Questions et réponses : Pratiques d'inclusion dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles – Que connaissons-nous?

Que connaissons-nous des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) chez les minorités ethnoculturelles au Canada?

Le Canada est un pays diversifié sur le plan ethnique et culturel, comptant plus de 200 origines ethniques déclarées pour l'ensemble de la populationFootnote6. La diversité ethnoculturelle de la population canadienne continue de croître en raison de l'immigration et de l'accroissement de la population appartenant à une minorité visible. En 2011, les minorités visibles représentaient 19,1 % de la population du Canada, comparativement à 16,2 % en 2006Footnote7. On peut attribuer cette augmentation en grande partie à la part importante des immigrants de minorités visibles au Canada. En 2011, 60,2 % des immigrants au Canada étaient des minorités visiblesFootnote8. En 2011, 72,8 % de la population d'immigrants a déclaré une langue maternelle autre que le français ou l'anglais et s'est établie dans une région métropolitaineFootnote9. De plus, la majorité des nouveaux immigrants étaient âgés de moins de 44 ans (81,5 %), et les deux tiers environ (62,4 %) étaient en âge de procréer (de 15 à 44 ans).Footnote10

Minorités visibles : Personnes qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche et qui ne sont pas Autochtones.

Les données épidémiologiques semblent indiquer que les infections transmissibles sexuellement et par le sang ne sont pas réparties également entre les groupes ethnoculturels au Canada. Par exemple, en 2011, les personnes nées dans des pays où le VIH est endémiqueFootnoteiii ne représentaient que 2,2 % de la population canadienne, mais représentaient 16,9 % des nouvelles infections au VIHFootnote11. Même si les données sur l'identité ethnique ne figurent généralement pas dans les rapports soumis à l'Agence de la santé publique du Canada concernant les infections transmissibles sexuellement et par le sang à déclaration obligatoire au Canada autres que le VIH (p. ex. chlamydia, gonorrhée), il est possible que les taux signalés pour ces infections présentent des différences sur le plan ethnoculturel. À titre d'exemple pour nous aider à comprendre les différences des taux d'infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les groupes ethnoculturels, nous pouvons considérer les taux de ces infections dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, où les Autochtones représentent une grande proportion de la populationFootnote12. En 2010, les taux signalés de chlamydia et de gonorrhée dans le Territoire du Nord-Ouest étaient respectivement 7,5 et 15 fois plus élevés que la moyenne nationale. La même année, au Nunavut, les taux de chlamydia et de gonorrhée étaient respectivement 15 et 58 fois plus élevés que la moyenne nationale. Qui plus est, dans un échantillon de jeunes de la rue au Canada âgés de 15 à 24 ans étudié entre 2001 et 2005, les jeunes autochtones présentaient des taux de chlamydia et de gonorrhée plus élevés que ceux signalés chez les jeunes de race blanche et d'autres origines ethniquesFootnoteiv,Footnote13.

Nouveaux arrivants : Immigrants reçus arrivés au Canada au cours des cinq années ayant précédé un recensement donné.

Les différences observées dans les résultats pour la santé liées à l'origine ethnoculturelle ne sont pas toutes attribuables aux comportements individuels, tels que l'utilisation non systématique du condom, de multiples partenaires sexuels et le partage du matériel de consommation de droguesFootnote14. Selon des données de Statistique Canada et de plusieurs sondages locaux, les nouveaux arrivants et les immigrants de longue date sont moins susceptibles d'accéder à des services de santé sexuelle que la population née au CanadaFootnote15. La difficulté à trouver l'emplacement des services, le temps et le transport pour y accéder, de même que les heures de service inopportunes sont des obstacles souvent rencontrés par les populations immigrantes et non immigrantes. D'autres obstacles à l'accès aux services indiqués par les populations immigrantes sont notamment l'absence de services offerts dans leur langue maternelle et le manque de services de santé adaptés à leur cultureFootnote16. Ces obstacles sont souvent amplifiés par le stress de l'immigration, la réinstallation et la séparation de la familleFootnote17.

Immigrants : Personnes résidant au Canada qui sont nées hors du pays, à l'exclusion des travailleurs étrangers temporaires, des citoyens canadiens nés à l'étranger et des détenteurs d'un visa d'étudiant ou de travail.

La recherche souligne également des différences quant à la connaissance de l'existence des services de santé sexuelle et à l'accès à l'information sur la santé sexuelle chez les minorités ethnoculturelles. Par exemple, les résultats de l'enquête Toronto Teen Survey indiquent que les jeunes immigrants et nouveaux arrivants au Canada ne connaissent pas les services de santé sexuelle qui sont offerts si l'on compare aux immigrants de longue dateFootnotev et aux jeunes Canadiens de deuxième générationFootnotevi,Footnote18.

Selon cette enquête, les nouveaux arrivants qui se sont établis au Canada au cours des trois dernières années étaient les moins susceptibles d'avoir reçu une éducation officielle en matière de santé sexuelle comparativement aux jeunes immigrants de longue date ou aux jeunes Canadiens de deuxième générationFootnote19.

Réfugié : Personne qui a quitté son pays d'origine ou de résidence à la suite de persécutions en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de ses opinions politiques ou de son adhésion à un groupe culturel qui est persécuté dans le pays en question.

Les écarts observés en ce qui concerne la prévalence de la santé ou de la maladie au sein de la population canadienne générale et des minorités ethnoculturelles font ressortir la nécessité d'adopter des approches adaptées aux différences culturelles si l'on veut réduire ces écarts.

Quelles approches sont utilisées pour améliorer la santé des minorités ethnoculturelles?

Depuis des décennies, les spécialistes et les professionnels de la santé reconnaissent le besoin de mettre sur pied des approches adaptées aux différences culturelles afin d'améliorer la santé et le bien-être des minorités ethnoculturelles. Les modèles de pratique trouvés dans la documentation sur la santé représentent un continuum d'approches adaptées aux différences culturelles qui comprennent la sensibilisation aux cultures, la sensibilisation aux réalités culturelles, le savoir-faire culturel, la sécurité culturelle et les pratiques d'inclusionFootnote20.

La sensibilisation aux cultures, qui se situe à l'une des extrémités du continuum, désigne la connaissance des ressemblances et des différences entre les groupes culturels. Pour ce faire, il faut comprendre que les caractéristiques, les comportements et les pratiques que l'on retrouve chez un groupe culturel sont façonnés par l'identité culturelleFootnote21. La sensibilisation aux cultures ne désigne pas la réflexion sur les répercussions de l'identité culturelle d'une personne sur la façon dont elle perçoit les autres ou interagit avec eux. S'il est vrai que les approches de prévention de la maladie et de promotion de la santé fondées sur la sensibilisation aux cultures tiennent compte des différences entre les groupes culturels, il n'en demeure pas moins qu'elles sont enracinées dans la culture dominante et qu'elles ne sont pas adaptées à des groupes culturels précis.

Sensibilisation aux cultures : Observer et de reconnaître les différences et les ressemblances entre les groupes culturels.

La sensibilisation aux réalités culturelles va au-delà du simple fait de reconnaître, d'accepter et de comprendre qu'il existe des différences et des ressemblances culturelles. Il s'agit de comprendre les répercussions que peuvent avoir les attitudes, les expériences et les gestes d'une personne sur les autres. S'il est vrai que les approches de prévention de la maladie et de promotion de la santé fondées sur la sensibilisation aux réalités culturelles tiennent compte de l'identité culturelle de chacun, il n'en demeure pas moins que l'information est enracinée dans la culture dominante et vise des groupes culturels précis. À titre d'exemple, notons des programmes adaptés aux différences culturelles qui peuvent consister à fournir des renseignements à des groupes culturels précis dans leur langue maternelle.

Sensibilisation aux réalités culturelles : Processus qui consiste à comprendre comment les attitudes, les expériences et les gestes d'une personne influent sur la façon dont elle agit envers les personnes d'autres cultures.

