Le Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2011

Chapitre 2 : Les conditions propices à une saine transition – Histoire de la santé publique

Investir dans la santé et le bien-être, de la petite enfance jusqu'à l'âge adulte, est une responsabilité que se partagent de nombreux secteurs de la société canadienne, y compris les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, les administrations municipales et les organisations non gouvernementales et communautaires. Au fil des ans et grâce, en partie, aux fonds qu'il a investis dans la santé publique et dans l'amélioration de sa situation socioéconomique, le Canada a réussi à créer les conditions essentielles pour assurer la santé et la transition saine de sa population. Les efforts qu'il a deployé ont également favorisé le développement optimal des jeunes enfants. Par conséquent, de nombreux jeunes au Canada vivent aujourd'hui en bonne santé et passent de l'adolescence à l'âge adulte avec une grande maturité.

Le présent chapitre retrace certaines étapes importantes dans l'histoire de la santé publique et rappelle les nombreux succès et défis que le Canada a connus dans ses précédentes démarches pour faciliter la transition saine de l'adolescence à l'âge adulte. Il examine et définit certains termes de santé publique jugées essentielles au maintien d'une bonne santé physique et mentale tout au long du passage à l'âge adulte. Enfin, il met en évidence certaines politiques, développements et difficultés qui ont eu une influence sur la santé des jeunes et révèle quelques-uns des principaux défis qu'il reste à relever.

Santé publique et trajectoire de vie

La trajectoire de vie est le parcours suivi par une personne, de la naissance à la mortNote de bas de page 30, Note de bas de page 31. Cette trajectoire peut changer ou évoluer à chacune des étapes de la vie en fonction de facteurs biologiques, comportementaux, psychologiques et sociaux qui, en interagissant, ont des répercussions – positives ou négatives – sur la santéNote de bas de page 30, Note de bas de page 31. Les normes sociales (par exemple, les expériences de vie, les normes culturelles et les rôles sociaux) peuvent également avoir une incidence sur le parcours de vieNote de bas de page 10. C'est pourquoi, dans un groupe donné, les différentes étapes de la vie ne se déroulent pas nécessairement au même moment ni au même rythme. Les jeunes et les jeunes adultes vivent donc, chacun à leur façon, les différentes étapes de la vie, et la frontière entre l'enfance et l'adolescence ou entre l'adolescence et l'âge adulte varie d'une personne à une autreNote de bas de page 31-33.

En santé publique, le modèle basé sur la trajectoire de vie présente un intérêt parce qu'il aide à comprendre le lien entre le temps, l'exposition à un ou plusieurs facteurs, les expériences de vie et leurs répercussions sur la santé à long terme. Il peut également aider à cerner et à interpréter les tendances qui caractérisent la santé d'une population et les liens qui existent entre les différentes étapes de la vieNote de bas de page 30, Note de bas de page 31, Note de bas de page 33-36. Ce modèle permet en outre de créer les conditions essentielles qui assurent à la population un niveau de santé et de bien-être optimalNote de bas de page 31, Note de bas de page 33, Note de bas de page 34.

Transitions de vie des jeunes et des jeunes adultes

Le passage de l'enfance à l'âge adulte est une étape importante du développement humain. Ce passage se caractérise généralement par l'arrivée de la puberté (changements d'ordre psychologique et biologique)Note de bas de page 10, Note de bas de page 32. C'est au cours de cette période que les rôles sociaux et les relations avec les autres évoluent et que l'on commence à prendre ses distances par rapport aux adultes (par exemple, les parents et les enseignants) pour plutôt se fier au jugement et à l'autorité de ses pairs. Au Canada, c'est aussi à ce moment que les jeunes gagnent en autonomie et en indépendance et qu'ils commencent à mieux comprendre qui ils sont et qui ils souhaitent devenirNote de bas de page 32, Note de bas de page 37. Le passage à l'âge adulte est également marqué par des expériences et des aspirations nouvelles à mesure que les jeunes et les jeunes adultes évoluent, se développent et parcourent les différentes étapes de la vie (par exemple, la fin des études, le premier emploi à temps plein).

Les jeunes d'aujourd'hui franchissent les différentes étapes vers l'âge adulte à des moments, dans un ordre et avec une facilité qui varient de plus en plusNote de bas de page 38, Note de bas de page 39. Ils suivent désormais des parcours diversifiés et moins convenus, ce qui entraîne des changements dans les étapes de vie et dans les tendances traditionnellement associées à ces deux groupes d'âgeNote de bas de page 31-33. En effet, comparativement aux générations qui les ont précédés, les jeunes au Canada mettent généralement plus de temps à franchir les différentes étapes de la vie et retardent ainsi leur passage à l'âge adulte. Cette tendance, qui s'observe également dans la plupart des pays industrialisés, se manifeste par le prolongement des études, l'entrée tardive sur le marché du travail à temps plein, le départ tardif du domicile parental ainsi que par le report du mariage, de la cohabitation et de la procréationNote de bas de page 37, Note de bas de page 38, Note de bas de page 40. Les choix qui s'offrent aux jeunes et aux jeunes adultes d'aujourd'hui et les occasions qu'ils ont de grandir, de se développer, d'apprendre et d'évoluer vers leur rôle d'adulte se multiplient, ce qui a pour effet de modifier leur parcours de vie ainsi que les possibilités et les risques qui se présentent à eux à l'approche de l'âge adulteNote de bas de page 38, Note de bas de page 40.

La situation n'est toutefois pas la même pour tous les jeunes au Canada. En effet, pour les jeunes et les jeunes adultes vulnérables, c'est-à-dire ceux qui sont aux prises avec des difficultés supplémentaires et disposent de peu de soutien, cette période de transition peut s'avérer particulièrement complexe (voir la section intitulée « Inégalités dans la santé des jeunes et des jeunes adultes vulnérables »)Note de bas de page 39.

Facteurs influant sur la santé

Les déterminants de la santé ont une incidence directe ou indirecte sur la santé tout au long de la vie et jouent un rôle crucial dans l'atteinte d'un niveau de santé et de bien-être optimalNote de bas de page 10, Note de bas de page 41-44. Cependant, la santé est aussi le résultat de comportements individuels. Même si les comportements que l'on adopte reposent sur des choix personnels, ces choix sont eux-mêmes influencés par les déterminants de la santé. L'interaction complexe de ces déterminants peut avoir des répercussions sur la santé, les transitions de vie et le développement individuel et collectifNote de bas de page 41, Note de bas de page 45.

