ARCHIVÉ : Chapitre 3 : Manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé : Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l'enfance – L'expérience des survivants : élément d'une rencontre de santé

 

L'expérience des personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance : élément d'une rencontre de santé

Socialisation des sexes : expériences vécues par les femmes

La socialisation des sexes influence autant la réaction des enfants aux agressions sexuelles que les répercussions de ces expériences à l'âge adulte. Au fil des recherches réalisées aux fins du présent manuel de pratique, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont décrit l'apport de la socialisation des sexes au façonnement de leurs échanges avec les praticiens et praticiennes de la santé.

La socialisation qui prône la soumission se conjugue à la tendance normative naturelle que pourraient avoir les enfants à s'imputer la faute d'expériences négatives mettant en cause des adultes. Résultat : bon nombre de femmes ayant survécu à une agression sexuelle se croient « vilaines » et s'estiment responsables des mauvais traitements qu'elles ont subis.

Maints observateurs et observatrices croient que la socialisation des sexes a beaucoup changé au cours du dernier siècle. Pourtant, de nombreuses enfants sont encore invitées à faire preuve de soumission, à réprimer les réactions agressives et à se montrer « gentilles ». Ces enfants captent de nombreux messages clamant que le sexe féminin serait moins puissant et aurait moins de valeur que le sexe masculin et que la fonction convenant aux femmes serait de plaire à leur entourage, et plus particulièrement aux hommes. Selon Rebecca Bolen :

Les femmes cultivent le sentiment de ne pas avoir de droits et d'être vulnérables par rapport aux éléments les plus puissants de la société. Les femmes intériorisent ce message ... La socialisation les prépare à être moins puissantes que les hommes qui sont titulaires de droits et de pouvoirs supérieurs et à s'incliner devant eux24p.146 [traduction].

Ces dimensions de la socialisation normative des femmes risquent d'exacerber la tendance que pourraient avoir les filles à se soumettre et à s'imputer la faute d'expériences négatives mettant en cause des adultes. Résultat : bon nombre de femmes ayant survécu à une agression sexuelle se croient « vilaines » et s'estiment responsables des mauvais traitements qu'elles ont subis. À leurs yeux, ces sévices ont été provoqués d'une façon ou d'une autre par leur corps, qu'elles ont appris à détester :

«La plupart des personnes ayant survécu à une agression sexuelle que je connais détestent leur corps, le renient ... se séparent de lui» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)*.

Par ailleurs, parce qu'elles ont été trahies par des adultes de confiance qui les ont maltraitées, les femmes ayant survécu à des sévices risquent de cultiver une méfiance à l'endroit des symboles d'autorité. On comprend ainsi pourquoi certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle acceptent difficilement de faire confiance aux praticiens et praticiennes de la santé et éprouvent un grand stress lors de rencontres de santé. De même, on comprend pourquoi tant de femmes maltraitées pendant l'enfance déclarent souffrir de symptômes de dépression et d'anxiété :

«Je ne voulais pas exprimer mes besoins parce que ... avec l'agression ... on ne peut décider de son sort. Ce qui t'arrive, tu te contentes de l'accepter, et c'est ce que j'ai cru pendant longtemps. Je le crois sans doute encore, mais j'essaie de penser autrement parce que maintenant j'ai le choix» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle).

Les filles apprennent qu'il est important que la femme constitue l'objet du désir de l'homme. Elles apprennent aussi qu'un air de jeunesse et d'innocence confère un grand charme sexuel. D'affirmer Lois Sapsford, une travailleuse sociale de Calgary, « les tenues dont nous affublons les mannequins de mode sont sexuellement accrocheuses et leur donnent une allure d'enfant, ce qui définit une norme pour l'ensemble des femmes »138p.76 [traduction]. En outre, certaines filles apprennent que leur valorisation passe par la « pureté » sexuelle alors que la société leur transmet le message contraire, à savoir qu'une fille doit être à la fois belle et sexy. Parce que la violence sexuelle objective le corps des filles pour satisfaire aux besoins des agresseurs ou agresseuses, elles risquent de se convaincre que leur valeur ne tient qu'à leur fonction d'objet sexuel. Conjugué au mythe voulant que les femmes doivent être sexuellement « pures », le stigmate qu'imprime la violence sexuelle pousse certaines femmes ayant survécu à une agression sexuelle à se croire « marquées » pour la vie et alimente les sentiments de honte et de culpabilité dont font état bien des intéressées. La condition de ces femmes se manifeste parfois par une ambivalence à l'égard de leur corps ainsi que par une réticence à demander des soins en cas d'ennuis de santé :

«Il y a aussi la honte écrasante et le secret ... Nos malaises pourraient être traités ... [dès le début], mais nous attendons et attendons ... jusqu'au point où il faudra plus de temps pour guérir et raccommoder tout cela» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle).

