Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Icteria virens virens) : programme de rétablissement 2018

Titre officiel: Programme de rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Icteria virens virens) au Canada

Lois sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement

Paruline polyglotte de la sous-espèce virens
Paruline polyglotte de la sous-espèce virens
Information sur le document

Référence recommandée : Environnement et Changement climatique Canada. 2018. Programme de rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Icteria virens virens) au Canada [Proposition], Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa, xii + 48 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : © Mike Danzenbaker

Also available in English under the title “Recovery Strategy for the Yellow-breasted Chat virens subspecies (Icteria virens virens) in Canada [Proposed]"

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de l’Agence Parcs Canada est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la Province de l’Ontario et toute autre personne ou organisation, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada et l’Agence Parcs Canada ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada, l’Agence Parcs Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNote de bas de page 1 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel — constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autres lois fédérales, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

Le présent programme de rétablissement a été préparé par John Brett, avec l’aide d’Elisabeth Shapiro et d’Angela Darwin (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune (SCF) – Ontario) ainsi que de Smeet Panchal et de Marie-Claude Archambault (anciennement d’Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario), selon une version provisoire antérieure de Krista Holmes (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario) et Kari Van Allen (anciennement à Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario). Ce programme de rétablissement est fondé en partie sur le plan de gestion (Environment Canada, 2011) qui a été élaboré par Ken Tuininga et Mike Cadman (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario), David Kirk (Ph. D., Aquila Conservation & Environment) et Northern Bioscience.

Les rédacteurs remercient vivement toutes les personnes qui ont mis à leur disposition des rapports inédits et des communications personnelles ou qui ont fourni des avis pour la préparation du plan; leur contribution a été d’une valeur inestimable. Il s’agit notamment de Christine Bishop (Environnement et Changement climatique Canada, Sciences et technologie – Pacifique et Yukon); François Shaffer (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Québec); Mike Cadman, Judith Girard, Lesley Dunn et Elizabeth Rezek (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario); Marie-Claude Archambault, Madeline Austen, Tianna Burke et Janet LaPierre (anciennement à Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario); Becky Whittam (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Atlantique); Wendy Dunford (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – région de la capitale nationale); Valerie Minelga, Tammy Dobbie et Joanne Tuckwell (Agence Parcs Canada); Emily Slavik (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, Parcs Ontario); Aileen Rapson, Leanne Jennings, Amelia Argue, Megan McAndrew, Lucy Ellis, Mark Hulsman, Michelle Bacon, Maria Vavro, Glenn Desy, Lauren Sharkey, Natasha Leahy, Ayden Sherritt, Mike Burrell, Don Sutherland et Lara Griffin (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario); Chris Risley (anciennement du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario); Patrick Kramer (Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée); et Mhairi McFarlane (Conservation de la nature Canada). Dwayne Lepitzki et Judith Jones ont dirigé l’évaluation des menaces selon l’UICN, en tenant compte des commentaires de Tammie Dobbie et Heidi Brown (Agence Parcs Canada); Mhairi McFarlane, Jill Crosthwaite et Kate McKenzie (Conservation de la nature Canada); Karen Cedar (Ojibway Nature Centre); Darren Ungar (Parcs Ontario); Jon McCracken (Étude d’oiseaux Canada); Patrick Kramer (Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée); Graham Buck (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario); et Elisabeth Shapiro, Mike Cadman, et John Brett (Environnement et Changement climatique Canada, SCF – Ontario). Andrew Couturier (Études d’Oiseaux Canada) a fourni la carte de l’aire de répartition en Ontario.

Nous remercions sincèrement toutes les autres parties ayant fourni des conseils et des commentaires dans le cadre de l’élaboration du présent programme de rétablissement, notamment divers particuliers et organismes autochtones, d’autres personnes et des parties concernées qui ont fourni des renseignements et/ou participé aux réunions de consultation.

Sommaire

Auparavant considérée comme faisant partie de la famille des parulines (Parulidés), la Paruline polyglotte est un gros oiseau chanteur qui est maintenant considéré comme le seul membre de la famille des Ictériidés (Eckerle et Thompson, 2001; Chesser et al., 2017). Il s’agit d’une espèce migratrice néotropicale qui se rencontre au Canada uniquement du printemps à la fin de l’été. Il existe deux sous-espèces reconnues de Paruline polyglotte : Icteria virens auricollis et Icteria virens virens. Au Canada, la sous-espèce auricollis se rencontre en Colombie-Britannique (population des montagnes du Sud) ainsi qu’en Alberta et en Saskatchewan (population des Prairies). La nidification de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens n’a été confirmée qu’en Ontario, et l’aire de nidification habituelle était probablement historiquement limitée à une aire principale comprenant l’île Pelée et ce qui constitue aujourd’hui le parc national de la Pointe-Pelée. Des observations de la Paruline polyglotte ont été faites au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, mais la reproduction de l’espèce n’a pas été confirmée dans ces provinces. Le présent programme de rétablissement vise précisément la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens.

La population mondiale de Parulines polyglottes a été estimée à environ 13 millions d’oiseaux, et la sous-espèce virens constitue environ 80 % de la population mondiale. Même s’il est difficile d’estimer la taille de la population de Parulines polyglottes de la sous-espèce virens au Canada, un examen des données de 2001 à 2005 de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario indique que la population pourrait avoir compté moins de 42 couples (80 individus). Des renseignements récents sur les occurrences donnent à penser que la population canadienne de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a connu un déclin marqué depuis la préparation de l’Atlas; selon les estimations, il restait moins de 10 couples en 2013 (M. Cadman, comm. pers., 2013), et moins de 2 couples subsisteraient actuellement (M. Burrell, comm. pers., 2018).

En 1994 et en 2000, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a été désignée « espèce préoccupante » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en raison de la possibilité perçue d’une immigration à partir des populations des États frontaliers de l’Ontario. En 2011, le COSEPAC a réévalué la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens et l’a désignée « espèce en voie de disparition » à cause de la réduction du potentiel apparent d’immigration de source externe. En effet, les déclins de la population étaient manifestes dans la plus grande partie de la portion nord-est de l’aire de répartition de la sous-espèce. Pour cette raison, cet oiseau a été inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral (LEP) en 2017.

La principale menace pour la population canadienne de Parulines polyglottes de la sous-espèce virens semble découler des modifications de l’écosystème qui réduisent la superficie d’habitat de reproduction convenable pour l’espèce, mais un certain nombre d’autres menaces (y compris le développement, le parasitisme des nids par le Vacher à tête brune (Molothrus ater) et la prédation des nids) pourraient elles aussi avoir des incidences négatives sur la population.

Certaines inconnues demeurent quant au caractère réalisable du rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Plus particulièrement, si le déclin régional se poursuit ou n’est pas renversé, il pourrait être impossible de rétablir cette espèce historiquement précaire au Canada. Cependant, suivant le principe de précaution, le présent programme de rétablissement a été préparé conformément au paragraphe 41(1) de la LEP, comme il convient de faire lorsque le rétablissement est jugé réalisable. Ce programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement. Les objectifs en matière de population et de répartition pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada sont les suivants :

Objectif à court terme (10 ans) 

  • Freiner le déclin actuel et assurer une superficie suffisante d’habitat convenable pour soutenir au moins huit couples à l’intérieur de l’aire principale de la sous-espèce.

Objectif à long terme (au-delà de 10 ans)

  • Atteindre une tendance démographique stable dans l’aire de répartition canadienne connue.

Les stratégies générales visant à contrer les menaces pour la survie et le rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens sont présentées à la section 6.2 intitulée « Orientation stratégique pour le rétablissement ».

L’habitat essentiel est désigné dans le présent programme de rétablissement selon les meilleures données disponibles au moment de la rédaction de celui­-ci. L’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada est désigné dans l’aire principale de la sous-espèce en Ontario (c.-à-d. le parc national de la Pointe-Pelée et l’île Pelée), et les emplacements précis dans ces zones sont fondés sur l’occupation récente des sites et la disponibilité de l’habitat. De l’habitat essentiel additionnel pourra être désigné et/ou la délimitation de l’habitat essentiel existant pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada pourra être précisée à mesure que des renseignements supplémentaires deviendront disponibles.

Un ou plusieurs plans d’action seront élaborés, en plus des plans d’action multiespèces de Parcs Canada qui comprennent la Paruline polyglotte, et ils seront publiés dans le Registre public des espèces en péril pour orienter la mise en œuvre du présent programme de rétablissement.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

Le gouvernement du Canada a publié récemment les Politiques relatives à la Loi espèces en péril ‒ Politique sur la survie et le rétablissement ‒ [Proposition] (2016) pour orienter l’interprétation uniforme de concepts majeurs applicables aux termes de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Le caractère réalisable du rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a été évalué selon la version provisoire de cette nouvelle politique.

Sur la base de la meilleure information accessible, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens n’a probablement jamais été particulièrement répandue ou abondante au Canada et est considérée comme une sous-espèce historiquement précaireNote de bas de page 2 au Canada (voir l’annexe A : Contexte historique). La première mention de la Paruline polyglotte en Ontario est de Pointe Pelée et remonte à 1879 (Austen et al., 1994), et l’estimation de la population la plus élevée jamais enregistrée pour cette sous-espèce en Ontario est de 50 couples (Cadman et al., 1987). Pour les espèces qui sont considérées comme historiquement précaires (annexe A), le gouvernement du Canada utilise les critères présentés dans le tableau 1 ci-après afin de déterminer si le rétablissement est réalisable sur les plans technique et biologique.

Le caractère réalisable du rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable du point de vue technique et biologique. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement. La détermination du caractère réalisable du rétablissement sera réexaminée si de nouveaux renseignements apportaient un nouvel éclairage sur la question.

Évaluation du caractère réalisable du rétablissement

Pour une espèce historiquement précaire, le rétablissement sera jugé réalisable si l’ampleur des changements irréversiblesNote de bas de page 3 est telle que, selon le meilleur scénario concrétisableNote de bas de page 4, il est possible sur les plans technique et biologique d’améliorer la condition de l’espèce jusqu’à un point où elle s’approche de la condition historiqueNote de bas de page 5. Des renseignements ou des estimations sur les caractéristiques fondamentales de l’espèce sont utilisés pour déterminer le caractère réalisable du rétablissement. Il faut utiliser ce que l’on sait concernant la condition historique de l’espèce afin de comprendre le contexte pertinent pour chaque caractéristique de l’espèce en question (tableau 1). Pour obtenir des renseignements supplémentaires, veuillez consulter le document Politiques relatives à la Loi sur les espèces en péril ‒ Politique sur la survie et le rétablissement [Proposition] du gouvernement du Canada.

Tableau 1. Détermination du caractère réalisable du rétablissement pour les espèces historiquement précaires
Caractéristiques fondamentales de l’espèce Seuil de rétablissement d’une espèce précaire Réalisable sur les plans technique et biologique avant que l’occasion soit perdue? (O/N/Inconnu)
Tendance de la population Se rapproche de la condition historique Inconnu
Résiliencea
(taille de la population)
Se rapproche de la condition historique Inconnu
Redondanceb
(nombre/répartition des populations)
Se rapproche de la condition historique Inconnu
Connectivité des populationsc Se rapproche de la condition historique Inconnu
Atténuation des menaces anthropiques Menaces importantes évitées ou atténuées au point qu’elles ne menacent plus l’espèce Inconnu
Condition de l’espèced Amélioration par rapport à la condition déterminée lorsque l’espèce a été évaluée pour la première fois comme étant en péril Inconnu
Représentation
(présence de l’espèce dans les communautés écologiques appropriées)
Se rapproche de la condition historique à une échelle grossière Oui
Absence de dépendance à l’égard de liens démographiques avec des populations de l’extérieur du Canada Connectivité acceptable, si nécessaire Inconnu, mais connectivité probablement nécessaire
Absence de dépendance à l’égard d’interventions humaines Oui Inconnu, mais interventions probablement nécessaires

a La résilience est la capacité des espèces de se rétablir à la suite d’une perturbation et est un élément essentiel à la survie d’une espèce qui est considérée comme historiquement précaire. Même la grande taille d’une population ne la protège pas contre toutes les menaces, elle est un fort prédicteur de résilience face à la possibilité d’accroissement des taux de déclin découlant de la consanguinité ou d’événements fortuits (Elphick et al., 2001; McGowan et al., 2014).

b La redondance concerne le nombre de populations locales et leur répartition. Si une population locale est détériorée ou détruite, d’autres peuvent servir de source pour rétablir cette population manquante.

c La connectivité entre les populations locales peut être importante pour rétablir de façon naturelle des populations réduites. Si la connectivité entre les parcelles d’habitat diminue (p. ex. en raison de la perte d’habitat ou du déclin de populations), les populations locales restantes pourraient être trop petites pour être viables par elles-mêmes et pourraient devenir consanguines en raison du manque de dispersion de gènes.

d Par condition d’une espèce, on entend la combinaison des facteurs suivants : taille des populations, répartition, tendances, menaces, rôle écologique et tout autre facteur qui détermine le risque de disparition de l’espèce du pays ou de la planète.

