Dépistage rapide du VIH

Volume 40-18, le 20 novembre 2014 : La surveillance des transfusions sanguines et des transplantations de cellules et de tissus

Examen systématique

Examen du test de dépistage rapide du virus de l'immunodéficience humaine (VIH)

Ha S1*, Foley S1, Paquette D1, Seto J1

Affiliation

1 Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario)

Correspondance

shalane.ha@phac-aspc.gc.ca

DOI

https://doi.org/10.14745/ccdr.v40i18a06f

Résumé

Contexte : Au Canada, on estime que 71 300 personnes vivaient avec le VIH à la fin de 2011. Environ 25 % (14 500 à 21 500) des cas prévalents ignoraient qu'ils étaient infectés par le VIH. Une utilisation élargie du dépistage rapide du VIH pourrait augmenter la détection d'infections non diagnostiquées, permettre un traitement et des services de soutien plus précoces et prévenir la retransmission soutenue du virus.

Objectif : Examiner l'acceptabilité par les patients, l'incidence (définie comme la réception des résultats et le lien aux soins) et le rapport coût-efficacité du dépistage rapide du VIH.

Méthodologie : Une recherche d'examens systématique du dépistage rapide du VIH a été menée, à partir d'études menées dans des pays en développement et dans des pays développés du monde entier, publiés en anglais, entre 2000 et 2013. L'outil AMSTAR (évaluation méthodologique de la qualité des examens systématiques) a été utilisé pour évaluer la qualité méthodologique des examens systématiques inclus. Les résultats ont été résumés de façon descriptive pour chacun des résultats.

Résultats : Huit examens systématiques ont été inclus. L'acceptabilité du dépistage rapide du VIH était généralement élevée dans des contextes médicaux (69 % à 98 %), spécialement chez les femmes enceintes et les jeunes se présentant dans des salles d'urgence, mais était inférieure dans des contextes non médicaux (14 % à 46 %). Le pourcentage de personnes ayant obtenu le résultat de leur test était variable. Il était élevé (83 % à 93 %) dans les salles d'urgence mais était faible en contexte de soins accélérés à heures normales de travail (27 %). L'incidence sur la collaboration aux soins était limitée. Un seul examen systématique a porté sur le rapport coût-efficacité du dépistage rapide et a permis de conclure que le dépistage rapide du VIH était rentable, en comparaison avec les méthodes traditionnelles; toutefois, les résultats étaient tous fondés sur des modèles statiques.

Conclusion : Dans l'ensemble, le dépistage rapide du VIH a révélé un niveau élevé d'acceptabilité, une variabilité dans la réception des résultats de tests et une incidence limitée sur la collaboration aux soins. Bien que ces constatations suggèrent que le dépistage rapide du VIH peut être utile, des recherches plus approfondies sont requises pour confirmer chez qui, quand et où ils sont le mieux utilisés, ainsi que la façon d'améliorer la collaboration aux soins.

Introduction

À la fin de 2011, on estime que 71 300 personnes vivaient avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et le syndrome de l'immunodéficience acquise (sida) au Canada et environ 25 % ignoraient leur sérologie VIH Note de bas de page 1. Les personnes ignorant leur sérologie VIH sont incapables de tirer parti des services de soutien et des soins, présentent un risque accru de transmission du VIH ainsi que de contracter d'autres infections transmissibles sexuellement et par le sang. Des stratégies efficaces de dépistage permettant le diagnostic et le traitement précoces peuvent contribuer à améliorer les résultats pour la santé individuelle et de la population Note de bas de page 2.

Avec l'émergence de nouvelles technologies diagnostiques, le nombre d'options de tests du VIH augmente. Des tests rapides de dépistage du VIH sont disponibles à l'échelle mondiale, y compris sous forme de tests de fluide buccal et de tests de sang entier ou de plasma prélevé par piqûre au bout du doigt. Les tests de dépistage rapide du VIH peuvent se faire par autoadministration ou peuvent être administrés par un personnel formé. Au Canada, les tests de dépistage rapide du VIH peuvent uniquement être effectués par un personnel formé, en contexte de point de service (p. ex. : cabinet de médecin, clinique, services d'urgence) Note de bas de page 3,Note de bas de page 4,Note de bas de page 5. En outre, l'Agence de la santé publique du Canada recommande que les tests de dépistage rapide du VIH soient administrés avec du counseling prétest et post-test Note de bas de page 5.