Le savoir-faire culturel comprend les connaissances, les habiletés et les attitudes que doivent posséder les professionnels de la santé et les éducateurs pour fournir de l'information, des formations et des services dans le domaine de la santé à divers groupes ethnoculturels. Les éducateurs ayant un savoir-faire culturel reconnaissent qu'une approche « universelle » enracinée dans la culture dominante ne suffit pas à répondre aux besoins variés des différents groupes culturelsFootnote22. Le savoir-faire culturel dans le domaine de la prévention de la maladie, par exemple, peut comprendre le recrutement d'employés d'une minorité ethnoculturelle pour aider à la prestation des programmes, la collaboration avec des guérisseurs traditionnels ou l'intégration des valeurs et des attitudes propres à une culture au matériel de promotion de la santéFootnote23.

Savoir-faire culturel : Connaissances, habiletés et attitudes que doivent posséder les éducateurs en matière de santé pour fournir de l'information, des formations et des services dans le domaine de la santé à divers groupes.

Malgré son utilisation répandue et son acceptation dans la documentation spécialisée, le savoir-faire culturel appliqué dans les programmes de la santé publique est critiqué. Cette approche aborde les groupes culturels dans un cadre homogène et ne tient pas compte des différences au sein même des groupes culturelsFootnote24. En outre, cette approche se concentre uniquement sur les compétences techniques acquises et perfectionnées par les professionnels de la santé et les éducateurs plutôt que sur le renforcement des capacités communautaires. Le fait de se concentrer sur le professionnel de la santé ou l'éducateur empêche les personnes et les collectivités de bénéficier de l'occasion de renforcer leurs capacités en vue de protéger leur propre santé. Cette façon de faire peut également accentuer le déséquilibre des relations dans le cadre desquelles les professionnels de la santé sont les porteurs des connaissances spécialisées et créer des obstacles à l'accès aux programmes et aux services chez les minorités ethnoculturellesFootnote25.

La « sécurité culturelle » est une approche que des infirmières ont créée pour améliorer l'état de santé des Autochtones de la Nouvelle-Zélande. Cette approche met l'accent sur la nécessité d'adapter les programmes en collaboration avec les membres du groupe culturel visé. La sécurité culturelle traite des conditions sociales, culturelles, politiques et structurelles qui déterminent les résultats sur le plan de la santé sexuelle et l'accès à l'information et aux services en matière de santé sexuelleFootnote26. Le modèle de sécurité culturelle repose sur la notion de savoir-faire culturel, mais est axé davantage sur le renforcement des capacités de la communauté culturelle en tant que tel que sur le renforcement de la capacité du professionnel de la santé.

Sécurité culturelle : Traite des conditions sociales, culturelles, politiques et structurelles qui déterminent les résultats sur le plan de la santé et met l'accent sur le renforcement des capacités de la communauté culturelle visée.

Ces approches visent à aider les professionnels de la santé à surmonter les difficultés liées à la diversité culturelle, mais bon nombre d'entre elles sont limitées par les définitions étroites de culture ou par les stéréotypes des caractéristiques associés aux antécédents culturels, comme les valeurs, les attitudes et l'apparence physique. Il se peut que, dans ce cas, on explique les résultats en matière de santé en se fondant sur ces présomptions qui peuvent mener à percevoir les groupes culturels comme un seul groupe et à mettre l'accent sur les caractéristiques du groupe culturel concerné. Ces présomptions peuvent renforcer les stéréotypes négatifs et faire en sorte d'ignorer la multitude de contextes sociaux, historiques et économiques associés à chaque personne selon les diverses composantes de son identité (p. ex. race, origine ethnique, orientation sexuelle, capacité, âge)Footnote27.

Les pratiques d'inclusion reposent sur la sécurité culturelle et tiennent compte des différences entre groupes culturels et au sein de ceux-ci ainsi que du chevauchement des identités qui crée des expériences et des besoins individuels. Les pratiques d'inclusion mettent l'accent sur l'importance de l'autodétermination, de la justice sociale et du renforcement des capacités pour ce qui est de réduire les écarts en ce qui concerne les déterminants de la santé, tels que le racisme, le sexisme et l'homophobie. L'adoption de pratiques d'inclusion peut aider les professionnels de la santé publique à réduire les écarts en matière de santé au sein des minorités ethnoculturelles, y compris la vulnérabilité et la résilience à l'égard des infections transmissibles sexuellement et par le sang.

Quels sont les avantages des pratiques d'inclusion en ce qui a trait à la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) chez les minorités ethnoculturelles?

Pour renforcer la capacité des personnes à prendre des décisions et à adopter des comportements qui protègent leur santé tout au long de leur vie, il est essentiel de fournir de l'information qui est inclusive et qui touche des besoins variés. Une documentation abondante laisse supposer que les interventions et les programmes adaptés aux différences culturelles sont plus efficaces que les interventions généralisées pour améliorer la santé et le bien-être des minorités ethnoculturellesFootnote28. Les pratiques d'inclusion constituent un élément important dans la compréhension des conditions qui entraînent les disparités dans les résultats en matière de santé. Elles permettent d'intégrer des composantes culturelles dans le cadre de la planification des programmes et des politiques en vue d'améliorer la santé et le bien-être des minorités ethnoculturelles. Les pratiques d'inclusion mettent l'accent sur la nécessité de faire participer la collectivité locale et d'intégrer les principales préoccupations de cette dernière dans les programmes. Elles visent l'amélioration de la santé des personnes grâce à l'autodétermination, à la justice sociale et au renforcement des capacités chez les communautés ethnoculturelles.

Ainsi, les pratiques d'inclusion permettent de créer des programmes adaptés et de proposer des activités de prévention adaptées. Contrairement aux programmes ciblés, qui utilisent le même message ou le même média pour cibler des groupes ethnoculturels particuliers (p. ex. le même message traduit en différentes langues), les activités adaptées visent à élaborer le message et le matériel en collaboration avec la communauté ethnoculturelle locale afin de traduire les réalités culturelles des personnes et de renforcer les croyances, les perspectives et les pratiques culturelles. La recherche montre que les approches adaptées accentuent la pertinence du message et sont plus susceptibles de mener à des changements de comportements, de croyances et d'attitudes à l'égard de la santé comparativement à des interventions non adaptées ou ciblant certains groupesFootnote29. Les programmes de prévention de la maladie et de promotion de la santé adaptés représentent une pratique prometteuse pour améliorer la santé et le bien-être des minorités ethnoculturelles.

En faisant participer les personnes et les collectivités, les professionnels de la santé sont plus en mesure de cerner les besoins individuels en matière de santé et d'y répondre ainsi que de réduire les infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles. Les pratiques d'inclusion utilisées dans le cadre de la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang ont le potentiel de favoriser la résilience en ce qui concerne les mauvaises expériences et les milieux négatifs qui contribuent à la vulnérabilité aux infections.

Quels sont les déterminants sociaux, structurels et économiques de la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) chez les minorités ethnoculturelles?

Il existe de nombreux facteurs qui influent sur les résultats de santé et qui entraînent des écarts sur le plan de la santé et des maladies au sein d'une population. Ces facteurs sont notamment le racisme et la discrimination, le statut socioéconomique, le sexe, la consommation de drogues ainsi que la santé mentale et la maladie mentaleFootnote30. Il est important, lorsqu'on élabore des pratiques d'inclusion, de reconnaître les facteurs qui entraînent les vulnérabilités qui contribuent à un mauvais bilan de santé et ceux qui favorisent la résilience au sein des minorités ethnoculturelles et d'en tenir compte.

Racisme et discrimination

En 2003, 20 % des Canadiens ont déclaré avoir fait l'objet de discrimination ou de traitements injustes « parfois » ou « souvent » au cours des cinq dernières annéesFootnote31. Cette proportion était plus élevée chez les groupes raciaux, dont ceux qui s'identifiaient comme Noirs (32 %) ou Asiatiques du Sud (21 %). Selon une étude, jusqu'à 17 % des élèves du primaire et du secondaire de groupes raciaux auraient été victimes d'intimidation et auraient fait l'objet de victimisation fondées sur la race ou l'origine ethniqueFootnote32.

La discrimination raciale peut prendre différentes formes, notamment : violence verbale (c'est-à-dire injures racistes), railleries et taquineries, intimidation et violence physique, traitement injuste et inégalité d'accès aux ressourcesFootnote33. Le racisme ne se limite pas au groupe racial dominant d'une société et ne vise pas uniquement les minorités ethnoculturelles. Quiconque exhibe une attitude raciste ou agit de manière raciste peut faire preuve de racismeFootnote34.

