Questions et réponses : Éducation en matière de santé sexuelle à l’intention des jeunes ayant une incapacité physique – Que savons-nous?

Que savons-nous au sujet de la sexualité des jeunes ayant une incapacité physique?

Selon Statistique Canada, en 2006, environ 4,6 % des jeunes âgés de 5 à 14 ans et 4,7 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans au Canada vivaient avec une incapacitéNote de bas de page 11. En outre, 96 % des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire fréquentaient l’école et 88,7 % d’entre eux n’étaient pas isolés dans des classes distinctesNote de bas de page 12. Étant donné la prévalence des incapacités chez les jeunes au Canada et l’intégration des jeunes ayant une incapacité physique dans les classes avec des jeunes qui n’ont pas d’incapacités, il est important que tous les éducateurs soient au courant des besoins de ces jeunes et soient équipés pour les inclure dans leur programme d’éducation en matière de santé sexuelle.

Le développement sexuel des jeunes ayant une incapacité physique peut être influencé par leur condition, leurs limitations fonctionnelles ou leurs traitements médicauxNote de bas de page 13. Par exemple les jeunes ayant une incapacité physique peuvent vivre une puberté précoce ou tardive en raison de leur affection ou des médicaments qu’ils prennent pour la combattre. Ils peuvent également éprouver des difficultés liées aux changements hormonaux en raison de leurs limitations fonctionnellesNote de bas de page 14.

Néanmoins, les jeunes ayant une incapacité physique sont sexuellement actifs. Dans une étude sur les jeunes canadiens ayant des problèmes de santé physique chroniques et étant âgés de 14 à 18 ans, 26 % d’entre eux ont déclaré être sexuellement actifsNote de bas de page 15. Les recherches donnent à penser qu’il existe peu de différences entre les taux de comportement sexuel chez les jeunes ayant une incapacité physique et les taux des jeunes qui n’ont pas d’incapacités physiques. Par exemple, une étude sur les expériences sexuelles des adolescents ayant des problèmes de santé chroniques donne à penser qu’il y a peu de différences entre les jeunes qui ont des problèmes de santé chroniques et ceux qui n’en ont pas en ce qui concerne l’âge des premières relations sexuelles (environ 14 ans), la prévalence de l’activité sexuelle (de 43 à 44 %) et l’utilisation d’un moyen de contraception (de 83 à 87 %). De façon semblable, une recherche comparant le taux de grossesse des jeunes qui ont des problèmes de santé chroniques à celui des jeunes qui n’en ont pas donne à penser qu’il y a peu de différences entre ces deux groupesNote de bas de page 16. De plus, une étude sur les jeunes de la 7e à la 12e année a permis de constater que la proportion de jeunes ayant une incapacité physique qui s’identifiaient comme étant non hétérosexuels était semblable à celle des jeunes qui n’ont pas d’incapacités physiquesNote de bas de page 17.

Pourquoi une éducation en matière de santé sexuelle comprenant les jeunes ayant une incapacité physique est-elle nécessaire?

La sexualité constitue une partie importante du bien-être général pour tous les gens, y compris les personnes ayant une incapacité physique. Elle est liée à d’autres aspects de la santé, y compris la santé mentale, la santé émotionnelle et le bien-être social dans le cadre de relations sainesNote de bas de page 18. Tous les Canadiens, y compris les jeunes ayant une incapacité physique, ont droit à des cours d’éducation en matière de santé sexuelle afin d’acquérir les renseignements et les compétences nécessaires pour :

  • réduire le risque lié aux problèmes de santé génésique et sexuelle;
  • renforcer leur capacité d’entretenir des relations enrichissantes;
  • être en bonne santé et éprouver un bien-être, en général.

Les recherches évaluant les répercussions de l’éducation en matière de santé sexuelle indiquent qu’il y a une corrélation entre une telle éducation et un faible risque de grossesse non désirée et d’infections transmissibles sexuellement (ITS) chez les jeunesNote de bas de page 19. Cette éducation donne également lieu à une augmentation des connaissances et des compétences nécessaires pour prendre des décisions au sujet de la sexualitéNote de bas de page 20. Le fait de ne pas offrir de programme d’éducation en matière de santé sexuelle qui comprend les jeunes ayant une incapacité physique fait que ceux-ci sont exposés à des risques plus élevés en ce qui concerne les ITSNote de bas de page 21, le VIH, la violenceNote de bas de page 22, l’exploitation sexuelleNote de bas de page 23, une faible estime de soi, l’isolement socialNote de bas de page 24 et une faible qualité de vie globaleNote de bas de page 25.

