ARCHIVÉ : Rapport sur les infections transmissibles sexuellement au Canada : 2008 – Gonorrhoeae (Neisseria gonorrhoeae)

 

Gonorrhée (Neisseria gonorrhoeae)

La gonorrhée, une infection causée par Neisseria gonorrhoeae, est une maladie à déclaration obligatoire depuis 1924 et demeure la deuxième infection bactérienne transmise sexuellement la plus courante au Canada. Lorsqu’elle n’est pas traitée, elle peut entraîner des problèmes de santé pour les deux sexes, mais les conséquences les plus graves se retrouvent chez les femmes. Une des complications les plus graves et les plus communes chez les femmes est l’atteinte inflammatoire pelvienne, qui peut entraîner des douleurs abdominales chroniques, la stérilité et une grossesse ectopique. Chez les hommes, l’infection non traitée peut entraîner une épididymite et, rarement, la stérilité. Bien que le phénomène soit peu fréquent, la gonorrhée peut se propager dans la circulation sanguine et les articulations3. Comme les autres ITS non ulcéreuses, la gonorrhée peut accroître la concentration dans le tractus génital de cellules inflammatoires qui peuvent être ciblées par le VIH, et augmenter l’excrétion de cellules infectées au VIH, d’où un risque accru de contracter ou de transmettre l’infection au VIH2b.

Alors que les taux signalés d’infections par gonorrhée au Canada sont en progression constante chez les deux sexes, plus récemment, au cours des dernières années, l’augmentation a été observée surtout chez les femmes.

  • De 1991 à 1997, les taux d’infection gonococcique chez les hommes et les femmes ont diminué considérablement; après 1997, les taux de chacun des deux sexes ont augmenté graduellement jusqu’en 2008 (figure 5).
  • En 2008, 12 723 cas d’infection gonococciques ont été signalés à l’échelle nationale, ce qui correspond à un taux de 38,2 par 100 000 (figure 5). Le taux sur l’ensemble a augmenté de 116,5 % depuis 1999 (17,6 par 100 000).
  • De 1999 à 2008, les taux signalés chez les deux sexes ont augmenté. Les taux chez les hommes ont augmenté de 95,1 % (de 22,0 à 42,9 par 100 000) et chez les femmes de 151,1 % (de 13,3 à 33,5 par 100 000) (figure 5).
  • Plus récemment, le taux déclaré s’est stabilisé chez les hommes, alors que l’augmentation se poursuivait chez les femmes. De 2007 à 2008, le taux signalé a augmenté de 1,4 % chez les hommes et de 12,2 % chez les femmes.

Figure 5 : Taux signalés de Gonorrhée par sexe et sur l’ensemble, de 1991 à 2008, Canada

Figure 5 : Taux signalés de Gonorrhée par sexe et sur l’ensemble, de 1991 à 2008, Canada

 

Équivalent texte, Figure 5

Taux signalés de gonorrhée par sexe et sur l’ensemble, de 1991 à 2008, Canada

De 1991 à 1997, les taux signalés de gonorrhée ont diminué dans l’ensemble chez les hommes et chez les femmes. Entre 1999 et 2008, les taux signalés de gonorrhée ont augmenté chez les hommes et chez les femmes par 95,1% et 151,1% respectivement. Globalement, le taux signalé d’infection était plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

 

 

Les taux signalés de gonococcies en 2008 ont été plus élevés chez les jeunes.

  • Les personnes de moins de 30 ans représentaient la majorité (71,5 %) des cas signalés en 2008. Cette donnée contraste avec celle de la syphilis infectieuse, selon laquelle le même groupe d’âge ne représentait que 26,3 % des cas signalés.
  • Les taux les plus élevés d’infections gonococciques déclarées chez les femmes étaient observés chez les 15 à 19 ans (186,6 par 100 000) et les 20 à 24 ans (166,3 par 100 000) (figure 6). Les taux les plus élevés chez les hommes étaient observés chez les 20 à 24 ans (165,4 par 100 000), puis chez les 25 à 29 ans (122,5 par 100 000) (figure 6).

Figure 6 : Taux signalés de gonorrhée par sexe et groupe d’âge, 2008, Canada

Figure 6 : Taux signalés de Gonorrhée par sexe et groupe d’âge, 2008, Canada

 

Équivalent texte, Figure 6

Taux signalés de gonorrhée par sexe et groupe d’âge, 2008, Canada

En 2008, 71,5% des cas de gonorrhée ont été observés chez les sujets âgés de moins de 30 ans. Chez les femmes, les taux signalés étaient plus élevés dans le groupe des 15 à 19 ans, suivi du groupe des 20 à 24 ans. Chez les hommes, les taux signalés étaient plus élevés dans le groupe des 20 à 24 ans, suivi du groupe des 25 à 29 ans.