Un seul test de dépistage rapide du VIH est homologué pour utilisation au Canada Note de bas de page 6. En octobre 2005, Santé Canada a approuvé le test INSTI de détection des anticorps anti-VIH-1 (un test de dépistage rapide du VIH à une seule utilisation) devant être utilisé en contexte de point service. En 2008, le permis a été modifié afin d'inclure le test INSTI de détection des anticorps anti-VIH-1/VIH-2 Note de bas de page 6. Il s'agit d'un test de détection des anticorps préliminaire pouvant être administré sur les lieux, où le patient peut recevoir les résultats immédiatement (< 1 h) Note de bas de page 7,Note de bas de page 8,Note de bas de page 9,Note de bas de page 10. Si un patient reçoit un résultat de test rapide réactif, un test de confirmation traditionnel en laboratoire est requis. Si le résultat du test est négatif (non réactif), aucun test supplémentaire n'est requis Note de bas de page 3,Note de bas de page 5.

Des études précédentes suggèrent que les tests en contexte de point de service ont le potentiel d'améliorer la gestion des maladies infectieuses en détectant de nouvelles infections, réduisant ainsi le nombre de personnes ignorant qu'elles sont infectées et facilitant la collaboration aux soins Note de bas de page 11,Note de bas de page 12. Pour s'assurer que les tests de dépistage rapide du VIH sont possibles, ils doivent également être rentables. L'objectif de cette revue rapide est d'examiner les données les plus actuelles sur l'acceptabilité par les patients, l'incidence (définie comme la réception des résultats de tests et la collaboration aux soins) et la rentabilité des tests de dépistage rapide du VIH.

Méthodologie

Nous avons suivi les méthodes de l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa pour effectuer des revues rapides Note de bas de page 13. Cette méthode est conçue afin de fournir rapidement aux décideurs une synthèse d'une riche documentation Note de bas de page 13. Un protocole de revue rapide a priori a été élaboré, comprenant : l'élaboration et l'amélioration des questions; une recherche systématique de la littérature; la présélection et la sélection de revues systématiques; l'évaluation de la qualité des données; une synthèse descriptive des études incluses. Note de bas de page 13.

Stratégie de recherche

Les bases de données suivantes ont été interrogées : Medline, Embase, Scopus, Social Policy and Practice, Proquest Public Health et Google Scholar. Les articles ont été inclus s'ils ont été publiés entre janvier 2000 et septembre 2013; les études provenant de pays développés et de pays en développement ont été incluses; les études sélectionnées étaient publiées en anglais. La stratégie de recherche incluait les mots-clés suivants : (« human immunodeficiency virus » OU « VIH ») ET (« Point of care » OU « point-of-care », « rapid test » OU « home-based test » OU « screen* ») ET (« linkage to care » OU « follow-up » OU « barrier* », « intervention* » OU « access* » OU « diagnos* ») OU («acceptab* », « willing* », « satisf* », « preference* ») OU (« feasib* », « economic* », « financ* », « cost* »). Les articles qui communiquaient des résultats sur la prévalence du VIH ou les études ne faisant pas mention des tests de dépistage rapide du VIH ont été exclus de la revue.

Évaluation de la qualité des études

La qualité de la méthodologie de chaque examen systématique a été évaluée à l'aide de l'outil AMSTAR Note de bas de page 14. L'outil AMSTAR consiste en un questionnaire à 11 éléments évaluant les critères suivants : utilisation d'une méthodologie a priori; sélection d'études en double et processus d'extraction de données; recherche approfondie de la littérature; utilisation du statut des publications comme critère d'inclusion; caractéristiques des études incluses; liste d'études incluses/exclues; évaluation de la qualité des études; utilisation appropriée du jugement scientifique dans la formulation de conclusions; utilisation de méthodes appropriées pour combiner les constatations des études; évaluation de la possibilité de biais de publication; reconnaissance de conflit d'intérêts. Pour s'assurer de la fiabilité de l'évaluation, deux des auteurs (SH, SF) ont évalué les examens systématiques à l'aide de l'outil AMSTAR. En cas d'irrégularités, une tierce partie a été invitée à évaluer le critère en question (DP).

Extraction des données

Pour chacun des examens systématiques inclus, deux auteurs (SH, SF) ont extrait des données sur la population; effectué des recherches en fonction des années, du nombre d'études incluses, de l'emplacement des études incluses, des objectifs des études, du type d'intervention et des résultats. Les résultats présentant un intérêt comprenaient : l'acceptabilité, la réception des résultats de tests de dépistage du VIH, la collaboration aux soins et la rentabilité. Après l'extraction de données, les deux auteurs ont comparé leurs constatations pour veiller à l'uniformité.

Résultats

La recherche initiale a permis d'obtenir 892 articles sur le dépistage rapide du VIH. Après avoir limité la sélection aux examens systématiques (n = 12), chaque article de la revue a respecté les critères d'inclusion (figure 1).

Figure 1 : Algorithme de recherche de la littérature et sélection d'examens systématiques sur le dépistage rapide du VIH dans le cadre de l'étude

Figure 1
Équivalent textuel - Figure 1

La figure 1 présente un organigramme de la recherche sur la littérature et du processus de sélection d'études pour des examens systématiques sur le dépistage rapide du VIH. La recherche initiale a permis de repérer un total de 892 articles. Après avoir limité la recherche à des examens systématiques, 877 articles ont été éliminés, ce qui a donné un total de 74 examens. Après avoir effectué une présélection de titre et d'extraits, 62 articles descriptifs ont été éliminés, ce qui a laissé un total de 12 examens systématiques. Quatre autres études ont été exclues; de ces études, une étude ne comprenait aucune mention du test de dépistage rapide du VIH ou du test de dépistage du VIH en contexte de point de service et trois études étaient fondées sur des diagnostics ou constituaient des études en laboratoire. Un nombre final de huit examens systématiques a été inclus dans cet examen rapide.

Une description des examens inclus et leur score respectif à l'outil AMSTAR sur 11 figure au tableau 1. Trois ont obtenu un score parfait à l'outil AMSTAR et un autre était de qualité élevée (avec un score de 8). Parmi les raisons pour lesquelles certains examens systématiques ont obtenu un score inférieur à huit, on compte : absence de sélection d'études en double et processus d'extraction de données; évaluation et documentation de la qualité des études; évaluation de biais de publication.

Tableau 1 : Description des examens systématiques inclus avec les scores AMSTARTableau 1 - Annotation a
Référence Objectifs Population et emplacement Période de recherche, intervention et nombre d'études incluses Score AMSTAR
(sur 11)
Bateganya (2007) Note de bas de page 17 Trouver et évaluer de manière critique les études portant sur la mise en œuvre de counseling et de dépistage volontaire à domicile du VIH; évaluer l'effet de cette intervention, en comparaison avec le counseling et le dépistage du VIH en établissement. Population : Adultes (> 15 ans)

Emplacements : Uganda et Zambie
Période visée par la recherche : 1980-2007

Intervention : counseling et dépistage du VIH volontaire

Nombre d'études incluses : 2
11
Bateganya (2010) Note de bas de page 8 Établir l'effet du counseling et du dépistage volontaire à domicile du VIH sur l'adoption du dépistage du VIH. Population : Adultes
(> 15 ans)

Emplacements : Zambie
Période visée par la recherche : 2007-2008

Intervention : counseling et dépistage du VIH volontaire

Nombre d'études incluses :Tableau 1 - Annotation a
11
Dibosa-Osadolor (2010) Note de bas de page 21 Examiner les données utilisées pour estimer la rentabilité du dépistage du VIH et évaluer les méthodologies des études économiques portant sur le dépistage du VIH. Populations : Diverses Emplacement : Non précisé Période visée par la recherche : 1993-2008

Intervention : Modélisation économique des programmes de dépistage et de diagnostic du VIH

Nombre d'études incluses : 17
7
Napierala Mavedzenge (2013) Note de bas de page 18 Mener un examen des politiques et de la recherche sur l'autoadministration de tests de dépistage du VIH. Populations : Diverses

Emplacements : Kenya, Zambie, États-Unis, Singapour, Afrique du Sud, Allemagne, Malawi, Pays-Bas, Royaume-Uni, France
Période visée par la recherche : 1980 - mai 2012

