Allocution de l'Hon. Harjit S. Sajjan, ministre de la Défense nationale, au Dialogue de Shangri-La

Discours

6e séance plénière : Poursuivre des objectifs communs en matière de sécurité IISS

Hôtel Shangri-La, Singapour
Le 5 juin 2016

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Mesdames et Messieurs,

M. Chipman,

Je vous remercie de me donner l’occasion de participer au Dialogue de cette année. C’est la première fois que je participe au Dialogue de Shangri-La depuis l’élection de notre gouvernement, et je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière. Le Canada est là, et il est prêt à explorer de nouvelles façons de coopérer avec ses amis et partenaires de la région de l’Asie-Pacifique.

Comme notre premier ministre le dit souvent, lorsqu’il s’agit de sécurité, les pays sont plus forts et plus sécuritaires quand ils travaillent ensemble. Qu’il s’agisse de travailler au sein de l’OTAN, dont le Canada est un membre fondateur, ou encore d’ajouter notre signature à l’accord de Paris sur les changements climatiques, notre gouvernement est d’avis que les relations basées sur les principes ne servent pas seulement nos intérêts – elles servent aussi ceux du monde entier.

Nous croyons aussi que la diversité n’est pas une faiblesse, mais plutôt une source de force collective. En ma qualité d’ancien policier, je peux vous dire qu’il existe une formidable diversité parmi les gens de ma communauté.

En fait, des immigrants provenant de divers pays de la région de l’Asie-Pacifique ont élu domicile à Vancouver. L’Asie représente la plus importante source d’immigrants venus s’installer au Canada.

Plus encore, l’Asie-Pacifique est notre deuxième plus important partenaire commercial, après notre voisin du sud.

Puisque que je suis né en Inde et que j’ai grandi à South Vancouver, je peux vous affirmer que le Canada est un pays très pacifique, à la fois géographiquement et dans l’esprit de ses habitants.

C’est pourquoi le Canada a la volonté d’accroître son engagement dans la région de l’Asie-Pacifique.

Plus important encore, nous avons la volonté de contribuer significativement à la prévention des conflits et au renforcement de la sécurité.

Nous nous employons à construire sur nos contributions passées pour nous adapter à la dynamique internationale en constante évolution et pour consolider l’ordre international fondé sur des règles.  

Comme le disait le secrétaire Carter hier, de plus en plus les pays travaillent ensemble et établissent des réseaux en matière de sécurité et, ce faisant, ils choisissent de bâtir un avenir inclusif et fondé sur des principes.

Mesdames et Messieurs, le Canada est - et continuera d’être - un collaborateur important et fiable en ce qui concerne la paix internationale et la sécurité dans cette région.

Nous avons tous pris le temps durant le présent Dialogue pour prendre connaissance de certains des défis auxquels nous devons faire face. Comme le démontrent les discussions que nous avons eues au cours des deux derniers jours, les menaces à la sécurité maritime sont la principale préoccupation à chaque réunion des représentants de la défense de l’Asie-Pacifique. 

Le Canada appuie tous les efforts déployés pour accroître la stabilité et la paix en Asie-Pacifique. Les parties en conflit doivent résoudre leurs différends pacifiquement et conformément au droit international.

Pour surmonter les défis auxquels nous faisons face, il faut aussi des mots clairs et des actions claires. Comme vous le savez, le Canada a fermement condamné les essais balistiques et nucléaires effectués par la Corée du Nord récemment, et ont sommé le pays de respecter ses obligations internationales. Et nous continuerons de travailler avec nos partenaires de l’Asie-Pacifique et de la communauté internationale pour réagir aux actes de provocation perpétrés par la Corée du Nord.

Pour faire face aux défis, il faut aussi établir des codes de conduite clairs. Dans le cadre du Western Pacific Naval Symposium, le Canada a participé à l’élaboration d’un code de conduite régissant les rencontres imprévues en mer, et il est l’un des signataires. Nous sommes d’avis que ce code de conduite pourrait être un mécanisme important pour réduire le risque d’accidents ou d’incidents entre les pays qui font partie de l’entente.

