Rapport 1 : Le fardeau économique de la maladie au Canada, 2005-2008 – Coût des soins hospitaliers selon l’étude FEMC, 2004-2008

Premier rapport : Coût des soins hospitaliers selon l’étude FEMC, 2004-2008

1. Contexte

Un hôpital est un établissement agréé ou approuvé comme tel par un gouvernement provincial ou territorial, ou exploité par le gouvernement du Canada, dans lequel les patients reçoivent des services en fonction de besoins médicaux ou infirmiers et reçoivent des soins médicaux ou infirmiers continus et des services diagnostiques et thérapeutiques connexesNote de bas de page 6. Le coût des soins hospitaliers inclut le coût de fonctionnement et d’entretien des hôpitaux publics et privés du Canada : les médicaments administrés dans les hôpitaux, les fournitures médicales, les services thérapeutiques ou diagnostiques destinés aux patients externes, les frais administratifs, certains coûts liés à la recherche, l’hébergement et les repas des patients, l’entretien des locaux hospitaliers, ainsi que la rémunération brute du personnel hospitalier (p. ex. médecins à l’emploi de l’établissement, infirmières, techniciens et étudiants en médecine) (5).

Même si l’édition courante de l’étude FEMC porte tout particulièrement sur les années 2005 à 2008, les résultats de 2004 sont aussi fournis, car les données nécessaires à la production des estimations pour 2004 sont disponibles. Le coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2004‑2008 a été estimé puis réparti selon la catégorie ou la sous‑catégorie de diagnostics, le sexe, le groupe d’âge et la province ou le territoire, pour chacune des années analysées. Le présent rapport décrit les sources de données et les méthodes utilisées pour calculer les estimations du coût des soins hospitaliers de 2004 à 2008. En outre, il présente les résultats et traite des limites des données et des méthodes.

2. Sources de données

L’estimation du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC a été effectuée au moyen de données tirées des bases de données suivantes de l’ICIS : la Base de données sur les congés des patients (BDCP), la Base de données sur la morbidité hospitalière (BDMH), le Système national d’information sur les soins ambulatoires (SNISA), la Base de données sur la santé mentale en milieu hospitalier (BDSMMH), la Base de données canadienne sur les systèmes d’information de gestion (BDCS) et la BDDNS.

La BDCP, la BDMH, le SNISA et la BDSMMH contiennent des renseignements sur les sorties d’hôpital (congés, décès, départs volontaires et transferts). Dans ces bases de données, les renseignements enregistrés sur chaque sortie comprennent le code de diagnostic, le code d’intervention, les renseignements démographiques sur le patient et les renseignements administratifs. La BDCP est une base de données nationale (dont le Québec est exclu) sur toutes les sorties faisant suite à une hospitalisation de courte durée, selon l’exercice financier (8‑13)Note de bas de page 7. De plus, la BDCP contient des renseignements sur les chirurgies d’un jour pour la plupart des provinces et des territoires, et certaines données sur les sorties des patients hospitalisés en soins de longue durée, en réadaptation ou en psychiatrieNote de bas de page 8. La BDMH est une base de données nationale qui contient des renseignements sur les sorties faisant suite aux hospitalisations de courte durée, selon l’exercice financier, de la même manière que la BDCP (14-19). Cependant, la BDMH contient des données sur les sorties faisant suite aux hospitalisations de courte durée au Québec et exclut les données sur les chirurgies d’un jour. Le SNISA contient des renseignements sur toutes les sorties faisant suite à des soins ambulatoires en Ontario (chirurgies d’un jour, soins d’urgence, soins en clinique et autres soins ambulatoires), de même que sur certaines sorties faisant suite à des soins ambulatoires reçus dans quelques autres provinces et territoires (20 -25). La BDSMMH contient des renseignements sur toutes les sorties faisant suite à une hospitalisation en psychiatrie en Ontario et sur toutes les sorties de patients occupant un lit réservé aux soins psychiatriques pour adultes dans les hôpitaux généraux de l’Ontario, selon l’exercice financier; ces renseignements sont partiels dans le cas des autres provinces et des territoires (26-28)Note de bas de page 9.

La BDCS et la BDDNS contiennent des renseignements sur les dépenses des hôpitaux. La BDCS renferme des renseignements financiers sur les hôpitaux publics et privés, comme les dépenses totales et les dépenses détaillées consacrées aux patients hospitalisés et aux patients externes, selon l’hôpital et l’exercice financier (29, 30). La BDDNS fournit les dépenses totales des hôpitaux publics et privés, de même que les totaux d’autres dépenses (p. ex. médicaments, soins médicaux), selon la province ou le territoire et l’exercice financier ou l’année civile (5).

