Relevé des maladies transmissibles au Canada

1 mars 2008

Volume 34
numéro 03

L'influenza au Canada : Saison 2006-2007

F Reyes, MHSc (1), S Aziz, MSc (1), Y Li, PhD (2), JF Macey, MSc (1), B Winchester, MSc (1), M Garner, MSc (1), P Huston, MD MPH (1), A King, MD, MHSc, FRCPC (1)

  1. Centre de l'immunisation et des maladies respiratoires infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, Ontario
  2. Section des virus respiratoires et grippaux, Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, Winnipeg (Manitoba)

Introduction

Le Centre de l'immunisation et des maladies respiratoires infectieuses (CIMRI), Agence de la santé publique du Canada (ASPC), coordonne un réseau national de surveillance de la grippe, par son programme Surveillance de l'influenza. Les principaux objectifs de ce programme sont la détection précoce de l'activité grippale au Canada et à l'étranger; la surveillance des souches de virus grippal en circulation, notamment la caractérisation antigénique, la détection de la résistance aux antiviraux et l'identification de nouveaux sous-types; et la transmission d'information de surveillance virologique aux responsables du réseau international de surveillance de l'influenza de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin de contribuer à la prise de décisions concernant la composition du vaccin pour la saison grippale suivante. On trouvera dans le présent rapport un résumé épidémiologique et virologique de l'activité grippale au Canada au cours de la saison 2006-2007.

Méthodologie

Le programme Surveillance de l'influenza consiste en un réseau de laboratoires sentinelles, de cabinets sentinelles de soins primaires, de ministères provinciaux et territoriaux de la Santé et d'hôpitaux sentinelles de soins tertiaires pédiatriques. Chaque semaine, et ce à l'échelle du Canada et pendant toute la saison grippale, le réseau fournit des données sur les cinq principaux indicateurs de l'activité grippale : 1) les détections de virus grippaux et d'autres virus respiratoires par les laboratoires sentinelles; 2) l'identification des souches et de la résistance aux antiviraux des virus grippaux en circulation; 3) les taux de consultation dans les cabinets sentinelles de soins primaires pour un syndrome grippal (SG); 4) les niveaux d'activité grippale à l'échelle régionale tels qu'établis par les représentants provinciaux et territoriaux participant au programme Surveillance de l'influenza; et 5) les admissions d'enfants dans les hôpitaux pour l'infection et la mortalité liée à l'influenza. En outre, le programme Surveillance de l'influenza évalue l'activité grippale à l'échelle internationale en surveillant les rapports transmis par d'autres programmes de surveillance de l'influenza dans le monde. La méthodologie détaillée a été présentée dans un rapport antérieur(1).

Résultats

1) Détection de l'influenza provenant des laboratoires sentinelles et détection de d'autres virus respiratoires

Virus grippaux et autres virus respiratoires détectés par le Programme de surveillance et de détection des virus respiratoires (PSDVR) (données globales)

Les détections de virus respiratoires provenant des laboratoires sont signalées par le biais du Programme de surveillance et de détection des virus respiratoires (PSDVR) du laboratoire sentinelle qui fonctionne toute l'année. Du 27 août 2006 au 25 août 2007, 33 laboratoires dans tout le Canada ont indiqué avoir effectué 100 864 tests de détection de l'influenza. Les tests démontrent que 8,1 % de l'ensemble des tests signalés (8 133/100 864) étaient positifs pour l'influenza. De ce nombre, 87,5 % (7 116/8 133) se sont révélés positifs pour l'influenza A et 12,5 % (1 017/8 133), positifs pour le virus de l'influenza B.

Au cours de la même période, un total de 90 472 tests pour le virus respiratoire syncytial (VRS) ont été menés dont 10 401 ou 11,5 % étaient positifs pour les VRS; 78 861 tests pour le virus de parainfluenza ont été menés dont 2 696 ou 3,4 % étaient positifs pour le virus de parainfluenza; et, 72 048 tests pour l'adénovirus ont été menés dont 1 400 ou 1,9 % étaient positifs pour l'adénovirus.

Virus grippaux détectés par le PSDVR (données individuelles)

Vingt-cinq des 33 laboratoires participant au PSDVR ont transmis à la CIMRI 7 023 dossiers détaillés sur des cas individuels. Le nombre total de cas d'influenza signalés (données hebdomadaires globales) par rapport au nombre total de dossiers individuels est présenté au tableau 1 pour chaque province répondante (nombre total de détections) et selon la province ou le territoire d'origine de l'échantillon (dossiers individuels). Étant donné que les échantillons des territoires sont envoyés aux laboratoires de la province voisine pour y être analysés, les nombres totaux de virus détectés dans les territoires sont inclus dans les totaux provinciaux agrégés, mais sont séparés pour le calcul du nombre total de dossiers individuels, d'après l'information géographique confirmée dans les données individuelles. La plus grande proportion de cas ont été signalés au Québec (35,9 % ou 2 518/7 023), en Ontario (24,0 % ou 1 668/7 023) et en Alberta (16,6 % ou 1 164/7 023).

 

Tableau 1. Données sur l'influenza, cas par cas et cumulatives, selon la province, le territoire ou la région, Canada, 2006-2007

Province/territoire ou région

Détections cumulatives

Données cas par cas

Nombre de cas

% du total

Nombre de cas

% du total

T.-N.

169

2.1

169

2.6

Î.-P.-É

29

0.4

29

0.4

N.-É.

125

1.5

151

2.3

N.-B.

313

3.8

344

5.2

Maritimes

636

7.8

693

10.5

Qué.

2,514

30.9

2,518

38.2

Ont.

2,720

33.4

1,688

25.6

Man.

76

0.9

68

1.0

Sask.

318

3.9

330

5.0

Alb.

1,216

15.0

1,164

17.7

Prairies

1,610

19.8

1,562

23.7

C.-B.

653

8.0

481

7.3

Yn

   

31

0.5

T.N.-O.

   

15

0.2

Nun.

   

35

0.5

Territoires

   

81

1.2

Total

8,133

7,023

 

 

Sur les 7 023 cas relevés en 2006-2007, 86,2 % (6 051/7 023) étaient infectés par le virus de l'influenza A et 13,8 % (972/7 023), par le virus de l'influenza B. Des cas d'influenza A ont été signalés dans tout le Canada durant la saison 2006-2007, la plupart provenant du Québec (27,8 % ou 1 684/6 051), de l'Ontario (27,5 % ou 1 664/6 051) et de l'Alberta (18,4 % ou 1 114/6 051). C'est le Québec qui a signalé la plus grande proportion de cas d'influenza B (85,8 % ou 834/972) (tableau 2).