Et maintenant, abordons une question d’importance pour le monde entier, et à laquelle l’Asie-Pacifique n’est pas étrangère… la menace en constante évolution que constitue le terrorisme.

Nous savons tous que des groupes radicalisés frappent leurs adversaires avec des attentats terroristes et autres actes de violence. Et déjà, nous sommes témoins de la montée d’une autre génération de jeunes adultes susceptibles de se radicaliser. Comme l’a expliqué avec éloquence mon collègue de la Malaisie hier, nos interventions et nos stratégies doivent être différentes et aller au-delà de la guerre conventionnelle. La contre-insurrection classique ne fonctionnera pas contre le groupe armé État islamique. Nous devons adopter un plan exhaustif pour détruire le groupe armé État islamique, son message et ce qu’il représente.

Dans le cadre de notre combat contre le groupe armé État islamique, nous avons triplé le nombre d’instructeurs dans le nord de l’Irak et doublé nos capacités de renseignement.

Le Canada a tiré des leçons durement acquises des précédents conflits. Nous devons véritablement comprendre les complexités sur le terrain. Nous devons nous rassembler pour comprendre ce conflit. 

En raison de la révolte des populations locales, de l’incompréhension de la dynamique et des intérêts régionaux, et de la soif du pouvoir à tout prix, ces interminables conflits ont des conséquences dévastatrices. Les groupes radicaux comblent le vide créé par le néant politique et les discordes parmi la population.

Ceux d’entre nous qui sommes aux premières lignes de la défense et de la sécurité mondiales savons trop bien que les problèmes qui déstabilisent un pays ne connaissent pas de frontières. Ils se propagent dans les pays voisins et souvent, dans toute la région.

Mesdames et Messieurs, je crois que cette explication se trouve au cœur de la raison pour laquelle une approche coordonnée est essentielle dans l’atteinte de nos objectifs communs en matière de sécurité.

De plus, nos citoyens sont souvent pris au milieu de ces conflits, comme le Canada en a fait l’expérience tragique il y a quelques mois seulement.  

Dans les rues de Jakarta, à la mi-janvier, des terroristes ont perpétré un attentat-suicide et une attaque armée qui a coûté la vie à quatre personnes, dont un Canadien.

Il y a quelques semaines seulement, aux Philippines, nous avons été témoins de la décapitation d’un Canadien par le groupe Abou Sayyaf.

Le comportement agressif de la Corée du Nord, la sécurité maritime et le terrorisme. Ce ne sont que quelques-uns des problèmes de sécurité dans la région de l’Asie-Pacifique. Ils affectent tous les pays du Pacifique, y compris le Canada.

Nous avons aussi pu constater que les conflits ne sont pas la seule chose qui est susceptible de déstabiliser une région.

La dévastation provoquée par les phénomènes météorologiques majeurs et les séismes nous pousse à adopter des mesures plus fermes en matière de sécurité climatique.

Dans les cas graves, où les autorités civiles sont débordées et demandent l’aide du Canada, nous pouvons - et nous allons - déployer des capacités militaires sur les lieux de la catastrophe.

Au cours des dernières années, le Canada a participé à plusieurs opérations de secours à la suite de catastrophes dans la région de l’Asie-Pacifique. D’abord après le typhon Haiyan, qui a balayé la région en 2013, puis après le séisme dévastateur survenu au Népal en 2015, l’Équipe d’intervention en cas de catastrophe (EICC) des Forces armées canadiennes a déployé environ 200 soldats dans la région pour venir en aide aux autorités locales.

Ces déploiements effectués dans le cadre de l’intervention civile pangouvernementale du Canada sont la référence absolue en matière de coopération civilo-militaire lors d’interventions à la suite de catastrophes naturelles. Des interventions que nous sommes prêts à faire. En fait, j’étudie actuellement la possibilité d’inclure nos équipes civiles de sauvetage en milieu urbain à nos interventions.

