Notes d'allocution pour l'honorable John McCallum, C.P., député, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à l'occasion d'un déjeuner organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Discours

Montréal (Québec)
le 16 mars 2016

Texte intégral

Merci, Michel. Et bonjour à tout le monde. C’est un plaisir d’être ici avec aussi mon aussi collègue Denis Coderre, le maire. Pour la première fois, je pense qu’il ne prendra pas la parole. Donc merci d’être ici, Denis, et juste pour m’entendre.

Donc j’aimerais remercier le monde d’affaires, le CN, la Chambre de commerce dans quelques moments. Premièrement, je veux commencer en disant que je suis, oui, Montréalais par naissance. Pas juste ça, j’ai demeuré la plupart de ma vie à Montréal. Et oui, j’ai enseigné à McGill, et je porte la cravate de McGill. Aussi j’ai enseigné à l’UQAM et je veux vous dire que c’était vraiment une expérience valable pour moi parce que c’était au milieu des années 80 et c’était rare à l’époque qu’un anglophone comme moi aille à McGill comme aille à l’UQAM comme professeur. Donc j’étais une sorte d’oiseau rare ou un drôle de phénomène au sein de l’UQAM.

Et mon français à l’époque n’était pas du tout bon. Ce n’est pas parfait maintenant, mais beaucoup mieux que quand je suis allé à l’UQAM pour la première fois. Et je peux vous dire qu’à l’UQAM il n’y a pas de doute la langue d’instruction n’est pas anglais. La langue d’instruction est le français.

Mais les étudiants étaient extrêmement accueillants et quand je ne savais pas un mot en français je pouvais le dire en anglais et ils me donneraient le français. Donc c’était un processus d’apprentissage sur le tas.

J’ai compris mieux le Québec et les aspects variés de la vie québécoise en allant à l’UQAM que si je n’étais pas je n’étais qu’à McGill. Donc je remercie l’UQAM pour cette expérience qui a bien formé ma vie, m’a forcé à comprendre et à parler en français. Pour le cas, je vous remercie. C’était une bonne période de temps à l’UQAM.

Et l’autre chose que j’aimerais dire en termes de ce processus des réfugiés, c’était quelque chose de différent pour moi parce que moi, je suis économiste comme métier, si vous voulez, et d’habitude, je suis occupé des questions des choses économiques. Mais cette expérience des réfugiés c’est plutôt une exercice du cœur parce que ce processus a aidé à nous définir comme Canadiens. Ce processus a aidé à nous donner et à donner au monde l’idée que nous sommes vraiment un pays qui accueille les réfugiés. Nous sommes vraiment un pays, au moment de la crise la plus sévère depuis des décennies pour les réfugiés où il y a littéralement des millions de personnes déplacées.

En ce moment de crise pour le monde, un moment où l’Europe, l’existence même de l’Union européenne, selon certains gens, est en question, ça pose des problèmes majeurs. Et en ce moment de crise majeure, certains pays ont fermé leurs portes aux réfugiés ou au moins il est devenu plus difficile d’y aller pour les réfugiés. Et en même temps, au Canada, nous avons ouvert nos portes et nous avons dit bienvenue aux réfugiés. Pour moi c’est une très, très bonne chose.

Et l’autre dimension qui était un élément du cœur que j’aimerais mentionner c’est quand j’étais à l’aéroport à Montréal avec Denis Coderre, avec le premier ministre Couillard, avec mon homologue Kathleen Weil et d’autres ministres pour rencontrer les réfugiés pour la première fois, le premier vol à Montréal, je peux vous dire que c’était un moment d’émotion élevée.

Je me rappelle très bien 15 minutes avant l’arrivée des réfugiés on nous a dit qu’ils étaient prêts à arriver d’ici 15 minutes et l’atmosphère d’émotion dans la salle était palpable. Et tout le monde était excité de les voir pour la première fois. Je me rappelle que Denis et le Premier ministre et moi, nous sommes allés à la porte pour les dire bienvenue sans les médias juste parce qu’on voulait le faire. Je n’ai jamais vu des fonctionnaires fédéraux travailler si bien avec les fonctionnaires provinciaux parce que tout le monde était content.