Intervention : Autoadministration de tests de dépistage du VIH

Nombre d'études incluses : 24
6
Pant Pai (2007) Note de bas de page 15 Résumer la précision globale des tests de diagnostic rapide du VIH pendant la grossesse; évaluer les résultats et l'incidence des tests; déterminer les obstacles pratiques liés à la mise en œuvre de l'autoadministration de tests de dépistage du VIH et du counseling chez les femmes enceintes. Population : Femmes enceintes (18 à 44 ans)

Emplacements : Afrique du Sud, États-Unis, Amérique latine, Asie du Sud-Est, Jamaïque
Période visée par la recherche : 1991 - juillet 2005

Intervention : Tests de dépistage du VIH en contexte de point de service chez les femmes enceintes.

Nombre d'études incluses : 17
8
Pant Pai (2013) Note de bas de page 9 Examiner les stratégies d'autoadministration supervisée et non supervisée de tests de dépistage du VIH. Populations : Diverses

Emplacements : États-Unis, Canada, Singapour, Inde, Malawi, Espagne, Kenya, Pays-Bas
Période visée par la recherche : janvier 2000 - octobre 2012

Intervention : Administration supervisée et non supervisée de tests de dépistage du VIH en contexte de point de service.

Nombre d'études incluses : 21
11
Roberts (2007) Note de bas de page 16 Examiner les résultats des tests rapides de dépistage du VIH sous forme de tests de fluide buccal et de tests de sang. Populations : Diverses

Emplacements : États-Unis, Kenya, Brésil, Zimbabwe, Burkina Faso, Mexique
Période visée par la recherche : janvier 2000 - juin 2006

Intervention : Dépistage rapide du VIH.

Nombre d'études incluses : 26
4
Turner (2013) Note de bas de page 19 Examiner les préférences et l'acceptabilité du dépistage en contexte de point de service chez les jeunes, documenter les taux de notification et déterminer les facteurs sociaux et démographiques associés à la préférence des jeunes pour les tests de dépistage rapide en contexte de point de service plutôt que les tests traditionnels. Population : Les jeunes.
(< 25 ans)

Emplacement : États-Unis
Période visée par la recherche : janvier 1990 - mars 2013

Intervention : Tests de dépistage du VIH en contexte de point de service.

Nombre d'études incluses : 14
7
Note de bas de page a

AMSTAR = évaluation méthodologique de la qualité des examens systématiques. Il s'agit d'un outil utilisé pour évaluer la qualité méthodologique des examens systématiques.

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Note de bas de page b

Cet examen a inclus une étude, car il s'agissait d'une mise à jour de l'examen de Bateganya (2007) Cochrane.

Retour à la référence de la note de bas de page b

Acceptabilité

Presque tous les examens (7/8) ont étudié l'acceptabilité. L'acceptabilité a été définie dans ces examens comme l'adoption par la population des tests de dépistage rapide Note de bas de page 8,Note de bas de page 9,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16,Note de bas de page 17 ou comme la préférence pour le patient d'un test de dépistage rapide, lorsqu'on lui offre le choix, par rapport au test en laboratoires traditionnel Note de bas de page 18,Note de bas de page 19.

Dans l'étude de Roberts et al., l'acceptabilité globale des tests de dépistage rapide administrés en contexte médical et communautaire a varié de 14 % à 98 % Note de bas de page 16. L'acceptabilité du dépistage rapide était inférieure (14 % à 46 %) dans les sites de test non traditionnels (p. ex. : bains publics, programmes d'échange de seringues, prisons et services d'urgence), par rapport au contexte médical (69 % à 98 %) (p. ex. : cliniques pour infections transmises sexuellement, unités réservées à l'accouchement et hôpitaux) Note de bas de page 16. L'important écart dans les taux d'acceptation peut avoir été influencé par des différences dans la définition de l'acceptabilité et par les méthodes de collecte de données.

