ARCHIVÉE - Analyse comparative entre les sexes et temps d'attente : Nouvelles questions, nouvelles connaissances

Rapport 5

Document de travail préparé par

Beth E. Jackson, Ph.D.
Boursière postdoctorale, Chaire de recherche sur les services de santé FCRSS/IRSC
Institut de recherche en santé, Université York

Ann Pederson, M.Sc.
Directrice des politiques et de la recherche
Centre d'excellence pour la santé des femmes - région de la Colombie-Britannique

Madeline Boscoe, IA
Directrice administrative
Réseau canadien pour la santé des femmes

Au nom du Comité des femmes et la réforme en santé [1], [2]

Avril 2006

Analyse comparative entre les sexes et temps d'attente : Nouvelles questions, nouvelles connaissances

Introduction

L'analyse comparative entre les sexes (ACS) consiste à intégrer des questions au sujet des hommes et des femmes ainsi que des garçons et des filles dans le cadre des recherches ou de l'élaboration des politiques et des programmes. Le Canada a pris des engagements formels à l'égard de l'équité entre les sexes et de l'utilisation de l'analyse comparative entre les sexes pour améliorer l'élaboration des politiques et des programmes, et pour renforcer l'égalité entre les sexes.

La question des temps d'attente est essentielle dans les débats actuels sur la réforme des soins de santé. Elle englobe des préoccupations majeures concernant l'état des systèmes de soins de santé au Canada, notamment les problèmes touchant la qualité, l'accès, l'égalité et l'efficacité des services de santé. Une analyse comparative entre les sexes axée sur les temps d'attente est essentielle, car les femmes et les hommes ont des expériences différentes de la santé, de la maladie et de traitement, n'ont pas les mêmes besoins en soins de santé ni les mêmes facilités d'accès à ces derniers et peuvent obtenir des résultats différents de l'application des programmes et des services. L'examen des documents disponibles traitant des temps d'attente pour les remplacements de la hanche et du genou (arthroplastie totale) révèle des différences entre les sexes quant au besoin de cette chirurgie et aux personnes plus susceptibles de figurer sur les listes d'attente pour la subir.

L'ACS est un excellent outil scientifique : elle permet d'obtenir des données plus solides et plus fiables au sujet des temps d'attente et, ainsi, d'améliorer les recommandations, les interventions stratégiques et les résultats pour les personnes, les foyers, les collectivités et les économies. Ce document présente une analyse comparative entre les sexes en ce qui a trait aux temps d'attente pour les remplacements de hanche et de genou. En outre, nous recommandons d'appliquer ce modèle à l'élaboration des recherches et des politiques dans d'autres domaines cliniques et à l'examen des temps d'attente en général.

Engagements fédéraux, provinciaux et territoriaux concernant l'analyse comparative entre les sexes

Le gouvernement fédéral a pris plusieurs engagements à propos de l'équité entre les sexes et de l'analyse comparative entre les sexes (Santé Canada, 2003). À la base, l'égalité entre les sexes est garantie par le paragraphe 15(1) et l'article 28 de la Charte canadienne des droits et libertés et par de nombreux instruments internationaux de défense des droits de la personne dont le Canada est signataire. Les engagements internationaux du Canada quant à l'égalité entre les sexes comprennent l'adoption , en 1981, de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) des Nations Unies, et l'adoption du Programme d'action des Nations Unies, c'est-à-dire le document de clôture de la Conférence mondiale sur les femmes des Nations Unies, qui s'est tenue à Beijing en 1995.

À la Conférence de Beijing, le gouvernement du Canada a présenté son propre Plan fédéral pour l'égalité entre les sexes (1995-2000). Selon ce plan, toutes les mesures législatives et politiques subséquentes devraient comprendre, s'il y a lieu, une analyse des effets différentiels possibles sur les hommes et les femmes. En outre, le Plan fédéral a pris l'engagement de procéder à une mise en oeuvre pangouvernementale de l'analyse comparative entre les sexes dans l'élaboration des politiques, des programmes et des mesures législatives. En 2000, le gouvernement fédéral a approuvé le Programme d'action pour l'égalité entre les sexes (PAES). Cette initiative visait à inspirer les politiques et les programmes actuels et futurs, ainsi qu'à accélérer la concrétisation des engagements en matière d'analyse comparative entre les sexes. Plusieurs ministères fédéraux ont publié des lignes directrices officielles sur l'analyse comparative entre les sexes, notamment l'Agence canadienne de développement international, Développement des ressources humaines Canada, le ministère de la Justice du Canada, Condition féminine Canada et Santé Canada. L'engagement de Santé Canada est énoncé dans les documents intitulés Stratégies pour la santé des femmes (Santé Canada, 1999) et Politique de Santé Canada en matière d'analyse comparative entre les sexes (Santé Canada, 2000).

Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont également appuyé la mise en oeuvre de la CEDAW, en créant des ministères et des directions générales de la condition féminine ou des conseils consultatifs de la condition féminine dans les administrations provinciales et territoriales. En outre, un grand nombre de provinces et de territoires ont créé des programmes de formation à l'ACS à l'intention des analystes des politiques et ont préparé des documents de travail. Ces engagements provinciaux et territoriaux concernent des ministères de la Santé, dont beaucoup comportent ou ont comporté des centres de liaison liés au sexe (p. ex. bureaux de la santé des femmes) et ont conçu des programmes de formation spéciaux pour leur personnel. Cependant, l'analyse comparative entre les sexes est souvent absente de l'élaboration et de l'application des politiques.

Dans la foulée de ces engagements, le gouvernement a la responsabilité, à tous les paliers, d'assurer l'analyse comparative entre les sexes et l'équité hommes-femmes et de créer les mécanismes nécessaires à cette fin. Ce document a pour but d'aider les chercheurs, les décideurs et les responsables de la planification en santé à comprendre comment il faut traiter le sujet des temps d'attente dans une perspective tenant compte des différences entre les sexes. Il s'agit de faire en sorte que les politiques et les programmes de gestion des temps d'attente, qui découleront de ce rapport fédéral, soient compatibles avec les engagements gouvernementaux et qu'ils favorisent l'accès équitable aux soins de santé.

