Programmes d’immunisation contre la varicelle

RMTC

Volume 41-10, le 1er octobre 2015 : Vaccins

Évaluation

Un petit souci : Pourquoi les programmes d’immunisation contre la varicelle sont importants

Harris T1*, Seo CY1, Shing E2, Wong K1, Fediurek J1, Deeks SL1,2

Affiliations

1 Santé publique Ontario, Toronto (Ontario)

2 Dalla Lana School of Public Health, Université de Toronto, Toronto (Ontario)

Correspondance

tara.harris@oahpp.ca

DOI

https://doi.org/10.14745/ccdr.v41i10a04f

Résumé

Objectif : Évaluer le programme de vaccination contre la varicelle de l'Ontario en analysant les cas de varicelle regroupés afin de déterminer s'il y a eu une diminution du fardeau de cette maladie à déclaration obligatoire et évaluer les effets secondaires suivant l'immunisation (ESSI) par le vaccin contre la varicelle.

Méthodologie : Les cas de varicelle regroupés (de 1993 à 2013) ont été extraits de la base de données sur les maladies à déclaration obligatoire. Les périodes ayant précédé (de 1993 à 2004) et suivi (de 2007 à 2013) le programme (période pré-programme et post-programme) ont été déterminées en fonction de la mise en œuvre du programme de vaccination pris en charge par le secteur public. Les données sur les effets secondaires suivant l'immunisation des vaccins contre la varicelle (de 2010 à 2013) ont également été extraites. Les taux de déclaration ont été calculés en prenant comme dénominateur le nombre net de doses distribuées. La définition des effets secondaires suivant l'immunisation graves suit les normes de l'Organisation mondiale de la Santé.

Résultats : D'après les cas de varicelle regroupés, l'incidence de la maladie a considérablement diminué au cours de la période de l'étude (de 311,4 à 22,2 cas pour 100 000 habitants en 1993 et 2013 respectivement). L'incidence a aussi grandement diminué dans tous les groupes d'âge entre la période pré-programme et la période post programme et un changement s'est opéré quant à la répartition selon l'âge (vers les personnes plus âgées) pendant la période post-programme. Au total, 162 effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin contre la varicelle ont été signalés entre 2010 et 2013, ce qui correspond à un taux de déclaration annualisé de 14,6 pour 100 000 doses distribuées. Les effets secondaires les plus courants étaient l'éruption cutanée (37,3 %), dont huit éruptions varicelliformes signalées (0,7 cas pour 100 000 doses distribuées). Dix cas d'effets secondaires graves ont été signalés (0,9 pour 100 000 doses distribuées); tous les patients ayant reçu le vaccin se sont rétablis.

Conclusion : L'étude a montré une diminution significative de l'incidence de la varicelle et de faibles taux de déclaration d'effets secondaires suivant l'immunisation à la suite de la mise en place d'un programme de vaccination contre la varicelle subventionné en Ontario. Pour évaluer plus en détail les tendances de la varicelle et l'innocuité des vaccins, il est indiqué de poursuivre les activités de surveillance.

Introduction

La varicelle est une infection primaire causée par le virus varicelle-zona (VVZ). Avant l'introduction des vaccins contre la varicelle, l'infection était considérée comme une maladie d'enfance omniprésente touchant 90 % des enfants avant l'âge de 12 ansNote de bas de page 1. Chaque année de 1994 à 2000, au Canada, environ 350 000 cas de varicelle survenaient, entraînant plus de 1 550 hospitalisations par an, tous âges confondusNote de bas de page 1. En outre, 59 décès associés à la varicelle ont été signalés à l'échelle du pays de 1987 à 1997Note de bas de page 1.

Un vaccin contre la varicelle à virus vivants atténués a été autorisé pour la première fois au Canada en 1998 et pouvait être acheté par les particuliers en OntarioNote de bas de page 2. En septembre 2004, une dose unique de vaccin contre la varicelle (Varilrix® [GlaxoSmithKline-GSK] ou Varivax® III [Merck]) a été ajoutée au calendrier d'immunisation subventionné de l'Ontario pour les enfants de 15 mois. En août 2011, une deuxième dose, administrée au moyen du vaccin contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle (RORV) (Priorix-Tetra® [GSK]), a été ajoutée au calendrier provincial pour les enfants de 4 à 6 ansNote de bas de page 3. De plus, les enfants nés le 1er janvier 2000 ou après, et ayant 1 an et plus pouvaient recevoir une deuxième dose du vaccin contre la varicelleNote de bas de page 4. Les enfants de cinq ans sont 77,8 % à avoir reçu une dose de vaccin contre la varicelle en Ontario d'après l'évaluation de la couverture vaccinale à l'école pour l'année scolaire 2012-2013Note de bas de page 5.

