Résumé : Le Rapport de L'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2010

Résumé

Le présent rapport annuel sur l’état de la santé publique au Canada est le troisième à être produit par l’administrateur en chef de la santé publique. Il dresse un portrait de l’état de santé et de bien-être des aînés au Canada et décrit les principaux facteurs qui influent, positivement ou négativement, sur le vieillissement en santé de la population, par exemple, les chutes et les blessures qui en résultent, la santé mentale, les mauvais traitements et la négligence, l’appartenance sociale, les modes de vie sains et les soins et les services. Le rapport met également en lumière les principaux secteurs dans lesquels le Canada peut intervenir en vue d’instaurer des conditions propices à un vieillissement en santé.

Pour un vieillissement en santé : L’expérience du Canada

Étant donné que les individus et les populations vieillissent, les Canadiens ont intérêt à mettre toutes les chances de leur côté pour s’assurer bien vieillir. Vieillir en santé exige des efforts continus pour améliorer et maintenir, par tous les moyens possibles, sa qualité de vie, son autonomie et sa santé physique, mentale et sociale tout au long de sa vie.

Pour favoriser le vieillissement en santé de la population, il faut examiner les facteurs qui ont un effet déterminant sur les aînés, y compris les expériences et les événements survenus plus tôt dans leur vie qui peuvent, avec le temps, influer sur leur santé et leur qualité de vie. Il faut aussi pouvoir compter sur une société qui soutient et valorise la contribution des aînés, favorise la diversité, s’attaque aux inégalités en matière de santé et offre aux Canadiens la possibilité de préserver leur qualité de vie et leur autonomie et de faire des choix sains tout au long de leur vie.

En santé publique, la mise en place d’un modèle basé sur la trajectoire de la vie nous assure que le vieillissement en santé est considéré dans le contexte global de la vie, et non simplement comme un phénomène de fin de vie. Une telle approche aide à mieux cerner et interpréter les tendances en santé et à établir des rapprochements entre le temps, les expériences de vie, l’exposition à un ou plusieurs facteurs et les répercussions que tout cela entraîne, plus tard, sur la santé. Ce faisant, elle permet de planifier des interventions, des politiques et des programmes adaptés aux diverses étapes de la vie.

En examinant brièvement certains des nombreux succès et défis que le Canada a connus dans ses précédentes démarches pour favoriser un vieillissement en santé, on constate que les efforts déployés jusqu’ici ont eu, au fil du temps, un effet positif sur la santé des aînés. Ce recul historique permet également de mettre en lumière d’autres grands défis que l’avenir nous réserve, par exemple, l’adoption de plus en plus répandue de comportements malsains et la prévalence des maladies chroniques. L’accroissement de la population vieillissante rendra inévitable la nécessité de trouver et d’intégrer des façons de surmonter ces défis et de favoriser un vieillissement sain. Pour y arriver, il doit être clairement établi, dans l’esprit de tous, que le vieillissement en santé ne touche pas uniquement les aînés, mais bien tous les groupes d’âge et toutes les générations. Si l’on veut encourager la population canadienne à rester en santé le plus longtemps possible, il faut lui donner les moyens de se bâtir et de maintenir une bonne santé physique, mentale et sociale, et ce, aux différents moments de sa vie.

La santé et le bien-être des aînés au Canada

Au Canada, la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus est passée de 9 à 14 % entre 1978 et  2008 et devrait atteindre 27 % d’ici 2050. L’espérance de vie des aînés au Canada augmente aussi de façon constante. En 2006, les personnes qui atteignaient 65 ans pouvaient s’attendre à vivre encore une vingtaine d’années. L’espérance de vie des Autochtones, toutefois, ne s’accroît pas au même rythme que celle des autres Canadiens et, dans l’ensemble de la population, les femmes continuent de vivre plus longtemps que les hommes. En 2006, les trois principales causes de décès chez les aînés étaient les maladies de l’appareil circulatoire, les cancers et les maladies de l’appareil respiratoires. Les décès à la suite de blessures représentaient des cas moins fréquents; cependant, 41 % de ces décès survenaient à la suite d’une chute.

