Déclaration des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G7 sur les répercussions économiques mondiales de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et le soutien du G7 à l'Ukraine
Déclaration
Washington, D.C., 12 octobre 2022
- Nous restons inébranlables dans notre soutien et notre solidarité envers l’Ukraine. De même, nous restons unis dans notre condamnation de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et des pertes humaines tragiques qui en résultent, et réitérons la déclaration des dirigeants du G7 du 11 octobre 2022.
- La guerre d’agression de la Russie provoque d’importantes perturbations économiques mondiales, ajoutant des tensions à une économie mondiale qui commençait à peine à se rétablir de la pandémie et à surmonter les inadéquations entre l’offre et la demande. Nous exhortons la Russie à mettre immédiatement fin à sa guerre injuste et brutale. Il s’agit à la fois d’un impératif moral et de la priorité pour améliorer les perspectives de l’économie mondiale dans ce contexte difficile. La guerre de la Russie a provoqué de nouvelles augmentations substantielles des prix des produits de base, y compris de l’énergie et des denrées alimentaires, exacerbant les niveaux élevés d’inflation dans de nombreuses économies du monde, qui touchent de manière disproportionnée les pays à faible et à moyen revenu.
- Les banques centrales du G7 sont fermement résolues à parvenir à la stabilité des prix, conformément à leurs mandats respectifs. À cette fin, les banques centrales surveillent de près les répercussions qu’auront ces tensions sur les prix sur les prévisions d’inflation et continueront à calibrer de manière appropriée le rythme du resserrement de la politique monétaire en fonction des données à leur disposition et en assurant une communication claire. En outre, elles veilleront à ce que les anticipations d’inflation restent solidement ancrées tout en étant soucieuses de limiter les répercussions sur l’activité économique et les effets de contagion entre pays.
- Nous continuerons également à surveiller de près les marchés mondiaux compte tenu de la volatilité observée récemment, et nous accueillons favorablement la surveillance et l’analyse du Conseil de stabilité financière. En réponse à la volatilité accrue de nombreuses devises cette année, nous réaffirmons nos engagements en matière de taux de change tels qu’ils ont été formulés en mai 2017.
- Nous continuerons à collaborer pour atténuer les effets de cette guerre dans le monde, en particulier sur les pays à faible et à moyen revenu, ainsi que sur nos propres économies et populations, tout en apportant le soutien nécessaire de manière temporaire et ciblée. Alors que nous ajustons l’orientation de notre politique budgétaire dans ce contexte, nous restons attachés à une politique macroéconomique à moyen terme axée sur la stabilité et la croissance, qui nous placera clairement sur la voie de la viabilité des finances publiques et de la résilience du secteur financier à moyen terme.
- Dans un contexte où la guerre d’agression de la Russie a des effets particulièrement dévastateurs sur la sécurité alimentaire et la nutrition à l’échelle mondiale, nous saluons vivement la nouvelle fenêtre de choc alimentaire du Fonds monétaire international pour mieux réagir aux besoins urgents en matière de balance des paiements liés à l’insécurité alimentaire, en particulier dans les pays vulnérables. Nous soutenons pleinement l’intensification de la réponse apportée par les institutions financières internationales et saluons l’engagement de la Banque mondiale à fournir 30 milliards de dollars américains ainsi que l’engagement de la Société financière internationale à fournir 6 milliards de dollars américains pour la sécurité alimentaire. Ces engagements comprennent des efforts visant à encourager la production d’aliments et d’engrais conformément à des critères de durabilité, à renforcer les systèmes alimentaires et leur résilience, à supprimer les restrictions commerciales injustifiées et à soutenir les ménages et les producteurs vulnérables.
- Le G7 restera aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra et demeurera fermement mobilisé pour soutenir ses besoins urgents de financement à court terme. Depuis le début de cette guerre brutale et injustifiable, le G7 et la communauté internationale ont apporté un soutien important à l’Ukraine, faisant preuve d’une grande unité et de force pour répondre aux besoins humanitaires, matériels et financiers urgents. Pour 2022, nous avons mobilisé 33,3 milliards de dollars américains en aide budgétaire, dont l’enveloppe de 4,5 milliards de dollars américains en subventions supplémentaires annoncée récemment par les États-Unis, pour aider l’Ukraine à combler son déficit de financement et à continuer à assurer la fourniture de services de base au peuple ukrainien. Le soutien supplémentaire prévu pour les entreprises publiques ukrainiennes et le secteur privé par l’intermédiaire de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et de la Société financière internationale s’élève à 3,4 milliards de dollars américains. Le soutien susmentionné s’ajoute à l’assistance continue apportée par les pays du G7 à l’Ukraine, qu’il s’agisse d’un soutien militaire, humanitaire ou d’un soutien au redressement rapide du pays.