Le stigmate qu'imprime la violence sexuelle pousse certaines femmes ayant survécu à une agression sexuelle à se croire « marquées » pour la vie et leur inspire une ambivalence à l'égard de leur corps ainsi qu'une réticence à demander des soins en cas d'ennuis de santé.

Les facteurs sociaux, passés et présents, qui incitent les membres de notre société à nier ou à minimiser l'importance de la violence sexuelle à l'endroit d'enfants influencent aussi les idées qu'entretiennent les femmes ayant survécu à une agression sexuelle à propos de la sagesse de la décision de divulguer ou non leur expérience. De nombreuses participantes du projet ont évoqué la peur de ne pas être crues. Ainsi, certaines ont affirmé s'être fait accuser d'avoir carrément menti ou d'avoir inventé toute leur histoire. Une autre facette de la socialisation des femmes a trait au message voulant qu'il leur incombe de dicter les limites des comportements sexuels. Ce message alimente la crainte du blâme que nourrissent les femmes ayant survécu à une agression sexuelle, bien que les comportements sexuels en cause soient survenus dans leur enfance et aient été commis par des agresseurs ou des agresseuses plus âgés et plus puissants qu'elles. Une femme ayant divulgué ses sévices sexuels a raconté qu'un praticien ou une praticienne de la santé avait réagi en demandant comment elle avait pu laisser pareille chose se produire. De tels messages sociaux dissuadent vivement les femmes de partager leur expérience avec les praticiens et praticiennes de la santé, entravant du coup la capacité des cliniciens ou des cliniciennes d'évaluer l'ensemble des facteurs pouvant concourir aux ennuis de santé.

Socialisation des sexes : expériences vécues par les hommes

À maintes reprises, en qualité de personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance, les participants masculins du projet ont dit se sentir invisibles. De nombreux facteurs expliquent cette perception, dont : (a) l'ignorance généralisée de la prévalence des agressions sexuelles à l'endroit des garçons ; (b) l'incongruité entre la qualité de victime et l'image de la masculinité que cultive la société ; ainsi que (c) le fait que les services à l'intention des personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance soient le fruit de la deuxième vague du féminisme et aient été traditionnellement conçus pour les femmes et non pour les hommes.

Un homme qui reconnaît avoir été agressé sexuellement se trouve à avouer sa vulnérabilité dans une société qui offre peu de modèles d'expression de la vulnérabilité masculine. À vrai dire, le fait d'apposer l'étiquette de victime d'agression sexuelle sur un homme revient à juxtaposer vulnérabilité et masculinité, un jumelage précaire qui alimente la sous- reconnaissance et la sous-déclaration de la violence sexuelle pendant l'enfance chez les garçons et les hommes1,41,51,86,105.

S'ils songent à partager leurs antécédents de mauvais traitements avec un praticien ou une praticienne de la santé165, les hommes ayant survécu à une agression sexuelle affrontent un obstacle : le processus de socialisation qui invite l'homme à être fort et indépendant13,85. Dans un ouvrage intitulé Don't Tell: The Sexual Abuse of Boys, Michel Dorais affirme que « la conception masculine de la virilité est incompatible avec l'expérience concrète des victimes d'agression sexuelle ou avec le besoin d'aide qui découle d'un tel trauma »51p.17 [traduction] (voir aussi O'Leary115). Les hommes ayant participé au projet ont évoqué le besoin de paraître « forts » et « maîtres de la situation », en dépit de l'anxiété et de la crainte que leur inspiraient les rencontres avec des praticiens et praticiennes de la santé :

«Un homme, c'est fort, c'est macho, ça n'a pas besoin [d'aide] ! Nous n'avons qu'à en revenir : « Reviens-en, fais un homme de toi ! » Vous savez, un homme, ça ne pleure pas» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle)166p.509.

Un homme qui reconnaît avoir été agressé sexuellement se trouve à avouer sa vulnérabilité dans une société qui offre peu de modèles d'expression de la vulnérabilité masculine.

Certains participants ont aussi exprimé le mal qu'ils éprouvaient à identifier et verbaliser leurs sentiments :

«Les femmes semblent plus conscientes de l'appellation des choses. Par exemple, « je me sens déprimée » ou « je me démène vraiment depuis quelques semaines, et voici les circonstances exactes ». Moi, la moitié de ces choses-là, je ne sais même pas quel nom leur donner» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle)166p.510.