 

 

Les taux signalés de gonococcies ont augmenté de façon constante chez les groupes d’âge de 15 ans et plus tant chez les hommes que les femmes.

  • Chez les hommes, l’augmentation absolue la plus importante des taux signalés de gonococcies a été observée chez les 20 à 24 ans (figure 7). Les taux ont augmenté de 70,0 par 100 000 en 1999 à 165,4 par 100 000 en 2008.
  • Bien que les taux signalés chez les hommes plus âgés soient demeurés faibles comparés aux autres groupes d’âge, des augmentations importantes ont été observées depuis 1999, particulièrement chez les hommes âgés de 60 et plus. Les taux signalés chez les hommes plus âgés ont augmenté de 99,5 %, passant de 2,0 par 100 000 en 1999 à 4,0 par 100 000 en 2008 (figure 7).

Figure 7 : Taux signalés de Gonorrhée chez les hommes, par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

Figure 7 : Taux signalés de Gonorrhée chez les hommes, par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

 

Équivalent texte, Figure 7

Taux signalés de gonorrhée chez les hommes, par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

Globalement, les taux de gonorrhée ont augmenté chez les hommes. Le taux le plus élevé a été observé dans le groupe des 20 à 24 ans. Le taux a augmenté entre 1999 et 2008, étant passé de 70,0 à 165,4 par 100,000 habitants.

 

 

  • Chez les femmes, l’augmentation absolue des taux les plus élevés d’infections gonococciques déclarées a été observée pour le groupe de femmes de 15 à 19 ans. Le taux a augmenté de 79,5 par 100 000 en 1999 à 186,6 par 100 000 en 2008 (figure 8).

Figure 8 : Taux signalés de gonorrhée chez les femmes par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

Figure 8 : Taux signalés de Gonorrhée chez les femmes par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

 

Équivalent texte, Figure 8

Taux signalés de gonorrhée chez les femmes par groupe d’âge, de 1999 à 2008, Canada

Globalement, les taux de gonorrhée ont augmenté chez les femmes. L’augmentation la plus importante des taux signalés a été observée dans le groupe des 15 à 19 ans. Le taux a augmenté entre 1999 et 2008, étant passé de 79,5 à 186,6 par 100,000 habitants.

 

 

  • Bien que les taux signalés chez les femmes plus âgées soient demeurés faibles comparés aux autres groupes d’âge, des augmentations importantes ont été observées depuis 1999, particulièrement chez les femmes âgées de 30 à 39. Les taux chez les 30 à 39 ans ont augmenté de 287,4 % (de 7,7 à 29,9 par 100 000) (figure 8).

Bien que les taux signalés aient été plus élevés au Nunavut et dans les Territoires-du-Nord-Ouest, les provinces des Prairies ont connu des augmentations substantielles de 1999 à 2008.

  • En 2008, le nombre le plus élevé de cas de gonorrhée a été signalé en Ontario, suivi de l’Alberta et du Québec (tableau 2). Cependant, les taux signalés étaient les plus élevés dans les Territoires-du-Nord-Ouest et au Nunavut, puis au Manitoba et en Saskatchewan (tableau 2).
  • De 1999 à 2008, la plus importante augmentation de taux signalés s’est produite en Saskatchewan, en hausse de 346,6 % (tableau 2). Si l’augmentation observée à Terre-Neuve et Labrador semble importante à première vue, le nombre total de cas signalés demeure peu élevé (tableau 2).
Tableau 2 : Taux et cas signalés1 de gonorrhée par province/territoire, 1999 et 2008, Canada
Province/territoire Nombre de cas Taux par 100 0003 Écart (%)
1999 2008 1999 2008 1999–2008
Canada 5 381 12 723 17,6 38,2 117,0
C.-B. 890 1 484 22,1 33,9 53,4
Alb. 535 2 126 18,1 59,3 227,6
Sask 302 1 334 29,4 131,3 346,6
Man. 510 1 378 44,6 114,1 155,8
Ont. 2 230 3 867 19,4 29,9 54,1
Qc 623 1 655 8,5 21,4 151,8
N.-B. 11 35 1,5 4,7 213,3
N.-É. 63 143 6,7 15,2 126,9
Î.-P.-É. 0 8 0,0 5,7 *
T.-N. 1 14 0,2 2,8 1 300,0
Yn 15 17 48,3 51,3 6,2
T.N.-O. 201 299 296,2 690,8 S.O.
Nt2 S.O. 363 S.O. 1 154,3 S.O.