 

Tableau 2. Données individuelles sur l'influenza, par province/territoire et selon le type de virus grippal, Canada, 2006-2007

Type d'influenza

T.-N.

Î.-P.-É.

N.-É.

N.-B.

Qué.

Ont.

Man.

Sask.

Alb.

C.-B.

Yn

T.N.-O.

Nun

Total

Type A

169

29

151

319

1,684

1,664

68

323

1,114

450

30

15

35

6,051

Type B

     

25

834

24

 

7

50

31

1

   

972

Total

169

29

151

344

2,518

1,688

68

330

1164

481

31

15

35

7,023

% d'influenza A, données cas par cas

100.0

100.0

100.0

92.7

66.9

98.6

100.0

97.9

95.7

93.6

96.8

100.0

100.0

86.2

% d'influenza B, données cas par cas

0.0

0.0

0.0

7.3

33.1

1.4

0.0

2.1

4.3

6.4

3.2

0.0

0.0

13.8

 

Dans l'ensemble, le virus de l'influenza A a prédominé au cours de la saison 2006-2007 (86 % des cas confirmés en laboratoire). À l'échelle régionale, l'influenza de type A comptait pour plus de 90 % des cas confirmés en laboratoire pour toutes les provinces et territoires sauf le Québec où l'influenza B comptait pour 33 % des cas de la province. À l'échelle nationale, 65 % de tous les cas d'influenza sont apparus au cours des huit semaines s'échelonnant entre la semaine 5 et la semaine 12 (à partir de la fin janvier jusqu'à la mi-mars 2007), et environ 40 % des cas sont survenus durant la période d'activité maximale entre la semaine 7 et la semaine 10 (mi-février jusqu'au début mars 2007), le sommet des déclarations par semaine ayant été atteint durant la semaine 9 (n = 790) (figure 1). Des pics régionaux pour ce qui est de l'apparition des cas ont aussi été observés dans toutes les provinces et tous les territoires. Le premier pic d'activité grippale, selon les données individuelles, est survenu pendant la semaine 50 en Alberta; suivi du pic dans les autres provinces des Prairies pendant la semaine 4, la Colombie-Britannique pendant la semaine 5, l'Ontario pendant la semaine 7 et les provinces de l'Atlantique pendant la semaine 8. C'est au Québec et dans les territoires que l'activité grippale (attribuable à l'influenza A) a culminé le plus tard, soit durant la semaine 9. Au cours de cette même période (semaine 9), un deuxième pic également attribuable à l'influenza A a été observé en Alberta. Un deuxième pic, de moindre importance, a également été observé au Québec au cours de la semaine 14, celui-ci attribuable à l'influenza B. C'est l'influenza A qui a dominé pendant la majeure partie de la saison grippale, l'apparition des cas atteignant son sommet à la fin février/début mars 2007 (semaine 9, n = 736). L'apparition des cas d'influenza B a culminé au début d'avril (semaine 14, n = 111).

Pendant la saison 2006-2007, ce sont les groupes d'âge suivants qui ont connu la proportion la plus élevée de cas : 25 à 44 ans (22,3 % ou 1 563/7 023), 0 à 4 ans (22,0 % ou 1 547/7 023) et ≥ 65 ans (20,6 % ou 1 448/7 023). Il convient de mentionner que le groupe des 15 à 24 ans et le groupe des 10 à 14 ans comptaient les plus faibles proportions de cas confirmés en laboratoire, soit 4,4 % (312/7 023) et 6,0 % (420/7 023), respectivement. La majorité des cas d'influenza A appartenaient aux groupes des 0 à 4 ans (22,6 % ou 1 366/6 051), des 25 à 44 ans (22,0 % ou 1 329/6 051) et des ≥ 65 ans (20,2 % ou 1 221/6 051). La majorité des cas d'influenza B appartenaient aux groupes de > 25 ans (68,2 % ou 663/972) et des 0 à 4 ans (18,6 % ou 181/972) (figure 2).

 

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007

Influenza au Canada, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza au Canada, 2006-2007

Influenza dans les provinces Maritimes, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza dans les provinces Maritimes, 2006-2007

Influenza au Québec, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza au Québec, 2006-2007

Influenza en Ontario, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza en Ontario, 2006-2007

Influenza dans les Prairies, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza dans les Prairies, 2006-2007

Influenza en Colombie-Britannique, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza en Colombie-Britannique, 2006-2007

Influenza dans les Territoires, 2006-2007

Figure 1. Données individuelles selon le type de virus grippal, la région et la semaine d'apparition, Canada, 2006-2007; Influenza dans les Territoires, 2006-2007

2) Identification des souches et de la résistance antivirale des souches de virus de l'influenza en circulation

Identification des souches de virus grippal, Laboratoire national de microbiologie

La surveillance virologique du Laboratoire national de microbiologie (LNM) détecte et décrit les changements antigéniques des virus de l'influenza en circulation et mène des tests pour la résistance aux antiviraux sur les souches en circulation. Du 15 septembre 2006 au 17 septembre 2007, le LNM a procédé à la caractérisation antigénique de 1 023 isolats de virus grippaux transmis par les laboratoires provinciaux et hospitaliers de tout le Canada (tableau 3) : 61,4 % (628/1 023) appartenaient au sous-type A (H3N2), 27,0 % (276/1 023) au sous-type A (H1N1) et 11,6 % (119/1 023) au type B. Sur les 628 isolats du sous-type A (H3N2) caractérisés, 85,4 % (536/628) étaient antigéniquement analogues à la souche A/Wisconsin/67/2005 (H3N2) et 14,6 % (92/628) présentaient des titres réduits pour la souche A/Wisconsin/67/2005 (H3N2). La souche A/Wisconsin/67/2005 (H3N2) était celle du sous-type A (H3N2) recommandée pour le vaccin antigrippal de 2006-2007. Les 276 isolats du sous-type A (H1N1) caractérisés étaient tous antigéniquement analogues à A/New Caledonia/20/1999 (H1N1), qui était la souche du sous-type A (H1N1) recommandée pour le vaccin antigrippal de 2006-2007.

 

Figure 2. Répartitions proportionnelles des données individuelles, selon le type de virus grippal et le groupe d'âge, Canada, 2006-2007

Les virus B actuellement en circulation peuvent être répartis en deux lignées antigéniquement distinctes, soit les virus analogues à B/Yamagata/16/1988 et ceux analogues à B/Victoria/2/1987. Sur les 119 isolats de virus B caractérisés, 10,1 % (12/119) appartenaient à la lignée B/Victoria et étaient antigéniquement analogues à la souche B/Malaysia/2506/2004 utilisée pour le vaccin antigrippal de 2006-2007, et 89,9 % (107/119) appartenaient à la lignée B/Yamagata et étaient antigéniquement analogues à B/Shanghai/361/2002, qui était la souche du virus B utilisée pour le vaccin antigrippal de 2005-2006. Les souches prédominantes durant les 10 saisons s'échelonnant entre 1997 et 2007 au Canada sont présentées à la figure 3.

