis pour assurer un suivi de l’aire de répartition et de l’occurrence des épaulards en Colombie-Britannique afin d’appuyer les efforts de recherche.
  2. Procéder à des évaluations continues de la vulnérabilité des épaulards du large aux menaces relevées au fur et à mesure que l’aire de répartition de cette population se précisera davantage.
    1. Évaluer la nécessité de modèles d’évaluation du risque (p. ex. Barlow et Gisiner, 2006) afin d’établir avec précision quels sont les facteurs de risque associés aux déversements de produits toxiques, aux collisions avec des navires, aux emmêlements dans des engins de pêche, à l’exposition à des polluants biologiques et à la réduction de la disponibilité des proies pour les épaulards du large ou leur habitat en Colombie-Britannique et à l’échelle de leur aire de répartition. La mise en œuvre des mesures 5 et 12c contribuera à la réussite de cet effort.
    2. Étudier le potentiel d’accroissement du risque de stress pour la population d’épaulards du large que constituent les bruits sismiques, les déversements catastrophiques et la perturbation par des navires qui pourrait découler de la levée du moratoire sur l’exploration et l’exploitation de ressources pétrolières au large de la Colombie-Britannique. La mise en œuvre de la mesure 12c contribuera à la réussite de cet effort.
    3. Évaluer la probabilité d’impacts sur la population d’épaulards du large découlant d’une disponibilité moindre des proies. Cette mesure est fonction des résultats obtenus aux points 8d et 8e.
  3. Clarifier l’étendue des menaces pesant sur la population d’épaulards du large.
    1. Effectuer des autopsies des carcasses, lorsque c’est possible, afin de déterminer la charge en agents pathogènes. Cette mesure peut être utile en vue de la mise en œuvre de la mesure 8e, tandis que la mesure 6 aidera à fournir les ressources nécessaires.
    2. Évaluer le potentiel d’interaction entre les pêches et les épaulards du large en ce qui touche la déprédation, l’emmêlement dans les engins de pêche ou la concurrence pour les ressources (c.-à-d. les proies). La mesure 7 facilitera la mise en œuvre de la présente mesure, tandis que les résultats des mesures 8d et 8e peuvent être nécessaires pour l’évaluation de la concurrence potentielle pour les ressources.
    3. Évaluer la faisabilité d’une évaluation des sources actuelles de polluants biologiques au sein de l’habitat connu de l’épaulard du large afin d’évaluer le potentiel d’impacts sur l’ensemble de la population. Cette mesure peut être prise de concert avec la mesure 4b si cela est approprié ou possible.
  1. Favoriser l’établissement de réseaux de communication améliorés pour accroître la sensibilisation aux initiatives concernant l’épaulard du large.
    1. Établir de façon proactive des réseaux intra- et inter-agences pour assurer une communication efficace pendant les interventions en cas de déversement catastrophique afin de permettre la prise de mesures rapides, efficaces et coordonnées par les organismes et les parties responsables. Cette mesure soutiendra celle indiquée au point 4a.
    2. Maintenir des communications avec les médias ainsi que des initiatives de vulgarisation et de promotion continues concernant le Règlement sur les mammifères marins ainsi que la brochure « Respectez les baleines! Directives pour l’observation de la faune aquatique à l’intention des plaisanciers et des observateurs » afin de réduire la perturbation physique et acoustique.
    3. Soutenir les initiatives de collaboration transfrontalière et intergouvernementale en matière de recherche et de gestion afin d’assurer une intervention coordonnée pour conserver cette population et contribuer à ces initiatives lorsque cela est possible. Cet effort facilitera et soutiendra la mise en œuvre de l’ensemble des mesures présentées dans le présent document.

Pêches et Océans Canada encourage d’autres agences et organismes à participer à la conservation de la population d’épaulards du large du Pacifique Nord-Est dans le cadre de la mise en œuvre du présent plan de gestion. Les organismes énumérés au tableau 3 ont été identifiés en tant que partenaires pour la mise en œuvre des mesures recommandées.
Le tableau 4 résume les mesures recommandées pour appuyer le but et les objectifs de la gestion. La mise en œuvre des activités par Pêches et Océans Canada sera fonction de la disponibilité des ressources nécessaires, financières et autres. Dans la mesure du possible, des partenariats avec des organisations et des secteurs précis fourniront l’expertise et les capacités nécessaires pour mener à bien la mesure visée. Ces mentions sont toutefois données à titre indicatif seulement, et la mise en œuvre de ces mesures dépendra des priorités et des contraintes budgétaires de chaque partenaire. Les organismes qui participent actuellement à la collecte de données sur les épaulards du large sont, quant à eux, présentés à l’annexe II.

