Page 8 : Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada – Troisième édition
Partie I : Gestion des eaux récréatives
Les barrières sont des procédures ou des mesures qui, collectivement, réduisent le risque d'exposition humaine aux dangers que présentent les eaux à vocation récréative. Il peut s'agir de mesures concrètes, comme le nettoyage et l'entretien des plages, ou de procédés et d'outils visant à améliorer l'efficacité du programme de gestion des eaux récréatives, tels que des politiques et des textes de loi, des directives, des normes et des stratégies de sensibilisation et de communication.
Quatre grands domaines ont été décrits en vue de la mise en place de barrières (OMS, 2003a) : la surveillance de la conformité, la communication et la sensibilisation du public, les conseils de santé publique, et les mesures de lutte contre les dangers.
La surveillance est un concept très large susceptible de remplir de nombreuses fonctions. Elle peut être utilisée pour :
- déterminer si la qualité de l'eau respecte les présentes recommandations;
- préciser les impacts des événements ayant une incidence sur la qualité de l'eau;
- mettre en évidence les tendances à long terme de la qualité de l'eau;
- souscrire aux constatations de l'ESHM ou mettre ses lacunes en évidence;
- vérifier que les barrières (p. ex. les notifications et les actions correctives) sont bien en place;
- vérifier que ces barrières fonctionnent efficacement.
La surveillance de la conformité a pour objet de mettre en évidence les dangers liés à la qualité de l'eau existants et de conserver un suivi d'éventuels changements. Il est essentiel d'avoir un bon système de surveillance et de rapports pour évaluer la salubrité des eaux récréatives et communiquer des informations à ce sujet. Les décisions concernant les zones à surveiller, la sélection des indicateurs et la conception du programme de surveillance sont prises par les organismes de gestion et de réglementation compétents. Le programme de surveillance doit intégrer les informations livrées par l'ESHM et tenir compte des recommandations relatives aux zones devant faire l'objet d'une attention prioritaire. Un plan de surveillance documenté doit être établi pour toutes les plages surveillées et contenir au minimum des instructions sur les aspects suivants :
- les paramètres à analyser;
- les endroits où prélever les échantillons;
- les dates et la fréquence des prélèvements d'échantillons.
Il faut surveiller régulièrement les eaux récréatives pour dépister toute contamination fécale, au moyen des indicateurs primaires suivants :
- eaux douces : E. coli;
- eaux marines : entérocoques.
Des valeurs de recommandations ont été établies concernant ces paramètres pour ce qui est de la moyenne géométrique et des concentrations indicatives pour un seul échantillon (voir le tableau 1 [Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada - Tableau sommaire] et la section 4.0 [Indicateurs recommandés de contamination fécale]).
En outre, d'autres organismes décrits pourraient constituer d'utiles indicateurs apportant des informations complémentaires sur la contamination fécale des eaux récréatives. Ces organismes peuvent également être intégrés au programme de surveillance des eaux récréatives, dans la mesure où leur pertinence a été reconnue par les organismes de gestion et de réglementation compétents.
D'autres paramètres de la qualité de l'eau relatifs aux caractéristiques physiques et esthétiques d'une zone vouée aux loisirs aquatiques et de ses alentours se rapportent à la santé et à la sécurité des usagers et peuvent donc être inclus dans un programme de surveillance. Des valeurs de recommandations ou des objectifs esthétiques ont été prescrits pour ces paramètres lorsque cela était possible (voir le tableau 1 [Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada : tableau sommaire] et la section 8.0 [Caractéristiques physiques, chimiques et esthétiques]).
On peut également procéder à des tests visant à déceler des dangers particuliers liés à la qualité de l'eau, s'il existe une preuve épidémiologique ou autre de leur présence dans l'eau. Ces preuves peuvent prendre les formes suivantes :
- des rapports concernant une éclosion de maladies ou des maladies d'étiologie particulière;
- des rapports faisant état de suspicions quant à une maladie de cause indéterminée;
- des rapports signalant des lésions liées à l'eau;
- des indicateurs dont le niveau suggère fortement la présence d'un danger particulier;
- des rapports relatifs à un événement particulier tel qu'un rejet d'eaux usées ou un déversement de produits chimiques;
- une prolifération de cyanobactéries.
