Devant le Comité permanent du patrimoine canadien
Ottawa (Ontario)
Le 27 mars 2014
Priorité à l'allocution
Monsieur le Président, je vous remercie pour cette invitation à venir rencontrer votre comité. La directrice des Politiques et demandes relatives en matière de la radio, Annie Laflamme, m'accompagne aujourd'hui.
Nous sommes heureux d'avoir cette occasion de vous exposer les différents moyens que le CRTC emploie pour favoriser la présence d'un secteur radiophonique diversifié au pays – et de vous parler à propos de l'apport de ce secteur à l'industrie canadienne de la musique.
Actuellement, les Canadiens ont accès à plus de 1150 stations de radio commerciale, publique, communautaire et de campus. Elles proposent tout un éventail de formules, en français et en anglais ainsi que dans plusieurs autres langues.
Même s'il ne s'agit que de résultats provisoires, il semble que la radio commerciale a maintenu le cap en 2013. Ces stations ont déclaré des revenus totaux de 1,62 milliard de dollars et des profits avant impôts de 311 millions de dollars. Cela dit, je tiens tout de même à faire une mise en garde, car ces montants pourraient changer une fois qu'ils seront finalisés.
Un autre indicateur de la vitalité du secteur est la concurrence pour de nouvelles licences. Dans les deux dernières années, le CRTC a octroyé près de 50 nouvelles licences radio. Ces demandes constituent un vote de confiance envers l'avenir de la radio.
Un autre signe positif est la réussite d'artistes canadiens. Plusieurs sont connus à l'échelle de la planète. Nous les voyons sur les plus grandes scènes du monde et nous entendons leurs chansons dans des films et des émissions de télévision. Nous éprouvons un sentiment de fierté lorsqu'ils sont nommés pour un prix Juno ou un prix Félix ici au pays, pour un prix Grammy aux États-Unis ou un prix Victoire en France.
Parfois, nous oublions que la plupart de ces artistes ont fait leurs débuts sur les ondes de la radio canadienne.
Au fil des ans, les politiques réglementaires du CRTC et ses décisions entourant l'octroi de licences ont permis d'appuyer la promotion de la musique canadienne et d'y contribuer. Par exemple, 35 % des chansons que font jouer les stations de radio commerciale de langue anglaise doivent être canadiennes. Les stations de langue française doivent satisfaire une autre exigence : elles doivent s'assurer que 65 % des chansons qu'elles diffusent sont de langue française.
En 2006, le Conseil a adopté une nouvelle approche vis-à-vis le secteur de la radio commerciale. Nous avons décidé de mettre un accent accru sur la création et la promotion du contenu audio grâce au développement du talent des artistes canadiens en paroles et en musique.
La politique révisée exige des stations de radio qu'elles appuient FACTOR et MUSICACTION, qui jouent un rôle important dans le développement du talent des artistes canadiens, y compris les artistes nouveaux et émergents. Les stations doivent également continuer de contribuer à deux fonds qui existent depuis 1998, soit le Radio Starmaker Fund et le Fonds Radiostar.
Résultat : au cours des six dernières années, les stations commerciales ont investi plus de 280 millions de dollars en vue d'appuyer, de promouvoir et de former le talent des artistes canadiens en paroles et en musique.
Cette approche aide à renforcer le talent des artistes canadiens et à hausser la quantité de contenu canadien de grande qualité, tant en anglais qu'en français.
Pour faire en sorte que la musique canadienne conserve son dynamisme, il importe de présenter des artistes nouveaux et émergents. Toutes les stations de radio au pays poursuivent cet objectif. Cependant, il est important de noter le rôle particulièrement important des stations de radio communautaire et de campus dans la poursuite de ce but. Afin de nous assurer que ces dernières ont accès à une source de financement prévisible, les stations commerciales doivent maintenant verser une contribution annuelle au Fonds canadien de la radio communautaire.
Selon un rapport Nielsen de 2013, 61 % des Canadiens syntonisent des stations de radio pour découvrir de nouvelles chansons et près de la moitié des nouvelles chansons qu'ils entendent sont diffusées par une station de radio. La radio arrive en tête parmi toutes les sources, y compris YouTube, la boutique iTunes et les médias sociaux.