En 2009, on notait une très grande prévalence des problèmes de santé chronique chez les aînés : 89 % d’entre eux présentaient au moins un problème de santé chronique et bon nombre souffraient de problèmes multiples. En effet, une personne sur quatre, chez les 65 à 79 ans, et plus d’une personne sur trois, chez les 80 ans et plus, disaient atteint d’au moins quatre problèmes de santé chroniques, que ce soit l’arthrite ou le rhumatisme, l’hypertension artérielle, le diabète, les cardiopathies, les cancers, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer, les cataractes, le glaucome, les troubles de l’humeur et les troubles anxieux.

Au Canada, les chutes sont la principale cause de blessures chez les aînés. On estime en effet qu’une personne sur trois, chez les aînés, est susceptible de faire au moins une chute au cours de l’année, notamment en raison de maladies chroniques ou aiguës, de problèmes de mobilité, de manque d’équilibre, de prise de médicaments ou de troubles cognitifs. Bien que la majorité finissent par se remettre de leurs blessures, bon nombre d’entre elles ne récupèrent jamais complètement; elles peuvent éprouver des douleurs chroniques, se retrouver avec des capacités fonctionnelles réduites, être contraintes de limiter leurs activités, devoir être placées en établissement et peuvent même en mourir.

La santé des aînés peut aussi être compromise par les problèmes de poids. Comme c’est le cas à tout âge, l’obésité prédispose à des problèmes de santé. En 2008, 29 % des aînés étaient considérés comme obèses, et ce taux ne cesse d’augmenter. À l’opposé, un poids insuffisant peut aussi être néfaste pour la santé et entraîner des problèmes allant de la malnutrition et l’ostéoporose au décès.

Les comportements individuels jouent également un rôle important dans la santé des aînés. Par exemple, faire de l’activité physique et manger sainement peut aider à prévenir les maladies, contribuer au maintien de l’autonomie et être bénéfique pour la santé mentale. Il est donc préoccupant que la majorité des aînés au Canada adoptent un mode de vie sédentaire et ne s’alimentent pas de façon équilibrée. D’autant plus que, même s’ils présentent des taux de tabagisme et de consommation d’alcool plus faibles que les générations plus jeunes, on note toutefois que de 6 à 10 % des aînés consomment de l’alcool de façon excessive.

Par ailleurs, la prise de médicaments peut avoir des effets, tant positifs que négatifs, sur l’état de santé des aînés. Un sondage révèle qu’au Canada plus des trois quarts des aînés vivant dans un ménage privé disent avoir pris au moins un médicament (sur ordonnance ou en vente libre) dans les deux jours précédents et 13 % disent avoir pris au moins cinq médicaments différents. Et les résultats sont encore plus frappants chez les aînés vivant en établissement (97 et 53 % respectivement). Compte tenu de ces taux élevés, il est particulièrement déconcertant d’apprendre qu’environ la moitié des médicaments d’ordonnance ne sont pas pris de façon appropriés, ce qui peut réduire l’efficacité du traitement et mettre en danger la vie des aînés.

Cela dit, la plupart des aînés se disent satisfaits de leur vie en général (97 %) et considèrent avoir une santé mentale très bonne ou excellente (70 %). Cependant, on estime que 20 % des aînés vivant dans la collectivité et de 80 à 90 % des aînés placés en établissement ont un problème de santé mentale. On croit parfois, à tort, que ces problèmes relèvent du vieillissement normal, mais ils débutent souvent en bas âge, à un moment où les expériences et les situations difficiles de la vie peuvent compromettre la santé mentale pour le reste de la vie. De même, les transitions vers la fin de la vie et les problèmes qui surgissent au fil des années peuvent aussi compromettre la santé mentale.