- Grâce à nos efforts, les versements au titre du soutien budgétaire à l’Ukraine s’élèvent déjà à 20,7 milliards de dollars américains en 2022. Avec le versement de l’aide supplémentaire prévue pour les derniers mois de l’année, les besoins financiers les plus urgents de l’Ukraine devraient être couverts pour 2022. De concert avec la communauté internationale et en étroite coopération avec le gouvernement ukrainien, nous restons déterminés à soutenir l’Ukraine dans les mois et les années à venir. L’Ukraine fera face à un déficit de financement important en 2023 pour continuer à fournir des services de base, remédier aux insuffisances les plus graves en matière d’infrastructures et maintenir la stabilité de son économie. Nous soutenons l’engagement étroit du FMI avec l’Ukraine et saluons vivement l’approbation par le conseil d’administration du FMI d’une aide d’urgence supplémentaire de 1,3 milliard de dollars américains pour l’Ukraine. Nous saluons également l’engagement du Groupe de la Banque mondiale et le versement rapide des ressources mobilisées. Nous accueillons favorablement la demande de l’Ukraine d’un programme de suivi par les services du FMI avec la participation du conseil d’administration pour aider l’Ukraine à créer et à respecter un cadre macroéconomique cohérent, à recenser ses besoins de financement et à progresser ainsi dès que possible vers un programme du FMI à part entière. Nous soutenons également le travail accompli par les donateurs et les institutions financières internationales avec l’Ukraine en vue de mettre en place une plateforme viable et inclusive pour la reconstruction de l’Ukraine.
- Nous accueillons favorablement le protocole d’entente signé le 14 septembre 2022 par le Groupe des créanciers de l’Ukraine[1] et le gouvernement ukrainien afin de mettre en œuvre la suspension des paiements au titre du service de la dette jusqu’à la fin de l’année 2023, une mesure qui vient compléter la demande faite par l’Ukraine aux créanciers privés. Cette mesure allège les pressions sur les liquidités en Ukraine et permet à son gouvernement de préserver les dépenses essentielles malgré la guerre d’agression de la Russie. Cette initiative soutient également l’accord important du gouvernement ukrainien avec les détenteurs d’obligations et de bons de souscription du secteur privé en vue de reporter les paiements de la dette pendant deux ans. Nous exhortons tous les autres créanciers bilatéraux officiels à parvenir rapidement à un accord avec l’Ukraine sur une suspension du service de la dette.
- Nous réaffirmons notre engagement commun relativement aux sanctions déterminées et coordonnées en réponse à la guerre d’agression de la Russie, y compris les mesures fortes prises récemment en réaction à la tentative frauduleuse de la Russie d’annexer des territoires souverains ukrainiens. Nous restons déterminés à mettre pleinement en œuvre nos sanctions économiques et financières et à les faire respecter, et restons vigilants face à l’évasion, au contournement et au remplissage des sanctions. Nous réaffirmons que nos mesures ne ciblent pas les aliments : nous permettons la libre circulation des produits agricoles et mettons tout en œuvre pour minimiser les retombées négatives potentielles et les effets de contagion sur les pays tiers, en particulier les pays à faible et à moyen revenu.
- Avec à l’esprit la déclaration des ministres des Finances du G7 du 2 septembre 2022, nous réitérons notre intention politique commune de finaliser et de mettre en œuvre une interdiction complète des services qui permettent le transport maritime de pétrole brut et de produits pétroliers en provenance de la Russie à l’échelle mondiale – la prestation de ces services ne serait autorisée que si le pétrole et les produits pétroliers sont achetés à un prix égal ou inférieur à un prix plafond. Nous accueillons favorablement l’adhésion de l’Australie à cette coalition sur le plafonnement des prix. Nous confirmons que la coalition a réalisé des progrès considérables dans tous les aspects clés depuis sa création en septembre et qu’elle continue de travailler sur l’uniformisation de la mise en œuvre avec le calendrier des mesures connexes prises dans le cadre du sixième train de sanctions de l’Union européenne. Nous insistons sur le fait qu’en stabilisant les prix mondiaux du pétrole et en exerçant d’ores et déjà une pression à la baisse sur les revenus russes, le plafonnement des prix aurait le potentiel d’être particulièrement bénéfique pour les autres pays, notamment les pays vulnérables à faible et à moyen revenu, qui souffrent des prix élevés de l’énergie et des denrées alimentaires, aggravés par la guerre d’agression de la Russie. Nous soulignons également que les différents secteurs de tous les pays peuvent continuer à utiliser les services maritimes de la coalition si leurs achats sont effectués à un prix égal ou inférieur au prix plafond, quelle que soit la participation à la coalition officielle.
- Conformément aux engagements pris par les dirigeants du G7 à Elmau, nous continuons d’encourager les pays producteurs de pétrole à accroître leur production afin de réduire la volatilité dans les marchés de l’énergie. Nous poursuivrons notre dialogue avec les pays de l’OPEP+ sur cette question essentielle dans un contexte où les conditions d’approvisionnement sont tendues malgré la décision décevante qu’ils ont prise récemment.
[1]Groupe des créanciers de l’Ukraine : Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis. Parmi les observateurs du Groupe figurent l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, Israël, l’Italie, la Corée, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, la Suède et la Suisse.
Signaler un problème ou une erreur sur cette page
- Date de modification :