Nous continuons d’investir dans notre stratégie nationale de construction navale, un engagement à long-terme de plusieurs milliards de dollars visant à renouveler la flotte navale du Canada. Notre stratégie contribuera à construire et à entretenir une flotte efficace pour la sécurité maritime sur toutes les côtes canadiennes, incluant celle du Pacifique.

J’ai aussi lancé récemment les premières consultations publiques du Canada en vingt ans sur notre politique de défense, dans le cadre de laquelle nous consultons également nos alliés. Bon nombre d’entre vous réunis dans cette salle ont déjà fourni de précieuses indications qui ont attiré notre attention vers la région du Pacifique. J’attends avec impatience de poursuivre ces discussions et de rendre publique notre nouvelle politique de défense au cours de la prochaine année.

C’est en travaillant ensemble que nous avons été en mesure d’échanger des leçons apprises et de partager nos connaissances pour renforcer nos capacités des deux côtés du Pacifique.

Le Canada est fier de faire partie de plusieurs organisations clés sur le plan de la sécurité dans la région, notamment l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), le Forum régional de l’ANASE et le Western Pacific Naval Symposium. 

C’est par l’entremise de ces organisations et dans le cadre de nos relations bilatérales que nous sommes en mesure de partager notre expertise en matière de formation au maintien de la paix, de relations civilo-militaires, de médecine de campagne, de contre-terrorisme, de sécurité maritime, d’aide humanitaire et d’intervention en cas de catastrophe.

Quand elle est offerte dans un contexte bilatéral, cette expertise est partagée, par exemple, dans le cadre du Programme d’instruction et de coopération militaires des Forces armées canadiennes. Ce programme réunit nos militaires des Forces armées canadiennes et leurs collègues à l’international, ici en Asie du Sud-Ouest et partout dans le monde.

C’est ce principe du « donner et recevoir » qui définit nos relations avec nos partenaires régionaux et qui nous permet de travailler ensemble dans le cadre d’opérations de formation militaire visant à servir nos intérêts communs en matière de sécurité.

Ainsi, depuis 1965, plus de 2 500 participants de la région de l’Asie-Pacifique ont reçu une formation dans le cadre de ce programme, soit au Canada ou dans d’autres pays à travers le monde.

Mais le Canada peut faire plus. Nous croyons fermement que la meilleure façon de contribuer à la paix et à la stabilité en Asie-Pacifique est en poursuivant un dialogue ouvert et transparent. Ce n’est qu’un début. Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt le développement des infrastructures de sécurité dans la région.      

Alors que des organisations comme le Sommet de l’Asie de l’Est et la réunion élargie des ministres de la Défense de l’ANASE gagnent en puissance et en vigueur, nous savons que les pays de cette région comprennent que le Canada est prêt à contribuer.

Mesdames et Messieurs, le Dialogue de Shangri-La nous a fourni la tribune nous nous avions bien besoin pour discuter des enjeux les plus pressants en ce moment en matière de sécurité.

Nous avons échangé des idées et des pratiques exemplaires de manière ouverte et collaborative. Nous avons réaffirmé notre engagement à coopérer et à atteindre nos objectifs communs en matière de sécurité…et nous avons réitéré ces précieuses amitiés et relations professionnelles qui rendent le travail que nous accomplissons ensemble beaucoup plus fructueux.

Il est important de maintenir un dialogue constructif sur les enjeux sur lesquels nous sommes en accord ET sur lesquels nous sommes en désaccord… Particulièrement ceux sur lesquels nous sommes en désaccord.

Le Canada est déterminé à entretenir des liens solides et productifs avec ses alliés et partenaires dans la région de l’Asie-Pacifique. Nous comprenons la nécessité de continuer à démontrer un engagement significatif dans la région et nous sommes résolus à concrétiser cet engagement.
L’engagement du Canada en Asie-Pacifique sera cohérent et constructif.

Nous sommes enthousiastes à l’idée de poursuivre notre coopération et nos partenariats avec vous tous pendant de nombreuses années.

Merci.


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L'hon. Harjit Singh Sajjan Défense nationale et les Forces armées canadiennes Histoire et science militaire

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