Selon une croyance bien enracinée, les garçons et les hommes seraient rarement victimisés, et la capacité d'autoprotection compterait parmi les caractéristiques fondamentales de la masculinité (Mendel, tel que cité par Lab, Feigenbaum, et De Silva96). Contrevenir à cette attitude revient à faire preuve de faiblesse, ce qui risque de couvrir les hommes de honte. Ainsi, « la dissonance entre le schéma du rôle masculin et l'expérience de la victimisation »115p.83 [traduction] risque de mettre en péril la prestation de soins aux hommes ayant survécu à une agression sexuelle, car la honte et le sentiment d'indignité qu'ils éprouvent minent souvent leur capacité de réclamer des soins :

«S'il m'a fallu bien du temps avant de consulter [un praticien ou une praticienne de la santé], c'est que ... franchement, je ne m'en sentais pas digne ... digne de recevoir des soins, qu'on s'intéresse à moi. Vous savez, les médecins sont des gens occupés» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle).

En ce qui touche la réaction suscitée par l'expérience d'avoir survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance, la plupart des participants masculins du projet ont dit croire en l'existence d'un écart entre hommes et femmes, ajoutant que cet écart façonnait leur propre quête de soins et, du coup, influençait les traitements reçus de la part des praticiens et praticiennes de la santé. De l'avis général des participants, les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé se montrent sceptiques à l'endroit d'hommes qui divulguent les agressions sexuelles dont ils auraient été victimes, prenant leur malheur moins au sérieux que celui des femmes ayant connu le même sort. En outre, d'aucuns perçoivent l'agression sexuelle commise par une femme à l'endroit d'un homme comme une expérience « privilégiée » qu'aurait dû savourer ce dernier. À l'instar de Ramona Alaggia1, Guy Holmes et ses collaborateurs85 rappellent que de telles perceptions sont répandues. Les médias y contribuent en qualifiant de « rapports sexuels » les agressions commises par des femmes adultes à l'endroit de garçonsp. ex.,34,148. Le fait que les agressions sexuelles commises par des femmes ciblent plus souvent les garçons que les filles29 risque d'alimenter le mythe à propos du caractère normatif (plutôt que violent) des activités sexuelles entre femmes et garçons, tout en perpétuant « le rôle qui incombe aux hommes de rechercher les expériences sexuelles précoces avec des femmes »13p.225 [traduction].

Selon les participants, les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé se montrent sceptiques à l'endroit d'hommes qui divulguent les agressions sexuelles dont ils auraient été victimes, prenant leur malheur moins au sérieux que celui des femmes ayant connu le même sort.

D'ordinaire, les médias s'affairent davantage à dépeindre les hommes ayant survécu à une agression sexuelle comme des agresseurs en puissance qu'à s'intéresser aux données contestant cette idée.

Bien que la lutte contre l'homophobie ait progressé de façon générale dans la société, certains des participants masculins du projet ont dit craindre que la divulgation de leurs antécédents de violence sexuelle pendant l'enfance n'incite les praticiens et praticiennes de la santé à les croire homosexuels. D'autres ont expliqué que l'expérience des mauvais traitements avait fait naître en eux un fort ressentiment à l'égard de personnes perçues comme homosexuelles (y compris des praticiens et praticiennes de la santé) :

«J'ai dû me rendre à l'hôpital pour régler un problème touchant certains des médicaments [que je consommais]. Là, il y avait un infirmier visiblement efféminé qui devait m'administrer un médicament par voie intraveineuse. J'ai refusé parce que je ne voulais pas qu'il me touche» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle)166p.506.

Bien que d'aucuns puissent y voir la manifestation d'une homophobie intériorisée, de telles craintes témoignent peut-être aussi de l'omniprésence, dans la société, du mythe voulant que la violence sexuelle pendant l'enfance provoque l'homosexualité chez les garçons et les filles131.

Section 3.6 Questions relatives à la sexualité et à l'orientation sexuelle

Croyances sociales à propos du cycle de la violence

À l'échelle de la société, il existe un mythe voulant que les hommes ayant survécu à une agression sexuelle se soient déjà transformés en agresseurs ou le deviennent tôt ou tard. Cette croyance alourdit la facture émotionnelle qui accompagne la victimisation pendant l'enfance. D'ordinaire, les médias s'affairent davantage à dépeindre les hommes ayant survécu à une agression sexuelle comme des agresseurs en puissance41 qu'à s'intéresser aux données contestant cette idée115. Bien qu'il n'existe aucune preuve concluante de l'existence d'un tel lien de causalitép. ex.,68,136 et bien que de nombreux agresseurs masculins ne fassent état d'aucun antécédent de violence sexuelle pendant l'enfance99, certains hommes ayant survécu à une agression sexuelle continuent de craindre à l'instar du grand public que le destin ne les pousse à leur tour à pratiquer la violence sexuelle85,115,132. De même, certaines femmes ayant survécu à des sévices sexuels redoutent d'infliger les mêmes mauvais traitements à des enfants ou d'être perçues comme des agresseuses en puissance.