Dans deux examens, l'acceptabilité des tests de dépistage rapide du VIH a été élevée chez les femmes enceintes Note de bas de page 15,Note de bas de page 16. Dans l'examen mené par Pant Pai et al., l'acceptabilité chez les femmes enceintes a été de 83 % à 97 % Note de bas de page 15. De façon similaire, dans l'examen de Roberts et al., l'acceptabilité chez les femmes enceintes a été de 74 % à 86 % dans les études américaines et de 93 % à 98 % dans les études internationales Note de bas de page 16. Chez les femmes enceintes, les facteurs suivants ont été associés à un niveau élevé d'acceptabilité des tests de dépistage rapide du VIH : âge (< 21 ans), niveau d'éducation supérieur et manque de soins prénataux appropriés pendant la grossesse Note de bas de page 15.

Chez les jeunes, l'examen de Turner et al. révèle que 35 % à 93 % des sujets ont accepté le test de dépistage rapide du VIH lorsque celui-ci leur était offert. Le taux d'acceptation de 35 % a été constaté dans une clinique externe pour adolescents Note de bas de page 19. Toutefois, en présence du choix entre les méthodes rapides ou les méthodes traditionnelles, les adolescents de cliniques externes ont sélectionné les méthodes rapides dans 70 % des cas Note de bas de page 19. Les taux d'acceptation les plus élevés (83 % à 93 %) ont été observés dans des salles d'urgence, ce qui porte à croire qu'il y a un taux d'acceptation élevé des tests rapides chez les jeunes se présentant aux services d'urgence Note de bas de page 19.

Dans l'examen de Mavedzenge et al., l'acceptabilité a été définie comme l'intérêt à l'égard de l'autoadministration. Chez les populations clés comme celle des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH) et les personnes se présentant aux services d'urgence, les auteurs ont constaté que l'acceptabilité à l'égard de l'autoadministration était de moyenne à élevée (62 % à 92 %) Note de bas de page 18. Les raisons liées à la préférence pour l'autoadministration comprenaient la vie privée, l'autonomie, la confidentialité, l'anonymat, la commodité et la rapidité.

Pant Pai et al. ont démontré que l'acceptabilité (choisir l'autoadministration plutôt que les méthodes de tests en laboratoire traditionnelles) était élevée en contexte supervisé et non supervisé Note de bas de page 9. En contexte supervisé, l'acceptabilité était élevée (74 % à 96 %) chez les personnes se présentant dans les services d'urgence, les HARSAH en contexte urbain, les étudiants universitaires et la population urbaine générale. Il convient de mentionner qu'une étude datant de 2001 a fait état d'un taux d'acceptation de 24 % chez les personnes fréquentant une clinique de soins liés au VIH. En contexte non supervisé, l'acceptabilité élevée (74 % à 84 %) était fondée sur deux études seulement, qui mettaient l'accent sur les professionnels de la santé et les HARSAH séronégatif pour le VIH Note de bas de page 9.

L'acceptabilité du dépistage rapide du VIH était variable parmi les différentes populations, mais était généralement élevée chez les femmes enceintes, les jeunes se présentant aux services d'urgence et en contexte médical. Des recherches plus approfondies sont requises afin d'explorer l'autoadministration en contexte non supervisé et les raisons des faibles taux d'acceptation en contexte non médical.

Réception des résultats de tests de dépistage du VIH

Quatre des huit (4/8) examens systématiques ont étudié l'incidence des tests de dépistage rapide du VIH sur la réception des résultats par les patients. Un examen systématique mené par Roberts et al. a permis de constater que 27 % à 100 % des clients se présentant en contexte médical et communautaire afin de recevoir un test de dépistage rapide ont reçu les résultats de leur test Note de bas de page 16. Le faible taux de 27 % est attribuable au fait que des résultats étaient disponibles le jour même dans une clinique de soins d'urgence aux heures ouvrables normales et que la plupart des participants sont partis avant que les résultats ne soient disponibles Note de bas de page 20. Dans les autres études, plus de 70 % des participants auxquels on a administré des tests de dépistage rapide dans les hôpitaux, les cliniques de soins pour infections transmises sexuellement, les refuges pour sans-abri, et les bains publics ont reçu les résultats de leur test Note de bas de page 16.

