ARCHIVÉ - Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des éclosions d'oreillons au Canada

 

3.0 Épidémiologie des oreillons au Canada

3.1 Avant 2007

Le nombre de cas signalés d'oreillons a diminué, passant d'une moyenne de 34 000 cas par année au début des années 50 à moins de 400 cas par année au début des années 90. Entre 2000 et 2006, 79 cas ont été recensés en moyenne chaque année, leur nombre variant de 28 en 2003 à 202 en 2002(1). Entre 1996 et 2006, le Canada a connu cinq éclosions, qui ont touché de 13 à près de 200 cas (tableau 1). Ces éclosions sont survenues surtout chez les enfants d'âge préscolaire ou d'âge scolaire, les adolescents et les jeunes adultes(2-5).

Tableau 1. Éclosions d'oreillons au Canada, de 1996 à 2006

Province

Année(s)

Nombre de cas

Groupe(s) d'âge touché(s)

Colombie-Britannique(2)

1996

83

15-24

Québec(3)

1998-1999

37

0.9-42
(10 en moyenne)

Alberta(4)

2001-2002

193

âge scolaire
âge préscolaire

Nouvelle-Écosse(5)

2005

13

13-19

Nouvelle-Écosse(5)

2005

19

20-27


La répartition par âge des cas d'oreillons au Canada a changé avec le temps. La proportion de cas signalés chez les 20 ans et plus est passée de 14 % en 1988-1990 à 64 % en 2003-2005(6), alors que chez les 1 à 9 ans, elle est tombée de 49 % à 17 % durant la même période(6).

D'après l'épidémiologie communautaire des oreillons, on présume que la plupart des personnes nées au Canada avant 1970 sont immunes, car elles ont probablement été exposées au virus sauvage des oreillons qui a circulé durant leur enfance. Dans la majorité des provinces et territoires, la plupart des gens nés entre 1990 et 1994 (selon la province ou le territoire de résidence) ont été invités à recevoir deux doses du vaccin contenant le virus ourlien après qu'une seconde dose du vaccin RRO ait été introduite en 1996-1997, soit dans le cadre d'une campagne de masse ou du calendrier de vaccination systématique, pour lutter contre la rougeole. Il reste ainsi une cohorte de personnes peut-être réceptives qui sont nées entre 1970 et 1990 (dans une moindre mesure jusqu'en 1994) et à qui l'on n'a offert qu'une dose du vaccin contenant le virus ourlien et qui n'auraient pas développé une immunité naturelle (figure 1). Il importe de noter qu'on ne connaît pas avec certitude l'âge auquel on peut présumer qu'une immunité naturelle contre les oreillons s'est développée, et certaines personnes nées avant 1970 peuvent demeurer réceptives aux oreillons. Voir la section 7.1 pour plus d'information sur le vaccin contre les oreillons et l'immunisation.

Figure 1. Cohortes canadiennes à qui l'on a offert une dose du vaccin contenant le virus ourlien, selon la province ou le territoire et l'année de naissance (âge en 2007)

3.2 Éclosion en 2007

En date du 5 mars 2008, on avait recensé au Canada 1 284 cas confirmés d'oreillons dont les symptômes avaient débuté en 2007. La grande majorité des cas (1 159 ou 90 %) résidait en Nouvelle-Écosse (N.-É.), au Nouveau-Brunswick et en Alberta (figure 2 et tableau 2). Les cas sont survenus majoritairement (58 %) dans le groupe des 20 à 29 ans (figure 3), qui compte un grand nombre d'étudiants de niveau collégial ou universitaire (50 % des cas dont on connaissait l'âge). Les deux sexes étaient également touchés.

La réceptivité particulière des étudiants de niveau collégial et universitaire est due à plusieurs facteurs. Ils sont trop jeunes pour avoir développé une immunité naturelle et trop vieux pour avoir bénéficié des programmes de vaccination systématique comportant l'administration de deux doses du RRO. La période de contagiosité des oreillons est assez longue (jusqu'à 16 jours) de même que sa période d'incubation (de 14 à 25 jours); de 20 à 30 % des cas contagieux ne présentent aucun signe ni symptôme. De plus, les modes de vie très grégaires et mobiles de ce groupe d'âge semblent faciliter la transmission de la maladie et nuire aux mesures de lutte. Les jeunes de ce groupe d'âge ont tendance à ne pas respecter les demandes d'isolement et ils ne participent pas en général aux initiatives de vaccination qui sont lancées. En outre, les étudiants de niveau postsecondaire partagent souvent un même logement ou une même chambre, nombre d'entre eux participent à des sports de compétition et fréquentent des bars/brasseries/discothèques et voyagent durant les vacances et relâches scolaires. Il ne serait pas étonnant qu'il y ait d'autres cas dans ce groupe démographique et peut-être dans d'autres provinces ou territoires.

On connaissait les antécédents d'immunisation de moins de la moitié des cas d'oreillons (586, 46 %) signalés en 2007. De ce nombre, 45 (8 %) avaient reçu deux doses ou plus, 430 (73 %) avaient reçu une seule dose, et 111 (19 %) n'avaient reçu aucune dose du vaccin contenant le virus ourlien.

Figure 2. Cas confirmés* d'oreillons au Canada, année épidémiologique 2007 (du 31 décembre 2006 au 29 décembre 2007) (n = 1 219**)



Tableau 2. Distribution géographique et répartition selon le sexe des cas confirmés d'oreillons signalés au Canada, qui sont apparus entre le 31 décembre et le 29 décembre 2007 (n = 1 284)

Province/territoire

Nombre de cas

% d'hommes

Nouvelle-Écosse

777

49

Alberta

258

58

Nouveau-Brunswick

124

57

Ontario

48

33

Colombie-Britannique

25

44

Québec

20

55

Île-du-Prince-Édouard

13

73

Terre-Neuve-et-Labrador

10

40

Manitoba

7

57

Saskatchewan

2

50

Nunavut

0

0

Territoires du Nord-Ouest

0

0

Territoire du Yukon

0

0

Total national

1,284

51


Figure 3. Proportion des cas signalés d'oreillons selon l'âge, qui sont apparus au Canada entre le 31 décembre 2006 et le 29 décembre 2007 (n = 1 284)

Les données sur les hospitalisations et les complications liées aux oreillons sont incomplètes. Les complications ont été notées dans environ 8 % des cas signalés en 2007: orchite (76), ovarite (neuf), perte auditive (huit), mastite (trois), méningite (un), encéphalite (un), pancréatite (un) et néphrite (un). Moins de 2 % des cas ont été vus aux urgences d'un hôpital, ont été gardés en observation pendant la nuit ou ont été hospitalisés.

Il est utile d'identifier la souche du virus pour distinguer les souches vaccinales des souches sauvages, établir des liens entre les cas et entre les éclosions, retracer les souches importées et documenter l'élimination d'une souche particulière dans une région donnée. La souche virale dans les deux éclosions survenues au Canada en 2007 (Maritimes et Alberta) est identique à la souche (génotype B) détectée lors des éclosions de 2005-2006 en N.-É., de l'éclosion dans de nombreux États américains en 2006 et de l'épidémie au Royaume-Uni (R.-U.) en 2004-2006. Dans l'éclosion aux États-Unis (É.-U.), plus de 6 500 cas ont été signalés dans 45 États. Au R.-U., l'épidémie a culminé en 2005, le nombre de cas déclarés d'oreillons atteignant plus de 50 000 et la majorité d'entre eux étant âgés entre 15 et 24 ans.

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