Des procédures peuvent également être définies pour la surveillance d'autres barrières susceptibles d'être utilisées pour la gestion des eaux récréatives. Notamment :
- les avis affichés ou les panneaux d'avertissement installés à l'intention du public;
- les actions mises en oeuvre pour la maîtrise des dangers liés à la qualité de l'eau;
- les autorités sanitaires informées;
- les politiques, la législation, les protocoles ou les recommandations en place.
Il est reconnu que les zones aquatiques récréatives sont dotées chacune de caractéristiques et de problématiques d'exploitation uniques. Les décisions concernant la conception d'un programme donné de surveillance des eaux récréatives doivent être prises par les autorités compétentes (locales, régionales, fédérales ou provinciales, selon les cas). Elles devront prendre en compte les besoins propres et la situation particulière de la zone concernée, les types d'usagers et d'activités récréatives pratiquées, ainsi que toute information passée pertinente.
Les décisions concernant la fréquence de la collecte d'échantillons d'eau à des fins d'analyse microbiologique devront être prises par les autorités locales ou régionales compétentes. Des orientations sont fournies sur certains des facteurs à considérer pour choisir la fréquence d'échantillonnage. Des textes publiés, susceptibles de fournir des informations supplémentaires relatives à la conception et à la mise en oeuvre de programmes de surveillance des eaux récréatives, sont disponibles (p. ex. Bartram et Rees, 2000).
Nombre de facteurs peuvent influer à un moment ou à un autre sur la qualité microbiologique d'une étendue d'eau utilisée à des fins récréatives. Mentionnons, par exemple, le type et la périodicité des épisodes de contamination (de sources ponctuelles ou diffuses), l'heure de la journée, les conditions météorologiques récentes, le nombre d'usagers de la zone de baignade et les caractéristiques physiques de la zone elle-même. Les variations importantes de la densité des organismes indicateurs dans les eaux récréatives au cours d'une journée ou d'un jour à l'autre ont été bien documentées (Leecaster et Weisberg, 2001; Boehm et coll., 2002; Whitman et Nevers, 2004; U.S. EPA, 2005a).
D'après les résultats d'un projet de surveillance environnementale (projet EMPACT, Environmental Monitoring for Public Access and Community Tracking) réalisé par l'United States Environmental Protection Agency (U.S. EPA), les variations quotidiennes constituent la principale cause d'incertitude dans l'estimation de la qualité de l'eau d'une zone vouée aux loisirs aquatiques pendant une période donnée (U.S. EPA, 2005a). Les seules corrélations mises en évidence se rapportent aux niveaux mesurés le lendemain même. Les corrélations avec les concentrations d'organismes indicateurs mesurées plus de deux jours après étaient négligeables.
Un échantillonnage fréquent (quotidien plutôt qu'hebdomadaire; hebdomadaire plutôt que mensuel) présente plusieurs avantages. Compte tenu de l'importante variation des concentrations des indicateurs fécaux enregistrée d'un jour à l'autre, une surveillance quotidienne n'améliore pas nécessairement à elle seule l'aptitude à prévoir la qualité de l'eau le lendemain en se basant sur les résultats microbiologiques du jour. Toutefois, le complément d'information apporté par un échantillonnage plus fréquent permet aux autorités compétentes de se faire une meilleure idée des tendances de la qualité de l'eau et de déterminer de façon plus éclairée si la zone se prête globalement à des activités récréatives. Il leur permet également de déceler plus rapidement d'éventuels problèmes persistants de la qualité de l'eau.
Les Recommandations préconisent d'utiliser une limite maximale pour la moyenne géométrique des concentrations d'indicateurs fécaux ainsi que pour la concentration maximale dans un seul échantillon. Le recours à une double limite permet aux exploitants des eaux récréatives de mieux évaluer la qualité de l'eau à court terme et sur toute la durée de la saison de baignade. La concentration maximale dans un échantillon unique attire l'attention des gestionnaires sur tout problème immédiat de qualité de l'eau, tandis que la moyenne géométrique maximale les renseigne sur les problèmes de contamination chronique. Cette double démarche est conforme aux bonnes pratiques reconnues en matière de surveillance et témoigne d'un engagement global en matière de stratégie de gestion du risque pour les eaux récréatives.
Afin d'assurer une protection adéquate de la santé humaine, il convient d'analyser les eaux utilisées régulièrement pour la pratique d'activités de contact primaire au moins une fois par semaine pendant la saison de baignade. Cette fréquence hebdomadaire de la surveillance permet d'alerter les gestionnaires et les autorités compétentes en cas de problèmes de contamination persistants et d'aboutir à la prise des décisions nécessaires dans un temps raisonnablement bref. Elle est également conforme aux recommandations formulées par l'U.S. EPA dans son guide de 2002 intitulé Implementation Guidance for Ambient Water Quality Criteria for Bacteria.