Étude de la sensibilité aux médicaments

Résistance à l'amantadine

Le LNM a mis en place un test rapide pour détecter la résistance des virus A à l'amantadine. L'amplification par la polymérase (PCR) et l'analyse de séquences ont été utilisées pour détecter les marqueurs de pharmacorésistance chez 1 027 virus de l'influenza A en circulation durant la saison 2006-2007 (y compris 273 A (H1N1) et 754 A (H3N2)). Des 1 027 isolats de virus A qui ont fait l'objet d'une vérification de la résistance à l'amantadine, 27,4 % ont démontré une résistance dont 1,1 % (3/273) étaient du sous-type A (H1N1) et 36,9 % (278/754) du sous-type A (H3N2). On a constaté que le pourcentage restant, soit 76,2 % (270/273) A (H1N1) et (476/754) A (H3N2) des virus testés y étaient sensibles (tableau 4).

 

Tableau 3. Distribution des souches de l'influenza selon le type de virus et la province ou territoire, Canada, 2006-2007

Type d'influenza

T.-N.

Î.-P.-É.

N.-É.

N.-B.

Qué.

Ont.

Man.

Sask.

Alb.

C.-B.

Yn

T.N.-O.

Nun

Total

Analogue à A/New Caledonia/20/1999 (H1N1)

12

 

5

2

4

31

3

55

68

94

1

1

 

276

Analogue à A/Wisconsin/67/2005 (H3N2)

11

2

4

9

33

327

15

39

32

153

1

 

2

628

Total (Type A)

23

2

9

11

37

358

18

94

100

247

2

1

2

904

Analogue à B/Malaysia/2506/2004*

       

3

4

 

1

 

3

1

   

12

Analogue à B/Shanghai/361/2002

   

1

6

47

20

 

7

5

21

     

107

Total (Type B)

0

0

1

6

50

24

0

8

5

24

1

0

0

119

Total

23

2

10

17

87

382

18

102

105

271

3

1

2

1,023

*Analogue à B/Malaysia/2506/2004 appartenant à la lignée B/Victoria/02/87, élément de l'influenza B recommandé comme composante du vaccin antigrippal de 2006-2007 pour l'hémisphère nord.

 

Figure 3. Distribution saisonnière des données individuelles selon le type de virus et la semaine d'apparition, Canada, 1997-2007

Nombre de détections du virus de l'influenza

Résistance à l'oseltamivir

Les inhibiteurs de la neuraminidase (NA), présente dans le virus grippal, ont récemment été autorisés en guise de prophylaxie et de traitement contre les infections grippales chez l'humain. Afin de surveiller l'apparition possible d'une résistance, une nouvelle épreuve par chimiluminescence (CL) pour la détection de la neuraminidase a été mise en place au LNM; elle permet de déterminer la sensibilité d'isolats de souches naturelles à l'oseltamivir (Tamiflu). Au total, 1 048 isolats ont fait l'objet d'une vérification de la résistance à l'oseltamivir (y compris 275 virus A (H1N1), 648 A (H3N2) et 125 du type B) dont seulement un virus A (H3N2) résistant à l'oseltamivir (0,15 % des virus A (H3N2) testés et 0,10 % de tous les virus de l'influenza testés).

Tableau 4. Résultats des tests de sensibilité à l'amantadine, selon la province ou territoire et selon le sous-type de l'influenza A, Canada, 2006-2007

Sous-type d'influenza

S/R*

T.-N.

Î.-P.-É.

N.-É.

N.-B.

Qué.

Ont.

Man.

Sask.

Alb.

C.-B.

Yn

T.N.-O.

Nun

Total

Type A (H1N1)

S

12

 

5

4

4

29

2

55

69

88

1

1

 

270

 

R

         

2

     

1

     

3

Type A (H3N2)

S

4

   

5

40

315

18

32

25

34

   

3

476

 

R

8

2

4

13

17

68

 

7

10

145

1

2

1

278

Total (type A)

S

16

0

5

9

44

344

20

87

94

122

1

1

3

746

 

R

8

2

4

13

17

70

0

7

10

146

1

2

1

281

*S = sensible; R = résistant

 

3) Taux de consultation pour les SG chez les dispensateurs de soins primaires sentinelles

Consultations pour un SG recensées par les praticiens sentinelles

Dans l'ensemble, les praticiens sentinelles recrutés pour le programme Surveillance de l'influenza représentaient la plupart des régions rurales et des régions urbaines fortement peuplées du Canada, rencontrant et même dépassant les objectifs de la surveillance de l'influenza soit une sentinelle par 250 000 habitants. Cependant, le recrutement des sentinelles pour le système national n'approchait pas ce barème au Québec; un total de huit sentinelles (environ 1/950 000 habitants) ont été recrutées dans cinq (28 %) des 18 régions sanitaires du Québec. Dans les autres provinces et dans les territoires restant, 263 sentinelles (environ 1/95 000 habitants) ont été recrutées pour le programme Surveillance de l'influenza ou des programmes provinciaux collaborateurs, ce qui représente 72 % des secteurs de recensement à l'extérieur du Québec (136/189). En moyenne, la CIMRI a reçu chaque semaine des données sur le SG de 60 % des sentinelles du programme Surveillance de l'influenza de tout le Canada (162/271) pour l'ensemble de la saison 2006-2007, et de 68 % des sentinelles (185/271) durant la saison active seulement (début d'octobre 2006 à la mi-mai 2007). Au cours de toute la saison 2006-2007, 66 % des sentinelles (179/271) ont fourni des données sur le SG pendant au moins 50 % des semaines de déclaration (77 % durant la saison active), et 4 % (12/271) pendant au moins 90 % des semaines de déclaration (8 % durant la saison active).

