C’est un marathon et non un sprint

« Jamais vous n’entendrez une infirmière ou un infirmier dire “non”. On fait le nécessaire; c’est dans notre nature. » Voilà ce qu’avait dit Erin Henry, directrice, Division des programmes d’immunisation et de la préparation aux pandémies, Agence de la santé publique du Canada. Récemment, ma collègue et moi avons eu l’occasion de discuter virtuellement avec sept membres du personnel infirmier de la santé publique, qui nous ont donné un aperçu de ce à quoi ressemble la lutte contre la COVID-19 de leur point de vue. « C’est un marathon et non un sprint », a déclaré Erin.

Le pays est notre patient

Pour être tout à fait franche, avant notre conversation, ni ma collègue ni moi ne savions qu’il y avait une distinction entre le rôle du personnel infirmier de la santé publique et celui du personnel de première ligne en milieu hospitalier. Lisa Paddle, gestionnaire, Préparation aux pandémies, nous explique : « Le travail des infirmières et des infirmiers de la santé publique est axé sur la prévention. Nous considérons le pays comme notre patient, et notre rôle est d’aider les gens à prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes et leur famille et de leur donner les outils appropriés pour ce faire. »

« Nous considérons le pays comme notre patient, et notre rôle est d’aider les gens à prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes et leur famille et de leur donner les outils appropriés pour ce faire. »

Nous avons appris que, pour assurer la santé globale du pays, les membres du personnel infirmier de la santé publique assument des fonctions très diversifiées, et qu’en raison des répercussions de la pandémie, leurs activités ont énormément changé du jour au lendemain. La division que dirige Erin est rapidement passée en mode d’intervention : la gestion de la préparation aux pandémies est devenue la gestion de la réponse à la pandémie au pays. L’attention de chacun est désormais dirigée vers tout ce qui est lié à la COVID-19 : les mesures relatives à la santé publique, les sciences émergentes, la préparation en matière de vaccination, et ainsi de suite.

Quelqu’un doit prendre les décisions difficiles

« C’est comme si nous étions le système immunitaire du pays, les globules blancs qui inspectent toutes les personnes qui arrivent. »

Frederic Bergeron n’aurait jamais deviné au début de sa carrière qu’il allait composer avec un phénomène d’envergure mondiale. En tant qu’agents de quarantaine, lui, Tara Carrière et Sara Thackoorie veillent à ce que des plans de quarantaine adéquats soient en place pour les voyageurs qui arrivent au pays. Sara, affectée à la zone des arrivées de l’aéroport Pearson de Toronto, rencontre directement les voyageurs, tandis que Fred et Tara répondent aux questions des voyageurs en provenance de tous les points d’entrée au pays sur les mesures de quarantaine dans le cadre d’un service offert en tout temps. Tara, une nouvelle agente de quarantaine, a dit qu’au début, elle se sentait coupable de ne pas effectuer du travail de première ligne avec ses collègues. Mais au fil du temps, elle a su reconnaître que la lutte contre le virus comporte de nombreux aspects, dont l’un consiste à réduire le risque de propagation du virus à la frontière. Pour Fred, le plus grand défi, c’est de prendre les décisions difficiles. « Beaucoup de gens viennent au pays pour des événements importants, pour rendre visite à un membre de leur famille qui est malade ou pour pleurer la perte d’un être cher. Il est extrêmement difficile de renvoyer les gens ou d’imposer une période de quarantaine de deux semaines, surtout quand le facteur temps est important », déplore-t-il. Par contre, Fred ajoute qu’il garde à l’esprit que sa priorité absolue, c’est de s’occuper de la santé des Canadiens : « C’est comme si nous étions le système immunitaire du pays, les globules blancs qui inspectent toutes les personnes qui arrivent. » Les mesures de contrôle effectuées à l’arrivée de chaque personne à nos frontières se sont révélées efficaces : « Nous avons été en mesure de détecter des cas positifs avant que les personnes n’entrent au pays. » Sara renchérit : « J’ai l’impression que nous avons réussi à réduire le risque de propagation de la COVID au Canada en appliquant des mesures d’évaluation et de détection rapide et en nous assurant que les gens ont un endroit approprié où ils peuvent s’isoler. »