Au cours de l'échantillonnage, il est aussi souhaitable de prélever des échantillons qui permettent de caractériser les épisodes de pollution résultant d'événements précis et pouvant avoir un effet préjudiciable sur les eaux récréatives, par exemple juste après de fortes précipitations ou pendant les périodes où les baigneurs sont les plus nombreux.
Il est recommandé d'accroître la fréquence de la surveillance dans les zones susceptibles d'accueillir de fortes densités de baigneurs. On peut alors prélever davantage d'échantillons afin de pouvoir calculer, si nécessaire, une moyenne géométrique hebdomadaire, voire journalière (sur la base de cinq échantillons au moins).
De même, certaines circonstances peuvent justifier une réduction de la fréquence d'échantillonnage recommandée. C'est le cas, par exemple, des plages isolées situées dans des zones où les activités de contact primaire avec l'eau sont peu fréquentes, ou encore des plages où la qualité de l'eau s'est toujours révélée acceptable. Dès lors qu'on comprend bien le comportement de la qualité de l'eau dans un site donné du fait d'une surveillance assez intensive et de la réalisation d'une enquête relative à la sécurité et à l'hygiène du milieu, il peut être justifié de réduire la fréquence d'échantillonnage, ce qui permet d'alléger la charge de la surveillance (Bartram et Rees, 2000; OMS, 2003a). Ainsi, si on peut déterminer qu'une zone aquatique récréative est régulièrement de bonne qualité microbiologique, n'a aucune source évidente de contamination fécale et ne semble pas présenter de risque important pour la santé et la sécurité de ses usagers, la fréquence de surveillance peut être réduite à celle nécessaire pour s'assurer que les conditions ne se sont pas détériorées.
Il peut aussi être justifié de réduire la fréquence de surveillance des zones vouées aux loisirs aquatiques lorsque les analyses de l'eau donnent systématiquement des résultats médiocres, à condition toutefois que les mesures de gestion appropriées soient mises en place pour y décourager les usages récréatifs et que les risques encourus soient clairement communiqués au public.
Les décisions concernant l'emplacement et la profondeur les plus appropriés pour la collecte d'échantillons d'eau à des fins d'analyse microbiologique devront être prises par les autorités locales ou régionales compétentes. Des orientations sont fournies sur certains des facteurs à considérer pour sélectionner les emplacements et les profondeurs d'échantillonnage. Des textes publiés, susceptibles de fournir des informations supplémentaires relatives à la conception et à la mise en oeuvre de programmes de surveillance des eaux récréatives, sont disponibles (p. ex. Bartram et Rees, 2000).
La plupart des étendues d'eau utilisées à des fins récréatives ne sont pas parfaitement homogènes du point de vue de leurs propriétés microbiologiques. Aux fins de l'évaluation des eaux récréatives, l'échantillonnage a pour objet d'obtenir des aliquotes aussi représentatives que possible de la qualité microbiologique de l'eau dans une certaine zone. Un échantillon d'eau fournit à lui seul une estimation quantitative des bactéries indicatrices présentes sur un site donné et à un moment donné. Whitman et Nevers (2004) ont constaté qu'il pouvait y avoir des variations importantes entre les échantillons prélevés en des points multiples le long de la plage, ainsi qu'entre ceux recueillis dans des endroits proches les uns des autres quasiment au même moment. Plus le nombre d'échantillons augmente, plus les données sur la qualité globale de l'eau sont représentatives.
Les sites doivent être choisis de manière à être représentatifs de la qualité de l'eau dans la zone de baignade tout entière. Il faut aussi tenir compte des conditions particulières pouvant influer sur la concentration et la répartition des organismes et agents pathogènes indicateurs. Les sites d'échantillonnage doivent être sélectionnés à la fois dans les zones de forte baignade ainsi qu'à des endroits périphériques soumis à une pollution fécale d'origine externe. La présence d'exutoires d'eaux pluviales ou d'eaux usées et de décharges fluviales peut faire varier fortement la qualité microbiologique dans certaines sections d'un plan d'eau. Le degré d'hétérogénéité peut également dépendre des précipitations, de la direction et de la vitesse du vent, des courants et des marées, ou de la présence d'obstacles physiques tels que des bancs de sable ou des jetées et brise-lames naturels ou artificiels.