Avec la mise en œuvre des programmes d'immunisation universelle contre la varicelle chez l'enfant, on a observé une diminution de l'incidence de la maladie et du nombre d'hospitalisations associées au CanadaNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9Note de bas de page 10 et aux États-UnisNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14. Une diminution de l'incidence de la varicelle et de la morbidité a également été observée en Australie et dans certains pays européens (p. ex. Allemagne et certaines régions d'Italie et d'Espagne) après la mise en œuvre des programmes de vaccination contre la varicelleNote de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17. Un vaste suivi post-commercialisation du vaccin contre la varicelle réalisé sur près de deux décennies a montré que le profil d'innocuité du vaccin est excellent : la majorité des effets déclarés sont bénins (fièvre, éruption cutanée et réactions au point d'injection), et les effets secondaires graves sont raresNote de bas de page 18Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21.

L'étude de la couverture vaccinale, la surveillance de l'infection et les données sur l'innocuité du vaccin sont essentielles pour pouvoir évaluer en détail le programme de vaccination. Notre objectif consiste à évaluer le programme provincial de vaccination contre la varicelle en analysant les cas de varicelle regroupés signalés pendant la période de mise en œuvre du programme, de 1993 à 2013, ainsi que l'évaluation des effets secondaires signalés après l'administration de vaccin contenant le virus de la varicelle en Ontario entre 2010 et 2013.

Méthodologie

En Ontario, les lois provinciales sur la santé publique prescrivent de déclarer les cas de varicelle et les effets secondaires suivant l'immunisation (ESSI) au médecin hygiéniste de la région. Les bureaux de santé publique locaux examinent les déclarations et saisissent des renseignements, conformément aux lignes directrices en matière de surveillance provinciale dans le Système d'information sur la santé publique intégré (SISP-i), le système de déclaration électronique des maladies à déclaration obligatoire et des effets secondaires suivant l'immunisation en Ontario. Les cas de varicelle sont déclarés de manière individuelle et regroupée dans le SISP-i. Tous les bureaux de santé publique sont tenus de déclarer chaque mois les cas regroupés par groupes d'âge prédéfinis, ainsi que les cas individuels confirmés en laboratoire et les cas ayant donné lieu à une hospitalisation, à des complications particulières, ou au décès du patientNote de bas de page 22Note de bas de page 23Note de bas de page 24. Lorsqu'ils sont regroupés, les cas ne contiennent pas de détails individuels à part le groupe d'âge, le bureau de santé publique concerné et l'année et le mois de la déclaration. Le zona n'est pas une affection à déclaration obligatoire en Ontario.

Déclaration des cas de varicelle regroupés

Nos analyses se sont limitées aux cas de varicelle regroupés déclarés entre janvier 1993 et décembre 2013. Les cas de varicelle signalés individuellement n'ont pas été inclus dans l'étude. Nous avons extrait les cas regroupés signalés entre 1993 et 2004 à partir du portail de santé publique de l'Ontario le 24 mai 2012, et les cas regroupés signalés entre 2007 et 2013 à partir du SISP-i le 16 juillet 2014. Nous avons exclu les cas de 2005 et de 2006, car les données n'étaient pas complètes en raison du changement de base de données sur les maladies à déclaration obligatoire de l'Ontario (du système d'information sur les maladies à déclaration obligatoire au SISP-i). Pour déterminer quelles étaient les périodes précédant (de 1993 à 2004) et suivant (de 2007 à 2013) le programme subventionné, nous nous sommes basés sur les dates de mise en œuvre du programme public de vaccination contre la varicelle de l'Ontario. La période précédant le programme inclut la période où le vaccin contre la varicelle pouvait être acheté par les particuliers, mais n'était pas subventionné (à l'exception des quatre derniers mois de 2004). Les ratios des taux d'incidence ont été calculés pour examiner les changements dans l'incidence de la maladie entre les deux périodes (p. ex. le taux d'incidence de la période post-programme divisé par le taux d'incidence de la période pré-programme). Les tendances relatives aux taux d'incidence pendant la période de l'étude tout entière ont été évaluées selon la régression de Poisson.

Effets secondaires suivant l'immunisation

Le 28 avril 2014, nous avons extrait du SISP-i tous les signalements d'effets secondaires suivant l'immunisation survenus après l'administration d'un vaccin contenant le virus de la varicelle (vaccin monovalent contre la varicelle et vaccin RORV) entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2013. Les analyses descriptives se limitaient à définir les effets secondaires suivant l'immunisation comme « confirmés », c'est-à-dire qu'ils n'ont pas pu être attribués à d'autres causes. Une relation de cause à effet avec le vaccin n'a pas besoin d'être prouvée.

