Onzième épisode : Bruno et Alice: Une histoire d'amour en douze épisodes sur les aînés et la sécurité – À genoux

Les photos permettent de se souvenir des beaux moments de la vie. Mais il est des endroits et des moments où elles ne conviennent pas du tout.

Quand j'ai commencé à fréquenter Bruno, il y avait des photos de sa première femme dans toutes les pièces de la maison. Je suis certaine que c'était une femme formidable, mais ma relation avec Bruno commençait à prendre une tournure romantique et j'aurais bien aimé pouvoir promener mon regard autour de moi sans croiser le sien partout. Bref, je ne me sentais pas à l'aise. J'en ai parlé ouvertement à Bruno et il a accepté de ranger les photos. Du moins, c'est ce que je croyais.

Deux jours plus tard, je l'ai aperçu par la fenêtre de son studio dans la cour arrière : il clouait fiévreusement des crochets à photo sur les murs. Ça m'a fait drôle... Je respecte la vie privée des gens, mais je n'ai pu m'empêcher de penser que mon prétendant était en train d'élever une sorte d'autel à la mémoire de sa première épouse.

Deux jours ont passé. Nous étions maintenant à la veille de mon 81e anniversaire. Quand je suis arrivée chez Bruno, je ne l'ai trouvé nulle part. Pourtant, au fond de la cour, la porte de son studio battait au vent. J'ai traversé la cour pour aller la fermer, car la collection d'outils que Bruno y garde a une grande valeur. J'avais monté les trois marches qui mènent au studio et j'allais fermer la porte lorsque j'ai entendu Bruno m'appeler de la maison.

Me sentant coupable malgré mon innocence, j'ai rapidement fermé la porte et me suis tournée pour descendre les marches au plus vite. À mon âge, je sais comment descendre des marches de façon sûre : la main sur la rampe... descendre de côté... une marche à la fois. Cette fois-ci, cependant, le temps n'était pas à la prudence. Je me suis précipitée dans l'escalier et, sans appui pour aider ma descente, me suis retrouvée à genoux dans le gazon. C'est dans cette position que Bruno m'a surprise.

Il a couru vers moi, m'a entourée de ses bras et m'a demandé si tout allait bien. Tremblante, je lui ai répondu : « Tout va bien. Tout va pour le mieux. » Et c'était vrai.

J'avais eu le temps d'apercevoir à l'intérieur du studio de Bruno une sculpture en argile d'un couple d'aînés lisant sur un banc.

J'avais découvert son secret. Nul doute qu'il s'agissait là de mon cadeau d'anniversaire. Il faudrait feindre la surprise lorsqu'il me l'offrirait!


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