Malgré l’importance de l’éducation en matière de santé sexuelle pour la prévention des ITS et d’autres conséquences négatives relatives à la santé sexuelle, des recherches donnent à penser que les besoins en matière de santé sexuelle des jeunes ayant une incapacité physique ne sont pas respectéesNote de bas de page 26.

Une étude sur les jeunes atteints de spina bifida a permis de constater que, bien qu’environ 50 % d’entre eux aient suivi des cours d’éducation en matière de santé sexuelle à l’école, seuls 17 % avaient bénéficié de cours d’éducation en matière de santé sexuelle propres à leur maladieNote de bas de page 27. Une autre étude sur de jeunes femmes atteintes de fibrose kystique a souligné la nécessité d’un programme d’éducation en matière de santé sexuelle inclusif, car les répondantes avaient très peu de connaissances au sujet des risques potentiels associés à la grossesse chez les femmes atteintes de fibrose kystiqueNote de bas de page 28.

De plus, une récente étude canadienne a permis de constater que 55 % des filles et 51 % des garçons âgés de 13 à 18 ans préféreraient obtenir des réponses à leurs questions au sujet de la santé sexuelle de la part de professionnels de la santéNote de bas de page 29. Étant donné le temps que les  jeunes passent à l’école et le fait qu’ils préfèrent que des professionnels soient une source de renseignements sur la santé sexuelle, les éducateurs et les professionnels de la santé sont bien placés pour fournir à tous les jeunes, y compris ceux ayant une incapacité physique, les connaissances, la compréhension, les attitudes et les compétences dont ils ont besoin pour favoriser et protéger leur santé sexuelle tout au long de leur vieNote de bas de page 30.

Quels sont les obstacles à l’éducation en matière de santé sexuelle pour les jeunes ayant une incapacité physique?

Obstacles physiques

Les établissements d’enseignement publics au Canada ont fait des progrès considérables au cours de la dernière décennie pour rendre les édifices accessibles aux personnes ayant une incapacité physique. Cependant, la réduction d’obstacles physiques à l’éducation suppose davantage d’efforts que le simple retrait d’obstacles physiques à un édifice. Elle concerne également le fait de favoriser des milieux d’apprentissage qui valorisent et facilitent la pleine participation des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire et de veiller à ce que les approches en matière d’enseignement soient inclusives. Malgré de récents progrès, les obstacles physiques à l’éducation en matière de santé sexuelle existent toujours pour les jeunes ayant une incapacité physique.

Selon leur état de santé ou la gravité de leur incapacité physique, il se peut que les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire s’absentent de l’école pendant un grand nombre de jours en raison de problèmes de santéNote de bas de page 31. L’absentéisme peut donner lieu au fait que ces jeunes manquent des occasions d’accéder à des cours d’éducation en matière de santé sexuelle et à des interactions sociales avec leurs pairs. Il est important que les éducateurs considèrent les cours de santé sexuelle manqués comme des cours manqués dans d’autres matières et s’assurent qu’on donne aux jeunes absents l’occasion d’apprendre cette matière.

Accessibilité : Mesures permettant de veiller à ce que les personnes ayant une
incapacité aient accès à l’environnement
physique, aux transports, aux technologies
de l’information et de la communication
et aux autres équipements et services
ouverts ou fournis au public33.

Même lorsqu’ils sont présents à l’école, les jeunes ayant une incapacité physique sont souvent exemptés des cours d’éducation physique, dans le cadre desquels l’éducation en matière de santé sexuelle est une matière couramment enseignée. Il est essentiel que les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire soient inclus dans ces classes, même s’ils ne peuvent participer à certaines ou à la totalité des composantes relatives à l’activité physiqueNote de bas de page 32.

Les méthodes d’enseignement peuvent aussi représenter un obstacle physique à l’éducation en matière de santé sexuelle pour les jeunes ayant une incapacité physique. Par exemple, un jeune ayant une incapacité visuelle pourrait trouver que des films ou des images qui illustrent des parties du corps constituent un obstacle à l’apprentissage. De façon semblable, un jeune qui a une incapacité auditive pourrait être exclu d’occasions d’apprentissage lorsque des méthodes d’enseignement traditionnelles (p. ex. cours magistral) sont utilisées avec peu de matériel visuel.

Il est important que les éducateurs soient au courant des besoins en matière d’apprentissage uniques de chaque personne et adaptent leurs méthodes d’enseignement pour répondre à ces besoins.

Obstacles comportementaux

Les attitudes sociétales canadiennes envers les personnes ayant une incapacité sont reflétées dans la Charte des droits et libertés et dans les lois provinciales et territoriales, qui garantissent des droits égaux et la prestation de services pour les personnes ayant une incapacité vivant au Canada. Malgré ces textes officiels, il existe toujours des obstacles comportementaux à l’éducation en matière de santé sexuelle pour les jeunes ayant une incapacité physique. Ces obstacles peuvent limiter les occasions pour ces jeunes d’apprendre et d’améliorer leur bien-être global.

Asexualité : Le fait de ne pas être attiré sexuellement par d’autres
personnes ou de ne pas avoir d’intérêt
envers la sexualité.

Bien que des recherches donnent à penser que les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire sont aussi actifs sur le plan sexuel que les jeunes qui n’ont pas d’incapacités physiques, les pairs, les parents, les éducateurs et d’autres professionnels peut présumer souvent que les jeunes ayant une incapacité physique sont asexués ou qu’ils n’ont pas d’intérêts sexuelsNote de bas de page 34. Cependant, des recherches indiquent que les jeunes ayant une incapacité physique ont bel et bien des intérêts sexuels et qu’ils ont l’intention d’avoir une vie sexuelle.

Par exemple, une étude sur des jeunes atteints de spina bifida a permis de constater que 73,5 % d’entre eux voudraient un jour se marier et que 63,7 % d’entre eux avaient pensé à avoir des enfantsNote de bas de page 35. Une autre étude chez les jeunes femmes atteintes de fibrose kystique a permis de constater que 51 % d’entre elles prévoyaient avoir des enfants dans un avenir rapprochéNote de bas de page 36.

Un manque d’information et d’éducation parmi les parents, les éducateurs et d’autres professionnels à l’égard de la sexualité et des incapacités pourrait contribuer à la formulation de ces hypothèses ainsi qu’à la stigmatisation associée aux personnes ayant une incapacitéNote de bas de page 37. Les jeunes ayant une incapacité physique sont des êtres sexuels et ont besoin de renseignements sur la santé sexuelle pour se protéger des ITS ou d’une grossesse non désirée et pour avoir une santé sexuelle optimale.

Un autre obstacle comportemental à l’éducation en matière de santé sexuelle pour les jeunes ayant une incapacité physique concerne la perception erronée selon laquelle ils ont des incapacités cognitives qui limitent leur capacité de prendre des décisions rationnelles et éclairées en ce qui concerne la sexualité. Il se peut que les éducateurs et d’autres professionnels soient réticents à fournir des renseignements sur la santé sexuelle à des jeunes d’âge scolaire s’ils pensent que ceux-ci pourraient ne pas être capables de les comprendre ou ne seront pas en mesure d’utiliser ces renseignements pour prendre des décisions. Il est important de se rappeler que les jeunes ayant une incapacité physique, comme tous les jeunes, ont le droit d’obtenir des renseignements sur la santé sexuelle pour protéger leur propre santé sexuelle et utiliser ces renseignements au moment de prendre des décisions relatives à la sexualité.

De plus, un examen de la littérature portant sur les attitudes des jeunes d’âge scolaire a permis de constater que ces derniers préfèrent fréquenter des jeunes qui n’ont pas d’incapacités physiques plutôt que ceux qui en ontNote de bas de page 38. Une étude sur des élèves du secondaire a permis de constater que près du quart (21 %) d’entre eux avaient des attitudes allant de négatives à très négatives envers les personnes ayant une incapacitéNote de bas de page 39. Ces attitudes peuvent agir en tant qu’obstacles à l’établissement de relations et à l’acquisition d’aptitudes à communiquer pour les jeunes ayant une incapacité physique pour améliorer leur santé sexuelle.

