Annexe A : Évaluation des activités de prévention, de détection et de lutte contre les maladies entériques d'origine alimentaire à l'Agence de la santé publique du Canada – CDC

Annexe A : Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis

Contexte

Surveiller les cas isolés de maladie d’origine alimentaire et enquêter sur les éclosions sont des fonctions essentielles en santé publique des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), qui estiment que chaque année, les maladies d’origine alimentaire touchent un Américain sur six (ou environ 48 millions de personnes), entraînant 128 000 hospitalisations et 3 000 décès.Note en bas de page 72

En 2010, les CDC ont traité de 17 à 42 grappes par semaine, possiblement en lien avec une intoxication alimentaire, et ont enquêté sur plus de 2 000 grappes touchant plusieurs États.Note en bas de page 73

Les services de santé locaux et de l’État sont responsables des enquêtes sur les éclosions d’origine alimentaire, mais les CDC fournissent des conseils dans certains cas, ainsi qu’une assistance au besoin pour les éclosions particulièrement vastes, inhabituelles ou graves.Note en bas de page 74

Le Department of Health and Human Services des CDC collabore avec un certain nombre de partenaires en santé publique, incluant des services de santé des villes, des comtés et des États, ainsi que des organismes fédéraux de réglementation, comme la United States Food and Drug Administration et le Food Safety and Inspection Service du United States Department of Agriculture. Au cours d’une éclosion touchant plusieurs États, le CDC agit comme principal coordonnateur parmi les partenaires en santé publique pour détecter l’éclosion, définir son ampleur et son étendue, et en déterminer la source.Note en bas de page 75,Note en bas de page 76

La Food and Drug Administration

La Food and Drug Administration (FDA) a comme mandat de protéger la santé publique en assurant que l’approvisionnement en aliments est sécuritaire. La FDA réglemente tous les aliments, sauf la viande crue, la volaille et certains produits d’œufs, et sa participation à l’enquête sur une éclosion commence quand un produit réglementé par la FDA est soupçonné d’être la source potentielle d’une éclosion. La FDA met alors le public en garde en émettant un rappel du produit soupçonné, gère le rappel et détermine comment l’aliment a été contaminé.Note en bas de page 77,Note en bas de page 78

Le United States Department of Agriculture

Le United States Department of Agriculture établit des politiques fédérales concernant la salubrité des aliments et les préoccupations agricoles et est responsable de l’agriculture, des aliments et de la nutrition, collaborant avec la Food and Drug Administration pour gérer la salubrité des aliments et fournir des ressources aux consommateurs.Note en bas de page 79,Note en bas de page 80

Politiques et législation

Le 4 janvier 2011, la Food Safety Modernization Act de la FDA a été adoptée. Cette Loi aborde principalement trois domaines thématiques : améliorer la capacité de prévenir les problèmes de salubrité des aliments; améliorer la capacité de détecter les problèmes de salubrité des aliments et y remédier; et améliorer la salubrité des aliments importés.Note en bas de page 81

La Food Safety Modernization Act de la FDA s’efforce de conférer une plus grande autorité à la Food and Drug Administration dans des domaines comme des normes plus rigoureuses en matière d’inspection et de salubrité. La Food and Drug Administration détient le pouvoir d’émettre un rappel obligatoire de produits si une entreprise ne consent pas à retirer ses produits de son plein gré. Certaines dispositions concernent la santé publique, comme accroître la formation et mettre sur pied des centres d’excellence. Cependant, aucun nouveau fonds n’a été fourni au CDC afin d’entreprendre ces activités.Note en bas de page 82

Le CDC a-t-il un rôle à jouer dans la prévention des maladies d’origine alimentaire?

La Enteric Diseases Epidemiology Branch représente le groupe responsable de la surveillance et de l’épidémiologie du CDCNote en bas de page 83, qui concentre ses efforts à déterminer les causes des maladies d’origine alimentaire. Comme le mentionne un informateur clé, même si cette Division s’intéresse aux enjeux liés à la salubrité des aliments au niveau de la ferme, cela ne fait pas partie de son mandat. La mission du CDC consiste à surveiller la santé humaine. Ils utilisent, entre autres, deux principaux outils à cette fin.

FoodNet

D’abord, le Foodborne Diseases Active Surveillance Network (FoodNet) a été établi en 1995 pour effectuer la surveillance de pathogènes en particulier liés aux maladies d’origine alimentaire, comme les bactéries E. coli O157 ou non O157 et la Salmonella, par des épreuves en laboratoire sur des échantillons recueillis auprès de patients.