3. Méthodes

Dans les éditions précédentes de l’étude FEMC, des variantes de deux méthodes de calcul des coûts ont été utilisées en vue de répartir les coûts des soins hospitaliers entre les catégories de l’étude FEMC : la méthode du tarif journalier et la méthode de la pondération de la consommation des ressources (PCR). La première consiste à multiplier la durée du séjour individuel par un tarif d’établissement journalier (ou coût par lit par jour) de façon à obtenir un coût par enregistrement (chaque enregistrement représente une sortie de l’hôpital). Les coûts selon la catégorie ou la sous‑catégorie de diagnostics, le sexe, le groupe d’âge ou la province ou le territoire correspondent à la somme des coûts des enregistrements figurant dans la catégorie en question. La méthode de la PCR consiste à multiplier la PCR de chaque enregistrement par un coût par cas pondéré (CPCP) déterminé pour chaque établissement, de façon à obtenir un coût par enregistrementNote de bas de page 10,Note de bas de page 11. Les coûts selon la catégorie ou la sous‑catégorie de diagnostics, le sexe, le groupe d’âge ou la province ou le territoire sont obtenus en faisant la somme des coûts des enregistrements de la catégorie en question.

L’estimation du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 1998 a été effectuée au moyen d’une variante de la méthode de la PCR, tandis que la méthode du tarif journalier a été utilisée dans l’étude FEMC 2000 (3, 4). La méthode de la PCR est considérée comme la meilleure des deux méthodes pour l’estimation du coût des soins hospitaliers, car elle ne pose pas l’hypothèse d’une population homogène de patients dans un hôpital donné. Lorsque la méthode du tarif journalier est utilisée, deux patients admis dans le même hôpital pour la même durée se voient attribuer un coût égal, alors qu’en réalité, leur utilisation des ressources peut être très différente. L’ICIS tient compte de plusieurs facteurs dans son calcul des valeurs de la PCR pour les enregistrements correspondant aux hospitalisations de courte durée figurant dans la BDCP : le groupe clients, l’âge, la comorbidité, le nombre d’interventions signalées, un facteur d’épisodes d’intervention, un facteur d’interventions hors hôpital et les interactions potentielles (32)Note de bas de page 12.

La méthode de calcul utilisée pour estimer le coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2004‑2008 varie en fonction de la disponibilité des données, selon le type d’hôpital ou de service. Cependant, la méthode de la PCR ou une autre méthode de pondération, comme la pondération de la durée du séjour, a été utilisée lorsque c’était possible. Tous les calculs relatifs à la PCR, au CPCP et au tarif journalier ont été effectués par l’ICISNote de bas de page 13. Pour de plus amples renseignements sur ces calculs, veuillez consulter la documentation pertinente de l’ICIS (30-32).

Une base de données de l’étude FEMC a été créée pour chaque année visée par l’analyse (de 2004 à 2008) en vue d’enregistrer les coûts totaux des soins hospitaliers selon la catégorie ou la sous‑catégorie de diagnostics, le sexe, le groupe d’âge et la province ou le territoireNote de bas de page 14,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16,Note de bas de page 17. Pour tous les types d’hôpitaux et de services et toutes les années de l’analyse, tous les coûts par dossier ont été attribués au principal problème de santé ayant mené à l’hospitalisation. La principale affection en cause a été enregistrée dans les bases de données hospitalières de l’ICIS selon le code de la Classification internationale des maladies (CIM); en fonction de la base de données, la 9e ou la 10e version a été utilisée (33, 34). Voir le tableau des catégories de diagnostics de l’étude FEMC (annexe C), qui montre de quelle manière les coûts ont été regroupés par catégorie ou sous‑catégorie de diagnostics en fonction des codes CIMNote de bas de page 18. Bien que le coût total des soins hospitaliers de l’étude FEMC ne soit pas accessible par type d’hôpital ou de service, les sections ci‑dessous (3.1-3.4) détaillent les méthodes de traitement des données se rapportant à chaque type d’hôpital ou de service; ces méthodes varient souvent en fonction des différences entre les sources de données et de la disponibilité des données.