Chaque déclaration d'effets secondaires suivant l'immunisation correspond à une personne vaccinée et à un ou plusieurs effets secondaires temporellement liés à l'administration d'un ou plusieurs vaccins. Les effets secondaires ont été regroupés en fonction des définitions de cas provinciales. Nous avons sélectionné des catégories d'âge pour l'analyse d'après le calendrier recommandé pour l'immunisation systématique contre la varicelleNote de bas de page 3. Les taux de déclaration sont calculés en prenant comme dénominateur le nombre net de doses de vaccin distribuées dans le cadre du programme subventionné. Nous avons défini les effets secondaires suivant l'immunisation graves selon les lignes directrices en matière de déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation de l'Agence de la santé publique du Canada, lesquelles se basent sur la définition standard de l'Organisation mondiale de la SantéNote de bas de page 25Note de bas de page 26. Nous avons mené une recherche par mots-clés dans les remarques sur les cas afin de repérer les cas de varicelle ou d'éruptions ressemblant à un zona. Les effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin monovalent contre la varicelle et du vaccin RORV sont présentés séparément.

Nous avons effectué des analyses statistiques à l'aide de la version 9.3 du système SAS (Statistical Analysis System) et de Microsoft Excel 2010. Les valeurs de p inférieures à 0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives.

Résultats

Déclaration des cas de varicelle regroupés

Entre janvier 1993 et décembre 2013, 295 928 cas de varicelle regroupés ont été signalés en Ontario. L'incidence de la varicelle a considérablement diminué au cours de la période de l'étude et est passée de 311,4 cas pour 100 000 habitants en 1993 à 22,2 cas pour 100 000 habitants en 2013 (Figure 1).

Figure 1 : Nombre de cas de varicelle regroupés et incidence de la maladie de 1993 à 2013 en Ontario (n=295 928)

Figure 1 : Nombre de cas de varicelle regroupés et incidence de la maladie de 1993 à 2013 en Ontario (n=295 928)

Description textuelle : Figure 1

Figure 1 : Nombre de cas de varicelle regroupés et incidence de la maladie de 1993 à 2013 en Ontario (n=295 928)

Année Population Nombre Taux
1993 10 690 447 33 289 311,4
1994 10 827 501 27 826 257,0
1995 10 964 925 28 229 257,4
1996 11 082 903 12 351 111,4
1997 11 227 651 20 695 184,3
1998 11 365 901 21 950 193,1
1999 11 504 759 16 700 145,2
2000 11 683 290 26 812 229,5
2001 11 897 370 12 319 103,5
2002 12 093 299 16 274 134,6
2003 12 243 758 14 743 120,4
2004 12 390 068 17 819 143,8
2005 12 527 990    
2006 12 661 566    
2007 12 764 195 10 161 79,6
2008 12 882 625 8 165 63,4
2009 12 997 687 7 524 57,9
2010 13 135 063 7 980 60,8
2011 13 263 544 5 549 41,8
2012 13 411 994 4 535 33,8
2013 13 537 994 3 007 22,2

Entre les périodes pré-programme et post-programme, l'incidence globale de la varicelle a diminué de 180,5 à 51 cas pour 100 000 habitants, soit un ratio de 0,28 (intervalle de confiance à 95 % : 0,28-0,29). Les résultats ont également montré une importante diminution de l'incidence propre à l'âge dans tous les groupes d'âge. La plus grande diminution a été observée chez les enfants de 1 à 4 ans, puis chez les enfants de 5 à 9 ans et chez les enfants de moins de 1 an (Tableau 1). En ce qui concerne la répartition selon l'âge, les enfants de 5 à 9 ans ont continué à présenter la plus grande proportion de cas de varicelle (57 % dans les deux périodes). Cependant, un changement dans la répartition vers les personnes plus âgées a été observé dans la période post-programme. Entre les deux périodes, la proportion de cas chez les enfants de 10 à 14 ans a augmenté, passant de 10,8 % à 19,8 %, tandis que la proportion de cas parmi les enfants de 1 à 4 ans a diminué, passant de 26,1 % à 15,8 %.