Organisme Acronyme
Pêches et Océans Canada MPO
Marine Mammal Response Network MMRN
Ministère de la Défense nationale MDN
Environnement Canada EC
Transports Canada TC
Ressources naturelles Canada RNCan
Garde côtière canadienne GCC
Office national de l’énergie ONE
Premières nations PN
Gouvernement de la Colombie-Britannique Gouv. de la C.-B.
Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêches MAAP
Vancouver Aquarium Marine Science Centre VAMSC
B.C. Cetacean Sightings Network B.C.CSN
Straitwatch Straitwatch
Établissements d’enseignement postsecondaire menant des activités de recherche pertinentes Universités
U.S. National Marine Fisheries Service,
National Oceanic & Atmospheric Administration,
National Marine Mammal Lab
NOAA
Organisations non gouvernementales de l’environnement ONGE
À déterminer -
Mesure Obj. Priorité Menaces ou préoccupations étudiées Agences participantes 7 Échéancier
Protection
1. Protéger les épaulards du large contre les perturbations acoustiques aiguës et en atténuer les effets négatifs.
a) Appliquer le document du MPO intitulé Énoncé des pratiques canadiennes d’atténuation des ondes sismiques en milieu marin. D1; M3; M4 É Déplacement hors de l’habitat en raison de la perturbation par le bruit sismique; améliorer l’efficacité du protocole en ce qui concerne l’atténuation des effets sur les épaulards. MPO, EC, RNCan, ONE En cours
b) Examiner l’Ordre du Commandement maritime sur les procédures d’atténuation visant les mammifères marins du MDN; le réviser au besoin. D1; M3; M4 M Blessures aux animaux en raison de l’utilisation de sonars tactiques; améliorer l’efficacité du protocole en ce qui concerne l’atténuation des effets sur les épaulards. MPO, MDN 3 ans
2. Protéger les épaulards du large contre les perturbations (physiques et acoustiques).
a) Achever les modifications au RMM. M3; M4 FM Accroître la protection contre les perturbations physiques et acoustiques; collisions avec des navires. MPO En cours, achèvement prévu dans un an
b) Poursuivre la mise en application du RMM et des lignes directrices régionales. M3; M4 FM Poursuivre la protection contre les perturbations physiques et acoustiques; les collisions avec des navires; les projets. MPO, GCC En cours
Gestion
3. Examiner les propositions de projet et formuler des avis sur les mesures d’atténuation à prendre ou sur les zones à éviter. D1; M3; M4 É Perturbation par les bruits sismiques; utilisation de sonars tactiques. MPO En cours, améliorer la participation au besoin
4. Gérer et réduire les apports de produits chimiques dans l’habitat afin de réduire la charge en substances toxiques chez les épaulards du large, dans leur habitat et chez leurs proies.
a) Élaborer des mesures propres aux mammifères marins et les inclure dans les programmes d’intervention en cas de déversement catastrophique.
i) Élaborer un plan d’intervention d’urgence pour faire participer des experts en mammifères marins aux initiatives d’intervention en cas de déversement. M1; M2; M4; M5 É Intervention efficace et coordonnée dans le cas des déversements de substances toxiques qui affectent les mammifères marins. MPO, EC, GCC, gouv. de la C.-B., NOAA 1 an
ii ) Élaborer un manuel opérationnel propre aux mammifères marins. M1; M2; M4; M5 É Réaction progressive efficace et coordonnée en cas de déversement de substances toxiques et collecte de données normalisées. MPO, EC, GCC 1 an
b) Effectuer un examen et un suivi régulier des sources de contamination ponctuelles recensées dans l’habitat connu de l’épaulard du large en Colombie-Britannique.
i) Passer en revue la gestion des sources ponctuelles de contaminants chimiques afin d’évaluer l’utilité des seuils de contamination fédéraux, provinciaux et régionaux (produits chimiques énumérés à l’annexe I). P1; R3; M2; M4 M Utilité des lignes directrices et des seuils relativement à la charge en contaminants chez les épaulards du large, leur habitat et chez leurs proies. EC, Gouv. de la C.-B., municipalités 3 ans
ii) Assurer un suivi régulier de ces sources ponctuelles afin d’évaluer leur conformité aux lignes directrices fédérales, provinciales et régionales qui déterminent les seuils à respecter (produits chimiques énumérés à l’annexe I). P1; R3; M2; M4 M Conformité aux lignes directrices et aux seuils pour les contaminants rejetés dans l’environnement; charge en contaminants chez les épaulards du large, dans leur habitat et chez leurs proies. EC, Gouv. de la C.-B., municipalités 3 ans
5. Délivrer des permis pour des programmes de recherche effectués à l’extérieur du MPO ainsi que des activités de surveillance et des évaluations. R1; R2; R3; R4 ; M5 É Favoriser les programmes de recherche indépendants afin de déterminer quelles sont les espèces de proies consommées par l’épaulard du large. MPO, PN, ONGE, universités, NOAA, à déterminer Immédiat.
Soutient les mesures 8, 9, 10 et 11.