Pendant la saison grippale 2006-2007, les taux de consultation pour un SG ont commencé à augmenter vers la semaine 48 (de la fin de novembre au début de décembre) et ont culminé durant la semaine 9 (de la fin février au début mars), atteignant un taux de 50 pour 1 000 consultations. Entre la semaine 40 et la semaine 20 (début d'octobre 2006 à la mi-mai 2007), les taux de SG sont demeurés égaux ou inférieurs aux valeurs de référence, sauf durant la semaine 18 où ils ont dépassé les valeurs de référence prévues selon l'observation de la moyenne des taux pour les 10 saisons précédentes (figure 4). Durant la saison active, en moyenne 20 patients sur 1 000 vus en consultation présentaient un SG. Les taux les plus élevés de consultation pour un SG ont été enregistrés chez les enfants, atteignant une moyenne de 40/1 000 patients examinés dans le groupe des 0 à 4 ans et de 30/1 000 patients examinés dans le groupe des 5 à 19 ans.

 

Figure 4. Taux de consultation pour un SG, selon la semaine, Canada, 2006-2007, comparativement aux valeurs de référence (saisons 1996-1997 à 2005-2006)

Note: Aucune donnée disponible pour le taux moyen dans les années précédentes pour les semaines 19 à 40 (1996-1997 jusqu'au saisons 2001-2002).

 

4) Niveaux d'activité grippale régionale tels que déterminés par les représentants provinciaux et territoriaux du programme de Surveillance de l'influenza

Évaluation de l'activité grippale

C'est en Colombie-Britannique, en Alberta et en Ontario qu'une activité grippale sporadique a été signalée pour la première fois, au début de septembre. La région centrale est de l'Ontario a été la première région à signaler une activité grippale localisée pendant la semaine 44 (fin octobre/début novembre), et a été suivie par la région centrale de l'Alberta durant la semaine 46 (mi-novembre). Le nombre de régions de surveillance de la grippe désignées dans les provinces et les territoires qui ont fait état d'une activité grippale localisée a augmenté graduellement au cours des semaines suivantes, et l'Alberta a été la première province à signaler une activité grippale étendue, pendant la semaine 51. La proportion des régions de surveillance faisant état d'une activité grippale localisée ou étendue a culminé durant la semaine 9, atteignant 56 %. La plupart des rapports de niveaux d'activité grippale (65 % des rapports d'activité étendue et 53 % des rapports d'activité localisée) ont été communiqués au cours d'une période de 8 semaines, allant de la semaine 7 à la semaine 14 (mi-février au début d'avril 2007) (figure 5). Les 10 provinces ainsi que les Territoires du Nord-Ouest ont signalé une activité grippale étendue ou localisée dans au moins une de leurs régions de surveillance durant les semaines 7 à 14.

Les taux de participation hebdomadaire des provinces et des territoires à la déclaration des niveaux d'activité grippale sont demeurés élevés tout au long de la saison, les évaluations de l'activité grippale dans toutes les régions de surveillance de la grippe désignées ayant été rapidement transmises à la CIMRI durant 77 % des semaines de déclaration (40/52) au cours de la saison 2006-2007.

Durant la saison grippale 2006-2007, neuf provinces et un territoire ont enregistré en tout 180 éclosions de l'influenza confirmées en laboratoire dans des établissements de soins de longue durée (ESLD). La plupart de ces éclosions (128 ou 71 %) ont été signalées entre la semaine 5 et la semaine 12 (fin janvier à la mi-mars 2007). Les déclarations d'éclosion ont culminé durant la semaine 9, 38 nouvelles éclosions dans des ESLD ayant été signalées dans huit provinces (figure 6). Des éclosions de l'influenza ou de SG ont également été recensées dans des hôpitaux (= 11, dans trois provinces), des écoles (= 268, dans sept provinces) et d'autres types d'établissements (= 32, dans cinq provinces).

 

Figure 5. Nombre de régions de surveillance signalant une activité grippale localisée ou étendue, selon la semaine, Canada, 2006-2007

 

Figure 6. Nombre d'éclosions signalées dans des établissements de soins de longue durée (ESLD), selon la semaine, Canada, 2006-2007

 

5) Hospitalisations infantiles attribuables à l'influenza et données de mortalité

Hospitalisations associées à l'influenza chez les enfants

Pendant la saison grippale 2006-2007, 12 centres hospitaliers du réseau IMPACT dans huit provinces ont déclaré 370 hospitalisations attribuables à l'influenza chez les enfants. L'influenza de type A représentait 84,1 % du nombre total de cas d'hospitalisations (311/370) et le type B 15,1 % des cas (56/370). Trois de ces cas (0,8 % ou 3/370) étaient infectés par l'influenza de type A et de type B. La maladie, pour la majorité des hospitalisations, était attribuable à l'influenza de type A pour la plus grande partie de la saison cependant, les quelques dernières hospitalisations signalées au cours de la saison (fin mai/début juin) étaient attribuables à l'influenza de type B. Les hospitalisations attribuables à l'influenza de type A ont atteint un sommet au cours de la semaine 9 (fin février/début mars n = 41), tandis que les infections attribuables au type B ont atteint leur sommet au cours de la semaine 14 (début avril; n = 70 (figure 7). Des 370 hospitalisations chez les enfants, deux hospitalisations, qui avaient été enregistrées dans deux centres différents, dans deux provinces, se sont soldées par un décès attribuable à l'influenza ou à des complications de l'influenza (taux de létalité = 0,5 %). L'un des décès a été attribué à une infection par le virus grippal A (sous-type H1N1) et l'autre décès a été attribué à une infection par le virus grippal B.

 

Figure 7. Nombre hebdomadaire d'enfants admis dans des hôpitaux du réseau IMPACT, selon le type de virus grippal, Canada, 2006-2007

 

La déclaration des cas d'hospitalisation pour l'influenza chez les enfants a débuté à différents moments dans les 12 hôpitaux du réseau IMPACT. Le premier cas, qui était attribuable au virus de type A, a été signalé par un hôpital d'Edmonton au cours de la semaine 37 (mi-septembre), a été suivi durant la semaine 46 des premiers cas à Toronto (influenza de type B) et durant la semaine 47 de cas à Montréal (influenza de type A). À la semaine 6 (début février), les 12 centres avaient recensé au moins un cas. Le nombre d'hospitalisations déclarées par semaine a culminé au cours de la semaine 9 (de la fin de février au début de mars), atteignant 43 cas : 41 cas de l'influenza A, un cas de l'influenza B et un cas de co-infection par les virus A et B. Les derniers cas de la saison ont été enregistrés par des hôpitaux du Québec et de l'Alberta au cours des semaines 22 et 23 (fin mai au début juin), respectivement; les deux cas avaient été infectés par le virus B.