3.1 Soins hospitaliers de courte durée

Les coûts des soins hospitaliers de courte durée de 2004 à 2008 dans toutes les provinces et tous les territoires (hormis le Québec) ont été estimés d’après les données de la BDCP, au moyen de la méthode de la PCR (PCR x CPCP)Note de bas de page 19,Note de bas de page 20,Note de bas de page 21. Les coûts des soins hospitaliers de courte durée au Québec ont été estimés d’après les données de la BDMH, selon la méthode du tarif journalier (tarif journalier x durée du séjour), car la PCR et le CPCP n’étaient pas connus dans ce casNote de bas de page 22. Cependant, même si la durée de chaque séjour au Québec était connue pour les années de l’analyse, les tarifs journaliers à l’échelle de l’établissement et à l’échelle provinciale ne l’étaient pas. Par conséquent, la moyenne du tarif journalier pondéré correspondant aux hospitalisations de courte durée dans les autres provinces a été utilisée comme approximation du tarif journalier des hospitalisations au Québec de 2005 à 2008. Les tarifs journaliers d’aucune des provinces n’étaient fournis dans les bases de données hospitalières de 2004. Par conséquent, dans le cas du Québec, un tarif journalier pour 2004 a été estimé au moyen d’une régression linéaire des tarifs journaliers pondérés moyens de 2005 à 2008, après ajustement tenant compte de l’inflationNote de bas de page 23.

Le coût des soins hospitaliers de courte durée se rapportant aux lits réservés aux soins psychiatriques dans les hôpitaux généraux de l’Ontario de 2006 à 2008 a été estimé d’après les données de la BDSMMH, selon la méthode du tarif journalierNote de bas de page 24,Note de bas de page 25. Il n’a pas été possible d’estimer ces coûts pour l’Ontario en 2004 et en 2005, ni pour les autres provinces et les territoires, de 2004 à 2008.

3.2 Soins hospitaliers ambulatoires

3.2.1 Chirurgies d’un jour

Le coût des chirurgies d’un jour a été estimé d’après les données de la BDCP et du SNISA, selon la méthode de la PCRNote de bas de page 26. De 2004 à 2008, le Québec et l’Alberta n’ont versé aucune donnée sur les chirurgies d’un jour dans ces bases de données, aussi le coût a-t‑il dû être estimé à l’aide d’autres méthodesNote de bas de page 27. La répartition des coûts associés à tous les enregistrements de chirurgie d’un jour de la BDCP et du SNISA, après ajustement en fonction de la population, a servi à répartir le coût total des chirurgies d’un jour au Québec et en Alberta entre les catégories de l’étude FEMCNote de bas de page 28,Note de bas de page 29. Ces totaux ont été obtenus en multipliant le coût par personne des chirurgies d’un jour, tiré de la BDCP et du SNISA, par la population de chaque provinceNote de bas de page 30.

3.2.2 Soins d’urgence, soins cliniques et autres soins ambulatoires

Pour les années de l’analyse, le SNISA contient des données complètes sur les consultations dans les salles d’urgence, dans les cliniques externes et dans les autres services de soins ambulatoires en Ontario, et des données partielles pour certaines autres provinces et territoiresNote de bas de page 31. Par conséquent, la répartition du coût des soins ambulatoires (hormis les chirurgies d’un jour) en Ontario, après ajustement en fonction de la population, a été utilisée pour faire la répartition du coût total des soins ambulatoires (hormis les coûts des chirurgies d’un jour) tirés de la BDCS entre les catégories de l’étude FEMC pour l’ensemble des provinces et des territoiresNote de bas de page 32,Note de bas de page 33. Le coût total des soins d’urgence, des soins cliniques et des autres soins ambulatoires selon la BDCS n’étaient pas disponibles pour le Québec ni pour le Nunavut; le coût total a été estimé en multipliant un coût par personne (soins ambulatoires hormis les chirurgies d’un jour) par la population de la province ou du territoireNote de bas de page 34.

3.3 Soins hospitaliers en psychiatrie

Depuis avril 2006, en Ontario, tous les renseignements sur les hospitalisations en psychiatrie doivent être consignés dans le Système d’information ontarien sur la santé mentale (SIOSM); tous les enregistrements fermés du SIOSM (congés) sont aussi inscrits dans la BDSMMH. La BDSMMH contient aussi des renseignements partiels sur les sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie dans certaines autres provinces et certains autres territoires. La PCR n’est pas disponible pour les hospitalisations en psychiatrie consignées dans la BDSMMH. Plutôt, l’ICIS gère et tient à jour les méthodes de regroupement et de pondération du Système de classification des patients hospitalisés en psychiatrie (SCIPP) destinées aux données sur la santé mentale de l’Ontario (données du SIOSM) (40)Note de bas de page 35. En outre, l’ICIS calcule des jours‑patients pondérés par le SCIPP (JPPS) dans le cas des données ontariennes sur la santé mentale. Les JPPS pondèrent la durée du séjour des patients en fonction de la consommation des ressourcesNote de bas de page 36. En vue d’estimer le coût des soins hospitaliers en psychiatrie aux fins de l’étude FEMC de 2006 à 2008, la répartition des JPPS associés aux sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie en Ontario, après ajustement en fonction de la population, a été utilisée pour répartir entre les catégories le coût total des soins hospitaliers en psychiatrie tiré de la BDCS pour l’ensemble des provinces et des territoiresNote de bas de page 37,Note de bas de page 38,Note de bas de page 39.