6. Soutenir le programme du MMRN. R2; R3; M1 Collecte d’échantillons normalisée; déclaration des incidents; analyse des autopsies; clarification des menaces; partage de données. MPO, GCC, MAAP En cours; soutiendra la mesure 11a et fournira les ressources nécessaires.
7. Poursuivre l’élaboration des normes concernant les rapports des observateurs des pêches. R3 F Clarifier l’étendue des interactions avec les pêches; identification d’espèces; collecte d’échantillons. MPO 5 ans.
Soutiendra les mesures 6 et 11b.
Recherche sur la biologie de l’épaulard du large
8. Mesures relatives à la recherche : recherche opportuniste et ciblée.
a) Procéder à des relevés annuels multispécifiques sur les mammifères marins à partir de navires. Procéder à des relevés aériens lorsque c’est possible. P1; D1; R1; R2; R3; R4; M5 É Aire de répartition; occurrence saisonnière en C.-B. MPO, NOAA, à déterminer En cours.
Fournira des ressources pour la mise en œuvre des mesures 8b à 8e.
b) Poursuivre le programme de photo-identification des épaulards. P1; D1; R1; R2; R3; R4; M5 É Recensement de la population; suivi de l’abondance, des tendances et des caractéristiques démographiques. MPO, NOAA, à déterminer En cours
c) Déployer des dispositifs de télésurveillance acoustique. R2 É Occurrence saisonnière dans des zones clés. MPO, à déterminer En cours
d) Effectuer une recherche relative à l’échantillonnage sur le terrain. P1; R2; R4; M4 É Établir l’écologie de l’alimentation et le régime alimentaire; effets potentiels d’une abondance moindre des proies. MPO, ONGE, universités, NOAA, à déterminer 1 an
e) Prélever des échantillons de tissus d’épaulards du large et d’espèces de proies potentielles. P1; D1; R2; R3; R4; M2; M4; M5 M Profils des agents pathogènes et des polluants; espèces de proies potentielles. MPO, NOAA, ONGE, à déterminer Prélèvements opportunistes.
Servira de complément à la mesure 8d.
Surveillance et évaluation
9. Soutenir les efforts consentis pour assurer un suivi de la répartition et de l’occurrence des épaulards en Colombie-Britannique afin d’appuyer les efforts de recherche. D1; R2; M5 É Aire de répartition; occurrence; soutien à la recherche; vulgarisation et éducation. MPO, B.C.CSN, VAMSC, Straitwatch, WWOANW En cours
10. Effectuer des évaluations continues de la vulnérabilité aux menaces relevées.
a) Évaluer la nécessité de modèles d’évaluation du risque. P1; D1; R3; M1; M2; M3; M4 FM Établir quels sont les facteurs de risque associés aux déversements, aux collisions avec des navires, aux emmêlements dans les engins de pêche, aux polluants, à la réduction de la disponibilité des proies; impacts potentiels sur l’habitat et les individus. MPO, à déterminer, EC, MDN, TC, industrie 4 ans
b) Étudier l’accroissement du risque associé à la levée du moratoire sur l’exploitation de ressources pétrolières du large. D1; R3; M1; M2; M3; M4 M Déterminer le risque associé aux déversements de pétrole; aux bruits des relevés sismiques et des navires; au déplacement hors de l’habitat. MPO, Gouv. de la C.-B. 3 ans
c) Évaluer la probabilité d’impacts découlant d’une disponibilité moindre des proies. P1; D1; R2; M4 É Impacts sur la population découlant de changements à la dynamique de l’écosystème. MPO, Industrie des pêches 3 ans; cette mesure est fonction des résultats des mesures 8d et 8e.
11. Clarifier l’ampleur des menaces pesant sur la population.
a) Effectuer des autopsies des carcasses lorsque c’est possible. R2; R3 É Détermination des charges en agents pathogènes et en substances chimiques; biologie générale, physiologie. MPO, MAAP, À déterminer Opportuniste.
Peut contribuer aux efforts relatifs à la mesure 8e.
b) Évaluer le potentiel d’interaction avec les pêches. P1;D1; R3; M4 M Déprédation; emmêlements dans des engins de pêche; concurrence pour les ressources. À déterminer 3 ans; peut être fonction des résultats des mesures 8d et 8e.
c) Évaluer la faisabilité d’une évaluation des sources de polluants biologiques. R3; M2; M4 F Exposition aux polluants biologiques; contamination de l’habitat. EC, Gouv. de la C.-B. 5 ans; peut être prise de concert avec la mesure 4b.
Vulgarisation et communication
12. Favoriser l’établissement de réseaux de communication.
a) Établir de façon proactive des réseaux de communication intra- et inter-agences. M1; M2; M4; M5 É Communication efficace; interventions en cas de déversement catastrophique. MPO, EC, GCC, gouv. de la C.-B., municipalités, ONGE, NOAA, à déterminer Immédiat.
Soutiendra la mesure 4a.
b) Faire la promotion des lignes directrices énoncées dans la brochure « Respectez les baleines! ». M3; M4; M5 M Atténuer la perturbation physique et acoustique chronique; vulgarisation; communication. MPO, VAMSC, B.C.CSN, WWOANW, Straitwatch, ONGE 3 ans
c) Soutenir les initiatives de collaboration transfrontalière et intergouvernementale. Tous É Partage de données; favoriser des programmes de collaboration. MPO, NOAA, PN, ONGE, WWOANW,
à déterminer
Immédiat.
Facilitera et soutiendra la mise en œuvre de l’ensemble des mesures présentées.