Voici la distribution selon le groupe d'âge des enfants hospitalisés pour la grippe : 19,7 % des cas (73/370) étaient âgés de 0 à 5 mois; 29,7 % (110/370) de 6 à 23 mois; 25,9 % (96/370) de 2 à 4 ans; et 24,6 % (91/370) de 5 ans. Des détails complets ou partiels sur la vaccination ont été obtenus pour 88,4 % des cas (327/370). Même si dans l'ensemble une petite proportion seulement d'enfants étaient immunisés, la proportion d'enfants immunisés de le groupe d'âge (tableau 5). La distribution selon le type de virus et le groupe d'âge des cas hospitalisés est présentée à la figure 8.

 

Tableau 5. Nombre d'enfants admis pour l'influenza dans des hôpitaux du réseau IMPACT, selon l'âge et l'état vaccinal, Canada, 2006-2007

Groupe d'âge

Nombre (%) d'hospitalisations liées à l'influenza confirmée en laboratoire

Nombre (% selon le groupe d'âge) d'hospitalisations avec une portion des détails concernant la vaccination

Nombre (% selon le groupe d'âge) d'immunisés contre l'influenza avant l'hospitalisation

0-5 mois

73 (19.7%)

73 (100%) - n/a*

0 (0%) n/a*

6-23 mois

110 (29.7%)

97 (88.2%)

15 (15.5%)

2-4 ans

96 (25.9%)

84 (87.5%)

17 (20.2%)

5 + ans

91 (24.6%)

73 (80.2%)

20 (27.4%)

Total

370

327

52

* Selon les recommandations du CCNI, la vaccination par les vaccins antigrippaux disponibles présentement ne sont pas recommandés pour les nourrissons âgés de < 6 mois.

 

Figure 8. Distribution des enfants admis dans des hôpitaux du réseau IMPACT, selon le type de virus et le groupe d'âge, Canada, 2006-2007

 

Évaluation de l'activité grippale au niveau international

États-Unis : Centers for Disease Control and Prevention (CDC)(2)

Au cours de la saison 2006-2007, à compter du début mars jusqu'à mai, les virus de l'influenza A (H1) étaient ceux les plus souvent isolés mais les virus de l'influenza de type A (H3) étaient identifiés plus souvent que ceux de type A (H1). Un petit nombre de virus de l'influenza de type B ont également été identifiés. À l'échelle nationale, de faibles niveaux d'activité grippale ont été signalés au mois d'octobre jusqu'à la mi-décembre; ces niveaux ont augmenté au mois de janvier et ont atteint leur sommet à la mi-février.

Entre la semaine 40/2006 et la semaine 20/2007 (du 1er octobre 2006 au 19 mai 2007), 13,2 % des échantillons testés (23 753/179 268) pour les virus grippaux par l'OMS et par les laboratoires du National Respiratory and Enteric Virus Surveillance System des États-Unis (É.-U.) étaient positifs. Parmi les 23 753 virus grippaux détectés, 79,2 % (18 817/23 753) étaient du type A et 20,8 % (4 936/23 753), du type B. L'activité grippale aux É.-U. a culminé à la mi-février.

Au cours de la saison grippale 2006-2007, les CDC ont procédé à la caractérisation antigénique de 1 107 isolats de virus grippaux : 486 appartenaient au sous-type A (H1), 289 au sous-type A (H3) et 332 au type B. Sur les 486 isolats du sous-type A (H1), 90,3 % (439/486) ont été caractérisés comme étant analogues à la souche A/New Caledonia/20/1999 (H1N1). Sur les 47 virus H1N1 faiblement réactifs, 9,3 % (45/486) présentaient des titres réduits avec antisérums produits contre A/New Caledonia/20/1999 (H1N1) et étaient analogues à la souche A/Solomon Islands/3/2006, un variant antigénique récent de la souche A/New Caledonia/20/1999 (H1N1); et 0,4 % (2/486) présentaient des titres réduits avec antisérums produits contre les souches A/New Caledonia/20/1999 (H1N1) et A/Solomon Islands/3/2006 (H1N1). Sur les 289 virus du sous-type A (H3), 23,9 % (69/289) ont été caractérisés comme étant analogues à la souche A/Wisconsin/67/2005 (H3N2) et 76,1 % (220/289) présentaient des titres réduits avec antisérums produits contre A/Wisconsin/67/2005 (H3N2). Sur les 332 virus du groupe B caractérisés, 23,5 % (78/332) appartenaient à la lignée B/Yamagata. La majorité des virus B caractérisés (76,5 % ou 254/332) appartenaient à la lignée B/Victoria : 128 (50,4 %) étaient analogues à B/Ohio/1/2005 et 126 (49,6 %) présentaient des titres réduits avec antisérums produits contre B/Ohio/1/2005.

À compter du 1er octobre 2006 jusqu'au 30 septembre 2007, 73 décès attribuables à l'influenza chez les enfants ont été signalés aux CDC. Les données concernant la présence (ou l'absence) d'une co-infection bactérienne ont été enregistrées pour 69 de ces cas dont 30 (44 %) positifs pour une co-infection et 22 (73 %) parmi ceux-ci étaient infectés par le Staphylococcus aureus (15 de ces 22 ou 68 % infectés par le S. aureus résistant à la méthicilline (SARM)). Le nombre de décès liés à l'influenza, chez les enfants, signalé au cours de 2006-2007 était modérément plus élevé que le nombre signalé au cours des 2 années de surveillance précédentes. Le nombre de décès attribués à la pneumonie ou la bactériémie causées par le S. aureus représente une augmentation d'ordre 5. Les enfants infectés par le S. aureus étaient plus susceptibles de contracter la pneumonie et le syndrome de détresse respiratoire aigu et la moyenne d'âge était plus élevée que ceux ne souffrant pas d'une co-infection au S. aureus. Les souches d'influenza isolées chez ces enfants n'étaient pas différentes de celles communément en circulation dans la collectivité et les souches de SARM étaient analogues à celles associées à une éclosion d'infection de la peau survenue aux É.-U.(3).

Échelle internationale : OMS( 4, 5)

Entre septembre 2006 et août 2007, l'activité grippale a été légère à faible, en général. En Amérique du Nord, elle a commencé en novembre 2006, ce qui est tard comparativement aux années précédentes; elle s'est intensifiée en décembre. En Asie et en Europe, elle a commencé en décembre 2006 et s'est intensifiée en janvier 2007. L'activité grippale dans l'hémisphère Nord a dans l'ensemble diminué au mois d'avril et au mois de mai 2007. Pour ce qui est de l'hémisphère Sud, l'activité grippale a commencé en avril 2007 en Amérique du Sud, s'est intensifiée de mai à juillet, puis a diminué en août; en Océanie et en Afrique du Sud, elle a commencé en juin 2007, a culminé de juillet à août, puis a diminué en septembre.