En 2004 et en 2005, la consignation des sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie n’était pas obligatoire en Ontario. Aussi, pour ces années, le coût total des soins hospitaliers en psychiatrie tiré de la BDCS a été réparti entre les catégories pour l’ensemble des provinces et des territoires suivant la répartition des JPPS associés aux sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie en Ontario en 2006Note de bas de page 33,Note de bas de page 34,Note de bas de page 40.

3.4 Soins hospitaliers de longue durée et soins hospitaliers de réadaptation

Les méthodes utilisées pour répartir le coût total des soins de longue durée et des soins de réadaptation entre les catégories de l’étude FEMC 1998 ont été réutilisées, étant donné la non‑disponibilité des données du Système d’information sur les soins de longue durée (SISLD) et du Système national d’information sur la réadaptation (SNIR)Note de bas de page 41. Pour chaque année de l’analyse, la répartition du coût de l’ensemble des hospitalisations de courte durée de 100 jours ou plus inscrites dans la BDCP, après ajustement en fonction de la population, a été utilisée pour répartir le coût total des soins de longue durée et des soins de réadaptation de la BDCS entre les catégories de l’étude FEMC, pour l’ensemble des provinces et des territoires.Note de bas de page 42,Note de bas de page 43,Note de bas de page 44,Note de bas de page 45.

4. RésultatsNote de bas de page 46

4.1 Coûts selon le type d’hôpital ou de service

De 2004 à 2008, le coût des hospitalisations de courte durée et des soins hospitaliers ambulatoires a représenté, en moyenne, 88,7 % du coût total des soins hospitaliers. Pendant la même période, en moyenne, les coûts des hospitalisations en psychiatrie (5,2 %), des soins de longue durée (5,2 %) et des soins de réadaptation (0,9 %) ont été beaucoup moins importants.

4.2 Coûts selon la catégorie de diagnostics

Le tableau 4 montre le coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC selon la catégorie de diagnostics de 2004 à 2008. Les cinq catégories de diagnostics pour lesquelles les coûts ont été les plus élevés en 2008 sont les affections neuropsychiatriques (5,5 G$, 11,2 %), les maladies cardiovasculaires (5,1 G$, 10,3 %), les blessures (3,4 G$, 6,9 %), les maladies digestives (2,8 G$, 5,8 %) et les tumeurs malignes (2,3 G$, 4,7 %); cet ordre d’importance tient pour toutes les années de l’analyse. Ensemble, les coûts de ces cinq catégories de diagnostics représentent près de 40 % du coût total des soins hospitaliers. Les coûts des soins hospitaliers non attribuables sont obtenus en faisant la différence entre le total du coût des soins hospitaliers selon la BDDNS et le total des coûts des soins hospitaliers ayant pu être attribués à une catégorie de l’étude FEMC. Comme le montre le tableau 4, les coûts non attribuables représentent 20,8 % (10,2 G$) du coût total des soins hospitaliers dans l’étude FEMC 2008.

4.3 Coûts selon la catégorie de diagnostics et le sexe

Le tableau 5 montre la répartition du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2008 selon la catégorie de diagnostics et le sexe. En 2008, les hommes ont été la source de 48,7 % (19,0 G$) des coûts, et les femmes, de 51,3 % (20,0 G$). Les trois catégories de diagnostics associées aux coûts les plus élevés chez les hommes sont les affections neuropsychiatriques (2,9 G$), les maladies cardiovasculaires (2,9 G$) et les blessures (1,7 G$). Chez les femmes, il s’agit des affections neuropsychiatriques (2,6 G$), des maladies cardiovasculaires (2,1 G$) et des blessures (1,7 G$).

Les cinq catégories de diagnostics pour lesquelles l’écart entre les hommes et les femmes est le plus grand eu égard à la répartition des coûts sont celles les autres tumeurs (36,2 % pour les hommes, 63,8 % pour les femmes), les maladies de l’appareil génito-urinaire (39,6 % pour les hommes, 60,4 % pour les femmes), les troubles endocriniens (41,0 % pour les hommes, 59,0 % pour les femmes), les maladies cardiovasculaires (57,9 % pour les hommes, 42,1 % pour les femmes) et les Carences nutritionnelles (42,2 % pour les hommes, 57,8 % pour les femmes)Note de bas de page 47. L’estimation des coûts des soins hospitaliers non attribuables selon le sexe n’a pas été possible.