Les documents dont il est question ci-après sont des plans ou des programmes de rétablissement qui relèvent des menaces similaires pesant sur des espèces de mammifères marins en péril et qui contiennent des recommandations – à l’égard des mesures d’atténuation à prendre ou des activités de recherche potentielles à réaliser – similaires à celles dont il est question dans le présent plan de gestion des épaulards du large au Canada. La mise en œuvre des mesures mentionnées dans le présent document (section 2.3) et les plans et programmes de rétablissement décrits ci-après (p. ex. MPO, 2006; MPO, 2007; MPO, 2007b; MPO, 2008; MPO, 2008a,b,c) constituent une approche multispécifique et pluri-gouvernementale axée sur la conservation des mammifères marins sur la côte ouest de l’Amérique du Nord.

TERMES CLASSIFI-CATION DÉFINITIONS
Incertitude Faible L’effet de la menace présente un lien causal avec la diminution de la viabilité de la population et est susceptible d’entraîner l’échec de l’atteinte des objectifs du plan de gestion.
Moyenne L’effet de la menace est corrélé avec la diminution de la viabilité de la population et a une incidence négative sur les objectifs du plan de gestion.
Élevé L’effet négatif de la menace sur la viabilité de la population ou sur l’atteinte des objectifs du plan de gestion est présumé ou plausible.
Gravité Négligeable La menace n’a pas d’effet détectable sur la population.
Faible Les effets de la menace sont sublétaux et entraîneront probablement des changements de comportement à court terme.
Modérée Les effets de la menace entraînent des changements comportementaux ou physiologiques chroniques (p. ex. possibilité de déplacement à long terme hors de l’habitat).
Élevée Les effets de la menace sont létaux.
Inconnue L’information disponible est insuffisante pour que l’on puisse établir la mesure dans laquelle la menace peut affecter la viabilité de la population.
Potentiel
d’atténuation
Faible La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est impossible ou sera vraisemblablement un échec.
Modéré La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est faisable et susceptible de donner certains résultats.
Élevé La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est en cours et il devrait être très facile d’appliquer, à l’avenir, des mesures qui seront vraisemblablement très fructueuses.
Inconnu L’information disponible ne nous permet pas d’établir s’ il est possible d’atténuer les effets de la menace.
Polluant Utilisation/source Persistant Bioaccumulatif Risques
DDT
Dichlorodi-phényle trichloroéthane
Pesticide utilisé dans certains pays, banni en Amérique du Nord, persiste dans les eaux de ruissellement 30 ans après l’interdiction d’usage, pénètre dans l’atmosphère à partir des régions où il est encore en usage. oui oui Troubles de la reproduction, immunosuppression, effets sur les glandes surrénales et thyroïdiennes.
BPC
Biphényles polychlorés
Transformateur électrique et fluide de condensateur, usage restreint en Amérique du Nord, mais pénètre dans l’environnement par les eaux de ruissellement, les déversements accidentels et l’incinération. oui oui Troubles de la reproduction, anomalies squelettiques, immunotoxicité et perturbations endocriniennes.
