ARCHIVÉ - Recommandations Relatives au Programme de Vaccination Contre le Virus du Papillome

 

6. Acceptabilité de la vaccination contre le VPH

6.1 Études internationales

La plupart des études publiées mettent l'accent sur le faible niveau de connaissance du VPH dans la population, notamment en ce qui concerne sa prévalence et ses liens avec le cancer du col utérin(44-52). Malgré ce manque de connaissance, la population s'intéresse grandement aux vaccins contre le VPH. Un grand nombre d'adolescentes et de jeunes femmes ont l'intention de se faire vacciner contre le VPH(49,50,53-61), et ce désir est manifeste également chez les parents de jeunes adolescentes(45,46,52-55,61-65).

Plusieurs facteurs influent sur les attitudes à l'égard de la vaccination contre le VPH. Parmi les principales questions qui retiennent l'attention figurent l'efficacité et l'innocuité du vaccin; le risque et la gravité perçus de la maladie; la recommandation par un médecin; et dans le cas des dispensateurs de soins, la recommandation par des ordres professionnels. Les dispensateurs de soins sont ceux qui sont le plus susceptibles d'influencer les décisions des parents concernant la vaccination. Ils constituent également, pour la population générale, la principale source d'information sur la vaccination contre le VPH.

6.2 Études canadiennes

Dans une étude nationale visant à déterminer l'intention des parents de faire vacciner leurs filles contre le VPH, des parents d'enfants de 8 à 18 ans ont été recrutés dans tout le Canada entre juin 2006 et mars 2007 au moyen d'un système d'appel aléatoire(66). Les participants ont été invités à répondre à une série de questions portant sur un programme de vaccination contre le VPH subventionné par l'État en milieu scolaire destiné aux élèves de la 6e année (âgés de 11 et 12 ans), notamment sur leur intention de faire vacciner leur fille contre le VPH. On a également demandé aux parents des renseignements sur une série de caractéristiques censées prédire l'intention de faire vacciner, notamment leurs attitudes à l'égard de la vaccination, leur perception du rôle du vaccin contre le VPH comme facteur pouvant influencer le comportement sexuel, les normes sociales, la réception de vaccins durant l'enfance, les connaissances relatives au VPH et au cancer du col de l'utérus de même que les caractéristiques démographiques. Une analyse de régression logistique descendante a été effectuée pour calculer les rapports de cotes (RC) ajustés en vue d'identifier les facteurs qui prédisent l'intention des parents de faire vacciner leur(s) fille(s) contre le VPH.

Sur les 1350 répondants, plus de 70 % des parents au Canada (73,8 % intervalle de confiance [IC] à 95 % : 71,9 à,75,7 %) ont indiqué qu'ils avaient l'intention de faire vacciner leur(s) fille(s) contre le VPH. Il ressort d'une analyse brute des données pour tout le pays que l'intention de faire vacciner son enfant variait selon la région de résidence, allant de 62,8 % (IC à 95 % 60,2 à 65,4 %) en Colombie Britannique à 82,6 % (IC à 95 % 80,6 à 84,6 %) dans les provinces de l'Atlantique (p < 0,01). Dans des modèles à plusieurs variables, les parents qui affichaient des attitudes positives à l'égard des vaccins (RC = 9,9, IC à 95 % : 4 ,7-21,1), les parents qui étaient influencés par des normes subjectives (RC = 9,2, IC à 95 % : 6,6-12,9), les parents qui estimaient que le vaccin avait une influence limitée sur le comportement sexuel (RC = 3,2, IC à 95 % : 2,2-4,6), et les parents qui pensaient connaître quelqu'un qui risquait de développer un cancer du col utérin (RC = 1,5, IC à 95 % : 1,1-2,1) étaient plus nombreux à avoir l'intention de faire vacciner leurs filles contre le VPH. Moins de parents âgés que de parents jeunes (RC = 0,6, IC à 95 % : 0,5-0,8) et moins de parents résidant en Colombie Britannique que de parents vivant dans les provinces de l'Atlantique (RC = 0,5, IC à 95 % : 0,3-0,9) avaient l'intention de faire vacciner leurs filles.

Le plus important prédicteur de l'intention des parents de faire vacciner leur enfant était le construit psychologique évaluant les attitudes des parents à l'égard des vaccins en général et du vaccin contre le VPH en particulier. Ce construit tenait compte des aspects tels que l'innocuité et l'efficacité du vaccin contre le VPH de même que des attitudes générales face aux vaccins. Les recommandations concernant la vaccination contre le VPH faites par les professionnels de la santé, la famille et les amis et les dirigeants communautaires, et les médecins en particulier, étaient aussi d'importants prédicteurs de l'intention des parents de faire vacciner leur enfant contre le VPH. Dans cette étude, le milieu culturel, les croyances religieuses, les affiliations religieuses particulières et le niveau de scolarité n'étaient pas des prédicteurs de l'intention des parents de faire vacciner leurs filles.

Entre mai et novembre 2006, un questionnaire anonyme auto administré a été posté à tous les obstétriciens/gynécologues (OBS/GYN) et les pédiatres (PED) et à un échantillon aléatoire de médecins de famille (MF) en Colombie Britannique, au Québec et en Nouvelle Écosse (1268 répondants, taux de réponse de 50,2 %)[68]. Dans l'ensemble, 28 % des médecins ont obtenu un score d'au moins 6 à 9 aux questions sur les connaissances. Les scores moyens des OBS/GYN (5,6) étaient plus élevés que ceux des MF (3,8) ou des PED (3,2). Toutefois, la plupart avaient l'intention de recommander le vaccin contre le VPH; 95 % estimaient que le vaccin devrait être administré avant le début de l'activité sexuelle et 80 % considéraient que le meilleur âge pour la vaccination était avant 14 ans. En général, 88 % des médecins canadiens interrogés ont l'intention de recommander le vaccin si celui ci est subventionné par l'État et 84 % si les patients doivent payer.


*La norme subjective correspond aux perceptions de l'opinion d'autres personnes importantes concernant le comportement à adopter et à la motivation de se conformer à ces opinions(67).

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