4.4 Coûts selon la catégorie de diagnostics et le groupe d’âge

La figure 14 montre la répartition du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2008 selon le groupe d’âge. Les personnes de 0 à 14 ans sont celles qui contribuent le moins au coût des soins hospitaliers (8,1 %), et les personnes de 75 ans et plus, celles qui y contribuent le plus (29,4 %). Par ailleurs, les personnes de 55 ans et plus sont à l’origine d’environ 60 % du coût total des soins hospitaliers de l’étude FEMC. L’estimation des coûts des soins hospitaliers non attribuables selon le groupe d’âge n’a pas été possible.

La figure 15 montre la répartition du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2008 selon la catégorie de diagnostics et le groupe d’âge pour les cinq catégories de diagnostics associées aux coûts les plus élevés. Les personnes de 75 ans et plus génèrent les coûts les plus importants, sauf dans la catégorie des affections neuropsychiatriques, où les personnes de 35 à 54 ans sont source de la plus grande part des coûts (31,1 %). Les coûts associés aux maladies cardiovasculaires et aux tumeurs malignes croissent avec l’âge; les personnes de 75 ans et plus expliquent 44,7 % des coûts liés aux maladies cardiovasculaires et 31,3 % des coûts liés aux tumeurs malignes. Enfin, les personnes de 35 à 54 ans et les personnes de 75 ans et plus, ensemble, sont à l’origine de 50 % du coût des soins hospitaliers dans la catégorie des blessures, de même que dans la catégorie des maladies digestives.

5. Analyse et limites

5.1 Comparaison entre les catégories de l’étude FEMC et entre les années

La comparaison du coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 2004-2008 selon la province ou le territoire devrait être effectuée avec précaution. La qualité des données fournies par chaque province et chaque territoire varie, ce qui entraîne des proportions variables de coûts non attribuables. Par exemple, les coûts non attribuables pourraient représenter 30 % des coûts totaux pour la province A, et 18 % pour la province B. Ainsi, un coût par personne moins élevé pour une province donnée dans une catégorie de diagnostics donnée pourrait être attribuable à une plus forte proportion de coûts non attribuables dans cette province. De plus, la proportion des coûts non attribuables dans une même province pourrait varier d’une année à l’autre. La méthode du tarif journalier a été utilisée pour estimer le coût des hospitalisations de courte durée au Québec, ce qui pourrait donner des coûts estimatifs plus élevés que pour les autres provincesNote de bas de page 48. En outre, la province ou le territoire de résidence a servi de référence pour l’assignation géographique du coût des soins hospitaliers; cependant, cette information n’était pas disponible dans le cas des hospitalisations ayant eu lieu au QuébecNote de bas de page 49. Par conséquent, dans le cas du Québec, tous les coûts associés aux hospitalisations ont été assignés en fonction de la province de prestation, ce qui a pu gonfler le coût des soins hospitaliers pour cette province.

Les éditions précédentes de l’étude FEMC s’appuient sur des sources de données et des méthodes différentes pour estimer le coût des soins hospitaliers. Une variante de la méthode de la PCR a été utilisée pour estimer le coût des soins hospitaliers dans l’étude FEMC 1998, tandis que la méthode du tarif journalier a été retenue à cette fin dans le cadre de l’étude FEMC 2000 (3, 4). Même si une variante de la méthode de la PCR a été utilisée pour l’étude FEMC 1998, la plus grande prudence s’impose au moment de faire des comparaisons entre le coût des soins hospitaliers de l’étude FEMC 1998 et celui de l’étude FEMC 2004‑2008. D’abord, les deux études agrègent les coûts selon le code CIM, sauf que des agrégations différentes ont été utilisées. Les tableaux d’agrégation des diagnostics de chaque édition devraient être comparés avant de procéder à toute tentative de comparaison des coûts selon la catégorie de diagnostics. Par exemple, les maladies cardiovasculaires sont codées de la même façon dans les deux éditions, alors que ce n’est pas le cas pour les maladies infectieuses et parasitaires. Ensuite, la méthode de la PCR utilisée n’est pas tout à fait la même dans les deux éditions. Pour l’étude FEMC 2004‑2008, les coûts par établissement étaient (dans la plupart des cas) disponibles, et ils ont servi à calculer un CPCP ou un tarif journalier. Dans le cadre de l’étude FEMC 1998, les données sur les coûts étaient beaucoup plus limitées. Dans l’étude FEMC 1998, le coût total par type d’hôpital (plutôt que par établissement) a été utilisé pour la répartition entre les catégories, en fonction de la PCR ou de la durée du séjour. Le coût total selon le type d’hôpital a été estimé suivant la méthode du tarif journalier, plus précisément, en multipliant le tarif journalier moyen de tous les types d’hôpitaux par le nombre de lits pour chaque type d’hôpital. Ainsi, le même tarif journalier a été utilisé pour tous les types d’hôpitaux. De plus, dans l’étude FEMC 2004‑2008, la répartition du coût des soins hospitaliers ambulatoires au Canada est tirée du SNISA, et non de l’Ambulatory Care Classification System (ACCS), qui avait été utilisé pour l’étude FEMC 1998. En outre, dans l’étude FEMC 2004‑2008, la répartition du coût des soins hospitaliers en psychiatrie, en soins de longue durée et en réadaptation est fondée sur le coût pondéré et la durée de séjour pondérée, et non sur une simple répartition de la durée de séjour, contrairement à l’approche retenue dans l’étude FEMC 1998. Enfin, les pourcentages de coûts non attribuables diffèrent d’une édition à l’autre.

