Section 4 : Évaluation des activités de prévention, de détection et de lutte contre les maladies entériques d'origine alimentaire à l'Agence de la santé publique du Canada – Conclusions

4. Conclusions et recommandations

Des conclusions concernant à la fois la pertinence et le rendement sont issues de la synthèse et de l’analyse des résultats de cette évaluation. Par conséquent, trois recommandations ont alors été émises à l’intention de la haute direction de l’Agence de la santé publique.

4.1 Conclusions

Pertinence

La salubrité des aliments est une priorité du gouvernement fédéral, et un besoin se fait sentir pour un rôle fédéral en santé publique lié à la prévention, à la détection et à la prise en charge des maladies entériques d’origine alimentaire.

Il y a plusieurs cas de maladie d’origine alimentaire chaque année au Canada et la Loi sur l’Agence de la santé publique du Canada régit les rôles et les responsabilités de l’Agence dans la prévention et la prise en charge des éclosions de maladies infectieuses. Le gouvernement fédéral détient un rôle en santé publique pour coordonner et faciliter l’intervention en cas d’éclosion touchant plusieurs administrations. Les lignes directrices sont présentées dans le Protocole canadien d’intervention lors de toxi-infection d’origine alimentaire (PRITIOA).

Le fédéral joue un rôle en santé publique pour détecter et prendre en charge les maladies entériques d’origine alimentaire. Il tient aussi un rôle dans certaines activités de prévention en amont. Les activités de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de l’attribution des sources constituent un rôle reconnu de l’Agence de la santé publique, et cela reflète les activités entreprises par les Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis. Cependant, les activités de l’Agence de la santé publique dans le cadre d’autres activités en amont, dont la modélisation des risques et la synthèse de recherche, ne s’harmonisent pas clairement au rôle typique en santé publique.

Rendement

Les activités de détection et de prise en charge sont bien coordonnées et intégrées au sein de l’Agence de la santé publique et à l’extérieur. L’évaluation a révélé une intégration limitée des activités entre certaines activités de prévention en amont avec d’autres activités liées aux maladies entériques d’origine alimentaire réalisées au sein de l’Agence de la santé publique.

Des améliorations considérables ont été faites à la suite de l’éclosion de listériose de 2008. Par exemple, des exercices ont été réalisés afin d’accroître les connaissances des rôles et des processus, et des outils de communication clés ont été conçus pour mieux se préparer à communiquer avec le public. Toutefois, les principaux défis subsistent, auxquels l’Agence de la santé publique devrait répondre pour intervenir efficacement lors des éclosions de maladies entériques d’origine alimentaire. Parmi ces défis, on observe un manque d’activités de renforcement des capacités épidémiologiques, de capacités épidémiologiques et de capacité d’appoint, et l’absence d’ententes de partage des renseignements.

L’Agence de la santé publique a collaboré avec ses partenaires fédéraux en matière de salubrité des aliments comme l’Agence canadienne d’inspection des aliments et Santé Canada, ainsi qu’avec les provinces et les territoires, pour améliorer le système de salubrité des aliments, particulièrement dans le domaine de la détection des maladies d’origine alimentaire et de la prise en charge des éclosions touchant plusieurs administrations. On a observé une utilisation précise des données issues de ces activités, ainsi que des données résultant de la surveillance à la résistance aux antimicrobiens.

Même si certaines activités de prévention en amont ont généré beaucoup de renseignements, peu de données prouvent qu’elles ont été utilisées par les partenaires en matière de salubrité des aliments en vue d’améliorer le système de salubrité des aliments.

Pour ce qui est de l’évaluation du rendement, même si certaines données sur le rendement sont recueillies, il n’existe aucune stratégie globale d’évaluation du rendement pour les activités liées aux maladies entériques d’origine alimentaire.

4.2 Recommandations

4.2.1 Approche stratégique aux maladies d’origine alimentaire

Quand le rôle de l’Agence de la santé publique est clair et compris, il semble que les données soient utilisées de manière efficace et opportune.

Tel que mentionné précédemment, certaines activités de l’Agence de la santé publique ne s’intègrent pas d’emblée à un mandat typique en santé publique. Quand le rôle n’est pas précis, on observe une utilisation limitée des données produites. C’est évident dans le cadre des activités de prévention en amont, comme la synthèse de recherche et la modélisation des risques, qui traitent surtout des produits d’origine animale et alimentaire. D’autres activités s’intègrent bien au mandat en santé publique (p. ex., le travail de surveillance de l’attribution des sources), mais ne sont pas entièrement fonctionnelles, limitant ainsi leur capacité à fournir une abondance de données à l’échelle nationale servant aux partenaires fédéraux en matière de salubrité des aliments.

Ces activités devraient être passées en revue pour assurer qu’elles répondent à un besoin ou à une lacune. L’établissement des priorités doit être fait en collaboration avec les partenaires en matière de salubrité des aliments, que ce soit les partenaires fédéraux, les provinces ou les territoires. On pourrait y arriver grâce à des mécanismes officiels de gouvernance, comme les comités sur la salubrité des aliments, qui discutent déjà d’enjeux à facettes multiples sur la salubrité des aliments et comprennent le comité sur la salubrité des aliments composé de directeurs généraux, le comité sur la salubrité des aliments des sous-ministres adjoints et le comité spécial formé d’administrateurs généraux. Les membres comprennent des représentants de l’Agence de la santé publique, de Santé Canada, de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. En tenant compte des gouvernements provinciaux et territoriaux, le Comité fédéral-provincial-territorial sur la salubrité des aliments pourrait s’avérer le meilleur mécanisme, puisqu’il comprend des représentants des ministères de la Santé et de l’Agriculture.