Transfert et contre-transfert

Introduits par Freud dans un cadre de psychanalyse, les concepts de transfert et de contre- transfert désignent des expériences humaines courantes que doit comprendre toute personne qui travaille dans le secteur des services sociaux. Un transfert survient lorsqu'un individu transplante, dans une expérience présente, des pensées, des sentiments et/ou des croyances qui se rapportent à des situations passées. De l'avis général, le transfert est une pratique plus ou moins fréquente chez tous les humains. Certains transferts sont positifs ou neutres ; d'autres sont négatifs et nuisent à un fonctionnement sain et adapté. Par exemple, un adulte ou une adulte ayant sans cesse essuyé les critiques d'un symbole d'autorité risque d'avoir grandi en pensant que les symboles d'autorité trouvent toujours matière à redire et, par conséquent, d'avoir tendance à déceler des reproches dans les propos les plus innocents. De même, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l'enfance risquent de réagir négativement à un praticien ou à une praticienne de la santé qui, par son allure, son sexe ou ses traits particuliers, leur rappelle un agresseur ou une agresseuse. La dynamique du transfert permet de comprendre les réactions de ces personnes lorsqu'elles n'ont rien à voir avec le praticien ou la praticienne avec qui elles échangent ou encore avec la nature de la rencontre avec le praticien ou la praticienne. Par ailleurs, en connaissant bien le mécanisme de transfert, les praticiens et praticiennes de la santé seront moins portés à juger désobligeantes les réactions négatives de leurs patients ou patientes.

Le contre-transfert repose sur la même dynamique que le transfert, mais survient lorsqu'un praticien ou une praticienne de la santé réagit à un patient ou une patiente par des pensées, des sentiments et/ou des croyances qui se rapportent à son propre passé. Par exemple, en présence d'un patient ou d'une patiente qui lui rappelle un enseignant ou une enseignante sévère et irritable, le praticien ou la praticienne risque d'éprouver une anxiété démesurée, compte tenu de la situation objective qui se vit.

Il est tout naturel qu'un transfert négatif de la part d'un patient ou d'une patiente éveille des sentiments négatifs chez les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé. Cependant, ces derniers doivent s'efforcer de refréner ces sentiments et de réagir avec professionnalisme.

Le contre-transfert peut également agir sur la réaction émotionnelle prévisible d'un praticien ou d'une praticienne à l'égard d'un patient ou d'une patiente, tout particulièrement si ce dernier ou cette dernière se livre au transfert de ses propres expériences passées. Par exemple, un contre-transfert pourrait fort bien dicter les réactions du praticien ou de la praticienne qui se fâche ou qui adopte une attitude défensive face à l'agressivité manifestée, par voie de transfert, par un homme ou une femme ayant survécu à une agression sexuelle qui croit à tort déceler, chez son interlocuteur ou son interlocutrice, la même indifférence à l'égard de son bien-être que celle dont faisaient preuve jadis ses parents.

Il est tout naturel qu'un transfert négatif de la part d'un patient ou d'une patiente éveille des sentiments négatifs chez les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé. Cependant, ces derniers doivent s'efforcer de refréner ces sentiments et de réagir avec professionnalisme. Par exemple, il sera sans doute plus fructueux de s'enquérir des motifs de l'hostilité du patient ou de la patiente que d'y répondre avec colère. La déontologie des pourvoyeurs et des pourvoyeuses de soins de santé leur impose un effort constant de prise de conscience et de réflexion critique sur leur pratique afin de reconnaître les situations où ils réagissent de façon préjudiciable au transfert exercé par un patient ou une patiente ainsi que les situations où ils se livrent eux-mêmes à un contre-transfert. En outre, les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé doivent se répéter sans cesse qu'ils sont tenus de traiter leurs patients et patientes avec professionnalisme, et ce, même s'ils sont contrariés ou si la personne les juge trop sévèrement, les provoque ou éveille en eux des sentiments négatifs. S'ils ont du mal à répondre à ces exigences déontologiques, les praticiens et praticiennes doivent réfléchir à la situation et aux motifs qui dictent leurs réactions ainsi que prendre des mesures appropriées pour prévenir tout préjudice direct ou indirect à l'endroit de leurs patients ou patientes. S'il remarque qu'une personne ou que certains comportements, traits de personnalité ou événements lui inspirent une réaction vive et récurrente, le praticien ou la praticienne de la santé aurait peut-être avantage à en discuter avec un superviseur ou une superviseure ou avec un collègue ou une collègue de confiance.