Parmi les problèmes de santé mentale les plus fréquents chez les aînés, on trouve la maladie d’Alzheimer et autres démences, la dépression et le delirium. La démence touche environ 400 000 aînés au Canada, et on prévoit que ce nombre doublera d’ici 30 ans. Les taux de dépression diagnostiquée chez les aînés vivant dans la communauté ont tendance à être plus faibles (de 1 à 5 %) par rapport à ceux chez les aînés vivant dans des établissements de soins de longue durée (de 14 à 42 %). En effet, selon une étude menée récemment, 44 % des aînés au Canada vivant en établissement avaient reçu un diagnostic de dépression ou en présentaient les symptômes sans avoir été diagnostiqués comme tels. Les données révèlent par ailleurs que les femmes âgées sont plus susceptibles que les hommes d’être atteint de dépression ou de développer la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, quoique l’on s’explique mal les raisons de cette différence. Le delirium (aussi appelé « état confusionnel aigu ») est un autre trouble de santé mentale que l’on trouve généralement chez les aînés. Souvent, le delirium passe inaperçu ou est mal diagnostiqué. Bien que le nombre exact de cas de delirium au Canada soit inconnu, on estime que de 32 à 67 % des aînés sont atteints de ce trouble sans en recevoir le diagnostic.

Un faible revenu peut aussi avoir une incidence négative sur la santé. En effet, les aînés à faible revenu n’ont peutêtre pas les moyens de se procurer des aliments nutritifs, de payer leur hypothèque, leur loyer ou leurs factures de services publics ou de faire les travaux d’entretien à leur résidence et peuvent aussi avoir un accès limité aux moyens de transport et aux services de santé non assurés. Au cours des 30 dernières années, le pourcentage d’aînés à faible revenu a considérablement diminué, passant de 29 à 6 % entre 1978 et 2008. L’Étude sur le revenu du Luxembourg considère que le régime de retraite du Canada a sans doute facilité la transition du Canada, d’un pays ayant l’un des plus hauts taux d’aînés à faible revenu, à la fin des années 1980, à un pays affichant l’un des taux les plus faibles au milieu des années 2000. En dépit de ce fait, le taux de faible revenu chez les aînés reste élevé et est même inacceptable dans certains sous-groupes d’aînés, comme les Autochtones et les immigrants, surtout s’ils vivent seuls.

L’appréciation de la vie, les liens d’appartenance sociale et le sentiment d’être productifs et actifs au sein de la collectivité peuvent influer sur le sentiment de bien-être des aînés et, par conséquent, jouer un rôle dans le vieillissement en santé. Les personnes coupées de toute vie sociale peuvent souffrir de solitude et d’isolement et n’éprouver aucun sentiment d’appartenance. En 2003, plus de 60 % des aînés se disant profondément liés à leur collectivité se considéraient également en bonne santé.

Les situations de la vie courante, comme les conditions de logement, la mise à la retraite et la proximité de la famille, peuvent agir sur le sentiment d’appartenance des aînés. Ceux qui établissent des relations par le bénévolat ou par un engagement au sein d’un organisme, par exemple, renforcent leur sentiment d’appartenance et se sentent plus utiles à la société. En 2007, plus du tiers des aînés ont participé à des activités de bénévolat et y ont consacré, en moyenne, plus d’heures annuellement que tout autre groupe d’âge.

Pour bien des gens, la retraite peut être un changement important dans la vie et peut avoir des effets sur le niveau de vie, les activités quotidiennes et les réseaux sociaux. Les personnes qui se disent en bonne ou en excellente santé au moment de leur retraite ont également indiqué que leur appréciation de la vie avait augmenté après la retraite. Certains Canadiens tardent à prendre leur retraite et d’autres retournent par la suite sur le marché du travail. Au cours des deux dernières décennies, le nombre d’aînés occupant un emploi rémunéré a augmenté, passant de 7 % en 1990 à 11 % en 2009, et il s’agit la plupart du temps des hommes, dans une proportion d’au moins deux contre un.

Tous les Canadiens, peu importe leur âge, comptent à un moment ou à un autre sur leur entourage (famille, amis ou voisins) pour les aider à faire leurs courses ou effectuer d’autres tâches quotidiennes. En 2003, 29 % des aînés de 75 ans et plus ont dit avoir obtenu une aide extérieure pour leurs déplacements ou pour faire leurs courses. Cependant, les aînés ne font pas que recevoir de l’aide et des soins, bon nombre en fournissent aussi. En 2007, des aidants âgés de 45 ans et plus apportaient leur aide, gratuitement ou de façon non officielle, à un aîné souffrant d’un problème de santé chronique ou d’une limitation physique, 16 % des aidants était des aînés âgés de 65 à 74 ans et 8 % de ceux âgés de 75 ans et plus.

