Programme de rétablissement du ptéléa trifolié au Canada [finale] 2012 : Habitat essentiel
La notion d’habitat essentiel est définie comme suit dans l’article 2(1) de la LEP(2002) : « habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». Le présent programme définit, dans la mesure du possible, l’habitat essentiel du ptéléa trifolié dans son aire de répartition canadienne afin de permettre l’atteinte des objectifs liés à la population et à la répartition de l’espèce.
L’emplacement et les caractéristiques de l’habitat essentiel ont été définis en fonction des meilleurs renseignements disponibles, notamment les données d’observation indiquant la présence d’un seul arbre ou d’un groupe d’arbres. Dans les cas où il était impossible d’établir l’emplacement précis d’un habitat, l’espèce a été associée à un type de végétation et à une propriété en particulier. Ces données ont été recueillies par des organismes régionaux, provinciaux et fédéraux et leurs contractuels, de même que par des organisations non gouvernementales et des particuliers, au fil de nombreuses années. Les emplacements géographiques connus du ptéléa trifolié ont été obtenus grâce aux renseignements fournis par les personnes et organisations suivantes : Jalava et coll. (2008), Dobbyn (2005), Centre d’information sur le patrimoine naturel (données inédites), Conservation de la nature Canada (données inédites), MRNO (données inédites) et Ontario Nature (données inédites). Les composantes additionnelles des cartes ont été fournies par l’Atlas de l’Amérique du Nord (figures 4 à 35), lnformation sur les terres de l’Ontario du MRNO (figures 4 à 14 et 16 à 35), l’Agence Parcs Canada (figures 5 à 8, 13 à 15, et 35), Conservation de la nature Canada (figures 5 à 7), Dougan & Associates (2007 – figure 8), l’Office de protection de la nature de la région d’Essex (2010 – figures 6, 14 et 15), le MRNO (figure 12), Ontario Nature (figure 6), et Parcs Ontario (figure 9).
Dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, l’habitat essentiel du ptéléa trifolié comprend des zones dégagées et des zones à végétation modérément abondante. La plupart de ces zones subissent d’importantes perturbations naturelles ou sont soumises à des conditions environnementales rigoureuses. On trouve cet habitat essentiel dans les endroits et situations suivantes :
- sur les rivages ouverts, dans les prairies à graminoïdes[12] hautes, dans la végétation ou les écosites (types de végétation non déterminés) des taillis et des dunes herbacées, arbustives et arborées figurant dans la classification écologique des terres[13], ainsi qu’à la lisière de forêts ouvertes, sur des sols sableux, bien drainés et souvent xériques courant le long des rives hautement perturbées (plages et dunes de sable) du lac Érié;
- dans d’autres types de sols se ressuyant rapidement, comme les sols minces recouvrant la roche calcaire (p. ex. dans la végétation ou les écosites [types de végétation non déterminés] des taillis et des alvars ouverts, arbustifs et arborés de l’île Pelée);
- en bordure des forêts et des taillis en contact avec le substrat rocheux, les plages ouvertes ou les barres courant le long du rivage des îles Middle et Pelée;
- dans les fossés de drainage à sol lourd argileux ou argilo-loameux d’origine lacustre de l’île Pelée (Ambrose, 2002);
- dans une zone circulaire au rayon de neuf mètres[14] entourant le tronc de chaque ptéléa trifolié vivant et naturellement présent (voir la figure 3) aux emplacements répertoriés (c.-à-d. aux endroits où il existe actuellement des points de données), déterminée en fonction de la zone d’enracinement essentielle ou zone de protection des arbres qui, par définition, doit avoir un rayon équivalent à jusqu’à 36 fois le diamètre de l’arbre à hauteur de poitrine (dhp[15]) (Johnson, 1997).
Figure 3 : Illustration conceptuelle de l’habitat essentiel (zone d’enracinement au rayon de 9 mètres) autour d’un ptéléa trifolié.