5.2 Limites des données

Les données comportent plusieurs limites qui pourraient donner une fausse représentation du coût des soins hospitaliers dans l’ensemble des catégories. D’abord, les bases de données hospitalières n’enregistrent les sorties qu’en fonction de l’exercice financierNote de bas de page 50, ce qui ne permet pas nécessairement de représenter fidèlement la répartition du coût entre les catégories dans un même exercice financier, puisque certaines personnes souffrant d’affections qui entraînent des coûts élevés peuvent rester hospitalisées pendant plus d’un an. Dans l’éventualité où un patient est hospitalisé pendant plus d’un exercice financier, tous les coûts lui étant associés sont consignés l’année de sa sortie. En outre, si une partie des coûts associés à certains de ces patients peut être attribuée à des années qui ne sont pas analysées dans le cadre de la présente étude, alors le fait de considérer que l’ensemble du coût d’hospitalisation a eu lieu à l’année visée par l’étude n’est pas conforme à l’approche fondée sur la prévalence.

Les renseignements sur les chirurgies d’un jour étaient disponibles pour la plupart des provinces et des territoiresNote de bas de page 51. Cependant, les renseignements complets sur les sorties à la suite de soins d’urgence, de soins cliniques ou d’autres soins ambulatoires n’étaient disponibles que pour l’Ontario. Par conséquent, la répartition du coût de ces services en Ontario a été utilisée pour répartir le coût total des soins ambulatoires (hormis les chirurgies d’un jour) tiré de la BDCS entre les catégories de l’étude FEMC dans chaque province et chaque territoire. Même si l’Ontario représente environ 38 % de la population du Canada, le fardeau de la maladie en Ontario n’est pas nécessairement le même que dans les autres provinces ou dans les territoires, même une fois les ajustements apportés pour tenir compte des différences dans la population (sexe et âge). En particulier, il se pourrait que la représentation du fardeau de la maladie soit faussée dans les provinces ou territoires affichant un profil de risque particulier en ce qui concerne les facteurs propres à certaines affections, ou dans les provinces ou territoires caractérisés par une répartition différente de leurs populations urbaines et rurales, de leur population autochtone, et de leurs autres populations minoritaires. En outre, les données de la BDCS utilisées pour calculer le coût total des soins ambulatoires (hormis les chirurgies d’un jour) et le répartir entre les catégories contiennent des renseignements sur les types d’hôpitaux et de services qui ne se trouvent pas dans les données à partir desquelles ont été répartis les totaux. Le coût total tiré de la BDCS comprend le coût des services d’information sur les poisons et les médicaments, et excluent tous les coûts des cliniques privées, alors que la répartition des coûts a été effectuée à partir de données d’où étaient exclus les coûts des services d’information sur les poisons et les médicaments de l’Ontario, mais où étaient inclus des renseignements sur les consultations dans les cliniques privées en Ontario. Il n’a pas été possible d’obtenir les données provinciales ou territoriales de la BDCS sur les coûts des soins hospitaliers liés aux cliniques privées. L’inclusion des coûts des services d’information sur les poisons et les médicaments aux fins de la répartition aura selon toute vraisemblance un effet minime sur les coûts par catégorie, car moins de la moitié des provinces et des territoires offrent ces services. Dans les provinces et les territoires où sont offerts des services d’information sur les poisons et les médicaments, le coût de ces services ne représente en moyenne que 0,3 % du coût total des soins ambulatoires (hormis les chirurgies d’un jour).

