Questions et réponses : Éducation en matière de santé sexuelle à l’intention des jeunes ayant une incapacité physique – Que puis-je faire?
Que puis-je faire pour apporter un soutien aux parents ou aux soignants des jeunes ayant une incapacité physique?
Les familles et les soignants jouent souvent un rôle important dans le fonctionnement quotidien des jeunes ayant une incapacité physique, particulièrement en ce qui concerne leurs soins personnelsNote de bas de page 60. Étant donné leurs contacts fréquents et étroits, les familles et les soignants peuvent aussi constituer des sources importantes de renseignements sur la santé sexuelle pour ces jeunesNote de bas de page 61.
Les familles et les soignants sont d’importants alliés pour apporter un soutien aux jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire en tant qu’êtres sexuels. Cependant, les éducateurs et les autres professionnels devraient être au courant des questions relatives à la confidentialité entourant les préoccupations relatives à la santé sexuelle des jeunes d’âge scolaire.
Avant de faire participer les familles ou les soignants à l’éducation en matière de santé sexuelle des jeunes, il est important de connaître l’avis de ceux-ci au sujet de la participation de leurs parents ou soignants et d’obtenir leur permission. Les jeunes peuvent percevoir l’école comme un endroit où ils peuvent exercer leur autonomie et leur indépendance. Les éducateurs devraient en être au courant et respecter la volonté du jeune en fonction de l’âge et des circonstances individuelles.
Les familles et les soignants des jeunes ayant une incapacité physique font souvent face à de nombreuses difficultés. Il est important de s’assurer qu’ils bénéficient d’un soutien. Les familles et les soignants des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire sont souvent tiraillés, sur le plan tant émotionnel que financier. Ils font face à de nombreuses exigences qui peuvent causer du stress et une tension au sein de l’unité familiale et pour chaque membre de la famille. Ces exigences comprennent notamment les suivantes :
- visites répétées chez les médecins;
- séjours hospitaliers à long terme;
- jours de travail manqués, changement à l’égard de la situation relative à l’emploi, horaire de travail réduit;
- réduction du temps consacré aux amis ou à la famille élargie;
- stress conjugal ou effondrement de la relation;
- longues distances à parcourir pour avoir accès aux services;
- fardeaux financiers supplémentaires pour les dépenses, le matériel et les fournitures médicauxNote de bas de page 62.
Des recherches ont permis de relever neuf caractéristiques de la résilience chez les familles ayant des enfants ayant une incapacité physique. Ces familles :
- équilibrent les besoins d’un jeune ayant une incapacité physique avec d’autres besoins familiaux;
- maintiennent des limites familiales claires;
- acquièrent des compétences en matière de communication;
- donnent un sens positif à la situation;
- maintiennent une flexibilité familiale;
- maintiennent un engagement envers la famille en tant qu’unité;
- déploient des efforts actifs au moment de composer avec la situation;
- maintiennent une intégration sociale;
- établissent des relations de collaboration avec des professionnelsNote de bas de page 63.
On peut apporter un soutien aux parents et aux soignants en les orientant vers les groupes de soutien et les ressources communautaires permettant de les aider à favoriser un développement sexuel sain chez les jeunes ayant une incapacité physique.
Éduquer tous les parents pourrait aider à établir un milieu scolaire inclusif pour leurs enfants. Par exemple, fournir des renseignements sur les incapacités physiques à tous les parents à l’école les aidera à inculquer des valeurs et attitudes inclusives chez tous les élèves.
Tous les jeunes requièrent un soutien, de l’acceptation, de la compréhension et de la compassion de la part de leur famille pour qu’ils puissent se développer sainement. Le fait d’être au courant des difficultés auxquelles font face les familles de jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire et de leur fournir un accès à des ressources qui renforcent la résilience des jeunes et des membres de leur famille permettra aux familles de soutenir la santé et la sexualité de leurs enfants.
Comment puis-je aider à renforcer la résilience des jeunes ayant une incapacité physique?
Résilience : Capacité de composer positivement avec le stress et de le gérer,
puis de « retourner » à un état antérieur
de fonctionnement normal et d’intégrer
des mesures d’adaptation en vue de
futures situations64.
La résilience requiert une façon de penser ou des compétences qui permettent aux gens de réussir dans diverses circonstances. Cela peut être lié à la santé sexuelle, mais n’y est pas limité. Cet ensemble de compétences et d’approches à l’égard de la résolution de problèmes établit un éventail de facteurs de protection contre les comportements compromettant la santé ou les stratégies d’adaptation destructrices.
Des recherches canadiennes ont permis de relever les caractéristiques clés suivantes chez les jeunes résilients :
- accès à des ressources de base telles que la nourriture, les vêtements, l’hébergement, l’éducation et les services de santé;
- possibilité de relations positives avec la famille, les pairs et la collectivité;
- identité personnelle forte, y compris un but bien précis, des aspirations et des croyances;
- sentiment interne fort de contrôle et d’autonomie personnelle;
- respect des traditions culturelles, y compris les valeurs et les pratiques culturelles;
- acceptation et égalité sociale dans la collectivité;
- sentiment de cohésion avec les autres personnes, c’est-à-dire des sentiments d’appartenance ou un sens des responsabilités socialesNote de bas de page 65.