Déterminants de la santé

  • Niveau de revenu et le statut social
  • Réseaux de soutien social (p. ex., la famille, les pairs)
  • Niveau de scolarité et l'alphabétisme
  • Emploi et conditions de travail
  • Environnement social (p. ex., la collectivité, le milieu de travail)
  • Environnement physique (p. ex., le logement)
  • Habitudes de santé et capacité d'adaptation personnelle
  • Développement de la petite enfance
  • Patrimoine biologique et génétique
  • Services de santé
  • Genre
  • Culture (p. ex., les Autochtones, l'identité ethnique et culturelle)Note de bas de page 41

Certains facteurs sociaux et économiques, tels que le niveau de revenu, le niveau de scolarité et l'emploi, peuvent influencer ou déterminer la santé d'une population ou d'une collectivitéNote de bas de page 11, Note de bas de page 45. Communément appelés déterminants sociaux de la santé, ces facteurs dépendent de la place qu'un individu occupe dans la société et des circonstances dans lesquelles il naît, vit, travaille, se divertit, interagit et vieillitNote de bas de page 46. Ces facteurs sont souvent liés à la richesse, à au statut social et à l'accès aux ressources qui, à leur tour, influencent les choix et les politiques et, à terme, entraînent des écarts dans l'état de santé des individus et des populationsNote de bas de page 46.

Les comportements individuels et l'environnement social (la famille, les pairs, l'école, le milieu de travail et la collectivité) peuvent également avoir une incidence sur la santé et le parcours de vie des jeunes et des jeunes adultesNote de bas de page 10. Les expériences de vie positives et les liens sociaux qui s'acquièrent pendant l'adolescence et au début de l'âge adulte contribuent à l'atteinte et au maintien de la santé et du bien-être en généralNote de bas de page 10, Note de bas de page 47. Il a en effet été établi que la participation à des activités de croissance personnelle, dans un contexte communautaire ou parascolaire, avait des effets bénéfiques sur le bien-être, le développement social, la réussite scolaire et le maintien de l'intérêt pour l'école, et entraînait une réduction des comportements à risqueNote de bas de page 48. De même, les amitiés solides sont souvent associées à une bonne santé émotionnelle et à une bonne capacité d'adaptation sociale et, par conséquent, peuvent avoir une incidence sur la fréquence des comportements positifs ou négatifs que les jeunes adultes adoptent en matière de santéNote de bas de page 45.

Inégalités dans la santé des jeunes et des jeunes adultes vulnérables

On appelle inégalités en matière de santé les écarts observés dans l'état de santé individuel ou collectif. Ces inégalités peuvent être le fruit du hasard ou être le résultat de décisions ou de facteurs génétiques et biologiques, mais, bien souvent, elles sont générées par un accès inégal aux principaux facteurs qui influent sur la santé, comme le niveau de revenu, le niveau de scolarité, l'emploi et les réseaux de soutien socialNote de bas de page 49, Note de bas de page 55.

Les Canadiens ne jouissent pas tous d'une bonne santé. Certains sont confrontés à des risques ou se heurtent à des difficultés sociales et économiques susceptibles de nuire à leur santéNote de bas de page 49-51. De façon générale, l'état de santé augmente à mesure que l'on s'élève dans l'échelle socioéconomiqueNote de bas de page 49, Note de bas de page 51, Note de bas de page 52. Autrement dit, les personnes à revenu modeste, qui présentent un faible niveau de scolarité, qui vivent ou travaillent dans des conditions difficiles et qui ont un accès limité à des services de santé, de soutien social ou d'aide à la petite enfance sont plus exposées à des problèmes de santé physique et mentale que les personnes de milieux favorisésNote de bas de page 41, Note de bas de page 42, Note de bas de page 49, Note de bas de page 51. D'autant plus que ces personnes sont moins portées à participer à des activités communautaires et parascolaires, reconnues comme étant bénéfiques pour la santéNote de bas de page 53, Note de bas de page 54. Ces écarts observés dans l'état de santé d'une population sont communément appelés inégalités en matière de santé.

Une situation socioéconomique précaire et un accès inégal aux soins de santé, à l'éducation, à l'emploi et au logement peuvent être à l'origine des inégalités en matière de santé tout au long de la vie, y compris à l'adolescence et au début de l'âge adulteNote de bas de page 41, Note de bas de page 56. Les écarts résultant d'un contexte socioéconomique défavorable peuvent, en effet, avoir des répercussions sur la vie des jeunes et des jeunes adultes en influençant ou en limitant les choix, les possibilités et les obstacles qui se présentent à eux et, ultimement, en réduisant leur capacité à mener une transition saine et réussie vers l'âge adulteNote de bas de page 56. L'exclusion sociale, qui résulte parfois de comportements discriminatoires, peut aussi donner lieu à des inégalités en matière de santé. Par exemple, les personnes vulnérables peuvent voir s'intensifier leurs sentiments de détresse, de désespoir, de désaffection et de méfiance lorsqu'elles sont victimes d'exclusion sociale et qu'elles vivent dans des conditions socioéconomiques défavorables. Par conséquent, elles deviennent plus susceptibles d'adopter des comportements malsains ou dangereuxNote de bas de page 57-59.

Les jeunes au Canada forment un sous-groupe de la population qui se distingue des autres sur bien des aspects, que ce soit par leur niveau de scolarité, leur niveau de revenu, leurs conditions de vie, leur situation géographique, leur situation d'emploi, leurs capacités, leur âge, leur sexe, leur genre, leur orientation sexuelle, leur appartenance autochtone ou leur identité ethnique et culturelle. Ces différences, qui les exposent à des risques et à des facteurs de stress, les rendent aussi plus vulnérables aux problèmes de santéNote de bas de page 44. En s'attaquant aux inégalités en matière de santé dès les premières années de vie, on peut aider les jeunes à atteindre un niveau de santé optimal au cours de leurs années de développement. En effet, on peut atténuer ou éliminer les mauvaises habitudes, réduire les comportements à risque et faciliter le passage d'une étape de vie à une autre de sorte que les jeunes puissent garder la santé tout au long de leur vieNote de bas de page 10, Note de bas de page 60. Puisque les comportements en matière de santé sont déterminés, entre autres, par la situation socioéconomique, il est essentiel de bien comprendre les inégalités en matière de santé afin de mieux protéger les plus vulnérables.