Des virus grippaux A (H1N1) ont circulé et entraîné des éclosions dans certains pays d'Asie, d'Europe de l'Est, d'Amérique du Nord et d'Océanie. Les virus caractérisés au début de la saison étaient étroitement apparentés sur le plan antigénique à la souche A/New Caledonia/20/1999; toutefois, la majorité des isolats obtenus plus tard pendant la saison étaient antigéniquement similaires à A/Solomon Islands/3/2006.

Des virus grippaux A (H3N2) ont circulé et entraîné des éclosions dans de nombreux pays d'Asie, d'Europe, d'Amérique du Sud et d'Océanie. Certains des isolats caractérisés étaient antigéniquement similaires à la souche A/Wisconsin/67/2005 utilisée pour le vaccin antigrippal, mais la proportion d'isolats antigéniquement similaires à A/Brisbane/10/2007 a augmenté.

Des virus grippaux B ont circulé et entraîné des éclosions dans certains pays d'Asie, d'Europe de l'Est et d'Amérique du Sud. Les lignées B/Victoria/2/1987 et B/Yamagata/16/1988 ont toutes deux été détectées dans de nombreux pays, mais en proportions variables.

Grippe aviaire(6)

Entre le 1er septembre 2006 et le 30 novembre 2007, l'OMS a signalé en tout 93 cas (65 cas mortels) d'infection humaine par le virus de la grippe aviaire A (H5N1) dans huit pays, y compris au Nigeria et dans la République démocratique populaire du Laos, qui ont connu leurs premiers cas. Depuis les premiers cas recensés en 1997, jusqu'à la fin de novembre 2007, un total de 335 cas ont été signalés (dont 206 sont décédés : taux de létalité de 61 %) dans les pays suivants : Viêt Nam, Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Azerbaïdjan, Chine, Djibouti, Égypte, Iraq, Turquie, Nigeria et République démocratique populaire du Laos.

Des données épidémiologiques plus détaillées ont été fournies sur les cas relevés jusqu'au 24 novembre 2006 (n = 256)(7). Cinquante-deux pour cent des cas (132/256) étaient âgés de < 20 ans, et 89 % (227/256) de < 40 ans. Le ratio hommes/femmes (n = 129 et 127, respectivement) était de 1,0. Le taux global de létalité a été de 60 %; c'est chez les 10 à 19 ans qu'il a été le plus élevé (76 %) et chez les ≥ 50 ans qu'il a été le plus bas (40 %). Le nombre de cas a culminé au cours des mois qui sont les plus froids dans l'hémisphère Nord.

Jusqu'à maintenant, toutes les données indiquent que le contact étroit avec des oiseaux morts ou malades est la principale source d'infection humaine par le virus de la grippe aviaire H5N1, une maladie qui demeure rare chez l'humain(8). Pour l'instant, l'OMS maintient son niveau de préparation à une pandémie de l'influenza à la phase 3, laquelle est décrétée lorsqu'un nouveau sous-type de virus grippal cause la maladie chez l'humain, mais que ce virus ne se propage pas encore efficacement et de façon soutenue entre les humains(9).

Analyse

Tout comme la saison 2005-2006, la saison grippale 2006-2007 a débuté plus tard qu'à l'habitude au Canada et semblait moins intense dans l'ensemble (plus faible proportion de résultats positifs aux tests de laboratoire pour l'influenza, moins d'éclosions dans les ESLD et moins de régions de surveillance grippale signalant une activité localisée et étendue) que les saisons précédentes. Contrairement à la saison 2005-2006, les virus grippaux A ont prédominé au cours de la saison 2006-2007 et ils ont touché surtout les très jeunes enfants et les personnes âgées.

Les virus grippaux ont commencé à circuler tardivement au Canada au cours de la saison 2006-2007, comme l'a montré le pic tardif dans les cas confirmés en laboratoire (semaine 10 ou début mars) par rapport au pic médian des saisons précédentes (semaines 5 à 6 ou du début à la mi-février). Le premier pic dans le nombre de cas confirmés en laboratoire a été observé dans les Prairies au cours de la semaine 50 (mi-décembre), puis d'autres pics ont été signalés en Colombie-Britannique (semaine 5), en Ontario (semaine 9) ainsi qu'au Québec et dans la région de l'Atlantique (semaine 10). Des virus grippaux ont été détectés pendant une plus longue période en Colombie-Britannique et en Ontario (48 de 52 semaines) et en Alberta (45 de 52) que dans le reste du pays.

Le nombre total de tests de détection de l'influenza effectués au Canada pendant la saison 2006-2007 (n = 100 864) était plus élevé que celui de la saison précédente (n = 87 303). Le pourcentage de tests effectués par habitant au cours de la saison 2006-2007 était de 313 pour 100 000 habitants. À l'échelle régionale, les pourcentages les plus élevés ont été enregistrés en Alberta et en Saskatchewan (796 et 602 tests pour 100 000 habitants respectivement) et les plus faibles, à l'Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique (100, 107 et 115 pour 100 000 habitants respectivement). Une augmentation du pourcentage de tests effectués par habitant a été observée au Canada ces dernières années, et elle pourrait s'expliquer par une sensibilisation accrue à l'importance de l'influenza, par les préoccupations actuelles concernant les virus émergents (p. ex., infection humaine par le virus de la grippe aviaire) et la préparation à une pandémie, de même que par l'utilisation plus fréquente et plus facile des tests rapides de diagnostic de l'influenza.

Le pourcentage global de tests positifs durant la saison 2006-2007 (8,1 %) était semblable à celui de la saison 2005-2006 (8,5 %) et inférieur à ceux des saisons 2004-2005 et 2003-2004 (12,7 % et 12,3 % respectivement). Ceci est consistent avec les saisons plus tempérées. Au cours des 11 saisons entre 1996-1997 et 2006-2007, le pourcentage de tests positifs pour l'influenza variait entre 8,1 % et 12,7 % pour les saisons caractérisées par la prédominance du virus A (n = 7). Au cours de la saison 2006-2007, le pourcentage de tests positifs a atteint un maximum de 21,3 % (942/4 418 durant la semaine 10) comparativement à 20,4 % (649/3 181 durant la semaine 11) en 2005-2006.

Si l'on prend l'ensemble des cas d'influenza détectés, 87,5 % étaient dus au virus A et 12,5 %, au virus B. Ce sont les cas de virus A qui ont prédominé pendant la majeure partie de la saison, sauf durant les semaines 15 à 21 (du début avril à la fin mai) où la proportion de cas de virus B a dépassé légèrement celle des cas de virus A. Par contre, au cours de la saison 2005-2006, les cas de virus A et de virus B ont prédominé jusqu'à la semaine 8 (mi-février), après quoi les cas de virus A ont prédominé.