Analyse comparative entre les sexes

Comprendre l'ACS

L'analyse comparative entre les sexes consiste à examiner les recherches, les programmes et les politiques, en se demandant de quoi ils traitent ou comment ils pourraient influer sur la vie des femmes et des hommes. L'ACS n'est pas un ensemble défini de techniques, mais plutôt un mécanisme d'interrogation visant à déterminer si les incidences sur les femmes ou les hommes ainsi que sur les filles ou les garçons sont différentes et, le cas échéant, en quoi et pourquoi elles diffèrent. L'analyse comparative entre les sexes reconnaît la sexospécificité des personnes et des populations, et l'importance des contextes de vie des hommes et des femmes. Le premier but de l'ACS est de faire comprendre la nature de la vie des hommes et des femmes; et le second, de comprendre les ressemblances et les différences entre les sexes. L'ACS s'intéresse en outre aux expériences de sous-groupes de femmes et d'hommes, en tenant compte du fait que ni les femmes ni les hommes, ne forment un groupe homogène, qu'il existe des différences importantes déterminées par le revenu, la scolarité, l'origine ethnique, la race, l'âge, le lieu géographique, l'orientation sexuelle et ainsi de suite. L'analyse comparative entre les sexes consiste à poser de nouvelles questions en vue de produire de nouvelles connaissances.

Concepts clés de l'analyse comparative entre les sexes

La plupart des guides d'analyse comparative entre les sexes distinguent les concepts clés de « sexe biologique » et de « sexe social. » Santé Canada considère le sexe biologique (« héritage biologique et génétique ») et le sexe social comme des déterminants de la santé (Santé Canada, 2003). En général, l'expression « sexe biologique » ( sex en anglais) se rapporte aux caractéristiques biologiques. Celles-ci comprennent les organes reproducteurs et leurs fonctions, ainsi que l'activité hormonale propre au sexe, le fonctionnement cellulaire et les profils de développement (Wizemann et Pardue, 2001). En revanche, l'expression « sexe social » ( gender en anglais) renvoie généralement à « l'éventail des rôles et rapports déterminés par la société, aux traits de personnalité, aux attitudes, aux comportements, aux valeurs, à l'influence et au pouvoir relatif que la société attribue aux deux sexes en fonction de leurs différences » (Santé Canada, 2003, p. 8). Ces distinctions entre le sexe biologique et le sexe social nous aident à reconnaître que les phénomènes physiques et sociaux influent tous deux sur la santé des femmes et des hommes. Mais le lien entre sexe biologique et sexe social est un lien complexe, car les deux phénomènes ne sont pas entièrement distincts. Les faits biologiques (p. ex. les chromosomes, les cellules et le corps) ne sont pas indépendants des structures et des cultures sociales, et les rapports hommes-femmes ont lieu dans le monde réel. Ainsi, même si nous sommes tentés de le faire, nous ne pouvons pas simplement isoler le sexe biologique de son sens et de son contexte sociaux. Pas plus que nous pouvons comprendre le sexe social sans prendre en compte son rapport au corps « matériel ». Comme on pouvait s'y attendre, le rapport entre sexe biologique et sexe social est complexe, car ces concepts sont souvent conjugués et confondus dans les énoncés de recherche et de politique. Il n'est pas rare de voir le concept de « sexe biologique » (sex) prendre la place du concept de « sexe social » (gender). Par exemple, certaines conférences consacrées à une « approche sexospécifique de la médecine » omettent les aspects sociaux de la santé des hommes et des femmes, et n'abordent que les variables biologiques sexospécifiques, comme si ces dernières existaient indépendamment des environnements sociaux auxquelles elles appartiennent. Une bonne compréhension de la santé des hommes et des femmes exige un examen des interactions complexes du sexe biologique et du sexe social.

Sexe biologique, sexe social, santé et soins de santé

Les sociétés s'organisent selon des axes que Hanna Papanek (1984) appelle les « lignes de faille » du sexe biologique et du sexe social. Autrement dit, les femmes et les hommes sont considérés, sont traités et mènent leur vie comme des êtres différents, ayant un corps, des rôles, des responsabilités et des possibilités qui leur sont propres. Il s'ensuit que les femmes et les hommes n'ont pas le même accès aux choix de vie et aux chances d'épanouissement, notamment sur le plan de l'activité économique, des réalisations scolaires, de la santé et des soins de santé.

Les caractéristiques et les besoins des femmes et des hommes en matière de santé ne sont pas les mêmes, non seulement en raison des différences physiques existant entre eux, mais aussi de leurs façons distinctes de vivre, de travailler et de se divertir. Par exemple, la sécurité financière et le statut social des femmes sont généralement inférieurs à ceux des hommes, mais les femmes ont plus de responsabilités lorsqu'il s'agit de s'occuper des autres : elles représentent l'immense majorité des soignants rémunérés et non rémunérés[3]. En outre, les femmes interagissent plus fréquemment que les hommes avec le système de santé, en partie à cause de leur rôle dans la reproduction et du fait qu'elles prennent soin d'autres membres de leur famille.

Le Réseau des bases factuelles en santé (HEN) de l'Europe (2005) a récemment reconnu que les femmes et les hommes sont des « utilisateurs et des producteurs » différents de soins de santé, à cause de ces différences dans les responsabilités des femmes et des hommes à l'égard de la santé et des soins. Selon le HEN, la reconnaissance de ces facteurs sexospécifiques est importante lorsqu'il s'agit de comprendre les résultats pour la santé ainsi que le rendement du système de santé. Par conséquent, dans l'analyse comparative entre les sexes qui concerne les soins de santé, nous cherchons d'abord à comprendre le cadre de vie des femmes et des hommes. Ensuite, nous voyons comment on peut améliorer l'organisation des programmes, des services et des politiques en vue d'atténuer, de concilier ou d'équilibrer leurs divergences.

Le sexe biologique et le sexe social contribuent à créer des problèmes de santé et des conditions de vie qui peuvent être « uniques, plus répandus, plus graves ou différents, en ce qui concerne les facteurs de risque ou les interventions efficaces à l'égard des femmes et des hommes » (Santé Canada, 2003, p. 9). Ces différences influent sur la santé des femmes et des hommes, sur leur utilisation du système de santé, et sur leurs façons de réagir aux soins.

Il faut aussi tenir compte des nombreuses différences parmi les femmes et parmi les hommes attribuables à plusieurs facteurs : statut économique, race, origine ethnique, âge, orientation sexuelle, aptitudes et incapacités, emplacement géographique et autres facteurs sociaux importants qui ont des conséquences sur la santé et les soins de santé. L'analyse comparative entre les sexes comprend l'étude de ces importantes sources de diversité parmi les femmes et les hommes, ainsi que des différences entre les deux groupes.