Les éducateurs peuvent aider à combattre la stigmatisation et à favoriser des attitudes plus positives par l’entremise de l’information, de la communication, des contacts avec d’autres personnes et de leur propre comportement. Les renseignements sur les incapacités et la sexualité peuvent être intégrés à tous les cours d’éducation en matière de santé sexuelle. Pendant ces cours, les éducateurs peuvent fournir des occasions de contacts structurés au moyen d’activités requérant une communication et une coopération, comme les jeux de rôles, la résolution de problèmes ou les activités de groupe.

Obstacles économiques

Pour les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire, des coûts supplémentaires pour- raient constituer un obstacle considérable à leur éducation en matière de santé sexuelle. Selon des données de Statistique Canada recueillies en 2006, moins de la moitié (45,3 %) des jeunes (âgés de 5 à 14 ans) qui ont besoin d’équipement spécialisé pour fonctionner (p. ex. pour entendre, voir, marcher ou parler) avaient accès à cet équipement. Près de la moitié (46,7 %) des jeunes dont les besoins n’étaient pas comblés avaient une incapacité très grave. Le fardeau lié au paiement de cet équipement reposait la plupart du temps sur les parents et la famille (60,7 %). Le coût constituait la raison la plus courante citée pour les besoins insatisfaits (56,1 %) Note de bas de page 40 .

L’absence de cet équipement empêche pratiquement les jeunes ayant une incapacité physique de participer à leur éducation. Dans ces cas, il est plus important pour les éducateurs et les autres professionnels donnant les cours d’éducation en matière de santé sexuelle de s’assurer que leurs méthodes d’enseignement sont adaptées aux besoins et aux capacités de ces élèves.

Quelles sont les considérations en matière de santé et de sécurité des jeunes ayant une incapacité physique?

Santé mentale

Tous les aspects de la santé d’une personne sont interreliés. Même si ce ne sont pas tous les jeunes ayant une incapacité physique qui recevront un diagnostic clinique de problèmes de santé mentale, il y a un lien fort entre les incapacités physiques et le risque lié aux troubles tels que la dépression ou l’anxiétéNote de bas de page 41.

Bien que les attitudes envers les personnes ayant une incapacité physique se soient améliorées au cours des dernières décennies, ces personnes font encore face à de la discrimination et à une stigmatisation qui peuvent avoir une incidence négative sur leur santé mentale. Il se peut que les personnes ayant une incapacité physique soient isolées et marginalisées en raison de la discrimination et des attitudes négatives. Il se peut également qu’elles intériorisent ces attitudes négatives.

Les expériences liées à la discrimination, à la stigmatisation, au rejet et à l’intériorisation des attitudes négatives pourraient donner lieu à une faible estime de soi, à un faible bien-être émotionnel et à une mauvaise image du corps chez les jeunes ayant une incapacité physiqueNote de bas de page 42. Une étude sur des jeunes ayant des problèmes de santé chroniques, y compris des incapacités physiques, a indiqué que ces jeunes étaient plus susceptibles d’avoir une image du corps négative et d’adopter des comportements nuisibles, comme la frénésie alimentaire ou les vomissements provoqués ou la prise de purgatifs, que les jeunes qui n’ont pas ces problèmes de santéNote de bas de page 43. Une autre étude a permis de constater que le bien-être sexuel et l’image du corps sont davantage associés au bien-être psychologique global chez les personnes ayant une incapacité physique que chez les personnes qui n’ont pas d’incapacités physiquesNote de bas de page 44. Les jeunes ayant une incapacité physique reconnaissent moins leur charme que leurs pairs et ont indiqué avoir des sentiments d’insuffisance socio-affective plus fréquemment que leurs pairsNote de bas de page 45.

Bien-être social

Dans de nombreux cas, le rejet, l’isolement social, la dépression et la consommation d’alcool et de drogues peuvent donner lieu à des résultats sociaux négatifs. Des recherches donnent à penser que les jeunes ayant une incapacité qui fumaient ou consommaient des drogues illicites affichaient des taux plus élevés à l’égard de ce qui suit :

  1. décrocher de l’école secondaire;
  2. ne pas obtenir de diplôme d’études secondaires;
  3. se faire arrêter

que les jeunes qui n’ont pas d’incapacités46. Cela peut par conséquent mener à la perte d’occasions de participer à des cours d’éducation en matière de santé sexuelle et d’apprendre dans un milieu formel en compagnie de leurs pairs.