Afin d’être en mesure de maintenir et d’améliorer leur santé et leur bien-être, tous les Canadiens doivent pouvoir recevoir des soins et des services adéquats. Les aînés ont accès à une gamme diversifiée de ressources et de soutien, comme les soins médicaux, les soins à domicile et les soutiens sociaux. En 2003, 15 % des ménages composés d’aînés ont déclaré avoir reçu des soins officiels ou non officiels. Les aînés qui requièrent des soins continus ne pouvant être fournis à domicile sont plus susceptibles d’être confiés à un établissement de soins de longue durée.

L’accès aux soins et aux services dépend de la disponibilité des ressources et de l’information en matière de santé, du niveau de connaissance des aînés quant aux services offerts par la collectivité et de leur propension à se renseigner à ce sujet. À cela s’ajoutent les problèmes de transport (et les frais qui y sont rattachés), la réduction de la mobilité et les contraintes économiques associées, par exemple, à l’achat de médicaments d’ordonnance ou d’aides fonctionnelles. Et la situation peut se compliquer encore davantage pour les Autochtones, les minorités visibles et les nouveaux arrivants au Canada, notamment en raison de valeurs culturelles divergentes ou de barrières linguistiques.

Autre question à considérer : la littératie en santé. Pour pouvoir gérer leurs problèmes de santé, chroniques ou autres, et choisir des modes de vie sains, les aînés doivent être capables de lire et de déchiffrer les étiquettes nutritionnelles, de respecter la posologie de leur médication et de comprendre les directives et les renseignements en matière de santé. Cela dit, il est particulièrement inquiétant que seulement un adulte de plus de 65 ans sur huit possède la littératie en santé requises pour prendre des décisions élémentaires concernant sa santé.

Enfin, l’exploitation financière, les mauvais traitements et la négligence de nature physique et psychologique peuvent avoir un effet déterminant sur le bien-être des aînés. On rapporte en effet que les victimes de mauvais traitements présentent souvent des taux plus élevés de dépression et d’anxiété. S’il est difficile de quantifier exactement dans quelle mesure ce problème existe au Canada, les données indiquent que de 4 à 10 % des aînés ont vécu une ou plusieurs formes de violence ou de négligence commises par un mandataire ou par une personne de confiance. Les femmes, les personnes de santé fragile et celles atteint d’une déficience cognitive ou physique, entre autres, sont plus susceptibles de subir des mauvais traitements ou d’être victimes de négligence. Et le risque s’accentue dans les cas de handicaps ou de maladies physiques qui engendrent une dépendance et le besoin de recevoir des soins supplémentaires.


Créer les conditions propices à un vieillissement en santé

La prévention des maladies et la promouvoir de la santé peuvent être favorisées au moyen d’initiatives et d’interventions destinées à tous les groupes d’âge. Pour s’attaquer aux secteurs névralgiques mis en lumière dans le présent rapport – les chutes et les blessures qui en résultent, la santé mentale, les mauvais traitements et la négligence, l’appartenance sociale, les modes de vie sains, les soins et les services –, il faut étudier de près les pratiques, les stratégies et les approches exemplaires qui se sont révélées efficaces et qui mettent en évidence les secteurs où le travail reste inachevé. Il est également primordial d’examiner les conditions propices à un vieillissement en santé, comme la satisfaction des besoins fondamentaux et la création de collectivités ou de milieux amis des aînés.

Vieillir en santé nécessite d’abord un revenu adéquat et, partant de ce fait, le Canada est parvenu à réduire la pauvreté des aînés en grande partie grâce à des régimes de pensions et de vastes programmes gouvernementaux de soutien au revenu. Cependant, il y a encore à faire pour aider les aînés dont le revenu net se situe sous le seuil de faible revenu. Les aînés peuvent devenir excessivement vulnérables s’il n’est pas possible de satisfaire leurs besoins fondamentaux, surtout pendant ou après une situation d’urgence. Mais pendant les urgences, ils peuvent aussi devenir une ressource en étant bénévoles ou aidants et en mettant leurs compétences et leurs connaissances à profit pour prendre soin d’autres personnes. Le Canada a d’ailleurs entrepris des travaux multidisciplinaires pour évaluer la vulnérabilité des aînés dans les moments de crise, mais aussi pour examiner le rôle qu’ils peuvent jouer lorsque ce genre de situation survient.