Commentaires concernant le caractère réalisable du rétablissement

Tendance de la population, résilience et redondance

La détermination de la condition historique de la tendance de la population, de la résilience et de la redondance pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada présente des défis. Le premier Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (1981-­1985) estimait le nombre de couples à 50 (Cadman et al., 1987) et l’évaluation faite par le COSEPAC en 1994 mentionnait de 18 à 38 couples (Cadman et Page, 1994), mais ces deux estimations ont été réalisées à la suite de l’expansion de l’aire de répartition de l’espèce à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle (Taverner, 1906; Austen et al., 1994). Bien que ces estimations dépassent vraisemblablement la condition historique (c.-à-d. avant la colonisation européenne) de cette espèce au Canada, une superficie suffisante d’habitat pourrait peut-être être rendue disponible pour soutenir ces effectifs estimés.

Toutefois, comme la petite population canadienne de Parulines polyglottes de la sous-espèce virens se rencontre dans la partie nordique de l’aire de répartition continentale de la sous-espèce, et puisque la plus grande partie de son aire de répartition et de sa population continentales se trouvent plus au sud, aux États-Unis (figure 1), il est important de souligner que les changements dans la population à l’échelle régionale peuvent avoir des effets significatifs sur le caractère réalisable du rétablissement au Canada. Étant donné que la population régionale présente une tendance à la baisse continue (Sauer et al., 2017), son aire de répartition pourrait se contracter. Le cas échéant, il n’est pas impossible que l’effectif de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens continue de décliner en dépit de toutes les mesures décrites dans le présent programme pour assurer une superficie suffisante d’habitat convenable et pour atténuer les menaces principales qui pèsent sur la sous-espèce.

On ne connaît pas la taille de la population ou le nombre d’emplacements occupés requis au Canada pour maintenir une population canadienne autosuffisante dans le contexte de déclins supplémentaires à l’échelle régionale/continentale, mais ce nombre excéderait celui associé à sa condition historique, et cet objectif n’est probablement pas réalisable.

Connectivité des populations

Afin de déterminer le niveau adéquat de connectivité nécessaire entre les populations pour assurer la survie ou le rétablissement de l’espèce au Canada, il est important de tenir compte du niveau historique de connectivité auquel l’espèce est adaptée. Toutefois, le niveau historique de connectivité associé à la Paruline polyglotte en Ontario est inconnu.

Atténuation des menaces anthropiques

Ce critère se rapporte précisément aux menaces résultant d’activités humaines qui accroissent de façon importante les risques pour une espèce. En raison de son aire de répartition limitée et de ses besoins précis en matière d’habitat, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est particulièrement sensible aux changements dans son habitat. Certaines menaces pesant sur la Paruline polyglotte de la sous-­espèce virens, comme la perte et la dégradation de l’habitat découlant des activités anthropiques (p. ex. le développement résidentiel et les activités agricoles), peuvent être atténuées au moyen de mesures de rétablissement. À l’extérieur du Canada, la perte d’habitat est préoccupante dans les aires de migration et d’hivernage. La mesure dans laquelle ces menaces existent et peuvent être atténuées demeure pour l’instant inconnue.

Condition de l’espèce

On ignore si la condition de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada peut être améliorée par rapport à ce qu’elle était lorsque l’espèce a été évaluée pour la première fois comme étant en péril. Lorsque la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a été désignée « préoccupante » en 1994, sa population était estimée à 18 à 34 couples, ce qui pourrait être supérieur à la condition historique de l’espèce au Canada. Si le déclin de la population régionale se poursuit, il sera probablement impossible que la sous-espèce atteigne ou surpasse sa condition estimée en 1994.

Représentation dans des communautés écologiques appropriées

La Paruline polyglotte est limitée à une gamme relativement étroite de conditions d’habitat (c.-à-d. arbustaies de début ou de milieu de succession). Les populations qui se reproduisent de façon continue dans le parc national de la Pointe-Pelée et à l’île Pelée se rapprochent probablement de la représentation historique de cette espèce au Canada, et ce niveau est vraisemblablement atteignable si le déclin de la population régionale/continentale est renversé et si la tendance se stabilise.

Absence de dépendance à l’égard de liens démographiques avec des populations de l’extérieur du Canada

À l’heure actuelle, on trouve des individus capables de se reproduire dans l’aire de répartition canadienne, mais leur nombre est faible et en déclin (COSEWIC, 2011). Des individus capables de se reproduire sont aussi présents dans les États voisins, mais la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens affiche un déclin à long terme dans tous les États adjacents à l’Ontario, et son aire de répartition se contracte dans la plus grande partie du nord-est des États-Unis (COSEWIC, 2011; Sauer et al., 2017). Par conséquent, il est peu probable que ces individus puissent constituer une population source, et les résultats de la récente évaluation de la situation effectuée par le COSEPAC (COSEWIC, 2011) indiquent que le potentiel d’une immigration de source externe a diminué. On ignore dans quelle mesure la population canadienne de cette sous-espèce dépend de l’immigration des populations voisines des États-Unis, mais il est probable que la tendance de la population canadienne soit étroitement liée à celle de la population régionale.

Absence de dépendance à l’égard d’interventions humaines

En l’absence de perturbations naturelles pouvant maintenir suffisamment d’habitat convenable de début ou de milieu de succession, des activités de gestion devront probablement être réalisées périodiquement pour maintenir la disponibilité de l’habitat à certains sites.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

Il est probable que la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens n’ait jamais été abondante ou répandue au Canada et qu’elle continuera d’être considérée comme rare au Canada, compte tenu du fait que son aire de répartition canadienne actuelle se trouve à la limite nord de son aire de répartition continentale. Si l’espèce demeure extrêmement rare, elle continuera vraisemblablement toujours d’être vulnérable aux agents de stress d’origine humaine ainsi qu’aux phénomènes naturels aléatoires.

On ne connaît pas la taille de la population ou le nombre d’emplacements occupés requis au Canada pour maintenir une population canadienne autosuffisante à long terme, mais il est probable que suffisamment d’habitat convenable pourrait être rendu disponible pour soutenir une population comprenant huit couples (voir l’objectif à court terme en matière de population et de répartition). La Paruline polyglotte préfère les milieux en début de succession qui comprennent une végétation arbustive basse et dense (c.-à-d. de jeunes arbustaies), et il existe des occasions d’accroître la quantité d’arbustaies de début de succession en modifiant les pratiques de gestion actuelles à des sites sélectionnés (p. ex. en ayant recours à l’utilisation stratégique de la coupe périodique ou du brûlage dirigé), plus particulièrement à l’intérieur des sites faisant l’objet d’activités de gestion dans l’aire principale de la Paruline polyglotte de la sous-­espèce virens (c.-à-d. le parc national de la Pointe-Pelée et l’île Pelée). À l’extérieur de l’aire principale, le sud de l’Ontario est aménagé et cultivé de façon intensive, ce qui limite la superficie d’habitat convenable pouvant faire l’objet de mesures de gestion ou de remise en état.

Cependant, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens affiche un déclin à long terme dans tous les États adjacents à l’Ontario, et son aire de répartition se contracte dans la plus grande partie du nord-est des États-Unis (COSEWIC, 2011; Sauer et al., 2017). En dépit de toutes les mesures décrites dans le présent programme, qui ont été prises pour rendre disponible une superficie suffisante d’habitat convenable et pour atténuer les principales menaces, le nombre de Parulines polyglottes de la sous-espèce virens pourrait poursuivre son déclin au Canada.

1 Évaluation de l’espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Date de l’évaluation : Novembre 2011

Nom commun (population) : Paruline polyglotte de la sous-espèce virens

Nom scientifique : Icteria virens virens

Statut selon le COSEPAC : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation :Cette sous-espèce est associée spécifiquement aux habitats composés de fourrés arbustifs et se trouve à la limite nord de son aire de répartition au Canada. Sa population dans le sud de l’Ontario est distribuée localement et très petite. Depuis la production du dernier rapport de situation, la population de l’Ontario a fait l’objet de déclins, en raison de la perte d’habitat. Le potentiel d’une immigration de source externe a également été réduit de façon considérable, car le déclin des populations est observé dans la majeure partie du nord-est de l’aire de répartition de cette sous-espèce.

Présence au Canada :Ontario

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1994. Réexamen et confirmation du statut en novembre 2000. Réexamen du statut : l'espèce a été désignée « en voie de disparition » en novembre 2011.

2 Information sur la situation de l’espèce

À l’échelle mondiale, la Paruline polyglotte (Icteria virens) est classée non en périlNote de bas de page 6 (G5; NatureServe, 2017). Aux États-Unis, la population reproductrice est non en péril à l’échelle nationale (N5B); l’espèce se rencontre dans 32 États et est classée selon diverses cotes infranationales (annexe A; NatureServe, 2017). Au Canada, le statut de conservation à l’échelle nationale de la population reproductrice est « apparemment non en péril »Note de bas de page 7 (N4B).

Il existe deux sous-espèces reconnues de Paruline polyglotte au Canada : Icteria virens auricollis, qui se rencontre en Colombie-Britannique (population des montagnes du Sud; en voie de disparition), en Alberta et en Saskatchewan (population des Prairies; non en péril), et Icteria virens virens, qui se retrouve en Ontario, avec des mentions extralimitesNote de bas de page 8 au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Le présent programme de rétablissement concerne la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens, qui a été inscrite à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral en 2017. Elle a aussi été aussi désignée comme espèce en voie de disparitionNote de bas de page 9 en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario, qui offre une protection à l’espèce et à son habitat général.

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est classée comme non en péril à l’échelle mondiale, mais n’a pas de statut national aux États-Unis (NatureServe, 2017). Au Canada, tant sa cote de conservation nationale que sa cote de conservation infranationale en Ontario indiquent que les populations reproductrices sont en périlNote de bas de page 10 (N2B; S1B; NatureServe, 2017). Il est estimé que moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se retrouve au Canada (Eckerle et Thompson, 2001; Rich et al., 2004).

3 Information sur l’espèce

3.1 Description de l’espèce

La Paruline polyglotte était autrefois considérée comme une espèce de la famille des Parulidés, mais est maintenant considérée comme le seul membre de la famille des Ictériidés (Eckerle et Thompson, 2001; Chesser et al., 2017). Elle mesure environ 18 cm de long, pèse environ 25 g (COSEWIC, 2011) et possède un bec plutôt épais, légèrement recourbé, et une longue queue. La poitrine, le menton et la gorge sont jaune citron; le dessus du corps, les ailes et la queue sont vert olive; la tête est gris-bleu et les yeux sont entourés de grands cercles blancs (Eckerle et Thompson, 2001). Durant la saison de reproduction, le chant du mâle est hautement variable et peut évoquer une série de sifflements, de gloussements, de bruits de hochet et de miaulements (Eckerle et Thompson, 2001).

La Paruline polyglotte est une espèce migratrice néotropicale et se rencontre au Canada uniquement du printemps à la fin de l’été (sa saison de reproduction). En Ontario, elle arrive aux sites de reproduction vers la mi-mai (Eagles, 2007), et la période de nidification se poursuit généralement jusqu’à la fin juillet (Peck et James, 1987; Rousseu et Drolet, 2017).

Une description détaillée de l’espèce est présentée dans le rapport de situation du COSEPAC dont elle fait l’objet (COSEWIC, 2011).

3.2 Population et répartition de l’espèce

À l’échelle mondiale, la Paruline polyglotte niche en Amérique du Nord (dans le sud du Canada, aux États-Unis et dans le nord du Mexique) et hiverne dans certaines parties de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale (figure 1). L’estimation de la population mondiale est d’environ 13 millions d’oiseaux (Partners in Flight Science Committee, 2013). La sous-espèce virens constitue environ 80 % de la population mondiale (COSEWIC, 2011).

Figure 1
Figure 1. Répartition de la Paruline polyglotte (d’après Eckerle et Thompson, 2001). L’aire de reproduction de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens correspond à la zone pâle indiquée ci-dessus dans l’est de l’Amérique du Nord, tandis que la zone foncée vers le sud représente l’aire d’hivernage de l’espèce. Les lignes pointillées représentent des zones où l’espèce a été présente de façon sporadique.
Description longue

La figure 1 illustre la répartition de la paruline polyglotte en Amérique du Nord. L’aire de reproduction de la sous-espèce virens est située dans l'est de l'Amérique du Nord, à partir de l’est des grandes plaines et du centre-est du Texas jusqu’à l’extrême sud-ouest de l’Ontario. Enfin, l’aire d’hivernage de l’espèce s’étend quant à elle le long des deux côtes mexicaines et couvre l’ensemble des pays d’Amérique Centrale à partir du Guatemala jusqu’à l’ouest du Panama.

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens niche de l’est des grandes plaines et du centre du Texas vers l’est, et vers le nord jusque dans l’extrême sud-ouest de l’Ontario (COSEWIC, 2011). Elle hiverne dans les basses terres de l’est et de l’ouest du Mexique et jusque dans l’ouest du Panama, en Amérique centrale (figure 1). On a observé que d’autres individus hivernent dans le sud des États-Unis (COSEWIC, 2011). Au Canada, le COSEPAC (COSEWIC, 2011) estime que la zone d’occurrenceNote de bas de page 11 de cette sous-­espèce est de 42 300 km2, et que sa zone d’occupationNote de bas de page 12 est de moins de 200 km2.