1 Écart calculé à partir de valeurs non arrondies.

2 Le Nunavut n’est officiellement devenu un territoire qu’en 1999; avant 1999, les données relatives au Nunavut étaient regroupées avec celles des Territoires-du-Nord-Ouest. L’écart pour les T.-N.-O. n’a pas été calculé puisque le taux de 1999 n’est pas comparable avec celui de 2008 étant donné la création du Nunavut.

* L’écart n’est pas quantifiable.

3 Les valeurs en caractères gras indiquent les taux qui se situent au-dessus de la moyenne nationale.

  • En 2008, le rapport national hommes-femmes était de 1,3 : 1, ce qui signifie que plus d’hommes que de femmes ont été infectés par des gonococcies (tableau 3). Toutefois, cette moyenne masque des variations d’une région du pays à l’autre. Dans quatre provinces et territoires (Île-du-Prince-Édouard, Manitoba, Saskatchewan et Yukon), il y a eu plus de cas de signalés chez les femmes que chez les hommes.
Tableau 3 : Rapport hommes-femmes des cas de gonorrhée signalés par province/territoire, 2008, Canada
Province/territoire Rapport de taux hommes-femmes
Canada 1,3 : 1,0
C.-B. 1,8 : 1,0
Alb. 1,3 : 1,0
Sask 0,7 : 1,0
Man. 0,8 : 1,0
Ont. 1,4 : 1,0
Qc 1,8 : 1,0
N.-B. 1,1 : 1,0
N.-É. 1,1 : 1,0
Î.-P.-É. 0,3 : 1,0
T.-N. S.O.
Yn 0,7 : 1,0
T.N.-O. 1,0 : 1,0
Nt 1,0 : 1,0

Résistance aux antimicrobiens

La gonorrhée non compliquée peut être traitée par une seule dose d’antibiotiques administrée par voie orale ou par injection. La difficulté survient lorsque des souches résistantes sont traitées au moyen d’antibiotiques auxquels la bactérie est moins sensible. Lorsque cela se produit, à moins de pouvoir identifier et traiter adéquatement l’organisme résistant, il existe une probabilité accrue de transmission attribuable à l’échec du traitement et de séquelles. La résistance des gonocoques à la pénicilline, à l’érythromycine et à la tétracycline est établie depuis longtemps; la résistance à la ciprofloxacine est apparue plus récemment4-6. Aucun de ces antibiotiques n’est actuellement recommandé comme traitement privilégié dans les Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement1b.

  • Au Canada, la surveillance de la résistance gonococcique s’effectue grâce à une collaboration entre le Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’ASPC et les laboratoires provinciaux et territoriaux.
  • L’envoi au LNM d’isolats de gonocoques qui présentent une sensibilité moindre à au moins un antibiotique est volontaire et n’est pas normalisé à l’échelle nationale.
  • De plus, le passage de la culture aux tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN) a augmenté la difficulté de surveiller la résistance dans la mesure où les spécimens destinés aux tests deviennent moins nombreux.
  • Le LNM évalue la résistance des gonocoques aux antibiotiques suivants : pénicilline, tétracycline, spectinomycine, érythromycine, azithromycine, ciprofloxacine, céfixime et ceftriaxone.
  • D’après les données les plus courantes pour 2007, 30,2 % des souches ont montré de la résistance à la ciprofloxacine, alors que ce taux n’était que 2,4 % en 2003 (figure 9).
  • L’azithromycine fait partie des médicaments soumis à la surveillance, mais moins de 1 % des souches testées montrent de la résistance chaque année.
    • En 2007, 0,2 % des souches ont montré de la résistance à l’azithromycine. Il est à noter que ces souches provenaient de trois provinces et territoires et que dans l’ensemble, leur nombre était faible.

Figure 9 : Sensibilité aux antimicrobiens des souches de Neisseria gonorrhoeae
testées au Canada, de 1999 à 2007

Figure 9 : Sensibilité aux antimicrobiens des souches de Neisseria gonorrhoeae testées au Canada, de 1999 à 2007

 

Équivalent texte, Figure 9

Sensibilité aux antimicrobiens des souches de Neisseria Gonorrhoeae testées au Canada, de 1999 à 2007

La sensibilité aux antimicrobiens de souches Neisseria gonorrhoeae à la pénicilline, la tétracycline, l’érythromycine et la ciprofloxacine a varié entre 1999 et 2007.

 

 

* Les pourcentages sont calculés en utilisant comme dénominateur le nombre de souches de GC testées dans chaque province, à la fois les souches sensibles et les souches résistantes.

Il n’y a pas de souches résistantes à la spectinomycine, la céfixime, et la ceftriaxone.

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