Victoria (Colombie-Britannique)
Le 5 juin 2014
Stephen Simpson, Conseiller régional de la Colombie-Britannique et du Yukon,
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes
Priorité à l'allocution
Merci beaucoup.
Tout d’abord, j’aimerais vous donner une idée de l’importance qu’ont la radio de campus et communautaire pour les citoyens, les créateurs canadiens et les consommateurs. J’aimerais également faire le point sur le marché de la radio de l’ensemble du pays et vous donner un aperçu des politiques du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) qui soutiennent la radio de campus et communautaire.
Je discuterai également de certains des obstacles que des stations comme les vôtres doivent surmonter, et comment nous au Conseil pouvons collaborer avec vous pour relever ces défis.
Permettez-moi de commencer par expliquer la position du CRTC au sujet de la radio de campus et communautaire.
Le Conseil reconnaît que vous avez une place spéciale dans vos communautés. Plus que tout autre média, vous reflétez les besoins et les valeurs des personnes et des régions que vous desservez.
Vous vous démarquez par la participation des bénévoles dans tous vos domaines d’activités. Selon ce qui est indiqué sur le site Web de l’Association nationale des radios étudiantes et communautaires, les stations de radio de campus et communautaire emploient près de 6 000 bénévoles travaillant environ 21 000 heures par semaine. Ces bénévoles sont des étudiants, des vedettes de l’actualité, des créateurs de tendances et des futurs leaders de la société.
Ils forment un groupe diversifié qui est le reflet du Canada contemporain.
Une grande partie de la publicité diffusée sur vos stations provient d’entreprises indépendantes locales et d’organismes à but non lucratif. Donc, tandis que les stations commerciales visent à faire des profits, vous avez comme objectif de donner une voix à vos communautés, une chance d’être entendu et compris.
De toute évidence, du point de vue financier, vous avez un mandat différent de celui des stations commerciales. Mais vous prenez part tout de même au marché de la publicité et vous devez rivaliser avec les stations commerciales auprès des annonceurs. Laissez-moi donc vous parler des aspects financiers du paysage radiophonique.
Il y a quelques jours, nous avons publié les résultats financiers de 2013 pour le secteur de la radio.
Les revenus globaux provenant de toutes les stations AM et FM de l’ensemble du Canada sont demeurés stables à 1,6 milliard de dollars en 2013. Les stations ont déclaré une hausse de revenus de 5 % provenant des annonces publicitaires nationales, qui a plus que compensé une légère baisse avec les annonces locales.
Puisque de nombreuses stations de radio de campus et communautaire diffusent des émissions destinées à des groupes ethniques, vous désirez peut-être savoir quelle est la situation financière des stations à caractère ethnique? Elles se portent bien. Au cours des cinq dernières années, les stations à caractère ethnique du Canada ont connu une augmentation des ventes d’annonces publicitaires locales de 4,7 %. Cette augmentation dépasse largement le taux de croissance annuel des ventes de publicités locales pour toutes les stations au cours des cinq dernières années, qui est de 0,7 %.
Évidemment, les stations à caractère ethnique prospèrent grâce au marché publicitaire local. Mais la croissance du marché de la radio dans son ensemble a ralenti au cours des dernières années. Le Rapport de surveillance sur les communications que le CRTC a publié l’automne dernier, montre que dans les marchés mesurés par les cahiers d’écoute, le nombre moyen d’heures d’écoute hebdomadaire par personne au Canada est demeuré essentiellement inchangé : passant de 17,7 heures en 2011 à 17,5 heures en 2012.
Mais en examinant la situation d’il y a quelques années, on observe que de 2007 à 2011, la cote d’écoute a diminué de près d’une heure par semaine, passant de 18,3 à 17,5 heures.
Dans le meilleur des cas, la croissance a stagné. Dans le pire des cas, le marché de la radio est en baisse.
Néanmoins, la radio contribue de manière importante à l’économie canadienne et à notre culture en tant que vitrine pour les artistes canadiens. Au Conseil, nous voyons les défis auxquels les stations de radio de campus et communautaire font face. Et nous voulons vous faire savoir que nous reconnaissons le fait que nos politiques doivent favoriser un environnement dans lequel vous pouvez être créatif et expérimenter, pour votre réussite d’aujourd’hui et de demain.
Ce qui m’amène à notre politique actuelle en matière de radio de campus et communautaire.
En 2010, le CRTC a instauré une nouvelle politique qui permet à vos stations d’obtenir un financement stable. La politique souligne également l’importance du reflet local, ainsi que la participation des bénévoles dans tous les domaines d’activités de la station de radio de campus et communautaire.
Nous avons augmenté le financement annuel pour le Fonds canadien de la radio communautaire, ou FCRC, de plus de 1,5 million de dollars. Ces fonds vont maintenant aux stations de radio de campus et communautaire. Créé en 2007, le FCRC est un organisme à but non lucratif qui appuie le développement des radiodiffuseurs non commerciaux et communautaires.