Au Canada, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se rencontre principalement en Ontario, où il existe une très petite population reproductrice dans l’extrême sud-ouest de la province (figure 2). Une partie importante de la population de Parulines polyglottes de l’Ontario a été observée à deux emplacements : le parc national de la Pointe-Pelée et l’île Pelée. Il s’agit des seuls emplacements au Canada considérés comme contenant des populations principales annuelles (COSSARO, 2017); la plupart des occurrences cartographiées à la figure 2 représentent des observations effectuées au cours d’une même saison, et plusieurs des mentions correspondent probablement à des mâles à la recherche d’une partenaire plutôt qu’à des couples nicheurs. Bien qu’elle n’ait jamais été confirmée, la nidification de la sous-espèce virens peut avoir eu lieu au Québec (COSEWIC, 2011). Sur 57 observations au Québec, seulement deux sont des mentions de nidification probableNote de bas de page 13 (Les Oiseaux du Québec, 2013); le reste des individus ont été observés au printemps ou durant la migration automnale. Au cours des relevés effectués dans le cadre de l’Atlas des oiseaux nicheurs des Maritimes, on a consigné deux mentions conformes aux critères de nidification probable au Nouveau-Brunswick en 2006 et en 2007, une mention de nidification possibleNote de bas de page 14 au Nouveau-Brunswick en 2008 et une mention de nidification probable en Nouvelle-Écosse en 2009 (Maritimes Breeding Bird Atlas, 2010). Malgré le respect des critères de nidification possible ou probable, ces mentions ont été présumées représenter des mâles non appariés à la recherche d’une partenaire (Maritimes Breeding Bird Atlas, 2010).

Bien qu’on ne connaisse pas tous les détails de la condition historique de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, celle-ci n’était pas particulièrement commune dans cette partie de son aire de répartition avant l’arrivée des colons européens dans l’est de l’Amérique du Nord, et toute reproduction régulière au Canada n’avait lieu que dans l’aire principale à l’intérieur et à proximité de la pointe Pelée et de l’île Pelée. Selon Taverner (1906), au Michigan, la Paruline polyglotte devait être considérée comme une représentante intrusive des espèces fauniques caroliniennes, qui progressaient vers le nord depuis environ dix ans. En Ohio, elle a été décrite comme commune dans le sud de l’État, mais presque rare sur les rives du lac Érié (Taverner, 1906). McGowan (2008) a indiqué que la Paruline polyglotte était probablement très peu commune dans l’État de New York ou y était peut-être même totalement absente avant l’établissement des Européens et la destruction des forêts, mais qu’elle utilisait peut-être l’île Long (à l’extrémité sud-est de l’État) comme aire de reproduction. L’espèce a été signalée pour la première fois en Ontario en 1879, à la pointe Pelée (Austen et al., 1994). Selon certains, l’espèce aurait considérablement étendu son aire de répartition vers le nord-­est vers 1893 et 1894 (Taverner, 1906), mais elle était encore considérée comme rare au Canada, même après cette expansion. En 1908, Taverner et Swales ont souligné que la pointe Pelée était le seul endroit au Canada où la présence de la Paruline polyglotte était plus qu’un événement rare et fortuit.

La création d’habitat de début de succession par le biais de changements dans le paysage (p. ex. l’exploitation forestière, l’abandon généralisé des fermes au milieu des années 1900) a favorisé une expansion de l’aire de répartition dans la partie nord-est de celle-ci, notamment au Canada (Austen et al., 1994; Cadman et al., 2007; COSEWIC, 2011). Toutefois, la succession des milieux formés d’arbustaies a contribué à la création de forêts, et cette diminution de l’habitat d’arbustaie convenable disponible a entraîné un déclin et une contraction de l’aire de répartition (Austen et al., 1994). La pointe Pelée et l’île Pelée sont maintenant considérées comme les seuls emplacements principaux hébergeant annuellement la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada (COSSARO, 2017). La majorité des occurrences à l’extérieur de l’aire principale sont considérées comme sporadiques et sont présentes durant une seule saison de reproduction (Austen et al., 1994). En dehors de cette aire principale, très peu de mentions ont été signalées durant la saison de reproduction depuis la publication du deuxième Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (eBird, 2018).

D’après les données recueillies de 1981 à 1985 pour le premier Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (Cadman et al., 1987), la population comprenait alors 50 couples. L’évaluation réalisée par le COSEPAC (COSEWIC, 1994) indiquait que la population estimée comprenait de 18 à 38 couples en Ontario (Cadman et Page, 1994). La population a été estimée à 42 à 50 couples lors de la période de la réalisation du deuxième Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (de 2001 à 2005; Eagles, 2007), mais le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEWIC, 2011) a indiqué que cette estimation ne tenait vraisemblablement pas compte de la probabilité d’événements ponctuels transitoires (brefs et non récurrents) et du déclin dans les carrés occupés entre les périodes de réalisation de l’atlas. Compte tenu d’une estimation de 50 couples dans le premier atlas et d’un déclin observé de 55 % dans le nombre de carrés occupés durant la période entre les atlas, la population de l’Ontario, au moment de la réalisation du deuxième atlas, était vraisemblablement plus faible que l’estimation minimale de 42 couples (COSEWIC, 2011). En 2013, la population canadienne de Parulines polyglottes de la sous-espèce virens a été estimée à moins de 10 couples ou 20 individus matures (M. Cadman, comm. pers., 2013). D’après les relevés ciblés réalisés en 2016 et en 2017, le Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario a estimé qu’il subsistait peut-être maintenant moins de deux couples en Ontario, mais qu’il n’y en avait probablement plus aucun dans la province (M. Burrell, comm. pers., 2018a).

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a connu un déclin marqué dans son aire principale au Canada (Walker, 2012). Wormington (1981) a indiqué que « plus de dix couples » étaient présents dans le parc national de la Pointe-Pelée en 1981. Dix et huit couples ont été observés, respectivement en 1982 et 2005, et en 2008, une recherche systématique a été menée au cours de laquelle seulement trois couples ont été signalés (Walker, 2012). Bien que ces trois années aient été les seules où des relevés officiels ont été effectués dans le parc national de la Pointe-Pelée, même les observations fortuites de la Paruline polyglotte ont été rares au cours des dernières années. Au nombre de ces observations fortuites, deux couples nicheurs ont été signalés en 2007, un en 2009, et la nidification d’un couple a été confirmée à l’intérieur du parc ou à proximité en 2010 (A. Wormington, comm. pers., 2009; V. Minelga, comm. pers., 2013). Deux mâles chanteurs ont été signalés sur des territoires à l’intérieur du parc en 2011, et un en 2012, mais le succès de la reproduction n’a pas été confirmé (L. Cabrera, comm. pers., 2013; V. Minelga, comm. pers., 2013). Un oiseau immature a été observé dans le parc en août 2016 (eBird, 2018), mais on ignore si cet individu témoigne du succès de la reproduction dans le parc.

Figure 2
Figure 2. Répartition de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens en Ontario entre 2001 et 2005 (carte fournie par A. Couturier, Études d'Oiseaux Canada; adaptée de Cadman et al., 2007).
Description longue

La figure 2 représente la répartition de la paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans le sud de l’Ontario entre 2001 et 2005 (adapté de Cadman et al., 2007). Les points colorés indiquent les changements entre la première et la deuxième période de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario. Les points noirs montrent les endroits où l’espèce a été signalée dans le premier atlas, mais non dans le deuxième, tandis que les points jaunes montrent les endroits où l’espèce a été signalée dans le deuxième atlas, mais non dans le premier. Lorsqu’ils sont colorés, les carrés de couleur indiquent la présence possible (jaune), probable (orange) ou confirmé (rouge) de l’espèce. Ces derniers sont concentrés près de la berge nord du Lac Érié et autour de l’île Pelée

Sur l’île Pelée, un grave déclin semble aussi s’être produit, les effectifs étant passés de plus de 10 couples durant le premier Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (1981-1985) à cinq ou six couples en 2008, et à seulement un couple potentiel en 2010 (COSEWIC, 2011; Parks Canada Agency, 2012a). En 2012, le personnel de l’Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée a repéré deux ou peut-être trois territoires sur l’île Pelée (Gibson et al., 2012), et de multiples mentions d’individus chanteurs ont été documentées en 2014, 2015, 2016 et 2018, mais la reproduction n’a pas été confirmée au cours des dernières années (Schott et Onishi, 2014; Gibson et Onishi, 2015; Schott et al., 2016; M. McFarlane, comm. pers., 2017a; M. Burrell, comm. pers., 2018a; P. Kramer, comm. pers., 2018).

En plus du déclin de la population au Canada, il s’est produit une contraction de la partie nord de l’aire de répartition continentale de la Paruline polyglotte de la sous-­espèce virens après une apparente expansion de celle-ci au tournant du 20e siècle (COSEWIC, 2011; Taverner 1906). Le Relevé des oiseaux nicheurs de l’Amérique du Nord (BBS) indique un déclin à long terme de la population dans l’ensemble du nord-est des États-Unis (Sauer et al., 2017); toutefois, le BBS est largement inadéquat pour la surveillance des populations de Parulines polyglottes à la limite nord de l’aire de répartition en raison de la rareté de l’espèce (COSEWIC, 2011). Les projets d’atlas d’oiseaux nicheurs de l’État de New York, de Pennsylvanie et du Michigan mentionnent la réduction du taux d’occupation entre la première et la deuxième période de relevés de l’atlas (McGowan, 2008; Cornell Lab of Ornithology, 2009; Chartier et al.,2011). McGowan (2008) a souligné que la Paruline polyglotte est une espèce du sud et que sa présence dans son aire de reproduction dans l’État de New York est peut-être précaire depuis les 200 dernières années; l’espèce pourrait bien en disparaître complètement dans un proche avenir. Une réduction manifeste de l’aire de répartition de la Paruline polyglotte vers le sud a été signalée dans l’Ohio Breeding Bird Atlas II (Rodewald et al., 2016). Comme au Canada, le déclin et la contraction de l’aire de répartition dans les États voisins pourraient faire en sorte que la répartition se rapproche de la condition historique dans cette région.

3.3 Besoins de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens

La Paruline polyglotte est une espèce dépendanteNote de bas de page 15 d’un couvert ouvert, qui se rencontre dans les arbustaies de début de succession, où la végétation dense et basse est composée de décidus ou de conifères (Eckerle et Thompson, 2001; COSEWIC, 2011). L’espèce est adaptée à la colonisation d’habitats de succession éphémèresNote de bas de page 16 et se déplace vers de nouvelles zones à mesure que de l’habitat devient disponible (Thompson et Nolan, 1973; Eagles, 2007). Elle exploite une grande diversité d’habitats de début de succession : champs agricoles abandonnés envahis par les broussailles, corridors de transport d’électricité, parterres de coupes à blanc, haies, clairières et lisières de forêts et rives de plans ou de cours d’eau (ruisseaux, étangs, marais; voir Eckerle et Thompson, 2001). En Ontario, elle a aussi été observée dans des couloirs ferroviaires, des peuplements de conifères en régénération, des clairières arbustives créées par des chablis et, occasionnellement, dans des fourrés de saules, de frênes et d’ormes situés en bordure de milieux humides (Austen et al., 1994, Eagles, 2007). Des individus ont été observés alors qu’ils nichaient dans des espèces de cornouiller (Cornus sp.), de vigne (Vitis sp.), de ronce (Rubus sp.), d’aubépine (Crataegus sp.), de genévrier (Juniperus sp.) et dans le sumac aromatique (Rhus aromatica; Eagles, 2007; Walker, 2012).

Parmi les trois types d’arbustaies (arbustaies de transition, jeunes et âgées) décrits par Peterjohn (2006), la Paruline polyglotte fréquente les « jeunes arbustaies », aussi connues sous le nom d’arbustaies de début de succession. Les arbustaies de début de succession abritent une plus grande diversité d’oiseaux nicheurs que les arbustaies de transition, et ces communautés d’oiseaux sont principalement formées d’espèces montrant une préférence pour les broussailles denses. Dans les jeunes arbustaies, les espèces ligneuses sont en voie de devenir dominantes, mais il reste des parcelles de végétation herbacée. Les densités de Parulines polyglottes atteignent un sommet lorsque les fourrés arbustifs denses sont abondants, puis diminuent quand la forêt commence à devenir matureNote de bas de page 17. À mesure que les arbustaies de début de succession se développent, les plantes ligneuses (principalement des arbustes et des plantes ligneuses grimpantes < 4,5 m de hauteur) continuent d’empiéter sur la végétation herbacée, et l’habitat devient moins convenable pour l’espèce (Crawford et al., 1981).