C’est un programme de collaboration entre le CDC, dix services de santé de l’État, le Food Safety and Inspection Service du Department of Agriculture et la Food and Drug Administration. Il couvre environ 15 pour cent de la population américaine (46 millions de personnes).Note en bas de page 84

FoodNet se distingue des autres systèmes de surveillance des maladies d’origine alimentaire, puisqu’il ne repose pas sur les données en matière de maladies d’origine alimentaire fournies par les laboratoires cliniques aux services de santé de l’État qui, à leur tour, présentent des données au CDC; c’est plutôt un système de surveillance active, ce qui signifie que les responsables de la santé publique communiquent fréquemment avec les directeurs de laboratoire pour connaître les nouveaux cas de maladies d’origine alimentaire et signaler électroniquement ces cas directement au CDC.Note en bas de page 85

NARMS

Ensuite, le National Antimicrobial Resistance Monitoring System (NARMS) recueille des renseignements sur la résistance aux antimicrobiens liée aux bactéries d’origine alimentaire chez les humains. Il résulte d’une collaboration entre le CDC, la Food and Drug Administration (Center for Veterinary Medicine) et le Department of Agriculture (Food Safety and Inspection Service et Agricultural Research Services).Note en bas de page 86

Les données du NARMS sont recueillies depuis 1996, ce qui rend possible une analyse des tendances, et comprennent des renseignements sur les modèles liés à une récente résistance.Note en bas de page 87

Les données produites par le CDC à partir de ces sources et provenant d’autres enquêtes ont été utilisées pour modifier le système de salubrité des aliments.

  • Les renseignements découlant des enquêtes de l’État et du CDC ont révélé un lien entre la Salmonella et les œufs en coquille. La Food and Drug Administration a élaboré les dispositions du règlement final sur la salubrité des œufs (Egg Safety Final Rule) (2009) pour les producteurs d’œufs comptant 3 000 poules pondeuses ou plus.
  • Les données du NARMS ont révélé une hausse des maladies humaines antibiorésistantes tributaires de la consommation de volaille. La Food and Drug Administration a retiré l’approbation de l’utilisation d’enrofloxacine (un antibiotique) pour la volaille.Note en bas de page 88

Quelles sont les activités de détection des CDC?

La Enteric Diseases Laboratory Branch représente le groupe responsable des CDC pour l’utilisation du sous-typage moléculaire lié à la surveillance nationale et internationale des infections d’origine alimentaire. Parmi ses activités, on compte celles-ci :

  • gérer PulseNet, un réseau conçu pour aider tous les États à détecter les éclosions, à enquêter sur les éclosions et à les prendre en charge
  • établir un partenariat avec des laboratoires de référence à l’échelle internationale
  • renforcer la capacité de surveillance moléculaire des infections d’origine alimentaire.Note en bas de page 89

PulseNet est un réseau regroupant des laboratoires nationaux et internationaux de santé publique et des organismes de réglementation des aliments partageant des méthodes normalisées liées aux empreintes génétiques des bactéries responsables des maladies d’origine alimentaire par l'électrophorèse en champ pulsé (ECP). L’ECP peut être utilisé pour distinguer les souches d’organismes comme la Escherichia coli O157:H7, la Salmonella, la Shigella, la Listeria ou le Campylobacter au niveau de l’ADN. L’empreinte génétique, ou le profil génétique, sont alors soumis électroniquement dans une base de données dynamique du CDC permettant une comparaison rapide des profils.Note en bas de page 90

PulseNet permet une communication en temps réel entre les services de santé locaux et de l’État et les partenaires internationaux, et permet aux enquêteurs de trouver des profils semblables, ce qui facilite la détection des éclosions, même si les personnes touchées sont éloignées sur le plan géographique. En conséquence, les grappes d’éclosions et leurs causes peuvent être déterminées en quelques heures plutôt qu’en plusieurs jours.Note en bas de page 91

Comment les CDC répondent-ils aux maladies d’origine alimentaire?

La Outbreak Response and Prevention Branch des CDC est responsable d’assurer une surveillance rapide et coordonnée de la détection et de la prise en charge des éclosions de maladies d’origine alimentaire touchant plusieurs États.Note en bas de page 92

Le Foodborne Diseases Centers for Outbreak Response Enhancement (FoodCORE) est un projet financé par les CDC visant à améliorer les interventions locales et d’État aux éclosions de maladies d’origine alimentaire. Des sites ont été mis en place pour générer de nouvelles et de meilleures méthodes pour détecter les éclosions de maladies d’origine alimentaire touchant plusieurs États, enquêter sur ces éclosions, y répondre et les prendre en charge. Présentement, sept sites participent au projet FoodCORE, et puisque la capacité varie d’un État à l’autre, il est conçu pour fournir les ressources nécessaires aux États financés.Note en bas de page 93

La majorité des activités de la Outbreak Response and Prevention Branch est liée au domaine de l’intervention en cas d’éclosion. À l’image du Canada, la compétence responsable de l’enquête sur les maladies entériques d’origine alimentaire relève des services de santé locaux et de l’État. Par conséquent, lorsqu’on détecte une grappe, principalement par l’intermédiaire de PulseNet, le CDC collabore avec l’État touché pour y répondre. S’il y a plusieurs cas dans un État en particulier, le CDC demandera à l’État s’il a entrepris une enquête, et le cas échéant, l’État peut décider s’il souhaite diriger cette enquête ou s’il délègue cette responsabilité au CDC. Le CDC coordonnera aussi l’intervention si plus d’un État est touché et collaborera avec d’autres partenaires en matière de salubrité des aliments (comme la Food and Drug Administration et le Food Safety and Inspection Service) pour assurer une intervention coordonnée.