Outils conçus pour l'analyse comparative entre les sexes

Questions nouvelles

L'analyse comparative entre les sexes est une méthode permettant de poser des questions nouvelles. Comme en témoignent les nombreux manuels et boîtes à outils consacrés à l'ACS, ce type d'analyse est tout autant une manière de penser qu'une série d'étapes prescrites. Il existe des stratégies généralement admises qui peuvent servir de point de départ, mais lorsqu'on entreprend une ACS, on doit tenir compte des contextes et des caractéristiques de la politique ou du phénomène étudié. C'est pourquoi les outils d'une ACS comportent surtout des séries de questions directrices, par exemple : Quelles sont les conditions de vie des femmes et des hommes, et comment ces conditions sont-elles liées à l'enjeu étudié? Comment et de quelle manière ce problème particulier est-il influencé par le sexe biologique et par le sexe social? Quelles sont les répercussions sur les possibilités d'intervention? Quels sont, pour les femmes et les hommes, les garçons et les filles, les effets de cette connaissance? Est-ce que les instruments de mesure actuels permettent de découvrir les différences qui existent entre les femmes et les hommes ainsi que dans l'un et l'autre groupe?

Au-delà des données ventilées selon le sexe

Étant donné l'intérêt croissant pour la façon dont le sexe biologique et le sexe social influent sur la santé, il est essentiel de prendre en compte ces deux facteurs dans l'évaluation de la santé et des soins de santé et la présentation de rapports à cet égard. La présentation de données ventilées selon le sexe - la ventilation des données et leur présentation selon les catégories hommes et femmes - est l'une des ressources essentielles pour l'analyse comparative entre les sexes, mais l'ACS exige toujours des interrogations plus poussées. Les données ventilées selon le sexe ne suffisent pas à révéler ou à préciser comment sont générés et maintenus les processus de groupe systémiques, tels que les normes fondées sur le sexe et le sexisme; ni comment les rapports hommes-femmes et les structures politico-économiques produisent des inégalités en matière de santé. Pourtant, ce sont là des facteurs décisifs pour la santé et pour les coûts d'ensemble du système.

Souvent, la ventilation des données selon le sexe ne révèle pas des différences importantes entre l'expérience des hommes et celle des femmes en matière de santé, de maladie et de soins. Par exemple, même lorsqu'un phénomène semble aussi fréquent chez les femmes que chez les hommes, les facteurs qui contribuent à cette similitude et les conséquences qui en découlent peuvent être très différents et exiger des interventions ou des réponses différentes. En outre, les instruments de mesure qui montrent que les hommes et les femmes font face à un phénomène donné (une maladie ou une période d'attente) avec la même fréquence ne sont pas toujours sensibles aux différences physiques et aux expériences propres aux hommes et aux femmes. Par exemple, dans le cas du remplacement de la hanche ou du genou, nous constatons ceci : les femmes et les hommes peuvent avoir des résultats similaires à la radiographie (rayons X), qui permet d'évaluer la gravité d'une maladie, mais les femmes signalent davantage de douleurs et d'incapacités que les hommes. Ainsi, les outils que nous employons pour évaluer les états de santé et pour mesurer le rendement du système de santé peuvent exiger un examen plus approfondi par le biais d'une analyse comparative entre les sexes. Autrement dit, une ACS consiste tout autant à poser les questions pertinentes et à choisir les bons instruments de mesure, qu'à effectuer une bonne analyse.

Valeur de l'analyse comparative entre les sexes dans les recherches et les politiques de soins de santé

L'ACS favorise l'équité entre les sexes et l'établissement d'un fondement scientifique plus solide (Greaves 1999; Santé Canada, 2003). L'ACS peut faciliter la production de données en faveur d'initiatives visant à améliorer les conditions responsables des inégalités entre les sexes et des disparités fondées sur le sexe. Elle peut aussi réduire à long terme les coûts du système de santé en présentant plus correctement les problèmes et les solutions. Pourtant, malgré les engagements fédéraux, provinciaux et territoriaux à l'égard d'une analyse comparative entre les sexes, une grande partie des recherches et des politiques en matière de santé omettent : 1) de présenter des données ventilées selon le sexe chaque fois que c'est possible; 2) de proposer des questions de recherche tenant compte des sexospécificités, et 3) de surveiller les inégalités entre les sexes dans les domaines de la santé ou du système de santé. Lin et coll. signa lent que « la rareté des indicateurs sexospécifiques pour le rendement du système de santé démontre une absence manifeste d'engagement entre les personnes chargées de promouvoir l'égalité entre les sexes et celles qui se consacrent à une réforme du secteur de la santé » [traduction] (Consortium La Trobe, 2003).

Le Réseau des bases factuelles en santé du Bureau régional de l'OMS pour l'Europe (2005) vient d'entreprendre la recherche de données précises sur les conséquences des réformes des soins de santé sur l'égalité entre les sexes dans le domaine de la santé. Après une recherche et un examen des effets sexospécifiques de la décentralisation, du financement, de la privatisation et de l'établissement des priorités, les responsables du Réseau ont conclu que « les données montrent que les réformes des soins de santé peuvent avoir des répercussions différentes sur les hommes et les femmes du fait de leurs rôles respectifs différents en tant que producteurs et utilisateurs de soins de santé » [traduction] (p. 4). Les données qu'on est en train de recueillir témoignent en outre des résultats positifs des programmes sensibles à la spécificité des sexes. Ainsi, un examen des évaluations d'un grand nombre de programmes concernant la santé génésique à l'échelle internationale montre que l'intégration de facteurs sexospécifiques à ce type de programmes peut améliorer la santé et les résultats liés au sexe social (c.-à-d. la situation des femmes) (Interagency Gender Working Group, 2004), ce qui profite non seulement aux femmes mais à l'ensemble de la société.

Ces exemples révèlent qu'on reconnaît de plus en plus l'importance du rôle joué par l'analyse comparative entre les sexes et le fait qu'elle peut nous aider à mieux comprendre les réformes des soins de santé et la rentabilité du système de santé. Étant donné l'importance des temps d'attente dans les débats actuels sur la réforme des soins de santé au Canada - et le lien entre ces temps d'attente et les enjeux concernant la qualité, l'accès, l'équité et le rendement des services de soins de santé - il est absolument essentiel d'intégrer une analyse du sexe biologique et du sexe social aux recommandations sur les recherches et les politiques concernant les temps d'attente.