Promotion d'une saine transition au Canada

Examiner les nombreux succès et défis que le Canada a connus dans ses précédentes démarches pour favoriser une saine transition chez les jeunes et les jeunes adultes n'est pas une tâche facile. Cela exige que l'on tienne compte des principaux progrès et investissements sociaux qui ont été réalisés au cours des 100 dernières années pour assurer la santé de la population canadienne. Il faut aussi considérer les progrès et les investissements qui concernaient directement les enfants, puisque, par effet cumulatif, ceux-ci ont eu des répercussions sur la santé qui se sont amplifiées avec les annéesNote de bas de page 30. Les événements, les expériences et les changements qui surviennent tout au long de la vie ont, évidemment, une incidence importante sur la santé, mais c'est principalement pendant l'enfance qu'il est primordial d'établir les conditions essentielles à la santé et au bien-être. Comme l'indique le Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada, 2009, établir les bases d'une vie en santé dès les premières années de vie favorise la santé à long terme. Le Canada a d'ailleurs réalisé d'énormes progrès pour aider les enfants à s'engager dès le départ sur la voie de la santé et pour promouvoir et favoriser une saine transition de l'adolescence à l'âge adulteNote de bas de page 30. Il a également déployé de nombreux efforts pour améliorer directement la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultesNote de bas de page 30.

La section qui suit présente un bref historique des progrès réalisés dans le domaine de la santé publique. Pour un aperçu détaillé de l'évolution de la santé publique au Canada, veuillez consulter les Rapports de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada de 2008, 2009 et 2010Note de bas de page 30, Note de bas de page 36, Note de bas de page 49.

De 1900 à 1950

Il faut remonter au début du XXe siècle avant que la santé et le bien-être des enfants et des jeunes au Canada ne deviennent une source de préoccupation. À ce moment-là, la population commence tout juste à s'intéresser à la santé publique et aux conditions d'hygiène et de salubrité. Cette période marque aussi les débuts de la vaccination et les premiers examens médicaux en milieu scolaireNote de bas de page 30, Note de bas de page 49, Note de bas de page 61-63. Les jeunes et les jeunes adultes sont victimes de nombreuses blessures et maladies qui surviennent généralement dans des milieux de travail non sécuritaires ou qui sont occasionnées par des métiers dangereux. Des mesures sont alors mises en place en vue de réglementer les conditions et les normes de travail et ainsi assurer la santé et la sécurité de tous les travailleursNote de bas de page 64. Le travail des enfants et des jeunes fait également l'objet de mesures législatives afin de prémunir les jeunes contre des conditions de travail difficiles et les encourager à poursuivre leurs étudesNote de bas de page 65, Note de bas de page 66. D'ailleurs, à partir de 1910, l'école est rendue obligatoire dans de nombreuses provinces canadiennesNote de bas de page 67.

Pendant la Première Guerre mondiale, les infections transmissibles sexuellement (ITS) – en particulier la syphilis et la gonorrhée – représentent un grave problème de santé publique, puisque le diagnostic s'avère souvent peu concluant et le traitement, inefficace. L'éducation en santé publique est alors apparue comme une bonne façon de s'attaquer au problème. C'est ainsi qu'on a créé, en 1919, le Canadian National Committee for the Control of Venereal Diseases. L'idée de diffuser, dans les écoles et les universités, de l'information sur la santé sexuelle, y compris sur les ITS, s'est donc répandue en Amérique du Nord. À l'époque toutefois, l'intégration de la santé sexuelle dans les programmes d'enseignement était source de nombreux débatsNote de bas de page 61.

En raison de la dévastation semée par la Première Guerre mondiale et par la crise de 1929, les priorités en santé publique sont redéfinies dans les années 1920 et 1930, dictées par le besoin urgent d'améliorer la santé infantile et maternelle, de rehausser les conditions d'hygiène dans les maisons et les écoles, d'accroître la salubrité des aliments (notamment par la pasteurisation du lait), de lutter contre les éclosions de maladies infectieuses (par exemple, la tuberculose, la fièvre typhoïde, la diphtérie, la polio) et d'instaurer, à la grandeur du pays, de nouveaux programmes de prévention et d'éducation en santé sexuelle. À mesure que le Canada s'industrialise et passe d'une société rurale à une société urbaine, ses fondements sociaux et économiques commencent aussi à évoluer, et la santé des enfants et des jeunes en milieu rural suscite un grand intérêt. En effet, dans les milieux ruraux, les services de santé publique sont limités, les examens médicaux en milieu scolaire se font rares, les logements sont généralement peu salubres et la plomberie est souvent en mauvais état ou tout simplement inexistante. Malgré des problèmes de santé publique évidents, la crise de 1929 freine les efforts d'industrialisation et de modernisation, ce qui a pour effet de nuire à la prestation des services de santé publique et à la mise en place d'une infrastructure adéquate. Pendant les dix années qui suivront, bon nombre de ces problèmes persisteront ou même s'aggraverontNote de bas de page 61.

Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Canadiens n'ont pas accès à des aliments de bonne qualité ou n'ont pas les moyens de s'en procurerNote de bas de page 61. Par conséquent, en 1942, un premier guide alimentaire canadien est présenté au public. Connu sous le nom de Règles alimentaires officielles au Canada, ce guide vise à améliorer la santé de la population canadienne et à prévenir les carences alimentaires malgré le rationnement des vivres en temps de guerreNote de bas de page 68. La production, la transformation et la distribution des aliments, en particulier ceux qui sont préemballés et prêts à être consommés, deviennent un sujet de préoccupation. Une fois de plus, on confie aux écoles publiques le soin de renseigner les jeunes sur la façon sécuritaire d'apprêter les aliments et d'en vérifier la salubrité. Cependant, le recours à de nouveaux procédés chimiques, biologiques et technologiques pour préserver la qualité des aliments et prolonger leur durée de conservation fait en sorte qu'il devient de plus en plus difficile d'en évaluer la salubrité. Mais il n'y a pas que l'alimentation qui soulève des préoccupations : une vaste campagne de sensibilisation et de promotion de l'activité physique est menée à l'échelle nationale dans le but de promouvoir de saines habitudes de vie chez les enfants et les jeunes. Le gouvernement du Canada adopte, en 1943, la Loi sur l'aptitude physique nationale, qui établit le Conseil national d'aptitude physique, et accorde aux provinces des subventions afin de les aider à financer les activités locales d'éducation en santéNote de bas de page 61.