Une personne peut être victime de discrimination sous différentes formes simultanément fondée sur diverses caractéristiques qui composent son identité, y compris la race, l'origine ethnique, l'identité sexuelle, l'âge, les capacités et l'orientation sexuelle. Par exemple, les personnes de minorités ethnoculturelles qui sont également d'une minorité sexuelle (p. ex. gai, lesbienne, bisexuel) ou d'une minorité de genre (p. ex. transgenre) peuvent être victimes de plusieurs formes de discrimination, dont l'homophobie, la transphobie, l'hétérosexisme et le racismeFootnote35.

Le fait d'être exposé à des discriminations peut avoir des conséquences importantes sur l'identité, la sexualité et la santé mentale, notamment l'estime de soi, la satisfaction de vivre et l'aptitude à gérer efficacement les facteurs de stressFootnote36. La discrimination peut également influer sur l'accès aux ressources, telles que l'éducation, l'emploi et les services de santé, sur la capacité à établir des priorités et des politiques en matière de santé et sur la possibilité d'élaborer des messages de promotion de la santéFootnote37. Dans le cas où il existe des antécédents de colonisation ou d'oppression de certains groupes ethnoculturels, on peut observer non seulement de la discrimination et du racisme systématiques, mais également des sentiments d'impuissance et de volonté ou de confiance affaiblie à l'égard de la collaboration avec des fournisseurs de services de santéFootnote38.

Il est donc important, compte tenu des multiples formes de discrimination dont peuvent faire l'objet les minorités ethnoculturelles, de faire participer la communauté, de poser des questions à ses membres, de lui donner l'occasion de faire connaître ses besoins et d'adapter l'information et les services qu'on lui offre afin de renforcer ses capacités et de favoriser la résilience.

Statut socioéconomique

Le statut socioéconomique fait référence à la position sociale d'une personne ou d'une famille par rapport aux autres. Il est habituellement fondé en fonction du revenu, du niveau d'instruction et de la profession. Au Canada, les minorités ethnoculturelles sont représentées de façon disproportionnée dans les groupes gravitant au bas de l'échelle socioéconomique. Selon le recensement de 2006, le taux de pauvreté pour l'ensemble des minorités visibles au Canada était de 19,3 % comparativement à 15,3 % pour la population généraleFootnote39.

Il y a plusieurs facteurs sociaux, structurels et économiques qui contribuent à un statut socio-économique plus faible chez les minorités ethnoculturelles. Parmi ceux-ci, notons les obstacles linguistiques, la discrimination raciale, le chômage et les disparités quant aux perspectives d'emploi à revenu élevé, y compris les obstacles empêchant la reconnaissance de titres de compétence ou d'expérience de travail étrangersFootnote40.

En outre, la recherche laisse croire que le statut socioéconomique a des conséquences importantes sur les résultats de santé et est à l'origine de bon nombre des différences ethniques en matière de santéFootnote41. Les personnes ayant grandi au sein d'une famille à faible revenu indiquent qu'elles souffrent d'un nombre plus élevé de maladies chroniques, qu'elles reçoivent moins de traitements médicaux et qu'elles ont accès moins facilement aux services de santé par rapport à celles ayant grandi au sein d'une famille à revenu élevéFootnote42. La prévalence des ITSS est souvent plus élevée chez les personnes ayant grandi au sein d'une famille à faible revenuFootnote43.

Les disparités quant à l'accès à l'information et aux services en matière de santé chez les personnes dans les catégories de faible revenu ont des répercussions sur la capacité de se protéger contre les ITSS (p. ex. condom) et de recevoir un traitement contre ces infectionsFootnote44. De plus, les immigrantes et les femmes ayant un statut socioéconomique inférieur présentent une prévalence plus élevée de violence physique ou sexuelle de la part de leur partenaireFootnote45. Il se peut que les femmes victimes de violence conjugale ne puissent pas négocier l'utilisation du condom dans leurs relations, ce qui les expose à un risque élevé d'infections transmissibles sexuellement et par le sang.

Sex et genre

Le sexe (caractéristiques biologiques qui distinguent les hommes des femmes) et le genre (caractéristiques et rôles définis par la société qui sont attribués aux hommes et aux femmes) ont tous deux des répercussions sur les comportements, les occasions, les risques et les résultats de santé liés aux ITSS. À titre d'exemple, les femmes sont biologiquement plus vulnérables aux infections transmissibles sexuellement et par le sang que les hommes en raison des caractéristiques physiologiques différentes du sexe masculin et du sexe féminin. Les caractéristiques biologiques peuvent également influer sur la façon dont les hommes et les femmes réagissent aux infections virales et bactériennes. Notons, par exemple, que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de ne présenter aucun symptôme associé aux infections bactériennes transmissibles sexuellement et par le sang, comme la chlamydia ou la gonorrhée.

Les normes associées aux genres définies par la culture peuvent également influencer les disparités quant à la vulnérabilité et à la résilience par rapport aux ITSS contractées par les hommes et les femmes. Ces normes peuvent régir les comportements considérés comme acceptables, les partenaires que l'on juge acceptables et la structure des interactions sexuelles. Les normes associées aux genres varient selon la culture. Par exemple, dans certaines cultures, les femmes peuvent faire l'objet de restrictions plus strictes en ce qui a trait aux sorties amoureuses et aux relations sexuelles en raison des définitions culturelles de féminité ou des rôles traditionnels des femmes au sein de la famille (p. ex. principal soutien du ménage et la responsabilité de s'occuper des enfants)Footnote46. Les définitions culturelles de la féminité et de la masculinité peuvent également influer sur la prise de décisions à l'égard des relations sexuelles. Il se peut, notamment, que, dans certaines cultures, les femmes aient très peu sinon aucun pouvoir décisionnel en ce qui concerne l'utilisation du condom, le moment où elles ont des relations sexuelles ou les personnes avec qui elles ont des relations sexuelles. Les interventions et les programmes qui visent le renforcement du pouvoir décisionnel relativement à la sexualité et la promotion de relations saines fondées sur le respect et l'égalité sont importants dans le cadre de la prévention des ITSS.

Les normes associées aux genres définies par la culture peuvent également jouer un rôle important en ce qui concerne l'accès à l'information et aux programmes de prévention et leur utilisation. Par exemple, les rôles sociaux liés au sexe peuvent influencer les comportements favorisant la santé. En général, les femmes ont plus souvent recours au système de santé que les hommes, bien que ce fait ne soit pas nécessairement avéré pour les femmes de toutes les culturesFootnote47. Dans certaines cultures, les rôles sociaux encouragent les femmes à donner priorité à d'autres responsabilités, comme prendre soin des enfants avant même de s'occuper de leur propre santé. Dans ce cas, il peut s'agir d'un obstacle à l'accès aux services de santé chez les femmes de certaines communautés ethnoculturelles.

Les genres masculin et féminin ne sont pas les seules identités de genre auxquelles une personne peut s'associer. Au sein de nombreuses cultures, les identités de genre coexistent sur un continuum des genres (homme-femme). Dans certaines cultures, on respecte ces identités et ces dernières constituent une source de résilience. Dans d'autres cultures, les minorités de genre (p. ex. transgenre) sont exposées à un risque plus élevé d'ITSS en raison de la stigmatisation, de la discrimination et du manque d'accès aux services de santé. Les interventions et les programmes qui intègrent les préoccupations des minorités de genre peuvent favoriser la compréhension, favoriser un plus grand respect de la diversité et réduire la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sang chez ces personnesFootnote48.

L'influence du sexe et du genre sur la vulnérabilité ou la résilience à l'égard des infections doit être considérée dans le cadre de la planification et de la mise en œuvre des activités de prévention des ITSS. Pour ce faire, il ne suffit pas seulement d'aborder les différences entre les hommes et les femmes quant aux résultats en matière de santé. Il convient de comprendre les facteurs qui sont à l'origine de ces différences, de déterminer les répercussions qu'ont les genres sur la définition et la répartition des résultats en matière de santé et de comprendre comment les problèmes sont communiqués et comment les hommes et les femmes de divers milieux culturels accèdent à l'information et l'utilisent.