Veiller les uns sur les autres

« C’est formidable de voir les gens prêter main-forte comme ils le peuvent, ne serait-ce qu’en apportant des sacs d’épicerie à quelqu’un. Cela aide énormément. »

Souples. Polyvalents. Engagés. Collaboratifs. Réceptifs. Voilà les mots que les personnes interviewées ont utilisés pour qualifier les membres du personnel infirmier de la santé publique. Ces caractéristiques sont devenues évidentes dans les histoires qu’elles nous ont racontées et dans la manière dont chacune est passée à un nouveau rôle dans le cadre de la pandémie. Partout, les infirmières et les infirmiers ont été à la hauteur du défi. Shikha Patel, une infirmière qui travaille dans le cadre du Programme de santé professionnelle des fonctionnaires fédéraux affirme : « J’ai vu beaucoup d’infirmières retraitées revenir au travail, et beaucoup d’entre nous avons dû assumer un nouveau rôle ou jouer un rôle élargi – et certaines de mes collègues exercent même deux rôles – pour épauler, de quelque façon que ce soit, la population canadienne ainsi que nos propres collègues. » Sharon Smith, qui travaille au sein de l’équipe de préparation aux pandémies, avoue que malgré les difficultés et les heures de travail innombrables, elle vit l’un des meilleurs moments de sa carrière qui la remplit de fierté : « C’est extrêmement gratifiant de constater que notre travail a des répercussions positives qui se font ressentir à l’échelle nationale. »

Shikha ajoute alors qu’elle est ravie de l’entraide dont font preuve les Canadiens : « C’est formidable de voir les gens prêter main-forte comme ils le peuvent, ne serait-ce qu’en apportant des sacs d’épicerie à quelqu’un. Cela aide énormément. »

À tous nos collègues,

« Nous devons être patients les uns avec les autres et avec nous-mêmes. »

Au cours de notre conversation virtuelle, nous avons demandé aux personnes interviewées ce qu’elles aimeraient dire aux infirmières et aux infirmiers de la santé publique au Canada et ailleurs dans le monde. Sharon répond sans hésiter : « Cette période est vraiment difficile pour le personnel infirmier, mais nous sommes à la hauteur de la situation. Si nous nous serrons les coudes et que nous nous fions les uns aux autres, nous réussirons. » Sara tient à rappeler ceci à ses collègues : « On peut se sentir dépassés par la quantité de nouveaux éléments à apprendre et de nouveaux renseignements à assimiler, alors il est important de s’entraider et d’accepter le soutien qu’on vous offre quand vous en avez besoin. Il est normal de se soutenir les uns les autres. » 

Pour sa part, Lisa déclare qu’elle est fière de l’ensemble du personnel infirmier de la santé publique aux niveaux fédéral, provincial et municipal, ainsi que du personnel infirmier de première ligne. Elle souhaite que les membres du personnel infirmier de première ligne sachent qu’ils peuvent compter sur leurs homologues de la santé publique : « À la communauté des infirmières et des infirmiers en milieu hospitalier, je voudrais dire que nous faisons de notre mieux pour vous appuyer, en tentant d’éliminer, dans la mesure du possible, le besoin de se rendre à l’hôpital. » Shikha ajoute : « Prenez le temps de vous pardonner, tout va à la vitesse grand V. Il faut se souvenir d’être bienveillant envers nous-mêmes. » Tara renchérit : « Nous devons être patients les uns avec les autres et avec nous-mêmes. »

Nous tenons à vous signifier toute notre reconnaissance pour chacune de vos très longues journées de travail. En tant que Canadiens, nous continuerons d’appuyer votre travail acharné. Comme il a été démontré, le Canada a réalisé des progrès importants au chapitre de l’aplatissement de la courbe. Nous courons un marathon ensemble, et la ligne d’arrivée – même si les conditions ne sont pas les mêmes qu’au point de départ – se profile à l’horizon.

 

Détails de la page

Date de modification :