ARCHIVÉE - Sommaire de l'examen scientifique de Santé Canada sur l'allégation santé autorisée aux É.U., visant les fibres alimentaires, les produits céréaliers et le cancer

Bureau des sciences de la nutrition
Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada

Décembre 2001

Résumé

Depuis que l'allégation santé visant les aliments riches en fibres (produits céréaliers, fruits et légumes) a été acceptée aux États-Unis en 1993, un grand nombre d'études ont été publiées sur le lien entre le cancer et la consommation de fibres alimentaires et de produits céréaliers. Quatre études randomisées d'intervention alimentaire ont été réalisées au cours des dernières années auprès de patients présentant des polypes adénomateux, présumés être des précurseurs du cancer colorectal. Plusieurs études de cohortes ont aussi été menées. Il s'agissait d'un prolongement des travaux abondants réalisés chez l'animal sur le lien possible entre la consommation de fibres alimentaires et une réduction du risque de cancer.

Une recherche dans Medline a été réalisée pour la période allant de 1993 à 2000, à l'aide des termes "dietary fiber AND (grains OR cereals OR legumes) AND neoplasms NOT (fruit OR citrus OR vegetables)" (« fibre alimentaire ET (grains OU céréales OU légumineuses) ET néoplasmes NON PAS (fruit OU agrume OU légumes) »). Une autre recherche dans Medline a été effectuée pour la période de janvier 1996 à avril 2000, à l'aide des termes clés suivants : cereals, whole grains, neoplasms, et human (céréales, grains entiers, néoplasmes, et humain). La recherche a été élargie à Medline, CAB, Food Science and Technology Abstracts et EMBase et portait sur les termes "whole grain OR wheat OR oat OR rye OR barley OR rice OR corn OR cereals" (« grain entier OU blé OU avoine OU seigle OU orge OU riz OU maïs OU céréales ») et "cancer OR tumour OR neoplasm OR neoplasms" (« cancer OU tumeur OU néoplasme OU néoplasmes »). Afin de déterminer si ces articles présentaient un intérêt pour le sujet étudié, on les a passés en revue en se fondant sur le titre/les termes clés/les résumés. Tous les articles étaient rédigés en français ou en anglais. Plusieurs rapports consensuels réalisés par des experts ont été repérés, notamment le rapport de 1997 du Fonds Mondial de Recherche Contre le Cancer/de l'American Institute for Cancer Research. L'examen a mis l'accent sur ces études ainsi que sur les recherches menées depuis 1996, notamment quatre essais comparatifs, neuf études de cohortes, seize études cas-témoins et cinq études écologiques.

Le cancer est un important problème de santé publique qui touche environ 40 % des hommes et 36 % des femmes au cours de leur vie. L'incidence du cancer augmente de manière marquée avec l'âge : entre 40 et 69 ans, le risque de cancer double à chaque décennie. Parmi les facteurs de risque du cancer figurent les facteurs environnementaux non liés à l'alimentation, les habitudes de vie et la prédisposition génétique. Il reste que le facteur alimentaire joue également un rôle appréciable.

La grande question qui est posée dans le présent rapport est de savoir si une consommation accrue de produits à teneur élevée en fibres et de produits céréaliers peut contribuer de manière significative à l'abaissement du risque de cancer. Le lien entre la consommation de fruits et de légumes et le risque de cancer a déjà été étudié dans un rapport antérieur (Santé Canada, 2000), selon lequel il existait suffisamment de preuves scientifiques à l'appui d'une allégation santé indiquant qu'une alimentation riche en fruits et en légumes peut réduire le risque de certaines formes de cancer. Ainsi, le présent rapport met l'accent sur les fibres alimentaires et, plus précisément, sur les produits céréaliers.

Les preuves présentées dans le présent rapport ne militent pas toutes en faveur d'une allégation santé associant la consommation de fibres alimentaires et de produits céréaliers à une réduction du risque de cancer. Trois groupes d'experts qui se sont penchés sur la question sont parvenus à des conclusions différentes concernant la solidité du lien entre les produits céréaliers, les fibres alimentaires et le cancer. Les articles analysés dans la recension de la littérature sont également divisés au sujet de la solidité de l'association. Dans le cas du cancer colorectal, quatre études d'intervention randomisées n'ont pas réussi à prouver qu'une alimentation riche en fibres et/ou la prise de suppléments de grains céréaliers avaient une incidence sur la réapparition de polypes adénomateux chez les patients ayant déjà présenté ce genre de polypes. En outre, la plupart des études de cohortes prospectives n'ont observé aucun effet de la consommation de grains céréaliers sur le risque de cancer. De plus, les données ne prouvent pas de manière convaincante l'effet des fibres alimentaires sur le cancer.

La difficulté à déterminer l'existence d'un lien entre les fibres alimentaires ou les produits céréaliers et le cancer tient en partie à des considérations méthodologiques. En effet, les bases de données sur la nutrition ont eu recours à diverses méthodes pour mesurer la teneur en fibres alimentaires des aliments. De plus, il est possible que les relations possibles établies entre la consommation de céréales et le cancer dépendent des méthodes de transformation des céréales, un facteur qui n'a pas été évalué de manière constante ou approfondie dans la littérature. L'idée d'un possible rôle joué par la transformation repose sur des mécanismes biologiques plausibles et sur quatre études cas-témoins qui ont exploré le lien entre la consommation de grains (céréaliers) raffinés et le risque de cancer du côlon, et qui ont toutes associé une augmentation statistiquement significative du risque de cancer du côlon à une consommation accrue de grains (céréaliers) raffinés. Ces éléments d'information, conjugués à l'absence de consensus observée chez les groupes d'experts et dans la littérature, indiquent qu'il serait prématuré, pour l'instant, d'appuyer une allégation santé indiquant l'existence d'un lien entre le risque de cancer et la consommation de fibres alimentaires ou de produits céréaliers.

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