De 1950 à aujourd'hui

La Seconde Guerre mondiale terminée, le Canada voit sa population active et son taux d'industrialisation augmenter à un rythme sans précédent. L'apparition de nouvelles technologies et la disparition progressive des emplois non spécialisés rendent le marché favorable aux travailleurs qualifiésNote de bas de page 40, Note de bas de page 61, Note de bas de page 69. En effet, la restructuration des milieux de travail incite les travailleurs à se spécialiser et à devenir plus flexibles et plus polyvalents dans le but de suivre la croissance économique et la hausse de la productivitéNote de bas de page 70. Pour acquérir les connaissances, l'expérience et les compétences requises et s'assurer une place sur le marché du travail, de nombreux jeunes s'inscrivent à des études postsecondairesNote de bas de page 70. Cependant, bon nombre d'entre eux ont du mal à payer leurs droits de scolarité et à trouver un emploi à la fin de leurs étudesNote de bas de page 37.

Aussi bien à l'époque qu'aujourd'hui, l'éducation constitue un investissement nécessaire mais coûteux dans l'avenir des jeunes adultesNote de bas de page 37. Alors que les études postsecondaires gagnent en popularité et que les droits de scolarité augmentent, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux multiplient les efforts pour aider les Canadiens à mener leurs études à terme et à en assumer les coûts. C'est ainsi qu'est créé, en 1964, le Programme canadien de prêts aux étudiants, qui vise à offrir une aide financière aux étudiants ayant des besoins reconnus afin qu'ils puissent poursuivre leurs études postsecondairesNote de bas de page 71. Des prêts et des bourses d'études sont également disponibles auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux, du secteur privé et des institutions financières du Canada.

À la fin de leurs études, de nombreux finissants n'arrivent pas à trouver un emploi et se heurtent à un même dilemme : leur manque d'expérience les empêche d'accéder au marché du travail, mais sans emploi il leur est impossible de parfaire leurs compétencesNote de bas de page 72. Et la situation ira en empirant en temps de crise économique, la forte concurrence les obligeant à se démarquer des autres chercheurs d'emploiNote de bas de page 73. Heureusement, à partir de 1968, les étudiants et les nouveaux diplômés auront accès à de nouvelles mesures de création d'emplois, comme les Centres Service Canada pour les jeunes, et auront ainsi la possibilité d'acquérir des compétences et de l'expérienceNote de bas de page 74.

Cependant, la présence massive des jeunes sur le marché du travail, que ce soit à temps partiel pour payer leurs études postsecondaires ou à temps plein une fois leur diplôme en main, rappelle l'urgence de prévenir les blessures en milieu de travail. Les provinces et les territoires adoptent, dès lors, des lois et des règlements visant à interdire ou à limiter l'accès des enfants et des jeunes à des emplois susceptibles de mettre en péril leur vie, leur santé, leurs études ou leur développement physique. Puis, d'autres lois provinciales et territoriales rendront obligatoire la fréquentation scolaire (au moins jusqu'à 16 ans), imposeront des restrictions sur les heures de travail et établiront un salaire minimumNote de bas de page 75, Note de bas de page 76. Le gouvernement fédéral a lui aussi à cœur la santé et la sécurité des travailleurs et met de l'avant une série de mesures législatives, notamment le Code canadien du travail, le Règlement sur la santé et la sécurité au travail, le Règlement du Canada sur les normes du travail et le Système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail. Puis, on voit naître un peu partout au pays des organismes, tels que le Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail, qui misent sur l'éducation et la formation pour promouvoir la santé et la sécurité au travailNote de bas de page 77-82. Depuis quelques années, des mesures de sensibilisation à la sécurité et à la prévention des blessures en milieu de travail sont conçues expressément pour les jeunes travailleurs (par exemple, la Zone des jeunes travailleurs)Note de bas de page 77, Note de bas de page 83.

Dans les années 1960, la route fait de plus en plus de victimes, forçant l'adoption, au cours des années 1970 et 1980, de nombreuses mesures de sécurité routière, notamment le port obligatoire de la ceinture de sécurité, la sensibilisation à la conduite sécuritaire et l'application stricte du Code de la routeNote de bas de page 61, Note de bas de page 84. Ces efforts porteront leurs fruits, puisque le nombre de décès sur les routes diminuera dans les décennies qui vont suivreNote de bas de page 85, Note de bas de page 86. Dans certaines provinces, dont la Colombie-Britannique, l'Alberta, l'Ontario et la Nouvelle-Écosse, des programmes d'apprenti conducteur sont mis en place pour permettre un apprentissage progressif des règles de conduite sécuritaire. D'autres provinces et territoires établissent, quant à eux, un âge légal pour conduire, généralement fixé à 16 ans, espérant ainsi améliorer la sécurité de tous les usagers de la routeNote de bas de page 87-91. Pour leur part, les apprentis conducteurs sont encouragés à suivre des cours de conduite certifiés afin de s'initier à la prudence au volant et de développer de bonnes aptitudes de conduite. Plus récemment, certains gouvernements provinciaux et territoriaux, comme la Colombie-Britannique et l'Ontario, ont resserré les normes applicables aux écoles de conduite, aux moniteurs d'autoécole et aux cours pour débutantsNote de bas de page 92-95.

Entre-temps, les campagnes contre l'alcool au volant prennent de l'essor et attirent de plus en plus l'attention. Des programmes tels que Reduce Impaired Driving Everywhere et arrive alive DRIVE SOBER, en Ontario, misent sur des techniques de marketing social et de sensibilisation pour favoriser le respect des lois et des règles de sécurité routière et, parallèlement, changer les perceptions à l'égard de l'alcool au volantNote de bas de page 61, Note de bas de page 96, Note de bas de page 97. Les mères contre l'alcool au volant, Students Against Destructive Decisions et d'autres organismes de sensibilisation voient également le jour. Ces organismes visent à réunir des dirigeants, des éducateurs et des citoyens dans le but de former un réseau de prévention et de sensibilisationNote de bas de page 98, Note de bas de page 99. Malgré tous les efforts déployés, la conduite avec les facultés affaiblies demeure un problème chez les jeunes conducteursNote de bas de page 100, Note de bas de page 101. Depuis peu, certains gouvernements provinciaux et territoriaux ont aussi passé une loi qui interdit l'utilisation d'appareils portatifs au volant dans l'espoir de combattre la conduite inattentive et de réduire le nombre de blessures et de décès qui en résultentNote de bas de page 102.

