ARCHIVÉ - Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des éclosions d'oreillons au Canada

 

8.0 Communication stratégique du risque

8.1 Contexte

La communication stratégique du risque est un processus bilatéral de collaboration entre les personnes et groupes concernés et les décideurs qui vise à renforcer la confiance et à forger une conception commune du risque. De cette façon, les stratégies d'atténuation du risque qui sont élaborées sont adaptées aux réalités sociales et culturelles particulières.

Lors d'éclosions, la communication stratégique du risque joue un rôle clé en encourageant les changements de comportement à l'intérieur de la collectivité qui peuvent contribuer à limiter la propagation des maladies infectieuses (p. ex., distanciation sociale, immunisation et pratiques d'hygiène). La demande d'information de la part des médias, de la population, des personnes dans le secteur des soins de santé, en particulier de celles qui sont infectées ou qui courent un grand risque d'infection, sera forte. Il importe de concilier les besoins de chacun de ces groupes. Le secteur des soins de santé et les populations à risque doivent constituer les groupes prioritaires, mais les médias peuvent également aider à diffuser des messages de santé publique à des auditoires secondaires.

Une stratégie de communication du risque permet aux autorités sanitaires et à d'autres organisations de fixer des objectifs de communication, d'identifier les personnes et groupes concernés et d'élaborer des plans, des activités et des messages adaptés à chaque groupe. Pour que cette communication soit efficace, il faut comprendre les attitudes, les perceptions et les comportements des intéressés. Ces connaissances peuvent être acquises par la recherche, mais si le temps manque, on peut y aller plus librement en dépouillant le corpus de connaissances existant et en effectuant des consultations non structurées.

Les enseignements en matière de communications tirés de l'éclosion de 2007 en N.-É. sont décrits à l'annexe 6.

8.2 Pratiques exemplaires de communication au moment d'une éclosion

La communication stratégique du risque est un élément critique de la gestion intégrée du risque durant une éclosion de maladie infectieuse. L'objectif est d'aider les décideurs et les intéressés à prendre des décisions éclairées assurant une gestion responsable et éthique du risque. Pour faciliter la communication stratégique du risque, les Directions des communications de l'ASPC et de Santé Canada ont préparé un Cadre de communication stratégique des risques(46).

Ce guide expose les cinq principes directeurs de la communication stratégique des risques qui s'harmonisent aux critères établis par l'OMS pour les pratiques exemplaires en cas de flambée de maladies infectieuses. Ces critères de l'OMS mettent l'accent sur la création de la confiance et il est bon de s'en rappeler lorsqu'on gère les communications durant une éclosion(47):

La communication stratégique du risque est essentielle à une gestion du risque intégrée
Il faut faire participer d'entrée de jeu les gestionnaires des communications et s'assurer qu'ils demeurent des membres actifs de l'équipe tout au long du processus. On doit collaborer à une déclaration d'opportunité qui définit l'ampleur du risque couru par les principaux intéressés et déterminer la possibilité d'atténuer ce risque. On établira les résultats comportementaux souhaités, qui devraient être mesurables et que viseront à atteindre tous les objectifs en matière de communications.

Les parties intéressées sont les principaux points de contact
Les personnes et groupes concernés constituent une source précieuse d'information, de connaissances, d'expertise et d'inspiration. Les décisions doivent tenir compte de leur perception des risques et avantages. Il faut faire participer les intéressés (étudiants et dirigeants d'université, professionnels de la santé) le plus tôt possible afin de mieux cibler la stratégie de gestion et de communication du risque. Par exemple, on sollicitera leur aide pour évaluer les obstacles qui peuvent empêcher différents groupes de suivre les conseils en santé publique, par exemple les recommandations de se faire vacciner ou de rester à la maison lorsqu'ils sont malades.