Comportements et sentiments précis qui se manifestent lors de rencontres de santé

Méfiance à l'endroit des symboles d'autorité. Tout au long du projet, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont relaté les violations commises pendant leur enfance par des symboles d'autorité, ajoutant que ces violations avaient éveillé en elles un sentiment de méfiance qui nuisait à leurs échanges avec les praticiens et praticiennes de la santé. Cette méfiance provient du passé et n'a rien d'un affront personnel. Tout de même, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle sont sans cesse à l'affût de preuves démontrant que les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé prennent des mesures actives et constantes pour se montrer dignes de confiance. Il est capital de savoir que certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle risquent d'associer les paroles rassurantes du praticien ou de la praticienne de la santé qui tente de calmer son patient ou sa patiente aux promesses creuses de sécurité lancées par l'agresseur ou l'agresseuse au moment d'infliger de mauvais traitements.

Pour certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle, le sexe d'une personne en situation d'autorité constitue un puissant « élément déclencheur » qui risque d'éveiller en elles un sentiment d'insécurité et de vulnérabilité.

Section 4.1 Une considération essentielle : promouvoir un sentiment de sécurité pour la personne

Peur et anxiété. Les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont longuement évoqué la peur et l'anxiété immenses que suscitaient en elles les rencontres de santé. L'attente, la proximité des symboles d'autorité et l'incertitude concernant la suite des événements sont autant d'éléments qui captent les échos de sévices passés. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont même déclaré craindre que le praticien ou la praticienne de la santé ne les agresse :

«[Dans la salle d'attente de la clinique, je me sentais] nerveuse et appréhensive, ne sachant pas exactement ce qui allait se passer ... au sujet des vêtements ou ... du toucher ... tout simplement plongée dans le noir» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)143p.252.

Malaise à l'égard des personnes du même sexe que l'agresseur ou l'agresseuse. Pour certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle, le sexe d'une personne en situation d'autorité constitue un puissant « élément déclencheur » qui risque d'éveiller en elles un sentiment d'insécurité et de vulnérabilité. Cette vive réaction empêche certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle de réclamer des soins de la part de praticiens ou de praticiennes du même sexe que leur agresseur ou agresseuse :

«[Un pourvoyeur de soins de santé et un assistant étaient] dans la pièce avec moi, j'avais enlevé mon pantalon, et ce bonhomme m'enduisait la jambe d'un gel [pour les ultrasons]. Je me sentais vraiment inconfortable ... même si ... il ne serait sans doute rien arrivé. Je n'aimais carrément pas me retrouver seule sans mon pantalon dans une pièce en compagnie de deux hommes. Ça donnait vraiment le frisson» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle).

«J'ai été agressé par ma mère. Je n'aime pas que des femmes me touchent, surtout si elles me sont étrangères» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle).

Éléments déclencheurs. Les examens ou les traitements risquent soit de « déclencher » des flashbacks, des souvenirs précis ou des sentiments écrasants comme la peur, l'anxiété, la terreur, le deuil ou la colère, soit d'accélérer l'apparition de ces symptômes. On entend par flashback le fait de revivre des événements passés. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle sont particulièrement sujettes à cette expérience, qui s'accompagne habituellement d'émotions intenses. Il arrive qu'un flashback atterre carrément la personne :

«Cette matière visqueuse qu'on m'a mise m'a donné des flashbacks, des cauchemars et des insomnies. J'étais tout simplement incapable de gérer cette situation» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)143p.257.

Section 7.6 Éléments déclencheurs et dissociation

Dissociation. Les personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont fait état d'épisodes de dissociation lors d'échanges avec des pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé. Selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e éd. text. rev9p.519 (désigné par l'acronyme DSM-IV-TR ), la dissociation est « une dislocation des fonctions habituellement intégrées de la conscience, de la mémoire, de l'identité ou de la perception de l'environnement » [traduction] qui survient brusquement ou progressivement et s'avère transitoire ou chronique. Certains auteursp. ex.,120,154 associent cette dislocation à un état de conscience divisée qui se caractérise par une fragmentation des dimensions communément intégrées de l'identité. Par ailleurs, la dissociation s'inscrit sur un continuum120 où se trouvent, à une extrémité, « des expériences courantes comme la rêvasserie et le relâchement de l'attention, par le biais d'illusions de déjà vu ... [et, à l'autre extrémité,] un défaut pathologique d'intégrer les pensées, les sentiments et les actions »110p.806 [traduction].

