Résumé de l'évaluation de Santé Canada concernant l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie à titre d’ingrédient supplémentaire
Résumé
La Direction des aliments et de la nutrition de Santé Canada a évalué l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie en se basant sur des renseignements accessibles au public. La Direction des aliments et de la nutrition a conclu qu'elle disposait de suffisamment d'information pour établir les conditions selon lesquelles l'extrait de graines de chardon-Marie normalisé pouvait être consommé en toute sécurité comme ingrédient supplémentaire dans les aliments supplémentés. Par conséquent, Santé Canada autorisera l'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie (silymarine)Note de bas de page 1 en tant qu'ingrédient supplémentaire dans les aliments supplémentés sous certaines conditions. Ces conditions sont décrites dans l'Avis de modification.
Introduction
Entre 2004 et 2012, après la mise en place du Règlement sur les produits de santé naturels, Santé Canada a approuvé un certain nombre de produits de santé naturels (PSN) ayant à la fois des caractéristiques propres aux aliments et aux PSN. Cette situation a créé par mégarde une confusion chez les consommateurs, de sorte qu'en 2012, à la suite de vastes consultations, Santé Canada a commencé à réglementer en tant qu'aliments les produits qui ressemblent à des aliments et qui sont consommés comme des aliments, en faisant remarquer que des exigences uniformes en matière d'information nutritionnelle et d'étiquetage permettrait aux Canadiens de faire des choix plus éclairés.
Au cours de la transition entre les cadres réglementaires, certains ingrédients à base de plantes et autres ingrédients présents dans ces produits ont été identifiés comme n'ayant pas d'antécédents d'utilisation sécuritaire dans les aliments ou étaient utilisés à un niveau non conforme à une utilisation alimentaire. Comme mesure provisoire, Santé Canada a utilisé les autorisations de mise en marché temporaire (AMT) pour que les produits contenant de tels ingrédients puissent être vendus au cas par cas et selon des conditions particulières pendant l'élaboration de la réglementation pour ces types de produits (c'est-à-dire, les aliments supplémentés contenant des ingrédients supplémentaires). Dans le passé, les ingrédients supplémentaires ont souvent été commercialisés en mettant de l'avant leurs effets physiologiques spécifiques ou généralement bénéfiques pour la santé. Ces ingrédients peuvent toutefois présenter des risques pour la santé s'ils sont surconsommés par la population générale ou s'ils sont consommés par certaines populations vulnérables.
Certains de ces ingrédients, y compris l'extrait de graines de chardon-Marie, figuraient à l'annexe 2 du Document d'orientation particulier à une catégorie – Autorisation de mise en marché temporaire : Aliments supplémentés, afin qu'ils puissent bénéficier d'une évaluation plus approfondie pour déterminer, le cas échéant, les conditions (par exemple, les niveaux d'utilisation, les spécifications ou les déclarations sur les étiquettes) en vertu desquelles leur utilisation comme ingrédient supplémentaire serait sécuritaire.
Les renseignements ou les études scientifiques qui servent de fondement aux évaluations de l'innocuité ont été obtenus à partir d'une recherche de la littérature scientifique accessible au public, de recherches Internet portant sur des sujets précis et de citations mentionnées dans d'autres articles.
Le présent document résume les considérations relatives à l'innocuité qui ont guidé la décision de Santé Canada d'autoriser l'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie (silymarine) comme ingrédient supplémentaire.
Approche
L'acceptabilité d'un ingrédient alimentaire tient généralement compte de son innocuité pour la population générale, fondée sur une exposition sans limites de consommation au cours de toute une vie. Toutefois, l'approche d'évaluation de l'innocuité pour les ingrédients supplémentaires a aussi tenu compte de l'utilisation possible de mises en garde sur l'étiquette pour atténuer les risques lorsque la consommation illimitée pourrait ne pas être sûre.
Selon l'approche d'évaluation de l'innocuité de la Direction des aliments et de la nutrition, un étiquetage avec un nombre limité de mises en garde est jugé approprié pour les aliments contenant des ingrédients supplémentaires (comme l'extrait de graines de chardon-Marie). Cet étiquetage vise à atténuer les risques potentiels identifiés auprès des sous-populations sensibles et faire en sorte que l'apport de l'ingrédient supplémentaire par le biais de l'alimentation se maintienne à des niveaux acceptables (c'est-à-dire, sécuritaires). Les ingrédients qui nécessitent des mises en garde plus exhaustives sur l'étiquette (comme des contre-indications) pour protéger le consommateur ne sont pas considérés comme appropriés pour une utilisation alimentaire.
