ARCHIVÉ - Recommandations Relatives au Programme de Vaccination Contre le Virus du Papillome

 

9. Questions de recherche

De nombreuses questions soulevées par les participants à l'atelier national sur les priorités de recherche concernant le VPH à Québec, en novembre 2005, demeurent pertinentes et sont restées sans réponse(75). Bien qu'il importe de ne pas retarder la vaccination systématique contre le VPH, il faut combler les lacunes dans les données de recherche. Des priorités de recherche similaires ont été établies par le CCNI dans sa déclaration de février 2007 sur le VPH(2).

9.1 Recherche fondamentale

Il est nécessaire d'avoir accès à des données de base sur la transmission du VPH dans des sous populations (p. ex. Autochtones, sujets immunodéprimés), sur la distribution des types de VPH, ainsi que sur la prévalence, la durée, l'histoire naturelle et les coûts (liés au dépistage, au diagnostic et au traitement) des maladies associées au VPH. Il serait utile de connaître les effets de la migration, de l'origine ethnique, de l'état de santé sous jacent et de l'isolement géographique sur l'efficacité des programmes de prévention primaire et secondaire de même que le fardeau psychosocial que représentent pour des groupes particuliers les états précurseurs détectés.

9.2 Recherche interventionnelle

Il faut examiner d'autres calendriers de vaccination contre le VPH. Comme on a observé durant les essais cliniques que les filles plus jeunes présentaient une réponse immunitaire plus forte au vaccin contre le VPH après 2 doses, des études scientifiques sont actuellement en cours pour examiner un calendrier de vaccination à 2 doses. Un essai clinique dans le cadre duquel 2 doses du vaccin sont administrées aux filles de 9 à 14 ans a débuté en 2007 dans quatre provinces canadiennes. Des données sur l'immunogénicité, l'efficacité réelle et virtuelle à court et à long terme associées à l'administration de deux doses plutôt que trois doses du vaccin seront disponibles dans quelques années.

La possibilité d'administrer le vaccin contre le VPH sur une plus longue période pourrait également être explorée. Voici une solution possible : 2 premières doses administrées à 6 mois d'intervalle à l'école primaire et la troisième dose à l'école secondaire, au besoin. Les arguments à l'appui de cette proposition peuvent être classés en deux catégories : immunologiques et opérationnels.

  1. Arguments immunologiques
    • Il est bien établi que l'espacement des doses produit en général des titres d'anticorps plus élevés. Ce phénomène a été bien démontré pour le vaccin recombinant contre l'hépatite B(77). De plus, il n'y a aucune justification rigoureuse à l'appui des calendriers de vaccination aux mois 0, 1, 6 et 0, 2, 6 proposés par les fabricants;
    • L'administration d'une dose de rattrapage après 5 ans produit des titres moyens géométriques très élevés, beaucoup plus élevés que ceux induits après la primovaccination. Ce phénomène a été observé dans le cas des vaccins contre l'hépatite B (cohortes du Québec)(78,79) et des vaccins contre le VPH(19). En ce qui concerne le VPH, si l'objectif est d'assurer une protection maximale avant le début de l'activité sexuelle, l'administration d'une telle dose à l'école secondaire semble bien justifiée, compte tenu des données actuellement disponibles. L'absence de données sur la durée de la protection conférée par les vaccins contre le VPH apporte un argument supplémentaire, car ce calendrier produira les titres les plus élevés lors de la dernière vaccination en milieu scolaire.
  2. Arguments opérationnels
    • La vaccination à l'école primaire permet d'obtenir des taux de couverture vaccinale très élevés moyennant des coûts d'administration relativement faibles. C'est le meilleur moment d'administrer le vaccin, à cause de la qualité de la réponse immunitaire et parce qu'il est efficient de conjuguer ce programme à d'autres programmes en milieu scolaire. Certaines provinces offrent déjà un programme comportant l'administration de 2 doses de vaccin contre l'hépatite B. L'introduction dans un proche avenir d'un calendrier à 2 doses contre l'hépatite A et B au moyen d'un vaccin combiné est envisagée dans certaines provinces ou certains territoires. Le vaccin combiné contre l'hépatite A et B et le vaccin contre le VPH pourraient être administrés simultanément, sans qu'il soit nécessaire d'ajouter une troisième séance de vaccination;
    • Si une troisième dose est requise à l'école secondaire, elle pourrait être administrée en même temps que le dcaT, ce qui devrait réduire les coûts connexes et accroître la couverture vaccinale;
    • L'administration de 2 doses à l'école primaire au lieu de 3 rendra probablement la vaccination plus acceptable pour les élèves, les parents et les travailleurs de la santé, tout en réduisant les coûts et en permettant de vacciner des filles plus jeunes avec les mêmes ressources;
    • Ce calendrier suit le calendrier approuvé et ne contrevient pas aux normes existantes concernant les calendriers de vaccination. Le principe de ne pas répéter une série vaccinale ou des doses lorsqu'un laps de temps important s'est écoulé entre les doses est accepté en vaccinologie.

D'autres recherches devraient examiner les conséquences sur le plan de l'innocuité et de l'immunogénicité de l'administration simultanée d'autres vaccins, ainsi que l'innocuité et l'immunogénicité du vaccin durant la grossesse, chez les sujets immunodéprimés, et dans les populations autochtones. L'immunité collective basée sur le taux de couverture de même que l'effet de l'infection naturelle sur les titres d'anticorps chez les personnes vaccinées devraient être documentés. On devrait tenter de comparer l'utilisation et l'efficacité du vaccin bivalent par rapport au vaccin quadrivalent. Autres questions prioritaires : l'impact des programmes de vaccination contre le VPH sur le dépistage du cancer du col utérin, non seulement du point de vue de l'observance et des intervalles de dépistage mais également du point de vue de la sensibilité, de la spécificité et de la valeur prédictive de différents tests.

9.3 Recherche sur la mise en œuvre d'un programme

L'effet potentiel d'un programme d'immunisation sur le comportement sexuel, les programmes de dépistage du cancer du col utérin et les services de santé doit être examiné. La mesure périodique des connaissances, des attitudes et des croyances des professionnels de la santé et de la population en général relativement à la vaccination contre le VPH constitue une priorité de recherche. Il faut mettre au point des façons créatives d'accroître l'accès des femmes au vaccin contre le VPH. Enfin, en raison des risques, le fardeau de la maladie et les répercussions de l'infection liée au VPH peuvent différer dans certains sous groupes, tels que les immigrants et les populations autochtones, des recherches doivent être effectuées pour s'assurer que le programme de vaccination systématique contre le VPH répond bien aux besoins de ces sous populations.

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