Les jeunes ayant une incapacité physique ne bénéficient souvent pas de réseaux de soutien et de modèles pour composer avec les difficultés et éviter ces résultats négatifs. L’absence de soutien social, en particulier de la part de ceux qui vivent avec une incapacité semblable, pourrait rendre les jeunes ayant une incapacité physique plus vulnérables aux répercussions sociales négatives d’une faible estime de soi, de la consommation d’alcool et de drogues, de la discrimination et de la stigmatisation sur la santé sexuelle.

Exploitation et abus

Les jeunes ayant une incapacité sont trois fois plus susceptibles de se faire abuser que les jeunes qui n’ont pas d’incapacités Note de bas de page 47. Les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire ont souvent des besoins en matière de soins personnels tels que le besoin de se faire aider à l’égard de tâches quotidiennes, comme s’habiller ou se laver. Dans certains cas, les soins personnels assistés peuvent faire que les jeunes ayant une incapacité physique baissent leur garde et tolèrent de se faire toucher Note de bas de page 48. Le relâchement de la vigilance à cet égard pourrait faire que ces jeunes sont moins susceptibles de reconnaître et de refuser des contacts par le toucher inappropriés. Cela peut par conséquent les rendre plus vulnérables à une exploitation et à un abus potentielsNote de bas de page 49.

La différence entre un contact par le toucher approprié et un contact par le toucher inapproprié devrait être enseignée aux jeunes ayant une incapacité physique pour qu’ils puissent acquérir les aptitudes dont ils ont besoin pour se défendre s’ils perçoivent que quelqu’un a franchi cette ligne. De plus, il se peut que les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire aient un besoin accru d’acceptation sociale en raison d’attitudes liées à la stigmatisation des incapacités. Cela pourrait les mener à être de plus en plus vulnérables à l’exploitation.

Autres risques pour la santé

Le fait de ne pas fournir aux jeunes ayant une incapacité physique des renseignements appropriés sur la santé sexuelle contribue à un problème de santé publique considérable. Les jeunes ayant une incapacité physique font face à un risque plus élevé de contracter des infections transmissibles sexuellement, y compris le VIH, que leurs pairs qui n’ont pas d’incapacités physiquesNote de bas de page 50. Un accès restreint à des cours d’éducation en matière de santé sexuelle, un faible niveau d’instruction, la discrimination, une faible estime de soi et la dépression ont tous été liés à des comportements sexuels à risque élevé et à des résultats relatifs à la santé sexuelle négatifs parmi la population généraleNote de bas de page 51 et chez les jeunes ayant une incapacité physiqueNote de bas de page 52. À cela est combiné le fait que certains jeunes ont des affections qui pourraient toucher leur capacité d’utiliser des méthodes de protections courantes telles que les condomsNote de bas de page 53. Par exemple, les personnes atteintes de paralysie cérébrale pourraient ne pas avoir la dextérité nécessaire pour mettre un condom. Celles atteintes de spina bifida ont souvent des allergies au latexNote de bas de page 54.

Que puis-je faire pour soutenir l’éducation en matière de santé sexuelle des jeunes ayant une incapacité physique?

Les suggestions suivantes pour les éducateurs (en milieu scolaire et à l’extérieur), les écoles et la collectivité élargie sont fournies dans le but de stimuler la réflexion et les discussions sur ce que les professionnels de la santé et de l’éducation peuvent faire pour créer un milieu dans lequel l’éducation générale en matière de santé sexuelle est comprenant de tous les jeunes d’âge scolaire.