Les décennies suivantes sont marquées par l'apparition ou l'intensification de divers problèmes de santé publique. C'est en effet au début des années 1980 que le Canada rapporte ses premiers cas de syndrome d'immunodéficience acquise (sida). Cette maladie, qui est causée par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), sévit d'abord chez les hommes homosexuels et chez les personnes infectées par des produits sanguins contaminés. Le Canada tente d'abord de surmonter la crise en sécurisant ses approvisionnements en sangNote de bas de page 103. Malgré la création de petits organismes communautaires de lutte contre le sida, comme AIDS Vancouver et AIDS Committee of Toronto, les premières interventions en santé publique sont fragmentées, non coordonnées et inefficaces. Cette réticence à agir s'explique en partie par les tensions sociales et les réactions que suscitent l'homosexualité, la distribution de condoms dans les écoles et l'éducation sur la santé sexuelleNote de bas de page 61, Note de bas de page 103. Devant la menace croissante du sida, tous les ordres de gouvernement, les spécialistes de la santé, les chercheurs, les organismes non gouvernementaux et les bénévoles décident de se mobiliserNote de bas de page 103, Note de bas de page 104. Partout dans le monde, la pandémie du sida donne lieu à des campagnes de sensibilisation et à de nouveaux traitements pour soulager les personnes atteintesNote de bas de page 61, Note de bas de page 103-105. Il devient alors évident qu'en plus des conditions biologiques, des facteurs sociaux, économiques et politiques influent sur la propagation du VIH et sur ses répercussions dans la populationNote de bas de page 103. Le gouvernement fédéral prend alors conscience de la nécessité d'une stratégie plus solide et mieux coordonnée pour lutter contre le VIH/sida et lance, au début des années 1990, la Stratégie nationale sur le sida. Celle-ci sera remplacée, en 1998, par la Stratégie canadienne sur le VIH/sidaNote de bas de page 106.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une diminution progressive du taux de naissance et du taux de grossesse chez les adolescentesNote de bas de page 107, Note de bas de page 108. L'accessibilité et l'utilisation accrues des méthodes de contraception, l'évolution des mentalités, la légalisation de l'avortement et la prise de conscience des risques associés aux relations sexuelles non protégées expliquent en partie cette diminutionNote de bas de page 61, Note de bas de page 109-112. Au Canada, les ministères de la Santé décident d'intégrer aux soins généraux des programmes de santé sexuelle et reproductrice afin d'offrir à l'ensemble de la population canadienne, y compris aux jeunes adultes, des services d'information, de consultation et de sensibilisation ainsi que d'autres services pertinentsNote de bas de page 109. La Fédération pour le planning des naissances du Canada (connue aujourd'hui sous le nom de Fédération canadienne pour la santé sexuelle) ainsi que d'autres organismes de défense des droits veilleront, par la suite, à poursuivre ce travail de conscientisation et de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductriceNote de bas de page 113.

À l'époque, les investissements sociaux visent principalement l'éducation et l'emploi, ce qui fait que de plus en plus de jeunes adultes tardent à se marier et à fonder une familleNote de bas de page 38. Ils préfèrent en effet parfaire leur éducation et acquérir les connaissances et les compétences qui leur assureront un emploi et une stabilité financièreNote de bas de page 32, Note de bas de page 37, Note de bas de page 38, Note de bas de page 70. Depuis les années 1960, les femmes sont de plus en plus présentes dans les établissements d'enseignement postsecondaire, au point d'être aujourd'hui plus nombreuses que les hommes à poursuivre des études postsecondairesNote de bas de page 114. Cependant, leur fréquentation scolaire prolongée et leur forte présence sur le marché du travail les poussent à reporter la naissance de leur premier enfant, ainsi les tendances concernant l'âge de la procréationNote de bas de page 37, Note de bas de page 38, Note de bas de page 114. Au Canada, le taux de fécondité selon l'âge a, en effet, considérablement changé au cours des 50 dernières années (voir la figure 2.1), et celui des jeunes femmes est en baisse depuis le début des années 1960Note de bas de page 108, Note de bas de page 115, Note de bas de page 116. Cette nouvelle réalité s'explique par le fait que, désormais, de plus en plus de femmes attendent la trentaine avant de donner naissance à leur premier enfantNote de bas de page 108, Note de bas de page 115, Note de bas de page 116.




Figure 2.1 Taux de fertilité selon le groupe d'âge, Canada, de 1930 à 2008Note de bas de page 108, Note de bas de page 115, Note de bas de page 116

Figure 2.1 Taux de fertilité selon le groupe d'âge, Canada, de 1930 à 2008

Remarque : Les données du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest ne sont pas disponibles avant 1950; Terre-Neuve n'apparaît pas dans les statistiques de 1930 à 1960; aucune donnée n'est accessible pour 1998 et 1999.

Source : Agence de la santé publique du Canada, à l'aide de la Base de données sur les naissances, Statistique de l'état civil du Canada, Statistique Canada.

[Figure 2.1, texte équivalent]

Résumé : De 1930 à 1960, les taux de fertilité selon le groupe d'âge ont augmenté comme suit chez les jeunes femmes : chez les 15 à 19 ans, de 30,5 à 59,8 pour 1 000 femmes; chez les 20 à 24 ans, de 143 à 233,5 pour 1 000 femmes; et chez les 25 à 29 ans, de 176 à 224,4 pour 1 000 femmes. En 2008, les taux de fertilité selon le groupe d'âge avaient diminué comme suit chez les jeunes femmes : chez les 15 à 19 ans, 14,3 pour 1 000 femmes; chez les 20 à 24 ans, 53 pour 1 000 femmes; chez les 25 à 29 ans, 102 pour 1 000 femmes. De 1930 à 2008, les taux de fertilité selon le groupe d'âge ont diminué comme suit chez les femmes plus âgées : chez les 30 à 34 ans, diminution de 148 à 107,4 pour 1 000 femmes; chez les 35 à 39 ans, diminution de 106,7 à 50,1 pour 1 000 femmes.