De plus amples informations sur l'étiquetage des aliments supplémentés sont disponibles dans le document Lignes directrices : Règlement sur les aliments supplémentés.
Évaluation de l'innocuité
Lors de l'évaluation de l'innocuité, un examen des renseignements disponibles sur l'extrait de graines de chardon-Marie a été effectué afin d'évaluer les paramètres toxicologiques, nutritionnels et allergéniques. D'après ces renseignements et compte tenu des expositions alimentaires de base, l'apport maximal quotidien recommandé (AQMR) a été calculé pour l'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie comme ingrédient supplémentaire.
Caractérisation / normalisation de l'ingrédient supplémentaire
La silymarine, un mélange de huit substances ayant des structures similaires, est la principale composante active de l'extrait de graines de chardon-Marie. La silibinine est la substance la plus abondante (environ 60 %) dans la silymarine. La présente évaluation de l'innocuité s'applique à l'extrait de graines de chardon-Marie dérivé des graines de chardon-Marie (Silybum marianum [L.] Gaertn.), contenant une teneur en silymarine (le principal constituent de l'extrait de graines de chardon-Marie) variant entre 65 % (minimum) et 80 % (maximum). Les préparations acceptables comprennent des extraits secs, des extraits liquides, des teintures, des décoctions et des infusions obtenues par des techniques d'extraction à l'eau ou à l'aide de solvants organiques de qualité alimentaire. La présente évaluation de l'innocuité ne s'applique pas aux formes modifiées de l'extrait de graines de chardon-Marie ni à celles ayant des systèmes de supports spéciaux qui peuvent modifier la biodisponibilité, la distribution, le métabolisme ou l'excrétion de l'ingrédient lorsqu'il est ingéré.
Exposition alimentaire
Les graines de chardon-Marie peuvent être grillées et utilisées comme substitut de café, mais cette utilisation est considérée comme rare. Par conséquent, l'exposition à l'extrait de graines de chardon-Marie (ou à la silymarine) par l'intermédiaire du régime alimentaire n'est pas courante, et il n'y a pas suffisamment d'information pour quantifier l'apport alimentaire de fond.
Exigences relatives à la conformité au Règlement sur les aliments supplémentés
Comme pour tout aliment, il incombe au fabricant ou au distributeur de s'assurer qu'un aliment offert à la vente au Canada est conforme à toutes les dispositions réglementaires, y compris, mais sans s'y limiter, aux exigences de la Loi sur les aliments et drogues (LAD) et de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, ainsi qu'aux règlements qui s'y rattachent. Cela comprend notamment le respect des exigences en matière d'étiquetage des aliments, les dispositions relatives à l'utilisation d'additifs alimentaires et des interdictions générales énoncées à l'article 4 de la LAD, qui interdit la vente d'un aliment contenant une substance toxique ou nocive.
De plus amples informations sur les autres exigences relatives aux aliments supplémentés se trouvent dans les Lignes directrices : Règlement sur les aliments supplémentés. Ces exigences sont indépendantes de l'examen de l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie lui-même, tel qu'il est décrit dans le présent document.
Innocuité toxicologique
Études de l'absorption, de la distribution, du métabolisme et de l'excrétion
Les études du métabolisme qui évaluent le devenir et le comportement de l'extrait de graines de chardon-Marie font presque toujours état des résultats pour les composantes individuelles à savoir la silibinine. La silibinine est rapidement absorbée après exposition par voie orale; toutefois, elle présente une faible biodisponibilité en raison de la faible solubilité aqueuse, de la faible perméabilité à travers les cellules épithéliales de l'intestin, de la conjugaison étendue (lorsqu'elle est absorbée) et de l'excrétion rapide (aussi bien sous forme inchangée que conjuguée) dans la bile, et par la suite dans les excréments (Javed et coll., 2011). Le devenir métabolique de l'extrait de graines de chardon-Marie (et de ses composantes) a été confirmé dans plusieurs études (Barzaghi et coll., 1990; Wen et coll., 2008; Wu et coll., 2007, 2008). Il n'existe aucune preuve d'une bioaccumulation importante.