La figure 4 illustre les emplacements généraux de l’habitat essentiel du ptéléa trifolié. L’annexe B présente les cartes régiospécifiques de 43 parcelles d’habitat essentiel englobant 22 des 35 populations existantes et six des sept zones centrales.
Figure 4 : Emplacements généraux des parcelles d’habitat essentiel du ptéléa trifolié au Canada

Cartes des types de végétaux figurant dans la classification écologique des terres
L’habitat essentiel du ptéléa trifolié dans son aire de répartition canadienne a été déterminé au moyen de plusieurs approches fondées sur le type et la quantité d’information disponible. Dans les cas où l’on disposait des données requises pour déterminer la présence d’un ou de plusieurs ptéléa trifoliés à l’intérieur d’une ou de plusieurs unités de la classification écologique des terres (types de végétation ou écosites, lorsqu’aucune donnée sur les types de végétation n’était disponible), l’habitat essentiel a été établi en fonction des limites des unités occupées, à condition que ces dernières soient propices à la survie et au rétablissement de l’espèce :
- Propriété de Richard et Beryl Ivey (Stead-Martin), île Pelée, Ontario (parcelle d’habitat essentiel 255_3, figure 5) : les zones occupées du type de végétation alvar arboré à chêne jaune et à ail penché (Conservation de la nature Canada, données inédites).
- Alvar de la route Stone, île Pelée, Ontario (parcelles 255_4, 255_5, 255_6, et 255_7, figure 6) : les zones occupées des types de végétation alvar arboré à chêne jaune et à ail penché, alvar boisé à genévrier de Virginie (alvar arboré à genévrier de Virginie), et pavement d’alvar aride et ouvert à plantes annuelles, et des écosites alvar arbustif et taillis de culture riche en minéraux (Conservation de la nature Canada, données inédites, Ontario Nature, données inédites).
- Propriété de Florian Diamante (route Brown), île Pelée, Ontario (parcelle 255_10, figure 7) : la zone occupée de l’écosite taillis de culture riche en minéraux (Conservation de la nature Canada, données inédites).
- Parc national de la Pointe-Pelée, Leamington, comté d’Essex, Ontario (parcelle 255_14, figure 8) : les zones occupées des types de végétation littoral sableux ouvert à caquillier édentulé (SHOM1-2[16]), dune à graminoïdes ouverte, type à ammophile à ligule courte et à armoise (SBOD1-3), dune à graminoïdes ouverte, type à schizachyrium à balais, à panic raide et à ammophile à ligule courte (SBOD1-1), dune arbustive à ptéléa trifolié (SBSD1-2), dune arborée à genévrier de Virginie (SBTD1-3), taillis d’arbustes caducs à cornouiller de Drummond sur sol sec à frais, et forêt caducifoliée à peuplier sur sol frais à humide (FODM8-3) adjacentes aux rives du lac Érié (Lee, 2004; Dougan & Associates, 2007; Jalava et coll., 2008).
- Parc provincial Rondeau, Morpeth, municipalité de Chatham-Kent, Ontario (parcelles 255_17, 255_18, 255_19 et 255_20, figure 9) : les zones occupées des types de végétation dune à graminoïdes ouverte, type à schizachyrium à balais, à panic raide et à ammophile à ligule courte, prairie à graminées longues, type à barbon de Gérard sur sol sec (MEGM1-2), dune arborée à peuplier (SBTD1-1),et dune arbustive à saule (SBSD1-3) (Dobbyn et Pasma, 2009).
- Réserve naturelle provinciale de Fish Point, île Pelée (parcelle 255_2, figure 10) : toutes les zones occupées des types de végétation et des écosites (types de végétation non définis) figurant dans la classification écologique des terres.
- Réserve naturelle provinciale de Lighthouse Point, île Pelée (parcelle 255_12, figure 11) : toutes les zones occupées des types de végétation et des écosites (types de végétation non définis) figurant dans la classification écologique des terres.
L’habitat essentiel de tous ces endroits a été représenté sur carte, à l’exception des deux derniers, où, à l’heure actuelle, l’emplacement de tous les ptéléas trifoliés n’est pas connu.
