Une chercheuse canadienne se penche sur la perspective des genres dans le cadre du maintien de la paix

Le 29 novembre 2019 - Nouvelles de la Défense
Auteur : Steven Fouchard, Affaires publiques de l’Armée, Toronto (Ontario)

Au moment où les Nations Unies et d’autres organisations militaires partout dans le monde cherchent à augmenter la représentation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, une chercheuse canadienne se penche sur cette question peu étudiée, afin de mieux en comprendre les répercussions potentielles.

Andrea Lane, une candidate au doctorat à l’Université Dalhousie, effectue actuellement un contrat d’un an auprès du Collège des Forces canadiennes, où elle a été invitée à enseigner dans le cadre du programme de sécurité nationale et du programme de commandement et d’état-major interarmées.

À titre de directrice du Centre for the Study of Security and Development de l’Université Dalhousie, elle porte un intérêt de longue date pour la recherche sur la politique de défense canadienne et, en particulier, sur le rôle des femmes dans les forces militaires.

Elle venait de commencer à examiner la contribution canadienne à la mission de l’ONU au Mali — où le Canada a cessé ses opérations le 31 août 2019 — lorsque le gouvernement fédéral a mis en branle un projet pilote qu’il avait annoncé en 2017 : l’Initiative Elsie, visant à accroître la participation significative des femmes dans le cadre des opérations de paix.

Bien qu’elle soit généralement d’accord avec les efforts déployés pour rendre le milieu militaire à prédominance masculine plus ouvert aux femmes, Mme Lane estime que la vision actuelle du rôle des femmes dans le soutien de la paix n’est peut-être pas entièrement bénéfique.

« Il existe une foule d’hypothèses selon lesquelles les femmes seraient de meilleures communicatrices, plus susceptibles de désamorcer les conflits plutôt que de les envenimer, ou perçues comme plus chaleureuses et faciles d’approche par les civils. Mais ces hypothèses n’ont, pour la plupart, jamais été mises à l’essai. Elles entraînent un fardeau distinct pour les femmes soldats de la paix, qui sont alors considérées comme différentes de la norme en matière de maintien de la paix, une norme masculine », explique-t-elle.

« En surface, une plus grande participation des femmes dans les opérations de paix semble être une victoire incontestable. Comment pourrait-il s’agir d’une mauvaise chose? C’est en examinant de plus près les raisons qui motivent une telle inclusion qu’on réalise que certaines répercussions pourraient compliquer leur intégration complète. Il n’est pas question d’intégration complète lorsqu’une organisation militaire affirme vouloir des femmes soldats en raison de ce qu’elles « apportent à la table » », poursuit Mme Lane.

L’ONU a récemment ordonné à ses nations membres de former des équipes de mobilisation pour le maintien de la paix — chargées de sensibiliser la population civile — devant être composées d’au moins 50 p. cent de femmes. Mais il y a très peu de recherches sur les effets de telles initiatives sur les groupes qu’elles sont censées aider, note Mme Lane.

« Des organisations militaires de pays nordiques comme la Suède et le Danemark ont déployé des équipes de mobilisation féminines en Afghanistan. Certains témoignages tirés de ces expériences suggèrent que les collègues masculins de ces femmes soldats les percevaient d’abord comme des femmes, puis comme des soldats, et estimaient qu’elles devaient être protégées. »

« Il s’agit toutefois d’une étude restreinte. Il y a un manque flagrant de données probantes rigoureuses en ce qui concerne certaines de ces allégations sur les femmes soldats de la paix. Il n’y a même aucune donnée pour le Canada. Ma recherche vise en grande partie à enrichir ces données probantes. »

Mme Lane souligne que son contrat avec le Collège des Forces canadiennes n’est pas lié à son projet de recherche, mais qu’il s’agit d’une « heureuse coïncidence ». Elle a ainsi accès à des femmes officiers qu’elle pourra interroger pour étayer sa thèse.

Au moment d’écrire ces lignes, Mme Lane était toujours en attente de l’approbation du Collège et de l’Université Dalhousie pour commencer les entrevues. Elle fait toutefois déjà l’objet d’une certaine couverture médiatique qui attire l’attention.

Grâce au bouche-à-oreille, elle commence aussi à trouver d’autres sujets potentiels par l’entremise de son réseau personnel et de celui de son mai, un officier de la Marine royale canadienne.

« J’ai découvert, et j’en suis très heureuse, que les femmes souhaitent aborder le sujet, en raison des répercussions qu’il a sur leur vie professionnelle. »

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