Études toxicologiques
Les effets aigus, subchroniques, chroniques, liés à la cancérogénicité, à la génotoxicité, à la reproduction et au développement ont été examinés pour déterminer la toxicité potentielle de l'extrait de graines de chardon-Marie, lorsque disponible. Parmi les autres critères considérés, on a noté les effets de l'extrait de graines de chardon-Marie sur l'activité enzymatique. Des études et des essais cliniques ont également été examinés pour établir la preuve de toxicité. Les résultats sont résumés ci-dessous (N.B. les études citées ci-dessous ne sont pas exhaustives, mais représentent plutôt les études qui sont essentielles aux conclusions de l'évaluation de l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie).
L'étude de toxicité critique a été menée sur une période de 2 ans chez les rats et les souris, par le National Toxicology Program des États-Unis (NTP, 2011) en utilisant de bonnes pratiques de laboratoire (BPL). La substance d'essai de l'extrait de graines de chardon-Marie a été bien caractérisée et fournie par l'entremise de l'alimentation à des concentrations de 0, 12;500, 25;000 ou 50;000 parties par million (ppm). Il n'y a eu aucune preuve d'une réaction cancérogène jusqu'à la plus forte concentration testée. Les effets non cancérogènes notables signalés dans cette étude sont décrits ci-dessous. L'étude a été jugée adéquate pour la caractérisation des dangers et utilisée comme étude critique pour la dérivation du AQMR (discuté ci-dessous).
Chez les rats, il n'y a eu aucun effet sur la survie, les paramètres cliniques ou comportementaux, le poids corporel ou la consommation d'aliments pour animaux. Chez les souris, il n'y a pas eu d'effet sur la survie ni sur les paramètres cliniques ou comportementaux; toutefois, on a observé des baisses importantes du gain de poids corporel chez les deux sexes, tandis que la consommation d'aliments pour animaux était comparable à celle des témoins tout au long du régime d'exposition. Les baisses du gain de poids corporel ont été observées au cours de la première moitié de la durée de vie des animaux (c'est-à-dire, jusqu'à 365 jours d'exposition) et ont persisté jusqu'à la fin de la période d'exposition de 2 ans. L'effet sur le gain de poids corporel était sensible à la concentration et a conduit à des baisses par rapport aux témoins allant jusqu'à 19 % chez les mâles et jusqu'à 30 % chez les femelles à la fin de la période d'exposition de 2 ans, à la concentration la plus élevée d'extrait de graines de chardon-Marie administrée.
Les données disponibles de l'étude de NTP suggèrent que l'efficacité alimentaire diminuait à mesure que la concentration de l'extrait de graines de chardon-Marie augmentait dans le régime alimentaire des souris. Cependant, les animaux étaient en bonne santé. Sans information supplémentaire, l'effet sur le gain de poids corporel est considéré comme un effet toxicologiquement significatif lié au traitement.
Compte tenu de ces constats, une concentration sans effet nocif observé (CSENO) de 12;500 ppm (concentration la plus faible testée) a été avancée. Cette CSENO était fondée sur le poids corporel des souris (aussi bien le poids final que celui après une année d'exposition), qui a été maintenu dans un intervalle de 10 % des témoins à cette concentration et n'a pas été considéré comme un changement toxicologiquement significatif, ainsi que sur le fait que les souris étaient par ailleurs en bonne santé à la fin de la période d'exposition de 2 ans. La concentration de 12;500 ppm est équivalente à 1 500 milligrammes (mg)/kilogrammes (kg) poids corporel (p.c.) par jour pour les souris femelles, le sexe qui s'est révélé le plus sensible.
De multiples analyses de génotoxicité ont également été menées dans le cadre de l'étude de 2 ans du NTP (2011). Il s'agissait principalement d'essais de mutation réverse sur des bactéries ( « test d'Ames »), en utilisant plusieurs souches bactériennes et différentes conditions métaboliques, et menés sur cinq formulations distinctes d'extrait de graines de chardon-Marie, ainsi que sur la silymarine. Bien qu'il y ait eu des résultats positifs (principalement avec S. typhimurium TA98, en présence de fraction S9 de foie de rat pour l'activation métabolique microsomale exogène) pour deux des cinq échantillons de l'extrait de graines de chardon-Marie, ainsi que pour la silymarine, les résultats ne sont pas uniformes. Compte tenu de la faible biodisponibilité des composantes de l'extrait de graines de chardon-Marie et de l'absence d'effets néoplasiques après l'administration de l'extrait de graines de chardon-Marie au long de la vie, dans le régime alimentaire, des rats et des souris, les résultats positifs sporadiques in vitro ne sont pas considérés toxicologiquement significatifs.