Cartes d’autres types d’habitats
Lorsqu’aucune donnée sur la classification écologique des terres n’était disponible, la cartographie d’autres types de végétation a été utilisée pour déterminer l’habitat essentiel du ptéléa trifolié :
- Erieau, municipalité de Chatham-Kent, Ontario (parcelle 255_16, figure 12) : toutes les zones de végétation naturelle à l’intérieur et à proximité du parc commémoratif Laverne Kelly.
Zone englobante
Dans les cas où aucune carte des communautés végétales n’était disponible, une approche fondée sur les milieux occupés, plus particulièrement sur l’observation des arbres, a été utilisée. L’habitat essentiel a été délimité en fonction des coordonnées UTM (projection cartographique de Mercator transverse universelle) des arbres ou des groupes d’arbres, obtenues grâce à un GPS (système de positionnement global). Les coordonnées obtenues au moyen de cette technologie devraient être d’une précision d’au moins 10 m.
Dans ce genre de situation, la zone d’habitat essentiel (d’après les caractéristiques biophysiques) est délimitée par un rectangle s’étirant sur 150 m perpendiculairement à la ligne des eaux, pour englober l’arbre ou le groupe d’arbres, et s’étendant sur 150 m parallèlement à la rive, des deux côtés de l’arbre ou du groupe d’arbres. La valeur de 150 m a été choisie d’après les indications d’arpenteurs de la région de Niagara, selon lesquelles la plupart des populations semblent apparaître à 150 m de distance au maximum (Brant, comm. pers., 2009). Comme certains points de données représentent plus d’un arbre et que l’endroit à partir duquel les coordonnées ont été prises à l’intérieur du groupe d’arbres n’est pas clairement indiqué, une distance de 150 m a été appliquée dans les deux directions parallèles à la rive pour assurer la protection de l’habitat essentiel sur 300 m de côte. Cette approche a été utilisée dans les endroits suivants :
Île Pelée
- Station de pompage de la route West Shore, île Pelée, Ontario (parcelle 255_8, figure 13) (Centre d’information sur le patrimoine naturel, données inédites)
- Propriété Novatney, île Pelée, Ontario (parcelles 255_9 et 255_11, figure 7) (Conservation de la nature Canada, données inédites)
Comté d’Essex (Centre d’information sur le patrimoine naturel, données inédites)
- Office de protection de nature de la plage Cedar, Kingsville, Ontario (parcelle 255_13, figure 14)
- Office de protection de la nature du marais Hillman, Leamington, Ontario (parcelle 255_15, figure 15),
Comté d’Elgin (Dobbyn, comm. pers., 2011)
- Parc provincial de Port Burwell, Port Burwell, Ontario (parcelle 255_21, figure 16) : la largeur de la rive du parc qui, selon les indications, constitue l’emplacement exact de tous les arbres, est inconnue.
Municipalité régionale de Niagara (MRNO, données inédites)
- Plage Nickel, Port Colborne, Ontario (parcelles 255_22 et 255_23, figure 17)
- Pointe Lorraine, Humberstone, Port Colborne, Ontario (parcelle 255_24, figure 18)
- Baie Lorraine, Humberstone, Port Colborne, Ontario (parcelle 255_25, figure 19)
- Accès à la plage de la route Cedar Bay, Port Colborne, Ontario (parcelle 255_26, figure 20)
- Sherkston Shores, Port Colborne, Ontario (parcelles 255-28 et 255_29, figures 21 et 22)
- Point Abino, rive ouest, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_31, figure 23)
- Point Abino, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_32, figure 24)
- Chemin Terrace, Crystal Beach, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_33, figure 25)
- Route Yacht Harbour, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_34, figure 26)
- Accès à la plage de la route Burleigh, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_35, figure 26)
- Accès à la plage de l’avenue Bernard, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_36, figure 27)
- Accès à la plage de la route Colony, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_37, figure 28)
- Accès à la plage de la route Windmill Point, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_38, figure 29)
- Réserve routière de la baie Bertie, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_39, figure 30)
- Accès à la plage de la route Rose Hill, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_40, figure 31)
- Embouchure de la rigole Kraft, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_42, figure 32)
- Parc de Waverly Beach, Fort Erie, Ontario (parcelle 255_43, figure 33).