Dans un écosystème dont le fonctionnement est naturel (c’est-à-dire avec peu de perturbations anthropiques importantes et/ou intensives), la disponibilité de l’habitat convenant à la nidification et à l’alimentation de la Paruline polyglotte est le résultat de la fréquence et de l’intensité naturelles de perturbations telles que les feux, les infestations d’insectes, les tempêtes saisonnières et les épisodes de vent (Askins, 2002; Askins et al., 2007). Dans un écosystème fortement modifié par l’activité humaine, la disponibilité d’habitat convenant à la nidification et à l’alimentation peut découler d’activités telles que l’exploitation forestière, l’entretien des emprises de routes et de services publics et le pâturage du bétail à faible intensité. En Ontario, la majeure partie de l’habitat convenable se retrouve dans des écosystèmes fortement modifiés par l’activité humaine; cet habitat est vraisemblablement davantage associé à la succession secondaireNote de bas de page 18 (p. ex. les champs agricoles abandonnés) qu’aux forêts naturelles ou coupées, et renferme une plus grande proportion de plantes ligneuses grimpantes et d’arbustes que celle retrouvée habituellement dans les forêts en régénération.

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a évolué de manière à tirer parti de l’habitat dynamique créé par des perturbations périodiques. L’absence de telles perturbations a probablement eu des incidences négatives sur la population de Parulines polyglottes en Ontario, les arbustaies de début de succession ayant été remplacées par la forêt mature (Walker, 2012). En conséquence, la présence de la Paruline polyglotte pourrait être limitée par la disponibilité d’habitat de reproduction convenable dans le sud de l’Ontario. Bien que l’effet de la succession forestière ne soit pas bénéfique à l’espèce, on ignore quelle superficie d’habitat d’arbustaies utilisée par la Paruline polyglotte se trouvait dans son aire principale d’origine et ailleurs en Ontario ou si cet habitat a été créé par l’activité humaine.

Certaines recherches donnent à penser que la Paruline polyglotte pourrait être sensible à la superficie de l’habitatNote de bas de page 19 et préfère un habitat convenable s’étendant sur un grand territoire (p. ex. supérieur à 10 ha; Burhans et Thompson, 1999; Conner et al., 1983; Rodewald et Vitz, 2005), mais une autre étude portant sur la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens en Caroline du Nord a permis de déterminer que la « valeur de superficie optimale » est de 4,4 ha (optimal area value ‒ selon laquelle la probabilité d’occupation d’une parcelle individuelle est de 90 %; Shake et al., 2012). Une recherche réalisée en Caroline du Nord a montré que la superficie minimale de parcelle requise pour soutenir la Paruline polyglotte est de 2,3 ha (Shake et al., 2012). Une recherche sur le comportement d’évitement des lisières et la sensibilité à la superficie menée en Ohio suggère que les grandes parcelles d’habitat comportant très peu de lisières constituent les milieux les plus bénéfiques pour les oiseaux des arbustaies, comme la Paruline polyglotte (Lehnen et Rodewald, 2009a).

À l’intérieur des parcelles d’habitat, des territoires d’une superficie moyenne de 1,2 ha ont été documentés (Thompson et Nolan, 1973). Les territoires de reproduction sont souvent regroupés, ce qui indique une tendance semi-colonialeNote de bas de page 20 (Eckerle et Thompson, 2001). Les étendues continues d’habitat convenable ou les regroupements d’habitats situés à proximité (c.-à-d. à 500 m, cité par Lehnen et Rodewald, 2009b) sont vraisemblablement des caractéristiques importantes qui permettent à plusieurs couples de coloniser une zone.

Selon des études menées en Indiana et en Ohio, la fidélité aux sites est relativement faible chez la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Thompson et Nolan, 1973; Lehnen et Rodewald, 2009b). Au Canada, les sites périphériques sont généralement occupés durant quelques années seulement (Eagles, 2007), et on ignore si les individus qui se reproduisent ou naissent au Canada retournent aux mêmes sites ou dans la même zone générale pour se reproduire au cours des années subséquentes, ou s’ils retournent même au Canada pour se reproduire. La source des individus qui se reproduisent au Canada ou la mesure dans laquelle la population reproductrice au Canada dépend de l’immigration depuis les populations des États-Unis sont aussi inconnues.

Les exigences en matière d’habitat d’hivernage, d’habitat ne servant pas à la reproduction et d’habitat servant d’escale sont semblables à celles de l’habitat de reproduction (végétation ligneuse basse et dense; COSEWIC, 2011). L’habitat d’hivernage de l’espèce comprend des arbustaies composées de végétation ligneuse, dense et basse; des savanes ou des pâturages avec des bouquets d’arbres dispersés; des broussailles et savanes à pins avec massifs denses d’arbustes; des forêts riveraines, des mangroves et des forêts sempervirentes tropicales perturbées (Eckerle et Thompson, 2001).

4 Menaces

4.1 Évaluation des menaces

L’évaluation des menaces pesant sur la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se fonde sur le système unifié de classification des menaces de l’IUCN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature ‒ Partenariat pour les mesures de conservation). Les menaces sont définies comme étant les activités ou les processus immédiats qui ont entraîné, entraînent ou pourraient entraîner la destruction, la dégradation et/ou la détérioration de l’entité évaluée (population, espèce, communauté ou écosystème) dans la zone d’intérêt (mondiale, nationale ou infranationale). Ce processus d’évaluation ne tient pas compte des facteurs limitatifs. Aux fins de l’évaluation des menaces, seulement les menaces présentes et futures sont considérées. Les menaces historiques, les effets indirects ou cumulatifs des menaces ou toute autre information pertinente qui aiderait à comprendre la nature des menaces sont présentés dans la section Description des menaces.

Tableau 2. Tableau d’évaluation des menaces
Menace Description de la menace Impacta Portéeb Gravitéc Immédiatetéd
1 Développement résidentiel et commercial Faible Petite Légère Élevée
1.1 Zones résidentielles et urbaines Faible Petite Légère Élevée
1.2 Zones commerciales et industrielles Négligeable Négligeable Légère Élevée
2 Agriculture et aquaculture Faible Petite Légère Élevée
2.1 Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois Faible Petite Légère Élevée
7 Modifications des systèmes naturels Élevé-moyen Généralisée Élevée Élevée
7.3 Autres modifications de l’écosystème Élevé-moyen Généralisée Élevée Élevée
8 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques Inconnu Généralisée Inconnue Élevée
8.1 Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes Inconnu Généralisée Inconnue Élevée
8.2 Espèces indigènes problématiques Inconnu Généralisée Inconnue Élevée
11 Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents Inconnu Généralisée Inconnue Élevée
11.1 Déplacement et altération de l’habitat Inconnu Généralisée Inconnue Élevée

a Impact – Mesure dans laquelle on observe, infère ou soupçonne que l’espèce est directement ou indirectement menacée dans la zone d’intérêt. Le calcul de l’impact de chaque menace est fondé sur sa gravité et sa portée et prend uniquement en compte les menaces présentes et futures. L’impact d’une menace est établi en fonction de la réduction de la population de l’espèce, ou de la diminution/dégradation de la superficie d’un écosystème. Le taux médian de réduction de la population ou de la superficie pour chaque combinaison de portée et de gravité correspond aux catégories d’impact suivantes : très élevé (déclin de 75 %), élevé (40 %), moyen (15 %) et faible (3 %). Inconnu : catégorie utilisée quand l’impact ne peut être déterminé (p. ex. lorsque les valeurs de la portée ou de la gravité sont inconnues); non calculé : l’impact n’est pas calculé lorsque la menace se situe en dehors de la période d’évaluation (p. ex. l’immédiateté est non significative/négligeable ou faible puisque la menace n’existait que dans le passé); négligeable : lorsque la valeur de la portée ou de la gravité est négligeable; n’est pas une menace : lorsque la valeur de la gravité est neutre ou qu’il y a un avantage possible.

b Portée – Proportion de l’espèce qui, selon toute vraisemblance, devrait être touchée par la menace d’ici 10 ans. Correspond habituellement à la proportion de la population de l’espèce dans la zone d’intérêt (généralisée = 71-100 %; grande = 31-70 %; restreinte = 11-30 %; petite = 1-10 %; négligeable < 1 %).

c Gravité – Au sein de la portée, niveau de dommage (habituellement mesuré comme l’ampleur de la réduction de la population) que causera vraisemblablement la menace sur l’espèce d’ici une période de 10 ans ou de 3 générations (extrême = 71-100 %; élevée = 31-70 %; modérée = 11-30 %; légère = 1-10 %; négligeable < 1 %; neutre ou avantage possible ≥ 0 %).

d Immédiateté – Élevée = menace toujours présente; modérée = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à court terme [< 10 ans ou 3 générations]) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à court terme); faible = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à long terme) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à long terme); non significative/négligeable = menace qui s’est manifestée dans le passé et qui est peu susceptible de se manifester de nouveau, ou menace qui n’aurait aucun effet direct, mais qui pourrait être limitative.

4.2 Description des menaces

Un certain nombre de menaces contribuent au déclin de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens; bien que chaque menace puisse avoir un impact élevé, moyen, faible ou négligeable/inconnu (voir le tableau 2), on s’attend à ce que les effets cumulatifs de certaines combinaisons de ces menaces aient un impact global élevé à moyen sur la population (Master et al., 2012). Au nombre de ces menaces, les plus importantes semblent être les modifications de l’écosystème qui réduisent la quantité d’habitat de reproduction convenable disponible, mais un certain nombre d’inconnues relatives à la gravité des autres menaces potentielles demeure. Les répercussions directes de la plupart des menaces pesant sur la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada peuvent être atténuées par le fait que la majorité des couples nicheurs dans l’aire principale tendent à se retrouver à l’intérieur d’aires protégées ou de conservation. Néanmoins, les effets à l’échelle régionale et du paysage peuvent avoir des incidences sur les populations reproductrices locales.

Menace 1 (UICN). Développement résidentiel et commercial

1.1 Zones résidentielles et urbaines et 1.2 Zones commerciales et industrielles

Le développement des zones résidentielles et urbaines peut entraîner le remplacement des arbustaies par des bâtiments, des pelouses et des rues. Le développement résidentiel qui entraîne une réduction de la superficie des parcelles d’habitat peut aussi présenter une menace pour la Paruline polyglotte. Des études réalisées en Ohio et au Missouri indiquent que la Paruline polyglotte manifeste une certaine sensibilité à la superficie de l’habitat (COSEWIC, 2011). Lehnen et Rodewald (2009a) ont constaté qu’il existait une relation significative entre l’abondance de la sous-espèce et la superficie de la parcelle d’habitat. Les résultats de leur étude corroborent ceux d’autres recherches qui montrent la sensibilité de cette sous-espèce à la superficie (Burhans et Thompson, 1999; Rodewald et Vitz, 2005).

Alors que la plupart des mentions récentes de nidification de l’espèce ont été signalées dans des aires protégées et de conservation dans l’aire principale, la Paruline polyglotte peut aussi nicher sur des terres privées avoisinantes qui pourraient faire l’objet de demandes de développement. Une étude portant sur une population de l’Indiana a montré que la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est relativement peu fidèle à l’égard des sites de reproduction (Thompson et Nolan, 1973); par conséquent, l’effet de la menace pourrait être réduit s’il existait un autre site de reproduction à proximité vers lequel les oiseaux pourraient se déplacer. Le développement de zones commerciales et industrielles est moins probable dans l’aire principale où la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se rencontre au Canada, puisque la plupart des occurrences ont été signalées à l’intérieur de terres protégées ou de conservation. Cependant, alors que les activités de développement pourraient limiter la disponibilité d’habitat convenable à l’extérieur de ces terres, la collaboration avec les propriétaires fonciers et d’autres parties intéressées pourrait réduire l’impact de cette menace.

Menace 2 (UICN). Agriculture et aquaculture

2.1 Cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois

Le défrichage des milieux de début de succession à des fins agricoles rend l’habitat non convenable pour la Paruline polyglotte si les arbustaies denses ne sont pas conservées dans les zones avoisinantes, et peut limiter l’approvisionnement futur en habitat convenable. Au Canada, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se rencontre le plus fréquemment dans l’extrême sud-ouest de l’Ontario, une région presque entièrement cultivée de manière intensive. Au cours des 80 dernières années, de grandes zones de prairies de fauche et de pâturages en Ontario ont été converties, passant des cultures fourragères à des cultures en rangs (p. ex. le blé, le maïs et le soja; OBORT, 2005). L’intensification de l’agriculture a entraîné la perte des pâturages parsemés d’arbustes et d’autres milieux agricoles couverts d’arbustes qui sont privilégiés par les espèces d’arbustaies de début de succession, comme la Paruline polyglotte (Ontario Partners in Flight, 2008). Dans certaines parties du sud de l’Ontario, les terres de pâturage sont converties en cultures, et les haies et les fourrés sont enlevés pour augmenter la superficie des champs existants. La majorité de ces activités se sont déjà produites dans l’aire de répartition de la Paruline polyglotte en Ontario, mais elles continuent à certains endroits. Cette menace se rencontre seulement à l’extérieur des parcs et des aires protégées où la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens a été signalée, et se pose donc principalement en dehors de l’aire principale occupée à l’heure actuelle par la sous-espèce. Sur l’île Pelée, des représentants de Conservation de la nature Canada et d’autres partenaires participent à la remise en état d’anciennes terres agricoles (McFarlane, comm. pers., 2017a), ce qui contribue à accroître la quantité d’habitat disponible. Le canton de Pelée travaille avec les propriétaires fonciers et les organisations partenaires en vue de protéger activement les terres de conservation prioritaires sur l’île Pelée; à l’heure actuelle, un total de 18 % de l’île est réservé à des fins de conservation (MNRF, 2017), ce qui pourrait réduire davantage l’impact de cette menace sur la Paruline polyglotte.