Source : Agence de la santé publique du Canada, à l'aide de la Base de données sur les naissances, Statistique de l'état civil du Canada, Statistique Canada.

  1930 1960 2008
De 15 à 19 ans 30,5 59,8 14,3
De 20 à 24 ans 143,0 233,5 53,0
De 25 à 29 ans 176,0 224,4 102,0
De 30 à 34 ans 148,0 146,2 107,4
De 35 à 39 ans 106,7 84,2 50,1

Note en bas de page

Les données du Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest ne sont pas disponibles avant 1950; Terre-Neuve n'apparaît pas dans les statistiques de 1930 à 1960; aucune donnée n'est accessible pour 1998 et 1999.

Le taux d'inscription aux études postsecondaires a beaucoup augmenté depuis que les établissements d'enseignement privés et publics offrent divers titres de compétences (diplômes, certificats et grades)Note de bas de page 114, Note de bas de page 117, Note de bas de page 118. À l'heure actuelle, le Canada compte plus de 163 universités publiques et privées reconnues (y compris les écoles de théologie) et plus de 183 collèges et établissements publics reconnusNote de bas de page 119. En 1998, afin d'élargir l'accès à l'éducation postsecondaire, le gouvernement fédéral crée, pour un mandat de 10 ans, la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire, qui vise à offrir un soutien financier aux étudiants et, en particulier, à ceux qui éprouvent des difficultés économiques et socialesNote de bas de page 120, Note de bas de page 121. En 2009, il met en place le Programme canadien de bourses aux étudiants, qui vient remplacer les programmes de bourses existants. Ce programme est offert en fonction des besoins financiers et du rendement scolaire et s'adresse également aux étudiants de familles à faible revenu ou à revenu moyen, aux étudiants ayant des personnes à charge et à ceux aux prises avec une invalidité permanenteNote de bas de page 120, Note de bas de page 122.

Même si, depuis 20 ans, les jeunes autochtones sont de plus en plus nombreux à poursuivre des études postsecondaires et à les mener à terme, ils sont toujours sous-représentés dans les établissements d'enseignement postsecondaire au CanadaNote de bas de page 123. Historiquement, leur niveau d'éducation a été compromis par de nombreux obstacles, entre autres, la mise en place des pensionnats indiens et la pénurie d'écoles dans les milieux ruraux et dans les régions éloignées. Ces obstacles, généralement attribuables à des facteurs socioéconomiques, à des questions culturelles ou à leur situation géographique, ont eu des effets qui se répercutent encore de génération en générationNote de bas de page 123. Devant l'urgence d'offrir soutien et engagement à la jeunesse autochtone, le gouvernement du Canada s'est uni aux peuples autochtones et aux secteurs privé et public et a créé, en 1985, la Fondation nationale des réalisations autochtones. Cet organisme à but non lucratif travaille à promouvoir la persévérance scolaire en fournissant des services de planification de carrière, en nouant des liens avec le secteur privé et en créant des possibilités d'emploi. Grâce aux nombreuses bourses d'études qu'elle décerne, la Fondation permet, en outre, aux Autochtones et tout particulièrement aux jeunes de poursuivre leurs études et d'atteindre leurs objectifs de carrièreNote de bas de page 124. Puis, en 1997, la Stratégie emploi jeunesse est mise de l'avant dans le but de renseigner les Canadiens âgés de 15 à 30 ans sur les choix de carrière et de les aider à acquérir de nouvelles compétences, à trouver un travail gratifiant et à conserver leur emploi. Cette stratégie regroupe entre autres les programmes Jeunesse Canada au travail et Expérience emploi été pour des étudiants Inuits et des Premières nationsNote de bas de page 72, Note de bas de page 125, Note de bas de page 126.

L'activité physique, les habitudes de consommation ainsi que la prévalence des maladies et des carences alimentaires chez les canadiens attirent de plus en plus l'attention des chercheursNote de bas de page 61. La diminution du niveau d'activité physique chez les jeunes est désignée comme principale responsable de cette nouvelle réalité au CanadaNote de bas de page 45, Note de bas de page 127. Afin de s'attaquer au problème, on met en place des programmes et des services qui favorisent l'adoption à long terme de pratiques et de comportements sains (par exemple, manger sainement, rester actif et maintenir un poids santé). On publie également, en 2002, le Guide d'activité physique canadien pour les jeunes. Ce guide, axé sur les saines habitudes de vie, montre l'importance d'une activité physique journalière et propose des mesures à prendre pour devenir plus actifNote de bas de page 128. La Société canadienne de physiologie de l'exercice s'intéresse elle aussi aux bienfaits de l'activité physique et publie entre autres, en 2010, les Directives canadiennes en matière de comportement sédentaire à l'intention des jeunesNote de bas de page 129-132. De son côté, le gouvernement du Canada instaure, en 2007, le crédit d'impôt pour la condition physique, qui vise à encourager la participation des jeunes de moins de 16 ans à des programmes d'activité physique. Il espère ainsi favoriser un mode de vie actif et s'attaquer aux facteurs de risque associés à l'obésité juvénileNote de bas de page 133, Note de bas de page 134. Animés par le même désir de promouvoir une vie saine et active, Sport Canada et d'autres organismes reconnus, tels que le YMCA, le YWCA, les Clubs Garçons et Filles du Canada et ParticipACTION, donnent aux jeunes des occasions de pratiquer des sports récréatifs et organisés au sein de leur collectivitéNote de bas de page 135-138. Toujours en 2007, le gouvernement du Canada publie une édition révisée de son guide alimentaire, Bien manger avec le Guide alimentaire canadien, ainsi qu'une version adaptée aux Inuit, aux Métis et aux membres des Premières nationsNote de bas de page 139.