Les décisions sont fondées sur des preuves
Les décisions doivent s'appuyer également sur les données scientifiques et des recherches en sciences sociales sur les attitudes et croyances des intéressés. Par exemple, si d'après l'opinion scientifique, les étudiants d'université courent un grand risque d'infection par le virus des oreillons, il est nécessaire de disposer de données en sciences sociales pour guider l'élaboration de moyens efficaces d'atteindre ce groupe et réduire le risque. Au nombre des recherches en sciences sociales figurent les études d'opinion publique et la recherche par groupes de discussion, de même que l'information provenant de n'importe quelle autre source (survol des écrits, analyse comportementale, etc.).

Transparence
La communication avec les personnes et les groupes intéressés concernant les risques et avantages doit être ouverte. Les méthodes et les plans utilisés pour la gestion du risque doivent être faciles à comprendre et accessibles. Il faut indiquer clairement les lacunes qui persistent dans les connaissances et ce qu'on fait pour les combler. Il convient d'annoncer tôt les éclosions afin de contenir les rumeurs et prendre la direction des événements. Même si l'information est incomplète, la présence du gouvernement dès le début aide à gagner la confiance de la population. Il faut laisser de la place à l'imprévu et ne jamais faire des promesses (p. ex., « Le pire est passé »). Les éclosions sont imprévisibles, et les porte-parole ne devraient pas se montrer trop confiants ou induire la population en erreur.

Évaluation continue
On doit d'emblée établir des objectifs clairs et mesurables. On mesurera de façon continue les résultats par rapport aux objectifs afin de suivre les progrès. La stratégie sera au besoin adaptée pour respecter les objectifs et garantir son efficacité sur le plan temporel et financier.

8.3 Réseautage et collaboration

Les responsabilités en matière de communications durant une éclosion sont principalement gérées à l'échelle locale et provinciale. Il incombe à chaque province et territoire de communiquer de l'information concernant la situation sur son territoire. Comme les oreillons doivent être déclarés à l'échelle nationale, l'ASPC peut fournir de l'information du point de vue national. Elle peut également faciliter l'échange de messages clés, de matériel de communication et de renseignements sur les pratiques exemplaires en créant des groupes comme le CCI et le Réseau pancanadien de santé publique.

À l'échelle provinciale/territoriale, les communicateurs du gouvernement peuvent maximiser leur efficacité en travaillant avec les communicateurs des associations professionnelles et des établissements de santé. Des groupes de travail peuvent être mis sur pied pour échanger des messages et du matériel de communication. Les associations professionnelles peuvent aider à diffuser des messages sur l'éclosion et les tests diagnostiques auprès des dispensateurs de soins et des établissements de santé. Elles peuvent travailler avec les communicateurs gouvernementaux à promouvoir les séances de vaccination. Dans tout le pays, les gouvernements provinciaux/territoriaux peuvent s'entraider afin d'établir des pratiques exemplaires et d'échanger des messages et du matériel de communication s'il y a lieu.

Tableau 12. Recommandations relatives à la communication stratégique du risque

Stratégies de communication

Lors d'éclosions, la communication stratégique est un élément clé qui contribue au succès de la gestion du risque. Il importe que les gestionnaires et les communicateurs du risque collaborent à la détermination des changements de comportement souhaités qui permettront de réduire le risque chez les personnes et groupes concernés et de cerner les obstacles qui peuvent entraver le changement, ce qui les aidera à élaborer des stratégies efficaces d'atténuation du risque.

L'objectif de la communication stratégique du risque est de créer un lien de confiance avec les personnes et groupes touchés afin de les encourager à modifier leur comportement et ainsi de réduire leur risque. La meilleure façon d'y arriver consiste à les faire participer dès le départ et de communiquer de façon transparente tous les renseignements.

Voici quelques-unes des activités de communication possibles : identifier les porte-parole qui s'entretiendront avec les médias de la question et élaborer des infocapsules, des documents d'information et des questions et réponses.

Pour gérer efficacement une éclosion, il est essentiel d'échanger les messages clés, le matériel de communication et les meilleures pratiques avec toutes les provinces et tous les territoires.


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