ARCHIVÉE - Leçons à retenir : Réponse de l’Agence de la santé publique du Canada et de Santé Canada à la pandémie de grippe H1N1 de 2009

 

3. Constatations

3.7 Réserve de secours

Contexte

Réserve nationale de secours

La Réserve nationale de secours est une réserve fédérale de produits pharmaceutiques d’urgence, de fournitures médicales et d’équipement administrée par l’Agence de la santé publique du Canada. Les fournitures médicales et l’équipement vont des lits et couvertures aux respirateurs artificiels pédiatriques perfectionnés. Les produits pharmaceutiques comprennent les antibiotiques et les antiviraux. Ces derniers sont des médicaments utilisés pour la prévention et le traitement précoce de la grippe. Pris peu de temps avant l’apparition de la maladie, ils peuvent en réduire les symptômes, la durée et peut-être les complications graves. Les antiviraux sont efficaces pour affaiblir la capacité du virus de se reproduire, mais ils ne donnent pas d’immunité contre lui. Le virus de la grippe H1N1 peut être traité avec deux antiviraux différents, soit l’Oseltamivir (Tamiflu®) et le Zanamivir (Relenza®).

Les stocks de la Réserve nationale de secours sont conservés dans 10 entrepôts fédéraux et dans environ 1 300 autres centres d’approvisionnement mis en place partout au Canada. Administrés conjointement par le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, ces centres sont conçus pour répondre dans un délai de 24 heures à une demande provinciale ou territoriale. La Réserve nationale de secours comprend une réserve fédérale de 24,2 millions de doses de médicaments antigrippaux appartenant à l’Agence de la santé publique du Canada et administrées par celle-ci pour fournir une capacité de pointe aux provinces et aux territoires durant une pandémie.

La Réserve nationale de secours a augmenté ses stocks de médicaments antigrippaux, d’équipement de protection individuelle et de respirateurs artificiels lors de la pandémie de grippe H1N1. Les provinces et les territoires ont fait appel à la Réserve pour obtenir les articles suivants :

  • 135 respirateurs artificiels pour adultes
  • 198 800 masques
  • 24 320 capsules d’antiviraux pédiatriques.
Réserve nationale d’antiviraux

En collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, le gouvernement fédéral a créé la Réserve nationale d’antiviraux à l’automne 2004. Cette réserve est une source d’approvisionnement en médicaments antigrippaux sous contrôle fédéral, provincial et territorial capable de traiter 17,5 % de la population canadienne. Les stocks de la Réserve nationale d’antiviraux sont conservés dans des entrepôts provinciaux et territoriaux, et les provinces et les territoires sont chargés de mettre en œuvre la stratégie nationale antivirale et de distribuer les médicaments antigrippaux de la Réserve à l’intérieur de leurs frontières. Les antiviraux de la Réserve sont utilisés pour assurer le traitement précoce en cas d’urgence, ciblant les personnes considérées comme les plus à risque de morbidité et de mortalité. Une entente est intervenue pour que les antiviraux soient distribués aux provinces et aux territoires selon leur nombre d’habitants. Les provinces et les territoires auraient ensuite la responsabilité des soins et du contrôle en vertu des dispositions d’une entente nationale conclue sur l’utilisation des antiviraux. En mai 2009, la Réserve contenait 48,7 millions de capsules d’Oseltamivir pour adultes, 2 millions de capsules d’Oseltamivir pédiatrique et 5 millions de doses de ZanamivirNote de bas de page 57. Quelques provinces et territoires ont décidé d’en acheter des quantités supplémentaires. La distribution des antiviraux de la Réserve nationale d’antiviraux est déterminée par les provinces et les territoires à titre individuel. Durant la pandémie de grippe H1N1, les provinces et les territoires ont distribué 4,4 millions de doses de médicaments antigrippaux provenant de la Réserve nationale d’antiviraux.

Les réserves antivirales du Canada font périodiquement l’objet d’une réévaluation par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux sur le plan de :

  • la taille des stocks
  • la composition (type d’antiviraux) et la proportion de la réserve à la lumière des nouvelles connaissances scientifiques
  • technologies et formulations
  • les taux de résistance variables
  • l’épidémiologie de la maladie
  • populations changeantes.

De plus, tous les médicaments ont une durée de conservation limitée, c’est à-dire une période déterminée par le fabricant pendant laquelle ils sont censés être stables et actifs. Cela nécessite la mise en place d’une gestion des réserves qui prévoit le remplacement régulier des stocksNote de bas de page 58.