Promouvoir des comportements et des modes de vie sains exige également des investissements dans les activités sportives et récréatives et, notamment, dans l'amélioration des normes de santé et de sécurité. En effet, les blessures que les enfants d'âge scolaire et les jeunes adultes subissent en pratiquant un sport ou une activité récréative soulèvent de nombreuses préoccupations. C'est pourquoi, au cours des dernières décennies, des mesures de santé publique ont été mises de l'avant dans le but de réduire ou de prévenir les blessures consécutives à la pratique d'un sport ou d'une activité récréative (notamment par la réglementation des sports organisés, l'adoption de directives et de règles de sécurité dans les loisirs et le port d'un équipement protecteur)Note de bas de page 140-143. De nombreuses provinces ont également adopté des mesures législatives pour assurer la santé et la sécurité des jeunes. Certaines ont instauré, par exemple, le port obligatoire du casque afin de réduire les blessures à la tête et les décès liés aux accidents de véloNote de bas de page 144-147. La Société canadienne de la Croix-Rouge (Services de sécurité aquatique), Sauve-qui-pense, SécuriJeunes Canada, Pensez d'Abord Canada et d'autres organismes voués à la promotion de l'activité physique et de la sécurité ont aussi entrepris un important travail de sensibilisation auprès des jeunes et des jeunes adultes grâce à la recherche, l'éducation et la défense des droitsNote de bas de page 148-151.

Promouvoir de saines habitudes de vie, c'est aussi lutter contre la prévalence du tabagisme au sein de la population canadienne et, en particulier, chez les jeunes et les jeunes adultes. Si le Canada a réussi à réduire son taux de tabagisme, il le doit en partie au travail collectif des divers ordres de gouvernement. Les mises en garde contre la dépendance au tabac et les données révélant les méfaits de la cigarette sur la santé des fumeurs et des personnes exposées à la fumée secondaire ont contribué à faire évoluer les opinions sur le tabac et à rendre son usage moins acceptable dans les milieux sociauxNote de bas de page 61. Ce changement d'attitude a donné lieu à un vaste plan d'action mené par le gouvernement fédéral dans le but de contrer les effets du tabagisme sur la santé et de réduire le taux d'initiation au tabagisme, en particulier chez les jeunes et les jeunes adultesNote de bas de page 152, Note de bas de page 153. Dans le cadre de ce plan d'action, le gouvernement du Canada a adopté, en 1997, la Loi sur le tabac, qui vise à réglementer la fabrication, la vente, l'étiquetage et la promotion des produits du tabac grâce à de nouvelles normes de promotion et à de nouvelles mesures d'applicationNote de bas de page 154. Concrètement, la Loi interdit à l'industrie du tabac de cibler les jeunes dans les messages publicitaires et de commanditer des activités ou des événements destinés aux jeunesNote de bas de page 155. Depuis que la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme a été lancée, en 2001, d'autres stratégies et mesures législatives se sont ajoutées, notamment des programmes éducatifs, des mesures fiscales, des règlements sur le tabac et des règlements qui établissent un âge légal pour acheter des produits du tabac ou qui interdisent l'étalage de ces produits dans les commerces de détail. Les programmes d'abandon du tabagisme ont également permis de franchir un pas de plus vers l'apprentissage de saines habitudes de vieNote de bas de page 153, 156-159.

Depuis quelques années, le Canada rapporte une augmentation des cas d'ITS, en particulier chez les moins de 30 ans et au sein des populations vulnérables (par exemple, les jeunes autochtones et les jeunes de la rue)Note de bas de page 23, Note de bas de page 160-165. La chlamydia, la gonorrhée et la syphilis constituent, en particulier, une source de préoccupation grandissante au Canada, tout comme le virus du papillome humain, une infection courante qui est responsable de certains types de cancers, de lésions cutanées et d'autres problèmes de santéNote de bas de page 166. Dans le but de prévenir les infections causées par les quatre souches du virus du papillome humain les plus souvent rapportées chez les filles et les femmes âgées de 9 à 26 ans, des stratégies de vaccination financées par l'État ont été mises en place à la grandeur du paysNote de bas de page 166, Note de bas de page 167. On a également publié, à l'intention des cliniciens, des spécialistes de la santé publique, des décideurs et des éducateurs, l'édition 2006 des Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement, qui met l'accent sur la prévention, le diagnostic, le traitement et la gestion des ITSNote de bas de page 168. Les Lignes directrices canadiennes pour l'éducation en matière de santé sexuelle, mises à jour en 2008, proposent quant à elles une marche à suivre détaillée pour l'élaboration et l'amélioration des politiques, des programmes et des plans d'études axés sur la santé sexuelle, le but étant de répondre aux besoins variés de la population canadienne et de rendre l'information accessible à tous les Canadiens. Ces lignes directrices sont constamment mises à jour afin de refléter la situation et les risques les plus récentsNote de bas de page 22. Le Canada veille également à fournir aux Canadiens séropositifs des diagnostics, des traitements, des soins et un soutien sécuritaires et efficaces, notamment grâce à l'Initiative canadienne de vaccin contre le VIH et à l'Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida au Canada, qui comprend entre autres la stratégie intitulée Au premier plan : le Canada se mobilise contre le VIH/sida (2005-2010). Il s'assure ainsi de prévenir la propagation du VIH et de contribuer à l'effort mondial de lutte contre la pandémie et de recherche d'un remèdeNote de bas de page 104, Note de bas de page 105, Note de bas de page 169-171.

Regard vers l'avenir

Au XXIe siècle, les problèmes qui affligent les jeunes et les jeunes adultes continuent d'attirer l'attention. Le Canada a déployé de nombreux efforts pour s'attaquer aux problèmes de santé qui touchent tout particulièrement les jeunes et les jeunes adultes et pour les aider à effectuer une saine transition par la promotion d'un mode de vie sain, l'éducation sur la santé sexuelle et reproductrice, la prévention des blessures, l'établissement de milieux favorables et la mise en place de mesures sociales en matière d'éducation et d'emploi.

On sait que les jeunes et les jeunes adultes qui jouissent d'une bonne santé gardent généralement de saines habitudes tout au long de leur vieNote de bas de page 30, Note de bas de page 31, Note de bas de page 36. C'est pourquoi le Canada favorise les expériences positives dès les premières années de vie et continue d'investir dans des mesures susceptibles d'aider les jeunes à réussir au mieux le passage à l'âge adulte. Les mesures de santé publique mises de l'avant à l'intention des enfants et des jeunes s'appuient, dans une large mesure, sur la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (voir l'encadré intitulé « Le Canada et la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant »)Note de bas de page 172.

Le Canada et la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant

En 1991, le Canada a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant et s'est engagé, de ce fait, à promouvoir et à assurer la santé et le bien-être de tous les Canadiens de moins de 18 ans. Fondée sur le principe de l'« intérêt supérieur de l'enfant », la Convention protège les droits des enfants en établissant des principes et des normes concernant les soins de santé, l'éducation et les services juridiques, civils et sociaux. Elle voit au respect et à la reconnaissance des besoins fondamentaux des enfants et de leurs droits de vivre et de se développerNote de bas de page 172, Note de bas de page 173.