Deux mécanismes sont en place à la Outbreak Response and Prevention Branch en ce qui a trait à la capacité d’appoint : le programme Epidemic Intelligence Service (EIS) et l’activation du Emergency Operations Center. Le programme Epidemic Intelligence Service est un programme d’études supérieures de formation en épidémiologie de deux ans, qui forme environ 13 agents du programme EIS qui pourront être déployés pour assurer la capacité d’appoint locale à la demande des États.

Pour ce qui est des études cas-témoins relatives aux enquêtes épidémiologiques, le Emergency Operations Center sera activé par la demande de volontaires possédant une expérience en santé publique et qui recevront une formation additionnelle pour mieux se préparer. De plus, la Emery University comprend une équipe d’environ 30 étudiants pour intervenir en cas d’éclosion, pouvant être appelés comme volontaires pour le Centre. Un informateur clé a noté qu’environ 8 000 à 10 000 appels peuvent être faits en une seule nuit.

Renforcement de la capacité

Le CDC renforce sa capacité grâce aux mécanismes de financement suivants : le Epidemiology and Laboratory Capacity for Infectious Diseases (ELC) Funding et le Emerging Infections Programs (EIP) Funding. Le ELC s’efforce de renforcer et d’améliorer les outils, la formation et la main-d’œuvre des services de santé de l’État, nécessaires pour s’adapter rapidement en vue de répondre aux efforts de prévention des infections relatives à la santé.Note en bas de page 94 Le EIP est une entente coopérative visant à « encourager les efforts locaux, d’État et nationaux dans la prévention, la prise en charge et l’évaluation de l’impact des maladies infectieuses émergentes sur la santé publique ».Note en bas de page 95

Qu’arrive-t-il lorsque l’intervention à une éclosion réussit?

Les éclosions de maladies entériques d’origine alimentaire surviennent continuellement, mais les éclosions importantes affichant des taux de morbidité et de mortalité plus élevés sont moins fréquentes. Quand ce type d’événement se produit, la mise en œuvre d’un plan, des outils et des efforts considérables de coordination sont la clé de la réussite.

En 2011, les cantaloups contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes ont provoqué l’éclosion de maladie d’origine alimentaire la plus mortelle aux États-Unis depuis près de 90 ans. Le nombre de décès aurait été plus élevé si l’intervention n’avait pas été efficace et coordonnée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les services de santé locaux et de l’État et la Food and Drug Administration (FDA). Des vies ont été épargnées, puisque l’éclosion a été détectée, sa source a été déterminée et un avis national a été émis, et ce, en quelques jours seulement.Note en bas de page 96

En moyenne, le Colorado signale deux cas de listériose par année pour le mois d’août, mais avant le 2 septembre 2011, le Department of Health and Environment du Colorado avait signalé sept cas au CDC. Avant le 6 septembre 2011, les patients du Colorado interrogés au moyen d’un questionnaire sur l’initiative relative à la Listeria ont signalé avoir consommé du cantaloup dans le mois précédant les signes de maladie.Note en bas de page 97

L’initiative relative à la Listeria encourage les États à interroger tous les cas à l’aide d’un formulaire standard. Selon un informateur clé, l’inscription du cantaloup sur le formulaire n’était pas attribuable au fait qu’une éclosion antérieure de listériose soit associée au cantaloup, mais en raison d’un lien établi il y a plus d’une douzaine d’années dans une étude de FoodNet. En conséquence, l’étude d’enquête sur la listériose a pu déterminer rapidement la source de cette éclosion.

Puisque le Colorado fait partie de FoodNet, l’État possède déjà une bonne capacité de surveillance et a déjà réalisé les activités nécessaires de surveillance de base. Les épidémiologistes ont rapidement interrogé les gens malades, et l’informateur clé a indiqué que les épidémiologistes ont su tirer profit d’une bonne relation avec le Department of Agriculture pour les informer qu’ils croyaient que le cantaloup était la source de l’éclosion de listériose et leur demander de recueillir des échantillons. Cinq échantillons ont été recueillis de trois différents magasins et pour deux de ces trois magasins, les tests de Listeria se sont avérés positifs pour les cinq cantaloups. À partir de là, on a retrouvé le producteur particulier des cantaloups contaminés.

Un certain nombre de facteurs a mené à une résolution rapide de l’éclosion et, même si 84 personnes ont été malades et que 15 en sont décédées, l’éclosion aurait été beaucoup plus grave si on n’avait pas rapidement déterminé que les cantaloups d’un producteur en particulier étaient contaminés.

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