Dioxines et furanes Sous-produit du blanchiment au chlore, de la fabrication du bois et de la combustion incomplète. Les usines représentent maintenant une source moins importante. Les sources courantes comprennent la combustion de bois chargé de sel, les incinérateurs municipaux, la combustion résidentielle de bois de chauffage et de déchets de bois, les eaux de ruissellement provenant des boues d’épuration et le traitement du bois. oui oui Dommages au thymus et au foie, anomalies congénitales, troubles de la reproduction, perturbations endocriniennes, immunotoxicité et cancer.
HAP
Hydrocarbures aromatiques polycycliques persistants
Sous-produit de la combustion de carburant, fusion de l’aluminium, traitement du bois, déversements accidentels d’hydrocarbures, usines métallurgiques et cokeries, usines de pâtes et papiers. oui non Cancérogène.
Ignifuges, surtout PBB et PBDE
Éthers diphényliques polybromés
Ignifuges; dans les composants électriques et boîtiers de téléviseurs et d’ordinateurs, dans le textile et les rembourrages dans les automobiles, très répandu dans l’environnement. Deux des trois PBDE sont bannis en Europe. Ces deux mêmes produits ont été retirés du marché en Amérique du Nord en 2005, mais un produit (décaPBDE) est encore utilisé à l’échelle mondiale. oui oui Perturbations endocriniennes, dommages au foie et à la thyroïde.
PFO
Perfluro-octane sulfonate
Agents antitaches, hydrofuges et oléofuges (présent dans le Scotchgard jusqu’à tout récemment), mousse extinctrice, ignifuges, insecticides et frigorigènes, très répandu dans l’environnement. oui oui (dans le sang, le foie, les reins et les muscles) Favorise la croissance de tumeurs.
TBT, DBT
Tributylétain Dibutylétain
Pesticide (peinture antisalissures) utilisé sur les navires. oui oui Inconnu, mais associé récemment à une perte de l’ouïe.
PCP
Paraffines polychlorées
Ignifuges, plastifiants, peintures, agents de scellement et additifs utilisés dans les huiles lubrifiantes. oui oui Perturbations endocriniennes.
PCN
Naphtalènes polychlorées
Isolants pour navires, fils électriques et condensateurs, additif pour huiles de moteur, incinérateurs municipaux et fabriques de chlore et de soude caustique, contaminant dans les BPC oui oui Perturbations endocriniennes.
APE
Alkylphénols éthoxylés
Détergents, shampooings, peintures, pesticides, plastifiants, usines de pâtes et papiers, industrie du textile, présents dans les effluents d’eaux usées et les sédiments. modéré modéré Perturbations endocriniennes.
TPC
Terphényles polychlorés
Ignifuges, plastifiants, lubrifiants, encres et agents de scellement, pénètre dans l’environnement par les eaux de ruissellement. oui oui Perturbations endocriniennes et troubles de la reproduction.
Références : Grant et Ross, 2002, principalement, mais aussi Lindstrom et coll., 1999, Hooper et MacDonald, 2000, Kannan et coll., 2001, Hall et coll., 2003; Van deVijver et coll., 2003, Rayne et coll., 2004, et Song et coll., 2005.