Le pic de détections du VRS s'est manifesté plus tôt au cours de la saison (30 % au cours de la semaine 52) comparé au pic des détections de l'influenza (21 % pour la semaine 10). Le pourcentage de détections positives du VRS pour l'ensemble de l'année 2006-2007 (11,5 %) était semblable à celui des saisons précédentes (7,1 % en 2005-2006 et 9,0 % en 2004-2005). On n'a observé aucun pic évident du pourcentage de détections positives des virus du parainfluenza ou de l'adénovirus au cours de l'année 2006-2007. Tout au cours de la saison, les détections positives hebdomadaires sont demeurées inférieures à 7 % pour les virus du parainfluenza et inférieures à 4 % pour ceux de l'adénovirus. Le pourcentage de détections positives pour le parainfluenza et l'adénovirus pour l'ensemble de la saison 2006-2007 (3,4 % et 1,9 % respectivement) était semblable à celui signalé au cours des saisons précédentes (4,0 % en 2005-2006 et 2,7 % en 2004-2005 pour les virus de parainfluenza et 2,4 % en 2005-2006 et 2,6 % en 2004-2005 pour les adénovirus).

Le LNM a caractérisé 1 023 virus grippaux ce qui représente 12,6 % du nombre total de détections du virus de l'influenza pour la saison 2006-2007 au Canada. Les virus de l'influenza du sous-type A (H3N2) comptaient pour 61,4 % (628/1 023) des virus et on comptait 27,0 % (276/1 023) pour le sous-type A (H1N1). Une plus faible proportion de virus B ont été détectés (119 ou 11,6 %), la majorité d'entre eux ayant été isolés au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. La plupart des isolats A (H3N2) et A (H1N1) caractérisés durant la saison 2006-2007 étaient analogues aux souches A/Wisconsin/67/2005 (H3N2) et A/New Caledonia/20/1999 (H1N1), respectivement, qui étaient les souches de l'influenza A incluses dans le vaccin antigrippal de 2006-2007. Seulement 10,1 % de tous les isolats de virus B caractérisés (12/119) étaient analogues à B/Malaysia/2506/2004, souche B recommandée pour le vaccin de 2006-2007. Les autres, soit 89,9 % (107/119), étaient analogues à B/Shanghai/361/2002 et appartenaient à la lignée B/Yamagata. Bien que les virus A (H3N2) aient prédominé tant au Canada qu'en Europe, la majorité des cas détectés aux É.-U. étaient dus aux virus A (H1N1).

Durant la saison grippale 2006-2007, on a détecté un degré moins élevé de résistance à l'amantadine chez les virus A (H3N2) en circulation, mais le degré de résistance observé n'était pas aussi élevé que durant la saison 2005-2006 (91,5 % ou 463/506). Compte tenu des profils de résistance à l'amantadine observés jusqu'à présent, l'ASPC continue de ne pas recommander l'utilisation de l'amantadine pour le traitement et la prévention de l'influenza(10). Durant la saison grippale 2006-2007, le LNM a également surveillé la résistance aux inhibiteurs de la neuraminidase chez les virus grippaux en circulation. Un seul isolat du sous-type A (H3N2) avait une faible résistance à l'oseltamivir parmi les 1 048 virus d'influenza A et B testés. L'isolat résistant provenait d'une personne immunodéprimée qui avait reçu un traitement à l'oseltamivir et à l'amantadine pour l'influenza et la pneumonie. Un isolat antérieur soumis à une épreuve de sensibilité aux antiviraux s'est révélé résistant à l'amantadine mais sensible à l'oseltamivir. Comme l'état du patient ne s'était pas amélioré, un nouveau test sur un deuxième isolat a révélé une résistance à l'amantadine et à l'oseltamivir, indiquant que le développement de la résistance à l'oseltamivir était associé au traitement. Le développement de la résistance aux antiviraux était à prévoir, en particulier chez les personnes immunodéprimées qui reçoivent parfois des traitements prolongés et répétés. Ces conclusions soulignent l'importance d'effectuer des épreuves de sensibilité aux médicaments antigrippaux afin de surveiller la résistance au Canada. Grâce à ces données sur la sensibilité, on pourrait utiliser les antiviraux pour réduire l'impact de l'influenza et avoir une meilleur compréhension globale des profils de résistance aux antiviraux.

Même si une proportion importante des cas de la saison 2006-2007 appartenaient au groupe des enfants de < 15 ans (39 %), cette proportion était légèrement plus faible que celle de la saison précédente (45 %). En fait, la proportion de cas observés appartenant au groupe des adultes de ≥ 25 ans (56 %) était plus élevée durant la saison 2006-2007 que durant la saison précédente (41 %). La répartition par âge des cas variait selon le type de virus grippal, la majorité des cas de l'influenza A ayant été recensés chez les enfants de < 5 ans (23 %), puis chez les personnes de 25 à 44 ans (22 %) et chez celles de ≥ 65 ans (20 %), et la majorité des cas de l'influenza B (68 %) ayant été détectés chez les adultes de ≥ 25 ans.

Les taux de consultation pour un SG sont demeurés inférieurs au taux moyen établi pour les neuf saisons précédentes pendant la plupart des semaines de la saison grippale 2006-2007, sauf durant les semaines 48, 9 (pic de SG) et 18. Les taux maximaux de consultation ont également coïncidé avec les nombres maximaux de régions signalant une activité grippale étendue et localisée et avec les nombres maximaux d'enfants hospitalisés en raison d'une infection grippale. Le taux le plus élevé était de 50 consultations pour un SG pour 1 000 patients examinés, ce qui s'apparente au taux obtenu au cours de la saison précédente. Le taux général de SG durant la saison active de l'influenza pour 2006-2007 (20 cas de SG pour 1 000 patients examinés) était plus élevé qu'en 2005-2006 (15 pour 1 000 patients examinés). Durant les deux saisons, les taux de SG ont été les plus élevés chez les enfants : 47 pour 1 000 dans le groupe des 0 à 4 ans et 32 pour 1 000 dans le groupe des 5 à 19 ans en 2006-2007 comparativement à 36 pour 1 000 et à 32 pour 1 000, respectivement, en 2005-2006.

Le nombre de régions de surveillance grippale qui ont fait état d'une activité localisée ou étendue a culminé durant la semaine 9, soit plus tôt que pendant la saison précédente, où il avait atteint un sommet durant la semaine 13. Le nombre de rapports d'éclosions survenues dans des ESLD en 2006-2007 (n = 180) était semblable à celui de la saison 2005-2006 (n = 167); ces deux nombres étaient toutefois inférieurs à celui de la saison 2004-2005 (n = 762) et sont consistent avec l'ensemble des saisons douces.