La profondeur à laquelle les échantillons sont prélevés peut avoir un impact significatif sur les estimations résultantes de la qualité de l'eau (aux fins de ces Recommandations, « profondeur » fait référence à la distance verticale allant de la surface de l'eau au point considéré). Lorsque l'eau est très peu profonde, les perturbations du sable et des sédiments de l'estran provoquées par le ressac des vagues et l'activité des baigneurs peuvent entraîner une resuspension des microorganismes. Lorsque l'eau est plus profonde, cet effet a moins d'influence sur les mesures de la qualité de l'eau. Par contre, les eaux plus profondes présentent une exposition relativement plus importante aux sources de contamination fécale en provenance de la zone extracôtière que les eaux moins profondes (U.S. EPA, 2005a).
L'expérience a montré qu'il est préférable de prélever les échantillons à « hauteur de poitrine » d'adulte (soit environ 1,2 à 1,5 mètre). On considère en effet traditionnellement qu'il s'agit de la profondeur à laquelle se concentre l'activité des baigneurs, et du lieu le plus proche du point d'immersion de la tête, ce qui fournit des indications sur les risques liés à une ingestion d'eau accidentelle. Les études épidémiologiques publiées montrent en général que seuls les échantillons prélevés à cette profondeur ont permis de mettre en évidence une relation mathématique entre la densité des organismes indicateurs et les maladies chez les baigneurs.
On a suggéré que des échantillonnages à des profondeurs moindres (chevilles ou genou, soit environ 0,15 à 0,5 m) pourraient être plus représentatifs de la qualité de l'eau à laquelle sont confrontés les jeunes enfants jouant au bord de l'eau. On prévoit la publication plus fréquente de conseils concernant la baignade utilisant cette approche de la surveillance. Les perturbations en provenance du sable et des sédiments peuvent entraîner une augmentation de la numération microbiologique dans les eaux peu profondes. On ne dispose pas actuellement d'éléments de preuve suffisants pour déterminer si l'accroissement attendu du nombre d'avis concernant la baignade à cette profondeur de surveillance produirait une réduction proportionnelle du nombre de maladies des baigneurs.
Une autre stratégie de surveillance proposée vise à rechercher un équilibre entre la profondeur où la majorité des effets délétères a été prouvée et la profondeur où les numérations microbiologiques seraient les plus élevées (U.S. EPA, 2005a). D'après les recommandations du rapport EMPACT précité (U.S. EPA, 2005a), un échantillonnage pratiqué à hauteur des genoux ou de la taille constitue une démarche de surveillance raisonnable, mais toujours prudente.
Enfin, une autre approche consiste pour les autorités à prélever des échantillons à diverses profondeurs, par exemple entre les genoux et la taille et entre la taille et la poitrine. Ce protocole permet de produire des estimations distinctes de la qualité de l'eau, à la fois en eau peu profonde et à la profondeur propice pour la natation. Il doit être noté que, lorsqu'on compare les résultats d'échantillons d'eau prélevés dans des eaux de profondeurs différentes, les échantillons collectés à une profondeur donnée doivent être analysés comme un groupe singulier afin d'améliorer la précision des données.
La profondeur ou les profondeurs d'échantillonnage choisies pour une plage individuelle peuvent être déterminées par les autorités locales ou régionales en vue d'obtenir les meilleures informations pour la zone aquatique récréative visée.
Échantillonnage composite
Les techniques d'échantillonnage composite constituent un des moyens permettant d'élargir la zone de plage faisant l'objet du programme de surveillance, tout en offrant la possibilité de réduire les coûts d'analyse. L'échantillonnage composite consiste à prélever de multiples échantillons sur une étendue de plage, à les réunir en un ensemble composite et à en analyser un sous-échantillon.
L'utilisation de cette technique présente un certain nombre d'obstacles à surmonter. Il est nécessaire, dans un premier temps, d'augmenter l'échantillonnage pour valider la faisabilité d'un échantillonnage composite dans une zone donnée. La zone doit également être caractérisée pour recenser des endroits sensibles (c'est-à-dire des points d'échantillonnage produisant régulièrement une mauvaise qualité de l'eau) susceptibles de perturber l'analyse. Un certain niveau de connaissances statistiques est également nécessaire pour analyser les données. Néanmoins, d'après de premiers travaux de recherche, un échantillonnage composite bien réalisé permet de tirer des conclusions sur la qualité de l'eau qui offrent un degré d'exactitude comparable à celui obtenu en analysant les échantillons individuels et en établissant la moyenne des résultats (Kinzelman et coll., 2006). Des informations complémentaires sur l'échantillonnage composite sont fournies à l'annexe C (Échantillonnage composite pour la contamination fécale).