Analyse comparative entre les sexes - Temps d'attente et listes d'attente

Questions éclairantes

La reconnaissance et la portée de l'incidence du sexe social sur l'enjeu que constituent les temps d'attente est une question empirique. Autrement dit, nous ne savons pas comment le sexe social influe sur les temps d'attente ou sur la gestion des listes d'attente et nous n'émettons pas d'hypothèse à cet effet. En fait, nous insistons sur l'importance de soulever de grandes questions éclairantes et d'y répondre, notamment celles-ci :

  • Quels sont les contextes propres aux vies des femmes et des hommes et en quoi ces contextes sont-ils différents? Comment ces contextes différents pourraient-ils influer sur les besoins des femmes et des hommes en matière de soins de santé, y compris les soins pour lesquels il y a des listes d'attente, et sur l'accès à ces soins?
  • Comment le problème des temps d'attente et des listes d'attente est-il formulé, et par qui? Quelles sont les données réunies pour favoriser cette formulation?
  • Comment pouvons-nous mesurer et surveiller les états de santé concernés par les temps d'attente?
  • Comment le problème (p. ex. temps d'attente, gravité/urgence, et conséquences de l'attente) est-il évalué?
  • Comment les données sont-elles présentées?
  • Que nous apprend cette évaluation sur la façon dont le problème influe sur les hommes et les femmes?
  • S'agit-il d'une mesure valable? Autrement dit, les instruments de mesure tiennent-ils assez compte des différences possibles entre les femmes et les hommes ainsi qu'au sein de chaque groupe dans diverses situations sociales?
  • Qui en profite et qui en souffre?

Cette annexe est consacrée à une analyse comparative entre les sexes portant sur la chirurgie de remplacement de la hanche et du genou - l'un des cinq domaines cliniques qui font partie des priorités établies par les premiers ministres pour la réduction des temps d'attente.

Temps d'attente et listes d'attente - un enjeu

Le simple fait de considérer les temps d'attente comme un problème résulte d'hypothèses et de choix qui doivent être soigneusement examinés. En général, le problème des temps d'attente et des listes d'attente et de leur incidence sur les résultats sur le plan de la santé et sur le système de santé s'inscrivent dans un discours faisant ressortir l'état de plus en plus inquiétant du système de santé. La réduction des temps d'attente est devenue l'une des grandes priorités des provinces et du gouvernement fédéral, même si les données compilées dans le rapport Romanow et provenant d'autres pays que le Canada ont « mis en garde contre des solutions simplistes telles que l'attention exclusive aux temps d'attente. Améliorer l'accès aux soins de santé, ce n'est pas seulement accélérer l'accès à une intervention chirurgicale non urgente. C'est aussi pouvoir obtenir, au moment voulu, des interventions utiles dans toute la gamme des soins de santé » [traduction] (Pascal 2006, p. A15). Cependant, on s'inquiète de plus en plus de voir que les longues attentes pour des soins de santé entraînent des coûts économiques élevés, qu'elles peuvent causer des préjudices physiques et psychologiques aux patients, soulever des questions d'équité, et miner la confiance du public dans le système de soins de santé (Conseil de la santé du Canada, 2005). Le utilisateurs des soins de santé, les omnipraticiens, les infirmières, les chirurgiens spécialisés et les gestionnaires de soins croient, quant à eux, que les temps d'attente sont de plus en plus longs. En outre les médias renforcent cette perception en rapportant des cas d'attente exceptionnels. Cependant, les faits recueillis par Statistique Canada et les banques de données provinciales donnent à penser que les temps d'attente n'ont pas varié au cours des dernières années (Institut canadien d'information sur la santé, 2006b, Shortt, 2000). Par exemple, d'après l'enquête sur l'accès aux services de santé, les temps d'attente moyens pour les opérations chirurgicales non urgentes n'ont pratiquement pas changé entre 2001 et 2005 (Institut canadien d'information sur la santé, 2006b).

Pour compliquer les choses, la définition de « temps d'attente » a mis à l'épreuve les chercheurs et les décideurs qui tentent d'évaluer et de traiter l'ensemble du problème : les définitions et les mesures variaient selon les provinces et les chercheurs. Par exemple, certaines mesures sont prospectives et d'autres sont rétrospectives; certaines font état de périodes moyennes et d'autres parlent de médiane. On n'est pas non plus d'accord sur le moment où débute le temps d'attente.

En décembre 2005, les sites Web provinciaux ont défini le « temps d'attente » pour la chirurgie de remplacement de la hanche et du genou comme étant le temps écoulé entre l'avant-dernier rendez-vous avec un chirurgien orthopédiste et le jour de l'intervention chirurgicale (Nouvelle-Écosse); le temps écoulé entre la décision de traiter et l'intervention (Î.-P.-É., Ontario, Manitoba et Alberta); le temps écoulé entre la réservation d'une place à l'hôpital et l'intervention (Québec et Colombie-Britannique); et le temps écoulé entre la réception du formulaire de réservation et l'intervention (Saskatchewan) (Institut canadien d'information sur la santé, 2006b). Le 12 décembre 2005, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux ont annoncé l'adoption de points de repère communs pour certains traitements et ont souscrit à la définition suivante : « Le temps d'attente commence avec la réservation d'un service, au moment où le patient et le médecin compétent conviennent d'un service et où le patient est prêt à le recevoir. Le médecin compétent est celui qui a le pouvoir de déterminer le service nécessaire. Le temps d'attente se termine au moment où débute le service » [traduction] (ministère de la Santé et des Soins de longue durée, 2005). Chacune de ces définitions exclut des sections importantes du « parcours du patient » à travers le système de santé, c'est-à-dire des éléments essentiels du temps d'attente. En outre, cette définition peut influer sur l'efficacité de la mesure pour les femmes et pour les hommes.

Entre-temps, on dispose de très peu de données sur la façon dont les femmes et les hommes sont affectés par l'attente, et il est rare que ces données prennent en compte la nature du travail rémunéré et non rémunéré qu'ils accomplissent, les appuis dont ils bénéficient ou leurs responsabilités de salariés ou de soignants pour les membres de leur famille et d'autres personnes. Par exemple, « les femmes ont souvent des rôles de travailleuses au foyer et de soignantes qui peuvent être entravés par une incapacité due à l'arthrite. La plupart des études sur les incapacités et l'emploi ne s'intéressent qu'au travail rémunéré. On est donc assez peu renseigné sur les responsabilités familiales et, partant, sur l'effet de l'attente en vue d'obtenir des soins » [traduction] (Badley et Kasman, 2004, p S25-S26). En outre, presque toutes - sinon toutes - les données sur les temps d'attente sont présentées de façon agrégée, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas ventilées selon le sexe, aussi est-il difficile de déterminer les différences possibles entre les femmes et les hommes ainsi qu'à l'intérieur de chacun des deux groupes.