Dans les cas où l’on a trouvé des arbres à plus de 150 m de la rive, l’aire dans laquelle se situe l’habitat essentiel a été délimitée à l’aide d’un cercle au rayon de 150 m à partir du tronc de chaque ptéléa trifolié vivant naturellement présent ou d’un point de données représentant un groupe d’arbres. Cette approche a été utilisée dans les endroits suivants :
Municipalité régionale de Niagara (MRNO, données inédites)
Selon la documentation produite avant la forte dégradation de toutes les couches de végétations de l’île Middle (du couvert de sol au couvert forestier) causée par la surabondance de cormorans à aigrettes nicheurs, on trouvait autrefois le ptéléa trifolié le long du rivage, ce à quoi l’on pourrait s’attendre d’une espèce ne fleurissant ou ne germant pas en présence d’ombre partielle ou complète (Rennie, 1982; Kamstra et coll., 1995; Ambrose, 2002). Des efforts sont actuellement déployés pour protéger et restaurer l’intégrité écologique de l’écosystème carolinien de l’île Middle. On travaille notamment à réduire de façon importante la perte du couvert forestier dense (sain) de l’île découlant de la présence de nids de cormorans à aigrettes, ainsi qu’à la protection des espèces en péril visées par la LEP (Dobbie, 2008). Étant donné que cet objectif lié aux conditions historiques de l’île risque, en conséquence d’une faible disponibilité, de limiter une fois de plus la zone de reproduction et de germination du ptéléa trifolié à l’interface végétation/rivage, l’habitat essentiel se définit comme suit :
- Île Middle, parc national de la Pointe-Pelée, bassin ouest du lac Érié, Ontario (parcelle 225_1, figure 35) : zone de 18 m (diamètre de la zone d’enracinement entourant un seul tronc) autour de l’île en entier, s’étendant vers l’intérieur des terres à partir de l’interface végétation/rivage, exclusive aux communautés de végétation des marais et des étendues d’eau peu profondes.
Il se peut que des arbres existants continuent de pousser à l’extérieur de cette zone, mais on ne s’attend pas à ce qu’ils contribuent à la reproduction de la population une fois le couvert forestier dense et sain rétabli. Par conséquent, on ne s’attend pas non plus à ce qu’ils contribuent au rétablissement à long terme de l’espèce, même s’ils sont toujours protégés en vertu de la LEP (art. 32).
Le ptéléa trifolié est une espèce intolérante à l’ombre, connue pour être limitée dans sa capacité de fleurir et de germer sous le couvert forestier (Ambrose, 2002). Par conséquent, les forêts occupées, à l’exception de celles formant des bandes étroites entre des habitats plus ouverts ou de vastes forêts plus étendues, ont été exclues de l’habitat essentiel, car on ne peut s’attendre à ce qu’elles contribuent à l’atteinte des objectifs à court et à long terme liés à la population et à la répartition; on doit plutôt s’attendre à ce qu’elles entraînent des disparitions locales. Les plages ou barres exemptes de végétation et les zones de substrat rocheux sont exclues de l’habitat essentiel, car le ptéléa trifolié tend à s’établir dans des zones où les herbes ont commencé à stabiliser le substrat. Les étendues d’eau libre sont aussi exclues de l’habitat essentiel.