Aucune étude de toxicité liée à la reproduction ou au développement répondant aux normes internationales pour les essais de toxicité, y compris la déclaration complète d'une batterie standard de paramètres liés à la reproduction et au développement, n'a été identifiée dans la littérature scientifique. Bien qu'une étude du NTP de 90 jours chez les rats et les souris n'ait pas été conçue pour mesurer les paramètres de reproduction, un ensemble limité de paramètres a été rapporté (NTP, 2011). Chez les souris, aucune différence significative n'a été observée entre les groupes testés et les groupes témoins pour les paramètres du sperme, le cycle œstral, le poids des organes reproducteurs ou les lésions histopathologiques dans les tissus reproducteurs. De plus, aucun effet n'a été observé chez les rats femelles. En revanche, des diminutions de la mobilité des spermatozoïdes et de la tête des spermatides par testicule indépendantes de la concentration ont été observées chez les rats mâles. Cependant, ces types de mesures du sperme sont sujets à une variation importante, et une conclusion définitive fondée sur des mesures prises à un moment donné est considérée comme non fiable. La morphologie du sperme est généralement considérée comme un mauvais prédicteur de la fertilité. L'absence d'études bien menées sur la toxicité développementale chez les animaux, ainsi que la rareté des données cliniques pertinentes (voir Études cliniques, ci-dessous), justifie un étiquetage avec une mise en garde pour l'utilisation d'extrait de graines de chardon-Marie chez certaines sous-populations sensibles (c'est-à-dire les enfants et les adolescents de moins de 18 ans, ainsi que les personnes enceintes ou qui allaitent).
Les résultats d'une étude in vitro suggèrent que la silymarine peut inhiber l'absorption de l'hormone de la triiodothyronine (T3) par les cellules cibles (Johannes et coll., 2016). Toutefois, ces résultats ne sont pas reproduits dans les systèmes d'essai in vivo. Il n'y a pas eu de changements histopathologiques (néoplasiques et non néoplasiques) sur la thyroïde des souris et des rats mâles et femelles après une exposition à vie (les niveaux des hormones et l'activité hormonale n'ont pas été mesurés) (NTP, 2011). De plus, les résultats d'une étude de neurotoxicité développementale menée chez des souris (ligne directrice d'essai 426 de l'OCDE) auxquelles l'extrait de graines de chardon-Marie a été administré pendant la gestation et la lactation n'ont révélé aucun effet chez la progéniture à la suite de divers tests du développement des réflexes sensori-moteurs (Barbosa et coll., 2020). Étant donné que l'inhibition de l'absorption des hormones thyroïdiennes (p. ex. T3 et T4) peut entraîner un grave retard psychomoteur, l'absence d'effets observés chez la progéniture peut indiquer que les effets observés lors de l'essai in vitro ne sont probablement pas applicables in vivo.
Calcul de l'apport quotidien maximal recommandé (AQMR)
La valeur critique de la CSENO pour l'extrait de graines de chardon-Marie de 12;500 ppm (équivalant à 1;500 mg/kg p.c. par jour) issue de l'étude de 2 ans chez les souris correspond à 975 mg/kg p.c. par jour de silymarine, en raison de la teneur en silymarine de 65 % de l'objet d'analyse de l'extrait de graines de chardon-Marie utilisé dans l'étude (NTP, 2011). L'application d'un facteur d'incertitude de 100 pour tenir compte des différences interespèces et intraespèces donne une dose quotidienne maximale recommandée (DQMR) de 9,75 mg/kg p.c. par jour de silymarine, ce qui équivaut à 683 mg par jour de silymarine pour un adulte de 70 kg. Footnote 2
La DQMR susmentionnée a été arrondie à 600 mg par jour de silymarine, ce qui correspond à la dose thérapeutique quotidienne maximale citée par la monographie des PSN de Santé Canada (DPSNSO, 2018). La monographie recommande par ailleurs une limite maximale de 200 mg de silymarine pour une dose unique. Cette limite supplémentaire, liée à une portion unique, a également été ajoutée aux conditions de la consommation de l'extrait de graines de chardon-Marie provenant d'aliments supplémentés pour faire en sorte que l'apport alimentaire demeure à des niveaux acceptables (c'est-à-dire, sécuritaires).