Une autre stratégie de surveillance proposée vise à rechercher un équilibre entre la profondeur où la majorité des effets délétères a été prouvée et la profondeur où les numérations microbiologiques seraient les plus élevées (U.S. EPA, 2005a). D'après les recommandations du rapport EMPACT précité (U.S. EPA, 2005a), un échantillonnage pratiqué à hauteur des genoux ou de la taille constitue une démarche de surveillance raisonnable, mais toujours prudente.
Enfin, une autre approche consiste pour les autorités à prélever des échantillons à diverses profondeurs, par exemple entre les genoux et la taille et entre la taille et la poitrine. Ce protocole permet de produire des estimations distinctes de la qualité de l'eau, à la fois en eau peu profonde et à la profondeur propice pour la natation. Il doit être noté que, lorsqu'on compare les résultats d'échantillons d'eau prélevés dans des eaux de profondeurs différentes, les échantillons collectés à une profondeur donnée doivent être analysés comme un groupe singulier afin d'améliorer la précision des données.
La profondeur ou les profondeurs d'échantillonnage choisies pour une plage individuelle peuvent être déterminées par les autorités locales ou régionales en vue d'obtenir les meilleures informations pour la zone aquatique récréative visée.
Modèles prédictifs de la qualité de l'eau
La mise au point de modèles prédictifs capables de produire des estimations de la qualité microbiologique de l'eau pour la journée en cours est un domaine de recherche en pleine évolution. Les chercheurs ont élaboré et validé, pour certaines plages, des modèles permettant de prévoir les niveaux d'E. coli en utilisant des données de différents paramètres hydriques et météorologiques (p. ex. la pluviométrie, la hauteur des vagues, la direction du vent, la turbidité, les numérations indicatrices de matières fécales de la journée précédente). Plusieurs modèles sont actuellement exploités aux États-Unis dans le cadre des programmes de surveillance des plages :
- SwimCast, exploité sur plusieurs plages du lac Michigan, dans le comté de Lake County dans le Michigan, utilise les températures de l'air et de l'eau, la direction et la vitesse du vent, les précipitations, l'humidité relative, la hauteur des vagues, le niveau du lac, la lumière du soleil et d'autres paramètres caractéristiques de la qualité de l'eau pour prédire si les niveaux actuels d'E. coli sont acceptables pour la baignade (Olyphant et Pfister, 2005; Lake County Health Department, 2010).
- Le projet S.A.F.E. (Swimming Advisory Forecast Estimate), exploité sur cinq plages du lac Michigan dans le nord de l'Indiana, utilise la direction du vent, le niveau de l'eau à Burns Ditch situé à proximité, les précipitations des précédentes 48 heures et des paramètres du lac comme la chlorophylle et la turbidité pour effectuer des prévisions sur les niveaux relatifs d'E. coli et déterminer si l'eau convient pour la baignade (Whitman, 2005; U. S. Geological Survey, 2007).
- Nowcasting, exploité sur les plages de Huntington et de Edgewater sur le lac Érié dans l'Ohio, utilise des données de turbidité log10, la hauteur des vagues et la pluviosité radar en provenance des grilles entourant chacune des zones de plage durant les précédentes 24 ou 48 heures, pour estimer si les niveaux d'E. coli sont acceptables pour la baignade sur ces plages (Francy, 2007).
D'après les résultats obtenus à ce jour, un modèle bien conçu offre un degré de précision comparable à celui fourni par les démarches conventionnelles fondées sur les concentrations indicatrices de la journée précédente.
La mise au point des modèles pose nombre de difficultés. Il faut de grandes compétences techniques pour les élaborer et analyser les données, et les modèles ne fonctionnent pas nécessairement dans toutes les zones. Ils constituent néanmoins un moyen de prévoir la qualité de l'eau et de prendre des décisions plus rapidement quant à l'ouverture ou à la fermeture des zones de baignade. Les exploitants de plages, les fournisseurs de services ou les autorités compétentes en quête d'outils supplémentaires pour accélérer la prise de décisions sur la qualité de l'eau souhaiteront peut-être faire des recherches complémentaires sur cette approche.