Santé Canada réglemente et autorise la vente des produits médicaux, y compris les antiviraux, les désinfectants, les respirateurs artificiels et les masques conservés dans les réserves. Durant la pandémie de grippe H1N1, par exemple, Santé Canada a autorisé des antiviraux comme le Tamiflu® pour les enfants de moins de un an, ainsi que le Programme d’accès spécial pour les produits médicaux non autorisés (Relenza par intraveineuse et Peramivir). Le ministère a aussi élaboré des directives, en collaboration avec l’Agence de la santé publique du Canada, sur l’emploi des désinfectants comme l’eau de Javel et le désinfectant pour les mains aux allégations santé, en plus de fournir des directives et des consignes santé réglementées pour les divers masques et respirateurs artificiels.

Ce qui a bien fonctionné

Une planification préalable a assuré la disponibilité des antiviraux et des fournitures médicales d’urgence

Plusieurs personnes interrogées étaient d’accord : « Il était plus important pour nous de décider quand nous voulions en profiter, si nous en avions besoin. Je pense que c’était un des avantages de ce point de vue dans l’intervention de la première vague. »

Pendant la pandémie de grippe H1N1, l’Agence de la santé publique du Canada a pris la direction, à l’échelle fédérale, de la création d’une réserve et de la distribution des fournitures de la Réserve nationale de secours aux provinces et aux territoires. Elle a aussi facilité l’acquisition d’autres fournitures d’urgence pour servir de complément aux réserves provinciales et territoriales et, dans la mesure du possible, elle a coordonné les activités de planification et d’intervention fédérales, provinciales et territoriales.

La planification préalable dans l’attente d’une pandémie de grippe a mené à la décision d’acquérir d’autres antiviraux et fournitures médicales, y compris des désinfectants, des respirateurs artificiels et des masques pour la Réserve nationale de secours et la Réserve nationale d’antiviraux. Une personne interrogée a déclaré : « Nous avons constitué une réserve de gants et de masques, de médicaments, d’antiviraux et d’antibiotiques. Nous avons décidé d’acheter des respirateurs artificiels dès le début — bonne décision parce que nous ne connaissions pas la gravité de ce qui nous attendait au cours de l’hiver. »

Le Budget fédéral de 2006 consacrait 600 millions de dollars à la planification générale de la pandémie et aux activités de préparation. L’achat des antiviraux figurait parmi les activités du secteur de la santé soutenues par ces fonds.

L’Agence de la santé publique du Canada, avec l’aide des provinces et des territoires, a élaboré des lignes directrices sur la distribution des antiviraux de la Réserve nationale de secours dans le cas où les stocks de la Réserve nationale d’antiviraux s’épuiseraient. Le Comité consultatif spécial a approuvé les lignes directrices le 11 septembre 2009. L’Agence de la santé publique a aussi établi des lignes directrices pour la distribution des respirateurs artificiels qui ont été approuvées par les sous-ministres fédéral, provinciaux et territoriaux le 29 octobre 2009. En vertu d’un accord de prêt, deux provinces ont demandé que leur allocation soit mise en place tôt dans la seconde vague.

Cette planification a été profitable, car le Canada a été en mesure de se mobiliser rapidement en réponse à la menace du virus H1N1. La réserve d’antiviraux et de fournitures médicales prête d’avance a permis aux provinces et aux territoires de les distribuer plus rapidement.

Ce qui mérite d’être amélioré

Examiner la Réserve nationale de secours et la Réserve nationale d’antiviraux à la lumière de l’expérience liée à la grippe H1N1

Dans la foulée de l’intervention contre la crise de la grippe H1N1, les trois grands champs d’action suivants ont été déterminés et devront faire l’objet de discussions et de décisions :

Stratégie de remplacement des stocks pour les deux réserves

Comme l’inventaire des réserves (dont les antiviraux et d’autres fournitures) a diminué à la suite de son utilisation dans le cadre de la pandémie de grippe H1N1, une stratégie visant à les remplacer est présentement en cours d’élaboration.

Réserves venant à échéance et renouvellement des deux réserves

La durée de conservation (5 à 7 ans) des réserves d’antiviraux tire à sa fin. On pourrait adopter un plan d’achat et de maintenance échelonnés pour les antiviraux de la Réserve nationale de secours et de la Réserve nationale d’antiviraux, ce qui garantirait la disponibilité d’une réserve adaptable et « toujours fraîche » d’antiviraux et permettrait de répartir les engagements d’année en année ainsi que de maximiser la capacité d’adapter les stocks à la conjoncture.