Dans un examen mené par Bateganya et al., les personnes ayant reçu du counseling et du dépistage volontaire (avec des tests rapides) à domicile étaient environ cinq fois plus susceptibles de recevoir les résultats de leur test, comparativement aux personnes ayant reçu du counseling et du dépistage volontaire dans une clinique Note de bas de page 17. Les auteurs ont mené un examen mis à jour qui incluait une étude supplémentaire et ont déterminé que 56 % des personnes ayant effectué leur test à domicile ont obtenu leurs résultats, comparativement à 12 %, pour ceux ayant effectué leur test en clinique Note de bas de page 8. Selon ces constatations, la réception des résultats de tests de dépistage rapide avait tendance à être de modérée à élevée, sauf dans les cliniques de soins d'urgence aux heures ouvrables normales.

Collaboration aux soins

Six sur huit (6/8) examens systématiques ont évalué la collaboration aux soins, bien que la définition de la collaboration aux soins varie d'un examen à l'autre. Roberts et al. ont défini la collaboration aux soins comme l'administration de soins médicaux et a déterminé que cela se produisait dans 47 % à 100 % des cas recevant un diagnostic de VIH par test de dépistage rapide Note de bas de page 16. Mavedzenge et al. ont défini la collaboration aux soins comme le lien avec des services de prévention, de traitement et de soins et ont conclu que les données sont insuffisantes pour déterminer si l'autoadministration de tests mène à une collaboration aux soins rapide Note de bas de page 18. Dibosa-Osadolor et al. ont déterminé que les tests de dépistage rapide du VIH permettent un pourcentage plus élevé de patients pour lesquels la collaboration aux soins est appropriée, comparativement aux tests traditionnels de dépistage du VIH Note de bas de page 21; toutefois, les pourcentages exacts n'étaient pas fournis. Bateganya et al. n'ont pas fourni de définition claire de la collaboration aux soins, mais ont inclus des études qui offraient du counseling volontaire prétest et post-test à domicile. En comparaison avec les personnes effectuant leur test et recevant du counseling en clinique, les personnes ayant reçu ces services à domicile étaient plus susceptibles d'accepter du counseling post-test Note de bas de page 17. Dans l'examen mis à jour de Bateganya et al., 12 % ont reçu du counseling post-test d'une clinique et 56 %, à domicile Note de bas de page 8. La plupart des examens reconnaissent que l'information au sujet de la collaboration aux soins est insuffisante Note de bas de page 9,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16.

Voir le tableau 2 pour obtenir un sommaire des données en matière d'acceptabilité, de réception des résultats de tests, et de collaboration aux soins.

Tableau 2 : sommaire des données d'acceptabilité, de réception des résultats de tests et de collaboration aux soins par les références principales
Référence Acceptabilité Réception des résultats de tests de dépistage du VIH Collaboration aux soins
Bateganya (2007) Note de bas de page 17 Les personnes réparties aléatoirement effectuant leur test dans des emplacements optionnels (y compris les tests à domicile) étaient 4,6 fois plus susceptibles d'accepter du counseling et le dépistage volontaire que les personnes appartenant au groupe recevant ces services en établissement (risque relatif de 4,6; IC à 95 % 3,6-6,2) Note de bas de page 26. Au cours de l'année où les participants se sont vus donner le choix de recevoir les résultats de leur test de dépistage du VIH à la maison, les ils étaient 5,23 fois plus susceptibles de recevoir leurs résultats qu'au cours de l'année où les résultats étaient disponibles seulement en établissement (rapport de cotes de 5,23; IC à 95 % 4,02-6,8) Note de bas de page 27. La définition de collaboration aux soins n'était pas claire. Il semble que les personnes ayant reçu leurs résultats ont également reçu du counseling post-test.
Bateganya (2010) Note de bas de page 8 L'acceptabilité du counseling prétest et du test de dépistage du VIH était de 12 % c. 57 % (groupe disposant de l'option) Note de bas de page 26. 12 % ont reçu du counseling post-test et les résultats de leur test de la clinique locale; 56 % ont reçu leurs résultats et du counseling à domicile (risque relatif de 4,7; IC à 95 % 3,62-6,21) Note de bas de page 26. La définition de collaboration aux soins n'était pas claire. Il semble que les personnes ayant reçu leurs résultats ont également reçu du counseling post-test.
Dibosa-Osadolor (2010) Note de bas de page 21 s.o. s.o. Le dépistage rapide des anticorps a aussi donné lieu à un pourcentage plus élevé de patients pour lesquels la collaboration aux soins était appropriée Note de bas de page 28,Note de bas de page 29,Note de bas de page 30,Note de bas de page 31.
Napierala Mavedzenge (2013) Note de bas de page 18 Les travailleurs de la santé de pays africains ont manifesté un vif intérêt pour l'autoadministration de tests, à savoir dans 73 % à 79 % des cas Note de bas de page 32,Note de bas de page 33,Note de bas de page 34.