Pour être en mesure de s'adonner à des loisirs aquatiques sécuritaires et récréatifs, le public doit avoir accès à des informations concernant la qualité de la zone et de ses installations, et doit être prévenu de tout danger existant pour la qualité de l'eau. Il incombe aux exploitants de plages, aux fournisseurs de services et aux autorités compétentes d'informer et d'éduquer le public et d'émettre des avertissements en cas de danger dans les zones récréatives dont ils ont la responsabilité.
Les efforts déployés pour améliorer la compréhension et la sensibilisation du public quant à la qualité de l'eau peuvent avoir de nombreuses retombées positives (Bartram et Rees, 2000; Pendleton et coll., 2001). Les outils de communication permettent notamment :
- de réduire les risques potentiels de blessures ou de maladies chez les baigneurs;
- d'améliorer la qualité de l'eau;
- de corriger les idées fausses des usagers quant à la qualité de l'eau;
- de rehausser la confiance du public;
- d'accroître la fréquentation des plages.
Affichage des informations sur les zones de loisirs aquatiques
Les informations sur la qualité de l'eau doivent être transmises au public au moyen de panneaux d'affichage. Ces panneaux doivent avertir les usagers lorsque l'eau est impropre aux activités aquatiques récréatives, et également leur signaler lorsque la qualité de l'eau permet la pratique de telles activités.
Les panneaux doivent être installés à des endroits bien visibles pour le public. Les informations présentées doivent être faciles à comprendre et ne pas prêter à des interprétations erronées. Idéalement, la présentation des panneaux devrait être normalisée pour permettre des comparaisons entre les différentes zones de loisirs aquatiques. Les avertissements doivent être donnés en temps opportun et être levés dès que les autorités compétentes estiment qu'il n'y a plus de risques.
Les informations présentées sur les panneaux d'affichage doivent comporter au minimum :
- une déclaration précisant le risque pour la santé ou la sécurité;
- la ou les mesures recommandées;
- le nom de l'autorité qui a émis l'avertissement;
- les coordonnées de l'autorité responsable.
De même, lorsque la zone est jugée utilisable sans danger, le public doit en être informé au moyen de panneaux clairs. Il convient aussi de communiquer aux utilisateurs des plages, par le biais de mesures éducatives et informatives, le concept important suivant : même si des eaux sont considérées comme étant de bonne qualité pour la baignade, il subsiste toujours une probabilité pour que les baigneurs puissent être victimes d'effets nocifs pour la santé.
On trouvera à l'annexe F divers exemples de panneaux d'information sur les plages.
Deux situations principales justifient l'affichage d'un avertissement : après une alerte concernant la baignade et après une décision de fermer une plage. Les avis d'interdiction de baignade ou de fermeture d'une plage sont émis par un médecin des autorités sanitaires ou autres autorités compétentes, conformément aux lois et aux règlements en vigueur dans chaque province ou territoire. Cette décision doit reposer sur une évaluation approfondie de la situation basée sur les informations recueillies dans le cadre du programme de surveillance des eaux récréatives, de l'enquête relative à la sécurité et à l'hygiène du milieu et des activités de surveillance de la santé publique.
Un avis d'interdiction de baignade peut être émis si les autorités compétentes constatent que l'eau est impropre aux loisirs aquatiques. Dans ce cas, il est conseillé aux usagers d'éviter de mettre le corps entier en contact avec l'eau. Le contact avec la plage reste généralement autorisé et l'accès aux installations n'est pas limité. Parmi les exemples de scénarios qui pourraient porter les autorités à émettre un avis d'interdiction de baignade à l'intention des baigneurs, on trouve :
- le dépassement des valeurs de la recommandation pour les indicateurs de contamination fécale;
- le dépassement des valeurs de la recommandation pour les cyanobactéries toxiques et leurs toxines, ou la prolifération de cyanobactéries;
- la mise en évidence de risques de dermatite du baigneur chez les usagers des eaux récréatives;
- de fortes précipitations, nécessitant l'émission d'un avis d'interdiction comme mesure préventive.