Un élément particulièrement encourageant est que les Canadiens aiment bien écouter de la musique canadienne. Selon un sondage réalisé en 2012 par Patrimoine canadien, 92 % des Canadiens étaient fortement ou plutôt d'accord avec l'affirmation selon laquelle il est important que les Canadiens aient accès à la musique produite par les artistes canadiens.
Ce fort niveau d'intérêt se constate aussi lors de la télédiffusion d'émissions de remises de prix en musique, comme les Juno, les East Coast Music Awards et le Gala de l'ADISQ. Le CRTC a désigné ces émissions comme étant d'intérêt national, car elles contribuent à la promotion et à la mise en marché de la musique canadienne et, par ce fait même, à la demande pour que celle-ci soit entendue à la radio.
Il va de soi que la radio n'est pas le seul moyen à la disposition des gens aujourd'hui pour écouter de la musique. Grâce à une multitude de services en ligne, la musique est devenue un produit dont l'emballage et la diffusion peuvent prendre des formes infinies.
Selon le Rapport de surveillance des communications du CRTC de 2013, les Canadiens écoutent du contenu audio sur différentes plateformes :
- 20 % captent le signal d'une station AM ou FM au moyen d'Internet;
- 14 % font de la lecture audio en continu sur une tablette;
- 13 % font de l'écoute en continu d'un service de musique personnalisé en ligne;
- 8 % font de la lecture audio en continu à l'aide d'un téléphone intelligent.
En particulier, les jeunes Canadiens sont toujours plus nombreux à adopter ces plateformes. Malgré tout, pour bien des gens, la radio demeure un médium attrayant. Ils syntonisent ces stations pour les nouvelles locales, les derniers comptes rendus de circulation ou de météo et, bien sûr, pour écouter de la musique ou entendre des personnalités de la radio parlée.
Alors, quand nous pensons à la radio, nous ne pouvons plus seulement le faire sous l'angle de la musique. De plus en plus, il faut songer au lien de proximité à créer avec l'auditoire – aider les auditeurs à découvrir du contenu et aussi des gens qui sont reliés à leurs préférences individuelles. Tisser des liens avec les personnes et servir la collectivité locale est la clé de la réussite dans les marchés à créneaux actuels.
De même, les artistes canadiens et l'industrie de la musique ont dû évoluer pour rester à la hauteur des tendances technologiques. Indiscutablement, ces changements les touchent parfois de manière négative. Mais il est vrai aussi que la technologie peut offrir aux musiciens de nouvelles occasions de rejoindre davantage de gens avec de l'excellent contenu qui se trouve à être canadien.
Pour réussir dans le marché actuel, les artistes ne peuvent plus seulement se concentrer sur l'écriture, l'enregistrement et l'interprétation de leur musique. Ils doivent acquérir des compétences en affaires afin de gérer leur image de marque et tous les aspects de leur carrière – qu'il s'agisse de faire des tournées, de la mise en marché, de la promotion ou d'entretenir une présence dynamique sur les médias sociaux.
Dans ce contexte qui évolue rapidement, nous sommes sensibles aux enjeux auxquels font face l'industrie de la radio et l'industrie de la musique. Nous continuons de collaborer avec le secteur radiophonique et le gouvernement afin de renforcer encore davantage l'industrie canadienne de la musique.
Ces dernières années, le secteur de la radio commerciale est demeuré plutôt stable, à la fois financièrement et au chapitre de l’écoute, donc le Conseil estime qu’il n’est pas nécessaire de procéder à un examen global. Cependant, nous croyons qu’une mise à jour de certains éléments réglementaires et stratégiques pourrait être bénéfique au secteur.
Ainsi, en octobre dernier, nous avons lancé un appel pour obtenir des observations sur une révision ciblée de la politique qui s’applique au secteur de la radio commerciale.
La première phase des observations s’est terminée à la fin janvier. Nous sommes actuellement dans la deuxième phase de ce processus. Il est trop tôt pour vous donner une mise à jour, car le dossier continue de suivre son cours.
Cela dit, nous serons heureux de discuter des autres volets de cette présentation et de répondre à vos questions.
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