Menace 7 (UICN). Modifications des systèmes naturels

7.3 Autres modifications de l’écosystème

La principale menace pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est la diminution de la disponibilité de son habitat de prédilection (stade arbustif de la succession végétale) (COSEWIC, 2011; COSSARO, 2017). Dans le passé, le maintien de cet habitat dépendait d’une certaine forme de perturbation naturelle, comme le feu. De l’habitat convenable est encore disponible dans l’aire principale de l’espèce, ailleurs dans le sud de l’Ontario et dans l’ensemble de l’aire de répartition régionale, mais la plus grande partie de l’habitat de cette espèce a été perdue, les terres agricoles abandonnées de la région s’étant reboisées (Askins, 2000). Dans la région physiographique des plaines des Grands Lacs inférieursNote de bas de page 21, la superficie des arbustaies de début de succession a diminué de plus de 50 % depuis 1966 (Dettmers et Rosenberg, 2003). Cette situation a eu des répercussions sur l’étendue, la continuité et le caractère convenable de l’habitat de végétation de début de succession dans l’ensemble de l’aire de répartition de la Paruline polyglotte. Le paysage tend à être composé soit de terres agricoles dégagées, soit de forêts à couvert fermé. En l’absence de perturbations ou si aucune mesure de gestion n’est prise pour cet habitat au moyen de processus naturels comme le feu, la succession végétale rendra non convenables les zones qui sont utilisées par la Paruline polyglotte pour nicher.

Menace 8 (UICN). Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques

8.1 Espèces ou agents pathogènes exotiques (non indigènes) envahissants

Certaines espèces non indigènes peuvent avoir une incidence directe sur la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, mais leurs effets peuvent être positifs ou négatifs, de sorte que l’impact global est inconnu. On sait que cette sous-espèce subit la prédation des chats domestiques (T. Dobbie, comm. pers., 2017), et une espèce introduite, l’écureuil fauve (Sciurus niger), qui est un des prédateurs potentiels de la Paruline polyglotte (COSEWIC, 2011), est abondante sur l’île Pelée (M. McFarlane, comm. pers., 2017b).

Des espèces envahissantes d’arbustes, telles que le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica), sont présentes à certains endroits où la Paruline polyglotte a été observée récemment (McFarlane, comm. pers., 2017), ce qui pourrait avoir des conséquences sur la disponibilité ou la qualité de la nourriture dans les arbustaies fréquentées par les parulines. Stoleson et Finch (2001) ont constaté que, au Nouveau-Mexique, les Parulines polyglottes préféraient nicher sur les oliviers de Bohême (Elaeagnus angustifolia), une espèce exotique, mais ils n’ont pas observé de différences en termes de succès de la nidification entre ces nids et les nids construits sur les espèces indigènes. Des travaux de recherche sur d’autres oiseaux migrateurs ont permis de trouver une corrélation positive entre la masse corporelle et les arbustaies indigènes (par opposition aux arbustaies où prédominent les espèces exotiques) dans les haltes migratoires (Oguchi et al., 2017), ce qui indique que l’habitat de plus grande qualité fourni par les arbustaies composées majoritairement d’espèces indigènes joue un rôle important à certains moments dans le cycle biologique des oiseaux migrateurs. Cependant, une étude sur les Moqueurs chats nicheurs a permis de constater que la qualité des oisillons était positivement corrélée à l’invasion par des chèvrefeuilles (Lonicera spp.) (Gleditsch et Carlo, 2014). On ne sait pas quel effet ont les espèces végétales non indigènes/envahissantes sur la Paruline polyglotte en Ontario.

Les ravageurs forestiers exotiques envahissants, comme l’agrile du frêne, coléoptère indigène de l’est de l’Asie, pourraient être bénéfiques pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada et ailleurs dans son aire de répartition. L’agrile du frêne a tué des millions de frênes (Fraxinus sp.) dans le sud-ouest de l’Ontario, au Québec, au Michigan et dans les États voisins depuis sa découverte en Amérique du Nord en 2002 (Natural Resources Canada, 2016). La disparition des frênes peut mener à la création des arbustaies dégagées utilisées par la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. En mai 2012, un individu mâle défendant son territoire a été observé à l’île Pelée, dans une zone où la strate arborée avait été complètement tuée par l’agrile du frêne et avait fait place à une dense strate arbustive (M. Burrell, comm. pers., 2018b).

8.2 Espèces indigènes problématiques

Le Vacher à tête brune, une espèce qui ne construit pas de nid mais parasite celui d’autres espèces, a étendu son aire de répartition dans le nord de l’aire de reproduction de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens, après le déboisement et le développement agricole qui ont eu lieu à la fin du 19e siècle (Falk, 2007). Même s’il y avait probablement des vachers dans le sud du Michigan avant le 19e siècle, ils n’ont pas été observés en Ontario avant les années 1870 (Falk, 2007). Sur 16 nids répertoriés en Ontario par Peck et James (1987), 25 % étaient parasités par le Vacher à tête brune. Eckerle et Thompson (2001) ont mesuré des taux de parasitisme par les vachers variant entre 5 et 91 % dans différentes régions de l’aire de répartition de la Paruline polyglotte. Ils ont également constaté que les œufs de l’hôte disparaissaient des nids parasités, ce qui donne à penser que les vachers les enlèvent parfois. Cependant, certaines études avancent que les oisillons de la Paruline polyglotte sont capables de faire compétition aux jeunes vachers et de survivre jusqu’à l’envol (Eckerle et Thompson, 2001). On ne connaît donc pas avec certitude le plein effet du parasitisme des nids comme menace pesant sur le succès de reproduction de la Paruline polyglotte en Ontario.

Outre le parasitisme des nids, les populations nombreuses de prédateurs peuvent avoir une incidence significative sur le succès de la nidification. On possède peu d’information sur la déprédation affectant les adultes ou les jeunes, mais on sait que divers prédateurs s’attaquent aux nids de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Parmi ces prédateurs, on retrouve le tamia rayé (Tamias striatus), le Geai bleu (Cyanocitta cristata), la Corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos) et diverses espèces de serpents et de couleuvres. Il existe peu d’information sur les taux de prédation des nids en Ontario, mais celle-ci a causé environ 94 % de tous les échecs de la nidification documentés dans une étude effectuée en Indiana (Thompson et Nolan, 1973).

La communauté de prédateurs de l’est de l’Amérique du Nord qui était présente dans l’habitat occupé par la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens avant l’arrivée des colons était probablement très différente de la communauté existant dans les paysages modifiés par l’humain. Avant la colonisation, bon nombre d’arbustaies de début de succession ne se trouvaient que dans les clairières naturelles. L’habitat de reproduction utilisé dans ces clairières naturelles abritait probablement un éventail de prédateurs beaucoup moins diversifié que celui qui s’y trouve aujourd’hui. Outre les espèces mentionnées ci-dessus, il y a d’autres prédateurs dont les effectifs semblent avoir augmenté avec l’essor des activités humaines, notamment des mammifères comme le coyote (Canis latrans), le raton laveur (Procyon lotor) et l’opossum de Virginie (Didelphis virginiana). La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens ne semble pas avoir adapté son comportement de nidification à cette augmentation de la diversité des prédateurs (Ricketts et Ritchison, 2000; COSEWIC, 2011).

Menace 11 (UICN). Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents

11.1 Déplacement et altération de l’habitat

Les effets des changements climatiques contribuent probablement à une expansion vers le nord de l’aire de répartition de nombreuses espèces d’Amérique du Nord, ce qui leur permet de se reproduire plus au nord qu’auparavant. Toutefois, l’expansion vers le nord de la Paruline polyglotte sera probablement limitée par le manque d’habitat convenable pour sa reproduction. On ne comprend pas encore entièrement les conséquences négatives potentielles des changements climatiques; les effets que les changements climatiques pourraient avoir sur l’espèce, de même que les interactions possibles entre ces changements et une contraction régionale de l’aire de répartition, restent inconnus.

5 Objectifs en matière de population et de répartition

Les objectifs en matière de population et de répartition pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada sont les suivants :

Objectif à court terme (10 ans) :

  • Freiner le déclin actuel et assurer une superficie suffisante d’habitat convenable pour soutenir au moins huit couples à l’intérieur de l’aire principale de la sous-espèce.

Objectif à long terme (au-delà de 10 ans)

  • Atteindre une tendance démographique stable dans l’aire de répartition canadienne connue.

L’objectif à court terme permet de prévenir la disparition potentielle de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada en arrêtant le déclin et en fournissant suffisamment d’habitat convenable pour soutenir le nombre de couples récemment observés dans l’aire principale de l’espèce, où des individus persistent chaque année. Cependant, il est probable que la population canadienne reflétera les tendances régionales; si le déclin de la population régionale se poursuit et que la tendance de la population ne se renverse pas, il pourrait être impossible à court terme de freiner le déclin au Canada.

Pour atteindre l’objectif à court terme au Canada, il faut entreprendre immédiatement la gestion anticipée de l’habitat dans l’aire principale de l’espèce pour s’assurer qu’il y aura une superficie suffisante d’habitat convenableNote de bas de page 22 durant la période de 10 ans et au-delà.La cible en matière d’habitat (habitat suffisant pour soutenir huit couples) est fondée sur les estimations de la population dans l’aire principale en 2008. À l’époque, on avait observé trois couples dans le parc national de la Pointe-Pelée et de cinq à six couples sur l’île Pelée (COSEWIC, 2011; Walker, 2012). Ces cibles à court terme pour l’habitat devraient être traitées comme des objectifs minimaux. On devrait viser le maintien d’une superficie suffisante d’habitat et de parcelles pouvant abriter plus de huit couples dans l’aire principale, en sachant que l’occupation de parcelles individuelles peut être irrégulière d’une année à l’autre à cause de la variation annuelle potentielle du caractère convenable de l’habitat et des taux d’immigration.

Une superficie d’habitat convenable suffisante pour soutenir huit couples pourrait déjà être disponible ou devenir disponible dans un proche avenir dans l’aire principale, et des mesures de gestion de l’habitat sont déjà en cours. Dans le Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée et les lieux historiques nationaux du Canada du Niagara, l’Agence Parcs Canada (2016) a déjà proposé de gérer au moins quatre hectares d’habitat pour la Paruline polyglotte dans le parc national de la Pointe-Pelée. Sur l’île Pelée, le canton de Pelée travaille actuellement avec des propriétaires de terres privées et des organismes partenaires pour la création et l’expansion de réserves naturelles et pour l’intégration d’autres initiatives de conservation.

On a établi un objectif à long terme qui consiste à maintenir une tendance démographique stable au Canada. Étant donné que la persistance de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada dépend probablement de la condition de la population régionale, il pourrait être impossible de maintenir une tendance stable des populations au Canada à long terme si le déclin de la population régionale se poursuit.

À ce stade-ci, on ignore si un nombre d’individus précis et une répartition précise sont nécessaires au maintien d’une tendance démographique stable au Canada. Il est possible qu’une population stable au Canada reflète la condition historique, soit une population relativement petite et une répartition limitée. À long terme, si les tendances de la population régionale sont renversées ou stabilisées, il pourrait même être possible d’augmenter la taille de la population canadienne pour qu’elle atteigne les niveaux d’effectif établis lors d’estimations récentes (p. ex. 18 à 38 couples [Cadman et Page, 1994]). Un objectif quantitatif révisé à long terme pourrait être inclus dans une mise à jour du programme de rétablissement ou dans un ou plusieurs plans d’action visant l’espèce. Tout objectif quantitatif futur à long terme devrait être établi en gardant à l’esprit les cibles régionales (p. ex. région de conservation des oiseaux 13) et continentales ainsi que tout déclin des populations à l’échelle de l’aire de répartition ou tout déplacement de la répartition, afin de veiller à la persistance de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada.

Pour atteindre une tendance démographique stable, il faudra mettre en œuvre des mesures de gestion de l’habitat convenable et d’atténuation des menaces, lorsque ce sera possible sur les plans biologique et technique. Tout effort de conservation à l’extérieur de l’aire principale devrait être axé sur des zones situées près d’occurrences de nidification récentes, particulièrement près de la pointe Pelée et de l’île Pelée, afin d’accroître la probabilité d’occupation et la contribution à la population nationale. La taille de la population canadienne et la disponibilité de l’habitat convenable devraient être évaluées de façon périodique dans le but de déterminer si une superficie suffisante d’habitat convenable est disponible pour soutenir une population connaissant une tendance stable ou en croissance.

6 Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

On trouve de nombreux milieux et espèces en péril dans la région carolinienneNote de bas de page 23 du sud-ouest de l’Ontario, pour lesquels des documents de planification du rétablissement ont été élaborés ou sont en préparation et qui sont visés par un certain nombre d’activités d’intendance, de gestion et de suivi. Les plans et autres activités mentionnés ci-dessous ont une incidence particulière sur la gestion de l’habitat de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens.

