Les femmes autochtones et la violence familiale – Implications
Implications
La présente étude dresse des constats soulignant les nombreux défis que comporte la prestation d'une aide aux femmes autochtones victimes de la violence de leurs partenaires intimes, d'une part, et aux auteurs de cette violence d'autre part. Parmi ces défis figurent la fréquence élevée et la gravité des mauvais traitements dans la collectivité de même que leurs effets à long terme sur les enfants au niveau des comportements acquis. Pour mettre un terme à la violence des hommes envers les femmes autochtones, il est indispensable de fournir des renseignements explicites et de réaliser des programmes éducatifs pour tous les membres de la famille, et non seulement pour les parents et enfants.
De tels programmes éducatifs devraient traiter la manière de reconnaître et de vivre une relation saine. Bon nombre d'agresseurs et de victimes de la violence ne possèdent pas les notions élémentaires d'une relation saine, fondée sur l'amour. Dans le cadre des groupes de discussion, les femmes ayant déjà redressé leur vie ont fait valoir que l'information reçue sur les rouages d'une relation saine les avait aidées à connaître la marche à suivre pour échapper au cycle de la violence. Manifestement, il y a lieu d'introduire et de soutenir de telles normes, non seulement pour les personnes aux prises avec la violence des partenaires intimes, mais aussi pour l'ensemble de la collectivité. Pour faire face à long terme à tous les aspects de la violence faite aux femmes, on préconise une démarche qui sensibilise les membres de la communauté toute entière, y compris les victimes, les agresseurs, les leaders de la collectivité ainsi que le grand public. Plus particulièrement, les participantes croient que l'existence d'une « culture de la victimisation » dans les collectivités autochtones ne devrait servir de prétexte ni à la pratique de la violence, ni à l'acceptation de la violence en tant que comportement normal. Il y aurait plutôt lieu de favoriser un sens accru de la responsabilité individuelle et collective à l'égard de la sécurité et de la protection des femmes autochtones.
Cependant, même là où des renseignements s'offrent aux femmes qui souffrent dans des relations de violence, il se peut que ces femmes aient besoin de temps ou d'itérations répétitives avant de pouvoir absorber l'information et y donner suite. Dans bien des cas, seule une série d'incidents violents saura pousser une femme à surmonter les obstacles et enfin demander de l'aide. D'autres femmes pourront être fortement incitées à faire de même en constatant les effets qu'a la violence sur leurs enfants. Ces derniers subissent souvent les conséquences préjudiciables de la violence des hommes envers les femmes, ce qui fait d'eux des destinataires essentiels du matériel éducatif.
La question de la confiance s'avère particulièrement importante dans les collectivités autochtones. Il faut du temps pour établir une relation de confiance; cependant, une présence autochtone, amicale et bien connue, pourrait favoriser le processus en situation de crise. Au dire de certains répondants, la démarche devient d'autant plus facile si la victime sait que les professionnels aidants possèdent une expérience personnelle de la violence. Cela dit, lorsqu'interrogées sur la nécessité que les installations et services de détresse soient gérés par du personnel autochtone, les participantes des groupes de discussion donnent des réponses diverses. Les femmes à l'extérieur des réserves sont portées à privilégier l'expertise et l'expérience personnelle. Quant à elles, les participantes dans les réserves croient plutôt qu'une femme autochtone chevronnée saurait mieux transiger avec les victimes autochtones, ce qui la rendrait plus digne de confiance.
D'une seule voix, les répondants conviennent de la nécessité de donner aux femmes des fonds, des outils et des ressources pour qu'elles aient les moyens et la possibilité de porter leur regard au delà du cycle de la violence et ainsi relancer leur vie. Selon les femmes autochtones, la solution idéale pour aborder ce problème passerait par l'octroi d'une aide financière, par l'accès au logement à prix abordable et par la prestation de services de transport; ainsi, les femmes pourraient trouver des services éducatifs et des services d'assistance, des conseils de même qu'une instruction et des notions de vie pratique. Bien que sans doute optimal, le recours aux ressources communautaires s'avérerait peu réaliste ou durable dans les petites collectivités. Là, il importe avant tout que les femmes trouvent des moyens de transport fiables, pratiques et abordables pouvant les mener en lieu sûr, dans un refuge à proximité immédiate offrant des services d'hébergement pour les enfants.
L'insuffisance des mesures prises par le système de justice pénale est un autre élément majeur pour lequel, croit-on, des réformes s'imposent. Ce besoin est d'autant plus marqué que les peines actuelles s'avèreraient trop clémentes et que le système correctionnel et le régime de libération conditionnelle s'occuperaient trop peu de la question de la violence - à en croire les perceptions des répondants.
En ce moment, compte tenu du peu de membres des collectivités autochtones qui possèdent un ordinateur, les ressources Web ne constituent pas des sources d'information efficaces. D'aucuns affirment que les services d'écoute téléphonique, les affiches dans les centres communautaires et les écoles, les dépliants et le publipostage direct conviendraient mieux pour diffuser des renseignements sur la violence, à l'intention des femmes et de leurs partenaires.
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