La fermeture d'une plage peut être décidée si l'autorité compétente conclut que la plage ou un plan d'eau présente un risque important pour la santé et la sécurité des usagers et qu'il faut en outre empêcher les personnes d'entrer en contact avec la zone. En période de fermeture, toutes les activités de loisirs pratiquées dans la zone sont également interrompues. Il est conseillé aux usagers d'éviter tout contact avec la plage et la zone de loisirs aquatiques, et l'accès aux installations peut être interdit. Parmi les exemples de situations qui pourraient porter les autorités à décider la fermeture d'une plage, on trouve :
- la zone considérée est soupçonnée d'être à l'origine de l'éclosion de maladies d'origine hydrique;
- un déversement d'eaux usées ou de produits chimiques susceptible d'avoir un impact sur la zone de loisirs aquatiques a eu lieu;
- d'autres situations amenant à considérer la zone comme présentant un risque élevé pour la santé publique (p. ex. une eau demeurant de façon répétée de qualité très médiocre);
- la détection d'une prolifération de cyanobactéries.
Des panneaux appropriés peuvent également être affichés dans les zones jugées propices aux activités de contact secondaire (p. ex. l'aviron, la voile, les promenades en canot, la pêche), mais non aux activités de contact primaire (p. ex. la baignade, la marche dans l'eau, la planche à voile, le ski nautique). Il peut alors s'avérer nécessaire d'installer des panneaux au-delà de la zone de plage afin qu'ils soient davantage visibles. Les emplacements suggérés sont les lieux d'accès et de mise à l'eau.
Les usagers peuvent quant à eux s'informer des mesures à prendre pour se protéger et pour protéger les plages, se renseigner sur l'endroit où sont affichés les résultats des activités de surveillance de la qualité de l'eau et consulter ces informations avant de se rendre à la plage.
Autres outils de communication et d'éducation du public
Outre les panneaux d'affichage, d'autres outils permettent de diffuser l'information et d'éduquer le public, en particulier :
- les supports imprimés (p. ex. affiches, fiches d'information, bulletins éducatifs, brochures, dépliants);
- les médias (p. ex. journaux locaux, messages à la radio et à la télévision, sites Web);
- la participation à des programmes de remise de prix ou de certification des plages;
- les manifestations éducatives telles que les programmes de surveillance par des bénévoles et les journées de nettoyage des plages;
- les systèmes de classement et de notation des plages.
Les systèmes de classement et de notation des plages ont suscité de l'intérêt en tant qu'outil de promotion de la communication et de la compréhension des informations sur la qualité de l'eau. On estime également qu'ils favorisent et encouragent un sens des responsabilités partagées parmi les autorités et les usagers de la plage. Plusieurs entités et organisations multinationales ont inclus un système de classement dans leurs recommandations pour la gestion des eaux récréatives (OMS, 2003a; MDDEP, 2004; NHMRC, 2008). Les recommandations australiennes et celles de l'OMS (OMS, 2003a; NHMRC, 2008) utilisent un système de notation pour la concentration des indicateurs de contamination fécale au sein de leur cadre d'évaluation de la pollution fécale dans les eaux récréatives. Ces approches s'appuient sur une composante d'évaluation microbiologique exploitée simultanément avec une catégorisation par inspection sanitaire en vue de produire une classification de la mesure dans laquelle une zone se prête aux activités récréatives. En vertu du cadre québécois d'évaluation de la pollution fécale (MDDEP, 2004), la qualité des eaux récréatives est notée en fonction de la moyenne annuelle des résultats de surveillance des indicateurs fécaux. Cette note est utilisée comme un outil de communication avec la population, et détermine également les exigences de fréquence d'échantillonnage pour la zone.
Les systèmes de notation des plages présentent des avantages et des inconvénients. Les autorités compétentes doivent être conscientes des limites inhérentes à tout système lorsqu'elles envisagent d'y avoir recours comme moyen de communication. Ainsi, le système de classement fondé sur les résultats de la surveillance des indicateurs fécaux ne renseigne que sur l'un des aspects de la qualité des eaux récréatives. De plus, la précision de n'importe quel système de notation de ce type sera fortement perturbée par les limitations dont on sait qu'elles sont associées avec la surveillance des indicateurs fécaux. Idéalement, un système efficace de notation des plages devrait reposer sur des critères relevant de plusieurs catégories, restituant les résultats de la surveillance, les outils de communication utilisés, et les mesures mises en place en matière de lutte contre les dangers liés à la qualité de l'eau.