Gestion de l’habitat/des sites

  • Le plan officiel du canton de Pelée comprend des éléments dont il faut tenir compte pour protéger et améliorer le milieu naturel de l’île. Actuellement, une superficie de 18 % de l’île Pelée a été désignée à des fins de conservation. Au canton de Pelée, on travaille actuellement avec des propriétaires de terres privées et des organismes partenaires pour la création et l’expansion de réserves naturelles sur l’île et pour l’intégration d’autres initiatives de conservation. Un comité consultatif de l’environnement pour l’île Pelée, composé de représentants municipaux, provinciaux et d’organismes non gouvernementaux, collabore sur des enjeux importants touchant l’environnement.
  • Le Plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national du Canada de la Pointe-Pelée et les lieux historiques nationaux du Canada du Niagara (Parks Canada Agency, 2016) comprend des mesures visant la conservation de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans le parc national de la Pointe-Pelée.
  • Le plan de gestion intégrée de la végétation pour le parc national de la Pointe-Pelée (Integrated Vegetation Management Plan for Point Pelee National Park) comprend un objectif visant à améliorer l’habitat des espèces en péril, y compris pour la Paruline polyglotte (Parks Canada Agency, 2012b). Parcs Canada a lancé le projet de remise en état de l’habitat de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Yellow-breasted Chat (Icteria virens virens) Habitat Restoration Project) afin d’augmenter l’habitat convenable disponible dans le parc national de la Pointe-Pelée (Parks Canada Agency, 2017).
  • Le personnel du Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario a effectué des dénombrements au moyen de points de repasse de chants dans l’habitat convenable dans l’ensemble de l’île Pelée en 2016, et dans d’autres sites du sud-ouest de l’Ontario en 2017.
  • La stratégie de remise en état des savanes des flèches de sable du lac Érié (Lake Erie Sand Spit Savannah Restoration Strategy) comprend des dispositions pour s’assurer que les fourrés dont la Paruline polyglotte a besoin sont conservés lorsque les savanes sont modifiées par des brûlages dirigés (Parks Canada Agency, 2012c).
  • Le plan de gestion des incendies dans le parc national de la Pointe-Pelée (Fire Management Plan for Point Pelee National Park) profite aux espèces en péril ayant besoin d’écosystèmes dépendants des perturbations ainsi qu’aux espèces pour lesquelles les conditions post-incendie conviennent mieux à la nidification, notamment la Paruline polyglotte (Parks Canada Agency, 2012d).
  • La gestion de la réserve naturelle Ojibway Prairie par le service des parcs et des activités récréatives de la Ville de Windsor et le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario comprend des activités qui font la promotion des milieux de début de succession (Environment Canada, 2011).
  • Une des mesures de rétablissement décrites dans l’ébauche du programme de rétablissement des écosystèmes de l’île Walpole (Draft Walpole Island Ecosystem Recovery Strategy) (Bowles, 2005) est la sensibilisation de la communauté aux espèces en péril, dont la Paruline polyglotte. Divers outils promotionnels ont été utilisés dans la communauté de la Première Nation de Walpole Island à cette fin. Le centre du patrimoine de la Première Nation de Walpole Island (Walpole Island Heritage Centre) a loué à bail des terres (baux de cinq ans) à des fins de conservation pour réduire le taux de conversion en terres agricoles des savanes et des prairies à herbes hautes. Plus de 120 hectares de prairies à herbes hautes, de savanes à chênes et de forêts ont été protégés depuis 2001 par l’entremise de baux et d’acquisitions. Le Walpole Island Land Trust a été créé en 2008 dans le but d’assurer la conservation de terres de la Première Nation de Walpole Island. Des projets d’intendance visant de multiples espèces en péril ont été entrepris, dont certains sont achevés, y compris l’élaboration de plans de gestion de l’habitat et d’atténuation des menaces, des relevés d’espèces et d’habitats, et des activités de lutte contre des plantes envahissantes ou d’enlèvement de celles-ci.
  • Le plan d’action pour la conservation des zones naturelles des îles de l’ouest du lac Érié (Western Lake Erie Islands Natural Area Conservation Action Plan) a été établi en 2007 par Conservation de la nature Canada (CNC). La Paruline polyglotte devrait bénéficier directement des activités promues dans ce plan, telles que l’augmentation de la couverture naturelle et l’amélioration/la remise en état des milieux de début de succession, comme les arbustaies (Nature Conservancy of Canada, 2007).
  • Le plan d’action pour la conservation des forêts et des milieux humides d’Essex (Essex Forests and Wetlands Conservation Action Plan), qui vise toute la région de la pointe Pelée, y compris le parc national, a été établi en 2009 par la Carolinian Canada Coalition (Ferguson et al., 2009). Des plans d’action pour la conservation visant les secteurs de Hamilton et de Short Hills-Fonthill ont été établis en 2010. Ces plans ont un effet bénéfique pour la Paruline polyglotte grâce à la mise en œuvre de méthodes de gestion qui sont compatibles avec ses besoins (Jalava et al., 2010).
  • Sur l’île Pelée, le site de Brown’s Road de CNC (aussi connu sous le nom Florian Diamante Nature Reserve) et la propriété Richard et Beryl Ivey ont été remis en état; les espèces envahissantes ont été enlevées et des graminées et des arbustes indigènes ont été plantés, ce qui devrait être bénéfique pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Une superficie d’au moins 19 ha d’anciennes terres agricoles a été remise en état (M. McFarlane, comm. pers., 2013).

Suivi de la population/suivi de l’habitat

  • Parcs Canada et Études d’Oiseaux Canada ont établi une série de stations au parc national de la Pointe-Pelée dans le cadre du Programme de surveillance des oiseaux forestiers et en ont fait le suivi durant la période 1995-2008, exception faite de 2004. Ces mêmes stations de surveillance des oiseaux forestiers, combinées à d’autres stations situées dans les savanes, ont fait l’objet d’un suivi pendant la période de reproduction, effectué à la fois par des observateurs et à l’aide de méthodes acoustiques, durant la période 2009-2013 (Baldo, 2009; Celis-Murillo et Deppe, 2011).
  • Depuis 2006, l’Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée et CNC effectuent des relevés annuels visant la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens et son habitat dans le sud-ouest de l’Ontario, en particulier sur l’île Pelée. L’Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée effectue des relevés dans des sites sélectionnés sur l’île Pelée en 2018 pour documenter les occurrences et l’utilisation de l’habitat (P. Kramer, comm. pers., 2017).
  • En 2009, grâce au soutien financier du Fonds autochtone pour les espèces en péril du Canada, des relevés des oiseaux nicheurs et de la végétation ont été effectués par la communauté Six Nations of the Grand River afin de repérer de l’habitat potentiel pour plusieurs espèces en péril, y compris la Paruline polyglotte.
  • En juin 2010, le Service canadien de la faune a dirigé des relevés de la Paruline polyglotte dans 13 sites du sud-ouest de l’Ontario qui étaient occupés entre 2001 et 2009, selon les données.
  • L’Université de Waterloo, en collaboration avec Parcs Canada, a effectué des relevés des oiseaux dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2010, visant spécifiquement la Paruline polyglotte en tant qu’espèce d’intérêt. Parcs Canada et l’Observatoire d’oiseaux de l’île Pelée ont installé des filets japonais, qui sont utilisés pour capturer des passereaux, afin de cibler la Paruline polyglotte au complexe Anders Field dans le parc national de la Pointe-Pelée, en 2010.
  • La modélisation de l’habitat convenable a été effectuée pour la Paruline polyglotte dans le parc national de la Pointe-Pelée en 2010 (Parks Canada, 2012a).

6.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

Tableau 3. Tableau de planification du rétablissement
Menace ou élément limitatif Stratégie générale pour le rétablissement Prioritéi Description générale des approches de recherche et de gestion
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Gestion de l’habitat/des sites Élevée
  • Élaborer, au besoin, des pratiques de gestion écosystémiques pour la gestion des communautés arbustives et promouvoir leur mise en œuvre dans le but d’établir un équilibre entre les besoins de la Paruline polyglotte et ceux d’autres espèces rares et en péril.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Gestion de l’habitat/des sites Élevée
  • Gérer l’habitat à l’intérieur de l’aire principale de la sous-espèce pour s’assurer qu’une superficie suffisante (c.-à-d. pouvant soutenir au moins 8 couples) d’habitat convenable est disponible dans le parc national de la Pointe-Pelée et sur l’Île Pelée au cours de toute période de reproduction. Cette mesure peut nécessiter une gestion échelonnée de l’habitat à l’échelle d’un site ou du paysage pour s’assurer qu’on peut fournir de l’habitat de manière continue d’une année à l’autre.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Gestion de l’habitat/des sites Élevée
  • Envisager l’utilisation de la repasse de chants pour attirer des Parulines polyglottes à la recherche d’un partenaire dans les habitats convenables des sites ayant fait l’objet d’une gestion.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Gestion de l’habitat/des sites Élevée
  • Repérer les zones prioritaires situées près des occurrences de nidification récentes et encourager les propriétaires fonciers à gérer/maintenir l’habitat pour cette sous-espèce. Les emplacements à priorité élevée peuvent inclure les sites dans la région de conservation des oiseaux 13 à l’intérieur et à proximité du parc national de la Pointe-Pelée, de l’île Pelée, du parc provincial Rondeau et de la réserve naturelle provinciale Ojibway Prairie.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Gestion de l’habitat/des sites Élevée
  • Étudier les possibilités de préserver l’habitat occupé, convenable ou pouvant être remis en état et/ou d’en assurer l’intendance au moyen de mécanismes tels que l’acquisition de terres par des organisations de conservation et l’établissement d’accords d’intendance.
Lacunes dans les connaissances Suivi de la population/suivi de l’habitat Élevée
  • Effectuer des relevés exhaustifs (p. ex. des relevés ciblés avec diffusion de chants et des évaluations de la végétation) aux endroits où l’on observe la Paruline polyglotte pendant la période de reproduction pour déterminer où elle se reproduit actuellement; effectuer le suivi de ces sites pour déterminer la productivité, les menaces et les tendances de la population.
Lacunes dans les connaissances Suivi de la population/suivi de l’habitat Élevée
  • Faire le suivi de l’habitat et déterminer les menaces dans les sites occupés à l’intérieur et à l’extérieur de l’aire principale.
Lacunes dans les connaissances Suivi de la population/suivi de l’habitat Élevée
  • Maintenir une base de données contenant les coordonnées des emplacements et les caractéristiques des sites de nidification afin d’orienter les activités de recherche et la gestion de l’habitat.
Lacunes dans les connaissances Suivi de la population/suivi de l’habitat Moyenne
  • Encourager les ornithologues amateurs et les organisations de conservation à rapporter leurs observations de la Paruline polyglotte pendant la période de reproduction aux organismes gouvernementaux (p. ex. Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario).
Lacunes dans les connaissances Suivi de la population/suivi de l’habitat Moyenne
  • Collaborer avec les partenaires régionaux afin de compiler et de partager les données sur les conditions historique et actuelle dans les États voisins, pour améliorer notre compréhension de la contraction de l’aire de répartition et de la variation historique de la répartition et de l’abondance.
  • Utiliser les renseignements ainsi recueillis pour préciser les objectifs en matière de population et de répartition ainsi que l’habitat essentiel, au besoin.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Sensibilisation et communication pour assurer l’intendance Élevée
  • Collaborer avec les gouvernements, les municipalités, les organisations de conservation et les propriétaires fonciers afin de promouvoir des approches de gestion de l’habitat multiespèces qui sont compatibles avec les besoins de la Paruline polyglotte, des autres espèces en péril ainsi que des types d’habitat rares.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème Sensibilisation et communication pour assurer l’intendance Moyenne
  • Collaborer avec les homologues des États-Unis, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud pour décrire les caractéristiques de l’habitat d’hivernage; étudier des mécanismes permettant de conserver l’habitat d’hivernage et de migration important.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Élevée
  • Déterminer les caractéristiques de l’habitat de reproduction convenable (besoins en matière de végétation et d’espace) en Ontario et dans les emplacements adjacents, en collaboration avec les partenaires régionaux.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Élevée
  • Effectuer des analyses pour quantifier le risque de disparition, préciser les objectifs en matière de population et de répartition et déterminer la superficie d’habitat convenable nécessaire pour atteindre ces objectifs.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Moyenne
  • Évaluer les effets de diverses techniques de gestion de l’habitat sur l’abondance, la productivité et la fidélité aux sites de la Paruline polyglotte et d’autres oiseaux terrestres des milieux arbustifs et de début de succession.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Élevée
  • Évaluer la superficie et l’emplacement de l’habitat convenable disponible pour les Parulines polyglottes au Canada, en particulier à proximité de l’aire principale.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Faible
  • Évaluer les effets des espèces envahissantes sur la productivité de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans son aire de répartition canadienne. S’il est déterminé que ces espèces constituent un facteur limitatif pour la productivité de la Paruline polyglotte, trouver des stratégies d’atténuation.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Faible
  • Évaluer les effets du parasitisme des nids par le Vacher à tête brune sur la productivité de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans son aire de répartition canadienne. Si l’on détermine qu’il s’agit d’un facteur limitatif pour la productivité de la sous-espèce, trouver des stratégies d’atténuation.
Développement résidentiel et commercial, agriculture et aquaculture, cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, autres modifications de l’écosystème, espèces exotiques (non indigènes) envahissantes, espèces indigènes problématiques, lacunes dans les connaissances Recherche Faible
  • Évaluer les effets de la prédation des nids sur la population de la sous-espèce virens dans son aire de répartition canadienne. Si l’on détermine qu’elle limite la productivité de la sous-espèce, élaborer des stratégies pour atténuer cette menace.

i « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle la stratégie générale contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce.