Consommation de drogues

La consommation de drogues, y compris l'alcool, le tabac et les drogues, a des répercussions directes sur la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sang associée au comportement sexuelFootnote49. Dans certains cas, la consommation de drogues peut avoir des conséquences directes sur la vulnérabilité aux infections. Par exemple, au Canada, l'utilisation de drogues injectables est l'une des principales voies de transmission du virus de l'hépatite C (VHC)Footnote50. Dans d'autres cas, la consommation de drogues peut occasionner une désinhibition et jouer sur la capacité d'une personne à prendre des décisions favorisant la santé. Ainsi, la consommation de drogues peut mener à des rapports sexuels non prévus ou accroître la probabilité d'une utilisation inadéquate ou non systématique du condomFootnote51. Des études démontrent que les comportements à risque, comme le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, les partenaires sexuels multiples et l'utilisation non systématique du condom, sont souvent liés les uns aux autres, particulièrement chez les jeunesFootnote52.

La consommation de drogues dépend des milieux culturelsFootnote53. La culture peut influencer l'âge à laquelle on commence à consommer des drogues, la fréquence de consommation, le contexte dans lequel on consomme les drogues et la perception que l'on a des personnes qui consomment certaines drogues. Par exemple, dans certaines cultures, la consommation d'alcool est bien perçue et fait partie intégrante des réunions familiales ou d'activités spéciales. Dans d'autres cultures, ce type de consommation peut être mal perçu et même carrément interditFootnote54. La perception du tabagisme peut faire l'objet de différences culturelles similaires, allant de l'acceptation sociale et de l'encouragement à la désapprobation. De nombreuses études portent sur les facteurs de stress qui affectent les minorités ethnoculturelles et qui peuvent mener à une consommation accrue de drogues, mais d'autres études laissent croire que les antécédents culturels pourraient constituer un facteur de protection contre la consommation de drogues. La recherche indique que les jeunes immigrants de minorités ethnoculturelles ont tendance à boire moins que les jeunes nés au CanadaFootnote55. Cette différence est peut-être due en partie aux normes culturelles distinctes entourant la consommation d'alcool.

Les événements stressants de la vie que vivent plus souvent les minorités ethnoculturelles, tels que l'immigration, la séparation ou la perte d'un membre de la famille, les difficultés financières, le chômage, le stress post-traumatique et la discrimination, peuvent accroître le risque de consommation de drogues comme mécanisme d'adaptationFootnote56. La recherche semble indiquer que la discrimination ethnique ou raciale perçue est liée à la consommation de drogues, qui entraîne un risque accru d'infections ou d'autres résultats négatifs en matière de santéFootnote57. Les habitudes de consommation de drogues chez les minorités ethnoculturelles varient également selon l'âge, le sexe, la durée du séjour au Canada et le pays d'origineFootnote58. L'accès inégal aux services de traitement et de prévention accentue la stigmatisation et peut entraîner des problèmes de santé à long terme liés à la consommation de droguesFootnote59.

Santé mentale et maladie mentale

Il existe de nombreux facteurs chez les minorités ethnoculturelles qui peuvent influer sur la santé mentale et la vulnérabilité à la maladie mentale. Malgré les défis auxquels elles font face, y compris le stress associé à la stigmatisation et à la discrimination ainsi que le stress éprouvé avant (p. ex. traumatismes pré-migratoires) et après la migration, les minorités ethnoculturelles font preuve, dans bien des cas, d'une forte capacité à surmonter des situationsFootnote60. Pour bon nombre de groupes, la culture est source de force et de résilienceFootnote61. La résilience ainsi qu'une bonne santé mentale sont liées à des facteurs tels que les valeurs personnelles et les croyances, de même qu'au soutien de la famille, des amis et de la collectivité. Une bonne santé mentale, y compris l'estime de soi, l'auto-efficacité, un sentiment d'utilité, une satisfaction envers la vie et une mentalité de résilience, fait partie intégrante de la santé et du bien-être globaux et peut prévenir les maladies mentalesFootnote62.

Bien que les réseaux de soutien social et l'appartenance à un groupe ethnoculturel soient des sources de résilience pour les minorités ethnoculturelles, les stress sociaux et les événements de la vie tels que le chômage, la discrimination et la migration sont des facteurs de risque pouvant engendrer une mauvaise santé mentale et des maladies mentalesFootnote63. Par exemple, la discrimination raciale dont sont victimes les personnes de minorités ethnoculturelles peut entraîner une faible estime de soi et mener à la dépression, à des idées suicidaires et à des tentatives de suicideFootnote64. Ces personnes peuvent également être plus susceptibles de se suicider ou de faire des tentatives de suicide en raison des sentiments d'isolement, des antécédents de violence, de l'oppression, de la pauvreté, de la consommation de substances, de la stigmatisation ou du racismeFootnote65.

Les immigrants et les nouveaux arrivants peuvent aussi présenter des taux élevés de mauvaise santé mentale compte tenu des facteurs de stress physique, émotionnel, social et économique associés à l'établissement dans un nouveau pays. Les facteurs de stress sont notamment : l'apprentissage d'une nouvelle langue, le sous-emploi, le faible statut socioéconomique, la séparation de la famille et l'isolement face à ses antécédents culturelsFootnote66. Selon une étude, plus du quart (26 %) des nouveaux immigrants et près du tiers des réfugiés (30 %) ont indiqué que la plus grande difficulté rencontrée au cours des quatre premières années suivant l'arrivée au Canada était l'apprentissage d'une nouvelle langueFootnote67.

Il existe une corrélation étroite entre la mauvaise santé mentale, la maladie mentale et la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sangFootnote68. Il a été démontré que la dépression et la faible estime de soi jouaient un rôle important dans l'acquisition et le maintien des comportements sexuels à risque, dont l'utilisation non systématique du condomFootnote69. En outre, la recherche montre que les adultes atteints de maladie mentale grave, notamment la schizophrénie, un trouble bipolaire et une dépression grave, présentent des taux élevés de comportements sexuels à risque associés à la transmission des ITSS. Ces comportements sont, entre autres, l'utilisation non systématique du condom, des partenaires sexuels multiples et l'implication dans le travail du sexeFootnote70. D'autres études menées auprès des jeunes ont permis de conclure que les personnes qui manifestaient des symptômes de dépression présentaient un risque de ne pas utiliser de condom, de recevoir au moins un diagnostic d'ITSS ou d'adopter des comportements à risque pour faciliter l'acceptation sociale (p. ex. consommation d'alcool)Footnote71. Les personnes ayant une faible estime de soi, souffrant de dépression et présentant un manque d'estime personnelle sont plus susceptibles de signaler des intentions d'avoir des relations sexuelles non protégées comparativement aux personnes qui ont une haute estime de soiFootnote72. La peur d'être victime de stigmatisation ou de discrimination fondée sur la santé mentale peut être une source de découragement pour ce qui est de réclamer un traitement ou de recourir à des services de soutien et de santé mentale, aggravant ainsi la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sangFootnote73.

La mauvaise santé mentale et la maladie mentale constituent également des préoccupations importantes chez les personnes de minorités ethnoculturelles qui vivent avec des infections transmissibles sexuellement et par le sang chroniques, comme l'hépatite B, l'hépatite C ou le VIH, car elles sont deux fois plus susceptibles de souffrir d'une maladie mentale, telle que la dépression ou l'anxiété, que la population généraleFootnote74. Or, les maladies mentales comme la dépression ont été signalées comme des effets secondaires des médicaments antirétroviraux utilisés pour traiter ces infections chroniques transmissibles sexuellement et par le sangFootnote75. Par ailleurs, la stigmatisation associée aux infections transmissibles sexuellement et par le sang peut entraîner une maladie mentale attribuable à la discrimination, à l'isolement social et au retrait des personnes infectées des réseaux de soutien social importants.

La dépression et les autres maladies mentales peuvent également avoir des répercussions sur la façon dont les personnes atteintes de maladies chroniques prennent soin de leur santé et la gèrent. Ces maladies peuvent avoir des répercussions, entre autres, sur l'observance thérapeutique, l'exercice, l'alimentation et la communication avec les membres de la famille, les amis et les professionnels de la santéFootnote76. La stigmatisation et la discrimination peuvent également constituer des obstacles importants à la divulgation de l'infection chronique à la famille, aux amis, aux professionnels de la santé et aux partenaires sexuels à cause de la peur, de la culpabilité ou de l'anxiété ressentie. Il est important que les personnes atteintes d'infections chroniques transmissibles sexuellement et par le sang ou qui y sont vulnérables bénéficient des services de santé mentale offerts afin de réduire les obstacles au traitement et aux soins continus. La mise sur pied de réseaux de collaboration pour les soins aux patients formés des médecins de famille, de psychologues, de psychiatres et d'autres travailleurs de soutien permet aux patients de tirer profit des programmes et services existants et ainsi bénéficier d'un soutien intégré.