Pour appuyer et renforcer les principes de la Convention et en assurer le respect, le Canada a, depuis 1991, adopté une série de mesures et mis en œuvre des lois, des programmes et des politiques qui ont contribué à améliorer la santé des jeunesNote de bas de page 75, Note de bas de page 173-175. Il a notamment élaboré un ensemble de services communs destinés aux enfants, aux jeunes et à leur famille, et ce, dans le but de respecter les droits énoncés dans la Convention, y compris celui de bénéficier de services médicaux (article 24). Selon les termes de la Convention, les États signataires sont tenus de prendre les mesures qui s'imposent afin d'assurer à tous les enfants un accès équitable aux soins de santé, de créer un service de médecine préventive et de conseiller les parents sur l'éducation des enfantsNote de bas de page 75, Note de bas de page 172, Note de bas de page 174, Note de bas de page 175.

Bien que les mesures de santé publique aient permis d'améliorer considérablement la santé des jeunes au Canada, il reste d'importants défis à relever. En effet, les jeunes continuent d'adopter des comportements malsains (par exemple, la mauvaise alimentation, la sédentarité et le tabagisme) et mettent ainsi en péril leur santé et leur bien-être, de l'adolescence jusqu'à l'âge adulte. L'adoption de saines habitudes est un apprentissage qui se poursuit tout au long de la vie et qui contribue à réduire le risque de développer des maladies chroniques ou de perdre la santé en vieillissant. Si le Canada veut aller de l'avant, il devra conduire ses citoyens vers une vie plus saine, c'est-à-dire une vie qui repose sur la participation sociale, l'activité physique, l'alimentation équilibrée et la diminution des risques de blessure.

Le Canada a réussi, au fil des années, à réduire son taux de tabagisme, mais le travail est loin d'être terminé. Sachant que l'expérience de la cigarette se fait généralement à l'adolescence, les campagnes de sensibilisation devraient cibler davantage les jeunes dans le but de diminuer le taux d'initiation au tabagisme et de réduire, de façon générale, la consommation de tabacNote de bas de page 176, Note de bas de page 177. C'est aussi à l'adolescence que les attitudes et les comportements à l'égard de la sexualité se définissent. Il serait donc important de poursuivre le travail d'éducation et de sensibilisation à la santé sexuelle et reproductrice afin de donner aux jeunes les outils dont ils ont besoin pour faire des choix responsables et ainsi éviter les comportements sexuels à risque, les grossesses imprévues et les ITS, y compris le VIH et le sida.Note de bas de page 178. Même s'il est généralement reconnu, au Canada, que certains problèmes de santé sont propres aux minorités sexuelles, des efforts supplémentaires devraient être déployés afin de fournir les programmes et les services appropriés.

En continuant d'investir dans les initiatives qui favorisent l'éducation, la formation, l'emploi, la planification de carrière et le perfectionnement des compétences, on peut aider les jeunes à franchir sainement les différentes étapes de la vie. L'éducation constitue l'un des plus importants investissements que l'on puisse faire dans la vie des jeunes et des jeunes adultes, puisque l'école est, pour eux, une période de transition importante et enrichissante. En effet, ceux-ci passent une grande partie de leur vie à l'école, et l'expérience qu'ils y acquièrent influence grandement leur santé et leur développement social et émotif. L'école leur offre des possibilités d'apprendre, de s'épanouir et de vivre des expériences qui, si elles sont positives, peuvent leur assurer une bonne santé et un bien-être général tout au long de leur vieNote de bas de page 47. L'éducation peut également avoir une incidence sur la santé des jeunes adultes, y compris sur leur avenir financier, les emplois qui leur sont offerts, leur intégration sociale et leur participation à la sociétéNote de bas de page 37.

Les jeunes ont besoin, jusqu'à l'âge adulte, d'être appuyés et entourés de soins attentifs pour favoriser leur sain développement et préserver leur santé physique et mentale. C'est pourquoi il est important de bien cerner et d'examiner tous les milieux sociaux et les réseaux de soutien qui sont susceptibles d'avoir une incidence sur leur santé. En effet, les jeunes et les jeunes adultes subissent l'influence de leur famille mais aussi celle de nombreux réseaux sociaux (par exemple, les pairs, l'école, le milieu de travail et les médias sociaux). Sachant que ces réseaux sont appelés à jouer un rôle déterminant dans la vie des jeunes au Canada, il serait pertinent de suivre de près l'influence que ceux-ci peuvent avoir sur les comportements et même de trouver des façons de les utiliser afin de promouvoir des comportements sains.

Les jeunes au Canada forment un segment de la population de plus en plus diversifié, et le parcours qu'ils suivent de l'enfance à l'âge adulte varie considérablement. Cela dit, certains sont prédisposés à des problèmes de santé et peuvent, de ce fait, se heurter à des défis ou des obstacles susceptibles de nuire à leur passage à l'âge adulte. Le Canada doit donc trouver des moyens de préparer tous les jeunes hommes et toutes les jeunes femmes à une saine transition. Il devra, pour ce faire, étudier l'état de santé des jeunes et des jeunes adultes en tenant compte des déterminants de la santé et de leur influence sur la santé, le développement et les transitions de vie. Les Canadiens doivent, tout au long de leur vie, avoir la possibilité de se bâtir et de maintenir une bonne santé physique et mentale.

Résumé

Bien que la trajectoire de vie des jeunes au Canada ait changé au cours des 100 dernières années, la plupart des jeunes et des jeunes adultes vivent en santé et parviennent sans difficulté à assumer leurs rôles et leurs responsabilités d'adulte. Le Canada a amélioré considérablement la santé des jeunes et des jeunes adultes grâce à ses nombreuses mesures et stratégies de promotion de la santé et du bien-être. Malgré toutes ces réussites, il reste et restera toujours des défis à relever, en particulier pour les jeunes et les jeunes adultes vulnérables. Le chapitre 3 s'intéresse à l'état de santé actuel des jeunes et des jeunes adultes au Canada, y compris à leur situation socioéconomique, à leur santé physique et mentale et à leurs comportements en matière de santé.

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