7 Habitat essentiel

7.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, ainsi que les activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Aux termes du paragraphe 2(1) de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

L’habitat essentiel est actuellement désigné pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans son aire principale au Canada (c.-à-d. le parc national de la Pointe-Pelée et l’île Pelée), là où la disponibilité de l’habitat convenable sera nécessaire pour l’atteinte des objectifs à court et à long terme. On ignore actuellement si l’occupation des sites à l’extérieur de l’aire principale sera nécessaire à l’atteinte d’une tendance stable des populations au Canada. Si l’occupation de ces sites ou de sites additionnels dans l’aire principale est jugée nécessaire, alors l’habitat essentiel dans ces sites pourra être désigné dans une version modifiée du présent programme de rétablissement. Entre-temps, on encourage la mise en œuvre de mesures de gestion visant à ce que l’habitat réponde aux besoins de la Paruline polyglotte à l’intérieur ou à proximité des emplacements récemment occupés.

L’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada est désigné comme étant l’étendue des caractéristiques biophysiques (voir la section 7.1.2) qui se trouvent dans les zones contenant de l’habitat essentiel décrites à la section 7.1.1 (tableau 4; figures 3 et 4). La désignation de l’habitat essentiel est considérée comme partielle, car l’habitat désigné pourrait ne pas suffire pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada. On a établi un calendrier des études (section 7.2) afin d’obtenir les renseignements nécessaires pour achever la désignation de l’habitat essentiel en vue de l’atteinte de ces objectifs.

Pour obtenir plus d’information sur la désignation de l’habitat essentiel, veuillez communiquer avec Environnement et Changement climatique Canada – Service canadien de la faune, par courriel à : ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

7.1.1 Zones renfermant de l’habitat essentiel

Au Canada, la présence et la persistance de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dépendent d’une zone plus grande que celle occupée par les individus de l’espèce. La zone doit contenir des éléments écologiques ou du paysage qui favorisent le maintien des caractéristiques biophysiquesNote de bas de page 24 utilisées par la sous-espèce et qui permettent le déroulement des processus naturels associés à la dynamique des populations et à la reproduction.

Les zones renfermant de l’habitat essentiel sont déterminées comme suit :

  1. Les emplacements dans l’aire principale de l’espèce où l’occupation sur plusieurs années est démontrée, c’est-à-dire où des observations ont été effectuées pendant la période de reproduction (10 mai au 20 juilletNote de bas de page 25) au cours de chacune de deux années distinctes depuis 2007Note de bas de page 26, les observations se trouvant à moins de 500 m l’une de l’autre;
  2. Les parcelles d’habitat adjacentesNote de bas de page 27 qui :
    1. sont situées dans un rayon de 500 mètres d’une observation indiquée au point (1) ET
    2. recoupent une observation indiquée au point 1.

Les zones contenant l’habitat essentiel sont délimitées selon un rayon de 500 m autour des observations indiquées au point (1). Dans ces zones, l’habitat essentiel se trouve uniquement là où les caractéristiques biophysiques (section 7.1.2) sont présentes. Les parties de ces zones qui ne présentent pas les caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel (p. ex. pelouses tondues, terres agricoles) ne sont donc pas considérées comme de l’habitat essentiel.

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est très discrète, et il est souvent difficile de confirmer sa présence (elle passe généralement inaperçue pendant les relevés classiques) à cause de son comportement furtif et de sa tendance à construire son nid dans les fourrés denses et enchevêtrés qui sont souvent impénétrables pour les observateurs (Eckerle et Thompson, 2001; Cadman et Page, 1994). C’est pourquoi toutes les mentions d’observations recueillies au cours de la période de reproduction, et pas seulement les mentions de nidification confirmée, sont utilisées pour évaluer l’occupation d’un emplacement, tel qu’il est décrit au point (1).

La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens semble faire preuve d’une fidélité limitée aux sites de reproduction (c.-à-d. que les individus ne sont pas nécessairement fidèles à des parcelles d’habitat spécifiques); cependant, on a documenté des cas d’individus retournant à une zone générale. Certaines études (voir p. ex. Thompson et Nolan, 1973) ont révélé que, en raison de son manque de fidélité aux sites, l’espèce est remarquablement mobile, ce qui laisse supposer qu’elle est douée pour trouver un habitat approprié et qu’elle est toujours en mouvement à la recherche d’habitat convenable. Pendant la période de reproduction, la distance moyenne de déplacement de l’espèce entre les parcelles serait de 500 m (Lehnen et Rodewald, 2009b).

7.1.2 Caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel

L’habitat essentiel se trouve là où les caractéristiques biophysiques suivantes sont présentes dans des parcelles d’une superficie d’au moins 1,2 haNote de bas de page 28 à l’intérieur des zones renfermant de l’habitat essentiel (section 7.1.1., figures 3 et 4). Les parcelles sont constituées d’une ou de plusieurs des caractéristiques biophysiques décrites ci-dessous qui, combinées, forment un habitat continu d’au moins 1,2 ha :

  • les milieux de début de succession renfermant des fourrés et des arbustes denses où les plantes ligneuses ne dépassent pas 4,5 m de hauteur et où la couverture arbustive dépasse 25 %, sur des sols secs ou humides. En Ontario, le couvert arbustif comprend généralement ce qui suit, sans toutefois s’y limiter : ronce (Rubus sp.), vigne (Vitis sp.), cornouiller (Cornus sp.), aubépine (Crataegus sp.), genévrier (Juniperus sp.) et sumac aromatique (Rhus aromatica); ET/OU
  • les zones arborées (feuillus, conifères ou espèces mixtes) où le couvert forestier est de moins de 30 %; ET/OU
  • les parcelles de prairies à herbes hautes, de savanes et de boisés où prédominent les plantes graminoïdes de prairie, une espèce de verge d’or (Solidago sp.) et le schizachyrium à balais (Schizachyrium scoparium), où le couvert forestier est de moins de 30 %, et où la végétation herbacée au sol couvre environ 20 % de la superficie.

Dans les zones renfermant de l’habitat essentiel, les caractéristiques biophysiques utilisées par la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens sont dynamiques, et l’emplacement de l’habitat essentiel peut changer d’une année à l’autre en raison des perturbations naturelles et d’origine humaine qui le créent et le maintiennent.

Tableau 4. Carrés du quadrillage où se trouve la zone renfermant de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada. L’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se trouve à l’intérieur de ces carrésj du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km, uniquement là où les critères décrits à la section 7.1 sont respectés.
Emplacement Province/
territoire
UTM Est - Coordonnées du carré du quadrillagej UTM UTM Nord - Coordonnées du carré du quadrillagej UTM Régime foncierk
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 373000 4644000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 373000 4645000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 373000 4646000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 374000 4642000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 374000 4643000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 374000 4644000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 374000 4645000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 375000 4642000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
1. Parc national de la Pointe-Pelée Ontario 375000 4643000 Aire protégée fédérale (parc national de la Pointe-Pelée)
2. Île Pelée (nord) Ontario 363000 4628000 Territoire non domanial
2. Île Pelée (nord) Ontario 363000 4629000 Territoire non domanial
2. Île Pelée (nord) Ontario 364000 4628000 Territoire non domanial
2. Île Pelée (nord) Ontario 364000 4629000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 363000 4623000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 363000 4624000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 363000 4625000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 364000 4623000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 364000 4624000 Territoire non domanial
3. Île Pelée (sud) Ontario 364000 4625000 Territoire non domanial

j Les coordonnées indiquées sont une représentation cartographique de l’emplacement de l’habitat essentiel, présenté comme étant le coin sud-ouest du carré du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km renfermant la totalité ou une partie d’une unité d’habitat essentiel. Les coordonnées peuvent ne pas faire partie de l’habitat essentiel et ne fournissent qu’une indication générale de l’emplacement.

k Le régime foncier est fourni à titre indicatif seulement, pour donner une idée générale des détenteurs des droits de propriété des terres où sont situées les unités d’habitat essentiel. Pour déterminer avec exactitude le régime foncier d’une terre, il faudra comparer les limites de l’habitat essentiel aux informations figurant au cadastre.

Figure 3
Figure 3. Zone renfermant de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada – Pointe Pelée. La zone renfermant de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, décrite à la section 7.1, est représentée par les unités ombrées en jaune. Dans cette zone, l’habitat essentiel se trouve uniquement là où les caractéristiques biophysiques décrites à la section 7.1.2 sont présentes. Les carrés du quadrillage UTM de 1 km × 1 km (bordés de rouge) montrés dans cette figure correspondent à un système de quadrillage de référence utilisé au Canada pour indiquer l’emplacement géographique général de l’habitat essentiel.
Description longue

La figure 3 montre des carrés (9) du quadrillage UTM de référence renfermant de l’habitat essentiel (aire colorée en jaune) de la paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, dans la partie sud du parc national de la pointe Pelée. À l’intérieur de l’aire en jaune, l’habitat essentiel se trouve uniquement là où les attributs biophysiques décrits dans la section 7.1.2 sont rencontrés. Les carrés du quadrillage UTM de 1 km × 1 km montrés sur cette figure sont représentatifs de l’échelle de superficie nécessaire pour tenir compte des besoins de l’espèce et sont conformes au système de quadrillage de référence utilisé au Canada pour indiquer l’emplacement géographique général de l’habitat essentiel.

Figure 4
Figure 4. Zone renfermant de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada – Île Pelée. La zone renfermant de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, décrite à la section 7.1, est représentée par les unités ombrées en jaune. Dans cette zone, l’habitat essentiel se trouve uniquement là où les caractéristiques biophysiques décrites à la section 7.1.2 sont présentes. Les carrés du quadrillage UTM de 1 km × 1 km (bordés de rouge) montrés dans cette figure correspondent à un système de quadrillage de référence utilisé au Canada pour indiquer l’emplacement géographique général de l’habitat essentiel.
Description longue

La figure 4 montre des carrés (10) du quadrillage UTM de référence renfermant de l’habitat essentiel (aire colorée en jaune) de la paruline polyglotte de la sous-espèce virens au Canada, dans la partie est de l’île Pelée. À l’intérieur de l’aire en jaune, l’habitat essentiel se trouve uniquement là où les attributs biophysiques décrits dans la section 7.1.2 sont rencontrés. Les carrés du quadrillage UTM de 1 km × 1 km montrés sur cette figure sont représentatifs de l’échelle de superficie nécessaire pour tenir compte des besoins de l’espèce et sont conformes au système de quadrillage de référence utilisé au Canada pour indiquer l’emplacement géographique général de l’habitat essentiel.

7.2 Calendrier des études visant à désigner l’habitat essentiel

Tableau 5. Calendrier des études pour la désignation de l’habitat essentiel
Description de l’activité Justification Échéancier
Quantifier l’habitat essentiel additionnel nécessaire afin de s’assurer que la disponibilité annuelle d’habitat convenable est suffisante pour appuyer les objectifs en matière de population et de répartition. Utiliser les résultats d’analyses (voir le tableau 3), s’ils sont disponibles, pour orienter cette étape. Toutes les lacunes relatives à la disponibilité d’habitat convenable dans les zones renfermant de l’habitat essentiel, en ce qui a trait à l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition, seront déterminées. La superficie d’habitat essentiel additionnel nécessaire, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’aire principale, afin d’appuyer les objectifs en matière de population et de répartition sera déterminée. 2019-2029
Utiliser les résultats des relevés exhaustifs (voir le tableau 3) pour repérer des sites supplémentaires qui sont utilisés régulièrement pendant la période de reproduction ou qui présentent un potentiel de gestion/remise en état. Les sites seront définis de façon à ce que de l’habitat essentiel additionnel puisse être désigné, au besoin, pour appuyer les objectifs en matière de population et de répartition. 2019-2029

7.3 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon temporaire ou permanente, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque exigé par la sous-espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités au fil du temps. Il convient de noter que les activités qui se déroulent à l’intérieur ou à proximité de l’habitat essentiel ne sont pas toutes susceptibles d’en entraîner la destruction. Le tableau 6 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de la sous-espèce; il peut toutefois exister d’autres activités destructrices.

Il faut également noter qu’une grande partie de la population canadienne de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se trouve dans un écosystème fortement modifié par l’humain. Par conséquent, la sous-espèce pourrait bénéficier de certains types de perturbations résultant de l’activité ou de l’influence humaines (p. ex. certaines activités de gestion se déroulant dans l’habitat et qui empêchent/ralentissent la succession). Dans certains cas, le sol perturbé pourrait devenir un habitat convenable s’il était laissé tel quel pendant au moins cinq ans, mais cela devrait faire l’objet d’une évaluation au cas par cas.