Dans des études menées aux États-Unis, des patients de services d'urgence et des HARSAH Tableau 2 - Annotation b ont présenté un niveau élevé d'acceptabilité, de l'ordre de 83 % à 89 % Note de bas de page 35,Note de bas de page 36,Note de bas de page 37.
s.o. Données insuffisantes.
Pant Pai (2007) Note de bas de page 15 Acceptabilité globale : 83 % à 97 % Note de bas de page 38,Note de bas de page 39,Note de bas de page 40,Note de bas de page 41,Note de bas de page 42.

Il n'y a aucun consensus clair pour ce qui est de la préférence des patients pour la méthode de test rapide (p. ex. : sanguin ou fluide buccal).
s.o. Les détails sur la collaboration aux soins et la prévention n'ont pas été déclarés.
Pant Pai (2013) Note de bas de page 9 Acceptabilité globale : 74 % à 96 % en contexte supervisé et non supervisé Note de bas de page 7,Note de bas de page 35,Note de bas de page 43,Note de bas de page 44,Note de bas de page 45,Note de bas de page 46,Note de bas de page 47,Note de bas de page 48,Note de bas de page 49.

Contexte supervisé : 24 % à 95 % Note de bas de page 7,Note de bas de page 35,Note de bas de page 43,Note de bas de page 44,Note de bas de page 45,Note de bas de page 46,Note de bas de page 47 Contexte non supervisé : 78 % à 84 % Note de bas de page 48,Note de bas de page 49
s.o. Une seule étude en contexte non supervisé aux États-Unis a été déclarée : à 96 % des personnes séropositives au VIH solliciteraient du counseling post-test Note de bas de page 50.
Roberts (2007) Note de bas de page 16 Acceptabilité globale : 14 % à 98 % Note de bas de page 10,Note de bas de page 39,Note de bas de page 51,Note de bas de page 52,Note de bas de page 53,Note de bas de page 54,Note de bas de page 55,Note de bas de page 56,Note de bas de page 57,Note de bas de page 58,Note de bas de page 59,Note de bas de page 60,Note de bas de page 61,Note de bas de page 62,Note de bas de page 63,Note de bas de page 64. Réception globale des résultats de tests de dépistage du VIH : 27 % à 100 % Note de bas de page 10,Note de bas de page 20,Note de bas de page 51,Note de bas de page 54,Note de bas de page 55,Note de bas de page 56,Note de bas de page 59,Note de bas de page 63,Note de bas de page 64,Note de bas de page 65,Note de bas de page 66,Note de bas de page 67,Note de bas de page 68,Note de bas de page 69. Global : 47 % à 100 % (toutes les études pour les États-Unis) Note de bas de page 20,Note de bas de page 54,Note de bas de page 55,Note de bas de page 65.

Peu d'études ont examiné le taux d'accès aux soins médicaux chez les personnes recevant un diagnostic de VIH par test de dépistage rapide.  
Turner (2013) Note de bas de page 19 Acceptabilité globale : 35 % à 93 % Note de bas de page 70,Note de bas de page 71,Note de bas de page 72,Note de bas de page 73,Note de bas de page 74,Note de bas de page 75,Note de bas de page 76,Note de bas de page 77,Note de bas de page 78,Note de bas de page 79,Note de bas de page 80.

Le taux d'acceptation le plus bas a été constaté dans une clinique externe pour adolescents (35 %) Note de bas de page 73.

Les taux d'acceptation les plus élevés dans les services d'urgence (83 % et 93 %) Note de bas de page 74,Note de bas de page 77.