La corrélation entre la santé mentale, la maladie mentale et les infections transmissibles sexuellement et par le sang est un aspect important à ne pas négliger dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Le fait de comprendre le lien qui existe entre les diverses composantes de la santé permet aux professionnels de la santé d'aider les personnes à atteindre un bilan de santé et de bien-être positif et à renforcer la résilience face aux facteurs de stress.

Quels sont les principaux éléments à prendre en considération dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au sein des divers milieux ethnoculturels?

Nombreuses sont les facettes de la culture qui influent sur les résultats en matière de santé, dont la vulnérabilité et la résilience à l'égard des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Notons, parmi ces facettes, la langue et le style de communication, le statut d'immigration, la religion, les croyances relatives à la santé et la perception de la sexualité. Il est important d'en tenir compte dans le cadre de la planification des programmes de prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang destiné aux minorités ethnoculturelles.

Langue et style de communication

Dans le cas des minorités ethnoculturelles, la langue peut être un obstacle à l'accès à l'information sur la santé et aux services de préventionFootnote77. En 2008, plus du quart des immigrants établis au Canada ont indiqué qu'ils ne parlaient ni anglais ni françaisFootnote78. Il arrive souvent que les langues associées à certaines cultures comportent des mots qui n'ont pas d'équivalents exacts en anglais. De même, il se peut que certains termes en anglais liés à l'anatomie ou à des comportements sexuels précis n'aient pas d'équivalents exacts dans certaines langues. Il est donc important de ne pas supposer qu'une personne préfère recevoir de l'information ou des services dans une langue précise liée à son origine ethnique ou à son identité culturelle, mais plutôt d'offrir de l'information et des services aux communautés ethnoculturelles en plusieurs langues. Parfois, le fait de parler de ces questions dans une deuxième langue peut ouvrir des portes à une personne lui permettant d'explorer des questions délicates qui ne pourraient pas nécessairement être abordées dans sa langue maternelle, car la personne ne serait pas en mesure de le faire ou il serait inapproprié d'en discuter.

Le style de communication peut aussi avoir des effets sur l'accès à l'information ou aux services chez les minorités ethnoculturelles. Les cultures adoptent différents styles de communication, des différences quant au langage corporel, au contact visuel, à l'expression et au ton de voix. Par exemple, dans certaines cultures, un contact visuel direct peut être perçu comme un manque de respect ou comme une proposition sexuelle, plus particulièrement si le regard est échangé entre un homme et une femmeFootnote79. La façon de transmettre et de communiquer l'information sur la santé sexuelle peut avoir des effets sur la quantité d'information retenue et sur le recours aux services chez les minorités ethnoculturelles.

Il est essentiel que les programmes de prévention soient offerts de façon à respecter les styles de communication, les coutumes et les pratiques. En outre, il faut envisager une variété de formats et de milieux d'apprentissage afin d'offrir choix et flexibilité aux personnes visées. Les options offertes pourraient être des cours en groupe, des sites Web interactifs, des livrets, la narration d'histoires ou l'apprentissage entre pairs. La participation des minorités ethnoculturelles au processus de planification et à la détermination des langues et des styles de communication à employer pour transmettre et échanger l'information de façon efficace contribuera à réduire les obstacles potentiels à l'accès à l'information et aux services.

Immigration

La recherche semble indiquer qu'en général, les nouveaux arrivants au Canada sont en meilleure santé que la population née au Canada et les immigrants de longue date qui vivent au Canada depuis plus de 10 ansFootnote80. S'il est vrai que les personnes qui s'établissent au Canada sont en meilleure santé, il existe tout de même des facteurs sociaux, structurels et économiques qui ont des effets sur les résultats en matière de santé et sur la façon dont les nouveaux arrivants accèdent à l'information sur la santé et aux services de santé une fois arrivés au pays.

L'immigration peut être une expérience positive et un nouveau commencement pour un grand nombre de gens. Toutefois, cette expérience peut également être très difficile pour certains, car il faut s'habituer à une nouvelle langue et à une nouvelle culture ainsi qu'à un nouveau statut social et à un nouveau revenu. Qui plus est, les nouveaux arrivants peuvent également faire face à des difficultés à la suite de leur immigration, c'est-à-dire qu'ils peuvent se sentir déchirés entre les normes et les attentes de leur propre culture et celles de la culture de leur pays d'adoption. Certaines personnes peuvent avoir le sentiment de ne plus maîtriser la situation et leur estime de soi peut s'affaiblir, alors que d'autres peuvent vivre un changement d'identité, comme avoir davantage de pouvoir et d'autonomie à l'égard de leur corps et de leur sexualitéFootnote81. Ces expériences d'immigration peuvent avoir des répercussions sur l'accès à un soutien sur le plan social ou émotionnel, sur l'accès aux réseaux d'information et sur la capacité à nouer des liens appréciables avec les autresFootnote82. Il se peut que les nouveaux arrivants se sentent isolés, qu'ils ne sachent pas où ni comment accéder aux services de santé sexuelle et qu'ils ne connaissent pas les services qui sont offerts au sein de leur collectivitéFootnote83. L'adaptation à la vie dans un nouveau pays peut aussi avoir priorité sur la santé de certains nouveaux arrivants au Canada.

Dans certaines provinces ou certains territoires, les nouveaux arrivants peuvent avoir à respecter un délai avant de pouvoir accéder aux services de santé. Par exemple, une période d'attente de trois mois peut être imposée par une province avant qu'un nouveau résident puisse être couvert par l'assurance-maladie provinciale. Toutefois, une certaine couverture pour les soins essentiels et les soins d'urgence peut être offerte aux réfugiés réinstallés, aux demandeurs d'asile et à certains autres nouveaux arrivants au Canada qui ne sont pas encore admissibles à l'assurance-maladieFootnote84. Nombreux sont les nouveaux arrivants non assurés dont l'état de santé est mauvais, car ils n'ont pas en main les documents d'identification demandés pour répondre aux exigences d'inscription ou ils n'ont pas accès aux soins médicaux ou préventifs dont ils ont besoinFootnote85. Pour de nombreux réfugiés, la satisfaction des besoins de base en établissement, tels que se nourrir et se loger ou prendre soin des membres de la famille, peut également avoir la priorité sur les besoins en matière de santé. En outre, il se peut que, dans leur pays d'origine, certains réfugiés aient eu très peu accès à des services de santé sexuelle, comme le test Pap ou le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sangFootnote86.

Test de Papanicolaou (test Pap) : Procédure de dépistage systématique conçue pour détecter des signes précurseurs du cancer du col de l'utérus. Les lignes directrices canadiennes recommandent un dépistage systématique tous les trois ans chez les femmes âgées de 25 à 69 ans.

Le processus d'interaction et d'échange entre les différents groupes culturels et au sein même de ceux-ci peut influencer les comportements liés à la santé et les résultats en matière de santé. Dans certains cas, ce processus peut entraîner des résultats négatifs suite à l'adoption de comportements malsains, comme la consommation d'alcool, le tabagisme ou des partenaires sexuels occasionnelsFootnote87. À titre d'exemple, des études ont démontré des proportions plus élevées de diagnostics d'infections transmissibles sexuellement et par le sang autodéclarés, un plus grand nombre de partenaires sexuels au cours d'une vie, la consommation d'alcool avant et pendant les relations sexuelles et une utilisation non systématique du condom chez certains groupes ethnoculturelsFootnote88. Par contre, des études menées auprès d'immigrants au Canada indiquent qu'une interculturation plus marquée est associée à la résilience, notamment une plus grande demande d'aide, un accès plus important aux soins et l'utilisation accrue des services de santé préventifsFootnote89. L'accès aux services de santé semble facilité, plus particulièrement, lorsque les immigrants ont une meilleure connaissance de la langue et bénéficient d'une assurance et lorsqu'ils ont acquis une familiarité et certaines croyances concernant la santé et le système de soins de santéFootnote90.