Études cliniques
En général, les études cliniques sur l'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie ont été menées chez des populations atteintes de maladies préexistantes (principalement de l'hépatite ou la cirrhose du foie) dans le cadre d'un régime thérapeutique. En raison des problèmes de santé préexistants, de l'usage de substances d'essai différentes et/ou non standardisées, de méthodologies et régimes d'administration variables (dont la durée de l'étude) et de l'absence de mesures des paramètres toxicologiques (dont l'hématologie, la chimie clinique, de l'analyse d'urine), ces études ne fournissent pas suffisamment de preuves de l'innocuité à long terme pour la population générale, y compris les sous-populations sensibles (par example, enfants, personnes enceintes). Toutefois, ces études ont fourni des renseignements de base sur la tolérabilité de l'extrait de graines de chardon-Marie et de ses composantes, ainsi que sur ses effets indésirable (Rambaldi et coll., 2007; Saller et coll., 2001; Saller et coll., 2008; Jacobs et coll., 2002).
La fréquence des effets indésirables signalés parmi les nombreux essais cliniques menés sur une variété de formulations d'extrait de graines de chardon-Marie (y compris la silymarine et la silibinine) chez des milliers de patients est faible (EMA, 2018). La plupart des essais cliniques n'ont révélé aucun effet indésirable ou aucune différence entre le groupe placebo et le groupe traité. Lorsque des effets indésirables ont été observés, ils étaient généralement considérés comme mineurs et comprenaient des symptômes gastro-intestinaux légers (par exemple, bouche sèche, nausées, troubles gastriques, irritation gastrique, diarrhée), des maux de tête et/ou des réactions de sensibilisation (telles que la dermatite, l'urticaire, une éruption cutanée, le prurit).
Bien qu'il existe des preuves d'effets inhibiteurs de l'extrait de graines de chardon-Marie (ou de la silymarine/silibinine) sur l'activité du cytochrome P450 (CYP450) et de l'uridine 5'-diphospho-glucuronosyltransférase (UGT) (en examinant une variété d'isozymes), plusieurs études ont conclu que l'inhibition est observée à des concentrations extrêmement élevées et généralement inatteignables si ingéré par voie orale. De plus, ces examens ont permis de conclure que l'extrait de graines de chardon-Marie a une influence limitée dans un contexte clinique sur la pharmacocinétique de plusieurs médicaments connus comme étant métabolisés par ces enzymes, ce qui indique que l'extrait de graines de chardon-Marie (ou de la silymarine/silibinine) n'a pas d'interaction substantielle sur plusieurs enzymes qui métabolisent les médicaments (Coates et coll., 2010; Xie et coll., 2019).
Aucune des études cliniques disponibles n'a abordé l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie chez les enfants ou les personnes enceintes ou qui allaitent. L'absence d'études bien menées sur la toxicité développementale chez les animaux, ainsi que la rareté des données cliniques pertinentes, justifie un étiquetage avec une mise en garde pour l'utilisation de suppléments d'extrait de graines de chardon-Marie chez ces sous-populations sensibles (c'est-à-dire les enfants et adolescents de moins de 18 ans, ainsi que les personnes enceintes ou qui allaitent).
Allergénicité
Selon les National Institutes of Health des États-Unis, les personnes souffrant d'une allergie connue aux membres de la famille des aster (Astéracées), laquelle comprend les marguerites, les artichauts, le chardon commun et les kiwis, doivent éviter le chardon-MarieNote de bas de page 3. L'hypersensibilité à la substance active et aux plantes de la famille des astéracées (Compositae) est également mentionnée comme une contre-indication par l'Agence européenne des médicaments (EMA, 2018).
Les essais cliniques démontrent une faible fréquence d'événements indésirables et suggèrent que la majorité des réactions qui sont survenues étaient légères (principalement gastro-intestinales). Cependant, quelques cas rapportés dans la littérature décrivent des réactions allergiques graves à des produits contenant de la silymarine. De plus, des réactions de sensibilisation mineures (par exemple la dermatite, l'urticaire, le prurit) ont été observées lors d'essais cliniques.