Temps d'attente, listes d'attente et arthroplastie totale

Ci-après, nous appliquons une analyse comparative entre les sexes au domaine clinique des remplacements de la hanche et du genou (« arthroplastie totale » ), qui sont des interventions de plus en plus demandées au Canada : entre 1994 -1995 et 2001-2002, les remplacements de la hanche ont augmenté de 19 %, et celles du genou de 62 % (Institut canadien d'information sur la santé, 2006). Il est certain que les opérations tardives peuvent nuire à la santé du patient et qu'une arthroplastie totale faite à temps est associée à une économie de coûts. (Fortin et coll., 1999; Masri et coll., 2005) . Selon Ethgen et coll. (2004, p. 970) : « Si un plus grand nombre de patients présentant une incapacité peuvent obtenir un soulagement appréciable, cela signifie que des temps d'attente anormalement longs imposent des douleurs et des incapacités qui pourraient être évitées. » [traduction] L'attente exigée pour une arthroplastie totale est certes une question préoccupante. Mais dans quelle mesure existe-t-il une différence entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le diagnostic, la prévalence du besoin, l'application du traitement, la réaction au traitement, l'attente de ce dernier et les résultats escomptés? La réponse à ces questions permettrait non seulement d'améliorer les résultats, mais encore de réduire les coûts et de soulager la douleur.

Sexe social et arthrite

Commençons par l'affection à l'origine de la plupart des remplacements de la hanche et du genou. L'arthrite est l'une des affections chroniques les plus fréquentes au Canada, et l'une des principales causes d'incapacité prolongée, de douleur et de recours accru aux soins de santé. Or, l'arthrite est beaucoup plus courante chez les femmes que chez les hommes. L'arthrose, notamment, touche environ deux fois plus de femmes que d'hommes (Badley et Kasman, 2004). Les causes spécifiques de l'arthrose peuvent varier selon le sexe, dans la mesure où les femmes et les hommes présentent des taux différents de troubles corrélés et entreprennent des activités différentes qui sont des prédicteurs d'arthrose. Par exemple, les facteurs de risque établis de l'arthrose du genou comprennent l'obésité et une blessure antérieure au genou (Cooper et Coggon, 1999). Les données relatives au risque posé par l'activité physique sont un peu contestées : on ne saurait affirmer qu'il y a un lien entre l'activité physique régulière tout au long de la vie et l'augmentation du risque d'arthrose du genou, même si une activité d'intensité élevée, avec sauts, est associée à une légère augmentation du risque (Cooper et Coggon, 1999; Sutton et coll., 2001; Rogers et coll., 2002). En fait, l'activité physique peut réduire le risque d'arthrose de la hanche et du genou, notamment chez les femmes (Rogers et coll., 2002). Les différences quant au type et au degré d'activité physique de l'un et l'autre sexe peuvent ainsi aider à expliquer les différences entre les taux d'incidence de l'arthrose chez les femmes et chez les hommes. D'après les résultats des recherches sur les activités liées au travail et l'arthrose de la hanche et du genou, les longues périodes passées à genoux ou en position accroupie dans le cadre du travail sont des facteurs de risque (Maetzel et coll., 1997; Cooper et Coggon, 1999). Cependant, malgré l'incidence plus élevée de l'arthrose chez les femmes, la recherche sur les conséquences de l'activité physique et de l'exposition professionnelle mécanique concernent principalement les hommes, notamment les anciens athlètes et les catégories de professions dites masculines, p. ex. agriculture, foresterie, pêche et transports (Maetzel et coll., 1997; Cooper et Coggon, 1999; Manninen et coll., 2002). Dans une recension, nous n'avons trouvé aucune étude portant sur l'exposition professionnelle et sur l'arthrose de la hanche chez les femmes (Maetzel et coll., 1997). Cette absence manifeste de sensibilisation aux différences entre les sexes ne révèle pas seulement l'insuffisance des données; elle empêche aussi de prévenir et de traiter correctement cette maladie chez les femmes, et peut compromettre les résultats sur le plan de la santé, car le risque d'arthrose est plus grand chez les femmes que chez les hommes.

On observe également, entre les femmes et les hommes atteints d'arthrose, des différences liées aux facteurs sociaux, notamment la classe, la race, l'état civil et la participation au marché du travail. En outre, plus les revenus et la scolarité sont faibles, plus les taux d'incidence de l'arthrose sont élevés chez les femmes et chez les hommes (bien que les faibles revenus soient plutôt le lot des femmes), mais ces disparités sont plus marquées chez les femmes que chez les hommes. On constate aussi que l'arthrose du genou est plus fréquente chez les femmes noires que chez les femmes blanches (Sowers et coll., 2000). En général, les femmes atteintes d'arthrose seraient plus âgées, plus pauvres, moins instruites, et plus souvent veuves et sans travail que les femmes atteintes d'autres maladies chroniques. « Il semble donc que les femmes souffrant d'arthrose sont probablement celles qui ont le moins de ressources pour faire face aux répercussions de leur état sur leur vie quotidienne. » [traduction] (Badley et Kasman, 2004, p. S23). Nous pouvons supposer que ces femmes sont les moins pourvues des ressources nécessaires pour supporter l'attente d'une intervention chirurgicale et les difficultés associées à la rééducation fonctionnelle après l'intervention.

Sexe social et arthroplastie totale

Chez les personnes atteintes d'arthrose évoluée de la hanche ou du genou, l'arthroplastie totale (remplacement de la hanche et du genou) est le traitement de choix (Blackstein-Hirsch et coll., 2000; Hawker, 2004). Que savons-nous actuellement de la différence entre hommes et femmes quant au besoin de subir une arthroplastie? D'après une étude fondée sur la population canadienne, ce besoin serait deux fois plus grand chez les femmes que chez les hommes, à cause de la plus forte prévalence des cas d'arthrite grave de la hanche et du genou chez les femmes (Hawker et coll., 2000). Par rapport aux hommes, les femmes souffrent davantage de douleur arthritique, sont plus nombreuses à présenter une incapacité et auraient davantage besoin d'une aide personnelle pour leurs activités quotidiennes (principalement, parce qu'elles seraient plus nombreuses que les hommes à vivre seules - ce qui concorde avec d'autres données concernant les modes de vie de femmes atteintes d'arthrose) (Hawker et coll., 2000; Ethgen et coll., 2004). D'après cette étude, l'arthroplastie est sous-utilisée chez les hommes et les femmes, et cette sous-utilisation est trois fois plus importante chez les femmes (Hawker et coll., 2000). Puisque des données indiquent qu'une arthroplastie précoce donne de meilleurs résultats postopératoires (Fortin et coll., 1999), nous pouvons supposer que la « sous-utilisation de l'arthroplastie » peut se solder par des coûts importants - coûts directs pour le système de soins de santé et coûts indirects pour la société. Nous pouvons également supposer qu'une plus forte proportion de ces coûts est due à la sous-utilisation chez les femmes que chez les hommes (Hawker et coll., 2000, p. 1020).

