Chapitre 3 : Rapport de L’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada 2008 – Mortalité infantile

Notre population et notre santé en chiffres

Mortalité infantile

Le taux de mortalité infantile est un indicateur extrêmement sensible qui reflète bien, à l’échelle internationale, le développement humain dans son ensemble, l’état de santé et le niveau de scolarité des femmes, ainsi que la force du cadre de santé publique d’une nation150, 151. Au Canada, ce taux a baissé de 80 % en 40 ans, passant de plus de 27 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1960 à seulement 5 pour 1 000 en 2004152, 153. La figure 3,6 montre le recul constant de cet indicateur dans sept pays de l’OCDE, dont le Canada, depuis 25 ans141.

Il peut exister certaines différences dans la manière dont les pays enregistrent les naissances et les décès d’enfants, si bien qu’il n’est pas toujours possible de procéder à des comparaisons directes. Toutefois, pour les pays dont le stade de développement est comparable au nôtre, le taux de mortalité infantile est encore considéré comme un indicateur fiable de l’état de santé général de la population et sert souvent à comparer la situation dans plusieurs pays151. Il est, au Canada, légèrement plus élevé que dans quelques pays (le Japon et la Norvège ayant les taux les plus bas, soit environ de 3 décès pour 1 000 naissances vivantes), mais similaire à ceux de l’Australie et du Royaume-Uni et inférieur à celui des États-Unis (soit 7 décès pour 1 000 naissances vivantes).

Bien que le taux de mortalité infantile relevé au Canada soit analogue à celui d’autres pays de l’OCDE, il n’en va pas de même dans tous les segments de notre population. La figure 3,7 montre l’évolution de cet indicateur dans les quartiers où les revenus sont faibles, moyens et élevés144. Bien que les taux diminuent dans tous les quintiles (malgré une légère remontée à compter de 1996) et que l’écart diminue progressivement, il existe une nette différence entre les quartiers qui perçoivent les revenus les plus élevés et les plus faibles.

Figure 3,6 Taux de mortalité infantile, certains pays de l’OCDE, 1980-2004
Figure 3,6 Taux de mortalité infantile, certains pays de l’OCDE, 1980-2004

Source : Agence de la santé publique du Canada, au moyen du système
DAIS (Data Analysis and Information System) de Santé Canada, données
sur la santé, Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), 2007.


Figure 3,7 Taux de mortalité infantile selon le revenu du quartier, dans les régions métropolitaines du Canada,  1971-2001
Figure 3,7 Taux de mortalité infantile selon le revenu du quartier, dans les régions métropolitaines du Canada,  1971-2001

Q – Population divisée en cinquièmes selon le pourcentage des
habitants du quartier qui se situent sous le seuil de faible revenu
Source : Wilkins et al. (2007), Statistique Canada.


On estime que le taux de mortalité infantile au sein des populations autochtones et des habitants du Nord est plus élevé que dans la population en général. Il serait de 7 décès pour 1 000 naissances vivantes chez les Premières nations vivant dans les réserves148. Il est possible que ce chiffre soit sous-estimé, en raison des limites que comportent la collecte et la qualité des données sur les naissances et les décès d’enfants autochtones au Canada154. Des recherches effectuées récemment auprès des Premières nations de la Colombie-Britannique situent ce taux très haut, soit à 7,5 décès pour 1 000 naissances vivantes en milieu rural155. Au Nunavut (où les Inuits composent à peu près 85 % de la population), le taux atteindrait 16 décès pour 1 000 naissances vivantes, soit plus de trois fois la moyenne nationale148, 156.

État de santé auto-déclaré

Les indicateurs chiffrés sont certes importants, mais la manière dont les gens perçoivent leur état de santé donne aussi une bonne idée de la situation d’ensemble. Malgré les lacunes propres aux données recueillies par le biais d’enquêtes, telle la subjectivité des réponses, les déclarations des répondants apportent des informations utiles que l’on ne pourrait obtenir autrement. Lorsqu’on interroge les Canadiens, la plupart déclarent jouir d’une bonne santé. L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes réalisée en 2005 a révélé qu’au sein de la population âgée de 12 ans et plus, quelque 16 millions de personnes (60 %) estiment que leur état de santé est excellent (22 %) ou très bon (38 %)157. Ils sont même davantage (73 %) à considérer que leur santé mentale est excellente (37 %) ou très bonne (36 %)158.

Néanmoins, certains de nos concitoyens ne se sentent pas aussi bien, en particulier ceux qui font partie des ménages dont le niveau de scolarité est faible159. On voit dans la figure 3,8 que seulement 47 % des personnes vivant dans les ménages dont le niveau de scolarité est le plus bas (8e année ou moins) se déclarent en excellente ou en très bonne santé générale ou mentale. Chaque échelon gravi dans l’échelle de la scolarité est associé à une augmentation de la proportion de personnes estimant avoir une excellente ou une très bonne santé générale ou mentale.

Selon les résultats de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2001, légèrement moins d’Autochtones (56 %) âgés de 15 ans et plus vivant hors des réserves se considèrent en excellente ou en très bonne santé (Indiens de l’Amérique du Nord : 55 %; Métis : 58 %; Inuits : 56 %)160. Quant aux Autochtones qui vivent dans les réserves, l’Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations menée en 2002-2003 a montré que la proportion de personnes s’estimant en excellente ou en très bonne santé est encore plus faible, soit seulement 40 %161.

Figure 3,8 Proportion de Canadiens* se considérant en excellente ou en très bonne santé selon le niveau de scolarité le plus élevé dans le ménage, Canada, 2005
Figure 3,8 Proportion de Canadiens* se considérant en excellente ou en très bonne santé selon le niveau de scolarité le plus élevé dans le ménage, Canada, 2005

* Population âgée de 12 ans et plus
Source : Agence de la santé publique du Canada, au moyen du système
DAIS (Data Analysis and Information System) de Santé Canada, Enquête
sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC-SHR), Statistique
Canada, 2005.

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