Les consultations avec les autorités de santé publique constituent un autre aspect fondamental de la gestion des risques. Lorsque survient un incident (microbiologique, chimique ou physique) constituant une menace pour la santé ou la sécurité publiques, les autorités sanitaires peuvent jouer un rôle de conseil déterminant quant aux mesures qui s'imposent. Les autorités sanitaires locales doivent être rapidement avisées de toute situation qui met en péril la santé ou la sécurité des usagers des eaux récréatives. De même, on peut consulter périodiquement les agents de santé publique locaux, dans le cadre des activités normales, pour obtenir des informations et des avis pertinents concernant l'utilisation sécuritaire des eaux récréatives.
Lorsqu'elles évaluent les risques que présentent les eaux récréatives, les autorités sanitaires locales doivent, dans la mesure du possible, instaurer une surveillance des maladies ou des lésions observées chez les baigneurs. Cette activité peut s'intégrer aux mécanismes existants de surveillance de la santé publique ou donner lieu à des investigations spécifiques. Les sources d'information comprennent :
- les ministères ou organismes fédéraux, provinciaux/territoriaux ou régionaux dotés de programmes de surveillance ou de systèmes de rapports;
- les rapports cliniques établis par les services d'urgence des hôpitaux et les médecins locaux;
- les rapports d'accident ou d'incident détenus par les exploitants des zones de loisirs aquatiques ou par les fournisseurs de services;
- les enquêtes épidémiologiques officielles;
- d'autres mécanismes de surveillance potentiels (p. ex. le suivi des ventes en pharmacie de médicaments disponibles sans ordonnance).
Les méthodes d'enquête sur les maladies associées aux eaux récréatives sont conformes aux recommandations formulées dans Procedures to Investigate Waterborne Illness (International Association for Food Protection, 2002).
La maîtrise des dangers consiste à recourir à des mesures concrètes pour réduire l'impact des dangers microbiologiques, chimiques ou physiques dans une zone de loisirs aquatiques donnée. Une analyse des nombreux types de mesures possibles de lutte contre les dangers sortirait de la portée de ce document. De plus, les types de mesures de lutte contre les dangers requis, ainsi que leur efficacité relative, seraient propres à chaque plage et à chaque situation. Les autorités souhaiteront peut-être consulter les types de ressources suivants pour obtenir des informations destinées à les aider à faire face à des problèmes particuliers relatifs à une plage :
- Textes publiés : on dispose de textes proposant une analyse exhaustive de sujets plus larges comme la gestion des eaux de ruissellement, le traitement des eaux usées et la gestion des eaux côtières.
- Bases de données consultables d'articles de journaux : des recherches par mots-clés peuvent diriger l'utilisateur vers des études scientifiques précises, des articles connexes, des citations bibliographiques et des articles de synthèse sur un sujet donné.
- Actes de conférences internationales : l'examen des actes permet de repérer des descriptions de mesures évaluées dans d'autres communautés, offrant une indication des résultats ainsi que des contacts potentiels; les conférences pertinentes incluent notamment les conférences de la Great Lakes Beach Association et les conférences National Beach de l'U.S. EPA.
- Des manuels ou des publications produits par des organisations parties prenantes (p. ex. Griffiths, 1999).
Une évaluation aide à déterminer des mesures à plus petite échelle susceptibles d'offrir de bons résultats d'un point de vue coûts-avantages. Toutefois, certains problèmes de fond pourront parfois exiger de recourir à des méthodes plus pointues. Les exemples de mesures de lutte à petite échelle visant à réduire la contamination fécale peuvent inclure des activités de nettoyage et d'entretien des plages ou l'installation d'ouvrages tels que des clôtures ou des câbles aériens pour éloigner les oiseaux et les autres espèces sauvages. À plus grande échelle, elles peuvent comprendre le traitement des eaux usées ou la mise en place de dispositifs de rétention des déchets contenus dans les eaux pluviales. Toute mesure de lutte potentielle doit être évaluée du point de vue de son incidence sur la santé des usagers et sur l'environnement.
Les questions liées à la qualité de l'eau peuvent relever simultanément de nombreux secteurs (p. ex. la santé, l'environnement, l'agriculture, les infrastructures municipales, etc.) et nécessitent donc une collaboration intersectorielle. Les consultations avec les autorités compétentes, les exploitants de plages, les fournisseurs de services et les spécialistes de la qualité des eaux récréatives peuvent aider à recenser les mesures qui ont donné de bons résultats dans d'autres collectivités.
Détails de la page
- Date de modification :