Tel que mentionné à la section 2.4, il n’existe aucun codage financier particulier pour les activités courantes de prévention, de détection et de prise en charge des maladies entériques d’origine alimentaire. Même si un exercice a été réalisé par la Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses pour déterminer le financement en matière de salubrité des aliments, il a été difficile de mener une évaluation adéquate des ressources en raison de cette restriction. L’exercice, cependant, a démontré que le financement de base constitue un fondement considérable pour toutes les activités liées aux maladies entériques d’origine alimentaire au sein de l’Agence de la santé publique. Quand on examine la combinaison du financement permanent et de celui d’une durée limitée, près de la moitié de tous les montants dépensés pour les maladies entériques d’origine alimentaire est consacrée aux activités de prévention en amont.

RECOMMANDATION 1

Adopter une approche plus stratégique au niveau interministériel et à l’échelle de l’Agence en ce qui a trait aux maladies entériques d’origine alimentaire, qui comprend, sans toutefois s’y limiter :

  1. des mécanismes d’établissement des priorités pour déterminer les principales activités de l’Agence de la santé publique en matière de maladies d’origine alimentaire
  2. une compréhension commune du rôle des activités de prévention en amont et de leur lien avec les activités plus générales de l’Agence de la santé publique en matière de maladies d’origine alimentaire
  3. un mécanisme de suivi des dépenses courantes liées aux maladies entériques d’origine alimentaire qui reflète l’horizontalité de ce secteur de programme.

4.2.2 Capacité à répondre aux éclosions d’origine alimentaire

En plus de sa capacité de base limitée à gérer les éclosions d’origine alimentaire et à y répondre, l’Agence de la santé publique ne possède pas de plan global en matière de capacité d’appoint pour répondre aux éclosions de maladies entériques d’origine alimentaire d’ampleur importante, particulièrement pour ce qui est des épidémiologistes. L’épidémiologie liée aux éclosions d’origine alimentaire utilise des méthodes et des outils particuliers. Des ressources humaines qualifiées doivent être disponibles en cas d’éclosion. Il existe deux types de capacité épidémiologique d’appoint pour répondre aux éclosions importantes :

  • capacité d’appoint interne de l’Agence de la santé publique
  • capacité d’appoint provinciale et territoriale.

Mettre à la disposition des provinces et des territoires les ressources humaines en vue de détecter et de prendre en charge les éclosions de maladies entériques d’origine alimentaire, tout en utilisant les méthodes et les outils épidémiologiques et de laboratoire nécessaires, fait partie du rôle de renforcement des capacités de l’Agence de la santé publique. C’est bien apprécié des provinces et des territoires, ainsi que des partenaires fédéraux en matière de salubrité des aliments. Il semble y avoir une lacune pour ce qui est de fournir aux provinces et aux territoires des techniques et des outils normalisés afin de mener les enquêtes épidémiologiques.

RECOMMANDATION 2

Régler les problèmes concernant la capacité de détecter et de prendre en charge les éclosions d’origine alimentaire dans les domaines suivants :

  1. maintenir la capacité de base de l’Agence de la santé publique liée aux opérations quotidiennes de détection et de prise en charge des éclosions
  2. élaborer un plan en matière de capacité d’appoint à l’échelle de l’Agence de la santé publique pour répondre aux éclosions importantes, avec un accent particulier sur la capacité épidémiologique provinciale/territoriale et celle de l’Agence de la santé publique
  3. continuer d’élaborer et de mettre en œuvre des activités de renforcement des capacités, incluant des outils et des techniques, pour aider les provinces et les territoires à réaliser leurs propres enquêtes épidémiologiques et en laboratoire.

4.2.3 Mise en pratique du plan d’urgence et du protocole en cas de maladie d’origine alimentaire

La mise en œuvre du Protocole canadien d’intervention lors de toxi-infection d’origine alimentaire a engendré une meilleure compréhension des rôles et des processus pendant une éclosion touchant plusieurs administrations. Les exercices du PRITIOA ont été recommandés dans le rapport Weatherill à la suite de l’éclosion de listériose de 2008 et ont été mentionnés dans les leçons à retenir par rapport à la réponse de l’Agence de la santé publique à l’éclosion de listériose. Un plus grand nombre d’exercices bilatéraux que prévu ont été réalisés, et tous les exercices ont été conçus en collaboration avec les provinces et les territoires. Ces exercices ont de toute évidence encouragé les connaissances; les participants ont affirmé comprendre beaucoup mieux les éléments clés du protocole.

L’élaboration et la mise en pratique du Plan d'intervention d'urgence en cas de maladie d’origine alimentaire ont aussi été recommandées dans le rapport Weatherill. Ce plan a été entièrement élaboré et devrait être pleinement exercé en février 2013.

Mettre en pratique les plans et les protocoles permet d’assurer que les rôles et les responsabilités sont clairs pour tous. De plus, cela donne la chance à tous les partenaires d’établir et de maintenir des liens, ce qui s’avère être un facteur de contribution clé au succès des activités de détection et de prise en charge.

RECOMMANDATION 3

Poursuivre les exercices liés au Protocole canadien d’intervention lors de toxi-infection d’origine alimentaire (PRITIOA) et au Plan d'intervention d'urgence en cas de maladie d’origine alimentaire (PIUMOA).

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