Les examens ou les traitements risquent soit de « déclencher » des flashbacks ou des sentiments écrasants comme la peur, l'anxiété, la terreur, le deuil ou la colère, soit d'accélérer l'apparition de ces symptômes.

D'affirmer le DSM-IV-TR, « dans de nombreuses sociétés, les états de dissociation sont l'expression courante et reconnue d'activités culturelles ou d'expériences religieuses » qui, le cas échéant, ne donnent habituellement pas lieu à « une détresse importante, une déficience ou une démarche visant à trouver de l'aide » [traduction]. On ne peut donc y voir le diagnostic d'un trouble. Une expérience de dissociation fréquente à laquelle peuvent s'identifier la plupart des gens est l' hypnose de la route, ce phénomène où, au volant d'une voiture, la personne découvre soudain qu'elle n'a aucun souvenir d'une partie de son voyage, sinon du voyage tout entier119.

De l'avis de l'International Society for the Study of Trauma and Dissociation89, les expériences traumatisantes exercent une fonction importante dans l'émergence de divers troubles dissociatifs pathologiques. D'aucuns croient que, sur le coup, la dissociation est une stratégie efficace d'adaptation à des épisodes de stress extrême, semblables à ceux que suscite la violence sexuelle pendant l'enfance. Cependant, si elle se transforme en mécanisme d'adaptation à long terme, la dissociation risque d'aggraver un ensemble de troubles mentaux et de nuire aux relations, au concept de soi, au développement de l'identité ainsi qu'au fonctionnement adapté2,78.

Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont dit exercer aucun contrôle continu sur le mécanisme qui les pousse à « échapper » instantanément à une situation (généralement stressante). Quelques-unes ont même déclaré avoir ignoré pendant des années qu'elles avaient une propension à la dissociation. Une fois plongées dans un état dissociatif, certaines personnes ont l'impression de vivre à l'extérieur de leur corps et d'assister de loin aux événements qui se déroulent. D'autres, plus simplement, s'emmurent dans le mutisme, portent un regard vide sur l'horizon ou semblent ne plus avoir conscience de leur environnement. Au terme d'un épisode de dissociation, la personne ne garde souvenir de rien ; désorientée, elle risque d'avoir du mal à replonger dans le présent :

«[Au cours d'une séance de physiothérapie], ce même sentiment d'appréhension m'envahissait, et je m'adaptais de la même façon que lors de mes agressions ... m'efforçant simplement de ne pas sentir mes bras et de cesser d'être vraiment là» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)157p.182.

Douleur physique. Pour certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle, douleur physique aiguë et/ou chronique rime parfois avec sévices passés. Cette association peut se manifester de différentes façons (p. ex., certaines personnes ont appris à ignorer la douleur ou à s'en dissocier alors que d'autres y sont hypersensibles) :

«Je crois que parfois, lorsque des personnes ayant survécu à une agression sexuelle ressentent la douleur au retour de la physiothérapie, cela nous ramène ... à l'enfance ... quand la douleur nous assaillait ... et personne ne réagissait. Si tu verbalisais ta douleur ... on la banalisait ou alors tu faisais l'objet de menaces [afin que tu gardes le silence] » (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)143p.256.

Les traitements risquent de souffrir de tout conflit pouvant opposer le besoin de faire soigner un problème d'ordre physiologique et la difficulté qu'éprouvent certaines personnes à s'occuper de leur propre corps.

Section 2.5 Effets sur la santé de la violence sexuelle à l'endroit d'enfants

Section 7.1 Douleur

Ressources et ouvrages recommandés Ouvrages sur la violence sexuelle à l'endroit d'enfants et sur les traumas connexes (tout particulièrement van der Kolk et McFarlane172 et van der Kolk170)

Ambivalence à l'égard du corps. De nombreuses personnes ayant survécu à une agression sexuelle éprouvent des sentiments de haine, de honte et de culpabilité à l'endroit de leur corps. Pendant l'enfance, certaines d'entre elles acquièrent la conviction de devoir les mauvais traitements infligés par l'agresseur ou l'agresseuse à un attribut de leur propre corps ou de leur propre personne une croyance qui risque d'être renforcée si la victime tire un quelconque parti des sévices subis (p. ex., attention spéciale ou excitation sur le plan physiologique)85,132. Chez certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle, la honte et le sentiment de culpabilité se traduisent parfois par une séparation du corps ou par une ambivalence à l'égard de ce dernier :

«[L'attention que je porte à mon corps] fluctue selon le point où j'en suis rendue et le succès que j'ai à décider de me soigner ou non. Cela m'est très difficile à faire sur le plan physique. Quand tu n'habites pas ton corps, il ne devient plus qu'une sorte de véhicule dans lequel tu te déplaces » (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)143p.255.