Et l’autre élément qui était bon, et on a fait cela à Montréal mais on ne l’a pas fait à Toronto, c’était que aussitôt que les réfugiés avaient fini leurs choses officielles, ils ont traversé la rue où il y avait une autre salle immense où étaient toutes les familles des réfugiés qui les attendaient. Et donc l’émotion dans cette salle, quand on voyait les réfugiés un par un entrer dans cette salle avec toutes les familles-là, et le fait de voir ces familles réunies, justifiaient toute l’opération. C’était quelque chose de merveilleux, et je n’oublierai jamais cela.

L’unique problème auquel je me suis heurté dans cette salle remplie de familles tient à ce que, en tant que ministre de l’Immigration, j’étais une proie facile pour toutes les personnes qui souhaitaient me dire qu’elles avaient des problèmes avec d’autres membres de leur famille. Je suppose que cela fait partie des risques du métier.

J’aimerais vous dire quelques mots à propos de notre processus concernant les réfugiés. Je veux aussi vous parler brièvement d’autres mesures que nous avons prises, car l’immigration ne se résume pas à la seule question des réfugiés. Je terminerai en vous faisant part de deux ou trois leçons générales que j’ai apprises.

Il y avait essentiellement deux étapes. Étape un c’était d’amener ces 25 000 réfugiés de la Jordanie et du Liban ici au Canada. Et c’était difficile au début. On a dû construire une machine pour faire cela et c’était dur au début. Aussitôt que la machine était établie, ce n’était pas du tout difficile.

Donc, cela nous a pris du temps. Je dois féliciter tous les fonctionnaires. On avait 500 là-bas qui ont vraiment travaillé fort pour faire ce qu’ils n’avaient jamais fait auparavant.

L’un des slogans électoraux de Justin Trudeau concernait le vrai changement. Le vrai changement tient notamment au fait de réaliser des choses qu’on n’a jamais réalisées auparavant. S’il s’agit de quelque chose que nous avons déjà fait, il n’est pas possible de considérer cela comme un vrai changement, n’est-ce pas?

Et, de fait, les fonctionnaires ont été appelés à réaliser quelque chose qu’ils n’avaient jamais réalisé dans le passé, à savoir faire venir au pays quelque 25 000 réfugiés ayant subi un contrôle complet de sécurité et de santé, et ce, en quatre mois. Ils n’avaient jamais fait cela auparavant. Il s’agissait d’un vrai changement. Ils se sont acquitté de la tâche en temps opportun. Les réfugiés sont arrivés ici le 27 février, soit deux jours avant la date prévue. Je félicite donc tous les fonctionnaires et toutes les personnes qui ont rendu cela possible.

Toutefois, après cela, nous sommes passés à l’étape deux.

Et si vous pensez que l’étape une était difficile, l’étape deux est plus difficile et dans un sens plus important parce que c’est une chose d’amener les gens ici. C’est une autre chose de les aider à trouver le succès au Canada. Et là, les objectifs principaux sont le logement, la langue et l’emploi. Et comme j’ai dit au début comme Sean Finn a dit au début, les trois priorités étaient logement, logement, logement. Et j’ai dit à l’époque aussi, j’ai dit en novembre que ce n’était pas un projet gouvernemental. C’est un projet national, commençant avec CN et ses cinq millions de dollars jusqu’aux petits enfants avec les affiches disant bienvenue aux réfugiés et tout le monde entre ces deux extrêmes.

Ainsi, j’aimerais vraiment remercier le CN d’avoir montré la voie à suivre au moyen de sa merveilleuse contribution de 5 millions de dollars.

CN, je vous remercie encore une fois. Mais ce n’était pas juste CN.

Il y a aussi Fondations communautaires du Canada. D’ailleurs, Ian Bird se trouve dans la salle.

Manuvie et beaucoup d’autres ont contribué aussi. Ils ont contribué au logement qui était absolument nécessaire. Mais aussi il y a d’autres choses. La somme totale des fonds qu’on a obtenus jusqu’à date c’est plus que 30 millions de dollars. On a bien fait. Je remercie tous qui ont contribué.

Maintenant aussi la priorité c’est l’emploi. Je viens de rencontrer des gens d’affaires de ce groupe pour discuter cela. Je sais qu’il y a beaucoup d’industries qui ont besoin des gens qui n’ont pas nécessairement beaucoup d’éducation mais qui veulent travailler. Il y a certaines industries qui ont eu historiquement des problèmes en attirant des travailleurs.

Je remercie ceux qui étaient à la réunion. Je remercie la Chambre de commerce pour son projet Interconnexion. Et je remercie vous tous au degré que vous pouvez aider à nous aider à trouver donc des emplois pour nos 25 000 nouveaux Canadiens.

J’étais à Halifax hier. Je serai à Winnipeg demain et à Vancouver après demain pour envoyer le même message à la communauté d’affaires : soyez impliqués. Je sais que vous êtes impliqués, mais à tout le monde je dis soyez impliqués. C’est un projet national. Nous avons besoin de votre aide et merci pour ce que vous avez déjà fait et j’espère que vous ferez même plus.

Merci beaucoup.

Maintenant je ne veux pas trop parler trop longtemps, mais je veux vous expliquer certaines autres choses qu’on a faites parce que la vie n’est pas juste les réfugiés. Quatre choses.

On a restauré les soins de santé pour les réfugiés, point numéro un.

On a introduit des changements de la loi portant sur la citoyenneté parce que, pour nous, un Canadien est un Canadien. Il y a une classe de citoyen, pas deux. Nous sommes tous égaux. Donc il n’est pas correct que le gouvernement puisse révoquer la citoyenneté de ceux qui ont une citoyenneté duelle. Après le passage de notre loi, cela ne sera plus possible. Si quelqu’un est coupable des crimes importants, la place pour cette personne c’est en prison pas à l’aéroport et ça sera notre position pour l’avenir.

Troisièmement, pour nous, les immigrants non francophones les immigrants francophones hors Québec sont importants. Je ne peux pas encore l’annoncer mais j’espère d’être capable d’annoncer un de ces jours la restauration de l’Avantage significative qui favoriserait les immigrants francophones qui veulent aller hors Québec. Je suis impliqué dans cela. J’ai des collègues comme Stéphane Dion, Mélanie Joly, Mauril Bélanger. (Ce dernier), malheureusement, est très malade, mais il a dévoué une grande partie de sa vie au sort des francophones hors Québec et je le remercie pour tout son travail. Et je peux vous dire qu’avec Mauril et ces autres on travaille fort sur ce dossier.

Et finalement, les titres de compétences, ou qualifications professionnelles.

Ce n’est pas dans la juridiction fédérale. Quand j’avais une réunion plus tôt cette semaine avec mes homologues provinciaux, j’étais un peu réticent de le mentionner parce que c’est clairement une juridiction provinciale, non seulement ici au Québec mais partout au Canada. Et mais c’était mon homologue québécois qui a dit que, oui, on devrait avoir une réunion fédérale-provinciale pour discuter les meilleures pratiques dans ce domaine. Et c’est vraiment un défi important que nous avons eu depuis des décennies.

Les médecins ou les ingénieurs de l’extérieur qui viennent au Canada et qui conduisent des taxis, c’est un problème, mais cela n’a pas été réglé pour des décennies. J’espère avec cette comparaison de meilleures pratiques qu’on aura une chance de faire un début d’une résolution de ce problème.

La dernière chose c’est les étudiants internationaux. Je pense que si on pense à un groupe de personnes qui sera le meilleur groupe pour le Canada comme Canadiens futurs, ça doit être les étudiants internationaux parce qu’ils comprennent le français ou l’anglais. Par définition, ils ont une éducation. Ils connaissent le pays. Donc on devrait, étant donné le vieillissement de la population, essayer le mieux possible que ces gens arrivent ici, qu’ils restent ici, qu’ils deviennent les résidents permanents.