L'immigration a différents effets sur la santé des nouveaux arrivants, des réfugiés et des immigrants de longue date. Dans le cadre de la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles, il est essentiel de proposer des interventions et des programmes qui intègrent les éléments suivants : préoccupations et expériences des immigrants et des nouveaux arrivants; aiguillage des nouveaux arrivants vers les services et les soutiens liés à la santé; effets uniques de l'immigration sur l'accès à l'information, aux soins et au soutien; programmes adaptés aux besoins des immigrants et des nouveaux arrivants.

Religion

La religion ou la spiritualité est souvent une composante importante de l'identité culturelle. Elle peut influencer considérablement les valeurs, les croyances et les pratiques associées à la sexualité. Ces valeurs peuvent également avoir des effets sur les risques, les occasions, les comportements et l'accès aux programmes et aux services de santé et leur utilisation par les différents groupes culturels. Elles peuvent influencer la façon dont les personnes répondent à l'information qui leur est transmise sur la santé sexuelle et dont elles l'utilisent. Par exemple, chez certains groupes religieux, les rapports sexuels ne servent qu'à la reproduction et l'utilisation du condom est perçue comme un moyen de contraception allant à l'encontre de la création de la vie. Par conséquent, les membres de ces communautés peuvent être réfractaires à l'utilisation du condom dans leurs relations sexuelles et peuvent accéder à l'information sur la santé sexuelle seulement dans le contexte de la préparation au mariage.

À titre d'exemple, certaines communautés culturelles pourraient, en raison de leurs valeurs religieuses, encourager uniquement l'abstinence dans le cadre de l'éducation en matière de santé sexuelle, sans aborder la contraception ni la protection contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang. Les personnes de ces communautés peuvent être aux prises avec le silence et la stigmatisation concernant l'accès aux programmes de prévention et à l'information sur la santé sexuelle ou l'échange de celle-ci, entraînant ainsi la non-satisfaction des besoins des membres de la communauté.

Comme la religion ou la spiritualité est au cœur de certaines communautés culturelles et influe sur l'accès à l'information sur la santé, les organismes confessionnels et les institutions religieuses peuvent être des partenaires importants pour communiquer l'information inclusive qui répond aux besoins des minorités ethnoculturelles. Il serait idéal que les organismes confessionnels assurent la promotion de la santé et proposent des activités de prévention de la maladie, car il s'agit d'un milieu où certains groupes culturels passent beaucoup de temps et où on encourage et soutient des comportements liés à la santéFootnote91. Comme la communauté locale accorde une grande confiance à ces organisations et à leurs réseaux établis, les organismes confessionnels et les institutions religieuses seraient bien placés pour devenir des partenaires pour fournir les programmes et l'information adaptés aux cultures concernant la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturellesFootnote92.

Croyances relatives à la santé

Les personnes ayant divers antécédents ethnoculturels peuvent avoir différentes croyances à propos de la santé et de la maladie, notamment l'origine ou les causes de la maladie, les traitements possibles et les personnes qui doivent prendre part aux traitements ou aux décisions concernant les traitements.

Ces croyances ont une influence sur la perception des comportements qui peuvent donner lieu à certains résultats en matière de santé et qui sont liés à la demande d'aideFootnote93. Par exemple, les croyances culturelles relatives à la santé influent sur la façon dont les personnes perçoivent le risque de contracter des infections transmissibles sexuellement et par le sang, les précautions à prendre pour les éviter et les services ou les traitements utilisés en cas de symptômesFootnote94.

Dans certaines cultures, l'utilisation du condom est taboue et peut être vue comme un signe de promiscuité sexuelle, d'infidélité ou d'avoir contracté une infection transmissible sexuellement et par le sangFootnote95. Dans le cadre de l'éducation en matière de santé sexuelle offerte à diverses communautés ethnoculturelles, il est important de travailler dans le contexte des croyances culturelles relatives à la santé des personnes visées en ce qui concerne l'origine de la maladie et les formes de traitement. Les chefs culturels respectés, notamment les guérisseurs traditionnels et les anciens, peuvent donner des conseils, assurer un soutien et faciliter la participation à des environnements d'apprentissage coopératif et à un échange d'idées ouvert. La participation des membres respectés de la communauté culturelle qui comprennent les croyances relatives à la santé est l'une des stratégies utilisées dans l'élaboration des pratiques d'inclusion pour la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang qui répond aux besoins de diverses populations.

Perception de la sexualité

La perception de la sexualité varie tant d'une culture à l'autre qu'au sein même d'une culture. Les catégories de comportement sexuel et d'identité sexuelle, comme l'homosexualité et l'hétérosexualité, par exemple, peuvent avoir des significations fort différentes selon la culture. La perception que l'on a de la sexualité d'après sa culture influe sur les normes et les habitudes que l'on a sur les sorties amoureuses, les relations sexuelles, les dialogues sur la sexualité et le comportement sexuel que l'on adopte. En outre, les médias et la culture populaire jouent un rôle déterminant dans la construction du genre, de l'identité et de la sexualité pour différents groupes ethnoculturels, ce qui peut avoir des répercussions sur l'identification et le comportement sexuelFootnote96.

Les suppositions émises concernant la perception de la sexualité chez des groupes culturels donnés peuvent influer sur le type de programmes offerts à une communauté culturelle et sur leur qualité. À titre d'exemple, des suppositions sur la perception de la sexualité peuvent mener à l'élimination de certains sujets de l'information fournie sur la santé sexuelle, entraîner de la gêne ou de l'embarras pour ce qui est d'obtenir de l'information et des programmes et aggraver la stigmatisation des groupes ethnoculturelsFootnote97.

Les pratiques d'inclusion dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang reconnaissent les valeurs, les attitudes et les croyances diversifiées entre les différents groupes culturels et au sein de ceux-ci. La participation des membres de la communauté ethnoculturelle dans le cadre de l'élaboration des programmes de prévention peut aider à adapter les programmes de façon à ce qu'ils répondent aux besoins de la communauté et à ce qu'ils respectent les différentes manières dont les membres communiquent et échangent l'information.

Les professionnels de la santé et les éducateurs peuvent collaborer avec les membres d'une communauté culturelle pour définir les enjeux, en apprendre sur les différents besoins et renforcer la capacité de la communauté ethnoculturelle afin d'améliorer la santé sexuelle des personnes formant la communauté visée.

Que puis-je faire pour veiller à ce que les pratiques d'inclusion soient utilisées dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) chez les minorités ethnoculturelles?

Les points suivants sont des éléments à prendre en compte dans les pratiques prometteuses et des exemples de ces pratiques destinés aux organismes communautaires, aux professionnels de la santé et aux éducateurs afin de les aider à fournir des programmes de prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang qui répondent aux besoins de diverses communautés ethnoculturelles et visent à réduire les disparités en matière de santé chez les minorités ethnoculturelles.