De 2004 à 2008, les renseignements sur les sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie étaient incomplets pour la plupart des provinces et des territoires. Cependant, ces renseignements étaient exhaustifs pour l’Ontario. Par conséquent, la répartition des jours‑patients pondérés par le SCIPP pour les sorties à la suite d’une hospitalisation en psychiatrie en Ontario a été utilisée aux fins de la répartition du coût total des soins hospitaliers en psychiatrie tiré de la BDCS entre les catégories de l’étude FEMC. La répartition des jours‑patients pondérés en Ontario ne reflète pas nécessairement fidèlement la situation des autres provinces et des territoires. Des ajustements en fonction des différences entre les populations sur le plan du sexe et de l’âge ont été apportés en vue de tenir compte de la variation du nombre de congés expliquée par ces écarts. Cependant, il se peut que d’un territoire de compétence à l’autre, la prévalence de certaines affections ou de certains troubles soit différente pour un même sexe ou un même groupe d’âge.

Les bases de données sur les hospitalisations de longue durée (SISLD) et de réadaptation (SNIR) n’ont pas pu être consultées pour les analyses de l’étude FEMC. La répartition du coût total des soins de longue durée et des soins de réadaptation tiré de la BDCS entre les catégories de l’étude FEMC a été effectuée à la lumière de la répartition du coût des hospitalisations de courte durée de 100 jours ou plus inscrites dans la BDCP; cette méthode avait aussi été utilisée dans l’étude FEMC 1998. Les patients dont le séjour a duré 100 jours ou plus inscrits dans la BDCP n’ont pas nécessairement les mêmes caractéristiques (sexe, âge, type de diagnostics) que les patients hospitalisés dans des hôpitaux de soins de longue durée ou de soins de réadaptation. Cependant, les coûts de ces types d’hôpitaux ne représentent, en moyenne, qu’environ 6 % du coût total des soins hospitaliers dans l’étude FEMC de 2004 à 2008. Par conséquent, l’effet sur les estimations générales de l’étude FEMC est sans doute faible, à moins que certains diagnostics soient particulièrement communs dans ces types d’hôpitaux et qu’ils ne soient pas représentés proportionnellement dans la répartition utilisée. La précision des estimations futures de l’étude FEMC serait sans doute plus grande si les données du SISLD et du SNIR étaient prises en considération.

Comme il a été mentionné à la section 5.1, l’absence de données sur la province de résidence et l’utilisation de la méthode du tarif journalier pour l’estimation des coûts au Québec pourraient se traduire par une surévaluation du coût des soins de courte durée et des soins ambulatoires dans cette province par rapport aux autres provinces et aux territoires. Les données sur les coûts pour le Québec étaient souvent non disponibles pour les années de l’analyse, car cette province n’a pas inscrit de renseignements dans la BDCS. L’ASPC a estimé le coût des soins de courte durée et des soins ambulatoires pour le Québec, mais non le coût des soins hospitaliers en psychiatrie, des soins de longue durée ni des soins en réadaptation. Comme les types d’hôpitaux consacrés à ces soins existent possiblement dans la province, le coût des maladies principalement observées dans ces types d’hôpitaux pourrait avoir été sous‑estimé au Québec par rapport aux autres provinces et aux territoires. Par ailleurs, le Nunavut n’a pas non plus inscrit de données sur les coûts dans la BDCS. L’ASPC a estimé le coût des soins hospitaliers de courte durée et des soins ambulatoires au Nunavut, mais a considéré que le Nunavut n’avait ni hôpital psychiatrique, ni hôpital de soins de longue durée, ni hôpital de réadaptation désignés. Par conséquent, les coûts n’ont pas été estimés pour ces types d’hôpitaux.

Les hôpitaux généraux peuvent avoir des lits réservés aux soins psychiatriques, aux soins de longue durée ou à la réadaptation. Cependant, il n’a pas été possible d’estimer le coût des hospitalisations associées à ces lits d’hôpitaux, sauf dans le cas des lits réservés aux soins psychiatriques en Ontario de 2006 à 2008Note de bas de page 52. Par conséquent, il se peut que, pour la période de 2006 à 2008, le coût des affections neuropsychiatriques soit légèrement surestimé en Ontario par rapport aux autres provinces et aux territoires.

Pour un petit nombre d’enregistrements de sortie dans les bases de données hospitalières, les données étaient manquantes dans certains des champs étudiés. Par exemple, 0,002 % des enregistrements de patient de courte durée en 2008 ne contenaient aucune information sur le principal problème de santé à l’origine de l’hospitalisation, la province, le sexe ou l’âge; le coût associé à ces enregistrements représente 0,005 % du coût total des soins de courte durée en 2008. Étant donné la faible proportion d’enregistrements pour lesquels manquaient des renseignements, il a été décidé de ne pas répartir les coûts correspondant entre les catégories.