La violence apprend parfois aux enfants à éviter de se faire entendre ou de contester les symboles d'autorité. Ainsi, à l'âge adulte, certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont du mal à exprimer leurs besoins à un praticien ou une praticienne de la santé qu'elles perçoivent comme un symbole d'autorité.

Les traitements risquent de souffrir de tout conflit pouvant opposer le besoin de faire soigner un problème d'ordre physiologique et le sentiment d'ambivalence ou d'aversion qu'éprouvent certaines personnes à l'égard de leur corps. Ainsi, ces personnes risquent de faire fide symptômes qui favoriseraient la pose d'un diagnostic exact, expliqueraient la réaction à un traitement donné ou mineraient la capacité d'autosurveillance des effets d'une médication ou d'une intervention.

Conditionnement poussant à la passivité. La violence apprend parfois aux enfants à éviter de se faire entendre ou de contester les symboles d'autorité. Ainsi, à l'âge adulte, certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont du mal à exprimer leurs besoins à un praticien ou une praticienne de la santé qu'elles perçoivent comme un symbole d'autorité.

«[La praticienne de la santé a fait quelque chose et] ça m'a vraiment foutu les boules, mais ... je n'ai rien laissé paraître, car nous n'avons pas l'habitude de révéler ce qui nous pose problème. On se contente de gérer la situation du mieux qu'on peut ... en se dissociant ou que sais- je encore» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle)143p.254.

Actes autodestructeurs. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle commettent des actes autodestructeurs (p. ex., égratignures, coupures ou brûlures cutanées) pour tenter de s'adapter aux sentiments de détresse qui les affligent de longue date. Les praticiens et praticiennes de la santé reconnaîtront de tels actes aux blessures que porte le patient ou la patiente aux bras, aux jambes ou à l'abdomen. Parfois, l'autodestruction revêt des formes plus subtiles, notamment quand une personne ignore les enseignements ou recommandations sanitaires visant les traitements ou la gestion des symptômes (p. ex., refus de revoir la cadence de vie malgré des douleurs et une fatigue ou défaut de respecter un régime de traitement du diabète).

De nombreux motifs peuvent pousser les personnes ayant survécu à une agression sexuelle à s'autodétruire. Ainsi, en agissant de la sorte, elles oublieraient la douleur émotionnelle qui les accable, feraient porter la douleur sur une partie précise de leur corps ou tenteraient de faire cesser un épisode de dissociation ou d'engourdissement. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle posent des actes autodestructeurs afin de retrouver le sentiment de posséder ou de contrôler leur corps. D'autres cherchent à punir ou à expier des torts qu'elles croient avoir commis46. Dusty Miller106 fait valoir que les actes autodestructeurs comptent parmi un éventail de comportements de destruction de soi qui s'inscriraient dans une démarche inconsciente de répétition des traumatismes passés.

Questions relatives à la sexualité et à l'orientation sexuelle

Comme bien d'autres éléments de la société, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle s'interrogent peut-être au sujet de leur sexualité ou de leur orientation sexuelle. Parmi elles, certains hommes ayant participé au projet ont fait état de conflits internes provoqués par leur incertitude concernant leur propre orientation sexuelle :

«Cela vient de me frapper ! Dans les dossiers de violence sexuelle, il semble très, très courant de voir surgir la question de l'homosexualité lorsqu'il est question [d'hommes] ayant survécu à une agression. Suis-je homosexuel ? Voilà certainement un enjeu» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle).

Certaines femmes ayant survécu à une agression sexuelle ont fait état de semblables conflits internes :

«Les femmes ayant survécu à une agression sexuelle commise par une autre femme vivent aussi cette confusion entourant leur identité sexuelle et leur orientation sexuelle» (témoignage d'une femme ayant survécu à une agression sexuelle).

Le public tient souvent pour acquis que la violence sexuelle est une « cause » de l'homosexualité et que les victimes homosexuelles risquent de céder elles-mêmes à l'appel de cette violence. Parmi les personnes ayant pris part à l'étude, celles qui se déclaraient homosexuelles ont dit que de telles hypothèses leur occasionnaient des ennuis :

«Les gens supposent que si tu es gai, c'est parce que c'est ta mère [qui t'a agressé]. Cela ne tient pas debout, étant donné que l'agression est l'oeuvre d'une femme. Ou alors ils croient qu'étant gai et ayant subi des sévices sexuels, tu deviendras un pédophile. Ces attitudes ont été manifestées par des personnes à qui j'ai divulgué mon histoire. De nombreuses couches entrent en jeu dans cette affaire. Les préjugés risquent de poser un grave problème en ce qui touche les praticiens et les praticiennes de la santé. Ces gens vont supposer certaines choses» (témoignage d'un homme ayant survécu à une agression sexuelle).