Organismes et chercheurs indépendants qui participent actuellement à la recherche sur les épaulards du large du Pacifique Nord-Est.

Les épaulards du large sont inscrits en tant qu’espèce « préoccupante » à l’annexe I de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En tant qu’espèce aquatique, les épaulards du large relèvent de la compétence du gouvernement fédéral et sont gérés par Pêches et Océans Canada (MPO), 200 - 401 rue Burrard, Vancouver, Colombie-Britannique, V6C 3S4.

Au Canada ou ailleurs, peu de gens possèdent des connaissances scientifiques, techniques, traditionnelles ou locales sur les épaulards du large. En conséquence, le MPO a constitué un petit groupe de travail interne rassemblant des experts en sciences et en gestion et l’a chargé d’élaborer une ébauche du présent plan de gestion.

En novembre 2007, on a tenu un atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés afin de partager les connaissances et l’expertise sur un certain nombre d’espèces « préoccupantes » de cétacés pour lesquelles des plans de gestion ont été élaborés. Un groupe d’experts scientifiques et techniques, y compris des chercheurs indépendants et des représentants d’organisations non gouvernementales de l’environnement et du personnel gouvernemental (fédéral et provincial), tant du Canada que des États-Unis, ont été invités à participer à cet atelier. On a également envoyé une lettre d’invitation à l’ensemble des Premières nations vivant sur la côte afin de les inviter à participer à l’atelier. Celui-ci s’est révélé un outil fort utile pour aider le groupe de travail interne du MPO à rédiger l’ébauche du plan de gestion de l’épaulard du large au Canada. Étant donné que la population d’épaulards visée par le présent plan de gestion fréquente à la fois les eaux canadiennes et américaines, on a tenté d’obtenir de l’information et la collaboration des ressources gouvernementales et non gouvernementales des deux pays.

Du 7 avril au 12 mai 2008, une version préliminaire du plan de gestion a été affichée sur le site Web de la Région du Pacifique du MPO afin que le public puisse la commenter. On a procédé à ces consultations principalement sur le Web; on a également effectué des envois postaux à toutes les Premières nations vivant sur la côte. Une ébauche initiale (avril 2008) du plan de gestion, un guide de discussion et un formulaire de rétroaction ont été fournis. En outre, un message annonçant l’élaboration du plan de gestion a été envoyé à MARMAM, un service de diffusion d’information sur les mammifères marins ayant un vaste réseau de distribution local et international auprès des chercheurs sur les mammifères marins et les parties intéressées ainsi qu’à des ressources liées aux baleines figurant sur une liste d’envoi fournie au MPO ces dernières années par des groupes de défense de l’environnement, des organisations non gouvernementales, des organismes gouvernementaux et le secteur de l’écotourisme.

Six sources indépendantes et deux organismes gouvernementaux (Environnement Canada et le gouvernement de la Colombie-Britannique) ont commenté le plan de gestion. Des processus de coordination et de consultation entre le gouvernement fédéral et celui de la Colombie-Britannique sur la gestion et la protection des espèces en péril sont exposés dans l’Entente entre le Canada et la Colombie-Britannique sur les espèces en péril (2005). Ressources naturelles Canada, le ministère de la Défense nationale, l’Agence Parcs Canada et Transports Canada n’ont pas commenté l’ébauche de document. Enfin, aucune des Premières nations sollicitées n’a répondu aux lettres de consultation.

Les commentaires formulés par le public, les organismes gouvernementaux et les experts scientifiques ont été pris en considération dans la production du plan de gestion final. On n’a pas jugé qu’il était nécessaire de procéder à un examen par des pairs du document du fait que les experts qui auraient procédé à cet examen ont participé à l’atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés et qu’ils ont eu l’occasion d’exprimer leur avis dans le cadre des consultations publiques.

Personnes ressources:


1 Les noms et les propriétés des produits chimiques sont présentés à l’annexe I (tableau 6).

2 L’utilisation des dispositifs d’effarouchement acoustique n’est plus permise en Colombie-Britannique.

3 La limite de la ZEE de 80 MM est fondée sur les besoins du trafic maritime dans la zone protégée entourant le mont sous-marin Bowie.

4 L’annexe II dresse la liste des organisations et des chercheurs indépendants qui mènent des programmes de recherche sur les épaulards du large.

5 Pour consulter les modifications proposées au Règlement sur les mammifères marins, voir le site http://www-comm.pac.dfo-mpo.gc.ca/pages/consultations/marinemammals/mmr-update_e.htm.

6 Inclure dans le manuel opérationnel les mesures décrites dans le document de Pêches et Océans Canada intitulé « Marine mammal incident response » (ébauche) et « Sea otter oil spill response plan for Canada’s Pacific coast » (document de travail).

7 Les agences gouvernementales et organisations non gouvernementales sont présentées à titre indicatif, et leur désignation n’oblige pas celles-ci à mettre en œuvre la mesure inscrite. La mise en oeuvre des mesures sera fonction des priorités et des contraintes budgétaires de chaque organisme ou agence.

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