L’habitat essentiel n’a pas été précisé pour les populations de ptéléas trifoliés pour lesquelles, à l’heure actuelle, aucune coordonnée GPS d’une précision d’au moins 10 m n’est disponible (p. ex. population du territoire de la Première nation de Walpole Island). Il n’a pas non plus été précisé pour les arbres dont on sait qu’ils ont été plantés ou transplantés. Les données datant de plus de 20 ans (avant 1990) et n’ayant pas été vérifiées par des relevés de suivi ont été jugées historiques et n’ont pas été considérées dans la détermination de l’habitat essentiel. Les éléments anthropiques existants, notamment les infrastructures existantes (p. ex. les routes, les sentiers, les stationnements, les couloirs de services publics et les bâtiments), les zones cultivées (p. ex. les champs agricoles) ou les types de végétation non naturels (p. ex. les terrains de baseball, les pelouses et les champs d’épuration), sont exclus de l’habitat essentiel, car ils ne constituent pas des habitats convenant à la pérennité de l’espèce. Les zones situées à l’intérieur ou à proximité des éléments anthropiques existants (p. ex. des lignes de transport d’électricité ou des éléments situés près de chemins ou de sentiers) où la présence du ptéléa trifolié est directement liée à la présence de ces éléments (c.-à-d. dans des emplacements autres que les communautés végétales naturelles et adéquates où l’on s’attendrait à trouver l’espèce sans la présence d’éléments anthropiques) sont également exclues de l’habitat essentiel. Si les éléments anthropiques venaient à disparaître dans des zones d’habitat inadéquat (p. ex. en raison du déplacement ou du retrait de sentiers, de chemins ou de lignes de transport d’électricité), les ptéléas trifoliés se trouvant sur place pourraient y demeurer un certain temps, mais ne continueraient probablement pas à se reproduire. De plus, les semis auraient probablement de la difficulté à croître étant donné l’apparition d’un couvert forestier dense découlant de la succession naturelle. Puisqu’on ne peut garantir l’entretien continu de ces zones pour qu’elles constituent des habitats adéquats (notamment en ce qui a trait aux couloirs de services publics), à défaut de quoi ces zones deviendraient rapidement inadéquates pour le ptéléa trifolié, elles ne peuvent pas être considérées comme des éléments contribuant à l’atteinte des objectifs à court ou à long terme liés à la population et à la répartition. En outre, on ne croit pas que ces zones soient essentielles à l’atteinte de ces objectifs.
Bien que l’habitat de 22 des 35 populations existantes de ptéléas trifoliés ait été défini dans six des sept zones centrales, des études approfondies s’imposent pour préciser la définition de l’habitat essentiel. Ces travaux sont énoncés dans le tableau 4. D’autres questions pourraient être soulevées au fur et à mesure de leur progression.
Pour assurer la protection et la gestion de l’habitat essentiel, il est essentiel de définir ce qu’on entend par « destruction de l’habitat essentiel ». La destruction de l’habitat est évaluée au cas par cas. Il y a destruction si une partie de l’habitat essentiel est dégradée, que ce soit de façon permanente ou temporaire, d’une manière telle qu’elle ne remplit plus son rôle lorsque l’espèce en a besoin. La destruction de l’habitat essentiel peut résulter d’une ou de plusieurs activités ponctuelles ou des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités dans le temps.
La destruction de l’habitat essentiel du ptéléa trifolié peut résulter d’activités provoquant les effets suivants :
- modification des processus naturels et/ou des régimes de perturbation à l’intérieur ou à l’extérieur de l’habitat essentiel, notamment les processus côtiers et éoliens[17] qui ont des répercussions sur le dépôt de sable ou l’accrétion, sur les taux d’érosion ou sur le stade de succession[18] des communautés végétales dans l’habitat essentiel;
- modification excessive du couvert forestier (entraînant un accroissement de l’ombre ou des problèmes d’insolation accompagnés d’une disparition excessive du couvert forestier) ou du sous-étage (entraînant la perte de sites de germination) dans l’habitat essentiel;
- compactage des sols dans l’habitat essentiel (pouvant entraîner la réduction ou l’élimination de la germination et/ou réduire l’apport d’eau et/ou de nutriments aux arbres).