Parmi les personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet, rares sont celles qui ont soulevé la question de l'orientation sexuelle dans le cadre de leurs échanges avec des praticiens et praticiennes de la santé. Cependant, parmi les praticiennes et praticiennes ayant pris part au projet et commenté les différentes versions du Manuel de pratique, bon nombre ont fait valoir que leur profession oubliait souvent de tenir compte de l'identité sexuelle et de l'orientation sexuelle des patients et patientes. À coup sûr, il importe de reconnaître les défis que risquent de poser les questions de sexualité et de façon générale les questions d'intimité pour les hommes et les femmes ayant connu la violence sexuelle pendant l'enfance. Cette affirmation vaut pour une fraction des individus ayant survécu à une agression sexuelle qui entretiennent des relations hétérosexuelles ainsi que pour certaines personnes qui entretiennent des relations homosexuelles et certaines personnes qui se définissent comme gaies, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres.

De façon générale, il est « anormal » ou « répréhensible », aux yeux de la société, qu'une personne soit gaie, lesbienne, bisexuelle ou transgenre. Par conséquent, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle au même titre que les praticiens et les praticiennes de la santé imputent parfois l'attraction homosexuelle à des antécédents de violence sexuelle. Dans une communication personnelle faite en 2007, Shoshana Pollack, professeure à la Faculté de travail social de la Wilfrid Laurier University, remarque que « la promotion d'une telle hypothèse chez les patients et patientes fait fi d'un élément important, à savoir que la violence sexuelle pendant l'enfance occasionne une sexualisation traumatisante et sème souvent, chez les personnes qui y survivent, une confusion à propos notamment : de la manière de se livrer à des activités sexuelles au sens large ; de leurs préférences sexuelles (à l'égard non seulement du sexe des partenaires, mais aussi des pratiques sexuelles) ; du sens à donner à l'attraction homosexuelle qu'elles éprouvent ou non (selon le cas) ; et du sens à donner au fait qu'elles n'aient pas éprouvé cette attraction au moment de subir, pendant l'enfance, de mauvais traitements de la part d'un agresseur ou d'une agresseuse du même sexe (s'il y a lieu) » [traduction].

Il n'existe aucune étude pour appuyer la thèse de l'existence d'une association entre la violence sexuelle pendant l'enfance et le développement d'une identité gaie, lesbienne, bisexuelle ou transgenre.

Les personnes ayant subi des sévices sexuels pendant l'enfance qui entretiennent (ou ont entretenu) des relations homosexuelles doivent souvent composer avec des pensées négatives à leur propre sujet, lesquelles sont le reflet de stéréotypes négatifs dictés par la société. Par exemple, certaines de ces personnes risquent de se faire des réflexions comme « je suis vilain ou vilaine parce que j'ai subi de mauvais traitements » ou « je suis très vilain ou très vilaine parce que j'ai subi de mauvais traitements et en ai retiré une attraction homosexuelle ». De telles pensées doivent être perçues comme la manifestation d'attitudes sociales hétérosexistes et homophobes intériorisées qu'il importe de contester et de perlaborer (Shoshana Pollack, communication personnelle, 2007).

Il n'existe aucune recherche pour appuyer la thèse d'une association entre la violence sexuelle pendant l'enfance et le développement d'une identité gaie, lesbienne, bisexuelle ou transgenre131. Un sondage en ligne réalisé auprès de femmes lesbiennes ou bisexuelles âgées de dix-huit à vingt-trois ans a révélé que moins de la moitié des répondantes ayant subi des violences sexuelles pendant l'enfance croyaient que ces violences avaient façonné leurs sentiments à propos de la sexualité ou leur choix de méthode pour « sortir du placard ». Parmi les répondantes ayant fait état d'un tel lien, certaines jugeaient que les mauvais traitements n'avaient nullement altéré la perception de leur orientation sexuelle, ajoutant que cette dernière n'avait rien à voir avec leur expérience de violence sexuelle pendant l'enfance.

*À l'instar de tous les autres qui suivent dans le texte, ce témoignage a été traduit en français après avoir été d'abord publié en anglais dans la version originale du Manuel de pratique.

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