Coûts de l'arthrose invalidante de la hanche et du genou

Quels sont les coûts d'une arthrose invalidante de la hanche et du genou? Les coûts directs et indirects pour le système de soins de santé ou pour les patients peuvent être calculés. D'après une étude canadienne récente des coûts directs (p. ex. pour les services communautaires, l'aide rémunérée, l'achat de matériel) et des coûts indirects (p. ex. perte de revenu, valeur des soins non rémunérés), les coûts indirects représentent la plus grande partie du coût de l'arthrose (Gupta et coll., 2005) . La valeur du temps consacré par les soignants est évaluée, en moyenne, à 40 % du coût indirect total. La majorité de ces soignants rémunérés et non rémunérés étant des femmes, la main-d'oeuvre féminine intervient largement dans ces coûts. Dans le cadre de cette étude, les hommes étaient moins nombreux à mentionner des coûts, mais quand ils le faisaient, les coûts indiqués étaient près de 25 % plus élevés que ceux des femmes. Cette différence reflète probablement les salaires généralement plus élevés des hommes, et donc une perte de revenu plus grande. Les personnes vivant en milieu rural mentionnaient des coûts totaux plus élevés, et les femmes vivant en milieu rural étaient nettement plus nombreuses à subir des coûts directs que tout autre groupe déterminé par le sexe et la région (parmi les personnes vivant en milieu urbain interrogées, il n'y avait guère de différence entre les hommes et les femmes sur le plan des coûts directs). Les personnes seules étaient moins nombreuses que les autres ou que les résidents des foyers de soins infirmiers à faire état d'une aide domestique non rémunérée. En outre, aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain, les femmes étaient probablement plus nombreuses que les hommes à vivre seules. De ce fait, les femmes mentionnent moins souvent une aide domestique non rémunérée, et leur revenu est généralement inférieur à celui des hommes. Elles auraient moins de ressources matérielles et sociales pour leur faciliter l'attente d'une arthroplastie et la rééducation subséquente. Cette situation peut influer sur la volonté des femmes de subir une chirurgie ou sur celle des chirurgiens à la recommander. Ces différences révèlent l'importance d'une analyse comparative entre les sexes pour évaluer les conséquences de la maladie et de la rééducation chez les hommes et les femmes, ainsi qu'à des fins de planification dans le cadre du système de santé.

Raisons de la plus importante sous-utilisation de l'arthroplastie chez les femmes

Outils diagnostiques ne tenant pas compte des rapports sociaux entre les sexes

Comment expliquer la sous-utilisation plus marquée de l'arthroplastie chez les femmes. L'une des explications est l'incapacité des outils diagnostiques qualifiés d'« objectifs » ou d'« indifférent aux sexospécificités » de distinguer les manifestations différentes de l'arthrite chez les hommes et les femmes. Selon une étude fonctionnelle menée auprès de patients des deux sexes, en attente d'une chirurgie de remplacement du genou, « après avoir mesuré toutes les variables, ce qui ressortait de façon constante était une déficience et une incapacité plus marquées chez les femmes que chez les hommes. Malgré des atteintes du genou semblables à la radiographie, les femmes obtenaient un score inférieur pour toutes les variables évaluées . » [traduction] (Pagura et coll., 2003) (c'est nous qui soulignons) Si la radiographie est l'outil principal de mesure de la gravité des cas ou de l'urgence d'une arthroplastie totale et de la gestion des listes d'attente, il peut en résulter des inégalités sexospécifiques du fait que l'outil sous-estime la gravité ou l'urgence dans le cas des femmes. L'analyse comparative entre les sexes fait ainsi ressortir les limites importantes des outils de mesure « objectifs » et la nécessité de trouver des mesures plus solides et plus équitables. Ethgen et coll. (2004, p. 970) proposent d'élargir la portée des outils de diagnostic et d'aiguillage :

Pour gérer la liste d'attente, la façon dont un patient ou une patiente perçoit l'ensemble de ses symptômes et sa capacité de supporter le retard apporté au soulagement de sa douleur devraient être pris en compte au même titre que les données fournies par les évaluations cliniques. Plusieurs études proposent d'utiliser l'échelle SF-36 et l'échelle WOMAC [servant à évaluer la gravité des symptômes] pour aider le chirurgien à inscrire le patient ou la patiente sur la liste d'attente des interventions chirurgicales. D'après une étude auprès de patients ayant subi une arthroplastie totale de la hanche, les scores obtenus d'après l'échelle WOMAC pour la douleur et l'invalidité fonctionnelle n'étaient pas prédits par le grade d'arthrose établi par la radiographie préopératoire. On en déduit que ce sont les symptômes et non le grade déterminé par la radiographie qui devraient commander la décision de pratiquer une chirurgie. Il faudrait donc s'interroger sur la pratique qui consiste à retarder l'arthroplastie totale de la hanche jusqu'à ce que les changements radiographiques soient bien visibles, et s'intéresser davantage à la façon dont le patient lui-même perçoit son état de santé [traduction] (c'est nous qui soulignons).

Les outils de diagnostic et d'aiguillage enrichis par l'analyse comparative entre les sexes fourniront des données plus précises sur l'évolution de la maladie et les besoins en matière de traitement des femmes et des hommes atteints d'arthrose invalidante de la hanche et du genou. Ces renseignements influeront ensuite sur le mécanisme d'aiguillage des hommes et des femmes aux fins de traitement et, en bout de ligne, sur l'inscription dans les listes d'attente.

Régimes de traitement tenant compte des rapports sociaux entre les sexes

Le problème de la sous-utilisation de l'arthroplastie (c.-à-d. du « sous-aiguillage » pour une chirurgie) parmi les femmes peut également s'expliquer par des modalités de communication cliniques sexospécifiques. Ainsi, les femmes ne mentionneraient pas leurs symptômes de la même façon que les hommes; ou les symptômes des femmes ne seraient pas interprétés par les cliniciens de la même façon que ceux des hommes et ne donneraient pas lieu aux mêmes interventions. D'après l'une des études, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes à rechercher un traitement pour l'arthrite et présentaient des affections coexistantes semblables. Cependant, selon les auteurs, « les femmes ayant probablement besoin d'une arthroplastie étaient moins nombreuses que les hommes à mentionner qu'elles en avaient un jour discuté avec un médecin » (Hawker et coll., 2000, p. 1021). D'après les conclusions de cette étude, « les femmes font moins souvent que les hommes l'objet d'un aiguillage, ou sont peut-être adressées plus tardivement à un chirurgien orthopédiste en vue d'une arthroplastie. Un tel retard serait dû au fait que les femmes sont moins nombreuses à aborder la question de leur arthrite et du traitement de cette maladie, ou sont moins pressées de réclamer une chirurgie au cours de la discussion. [...] Par ailleurs, en raison des risques, des indications et des résultats prévus d'une arthroplastie, les soignants de première ligne sont parfois portés à considérer les femmes comme des candidates moins aptes que les hommes à subir une chirurgie. » [traduction] (Hawker et coll., 2000, p. 1021)[4]. Ces conclusions corroborent les preuves de sexisme dans le diagnostic et le traitement, et de discrimination entre les sexes dans la communication clinique.

« Une abondante documentation [...] nous apprend que les médecins commettent plus d'erreurs de diagnostic et entreprennent des interventions moins énergiques auprès des femmes que des hommes (Elderkin-Thompson et Waitzkin, 1999, p. 112). Par exemple, les femmes font état de douleurs plus pénibles, plus fréquentes et plus durables que les hommes, mais elles sont moins nombreuses que les hommes à recevoir un traitement (Hoffman et Tarzian, 2001). Par contre, les hommes tardent plus que les femmes à solliciter un traitement, mais rien ne prouve qu'ils ont besoin de soins plus énergiques lorsqu'ils décident de se faire traiter. Il y a plusieurs façons d'expliquer les disparités de diagnostic et de traitement en ce qui concerne la douleur chez les hommes et les femmes. Certains cliniciens croient peut-être que les femmes supportent mieux la douleur du fait de leur rôle biologique dans l'accouchement. Pour d'autres, les femmes ont des mécanismes d'adaptation à la douleur plus nombreux et meilleurs que ceux des hommes; elles sont donc plus capables de supporter la douleur et ont moins besoin de traitement. Enfin, quelques autres cliniciens attribuent les symptômes des femmes à des troubles d'hyperanxiété et considèrent leurs stratégies de communication comme des preuves d'hyperréactions émotionnelles aux symptômes (Elderkin-Thompson et Waitzkin, 1999; Hoffman et Tarzian, 2001) . En outre, la plupart des études entreprises jusqu'ici mentionnent des disparités ethniques et raciales dans le traitement de la douleur : les patients afro-américains et hispaniques, notamment, sont moins susceptibles de recevoir un traitement efficace de la douleur que les Blancs; et il en va de même dans toute une gamme de milieux de soins (Bonham, 2001). C'est pourquoi nous trouverons probablement des différences dans l'évaluation et le traitement des symptômes entre les femmes et les hommes et au sein de chacun de ces groupes. Les outils de diagnostic et les pratiques d'aiguillage doivent donc s'inspirer des analyses comparatives entre les sexes et des études de la diversité, si l'on veut garantir leur validité pour les hommes et les femmes dans tous les secteurs de la société.

Mécanismes sexospécifiques de prise de décision

Pour mieux comprendre pourquoi la sous-utilisation de la chirurgie de remplacement de la hanche et du genou est plus importante chez les femmes, voyons comment les patients prennent leur décision concernant l'arthroplastie totale. D'après Hudak et coll. (2002), certains patients ne considèrent pas leur douleur arthritique ou leur incapacité comme des problèmes, ni l'arthrite comme une maladie qu'il faut surveiller ou traiter. Les personnes « habituées » à leur arthrite ont peut-être moins envie de parler du traitement avec leurs soignants. Par ailleurs, elles éviteront probablement de discuter de l'arthroplastie totale avec leur praticien à cause de « craintes dues à la mésinformation, au manque d'informations ou aux perceptions fautives » (Hudak et coll., 2002, p. 276). Cependant, cette étude est consacrée aux « personnes » et aux « patients » en général. Les données ne sont pas ventilées selon le sexe et ne révèlent pas de différences potentielles entre les hommes et les femmes. Selon d'autres chercheurs, les craintes des patients liées au manque de soutien social après la chirurgie pourraient les rendre plus hésitants à subir l'intervention : « Le vieillissement s'accompagne souvent d'une perte de soutien social, et c'est pourquoi il arrive non seulement que les patients hésitent à accepter les coûts de la rééducation, mais ne parviennent même pas à trouver de l'aide pendant leur convalescence. » (Clark et coll., 2004, p. 1373) . Les femmes âgées sont plus nombreuses à vivre seules que les hommes âgés. On peut donc supposer qu'il leur sera plus difficile de trouver le soutien nécessaire. En outre, comme la plupart des femmes sont plus souvent amenées que les hommes à jouer le rôle de soignantes, elles se retrouveront plus souvent qu'eux à donner des soins au lieu d'en recevoir. Voici la conclusion de Clark et coll. (2004, p. 1373) : « À la lumière des différences liées au sexe qui marquent la fréquence des interventions chirurgicales et des recherches antérieures menées au moyen de groupes de discussion - selon lesquelles les patientes atteintes d'arthrite affrontent des obstacles concrets lorsqu'il s'agit d'arthroplastie -, le problème du soutien social exige une attention plus spécifique de la part des chercheurs. « Ce type de recherche pourrait tenter de déterminer dans quelle mesure les taux d'aiguillage pour les femmes et les hommes sont influencés par les niveaux de soutien social, qui, pour leur part, peuvent l'être par un ensemble de facteurs, entre autres, le sexe, l'âge et le revenu.

Conclusion

En résumé, les données disponibles révèlent que :

  • le taux d'arthrose est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes;
  • le taux d'arthrose du genou est deux fois plus élevé chez les femmes de couleur que chez les femmes blanches;
  • les taux d'arthrite sont plus élevés chez les personnes ayant un plus faible revenu et moins d'années de scolarité que chez celles ayant un revenu et un niveau de scolarité plus élevés (et les différences sont plus grandes parmi les femmes que parmi les hommes);
  • les femmes souffrant d'arthrite ont moins de ressources pour faire face aux répercussions de la maladie que les femmes atteintes d'autres affections chroniques.
  • les femmes souffrent davantage de douleur arthritique que les hommes, sont plus nombreuses que les hommes à présenter une incapacité et à avoir besoin d'une aide personnelle pour leurs activités quotidiennes; elles sont cependant moins nombreuses que les hommes à faire état d'une aide non rémunérée (en partie parce que les femmes âgées sont plus nombreuses à vivre seules);
  • les femmes sont moins nombreuses que les hommes à mentionner qu'elles ont discuté d'une arthroplastie totale avec un médecin; par conséquent, les femmes font moins souvent l'objet d'un aiguillage que les hommes ou sont adressées à un chirurgien orthopédiste plus tardivement que ces derniers;
  • la sous-utilisation de l'arthroplastie totale chez les femmes entraîne des coûts directs importants pour le système de soins de santé (du fait de traitements retardés) et des coûts indirects pour la société (p. ex. perte de productivité).