Distribution régionale équitable (par population ou par besoin)

En collaboration avec les provinces et les territoires, l’Agence de la santé publique du Canada élabore présentement une stratégie d’allocation équitable pour la distribution des antiviraux de la Réserve nationale de secours, alors que les inventaires respectifs des provinces et des territoires de la Réserve nationale d’antiviraux sont épuisés.

L’Agence de la santé publique du Canada avait en outre dégagé comme champs d’action le contenu, la fonction, le cycle de vie et les procédures de distribution lors d’un examen de la Réserve nationale de secours réalisé en 2006.

Envisager des options pour la prescription et la distribution des antiviraux dans les communautés éloignées et isolées durant une pandémie

Durant la crise de la grippe H1N1, on a commencé à se demander s’il fallait permettre aux travailleurs de la santé communautaire, aux ambulanciers et aux autres intervenants de la santé dans les collectivités éloignées et isolées de dispenser les antiviraux aux résidants atteints de la grippe durant une éclosion, particulièrement si un médecin ou une infirmière autorisée n’était pas disponible.

On a affirmé que « chaque jour où elles [les personnes infectées] ne reçoivent pas d’Oseltamivir, leur santé est davantage mise en danger. »Note de bas de page 59 Des avis contraires à cette approche avancent plutôt ce qui suit :

  • il y a un risque que des personnes reçoivent des antiviraux par erreur si elles ne sont pas correctement diagnostiquées et devraient être traitées pour un autre problème de santé
  • cela dépasse l’autorisation de prescrire
  • cela laisse entendre que les personnes qui habitent dans les collectivités éloignées et isolées ne reçoivent pas la même qualité de soins.

Il faudrait analyser les pratiques exemplaires nationales et internationales pour la prescription et la distribution des antiviraux. Par exemple, durant la pandémie de grippe H1N1, un gouvernement canadien, appuyé par son association médicale provinciale, a institué des frais temporaires pour permettre aux médecins d’offrir des consultations et de prescrire des antiviraux par téléphone aux patients montrant des symptômes soupçonnés d’être liés au virus H1N1. D’autres pays, comme le Royaume-Uni, ont un programme qui permet aux gens de communiquer avec un centre d’appels, de décrire leurs symptômes et d’obtenir une prescription qu’un membre de la famille ou un ami peut aller chercher.

Une solution possible serait de mettre en place des antiviraux dans les collectivités éloignées et isolées et de les faire distribuer par un responsable local en contact avec des médecins. Un collaborateur de la Revue de l’Association médicale canadienne a déclaré : « Vous en donnez si les gens ont des symptômes et en attendant, vous pouvez commencer à les transporter pour qu’on puisse les évaluer. Dieu seul le sait, mais je crois qu’ils ne devraient pas attendre une semaine pour se faire traiter. »Note de bas de page 60

Santé Canada réfléchit à plusieurs possibilités avec les provinces et les territoires, comme d’envoyer des médecins par avion sur les lieux d’une éclosion ou d’adapter les pratiques de prescription afin de pouvoir prescrire des antiviraux dans les collectivités éloignées et isolées où il pourrait être difficile de trouver des personnes autorisées à donner des prescriptions.

Solliciter l’autorisation de donner des fournitures de la Réserve à d’autres pays

Comme le mandat actuel de la Réserve nationale de secours ne permet pas à l’Agence de la santé publique du Canada d’utiliser des fournitures des réserves pour apporter de l’aide internationale, l’Agence de la santé publique ne peut pas en donner ou en prêter à cette fin, à moins qu’elles ne soient déclarées comme surplus. Le fondement législatif permet de faire des dons internationaux de vaccins fédéraux dépassant les besoins du Canada, à condition que les dons soient conformes aux exigences réglementaires et contractuelles. Par conséquent, si l’Agence de la santé publique souhaite fournir de l’aide internationale avant que la réserve ne soit déclarée comme surplus, elle pourrait chercher à obtenir les autorisations financières et programmatiques nécessaires pour élargir le mandat de la Réserve nationale de secours. Si elle obtenait de telles autorisations, elle devrait suivre la pratique de l’Organisation mondiale de la Santé et conclure des accords avec les bénéficiaires dans lesquels se trouvent les modalités qui régissent les dons, que les bénéficiaires soient des organismes internationaux ou d’autres gouvernements nationaux. De plus, les politiques d’approvisionnement de l’Agence de la santé publique devraient veiller à ce qu’il n’y ait aucun obstacle aux dons internationaux.

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