Avoir la possibilité de vieillir à l’endroit de son choix est un autre aspect important d’un vieillissement en santé. Bien que la majorité des aînés au Canada désirent vivre dans leur résidence, les circonstances peuvent les inciter ou les forcer à déménager. Les programmes d’aide à domicile ou d’adaptation résidentielle permettent toutefois aux aînés à faible revenu de vivre plus longtemps, en toute autonomie, dans leur propre logement. Par ailleurs, les villes-amies des aînés assurent des milieux favorables à un vieillissement en santé. De fait, une ville-amie comprend des éléments destinés à tous les groupes d’âge, sans égard aux capacités fonctionnelles; elle offre notamment une conception universelle, des espaces, des moyens de transport et des logements accessibles, un éventail de possibilités sociales et économiques, un soutien communautaire et un accès à des services de santé appropriés. Le Canada a joué un rôle de premier plan dans la création de milieux amis des aînés et a aussi rédigé un guide destiné aux personnes vivant dans les collectivités rurales et éloignées.

Le présent rapport consacre, par ailleurs, un volet important à la prévention des chutes et des blessures. On y décrit cinq approches qui pourraient contribuer à réduire les chutes, à prévenir les blessures ou à en atténuer les effets sur la santé des aînés : mettre au point des lignes directrices sur la prévention des chutes, concevoir de nouveaux programmes d’information et de sensibilisation à grande échelle, favoriser les comportements et les choix santé, créer des milieux plus sûrs et prévenir les blessures liées aux accidents de la route. Bien que les lignes directrices ne préviennent pas directement les chutes, les pratiques, les normes et les mesures de gestion et d’évaluation peuvent, elles, mener à une stratégie générale de prévention. De même, les programmes de formation et les campagnes de sensibilisation destinés aux médecins, aux citoyens, aux familles et aux aînés, permettent une prise de conscience des risques et des conséquences des chutes et suscitent une meilleure compréhension des bienfaits d’une stratégie de prévention. Certaines mesures ont d’ailleurs fait progresser le travail de prévention, notamment les programmes d’exercices faisant appel à l’équilibre et à la force physique, la sensibilisation à une utilisation appropriée des aides fonctionnelles et l’administration judicieuse des médicaments. La prévention des blessures liées aux accidents de la route nécessite, quant à elle, une sensibilisation aux règles de sécurité routière et une recherche plus poussée pour mieux cerner, analyser et approfondir les questions relatives à la conduite automobile sécuritaire des aînés.

Une santé mentale positive est un aspect important du vieillissement en santé qui devrait être favorisé tout au cours de la vie. Les mesures qui agissent sur les comportements et sur les déterminants socioéconomiques de la santé, à l’instar des collectivités amies, contribuent à l’amélioration du bien-être et de la santé mentale des aînés. La stigmatisation peut avoir des effets néfastes sur la santé et la vie sociale, en particulier sur celles des aînés qui, déjà vulnérables en raison de leur âge, de plus, ont des troubles de santé mentale. Il y aurait donc intérêt à sensibiliser la population aux troubles mentaux et à l’importance de maintenir une bonne santé mentale. Bien que certains programmes canadiens de lutte contre les préjugés s’annoncent prometteurs – c’est le cas notamment de la campagne de lutte contre la stigmatisation et la discrimination que mène depuis peu la Commission de la santé mentale du Canada –, il reste encore beaucoup à faire. La mise en place de réseaux d’échange de connaissances pourrait donner accès à des pratiques exemplaires, à des lignes directrices et à des résultats de recherche en santé mentale et mener, de fil en aiguille, à des interventions ciblées plus efficaces. Ces efforts de sensibilisation gagneraient à être jumelés à une initiative nationale de recherche et d’échange en santé mentale et à des stratégies d’information destinées à l’ensemble de la population canadienne.