Tableau 1 : Ratios des taux d'incidence de la varicelle par groupe d'âge en Ontario pour les périodes pré-programme et post-programme, soit de 1993 à 2013
Groupe d'âge (ans) Incidence pré-programme
(pour 100 000 habitants)
Incidence post-programme
(pour 100 000 habitants)
Ratio des taux d'incidence
(intervalle de confiance à 95 %)
Total 180,5 51 0.28 (0,28−0,29)
Moins de 1 an 137,1 50,3 0,37 (0,33−0,40)
De 1 à 4 ans 899,9 183,9 0,20 (0,20−0,21)
De 5 à 9 ans 1506,3 520,6 0,35 (0,34−0,35)
De 10 à 14 ans 282,0 167,6 0,59 (0,58−0,61)
De 15 à 19 ans 58,1 21,2 0,36 (0,34−0,39)
20 ans et plus 6,5 2,7 0,41 (0,39−0,43)

Effets secondaires suivant l'immunisation

Effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin monovalent contre la varicelle

Entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2013, 1 106 143 doses de vaccin contre la varicelle ont été distribuées et 162 cas confirmés d'effets secondaires suivant l'immunisation ont été signalés après l'administration du vaccin monovalent contre la varicelle. Le taux de déclaration annualisé est de 14,6 pour 100 000 doses distribuées. Il a augmenté de manière régulière, passant de 10,9 à 19,1 entre 2010 et 2013 (Figure 2). La fourchette d'âge était de 9 mois à 70 ans (âge médian : 4,5 ans) et 38,9 % des déclarations concernaient des enfants de 12 à 23 mois. Dans l'ensemble, 52,5 % des déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation concernaient des femmes, mais chez l'adulte de 18 ans et plus, ce chiffre passe à 92,9 % (n=13).

Figure 2 : Nombre d'effets secondaires suivant l'immunisation signalés après l'administration du vaccin monovalent contre la varicelle et taux de déclaration pour 100 000 doses distribuées en Ontario, par année entre 2010 et 2013

Figure 2 : Nombre d'effets secondaires suivant l'immunisation signalés après l'administration du vaccin monovalent contre la varicelle et taux de déclaration pour 100 000 doses distribuées en Ontario, par année entre 2010 et 2013

Description textuelle : Figure 2

Figure 2 : Nombre d'effets secondaires suivant l'immunisation signalés après l'administration du vaccin monovalent contre la varicelle et taux de déclaration pour 100 000 doses distribuées en Ontario, par année entre 2010 et 2013

Année Effets secondaires suivant l'immunisation confirmés Nombre de cas Taux de déclaration d'effets secondaires suivant l'immunisation confirmés
2010 17 156 044 10,89
2011 32 279 076 11,46
2012 55 367 879 14,95
2013 58 303 144 19,13

Le vaccin monovalent contre la varicelle avait été administré seul pour 62,3 % (n=101) des déclarations. L'effet secondaire le plus couramment déclaré était l'éruption cutanée (37,3 %), suivi de la douleur, la rougeur ou l'enflure au point d'injection (32,9 %) (Tableau 2). Une recherche par mots-clés dans les commentaires relatifs aux cas présente huit cas d'éruption varicelliforme, toutes suivant l'administration d'une première dose de vaccin, dont le délai médian de l'apparition est de 7,5 jours (fourchette : de 2 à 17 jours). Sept de ces effets se sont produits chez des enfants âgés de 12 à 23 mois et un chez un adolescent, mais aucun n'a été confirmé en laboratoire. Il y a également un signalement de zona confirmé en laboratoire chez un très jeune enfant présentant des symptômes ressemblant à ceux du zona 6,5 mois après l'administration de la première dose du vaccin. Le génotypage a confirmé la présence de la souche vaccinale du virus varicelle-zona isolée à partir d'un échantillon de peau.

Tableau 2 : Nombre et répartition des effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin contre la varicelle en Ontario, classés par catégories d'effets secondaires de 2010 à 2013
Catégorie d'effets secondairesTableau 2 - Note de bas de page 1 Effets secondairesTableau 2 - Note de bas de page 2 Toutes les déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation
n (%)Tableau 2 - Note de bas de page 3
Effets secondaires suivant l'immunisation graves
n (%)Tableau 2 - Note de bas de page 4
Taux de déclaration
(pour 100 000 doses distribuées)
Taux de déclaration de cas graves
(pour 100 000 doses distribuées)
Allergies Total 37 (23,0) 2 (5,4) 3,3 0,2
  • Réaction allergique - autres
2 (1,2) 0 (0,0) 0,2 0
  • Réaction allergique - peau
33 (20,5) 1 (3,0) 3,0 0,1
  • Événement pris en charge comme une anaphylaxie
2 (1,2) 1 (50) 0,2 0,1
Réaction au site d'injection Total 76 (47,2) 2 (2,6) 6,9 0,2
  • Cellulite
18 (11,2) 2 (11,1) 1,6 0,2
  • Abcès infecté
1 (0,6) 0 (0,0) 0,1 0
  • Abcès stérile
1 (0,6) 0 (0,0) 0,1 0
  • Nodule
10 (6,2) 0 (0,0) 0,9 0
  • Douleur/rougeur/gonflement
53 (32,9) 0 (0,0) 4,8 0
Événements neurologiques Total 6 (3,7) 4 (66,7) 0,5 0,4
  • