Objets vulnérables

Dans son article intitulé « Quantified Risk Reduction in the Humidity Dilemma » (APT Bulletin, vol. 27, 3, , p. 25–29) Stefan Michalski définit les objets dont la vulnérabilité est élevée ou très élevée. Ces définitions de la « vulnérabilité » des objets se fondent en particulier sur les dommages mécaniques. Jusqu'à maintenant, cette classification a été essentiellement appliquée aux objets en bois. L'information ci-incluse n'a pour but que d'indiquer les dommages probables à certains matériaux. Elle illustre les problèmes auxquels on peut se heurter dans différents régimes climatiques, sans toutefois fournir une liste exhaustive de toutes les vulnérabilités possibles.

Classification de la vulnérabilité aux dommages mécaniques d'objets par rapport aux variations de température et d'humidité relative

La vulnérabilité d'objets aux variations de température et d'humidité relative peut grandement varier. Stefan Michalski a défini quatre catégories de vulnérabilité : très élevée, élevée, moyenne et faible (voir les articles « Quantified Risk Reduction in the Humidity Dilemma », APT Bulletin, vol. 27, 3, , p. 25–29 et « Climate Control Priorities and Solutions for Collections in Historic Buildings », Historic Preservation Forum, vol. 12, 4, été , p. 8–14). À titre d'exemple, un objet en bois comportant des enduits vieillis (colle, vernis, laque, gesso, peinture à l'huile) qui chevauchent un assemblage où les veines des composantes en bois se rejoignent à angle droit serait considéré de vulnérabilité très élevée. En revanche, un morceau de bois unique enduit d'une couche de peinture ou de vernis serait considéré de vulnérabilité moyenne, pourvu que le bois n'ait aucun croisillon ou élément restreignant son mouvement. Au tableau ci-dessous, on présente de nombreux exemples d'objets en bois classés.

Le chapitre du manuel de l'ASHRAE utilise de telles classes de vulnérabilité afin de décrire le risque que différents niveaux de régulation peuvent présenter pour les collections.

Vulnérabilités d'artéfacts en bois

C'est adapté de l'article de Stefan Michalski « Quantified Risk Reduction in the Humidity Dilemma », APT Bulletin, Vol. 27, 3, , pp. 25–29.

Vulnérabilité très élevée

  • HR de ± 5 % : rupture graduelle par fatigue
  • HR de ± 10 % : rupture possible à chaque cycle de variation
  • HR de ± 20 % : rupture définitive au premier cycle de variation
Exemples d'artéfact
  • Cette catégorie d'artéfact en bois ne respecte pas les règles de travail du bois prudentes, ou la rupture des enduits n'a jamais été considérée comme une altération (p. ex. les portes peintes).
  • Enduits vieillis (colle, vernis, laque, gesso, peinture à l'huile) qui chevauchent un assemblage où les veines des éléments en bois se rejoignent à angle droit (notamment des joints de recouvrement, des assemblages à tenon et mortaise, ainsi que des nœuds dans les composantes en bois).
  • Enduits vieillis (colle, vernis, laque, gesso, peinture à l'huile) qui chevauchent une fente formée par une gerce, un nœud, un joint droit juxtaposé ou un assemblage à onglet.
  • Les incrustations de métal, de corne, d'ivoire ou de coquillage (mais pas de bois : la marqueterie est considérée de vulnérabilité moyenne, parce qu'elle est bien plus robuste et plus résistante). Plus l'incrustation en travers du fil est longue, plus la vulnérabilité de la pièce est grande.

Vulnérabilité élevée

  • HR de ± 5 % : aucune rupture par fatigue
  • HR de ± 10 % : rupture graduelle par fatigue, ou déformation plastique
  • HR de ± 20 % : rupture possible à chaque cycle de variation
  • HR de ± 40 % : rupture définitive au premier cycle de variation

Les vieux artéfacts ont déjà essentiellement subi ce type de rupture. Cette catégorie ne concerne que les artéfacts provenant de conditions moins variables ou supérieures à la moyenne annuelle, ou ceux qui viennent d'être rattachés par le biais de traitements non flexibles.

Exemples d'artéfact
  • Placage sur des assemblages d'angle si les fils de bois se rejoignent à angle droit (notamment des joints de recouvrement et des assemblages à tenon et mortaise, ainsi que des nœuds dans les composantes en bois).
  • Laque, peinture à l'huile ou dorure sur des éléments en bois d'une pièce et sans nœuds, ou sur des joints comportant des languettes et rainures, du tissu, du papier de soie, etc. qui sont encore en bon état. Lorsqu'elles sont nouvelles et assez souples, ces couches peuvent se trouver dans la catégorie de vulnérabilité moyenne.
  • Chantournement, ornements appliqués (surtout si le fil du bois suit l'encoche), assemblages comportant des bandes de métal, des boulons, des clous ou des vis qui retiennent le bois de façon inégale.
  • Bois à gerce ou sculpture rempli de nouveau bouche‑pore dur.
  • Panneau fendu ou toile sur panneau fendu dans une feuillure ou un parquet bloqué.
  • Grands morceaux de bois desséché, comme les pièces d'art populaire; tous les nœuds et le fil inégal du bois doivent être considérés comme soumis à une telle précontrainte.
  • Nouveau contreplaqué, bois récemment formé à la vapeur et tenu par d'autres éléments.
  • Panneaux se trouvant près de murs à humidité intermittente, lames de parquet au-dessus de vides sanitaires humides, placage collé ou assemblages dont l'encollage s'est ramolli, avec nouvelle adhésion à la position prise par l'élément dilaté.

Vulnérabilité moyenne

  • HR de ± 10 % : aucune rupture par fatigue
  • HR de ± 20 % : rupture graduelle par fatigue ou déformation plastique
  • HR de ± 40 % : rupture possible à chaque cycle
Exemples d'artéfact
  • La plupart des travaux de menuiserie, de placage et de marqueterie sur des pièces uniques de bois net en travers du fil; les mêmes pièces soumises à des précontraintes que ci-dessus, en cas de relaxation de la contrainte depuis plus de dix ans.
  • Tout morceau de bois comportant peu ou pas d'enduit et soumis à une variation d'humidité relative moins longue que son temps de réaction. Cette condition entraîne le gauchissement ou l'apparition de gerces superficielles, p. ex. à l'endos de cadres. Sur les veines d'extrémité, cela entraîne des gerces en bout, p. ex. les tenons, assemblages à queue d'aronde, pattes de meubles, pièces en surplomb de totems sculptés.

Vulnérabilité faible

HR de ± 40 % : accumulation possible de rupture par fatigue ou de déformation plastique si la liberté de mouvement, les enduits ou la lenteur de la variation ne sont pas parfaits.

Exemples d'artéfact
  • Hormis les éventuelles fissures dans le vernis, et compte tenu d'une variation assez lente d'humidité ou de bons revêtements pare-humidité :
    • menuiserie déjà desserrée
    • panneaux flottants
    • plateaux de table desserrés
    • planches bouvetées ou à chevauchement, clouées ou boulonnées en un seul endroit, p. ex. des lambris
    • boîtes sur des machines agricoles (sauf si elles sont bloquées par la peinture ou le gauchissement)
    • totems évidés
    • sculptures creuses
    • la plupart des poignées d'outils faites d'une seule pièce
    • placage sur du bois à fil parallèle
    • éléments en bois assemblés et à fil parallèle

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