Rapport sur les infections transmissibles sexuellement au Canada : 2012

Résumé

Les infections transmissibles sexuellement (ITS) demeurent un problème de santé publique important au Canada. Les taux signalés d'infection à Chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis infectieuse transmissibles par le sang ne cessent d'augmenter depuis la fin des années 1990. Le présent rapport décrit les tendances en ce qui concerne ces trois infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire au Canada, en mettant l'accent sur la dernière décennie (de 2003 à 2012). Les tendances séculaires à long terme et les comparaisons internationales sont présentées aux fins de mise en contexte.

L'infection à Chlamydia trachomatis. L'infection à Chlamydia trachomatis continue d'être l'infection transmissible sexuellement la plus couramment signalée au Canada. Entre 2003 et 2012, les taux de cas déclarés d'infection à Chlamydia trachomatis ont augmenté de 57,6 %, passant de 189,6 à 298,7 par 100 000 habitants. Les taux ont augmenté chez les deux sexes et dans tous les groupes d'âge, la plus forte augmentation relative des taux étant observée chez les hommes. En 2012, comme dans les précédents rapports, le taux de cas déclarés d'infection à Chlamydia trachomatis signalé chez les femmes (383,5 par 100 000 habitants) était près de deux fois supérieur à celui des hommes (212,0 par 100 000 habitants). Chez les hommes comme chez les femmes, les taux d'infection à Chlamydia trachomatis les plus élevés ont été observés chez les personnes âgées de 20 à 24 ans. Une importante variabilité a été observée dans les taux de cas déclarés d'infection à Chlamydia trachomatis partout au Canada; des taux supérieurs à la moyenne nationale ont été observés dans les Territoires du Nord-Ouest, au Manitoba, en Saskatchewan, au Yukon et en Alberta.

L'infection gonococcique. Entre 2003 et 2012, les taux de cas déclarés d'infection gonococcique ont augmenté de 38,9 %, passant de 26,0 à 36,2 par 100 000 habitants. Au cours de cette période, une plus grande augmentation relative des taux a été observée chez les femmes, bien que les taux d'infection gonococcique aient augmenté chez les deux sexes et dans tous les groupes d'âge. En 2012, comme pour les années précédentes, le taux de cas déclarés d'infection gonococcique était plus élevé chez les hommes que chez les femmes (41,4 par rapport à 31,0 cas par 100 000 habitants). C'est chez les femmes âgées de 15 à 24 ans et les hommes âgés de 20 à 29 ans que les taux d'infection gonococcique les plus élevés ont été signalés en 2012. Le taux le plus élevé de cas déclarés d'infection gonococcique a été observé dans les Territoires du Nord-Ouest.

La Syphilis infectieuse. Les taux de cas déclarés de syphilis infectieuse ont augmenté de 101,0 % entre 2003 et 2012, passant de 2,9 à 5,8 par 100 000 habitants. Au cours de cette période, les taux ont augmenté de 128,3 % chez les hommes et ont diminué de 40,9 % chez les femmes. En 2012, comme pour les années précédentes, le taux de cas déclarés de syphilis infectieuse était considérablement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (11,0 par rapport à 0,5 cas par 100 000 habitants). Chez les hommes, les taux de syphilis infectieuse étaient plus élevés dans le groupe d'âge de 25 à 29 ans, alors que chez les femmes, ils étaient plus élevés dans le groupe d'âge de 20 à 24 ans. En 2012, on note des écarts géographiques dans la répartition des cas de syphilis infectieuse déclarés, les taux les plus élevés étant ceux du Québec.

Taux et cas d'infection à Chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis infectieuse signalés (par 100 000 habitants) 2003 et 2012, Canada
Année Infection à Chlamydia trachomatis Infection gonococcique Syphilis infectieuse
Cas Taux Cas Taux Cas Taux
2003 59 983 189,6 8 241 26,0 908 2,9
2012 103 716 298,7 12 561 36,2 2 003 5,8

Des augmentations similaires des taux d'infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire étaient observées en Australie, en Angleterre et aux États-Unis. Comme au Canada, l'infection à Chlamydia trachomatis était l'infection transmissible sexuellement la plus couramment signalée en 2012, et les taux étaient considérablement plus élevés chez les femmes que chez les hommes dans les trois pays. Les profils de l'infection gonococcique dans les quatre pays variaient davantage; en Australie et en Angleterre, les taux d'infection gonococcique chez les hommes étaient plus du double de ceux observés chez les femmes, alors que la différence entre les sexes au Canada et aux États-Unis était moins marquée. Comme au Canada, les taux signalés de syphilis infectieuse en 2012 dans les trois pays de comparaison étaient considérablement plus élevés chez les hommes que chez les femmes. Dans l'ensemble, et comparativement aux trois autres pays, les taux d'infection à Chlamydia trachomatis et d'infection gonococcique étaient plus bas au Canada, mais les taux de syphilis infectieuse étaient sensiblement les mêmes.

Les taux d'infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire ont augmenté en dépit de nombreuses interventions de santé publique conçues pour prévenir, diagnostiquer et traiter ces infections. Divers facteurs peuvent expliquer ces observations. Par exemple, le recours à des tests de laboratoire plus sensibles pour détecter les cas d'infection à Chlamydia trachomatis et d'infection gonococcique peut avoir contribué à l'augmentation du nombre d'infections diagnostiquées. Des méthodes plus efficaces de dépistage et de traçabilité des contacts sexuels des cas déclarés peuvent également avoir contribué à l'augmentation du nombre de cas. La résistance aux antimicrobiens, particulièrement dans le cas de l'infection gonococcique, peut avoir conduit à l'échec de traitement et à une transmission continue de l'infection. Enfin, des changements de pratiques sexuelles peuvent augmenter le nombre de personnes contractant des infections transmissibles sexuellement, comme cela était observé dans des épisodes d'éclosion de syphilis à l'échelle du Canada.

Les statistiques et les tendances nationales en ce qui concerne les infections transmissibles sexuellement servent à documenter les programmes, les lignes directrices et les recommandations en matière de santé publique. Afin d'affronter ce problème de santé publique croissant, l'Agence de la santé publique du Canada a produit des lignes directrices à l'intention des professionnels de la santé et des éducateurs sur la prévention, le diagnostic et le traitement de ces infections. Il est possible de les consulter à partir du site de la Santé sexuelle et infections transmissibles sexuellement ou le Centre de distribution de CATIE.

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