Les sources d'exposition à la silymarine et/ou à l'extrait de graines de chardon-Marie dans l'alimentation ne sont pas courantes, et les consommateurs qui sont allergiques aux plantes de la famille des astéracées peuvent ne pas être au courant du potentiel de sensibilisation/réactions allergiques associés à l'extrait de graines de chardon-Marie; par conséquent, un étiquetage avec une mise en garde est recommandé.
Innocuité nutritionnelle
L'extrait de graines de chardon-Marie n'est pas présent en quantités importantes dans les aliments et n'a pas de rôle nutritionnel.
Il a été démontré que la silibinine, un flavonolignane et la principale composante de la silymarine, peut lier le fer non chélaté pour former un complexe silibinine-Fe(III) en pH acide (Borsari et coll., 2001), ce qui peut interférer avec l'absorption du fer alimentaire. Les propriétés de chélation du fer de la silymarine ont été examinées dans des essais contrôlés randomisés chez des patients présentant une surcharge en fer et recevant également un traitement standard. Ces essais n'ont pas donné de résultats uniformes. Dans le cadre des études plus vastes, la silymarine (420 mg par jour, divisée en 3 doses), administrée en combinaison avec la thérapie standard pendant 24 semaines (Hagag et coll., 2013) ou 36 semaines (Hagag et coll., 2015; Moayedi et coll., 2013) a entraîné une diminution importante du fer sérique et de la ferritine comparativement au groupe témoin, lequel recevait également le traitement standard. Cependant, certaines études ne montrent aucun effet (Balouchi et coll., 2014; Darvishi-Khezri et coll., 2017; Gharagozloo et coll., 2009), y compris une étude qui a mesuré la concentration de fer hépatique, qui est considérée comme étant le meilleur indicateur du statut en fer (Adibi et coll., 2012). L'effet inhibiteur d'extrait de graines de chardon-Marie sur l'absorption du fer, suggéré par certaines études, pourrait être expliqué par d'autres mécanismes. Par exemple, les propriétés anti-inflammatoires de l'extrait de graines de chardon-Marie peuvent avoir contribué à la baisse observée de la ferritine sérique (la ferritine étant une protéine de phase aiguë connue pour augmenter avec l'inflammation). De plus, la potentialisation de l'effet du chélateur de fer (utilisé comme traitement standard) par l'extrait de graines de chardon-Marie ne peut pas être exclue.
Dans une autre petite étude pilote menée auprès de patients atteints d'hémochromatose héréditaire, il a été démontré que 140 mg de silibinine réduisait le fer sérique après la consommation d'un repas unique contenant du fer non hémique et de l'acide ascorbique (la vitamine C); toutefois, l'effet n'était que marginalement significatif sur le plan statistique. (Hutchinson et coll., 2010). Les auteurs de cette étude ont fait remarquer qu'il s'agissait d'un résultat préliminaire, que le petit nombre de patients est un facteur limitant et qu'une erreur statistique de type I ne peut être exclue. En se basant sur les courbes de fer sérique, une autre explication pourrait être que la silibinine a pu ralentir (et non réduire) l'absorption du fer puisque la courbe pour les patients prenant la silibinine n'a pas atteint un plateau comme les courbes pour les témoins.
Dans l'ensemble, les données disponibles ne démontrent pas que l'extrait de graines de chardon-Marie empêche l'absorption du fer.
Conclusion et décision
La Direction des aliments et de la nutrition de Santé Canada a déterminé qu'elle disposait de suffisamment de renseignements pour établir les conditions sous lesquelles l'extrait de graines de chardon-Marie normalisé serait consommé en toute sécurité comme ingrédient supplémentaire dans les aliments supplémentés.
Par conséquent, Santé Canada a autorisé l'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie (silymarine) en l'ajoutant à la Liste des ingrédients supplémentaires autorisés à condition qu'il satisfasse à certaines conditions d'utilisation. Ces conditions sont décrites dans l'Avis de modification de Santé Canada.