De 2004 à 2008, les coûts non attribuables annuels représentent, en moyenne, 23 % du total du coût des soins hospitaliersNote de bas de page 53. L’existence de coûts non attribuables pourrait nuire à la fidélité de la répartition du coût des soins hospitaliers entre les catégories de l’étude FEMC. Si les coûts non attribuables représentent une forte proportion du coût dans une catégorie en particulier et que cette situation n’est pas prise en compte dans la répartition des coûts attribuables, il se pourrait que le coût par catégories ne soit pas représentatif. Par exemple, si les maladies cardiovasculaires représentaient 30 % des coûts non attribuables en 2008 et que nous pouvions soudainement attribuer l’ensemble de ces coûts, les maladies cardiovasculaires pourraient supplanter les affections neuropsychiatriques comme catégorie de diagnostics entraînant les coûts les plus élevés. Cependant, si la répartition des coûts non attribuables est semblable à celle des coûts attribuables, alors le coût des soins hospitaliers reflète fidèlement la répartition du fardeau économique dans l’étude FEMC.

5.3 Limites inhérentes aux méthodes

De nombreux problèmes de santé causent des problèmes secondaires, qui peuvent eux‑mêmes entraîner l’hospitalisation. Les problèmes secondaires peuvent aussi aggraver le problème de santé principal, et ainsi causer l’hospitalisation. En outre, les problèmes secondaires peuvent entraîner une utilisation accrue des ressources hospitalières et une prolongation du séjour même s’ils ne sont pas la raison principale de l’hospitalisation. La comorbidité s’entend de la présence d’un ou de plusieurs troubles ou affections outre le trouble principal ou l’affection principale, de même que de l’effet que peuvent avoir les troubles ou affections secondaires en question. Par exemple, le diabète et l’hypertension (tension artérielle élevée) sont des problèmes concomitants courants. Le calcul de la PCR de l’ICIS fait intervenir un facteur de comorbidité tenant compte du fait que la comorbidité peut augmenter le coût de l’hospitalisation de 25 % à 125 % (31, 32). Même si la PCR a été utilisée pour estimer le coût par enregistrement (pour la plupart des types d’hôpitaux ou de services), le coût des soins hospitaliers a chaque fois été entièrement attribué au principal problème de santé dans le cadre de l’étude FEMC. Comme le coût des soins hospitaliers n’a pas été attribué aux problèmes concomitants, il se peut que les coûts liés à certains problèmes soient sous‑estimés dans l’étude. Dans la plupart des bases de données hospitalières, chaque enregistrement de sortie contient des renseignements sur la comorbidité. Les prochaines éditions de l’étude FEMC seraient bien servies par la mise au point de méthodes de pondération des coûts tenant compte du principal problème de santé et des problèmes concomitants.

6. Conclusion

Dans l’étude FEMC 2004‑2008, le coût des soins hospitaliers a été estimé selon la catégorie ou la sous‑catégorie de diagnostics, le sexe, le groupe d’âge et la province ou le territoire. En 2008, 79,2 % du coût total des soins hospitaliers a été réparti dans les différentes catégories de l’étude FEMC. Les trois catégories de diagnostics pour lesquelles les coûts sont les plus élevés sont celles des affections neuropsychiatriques (11,2 %), des maladies cardiovasculaires (10,3 %) et des blessures (6,9 %). Les femmes ont été la source d’un peu plus de la moitié (51,3 %) des coûts liés aux soins hospitaliers en 2008. Toujours en 2008, les personnes de 0 à 14 ans ont généré les plus faibles coûts (8,1 %), et les personnes de 75 ans et plus, les coûts les plus élevés (29,4 %).

Étant donné les variations dans les méthodes utilisées, il n’est pas recommandé d’établir des comparaisons entre les estimations de l’étude FEMC 2004‑2008 et les estimations des études antérieures. La principale limite de l’édition courante tient à l’absence de certaines données sur les sorties pour certains types d’hôpitaux et de services. Dans ces cas, la répartition du coût dans les provinces pour lesquelles les données sur les sorties étaient complètes (enregistrements exhaustifs) a été utilisée pour faire la répartition du coût total des provinces et territoires pour lesquels les données étaient incomplètes. L’accès à des données complètes pour toutes les provinces et tous les territoires et tous les types et services d’hôpitaux améliorerait sans doute la précision des estimations futures de l’étude FEMC.



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