Les mauvais traitements et la négligence à l’égard des aînés sont des problèmes insidieux, souvent sous-déclarés. Au Canada, des lois et des politiques, notamment le droit pénal et les lois sur la violence familiale, la protection et la tutelle des adultes, ont été adoptées afin de protéger les aînés contre de tels préjudices. Malgré cela, le problème demeure en raison d’une méconnaissance de ces lois et politiques ou d’une réticence à prendre les mesures qui s’imposent en pareille situation. C’est pourquoi les professionnels de la santé et des services sociaux doivent être mieux outillés pour détecter les signes de mauvais traitements et trouver le soutien adéquat. Il faut aussi renseigner les victimes éventuelles sur leurs droits et sur les mesures mises à leur disposition, puis sensibiliser les familles et le reste de la population à la question des mauvais traitements et de la négligence et au soutien offert en pareil cas. Les programmes d’information et de sensibilisation ciblent un vaste public et ont pour but de faire tomber les stéréotypes et les mythes fondés sur l’âge. Ce travail de sensibilisation pourrait être bonifié par la mise sur pied de réseaux d’information et de connaissances, servant de forum pour cerner les enjeux actuels et les tendances qui se dessinent, élaborer des stratégies et des cadres d’intervention et communiquer l’information et les pratiques exemplaires. Enfin, une approche communautaire cohérente permettrait de recenser les ressources des collectivités, d’en arriver à une compréhension commune de la question et de mettre en place des réseaux de communication et de services.

Il existe un lien direct entre l’appartenance sociale, la santé et le bien-être. C’est pourquoi les initiatives qui visent à enrayer l’isolement social en renforçant le sentiment d’appartenance à la collectivité sont bénéfiques à toutes les étapes de la vie. Le simple fait de se sentir utiles à la société et d’avoir accès à des installations communautaires, des moyens de transport et des activités abordables peut favoriser l’engagement social et aider les aînés à se sentir moins marginalisés. Apprécier les aînés à leur juste valeur, c’est reconnaître la contribution importante qu’ils apportent à la société, notamment par le bénévolat. Le bénévolat a des effets bienfaiteurs sur la santé des aînés, d’abord parce qu’il leur permet de bénéficier des services bénévoles fournis à leur intention par les réseaux de soins non officiels ou d’autres intervenants, mais aussi parce qu’il leur offre l’occasion, à titre d’aidants, de travailler et d’interagir avec les autres et de donner de leur temps. Il faut d’abord s’interroger sur les raisons qui poussent les aînés à devenir bénévoles pour pouvoir les encourager à suivre cette voie, les inciter à demeurer socialement actifs et reconnaître la valeur de leurs contributions. Pour favoriser la participation sociale des aînés, il faut changer les mentalités à l’égard du vieillissement (âgisme). Les initiatives intergénérationnelles qui favorisent les échanges entre les aînés et les jeunes, comme on en voit dans les collectivités inuites, métisses et des Premières nations, véhiculent une meilleure image du vieillissement, car elles valorisent la connaissance et l’expertise des aînés et incitent au respect. Ces initiatives sont souvent gratifiantes pour tous les participants et peuvent apporter un équilibre dans une collectivité.

L'adoption de modes de vie sains peut également aider les aînés à améliorer et à maintenir leur état de santé et de bien-être. Qui dit pratiques de vie saines, dit création des conditions essentielles pour encourager, tout au cours de la vie, les choix et les comportements sains qui favorisent le vieillissement en santé, à savoir : rester actif, avoir une alimentation équilibrée et éviter de fumer ou de consommer de l’alcool en quantités excessives. Le fait d’enseigner aux aînés les bienfaits d’une vie active peut, en outre, contribuer à faire tomber les mythes liés à leur âge et à leurs limitations fonctionnelles. Par ailleurs, les programmes qui encouragent les aînés à se cuisiner de bons petits plats ou à se réunir entre amis autour d’un repas favorisent de meilleures pratiques alimentaires tout en contribuant à améliorer la sociabilité. Généralement, les initiatives qui encouragent les comportements santé, comme les programmes d’activité physique et d’abandon du tabagisme, s’adressent à tous les groupes d’âge, mais il serait profitable qu’elles tiennent davantage compte de la situation et des besoins particuliers des aînés. Adopter de saines habitudes, comme faire de l’activité physique, nécessite un environnement sécuritaire, accueillant, facilement accessible et à peu de frais. La littératie en santé revêt aussi une importance primordiale. Le problème concerne surtout les aînés qui n’ont pas de connaissances suffisantes en santé pour prendre des décisions élémentaires concernant leur santé, pour accéder à l’information pertinente et savoir la déchiffrer. Afin de contrer ce problème, il faudrait favoriser l’apprentissage continu et mettre à contribution un réseau d’intervenants pour s’assurer que les aînés à risque reçoivent et comprennent bien l’information qui leur est destinée et qu’ils s’en servent pour faire des choix santé et accéder aux programmes et aux services.