Les femmes atteintes d'arthrose du genou et de la hanche passent beaucoup de temps à « attendre d'attendre ». Bien qu'elles fassent état de douleurs et d'incapacités plus graves que celles des hommes, les femmes attendent plus souvent d'être adressées à un chirurgien orthopédiste et de subir une chirurgie. Qui plus est, ce délai n'apparaît pas dans les données officielles sur les temps d'attente. Selon la définition, le temps d'attente est la période écoulée entre la réservation et l'exécution d'une chirurgie; l'attente supplémentaire imposée aux femmes est donc occultée. Le Conseil canadien de la santé (2005, p. 1) note que : « sans une compréhension commune des mécanismes qui peuvent être la cause de retards et de la façon dont fonctionnent les temps d'attente dans les systèmes de santé, les progrès réels seront difficiles ». Actuellement, les définitions de temps d'attente et la rédaction de listes d'attente pour l'arthroplastie totale masquent les différences entre le cheminement des patients et celui des patientes à travers le système de santé.

Les buts de la réduction des temps d'attente sont les suivants : soulager la souffrance, améliorer la qualité de vie, diminuer davantage les coûts imposés au système de santé (en traitant les personnes à un stade plus précoce de la maladie), et garantir le fonctionnement équitable du système, « pour faire en sorte que des soins de santé appropriés et efficaces soient fournis en temps utile et priorisés en fonction des besoins et des bienfaits potentiels. » [traduction] (Pitt, 2003) (cité dans Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, 2005, p.1). Mais ces buts ne peuvent pas être atteints si les personnes ayant le plus grand besoin de traitement ne sont pas reconnues et si la liste ne mentionne jamais leur nom.

Les buts d'une meilleure gestion des temps d'attente dans le cas de la chirurgie de remplacement de la hanche et du genou ne peuvent pas être atteints sans un examen préalable des disparités qui concernent les inscriptions sur les listes d'attente et l'accès au traitement en fonction du besoin. Le problème à résoudre est le suivant : les interprétations des symptômes et les mesures de l'urgence sont-elles équitables et valides pour les femmes et les hommes, quelles que soient la race, l'origine ethnique et la classe, entre autres facteurs sociaux importants? Le Conseil canadien de la santé (2005, p.7) reconnaît ce qui suit : « Une des tâches les plus difficiles auxquelles font face les gestionnaires de services de santé consiste à estimer avec précision le besoin et la demande véritables », et le Conseil « appuie le maintien des efforts déployés pour mieux définir le besoin réel. » Mais le Conseil - qui n'est visiblement pas informé, par une analyse comparative entre les sexes, des cinq priorités formulées pour les temps d'attente - recommande d'accepter les « tendances historiques de l'utilisation comme la meilleure estimation des besoins courants ». Or, dans le cas de l'arthroplastie totale, cette attitude a pour effet de continuer d'occulter les besoins plus grands des femmes en matière d'arthroplastie et la sous-utilisation plus importante de cette chirurgie dans cette population. Cette recommandation montre bien comment l'élaboration d'une politique sur les temps d'attente non fondée sur une analyse comparative entre les sexes, non seulement empêchera d'atteindre les buts d'une meilleure gestion des temps d'attente, mais pourrait même renforcer les inégalités sur le plan de la santé.

Dans le cas de l'arthroplastie totale et dans d'autres domaines cliniques, la mesure des temps d'attente (entre le moment où l'horloge démarre et celui où elle s'arrête) doit prendre en compte les cheminements différents des femmes et des hommes à travers le système de santé. Les cliniciens qui détiennent le pouvoir de « démarrer l'horloge » doivent chercher à mieux comprendre les conditions de vie des hommes et des femmes, pour pouvoir évaluer plus équitablement leurs symptômes et leurs besoins (avant comme après l'intervention). Il faut créer et mettre en oeuvre des outils de diagnostic et d'aiguillage sexospécifiques pour s'assurer que les femmes et les hommes obtiendront l'intervention médicale dont ils ont besoin. En outre, l'établissement et la gestion équitables des listes d'attente doivent prendre en compte les mesures de soutien dont les femmes et les hommes ont besoin après l'intervention, car un manque de soutien peut influer sur la volonté des patients et des cliniciens d'envisager le traitement. Ces efforts pourraient entraîner l'augmentation du nombre de femmes inscrites sur les listes d'attente pour des interventions chirurgicales, mais pourraient aussi réduire à long terme les coûts imposés au système ainsi que les coûts sociaux.

La recherche et l'analyse sexospécifiques peuvent mettre en lumière l'établissement des périodes et des listes d'attente, les conséquences de l'attente pour les femmes et les hommes, et les formes d'appui dont les femmes et les hommes peuvent avoir besoin pendant leur attente. L'analyse comparative entre les sexes permettrait aussi de trouver de meilleurs indicateurs pour les temps d'attente, la santé et les résultats sur le plan des soins de santé. Son utilisation systématique devrait nous aider à créer des services et des politiques plus équitables, plus efficaces et plus rentables dans le domaine des soins de santé.

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1 Le Comité des femmes et la réforme en santé est composé de représentantes des Centres d'excellence pour la santé des femmes et du Réseau canadien pour la santé des femmes. Les membres du Comité sont : Mmes Pat Armstrong (présidente), Madeline Boscoe (RCSF), Barbara Clow (CESFA), Karen Grant (RPSFM), Beth Jackson (boursière postdoctorale), Margaret Haworth-Brockman (CESFP) et Ann Pederson (CESFCB).

2 Le travail du Comité des femmes et la réforme en santé est rendu possible grâce à la participation financière du Programme de contribution à la santé des femmes du Bureau de la santé des femmes et de l'analyse comparative entre les sexes, Santé Canada. Les idées exprimées dans ce document ne représentent pas forcément les points de vue de Santé Canada.

3 « Globalement, 80 % des professionnels de la santé au Canada en 2000 étaient des femmes. (Institut canadien d'information sur la santé, 2002, p. 40). D'après Statistique Canada, en 1996, presque tous les soignants non rémunérés étaient des femmes (Institut canadien d'information sur la santé, 2002, p. 12).

4 Dans cette étude, les hommes et les femmes ont donné des raisons semblables pour expliquer pourquoi ils n'avaient pas encore subi une arthroplastie alors que cette intervention était recommandée « mais les femmes étaient moins sensibles au risque que les hommes (ce qui laisse croire qu'elles accepteraient plus volontiers de subir une chirurgie), et étaient plus nombreuses à attendre encore avant de consulter le chirurgien orthopédiste » (Hawker et coll., 2000, p. 1019).

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