Voici des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel proprement dit ou de ses environs :
- aménagement ou construction de nouvelles infrastructures dans l’habitat essentiel (maisons, remises et bâtiments industriels ou autres types de bâtiments, chemins, sentiers et pistes [y compris ceux aménagés à des fins d’exploitation forestière], stationnements, clairières et espaces servant à l’empilage des billots, canalisations et conduites d’eau maîtresses, réseau d’égouts, structures d’énergie éolienne, etc.) ou à proximité de celui-ci (p. ex. quais, jetées ou ouvrages de stabilisation des rives dont la présence aura des répercussions sur l’apport en sédiments de l’habitat essentiel);
- rénovation ou entretien des infrastructures existantes dans l’habitat essentiel (construction d’annexes, coupe, taille ou enlèvement des végétaux qui ne satisfont pas aux exigences des évaluations environnementales) ou à proximité de celui-ci (modification des quais, des jetées ou des ouvrages de stabilisation des rives qui auront des répercussions sur l’apport en sédiments de l’habitat essentiel);
- extraction d’agrégats (p. ex. extraction de sable ou de calcaire dans l’habitat essentiel ou extraction de sable dans des zones éloignées des côtes près de l’habitat essentiel, opérations qui modifient les quantités de dépôts de sable dans l’habitat essentiel);
- activités agricoles dans l’habitat essentiel (défrichement, préparation des sols, pâturage);
- utilisation non réglementée de véhicules hors route ou autres actes de vandalisme dans l’habitat essentiel;
- enlèvement de grandes quantités d’espèces indigènes ou d’habitats entiers dans l’habitat essentiel (p. ex. par des activités comme l’entretien des plages, la coupe, le fauchage, la tonte ou le ratissage qui entraînent des problèmes d’insolation ou la perte de milieux propices à la germination des semis);
- plantation délibérée d’espèces non indigènes (exotiques) et/ou envahissantes dans l’habitat essentiel.
Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous permettent de définir et de mesurer les progrès réalisés à l’égard de l’atteinte des objectifs liés à la population et à la répartition. Les progrès relatifs à la mise en œuvre du programme de rétablissement seront mesurés en fonction d’indicateurs décrits dans des plans d’action subséquents. La mise en œuvre du présent programme sera évaluée en fonction des critères suivants dans les cinq années suivant sa publication :
- les populations de ptéléas trifoliés de six zones centrales ont été conservées (île Pelée, comté d’Essex, territoire de la Première nation de Walpole Island, parc provincial Rondeau/Erieau, parc provincial de Port Burwell et municipalité régionale de Niagara);
- la population de ptéléas trifoliés de l’île Middle n’a pas disparu;
- le nombre d’individus matures est de 1 000 ou plus;
- l’habitat du ptéléa trifolié, défini selon les caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel à la section 7.1, est demeuré adéquat dans les zones d’habitat essentiel.
Au moins un plan d’action énonçant les mesures de rétablissement précises à mettre en œuvre dans le cadre du présent programme sera complété d’ici juin 2016.
12 Les graminoïdes sont des herbes.
13 La classification écologique des terres est un système de classification des terres et des ressources qui décrit et délimite les unités d’écosystème selon des facteurs écologiques tels que la végétation, le type de sol et les conditions géologiques (Lee et coll., 1998).
14 Compte tenu du fait que le dhp maximal enregistré pour le ptéléa trifolié au Canada est de 24 cm (île Middle, Ontario [Waldron, 2003]), la zone d’enracinement essentielle maximale a donc été établie à 9 m (24 cm x 36 = 8,64 m, arrondi au mètre près). Ces chiffres sont appuyés par un rayon d’enracinement de 7,9 m reconnu pour un arbre de 18 ans appartenant à une espèce de la même famille (Rutaceae) que le ptéléa trifolié (Stone et Kalisz, 1990).
15 Le diamètre à hauteur de poitrine est le diamètre d’un arbre à 1,3 m au-dessus du sol.
16 Code de la classification écologique des terres fondé sur la version 8 du Provincial ELC Catalogue (Lee, 2004).
17 « Éolien » signifie produit ou actionné par le vent; dans ce cas, produit par le vent.
18 Étape intermédiaire de la succession écologique d’un écosystème en voie de devenir un groupement climacique.
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