Dans le cadre d’Entrée express, ils faisaient figure de parents pauvres. Ils se retrouvaient perdants. Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre aux étudiants étrangers de devenir plus facilement résidents permanents du Canada. L’une des mesures que nous avons prises tient au rétablissement du crédit de 50 pour cent pour le temps passé au Canada, crédit qui leur est accordé en vue de l’obtention de la citoyenneté. Lorsqu’on souhaite séduire quelqu’un, on évite de le gifler. Le fait de priver les étudiants étrangers du crédit de 50 pour cent constituait une insulte à leur endroit. C’était l’équivalent d’une gifle. Par conséquent, nous avons rétabli le crédit, mais surtout, nous allons mettre au point des mécanismes plus solides pour les aider à acquérir le statut de résident permanent, car je crois que le Canada a besoin de ces étudiants étrangers. Le Québec a besoin d’eux. Nous allons faire en sorte qu’il soit plus facile pour eux de venir et de rester ici.

Deux points finaux. Les leçons que j’ai apprises : la première leçon c’est en tant qu’économiste. C’est plutôt technique. C’est-à-dire qu’avec ces réfugiés, nous avons appris comment faire les choses beaucoup plus vite. J’ai dit que c’était quelque chose de nouvelle. Donc on a appris faire des choses plus vite pour les réfugiés. Si on peut faire des choses plus vite pour les réfugiés, on peut faire la même chose pour les familles. Maintenant, les époux qui veulent venir ici doivent attendre deux ans et ce n’est pas acceptable. Ça devrait être six mois. Et il y a quelques-uns à côté de l’hôtel qui font des manifestations, et pour de bonnes raisons. Donc nous allons attaquer ce problème. En partie nous allons l’attaquer en transférant ce que nous avons appris afin de faire l’exercice rapidement pour les réfugiés, de faire le même exercice rapidement, mais bien, pour les époux et les familles.

Finalement, j’ai appris une chose concernant le Canada. C’est rare que je dis.

Il est très rare que j’affirme que le Canada est un chef de file mondial dans quelque domaine que ce soit. Les Canadiens disent fréquemment que le Canada est un chef de file mondial dans tel ou tel domaine, mais bien souvent, ce n’est pas le cas. Je vais donc m’abstenir d’être trop libéral, bien que cela ne soit pas un vilain mot. Cela dit, s’il est un domaine dans lequel nous montrons la voie à suivre au reste du monde, c’est bien celui de l’intégration. Le Canada fait figure de modèle en accueillant des gens de diverses religions, de diverses communautés et de diverses origines ethniques et en les faisant vivre ensemble au sein d’une collectivité qui fonctionne bien. Au cours des 15 dernières années, j’ai été témoin de cela en tant que député de Markham, collectivité la plus diversifiée du pays selon Statistique Canada. De fait, lorsque des ministres d’un grand pays comme l’Allemagne – plus de 80 millions d’habitants – sont venus au Canada, ils ont demandé à rencontrer le maire de Markham afin de lui poser des questions sur la manière dont il s’y prend pour mener à bien une intégration de ce genre.

Ainsi, je pense que nous excellons à ce chapitre et que nous pourrions tirer davantage parti de cela. Nous ne sommes pas parfaits. Nous sommes loin de l’être, mais ailleurs dans le monde, par exemple en Europe, on constate la présence de partis qui s’opposent à l’immigration et qui veulent renvoyer les gens chez eux. Nous n’avons pas de tels partis dans notre pays. Il arrive que le Parti conservateur ne soit pas d’accord avec nous, mais il ne s’oppose pas à l’immigration.

Notre pays est favorable à l’immigration. J’avancerais que notre pays est un modèle à suivre pour le monde entier en raison de sa capacité d’accueillir et d’intégrer les gens. De plus, je crois que, grâce à notre réussite et à l’attention qu’elle a suscitée partout dans le monde, nous pouvons jouer un rôle au moment d’aider les autres pays à intégrer davantage les gens plutôt que de les refouler et de leur opposer un refus.

Donc je vous remercie pour toute l’attention que vous m’avez accordée. C’était vraiment un plaisir pour moi d’être à Montréal encore une fois. Merci beaucoup.

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