Entre l'option de tests rapides et de tests traditionnels, les jeunes sélectionnent les tests rapides 70 % du temps Note de bas de page 73.
Les participants ayant choisi un test rapide étaient plus susceptibles de recevoir leurs résultats de tests dans la période de suivi, comparativement aux participants qui choisissaient le test traditionnel (91,3 % c. 46,7 %; rapport de cotes, 12; IC à 95 % 3,98 - 36,14) Note de bas de page 73. 100 % des jeunes âgés de 13 à 17 ans ayant accepté le dépistage rapide reçoivent leurs résultats Note de bas de page 77. s.o.
Note de bas de page a

ITS = infections transmissibles sexuellement

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Note de bas de page b

HARSAH = hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes

Retour à la référence de la note de bas de page b

Rapport coût-avantage

Sur les 17 études de modélisation examinées par Dibosa-Osadolor et al., sept études se sont penchées sur les tests diagnostiques pour détecter le VIH. Quatre études de modélisation ont évalué de façon précise les tests de dépistage rapide avec notification immédiate du patient en contexte clinique. Les auteurs ont conclu que les tests de dépistage rapide du VIH étaient plus rentables que les tests traditionnels en laboratoire avec notification immédiate du patient Note de bas de page 21. Toutefois, la majorité des études de modélisation de tests de dépistage rapide examinées étaient basées sur des modèles statiques qui n'incluent pas de facteurs chronologiques. Cela peut potentiellement donner lieu à une surestimation de la rentabilité de maladies infectieuses Note de bas de page 21,Note de bas de page 22. Dans cet examen, aucune information n'était fournie sur les coûts directs et indirects des tests rapides ou sur le coût par année de vie ajustée par la qualité.

Discussion et conclusion

Notre étude rapide de huit examens systématiques a permis de déterminer que les tests de dépistage rapide du VIH présentent une acceptabilité généralement élevée, particulièrement chez les femmes enceintes, des écarts dans la réception des résultats de tests, et une incidence limitée sur la collaboration aux soins. Un examen a permis de déterminer que les tests de dépistage rapide étaient rentables, mais les études étaient basées sur un modèle statique et non dynamique; par conséquent, des études plus approfondies sont requises pour déterminer l'incidence des tests rapides sur la collaboration aux soins et leur rentabilité.

La méthode d'étude rapide est une approche relativement nouvelle qui présente ses forces et faiblesses. Cette méthode a comme force qu'elle permet de rapidement résumer les données pour les décideurs. En outre, les données sont présentées de façon transparente, ce qui permet aux utilisateurs de les évaluer et de prendre des décisions éclairées. Toutefois, quelques limites doivent être prises en considération au moment de l'examen des résultats. Le court délai du processus d'examen rapide peut faire que l'on passe à côté d'études n'ayant pas été incluses dans les examens, ce qui pose un risque de biais en raison de l'absence de renseignements pertinents. Ce court délai peut également exclure des examens systématiques récemment publiés ou qui sont en cours de publication Note de bas de page 23,Note de bas de page 24. De plus, les données de certaines études individuelles ont été citées plus d'une fois dans les examens systématiques, ce qui peut augmenter le niveau de confiance dans les résultats présentés dans cette étude rapide Note de bas de page 24,Note de bas de page 25. Enfin, les examens systématiques incluaient des études provenant de différents pays et donc de différents types de tests rapides de dépistage du VIH; par conséquent, les résultats de cet examen pourraient ne pas être extrapolables à d'autres tests rapides ou dans le contexte canadien.

Il semble que le fait d'offrir des tests de dépistage rapide du VIH dans différents contextes soit hautement efficace lorsque les résultats des tests peuvent être obtenus rapidement. Cela suggère que ces tests rapides pourraient diminuer la proportion de personnes qui ignorent leur sérologie VIH, et ils méritent donc d'être étudiés de façon plus approfondie. De plus amples recherches pourraient comparer l'efficacité d'une population et d'un contexte à l'autre, ainsi qu'explorer des façons d'améliorer la collaboration aux soins. Il serait utile d'effectuer une étude de rentabilité basée sur un modèle dynamique.

Remerciements

Les auteurs remercient Margaret Gale-Rowe, John Kim, Lisa Pogany et Tom Wong pour leur examen du présent article et leur participation à sa rédaction. Les auteurs souhaitent également remercier Cindy Smalley et Elizabeth Dekens pour leur contribution à la recherche de la documentation.

Conflit d'intérêts

Aucun.

Financement

Cette étude a été appuyée par l'Agence de la santé publique du Canada.

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