  • Faites une réflexion sur vos propres valeurs et croyances à l'égard de la sexualité et des différents groupes ethnoculturels. Quels sont vos valeurs, vos expériences, vos intérêts, vos croyances et vos engagements personnels? Quelles présomptions avez-vous dans le cadre de votre travail envers la communauté culturelle visée? En dressant la liste de vos valeurs, de vos attitudes, de vos présomptions, de vos croyances et de votre position sociale, vous pouvez mettre en lumière vos préjugés et déterminer comment votre opinion et vos valeurs peuvent influer sur la façon dont vous fournissez les programmes de prévention.
  • Faites participer les membres des communautés ethnoculturelles à la planification, à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes. Vous pourrez ainsi déterminer plus facilement les principales préoccupations en matière de santé de la communauté visée et vous assurer que les programmes sont adaptés pour répondre aux besoins des membres de cette communauté. Vous pouvez, notamment, recruter des membres de la communauté ethnoculturelle pour :
    • cerner les principales préoccupations de la communauté;
    • contribuer à l'élaboration du matériel pour les programmes;
    • fournir des conseils sur les formats de prestation du programme.
  • Faites participer les membres de la communauté ethnoculturelle à la prestation des programmes. Des membres de la communauté peuvent agir en tant que personne-ressource pour fournir de l'information ou pour assurer la communication entre la communauté ethnoculturelle et les organismes communautaires. Le fait d'apprendre des membres de sa propre communauté, qui partagent les mêmes valeurs et expériences, peut :
    • favoriser un sentiment d'appartenance;
    • aider les membres de la communauté à développer une mentalité de résilience;
    • accroître la probabilité que l'information soit intégrée aux pratiques personnelles en matière de santé.
  • L'utilisation de données locales sur les disparités observées dans les résultats en matière de santé sexuelle (p. ex. vulnérabilité aux infections transmises sexuellement ou par le sang, violence sexuelle) permet :
    • de déterminer les groupes ethnoculturels les plus touchés;
    • de définir les déterminants sociaux, culturels et économiques liés à la vulnérabilité;
    • d'élaborer vos propres programmes ou interventions, de les mettre en œuvre et d'en surveiller l'efficacité.
  • Créez et mettez en œuvre des programmes et des interventions qui ciblent les conditions qui touchent de façon disproportionnée les minorités ethnoculturelles de votre région.
  • Établissez des réseaux de collaboration formés des membres des groupes culturels, des organismes confessionnels et d'autres organismes communautaires afin que tous puissent collaborer en vue de la réduction des disparités en matière de santé au sein des communautés ethnoculturelles. Organisez périodiquement des forums avec ces partenaires communautaires afin d'échanger des idées et de cerner des secteurs de collaboration pour atteindre les objectifs communs. Vous pouvez, par exemple, collaborer avec d'autres fournisseurs de programmes de la région pour organiser une foire sur la santé afin de transmettre l'information aux communautés ethnoculturelles et de les sensibiliser aux programmes et aux services qui leur sont offerts.
  • Donnez au personnel des occasions d'apprentissage continu concernant :
    • les disparités en matière de santé;
    • les répercussions des conditions sociales, culturelles et économiques sur les comportements sexuels, l'accès aux programmes et aux services et la vulnérabilité aux infections transmissibles sexuellement et par le sang;
    • les stratégies visant à réduire les disparités en matière de santé chez les communautés ethnoculturelles.
  • Songez à utiliser des représentations visuelles dans les affiches et d'autres documents d'information qui sont pertinentes pour les communautés ethnoculturelles visées et les résultats ou le comportement escomptés. La langue parlée par certains groupes ethnoculturels ne comporte pas de mots équivalents aux termes anglais liés à la sexualité ou ne se prête pas facilement à l'écrit. L'utilisation de représentations visuelles plutôt que de textes est une autre façon de communiquer l'information à plusieurs communautés ethnoculturelles.
  • Informez-vous au sujet des préférences linguistiques, autres que le français ou l'anglais, et des préférences en matière de communication, des normes et des attentes des membres de la communauté. Cette façon vous permettra d'établir un dialogue non discriminatoire ou de diriger les personnes vers les ressources, les programmes ou les fournisseurs dans la langue de leur choix. Par exemple, en vous informant des préférences linguistiques et du style de communication, il vous sera plus facile :
    • de créer du matériel dans la langue et le style de communication qui répondent aux besoins de la communauté;
    • de retenir les services d'un interprète;
    • de recruter des employés dans le cadre du programme dont les aptitudes linguistiques correspondent au profil linguistique de la communauté ethnoculturelle visée.
  • Fournissez les services dans une variété de contextes. Le temps et le transport sont des difficultés souvent mentionnés par les minorités ethnoculturelles comme obstacles à l'accès à l'information et aux programmes en matière de santé. Le fait d'offrir plusieurs points d'accès au sein de la communauté améliorera grandement la capacité des minorités ethnoculturelles à accéder à l'information et aux programmes. Vous pouvez, par exemple, envisager la possibilité d'établir des services mobiles afin d'offrir directement aux personnes des éléments du programme, comme les épreuves de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Vous pouvez aussi mettre sur pied des « comptoirs de renseignements sur la santé sexuelle » dans les centres communautaires locaux, les centres commerciaux ou d'autres milieux que visitent les minorités ethnoculturelles. Formez des membres de la communauté ethnoculturelle afin qu'ils puissent travailler au comptoir de renseignements, répondre aux questions et diriger les personnes vers les ressources locales. De plus, l'information sur la santé sexuelle peut être incorporée dans les cours d'anglais langue seconde ou dans des environnements d'apprentissage confessionnels pour faire en sorte que les nouveaux arrivants et les immigrants de longue date aient accès à l'information.
  • • Communiquez l'information aux communautés ethnoculturelles dans divers formats qui cadrent avec leurs valeurs, leurs croyances et leurs pratiques culturelles. Vous pouvez, notamment, embaucher des membres de la communauté ethnoculturelle pour planifier et animer des activités de narration d'histoire ou de cercle de partage. Dans le cadre de ces activités, des membres de la communauté peuvent raconter des histoires qui mettent en lumière des sujets et des préoccupations importants pour cette communauté. Ces activités font partie des pratiques prometteuses visant l'engagement des membres de la communauté ainsi que leur participation à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes. Il s'agit également d'un bon moyen d'en apprendre davantage sur les besoins, les valeurs et les pratiques de la communauté ethnoculturelle et d'établir des liens de confiance avec les membres de cette communauté.
  • Créez des outils de sensibilisation aux programmes et aux services qui sont offerts à la communauté ethnoculturelle de votre région. Les minorités ethnoculturelles, tout particulièrement les nouveaux arrivants, sont moins susceptibles d'avoir recours aux services en partie parce qu'ils ne connaissent pas les services disponibles. Vous pouvez, entre autres, collaborer avec d'autres organismes communautaires pour établir une base de données sur les ressources offertes aux minorités ethnoculturelles de votre région. Une telle base de données pourrait être fournie à la communauté en divers formats, dont des applications pour cellulaires, des sites Web publics ou des documents papier distribués dans différents milieux.
  • Incorporez des évaluations périodiques à l'ensemble des interventions, des programmes et des activités. Communiquez les résultats de ces évaluations :
    • à d'autres organismes communautaires;
    • aux autorités locales de la santé;
    • aux ministères provinciaux et territoriaux de la santé et de l'éducation;
    • à d'autres décideurs de politiques.

    Vous pouvez, par exemple, présenter les constatations de l'évaluation de vos activités à l'occasion de conférences, de symposiums ou de sommets sur la santé organisés dans votre région. La diffusion de données probantes sur les programmes et les interventions qui semblent prometteurs pour l'amélioration des résultats en matière de santé et la réduction des disparités en matière de santé aidera d'autres intervenants à élaborer des programmes, des politiques et des interventions dans leur propre champ de compétence.

  • Consultez le programme d'éducation en matière de santé sexuelle de votre province ou territoire pour apprendre où et comment sont comblés les besoins relatifs à l'éducation en matière de santé sexuelle des jeunes des minorités ethnoculturelles. Discutez des lacunes avec les cadres scolaires, soulevez les problèmes auprès des commissaires d'école ou communiquez avec le représentant du programme, selon le protocole en place dans votre région.
  • Encouragez l'utilisation des Lignes directrices canadiennes pour l'éducation en matière de santé sexuelle à l'échelle locale, provinciale et territoriale comme cadre d'élaboration d'un programme général et inclusif de prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang et de promotion de la santé sexuelle.
  • Envisagez l'utilisationdes médias sociaux pour vous renseigner sur les préoccupations en matière de santé de la communauté ethnoculturelle locale et pour échanger de l'information sur la santé avec les membres de la communauté. À titre d'exemple, vous pouvez consacrer un babillard sur votre site Web à une communauté précise ou créer une page Facebook. Invitez les membres de la communauté à afficher un texte ou un commentaire sur le babillard.
  • Collaborez avec des groupes confessionnels ou des chefs spirituels pour fournir de l'information ou des services en matière de santé sexuelle dans les lieux de culte. Les chefs religieux ou les membres de la congrégation peuvent agir à titre de chefs laïques ou d'éducateur de pairs pour communiquer l'information sur la santé concernant la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Vous pouvez, entre autres, établir un partenariat avec des organismes confessionnels pour organiser un sommet de la jeunesse ou une foire sur la santé afin de rassembler les jeunes pour communiquer de l'information et explorer les valeurs liées à la sexualité. Les lieux de culte peuvent être des endroits clés où les personnes peuvent participer aux programmes et échanger sur des questions se rapportant à la sexualité dans le respect de leurs valeurs et de leurs croyances. Cette façon peut contribuer à atténuer la stigmatisation et les tabous entourant les infections transmissibles sexuellement et par le sang au sein des groupes confessionnels.
  • Mettez sur pied des groupes de soutien par les pairs qui permettent aux personnes de nouer des liens avec des membres du groupe ethnoculturel auquel elles appartiennent pour :
    • faire part de leurs expériences;
    • affirmer leurs croyances;
    • obtenir de l'information sur la santé.