Étant donné que l’espèce a besoin de fourrés et d’arbustes denses pour la nidification, l’habitat essentiel est susceptible d’être détruit par toute activité qui entraîne l’élimination de ces composantes végétales.

Voici quelques-unes des activités qui peuvent entraîner la destruction de l’habitat essentiel de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens :

Tableau 6. Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
Habitat Description de l’activité Description de l’effet Détails de l’effet
Perte ou conversion permanente d’habitat Conversion des terres à des fins de développement résidentiel, commercial ou agricole entraînant l’élimination permanente d’habitat essentiel Perte directe d’habitat essentiel ou conversion de l’habitat à des fins diverses.

Destruction d’habitat essentiel en raison d’une réduction ou d’une élimination des caractéristiques de l’habitat nécessaires au cycle vital de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (c.-à-d. des fourrés et arbustes denses et bas, entrecoupés de parcelles de végétation herbacée).

De plus, certaines de ces activités peuvent entraîner des modifications du paysage favorisant le Vacher à tête brune ainsi que des prédateurs qui préfèrent les paysages modifiés par l’activité humaine, comme les ratons laveurs et les opossums de Virginie, et pourraient faire augmenter les taux de parasitisme et de prédation des nids.
L’aménagement et la conversion des terres à des fins de développement résidentiel ou agricole constituent une menace généralisée, moyennement préoccupante. L’activité doit se produire à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel pour en causer la destruction. Les effets sont à la fois directs et cumulatifs; une seule activité, quelle qu’elle soit, peut éliminer de l’habitat essentiel, et de multiples événements en amplifient les effets. L’aménagement et/ou la conversion des terres où se trouve l’habitat peuvent avoir lieu à n’importe quel moment de l’année et avoir des conséquences à long terme. Étant donné que la Paruline polyglotte est un oiseau migrateur, l’aménagement ou la conversion des terres où se trouve l’habitat essentiel pendant la période de reproduction serait particulièrement néfaste. L’information accessible à l’heure actuelle est insuffisante pour déterminer un seuil pour cette activité.
Dégradation de l’habitat Activités d’entretien et de gestion de l’habitat qui éliminent ou endommagent la végétation convenable, particulièrement les fourrés et les arbustes denses dans l’habitat essentiel. L’élimination ou l’endommagement de la végétation, y compris le débroussaillage, l’excavation ou le brûlage, pourraient entraîner la perte d’habitat essentiel en raison d’une réduction ou d’une élimination des caractéristiques de l’habitat nécessaires au cycle vital de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (particulièrement des fourrés et arbustes denses et bas, entrecoupés de parcelles de végétation herbacée).

Cependant, ces activités pourraient contribuer à maintenir les superficies d’habitat convenable disponibles (p. ex. l’enlèvement d’arbres pour dégager le couvert forestier ou favoriser les conditions de début de succession).
Les activités d’entretien et de gestion de l’habitat qui éliminent ou endommagent la végétation convenable pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel si elles ne tiennent pas compte des besoins de la Paruline polyglotte (c.-à-d. en termes de calendrier et d’étendue des activités). Les effets sont à la fois directs et cumulatifs. L’élimination de la végétation pourrait avoir lieu à n’importe quel moment de l’année, mais, puisque la Paruline polyglotte est un oiseau migrateur, les activités se déroulant juste avant, ou pendant, la période de reproduction seraient particulièrement néfastes. L’information accessible à l’heure actuelle est insuffisante pour déterminer un seuil pour cette activité.

Cependant, les activités d’entretien et de gestion de l’habitat pourraient permettre de créer des caractéristiques biophysiques bénéfiques pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Par exemple, le déboisement, qui mène à une succession vers des arbustaies, pourrait finir par créer un habitat convenable, composé d’arbustes et de fourrés, pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Les activités d’élimination de la végétation visant à maintenir l’approvisionnement en habitat convenable ne devraient être effectuées que dans l’habitat sur le point de devenir non convenable et devraient être envisagées à l’échelle du paysage, compte tenu de l’époque de disponibilité de l’habitat adjacent/voisin, le but étant de s’assurer qu’une superficie suffisante d’habitat convenable sera disponible au cours d’une année donnée. L’effet net prévu des activités d’entretien et de gestion de l’habitat devrait être évalué au cas par cas. Les activités de gestion de l’habitat devraient être élaborées selon une approche écosystémique globale, de façon à ce que les besoins des autres espèces en péril soient pris en compte.

8 Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

  • Une superficie suffisante d’habitat pour soutenir au moins huit couples a été maintenue dans l’aire principale de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens.
  • À long terme, on a réussi à maintenir une tendance démographique stable au Canada.

9 Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens seront publiés dans le Registre public des espèces en péril. Les plans d’action multiespèces de Parcs Canada indiquent les mesures de rétablissement propres aux parcs nationaux et aux lieux patrimoniaux nationaux où l’espèce est présente (une liste des plans d’action multiespèces actuels, y compris ceux qui portent sur la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens, est présentée dans la section relative aux documents du Registre public des espèces en péril).

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Annexe A: Contexte historique pour la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens

La première étape dans la détermination du caractère réalisable du rétablissement de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens consiste à établir le contexte historique (c.-à-d. à déterminer si l’existence de la sous-espèce au Canada était historiquement précaireNote de bas de page 29 ou non). Pour ce faire, Environnement et Changement climatique Canada utilise les quatre critères décrits ci-dessous. Une espèce est considérée comme ayant été historiquement précaire si l’une des situations suivantes a existé ou a probablement existé au Canada, avant la manifestation des effets significatifs de l’activité humaine :

  1. L’espèce connaissait un déclin naturel à long terme.
    • On ne sait pas. Il est probable que la répartition et l’abondance de la Paruline polyglotte ont augmenté en Ontario avec l’arrivée des colons européens, mais on ne connaît pas les tendances de la population en Ontario avant la première mention d’observation répertoriée en 1879.
  2. L’espèce comptait moins de 1 000 individus matures.
    • Oui. L’estimation de la population la plus élevée jamais enregistrée pour l’espèce en Ontario est de 50 couples (Cadman et al., 1987). La première mention de la Paruline polyglotte en Ontario provient de la pointe Pelée et remonte à 1879. Historiquement, à l’extérieur de l’aire principale de la pointe Pelée et de l’île Pelée, on considérait sa présence comme fortuite (Taverner et Swales, 1908).
  3. L’espèce était présente dans cinq localitésNote de bas de page 30 ou moins ou l’indice de zone d’occupationNote de bas de page 31 (IZO) était inférieur à 20 km2.
    • On ne sait pas, mais c’est possible. La première mention de la Paruline polyglotte en Ontario provient de la pointe Pelée et remonte à 1879, et Taverner et Swales (1908) ont fait remarquer que la pointe Pelée était le seul endroit au Canada où la présence de la Paruline polyglotte était plus qu’un événement rare et fortuit. Austen et al. (1994) ont constaté que la plupart des mentions depuis cette époque proviennent de l’extrême sud-ouest de l’Ontario, où les effectifs étaient généralement peu nombreux.
  4. L’espèce dépendait de liens démographiques avec des populations de l’extérieur du Canada pour assurer sa présence à long terme au Canada.
    • On ne sait pas, mais c’est probable. La Paruline polyglotte de la sous-espèce virens se trouve à la limite nord de son aire de répartition au Canada, et sa présence et sa persistance étaient probablement dépendantes d’une immigration à partir des États américains voisins.

Selon ces quatre critères, la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens est considérée comme ayant été historiquement précaire au Canada.

Annexe B: Cotes de conservation infranationales attribuées à la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (Icteria virens virens) au Canada et aux États-Unis

Tableau 7. Cotes de conservation infranationales (cotes S) attribuées à la Paruline polyglotte (Icteria virens) dans l’aire de répartition de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens (NatureServe, 2017)
Espèce Cote mondiale (G) Cote nationale (N) Cote infranationale (S)
Paruline polyglotte (Icteria virens) G5 (non en péril – espèce commune, répandue et abondante) Canada : N4B (apparemment non en péril) Ontario (S2B)
Paruline polyglotte (Icteria virens) G5 (non en péril – espèce commune, répandue et abondante) États-Unis : N5B (non en péril) Alabama (S5B, S2N)
Arkansas (S4B, S4N)
Caroline du Nord (S5B)
Caroline du Sud (S4B)
Connecticut (S1B)
Delaware (S3B)
District de Columbia (S3S4N)
Floride (SNRB)
Géorgie (S5)
Illinois (S5)
Indiana (S4B)
Iowa (S3B, S3N)
Kansas (S3B)
Kentucky (S5B)
Louisiane (S5B)
Maryland (S5B)
Massachusetts (S1B, S1N)
Michigan (S3)
Minnesota (SNA)
Mississippi (S5B)
Missouri (SNRB)
Nebraska (SNR)
New Jersey (S3B, S4N)
New York (S3)
Ohio (S5)
Oklahoma (S4B)
Pennsylvanie (S5B)
Rhode Island (S1B, S1N)
Tennessee (S4)
Texas (S5B)
Virginie (S5)
Virginie‑Occidentale (S4B)
Wisconsin (S2B)

S1 : gravement en péril; S2 : en péril; S3 : vulnérable; S4 : apparemment non en péril; S5 : non en péril; SNR : non classée – espèce dont le statut de conservation n’a pas encore été évalué; B : population reproductrice; N : population non reproductrice.

Annexe C: Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La gestion de la végétation dans l’intention de créer un habitat convenable pour la Paruline polyglotte pourrait être bénéfique à d’autres espèces qui ont aussi besoin d’arbustaies de début de succession.

Tableau 8. Liste des espèces qui devraient bénéficier de la conservation et de la gestion de l’habitat de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans les zones où la sous-espèce est présente
Nom commun Nom scientifique Statut selon le COSEPAC
Chardonneret jaune Spinus tristis Non en péril
Moqueur roux Toxostoma rufum Non en péril
Troglodyte de Caroline Thryothorus ludovicianus Non en péril
Coulicou à bec noir Coccyzus erythropthalmus Non en péril
Frêne bleu Fraxinus quadrangulata Préoccupante
Paruline à ailes bleues Vermivora pinus Non en péril
Couleuvre agile bleue Coluber constrictor foxii En voie de disparition
Paruline à flancs marron Setophaga pensylvanica Non en péril
Ptéléa trifolié Ptelea trifoliata Menacée
Paruline masquée Geothlypis trichas Non en péril
Couleuvre fauve de l’Est (population carolinienne) Pantherophis gloydi En voie de disparition
Oponce de l’Est Opuntia humifusa En voie de disparition
Couleuvre mince Thamnophis sauritus Préoccupante
Tohi à flancs roux Pipilo erythrophthalmus Non en péril
Bruant des champs Spizella pusilla Non en péril
Moqueur chat Dumetella carolinensis Non en péril
Couleuvre obscure (population carolinienne) Pantherophis spiloides En voie de disparition
Passerin indigo Passerina cyanea Non en péril
Couleuvre tachetée Lampropeltis triangulum Préoccupante
Cardinal rouge Cardinalis cardinalis Non en péril
Paruline des prés Setophaga discolor Non en péril
Carouge à épaulettes Agelaius phoeniceus Non en péril
Viréo aux yeux blancs Vireo griseus Non en péril
Camassie faux-scille Camassia scilloides Menacée
Dindon sauvage Meleagris gallopavo Non en péril
Moucherole des saules Empidonax trailli Non en péril
Coulicou à bec jaune Coccyzus americanus Non en péril
Paruline jaune Setophaga petechia Non en péril

La mise en œuvre du présent programme de rétablissement devrait être bénéfique pour l’environnement et les espèces indigènes qui préfèrent les arbustaies de début de succession, comme la Paruline polyglotte, mais des effets potentiellement négatifs ont tout de même été considérés. Ces effets négatifs concernent les espèces dont les besoins spécifiques pourraient différer de ceux de la Paruline polyglotte. Par exemple, les approches de gestion de l’habitat qui favorisent la Paruline polyglotte en Ontario pourraient ne pas être favorables aux espèces qui ont besoin d’une forêt mature continue, comme la Paruline azurée (Setophaga cerulea), ni aux espèces ayant besoin de prairies dégagées, comme le Goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus). Même les espèces utilisant les arbustaies de début de succession pourraient avoir des besoins spécifiques non compatibles avec ceux de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens. Dans l’aire principale de la sous-espèce en Ontario, de nombreuses espèces rares et en péril peuvent avoir des besoins non compatibles, y compris des dizaines d’espèces indigènes d’alvar qui se trouvent sur l’île Pelée.

Par conséquent, il est important d’envisager les activités de gestion de l’habitat de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens dans une perspective écosystémique (avec la contribution des autorités responsables, des intervenants, des peuples autochtones et des propriétaires fonciers), en élaborant des plans visant plusieurs espèces, des programmes de rétablissement axés sur l’écosystème ou des plans de gestion régionaux qui prennent en considération les besoins de multiples espèces, y compris d’autres espèces en péril. Un grand nombre d’activités d’intendance et d’amélioration de l’habitat effectuées dans l’intérêt de la Paruline polyglotte de la sous-espèce virens seront mises en œuvre par le biais de programmes de conservation axés sur l’écosystème qui tiennent déjà compte des besoins d’autres espèces en péril.

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