Le nombre d'enfants admis dans les hôpitaux participant au programme IMPACT en 2006-2007 était similaire au nombre enregistré au cours de la saison précédente (370 hospitalisations en 2006-2007 contre 374 en 2005-2006). Le nombre de décès déclarés en 2006-2007 (deux décès) était cependant inférieur à celui de la saison précédente (cinq décès). L'influenza A était à l'origine d'un plus grand pourcentage d'hospitalisations en 2006-2007 que durant la saison précédente (84,1 % contre 61,8 %). Au cours de la saison 2006-2007, une proportion plus élevée d'hospitalisations concernait des enfants de < 2 ans (49,5 % ou 183/370); la majorité des hospitalisations durant la saison 2005-2006 touchait cependant des enfants de > 2 ans (61,5 % ou 230/374).

Limites

Il faut interpréter avec prudence les résultats du système de surveillance de l'influenza et ce, pour plusieurs raisons :

  1. Bien qu'on ait accès aux données individuelles pour 86 % de cas d'influenza détectés au Canada (7 023 dossiers individuels soumis sur un total de 8 133 cas de l'influenza confirmés en laboratoire) qui ont été signalés par le PSDVR en 2006-2007, certaines provinces et certains territoires sont sous-représentés. La majorité des 14 % (1 110/8 133) de dossiers individuels non saisis dans la base de données nationale provenaient de l'Ontario (38 % ou 1 032/2 720 cas ontariens non comptabilisés dans la base de données nationale), ce qui témoigne d'une sous-représentation importante de cette province dans les données individuelles. De plus, la variation dans le nombre de données individuelles communiquées au fil du temps et leur distribution selon la province et le territoire risquent de refléter les différences qui existent d'une région à l'autre dans la taille et la distribution de la population, les pratiques et critères de détection et de déclaration ainsi que l'accès aux services diagnostiques la prudence est donc de mise.
  2. Les différences dans les résultats peuvent être dues à une variation dans la sensibilité et la spécificité des divers tests de laboratoire utilisés pour la détection de l'influenza et à des différences dans les pratiques de détection d'une province à l'autre et au fil du temps. La sensibilité et la spécificité des diverses méthodes de laboratoire pour le diagnostic de l'influenza varient selon le type de test ou de trousse utilisé et certains facteurs comme l'âge du patient, le moment où l'échantillon a été prélevé (c.-à-d. lorsque la prévalence de l'influenza dans la collectivité est élevée), la nature et la qualité de l'échantillon ainsi que l'expertise et les techniques disponibles pour l'interprétation des résultats.
  3. Même si 12,6 % du nombre total de détections de l'influenza pour la saison 2006-2007 au Canada a été effectué au LNM, la proportion d'isolats envoyés au LNM pour la caractérisation des souches varie selon la province ou le territoire (P/T). Par exemple, les P/T ayant la proportion la plus élevée de caractérisation de souche étaient la Colombie-Britannique (41,5 % du nombre total de détections caractérisées pour les détails des souches de la province), la Saskatchewan (32,1 %) et le Manitoba (23,7 %) tandis que les proportions les plus faibles ont été observées au Québec (seulement 3,5 %), au Nouveau-Brunswick (5,4 %) et dans les Territoires du Nord-Ouest (5,7 %). Alors, la distribution des détails concernant les souches n'est pas nécessairement consistante avec la distribution des détections positives de l'influenza dans les provinces/territoires.
  4. Les données selon l'âge devraient également être interprétées avec circonspection, car ces données peuvent résulter de biais dans l'utilisation des soins de santé et les habitudes de détection des médecins. Par exemple, la surveillance du SG ne permet pas de comptabiliser l'activité grippale chez les personnes âgées dans les ESLD, les enfants qui consultent des pédiatres ou la majorité des patients qui se présentent aux services des urgences et dans les cliniques ouvertes en dehors des heures de travail. En outre, les taux de consultation pour un SG peuvent au fil du temps varier selon la participation des sentinelles et la taille de la population déservie.

Références

  1. Reyes F, Macey JF, Aziz S et coll. La grippe au Canada : saison 2005-2006,. RMTC 2007;33(3):21-41.
  2. Centers for Disease Control and Prevention. 2006-07 U.S. influenza season summary. MMWR 2007;56(31);789-94.
  3. Centers for Disease Control and Prevention. Influenza-associated pediatric mortality and Staphylococcus aureusco-infection. URL: http://www2a.cdc.gov/HAN/ArchiveSys/ViewMsgV.asp?AlertNum=00268.
    Consulté le 8 février, 2008.
  4. Organisation mondiale de la Santé. La grippe dans le monde, septembre 2006-janvier 2007. Relevé épidémiologique hebdomadaire 2007;82:77-88.
  5. Organisation mondiale de la Santé. La grippe dans le monde, septembre 2006-août 2007. Relevé épidémiologique hebdomadaire 2007;82:358-60.
  6. Organisation mondiale de la Santé. Grippe aviaire. URL : http://www.who.int/csr/disease/avian_influenza/fr/index.html/. Consulté le 27 novembre 2007.
  7. Organisation mondiale de la Santé. Le point sur la grippe aviaire A(H5N1) chez l'homme : cas confirmés par l'OMS, 25 novembre 2003-24 novembre 2006, Relevé épidémiologique hebdomadaire 2007;82:41-47.
  8. Organisation mondiale de la Santé. Grippe aviaire : questions fréquemment posées. URL : http://www.who.int/csr/disease/avian_influenza/avian_faqs/fr/index.html. Consulté le 27 novembre 2007.

  9. Organisation mondiale de la Santé. Current WHO phase of pandemic alert. URL : http://www.who.int/csr/disease/avian_influenza/phase/en/index.html. Consulté le 27 novembre 2007.
  10. Agence de la santé publique du Canada. Recommandation concernant l'utilisation de l'amantadine pour traiter ou prévenir la grippe. URL : http://www.phac-aspc.gc.ca/media/nr-rp/2006/20061101-amantadine-fra.php. Consulté le 29 novembre 2007.

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier tous les partenaires du programme Surveillance de l'influenza pour la saison 2006-2007. Ils remercient tout spécialement Peter Zabchuk, Teresa Leung, Hui Zheng, Julie Bettinger et Wendy Vaudry pour leurs contributions à ce rapport; le Centre de recherche sur la volaille de l'Université du Manitoba, pour avoir fourni des œufs embryonnés; et Estelle Arseneault, pour avoir coordonné la traduction de ce rapport et en avoir assuré la révision.

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