    Les groupes de soutien par les pairs constituent également une plateforme permettant d'aborder la stigmatisation et des questions délicatesFootnote98.

Comment puis-je aider à renforcer la résilience chez les minorités ethnoculturelles?

La résilience requiert des compétences ou une façon de penser qui permettent aux personnes de composer avec le stress et l'adversité. Le renforcement de la résilience permet non seulement d'améliorer la santé, mais également toutes les facettes de la vie d'une personne.

Selon la recherche, sept facteurs de résilience ont été identifiés chez les populations diversifiées sur le plan culturelFootnote99 :

  • l'accès à des ressources matérielles (c.-à-d. nourriture, vêtements, abri, éducation);
  • l'accès à des relations solidaires (c.-à-d. pairs, famille, collectivité);
  • une forte identité personnelle (c.-à-d. sentiment d'utilité, croyances et valeurs);
  • un grand sentiment de maîtrise et de pouvoir personnel (c.-à-d. capacité à apporter des changements dans son milieu);
  • l'adhésion aux traditions culturelles (c.-à-d. adhésion aux pratiques locales ou mondiales propres à sa culture);
  • un grand sentiment de justice sociale (c.-à-d. chercher à jouer un rôle important au sein de la collectivité et pour l'égalité sociale);
  • un grand sentiment de solidarité avec les autres (c.-à-d. équilibrer ses intérêts personnels et sa responsabilité de rechercher le bien de tous).

Les organismes communautaires, les professionnels de la santé et les éducateurs peuvent faire plusieurs choses importantes pour renforcer la résilience des minorités ethnoculturelles.

  • Encouragez les personnes et les groupes à reconnaître leurs forces individuelles et collectives.
  • Donnez des occasions à la communauté de désigner des groupes ethnoculturels, des modèles positifs (c'est-à-dire des chefs culturels, des modèles des médias publics) et des réseaux de soutien au sein de leur communauté afin de collaborer avec eux. Cette façon de procéder peut renforcer l'estime personnelle et l'estime de soi ainsi que le sentiment d'appartenance au sein des différents groupes ethnoculturels et entre ceux-ci.
  • Participez à la création de clubs, d'activités et d'événements sur la diversité. Ces groupes constituent une occasion pour les membres des communautés :
    • d'explorer leur identité culturelle et d'en tirer fierté;
    • de renforcer leur estime de soi;
    • de créer un sentiment d'appartenance;
    • de démystifier les stéréotypes associés aux personnes ayant différents antécédents culturels.
  • Renforcez les capacités individuelles grâce à l'éducation par les pairs, au mentorat et au développement du leadership. Ainsi, on peut affermir les valeurs de coopération, favoriser le respect et le soutien mutuel et permettre aux minorités ethnoculturelles de s'entraider de façon appréciableFootnote100.
  • Offrez des ressources inclusives sur le plan culturel dans la communauté et proposez leur intégration dans les programmes scolaires. Le fait d'exposer tout le monde à ces ressources permettra non seulement de mieux connaître les personnes ayant différentes origines ethniques, culturelles et religieuses et d'accroître la sensibilisation à leur égard, mais aussi de favoriser un sentiment d'appartenance et d'identité chez les minorités ethnoculturelles.

Les minorités ethnoculturelles qui affichent une plus forte estime de soi, une forte identité personnelle et des réseaux solides de soutien par les pairs et la famille sont plus susceptibles de prendre des décisions favorables à la santé et d'être aptes à empêcher les résultats négatifs en matière de santé, comme les infections transmissibles sexuellement et par le sang. Les organismes communautaires, les professionnels de la santé et les éducateurs ont un rôle important à jouer pour protéger et améliorer la santé des minorités ethnoculturelles, et ce, en favorisant la résilience et en renforçant les capacités individuelles et communautaires.

Mot de la fin

Il est important de reconnaître que les disparités observées dans les résultats en matière de santé sexuelle, comme les infections transmissibles sexuellement et par le sang, varient selon les contextes culturels. Vu la diversité culturelle toujours croissante du Canada, il est essentiel d'enraciner les programmes de prévention dans les contextes culturels. Qui plus est, les programmes, les politiques et les plans d'études doivent être créés de façon à tenir compte des différents déterminants sociaux, structurels et économiques qui influencent la vulnérabilité et la résilience des minorités ethnoculturelles face aux mauvais résultats en matière de santé. Il convient également de reconnaître les différences qui existent parmi les groupes ethnoculturels et le fait qu'il n'existe pas de solution « universelle » pour réduire les disparités en matière de santé et améliorer les résultats de santé. La participation des membres de la communauté ethnoculturelle à la planification, à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes et des interventions garantira que ceux-ci sont adaptés aux besoins de la communauté, qu'ils reflètent la composition socioéconomique et démographique de la communauté et qu'ils respectent les valeurs culturelles de la communauté. L'intégration des pratiques d'inclusion dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang est une approche prometteuse qui permettra de réduire les disparités en matière de santé observées chez les minorités ethnoculturelles et d'améliorer la santé de l'ensemble de la population du Canada tout au long de la vie.

Pratiques prometteuses

Vous trouverez ci-dessous des exemples de programmes offerts au Canada qui semblent prometteurs pour ce qui est de s'attaquer aux déterminants de la vulnérabilité et à la résilience face aux infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles.

Mobile Health Clinic Program
Immigrant Women's Health Centre
(Toronto, ON)

http://immigranthealth.info/

Le programme Mobile Health Clinic (MHC) est une opération satellitaire du Immigrant Women's Health Centre. Il permet de travailler en partenariat avec des milieux de travail, des organismes et des groupes communautaires pour offrir des services de santé sexuelle, dont de la contraception, du counseling sur les infections transmissibles sexuellement, des épreuves de dépistage et des traitements, des examens des seins et des tests Pap, de l'aiguillage vers d'autres cliniques pour les femmes immigrantes, réfugiées et marginalisées à Toronto.


Families Achieving Inclusive Relationships (FAIR)
Calgary Sexual Health Centre
(Calgary, AB)

http://www.calgarysexualhealth.ca/2013/03/fair-families-achieving-inclusive-relationships/

Le projet FAIR offre un soutien et de l'information visant à aider les parents immigrants à dialoguer avec leurs enfants sur les valeurs familiales et le lien qui existe entre ces valeurs, des relations saines et un corps sain. Les thèmes abordés sont notamment la façon de discuter ouvertement des relations et des valeurs, la compréhension des choix auxquels les jeunes font face lorsque les valeurs familiales diffèrent de celles de leurs amis, les défis liés au fait d'élever des enfants au sein de la culture canadienne et la manière de parler à ses enfants de ces différences.


Brownkiss
Alliance for South Asian AIDS Prevention
(Toronto, ON)

http://brownkiss.ca/

Brownkiss est un programme de prévention du VIH et de santé sexuelle destiné aux femmes de l'Asie du Sud et aux nouveaux arrivants. Cette communauté en ligne se consacre à la création d'un environnement sécuritaire où les personnes peuvent se sentir à l'aise de s'informer sur le sexe et la sexualité, la prévention du VIH et des infections transmissibles sexuellement et la santé en général.


Take Care Down There: A Sexual Health Campaign
Sexuality Education Resource Centre (SERC) Manitoba
(Brandon, Manitoba)

http://www.serc.mb.ca/

La campagne médiatique sur la santé sexuelle Take Care Down There a été créée pour améliorer l'accès aux services sociaux et de santé chez les immigrants infectés ou touchés par le VIH. Les messages sur la prévention des infections transmissibles sexuellement et sur la promotion de la santé sont traduits en plusieurs langues, dont l'anglais, le russe, le mandarin, l'amharique et l'espagnol.

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