Demandes concernant l'extrait de graines de chardon-Marie en tant qu'ingrédient supplémentaire
Pour proposer d'autres changements aux conditions d'utilisation de l'extrait de graines de chardon-Marie (silymarine) comme ingrédient supplémentaire, les intervenants peuvent soumettre une demande préalable à la mise en marché à la Direction des aliments et de la nutrition, comme décrit dans les Lignes directrices: Processus de demande préable a la mise en marché visant les aliments supplémentés. On encourage les fabricants et les distributeurs à demander une consultation avant de présenter leur demande auprès de la Direction des aliments et de la nutrition afin qu'un dossier complet soit soumis dès le départ, réduisant ainsi potentiellement le nombre de demandes de clarifications ou de renseignements additionnels, ou afin d'éviter qu'une demande ne soit rejetée parce que jugée incomplète. Pour obtenir une consultation préalable à une demande concernant des ingrédients supplémentaires, nous vous prions de communiquer avec l'Unité de la gestion des demandes et de l'information (smiu-ugdi@hc-sc.gc.ca).
Il est recommandé d'inclure les renseignements ci-dessous dans le dossier de demande, s'ils sont pertinents à la nature de la demande.
Pour les demandes visant à inclure des formulations de l'extrait de graines de chardon-Marie autres que la caractérisation actuelle (silymarine), le dossier doit décrire en détail l'extrait de graines de chardon-Marie faisant l'objet de la demande comme ingrédient supplémentaire. Il est également nécessaire de démontrer clairement que les renseignements sur l'innocuité contenus dans le dossier s'appliquent à l'extrait de graines de chardon-Marie faisant l'objet de la demande. Par exemple, la demande doit expliquer pourquoi les résultats des essais de toxicité d'une formulation particulière d'extrait de graines de chardon-Marie s'appliquent à l'extrait de graines de chardon-Marie proposé comme ingrédient supplémentaire.
En général, toute information soumise concernant l'innocuité doit être de bonne qualité (par exemple, doit être conforme aux bonnes pratiques de laboratoire [BPL], aux bonnes pratiques cliniques [BPC] et aux exigences de l'Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE]) et contenir des rapports d'étude complets plutôt que des résumés. Les rapports doivent fournir une caractérisation claire et détaillée de l'extrait de graines de chardon-Marie utilisé dans les essais, ainsi qu'une description complète de la conception de l'étude, y compris les méthodes, le type et le nombre d'animaux traités, les doses administrées et les paramètres toxicologiques mesurés. Les études doivent également fournir une documentation détaillée des résultats des tests. De même, la présentation des études cliniques devrait fournir des détails complets sur la conception de l'étude, en fournissant des critères d'évaluation axés sur la toxicologie qui contribuent à l'évaluation de l'innocuité de l'ingrédient.
Les futures demandes de modification des conditions associées à l'extrait de graines de chardon-Marie (silymarine), telles que l'AQMR ou l'étiquetage, pourraient nécessiter de combler les lacunes identifiées dans les données lors de l'évaluation toxicologique et l'évaluation nutritionnelle de l'extrait, notamment en ce qui concerne les points suivants :
Lacunes ou incertitudes des données toxicologiques
- Toxicité liée à la reproduction et au développement
Lacunes ou incertitudes des données nutritionnelles
- Les renseignements qui permettraient de fournir des preuves suffisantes que l'extrait de graines de chardon-Marie n'affecterait pas la digestion ni l'absorption d'autres nutriments, en particulier dans les intestins, ou les renseignements qui indiquent qu'il n'y aurait pas de problèmes liés à l'innocuité nutritionnelle si les aliments supplémentés par l'extrait de graines de chardon-Marie devaient être consommés fréquemment sur une longue période dans différentes matrices alimentaires.
Santé Canada peut demander des données supplémentaires ou d'autres renseignements liés à l'innocuité de l'extrait de graines de chardon-Marie à des fins d'utilisation en tant qu'ingrédient supplémentaire après avoir examiné les renseignements ci-dessus.
Notes
- Note de bas de page 1
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Le principal constituant de l'extrait de graines de chardon-Marie est la silymarine. Cette convention d'appellation indique qu'un extrait de graines de chardon-Marie utilisé en tant qu'ingrédient supplémentaire doit être une préparation normalisée de silymarine.
- Note de bas de page 2
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Apport quotidien de silymarine provenant des extraits de graines de chardon-Marie dans l'étude animale = 1500 mg/kg p.c. par jour × (65 % silymarine/100 % d'extrait de graines de chardon-Marie) = 975 mg de silymarine/kg p.c. par jour ÷ 100 total d'incertitude = 9,75 mg de silymarine/kg p.c. par jour × 70 kg p.c. adulte = 683 mg de silymarine par jour.
- Note de bas de page 3
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Disponible à partir de : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK501771/ [consulté le 9 mars 2021]
Références
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