Notre politique a aussi remplacé les limites de publicité horaires par des limites hebdomadaires, afin d’accorder aux stations de campus et communautaires une souplesse accrue du modèle d’affaires.
De plus, le Conseil a pris des mesures pour simplifier le régime d’attribution des licences du CRTC et a uniformisé le plus possible la réglementation applicable aux stations de radio de campus et communautaire.
Ce soutien financier supplémentaire et la structure réglementaire simplifiée ont renforcé les stations de radio de campus et communautaire du Canada dans leurs efforts pour mieux servir leurs auditeurs, leurs collaborateurs, leurs communautés. Nous ne pouvons cependant pas ignorer certaines questions fondamentales dans l’industrie de la radio, qui risquent d’être plus importantes à long terme que des ajustements de politique.
Les Canadiens recourent encore en grande partie à la radio pour écouter de la musique. Selon la société Nielsen, 61 % des Canadiens syntonisent les stations traditionnelles de radio terrestres pour écouter de la musique qui leur est nouvelle. Et ils trouvent à la radio, 42 % de leurs découvertes musicales. Cela représente la plus grande part parmi toutes les sources de musique, y compris YouTube, iTunes et les médias sociaux.
Les Canadiens comptent également sur la radio comme source d’information et d’actualités, particulièrement au niveau local et communautaire, là où survient la vie quotidienne des gens.
La radio est un excellent produit! Et il est gratuit pour le consommateur.
Mais de nouveaux produits sont apparus sur le marché. Tout attrayants… et plusieurs d’entre eux sont gratuits (ou presque).
Rdio, Slacker, Songza et Play Music de Google. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Apple pénètre également le marché canadien, maintenant que la Commission du droit d’auteur du Canada a publié sa décision à l’égard des redevances pour la diffusion en continu.
Ces services offrent un contenu pour les appareils numériques mobiles, qui sont déjà bien plus nombreux que les postes de radio portatifs à l’extérieur de la maison. Les adeptes les plus enthousiastes des médias numériques sont les jeunes. Et c’est précisément chez les jeunes canadiens que l’écoute de la radio est en baisse.
Lorsque l’on regarde les cinq principaux marchés métropolitains au Canada, on constate que les personnes âgées de 18 à 24 ans syntonisent moins la radio, dans une proportion de 30 %, que la population générale âgée de 12 ans et plus. Le groupe des 12 à 17 ans, quant à lui, affiche un taux d’écoute inférieur de 50 %. Les habitudes que les gens adoptent au cours de leur jeunesse sont susceptibles de persister lors de leur vieillissant. Les nouvelles technologies deviendront encore plus omniprésentes.
Cette situation survient au moment même où la concurrence investit le haut lieu de la radio : l’automobile.
La voiture branchée s’en vient. Cette nouvelle génération de véhicules mettra en vedette des systèmes de divertissement Web intégrés. Le tableau de bord offrira un accès facile à toute sorte de contenu. Par exemple, la société Pandora prévoyait rendre son service Web disponible pour le tiers des nouveaux véhicules vendus aux États-Unis avant la fin de l’an 2013.
Nous menons actuellement un examen ciblé de notre politique sur la radio commerciale. L'objectif est de rationaliser certaines de nos approches afin que nous puissions réglementer le secteur d'une manière plus efficace. Entre autres choses, nous avons sollicité des commentaires sur un sujet qui peut être d'intérêt pour vous: la mise en œuvre possible de la technologie HD Radio au Canada et, de façon plus large, sur l'avenir numérique de la radio.
La diffusion de votre contenu sur les ondes AM et FM est placée devant le défi des technologies WiFi, satellitaire et cellulaire. Mais ce sont de nouveaux canaux de diffusion. C’est votre programmation et la pertinence dans vos marchés qui ont créé les fortes configurations de fidélisation des auditeurs avec les communautés que vous desservez.
À titre de programmeurs chevronnés, vous avez la capacité de tirer profit de vos bibliothèques de contenu musical canadien et vous avez des bénévoles pour se mettre en contact et interagir plus intensément avec les auditeurs canadiens, ce que les services musicaux ne pourraient faire.
C’est certain que les radiodiffuseurs, tels que vous, sont confrontés à de nombreux défis pour s'adapter au nouveau monde numérique. Vous devrez prendre des mesures énergiques pour réclamer votre part de ce nouveau marché. Au CRTC, nous ferons tout notre possible pour maintenir un environnement favorable à la radio de campus et communautaire d’avant-garde.
Voilà donc un bref aperçu de ce que le CRTC réalise en cette période de changements pour la radio. Il nous est toujours bénéfique de connaître vos préoccupations et vos idées. Je vous invite à rester en contact avec le CRTC pour que nous soyons toujours au courant de ce que vous avez à l’esprit.
Merci beaucoup.