Un sain vieillissement repose en outre sur la qualité et l’accessibilité des soins et des services. Puisque, au Canada, de nombreux soins sont offerts de façon non officielle, plusieurs mesures ont été prises dans le but d’alléger le fardeau des aidants naturels, notamment en leur donnant droit à des déductions et des crédits d’impôt et la création, entre autres, du programme de l‘Assurance-emploi et prestations de compassion qui, offre un soutien financier à ceux qui doivent quitter temporairement leur travail pour prendre soin d’un membre de la famille ou d’un ami gravement malade et a beaucoup fait pour aider les soignants au moyen de régimes de travail personnalisés. Même si ces mesures visent à promouvoir les soins non officiels et à fournir un soutien aux aidants naturels, on gagnerait, par exemple, à approfondir les connaissances sur les aidants eux-mêmes, sur les conséquences que ce genre de pratique peut avoir sur leur vie et sur celle des bénéficiaires, sur le soutien et l’information dont ils ont besoin pour continuer à jouer ce rôle essentiel et, enfin, sur la qualité des soins qu’ils fournissent s’ils n’ont aucune formation en santé.

Enfin, des lacunes subsistent en ce qui concerne le continuum des soins, et ce, pour toute une gamme de besoins, à partir des soins à domicile jusqu’aux soins palliatifs. Une solution pourrait être d’aménager des logements supervisés à prix abordable où l’on offre des services adaptés aux besoins des aînés, de faciliter l’accès aux soins et aux services ou encore de mieux coordonner la transition entre les types de soins. Dans la recherche de solutions, il faut se rappeler qu’il sera difficile d’en arriver à une stratégie intégrée dans un pays comme le Canada, dont l’environnement administratif se partage entre les compétences fédérales, provinciales et territoriales.

Vers un vieillissement en santé

Vieillir en santé comporte des avantages pour tous les Canadiens. Le Canada est parvenu, dans une certaine mesure, à réunir les conditions propices à un vieillissement en santé et abrite, par conséquent, une population vieillissante épanouie dont l’espérance de vie est l’une des plus élevées au monde. Toutefois, à mesure que le nombre d’aînés augmente, nous devons déterminer comment gérer au mieux nos efforts et nous concentrer sur ce que nous pouvons faire maintenant pour les aînés mais aussi pour les Canadiens de tout âge afin d’améliorer la santé et le bien-être futurs des aînés au Canada.

Pour ce faire, nous devons nous inspirer des mesures en vigueur, puis évaluer les progrès accomplis afin de pouvoir, par la suite, obtenir les résultats escomptés. Il sera aussi nécessaire de comprendre les raisons du succès de certains programmes et initiatives et d’établir des stratégies efficaces pour que la santé des aînés au Canada ne cesse de s’améliorer.

Il existe six grands secteurs dans lesquels le Canada peut intervenir afin de créer des conditions propices à un vieillissement en santé :

  • s’attaquer aux problèmes d’accès aux soins et aux services;
  • améliorer les données et accroître les connaissances sur la santé des aînés;
  • valoriser le rôle des aînés et combattre l’âgisme;
  • cibler les besoins particuliers des aînés dans la promotion de la santé;
  • créer et maintenir un environnement sain et stimulant;
  • concevoir une stratégie globale de prévention des chutes.

Pour réaliser des progrès dans ces domaines, nous devons pouvoir compter sur la collaboration des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et sur la participation de tous les secteurs de la société canadienne. Ne pas agir pourrait avoir des conséquences regrettables pour tous les Canadiens à mesure qu’ils vieillissent. En tant que société, nous pouvons continuer sur notre lancée et demeurer un chef de file en matière de santé des aînés et de vieillissement en santé afin que tous les Canadiens puissent maintenir leur état de bien-être et leur qualité de vie à mesure qu’ils vieillissent.

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