Les éducateurs et les autres professionnels peuvent faire plusieurs choses importantes pour favoriser la résilience chez les jeunes ayant une incapacité physique:
- aider les jeunes à établir des relations avec des pairs et des modèles peut créer des réseaux de soutien pour les jeunes ayant une incapacité physique et mener à une meilleure estime de soi et à une confiance en soi accrue;
- fournir des milieux qui sont respectueux, qui comprennent des attentes saines et qui reconnaissent les réalisations des jeunes ayant une incapacité physique peut également mener à une meilleure estime de soi et à une confiance en soi accrue;
- soutenir un milieu scolaire qui est pleinement accessible aux jeunes ayant une incapacité physique peut leur fournir davantage d’occasions de socialiser avec leurs pairs, réduire la probabilité d’exclusion sociale et accroître le sentiment d’appartenance pour ces jeunes. Par exemple, cela pourrait inclure le fait de rendre les vestiaires, les douches et les toilettes communes accessibles aux jeunes ayant une incapacité physique. Lorsque leur participation à des activités avec leurs camarades est régulièrement restreinte en raison de limitations environnementales physiques, les élèves ayant une incapacité physique ont peu d’occasions d’établir des relations avec leurs pairs. Cela a par conséquent une incidence négative sur leur confiance en eux-mêmes et leur estime d’eux-mêmes;
- le fait d’inclure des discussions sur les incapacités et la sexualité dans les cours d’éducation en matière de santé sexuelle et de rendre les ressources sur les incapacités et la sexualité disponibles dans les bibliothèques des écoles peut accroître la compréhension chez les jeunes et rassurer les jeunes ayant une incapacité physique sur le fait qu’ils ne sont pas seuls. Par exemple, les éducateurs devraient envisager d’intégrer aux plans de cours des livres ou du matériel qui mettent en vedette un jeune ayant une incapacité au cours d’un rendez-vous galant ou d’une relation sexuelle, pour aborder les préjugés et les mythes au sujet de la sexualité des personnes ayant une incapacité physique.
Les jeunes ayant une incapacité physique qui ont une meilleure estime de soi, qui acceptent mieux leurs incapacités et qui ont de meilleurs liens avec la famille, l’école ou la collectivité sont plus susceptibles d’être résilients et de prendre de saines décisions à l’égard de la sexualité. Les jeunes qui n’ont pas une bonne estime de soi ou un fort sentiment d’appartenance avec les pairs sont plus susceptibles d’adopter des comportements à risque élevé, notamment la toxicomanie et les relations sexuelles risquéesNote de bas de page 66.
En fournissant des systèmes de soutien et en encourageant la compréhension et l’inclusion, les écoles ont la capacité de renforcer la résilience des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire. De telles mesures de soutien pour ces jeunes et leur famille les aideront à avoir une sexualité saine et à être en mesure de composer avec leurs incapacités physiques de façon positive tout au long de leur vie.
Conclusion
Les éducateurs et les autres professionnels travaillant avec les jeunes ayant une incapacité physique ont la responsabilité de s’assurer que les droits et la dignité de ces jeunes sont respectés. Offrir des cours d’éducation en matière de santé sexuelle incluant les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire est essentiel à leur santé et à leur développement en général. Des stratégies axées sur des données probantes, comme celles que l’on trouve dans le présent document, peuvent être utilisées pour créer des milieux positifs pour les jeunes ayant une incapacité physique et pour favoriser les discussions sur les incapacités et la sexualité.
Le fait de ne pas répondre adéquatement aux besoins éducatifs, sociaux, culturels et en matière de santé publique des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire les prive de facteurs de protection et de mesures de soutien clés dans leur vie. Il est important que les jeunes se sentent en sécurité et soutenus et que les écoles et les collectivités répondent à leurs besoins physiques et en matière d’apprentissage. Il est également important de créer un milieu où les jeunes ayant une incapacité physique peuvent apporter leur contribution, être mobilisés et être au service d’autres personnes. En travaillant ensemble, les enseignants, les parents, les soignants et les administrateurs peuvent aider ces jeunes à renforcer leur résilience, à bien se défendre eux-mêmes et à faire des choix sains qui peuvent améliorer leurs chances d’avoir une vie adulte saine, heureuse, productive et satisfaisante.
Les Lignes directrices canadiennes pour l’éducation en matière de santé sexuelle (Lignes directrices) constituent une ressource que les éducateurs, les administrateurs d’école et les professionnels de la santé peuvent utiliser pour évaluer leurs propres programmes d’éducation en matière de santé sexuelle et planifier et mettre en œuvre des cours d’éducation en matière de santé sexuelle qui comprennent les besoins des jeunes ayant une incapacité physique. Les Lignes directrices fournissent également des directives sur la façon de faire le suivi de ces programmes et de les évaluer pour s’assurer qu’ils sont exacts, à jour et fondés sur des données probantes et qu’ils ne reposent pas sur des jugements.
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