Rejets de benzène provenant des stations-service – répercussions sur la santé humaine : Aperçu

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Organisation : Santé Canada

Date publiée : Mars 2023

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Sommaire

Le benzène est un agent cancérogène reconnu pour l'humain et, à ce titre, il constitue un composant de l'essence particulièrement préoccupant. L'objectif de la présente évaluation est d'estimer la contribution des émissions de benzène à l'exposition par inhalation des populations résidant à proximité des stations-service.

Deux voies d'émissions sont examinées : les émissions continues de benzène à long terme attribuables aux pertes par évaporation liées à l'exploitation des stations-service et les émissions de benzène à court terme lors du déchargement de carburant par les camions-citernes.

Une modélisation de dispersion atmosphérique a été utilisée pour estimer les concentrations moyennes annuelles de benzène attribuables aux émissions d'une station-service à différentes distances de la limite de propriété de la station-service. Les scénarios évalués sont ceux de stations-service ayant un débit d'essence annuel de base, médian ou élevé. La modélisation de dispersion atmosphérique a également été utilisée pour estimer les concentrations moyennes de benzène à différentes distances de la limite de propriété d'une station-service pendant l'heure de déchargement d'un camion-citerne de taille moyenne, en supposant l'absence de soupapes de récupération des vapeurs et d'évents. Pour les deux types de rejets, on conclut que l'exposition par inhalation au benzène attribuable aux émissions des stations-service peut présenter des risques inacceptables pour la santé de la population vivant à proximité.

Certaines méthodes permettent de réduire l'exposition au benzène et les risques pour la santé humaine associés aux émissions de benzène provenant des stations-service. On peut notamment utiliser des systèmes de récupération des vapeurs et des soupapes à pression-dépression sur les tuyaux d'évents dans les stations-service, et instaurer des distances de retrait minimales pour les nouvelles constructions. Ces méthodes pourraient contribuer à réduire l'exposition au benzène de la population générale du Canada, notamment des sous-populations potentiellement vulnérables comme les femmes enceintes, les fœtus et les enfants.

Introduction

Le benzène est reconnu comme un agent cancérogène pour l'humain par Santé Canada (Canada, 1993) et par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) (IARC, 2018). Au Canada, selon le Règlement sur le benzène dans l'essence pris en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [LCPE (1999)], l'essence provenant d'une installation de production peut contenir jusqu'à 1,5 % en volume (v/v) de benzène, mais la concentration moyenne annuelle de benzène dans l'essence provenant d'une installation de production ne doit pas dépasser 0,95 % v/v (Canada, 1999b; Canada, 1997). Des enquêtes sur la composition de l'essence basées sur plus de 2 500 échantillons annuels (de 2013 à 2019) provenant de 25 installations de fabrication, de mélange et d'importation ont révélé que, pendant cette période, ces objectifs avaient été atteints dans toutes les régions du Canada. En effet, la concentration moyenne globale de benzène dans l'essence était de 0,6 % v/v, et seulement 3 % des installations ont fait état d'échantillons individuels ayant une concentration de benzène comprise entre 1 % et 1,5 % (ECCC, 2021).

À l'échelle internationale, d'autres administrations ont adopté une réglementation semblable pour limiter la concentration de benzène dans l'essence. Aux États-Unis, les raffineurs et les importateurs doivent respecter une concentration moyenne annuelle maximale de benzène dans l'essence de 0,62 % v/v (US EPA, 2012). Dans l'Union européenne, la réglementation autorise jusqu'à 1 % de benzène dans l'essence (Commission européenne, 2000).

Les stations-service sont fréquemment situées à proximité de zones résidentielles. Leur exploitation courante peut entraîner des rejets de benzène dans les vapeurs d'essence auxquels la population générale risque d'être exposée. Les niveaux de benzène dans l'air intérieur et extérieur sont plus élevés près des sources d'émissions telles que les stations-service (OMS, 2000). Ces rejets proviennent des pertes par évaporation quotidiennes pendant l'exploitation de la station-service, ainsi que des rejets intermittents de vapeur d'essence pendant le remplissage des réservoirs de stockage souterrains.

La concentration moyenne de benzène dans l'air ambiant dans 16 villes canadiennes étudiées entre 1999 et 2009 variait de 0,3 à 2,9 µg/m3 (Santé Canada, 2013). Les mesures des concentrations de benzène dans l'air extérieur au Canada entre 1999 et 2019 (avec au moins 40 points d'échantillonnage valides à chaque site) ont révélé une tendance à la baisse (RNSPA, 2019). En 2019, les concentrations moyennes annuelles de benzène en milieu rural et en milieu urbain étaient de 0,20 et de 0,44 µg/m3, respectivement. Les concentrations moyennes de benzène dans l'air en périphérie des stations-service de cinq villes canadiennes étaient de 439 µg/m3 durant l'été 1985 (PACE, 1987) et de 1 383 µg/m3 durant l'hiver 1986 (PACE, 1989). Aucune étude canadienne récente sur les concentrations de benzène à proximité des stations-service n'a été trouvée.

Un certain nombre d'études plus récentes ont fait état de concentrations de benzène à proximité de stations-service aux États-Unis et en Europe (Palmgren, 2000; Hilpert, 2015 et 2019; Barros et coll., 2019; Hsieh, 2021). Ces études ont suscité des préoccupations quant à une potentielle exposition élevée au benzène de la population vivant à proximité des stations-service. Ces préoccupations portaient plus précisément sur les distances de retrait des résidences par rapport aux stations-service, sur l'efficacité des mesures de contrôle des vapeurs et sur le volume total d'essence distribué près des zones résidentielles (Hilpert, 2015 et 2019; Hsieh, 2021).

Il existe un large éventail de sources potentielles d'exposition au benzène pour les Canadiens (p. ex. produits de consommation, matériaux de construction, rejets industriels et tabagisme) dans l'air intérieur et extérieur (OMS, 2000). L'objectif de la présente évaluation est d'estimer la contribution des émissions provenant des stations-service à l'exposition au benzène par inhalation chez les personnes vivant à proximité des stations-service au Canada. Deux voies d'émissions ont été examinées : les émissions continues de benzène à long terme attribuables aux pertes par évaporation liées à l'exploitation des stations-service et les émissions de benzène à court terme lors du déchargement du carburant par les camions-citernes.

Bien que certaines administrations au Canada exigent la récupération des vapeurs lors du déchargement du carburant par les camions-citernes dans les stations-service (c.-à-d. récupération des vapeurs de phase I [CCME, 1991]; voir la section Mesures d'attentuation), le présent rapport estime l'exposition potentielle au benzène par inhalation provenant des émissions des stations-service au moyen d'une modélisation de dispersion atmosphérique en l'absence de récupération des vapeurs lors du déchargement du carburant afin de déterminer les risques pour la santé humaine à la suite d'une telle exposition.

Le présent rapport vise à fournir aux administrations, aux organismes de réglementation et aux décideurs canadiens une évaluation de l'ampleur potentielle des vapeurs de benzène émises par les stations-service et des risques pour la santé qui y sont associés. Ce rapport vise à orienter les décisions qui concernent l'atténuation des vapeurs de benzène provenant des stations-service et des impacts sanitaires associés à cette source de benzène au Canada.

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