Personnellement

  • Réfléchir à vos valeurs et attitudes personnelles à l’égard des jeunes ayant une incapacité physique et de la sexualité. Penser à la façon dont ces ensembles de valeurs pourraient influencer la manière dont vous offrez des services et des cours d’éducation en matière de santé sexuelle aux jeunes ayant une incapacité physique.
  • Soutenir une approche axée sur les droits qui lie l’éducation en matière de santé sexuelle aux principes relatifs aux droits de la personne. Tous les partenaires et les intervenants dans le domaine de l’éducation ont le devoir de diligence et la responsabilité professionnelle de faciliter la mise en place de milieux sécuritaires et positifs qui soutiennent la santé de tous les jeunes, y compris ceux ayant une incapacité physique.
  • Soutenir les modifications apportées aux politiques existantes en milieu scolaire et à l’extérieur qui pourraient avoir une incidence négative sur les jeunes ayant une incapacité physique. Par exemple, une politique qui énonce que l’utilisation d’un ascenseur n’est réservée qu’aux personnes ayant une incapacité peut donner lieu à l’isolement social de ces jeunes. Le fait de réviser la politique pour que leurs amis puissent les accompagner peut créer un milieu plus inclusif pour les jeunes ayant une incapacité physique.
  • S’éduquer et demander à avoir des occasions de perfectionnement professionnel liées à la santé sexuelle et aux incapacités physiques.
  • Envisager un partenariat avec les autorités sanitaires locales pour soutenir des programmes d’éducation en matière de santé sexuelle qui incluent les jeunes ayant une incapacité physique. Par exemple, les éducateurs en santé sexuelle, les infirmiers, les ergothérapeutes et les physiothérapeutes aident souvent les écoles à l’égard de l’éducation en matière de santé sexuelle à l’intention des jeunes ayant une incapacité physique.
  • Explorer une façon d’aborder les questions relatives à la sexualité et aux incapacités auprès de vos collègues et de l’administration de l’école.
  • Apprendre à parler ouvertement des relations sexuelles et de la sexualité, y compris la sexualité et les incapacités.
  • S’informer au sujet des ressources disponibles dans les écoles et la collectivité qui permettent d’apporter un soutien aux jeunes, aux familles et aux soignants composant avec des incapacités physiques.
  • Aider les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire à relever les comportements sains et malsains qui pourraient avoir des répercussions sur leur santé sexuelle.
  • Faire la promotion d’espaces sécuritaires dans les écoles en contestant les stéréotypes, les injures et l’intimidation lorsque vous en êtes témoin.
  • Créer un milieu où il est acceptable de discuter de la santé sexuelle. Tous les jeunes d’âge scolaire sont beaucoup plus susceptibles de poser des questions et de chercher à obtenir un soutien s’ils savent qu’on répondra à leurs questions d’une manière encourageante et en ne portant pas de jugement et qu’on leur fournit des renseignements sur la santé appropriés pour leur âge qui répond à leurs besoinsNote de bas de page 55 .
  • Considérer la matière manquée sur la santé sexuelle comme toute autre matière manquée. Offrir aux élèves absents des occasions d’apprendre la matière sur la santé sexuelle à leur retour.
  • Créer des occasions d’interaction sociale entre les jeunes ayant une incapacité physique et ceux qui n’ont pas d’incapacités. Ce contact peut aider à promouvoir des attitudes positives au sujet des jeunes ayant une incapacité physique.
  • Intégrer des modèles de personnes ayant une incapacité physique à votre enseignement de l’éducation en matière de santé sexuelle. Le fait de fournir un modèle qui comprend et partage leur situation peut aider les jeunes ayant une incapacité physique à avoir une mentalité résiliente et une sexualité saine56.
  • Aborder les hypothèses selon lesquelles les jeunes ayant une incapacité physique sont moins actifs sur le plan sexuel que ceux qui n’ont pas d’incapacités physiques. Mettre l’accent sur le fait que tout le monde mérite d’être respecté.
  • Utiliser un langage positif, inclusif et axé sur les gens lorsque vous discutez des personnes vivant avec une incapacité physique. Par exemple, parler d’une personne ayant une incapacité, et non d’une personne handicapée.
  • Discuter des incapacités dans le contexte plus général de la diversité et de l’inclusion, plutôt que comme sujet distinct.
  • Aider et encourager les jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire à agir en tant que leur propre défenseur.
  • Reconnaître qu’il pourrait y avoir des cas où vous devez aider un jeune à trouver de plus amples renseignements ou l’aiguiller vers des organismes communautaires57.
  • Savoir reconnaître lorsqu’il est temps de chercher à obtenir un soutien supplémentaire. Il y aura des moments où vous aurez besoin des connaissances, des conseils ou de la sagesse de quelqu’un d’autre. La santé sexuelle est un sujet complexe, et vous pourriez ne pas être en mesure de répondre aux besoins de chaque personne. Ne pas avoir peur de consulter des ressources externes pour obtenir des renseignements supplémentaires sur la santé sexuelle ou des renseignements propres à la santé58.
  • Lire les programmes éducatifs de votre province ou territoire pour cerner la façon dont vous pouvez répondre aux besoins d’apprentissage relatifs à l’éducation en matière de santé sexuelle des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire. Dans le cas où l’éducation en matière de santé sexuelle ne serait pas incluse, en discuter avec le directeur de votre école, soulever la question auprès du commissaire de votre école ou communiquer avec le représentant de vos programmes éducatifs, selon le protocole de votre administration scolaire.

