Section 4 : Évaluation des activités de l’Agence de la santé publique du Canada liées à la prévention et au contrôle des infections acquises dans la collectivité – Constatations relatives au rendement

4. Conclusions et recommandations

Des conclusions concernant à la fois la pertinence et le rendement sont issues de la synthèse et de l'analyse des résultats de cette évaluation. Par conséquent, trois recommandations ont alors été émises à l'intention de la haute direction de l'Agence de la santé publique.

4.1 Conclusions

Pertinence

Les infections acquises dans la collectivité constituent un risque persistant et reconnu pour la santé publique de tous les Canadiens. Les taux d'infections transmissibles sexuellement sont à la hausse. De manière générale, les taux de tuberculose sont faibles, mais ils restent constants chez les personnes nées à l'étranger et au sein de nombreuses collectivités autochtones au Canada. Les taux d'hépatite C sont en baisse, mais les soins et les traitements de l'infection à l'hépatite C chronique constituent un lourd fardeau pour le système de soins de santé, et il y a des estimations selon lesquelles 21 pour cent des personnes atteintes ne le savent pas.

La littérature nous indique qu'il y a de nombreuses similitudes quant à qui est atteint de ces maladies et pourquoi. À l'exception de la tuberculose, parmi les modes de transmission, il y a très souvent les pratiques sexuelles non sécuritaires et l'injection de drogues (ou d'autres pratiques où le sang contaminé peut pénétrer le corps, comme de l'équipement de tatouage non aseptisé). Tandis que la tuberculose est une maladie transmise par voie aérienne, bon nombre de déterminants sociaux de la santé qui rendent une personne vulnérable à la maladie (comme la pauvreté, l'itinérance et les logements surpeuplés) touchent également les personnes à risque d'être atteintes d'infections transmissibles sexuellement ou par le sang. Dans bon nombre de cas, la co‑infection est attribuable au chevauchement possible de conditions sociales sous-jacentes aux maladies et aux voies de transmission semblables de celles-ci.

Malgré leurs similitudes, il faut également tenir compte de certaines différences importantes au chapitre de la détermination des activités de prévention et de contrôle. Il se peut que, dans les profils démographiques de ces maladies, il y ait des groupes cibles distincts (p. ex. les taux de syphilis sont à la hausse chez les hommes, particulièrement ceux de plus de 30 ans), et il faut adopter des approches particulières dans des domaines comme la surveillance, la mise au point de vaccins et la recherche biomédicale. Ainsi, même si une approche « pour tous » peut permettre de réaliser certains gains d'efficience en ce qui a trait à la détermination du public visé par certaines stratégies de promotion de la santé et de prévention des maladies, il faudra toujours créer des activités ciblant les maladies.

L'Agence de la santé publique du Canada a pour mandat de protéger les Canadiens des risques pour la santé et de la flambée des maladies, un rôle qui est un élément essentiel de son identité. En assumant ce rôle, l'Agence de la santé publique du Canada assure un leadership national relativement à de nombreuses fonctions en santé publique liées à la prévention et au contrôle des infections acquises dans la collectivité au Canada : évaluation de la santé de la population, surveillance de la santé, promotion de la santé, prévention des maladies et des blessures, protection de la santé et préparation et intervention en cas d'urgence en santé publique. Même si ces fonctions liées à la santé publique ne relèvent pas uniquement de l'Agence de la santé publique (la responsabilité est partagée par les administrations provinciales et territoriales, d'autres ministères fédéraux ainsi que des intervenants en santé publique au Canada), celle-ci fournit une contribution importante et unique qui s'ajoute aux efforts d'autres acteurs, et favorise la coordination à l'échelle nationale.

Le mandat de l'Agence de la santé publique en matière de prévention et de contrôle des infections acquises dans la collectivité est généralement clair.  Malgré certains chevauchements des activités, l'Agence a un rôle de premier plan dans ce domaine, ce qui est attendu et apprécié des partenaires de l'Agence.

Rendement

Étant donné le partage des responsabilités et en vue de réaliser des gains d'efficience et des économies dans le cadre de la lutte contre les infections acquises dans la collectivité, le fait de parvenir à une meilleure collaboration avec les provinces, les territoires et les intervenants constitue un résultat clé des activités du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections. Une connaissance accrue de l'état, de l'incidence et des tendances des maladies transmissibles et des pratiques précises de la santé publique à l'égard des maladies transmissibles au Canada, de même qu'une utilisation et une application accrues des données probantes, des connaissances et des pratiques exemplaires sont également des résultats clés.

L'évaluation a permis de déterminer que l'Agence collabore aux activités de prévention et de contrôle des infections acquises dans la collectivité des provinces et des territoires et de certains intervenants.  Des mécanismes sont en place pour partager l'information, collaborer dans le cadre de groupes de travail, examiner les lignes directrices et contribuer. Des directives sont élaborées avec des experts du domaine.