Dans les écoles

  • Présenter les Lignes directrices pour l’éducation en matière de santé sexuelle à l’échelle locale, provinciale ou territoriale comme étant un cadre permettant d’élaborer un programme éducatif général en matière de santé sexuelle qui comprend des renseignements pour les jeunes ayant une incapacité physique.
  • Mettre l’accent sur le fait que les cours d’éducation en matière de santé sexuelle dans les écoles sont destinés à tous les élèves.
  • Favoriser l’accès pour les jeunes ayant une incapacité physique au moment d’élaborer les programmes d’éducation en matière de santé sexuelle.
  • Soutenir l’élaboration d’un programme d’éducation complet en matière de santé sexuelle qui aborde divers objectifs de promotion de la santé sexuelle et de prévention des maladies pour tous les jeunes d’âge scolaire.
  • Élaborer des stratégies aidant à acquérir la prise de conscience et les compétences essentielles nécessaires pour créer des milieux propices à la santé sexuelle pour tous les jeunes d’âge scolaire.
  • Favoriser les politiques scolaires qui soutiennent les enseignants en ce qui concerne la discussion de la santé sexuelle et la prestation de cours d’éducation générale à cet égard en classe.
  • Encourager les cours d’éducation en matière de santé sexuelle offerts par des personnes qui ont beaucoup de connaissances à ce sujet et qui ne portent pas de jugement.
  • Accroître les mesures de soutien social et éducatif destinées aux jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire qui sont inclusives, établir des mesures de sensibilisation aux incapacités et éduquer tous les élèves au sujet des questions relatives aux incapacités.
  • Encourager dans les écoles la création de groupes de soutien pour les jeunes ayant une incapacité physique.
  • Soutenir la formation et l’éducation de tous les membres du personnel à l’égard des questions relatives à la santé sexuelle et liées aux incapacités. Par exemple, pendant les journées pédagogiques, on pourrait offrir des ateliers ou des exposés visant à sensibiliser les gens aux questions relatives aux incapacités et à accroître leur compréhension à cet égard. Ces ateliers pourraient offrir des occasions de discuter des aptitudes nécessaires pour être un bon défenseur ou permettre d’élaborer un « plan d’action ». Une liste d’objectifs nécessaires pour améliorer le milieu scolaire pour les personnes ayant une incapacité physique pourrait être créée59.
  • En collaboration avec les jeunes d’âge scolaire, prévoir un cours d’éducation en matière de santé sexuelle qui est soutenu par un dialogue respectueux entre les élèves et les membres du personnel.

Dans la collectivité

  • Soutenir l’élaboration de politiques en collaboration avec des organismes pour que les droits de la personne et en matière de sexualité fondamentaux des jeunes ayant une incapacité physique d’âge scolaire soient reconnus et que ces jeunes soient traités sur un pied d’égalité, avec dignité et avec respect.
  • Encourager votre arrondissement scolaire à élaborer des politiques scolaires et des programmes éducatifs qui mettent l’accent sur l’importance de l’éducation en matière de santé sexuelle pour tous les jeunes d’âge scolaire. Encourager les responsables de l’élaboration des programmes éducatifs à tenir compte des besoins uniques des jeunes ayant une incapacité physique au moment d’élaborer ces programmes.
  • Soutenir l’adaptation et la prestation de programmes en matière de santé sexuelle actuels et généraux pour tous les jeunes d’âge scolaire, y compris ceux ayant une incapacité physique, pour tous les niveaux scolaires, reflétant ainsi les divers stades de développement des jeunes d’âge scolaire.
  • Remettre en question les stéréotypes médiatiques inexacts ou les renseignements erronés au sujet des personnes ayant une incapacité physique.
  • Cerner, au sein de la collectivité, les groupes de soutien destinés aux jeunes ayant une incapacité physique.
  • Encourager l’établissement de liens entre les organismes communautaires et les écoles pour coordonner des stages ou des activités de bénévolat pour les jeunes d’âge scolaire, dans le cadre desquels ceux-ci peuvent travailler avec des organismes qui défendent les personnes ayant une incapacité physique ou qui leur offrent des services.

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