Tout porte à croire que les produits et les activités (comme les rapports et les guides traitant de la tuberculose, d'infections transmissibles sexuellement, de santé sexuelle et de surveillance de l'hépatite C) qui découlent de ces efforts de collaboration permettent d'accroître les connaissances au sujet des infections acquises dans la collectivité.

Il y a également une preuve documentée de l'utilisation de ces produits de l'Agence de la santé publique en vue d'éclairer les décisions prises en santé publique. Les modules sur la tuberculose offerts en ligne ont été évalués, et certains médecins ont répondu à des questions portant sur la façon dont ils modifieront leur pratique, et plusieurs groupes ont indiqué qu'ils seraient plus vigilants dans le cadre des activités de dépistage et qu'ils connaissent mieux les groupes à risque. Des facultés de médecine ont utilisé les lignes directrices/modules en ligne sur les infections transmissibles sexuellement à des fins pédagogiques. Certains informateurs clés ont également mentionné que les produits de l'Agence de la santé publique ont été utilisés à des fins pédagogiques, pour l'élaboration de lignes directrices dans d'autres pays et en vue d'améliorer la pratique de la santé publique.

L'Agence de la santé publique a également favorisé la création de partenariats en finançant des projets communautaires visant à lutter contre l'hépatite C au Canada. Les partenariats ont permis d'aider les bénéficiaires du financement à atteindre les objectifs liés à leur projet de façon plus efficiente (c'est‑à‑dire en utilisant moins de ressources) et de façon plus efficace (c'est‑à‑dire en ayant un impact plus important). Les responsables de projet ont fait mention d'un appui et d'une coordination liés à la mise en œuvre du projet, d'un accès accru au groupe cible et d'un renforcement de la capacité organisationnelle. Ils ont également fait mention d'une communication plus efficace avec le groupe cible, d'un accès accru aux services de santé et d'une acquisition plus importante de connaissances par le groupe cible.

Toutefois, il y a toujours place à l'amélioration. L'Agence de la santé publique n'a pas pleinement collaboré avec certains intervenants ni fourni l'information nationale en temps opportun, ce qui pourrait avoir influé sur le caractère utile des produits de l'Agence. De plus, peu de mécanismes de mesure du rendement sont en place pour aider le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections à suivre les progrès et à prendre des décisions en matière de programmes.

4.2 Recommandations

4.2.1 Collaboration

Au sein de l'Agence de la santé publique, la collaboration est un principe qui guide le travail du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, de même qu'un résultat. Les principaux partenaires du Centre sont les suivants : autres ministères fédéraux, administrations provinciales et territoriales, organisations non gouvernementales, chercheurs et universitaires, et organismes internationaux. La collaboration a bien fonctionné avec les provinces et les territoires ainsi que certains partenaires clés à l'interne, ce qui est important pendant une situation de flambée.

Une des principales responsabilités de l'Agence de la santé publique consiste à fournir des conseils en matière de santé publique relativement aux populations particulières dont s'occupent d'autres ministères fédéraux, comme les Premières Nations qui habitent sur des réserves, les délinquants dans les pénitenciers fédéraux et les personnes qui immigrent au Canada. Ces populations tendent à avoir un taux plus élevé d'infections acquises dans la collectivité en raison d'une diversité de facteurs. Certains répondants au sondage provenant d'autres ministères ont indiqué que les efforts de collaboration avaient entraîné des résultats positifs et donné lieu à une intervention plus solide à l'égard des infections acquises dans la collectivité, particulièrement auprès de certaines populations prioritaires. Toutefois, d'autres ont mentionné que les documents ou les ressources ne s'appliquaient pas à leur population et qu'une plus grande mise en commun de l'information (y compris au sujet des lignes directrices disponibles ou en cours d'élaboration) était nécessaire entre l'Agence de la santé publique et leur ministère. Certains répondants provinciaux/territoriaux se sont dits préoccupés lorsqu'on leur a demandé dans quelle mesure l'Agence de la santé publique avait mis à contribution d'autres ministères relativement à des problèmes de santé publique.

Certains répondants au sondage provenant d'autres secteurs, comme les universitaires et les chercheurs, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales, ont également signalé une diminution des efforts de collaboration. À l'heure actuelle, l'impact de la diminution de la collaboration n'est pas clair, mais une partie du succès lié aux efforts de collaboration antérieurs est attribuable à l'échange de données (y compris la mise en commun d'information épidémiologique ainsi que d'idées concernant des stratégies de prévention et de contrôle) qui pourraient être utilisées en vue de lutter contre les infections acquises dans la collectivité.

Le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, qui reconnaît qu'il y a de nombreuses façons potentielles d'atteindre les résultats liés à la lutte contre les infections acquises dans la collectivité, devra se concentrer sur des activités de collaboration qui permettent de faire avancer les priorités actuelles de l'Agence de la santé publique.

RECOMMANDATION 1

Revoir les activités de collaboration de l'Agence de la santé publique relatives aux infections acquises dans la collectivité.  Lorsque des lacunes liées à l'atteinte des objectifs de l'Agence de la santé publique sont recensées, élaborer une intervention appropriée en vue d'accroître la cohérence des activités de prévention et de contrôle.

4.2.2 Application des connaissances

Les activités et les extrants liés aux infections acquises dans la collectivité visent à permettre une connaissance accrue de l'état, des tendances et des pratiques de la santé publique en matière de prévention et de contrôle relativement aux maladies transmissibles au Canada. Les résultats directs des activités de l'Agence de la santé publique incluent, sans s'y limiter, ce qui suit : les lignes directrices destinées aux professionnels de la santé et aux décideurs, les guides de référence professionnels, les rapports de surveillance, les brochures et les autres produits de sensibilisation du public, le matériel et les outils de formation, les publications et les résultats des recherches.

Au cours des cinq dernières années, le travail de prévention du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections dans le domaine des infections transmissibles sexuellement a principalement porté sur l'acquisition, l'application et l'échange des connaissances. Les produits de connaissances créés par le Centre sont appropriés. Ils semblent répondre aux besoins actuels et aux nouveaux besoins, comme la résistance aux antimicrobiens. Les répondants au sondage et les informateurs clés n'ont pas indiqué que l'Agence de la santé publique ne créait pas de produits en réponse à leurs besoins.

Cependant, certains partenaires et intervenants ont fait valoir que le fait qu'ils ne puissent utiliser les produits de l'Agence de la santé publique en temps opportun constituait un obstacle majeur. D'autres produits fédéraux internationaux en santé publique sont disponibles plus tôt que les produits de l'Agence de la santé publique. Outre les produits de surveillance, certaines lignes directrices destinées aux professionnels de la santé publique ont également été perçues comme étant tardives ou non disponibles lorsque ceux-ci en avaient besoin. L'évaluation a révélé que l'opportunité des produits avait une incidence sur la capacité de l'Agence de la santé publique de jouer de manière adéquate son rôle lié aux infections acquises dans la collectivité.

Même si le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections a pris des mesures afin de s'assurer que certains produits sont disponibles pour les intervenants en temps plus opportun, il faudrait élaborer des normes, des protocoles ou des procédures afin de s'assurer que les produits sont, de manière générale, disponibles lorsqu'on en a besoin.

RECOMMANDATION 2

Revoir les processus internes afin d'améliorer l'opportunité de la distribution des produits sur les infections acquises dans la collectivité. Si besoin est, élaborer et mettre en œuvre des normes afin de combler les lacunes relevées.

4.2.3 Mesure du rendement

La première étape d'une étude sur la mesure du rendement consiste à déterminer si le programme a été mis en œuvre conformément à sa théorie du changement proposée (habituellement représentée par le modèle logique du programme ou de l'activité). La mesure et l'évaluation du progrès du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections vers l'atteinte de ses résultats escomptés semblent être non uniformes et non systématiques. Ainsi, le Centre peut évoquer plusieurs études de résultats faisant état de réussites et de possibilités d'amélioration, mais ne peut inscrire son travail dans un historique exhaustif de ce qu'il a réalisé.

Il y a eu, de manière générale, un suivi des extrants et des résultats découlant des travaux du projet financé par l'intermédiaire des activités de subventions et de contributions du programme de prévention, de soutien et de recherche en matière d'hépatite C. Toutefois, malgré la mise en œuvre de cet outil à l'échelle nationale pendant trois  exercices complets, les données n'ont jamais été colligées dans un rapport national, et rien n'indique que l'information a été utilisée en vue d'éclairer les décisions en matière de programmes et de politiques à l'échelon national. Néanmoins, même si l'information a été recueillie et est disponible, elle n'a jamais été utilisée pour mesurer, évaluer et adapter le rendement du programme national. 

Il y a, actuellement, des activités prometteuses en cours d'élaboration qui laissent entrevoir la création d'une culture de mesure du rendement plus exhaustive au sein du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections. Ce dernier commence à élaborer des outils et des méthodes en vue de mesurer et d'évaluer le rendement. Même si ces projets, qui en sont à leurs premiers stades, sont des signes positifs d'une fonction de mesure du rendement plus efficace au sein du Centre, le travail à venir doit être réalisé de manière plus exhaustive en ce qui a trait à son approche (consigner les extrants et les résultats des activités directes et des activités découlant des subventions et des contributions), fondé sur une théorie du changement claire, intégré systématiquement dans les opérations, puis utilisé activement dans les pratiques de gestion en vue de l'évaluation et du rajustement du rendement.

RECOMMANDATION 3

Concevoir un système de mesure du rendement complet et réalisable afin de soutenir les processus de décision en matière de programmes.

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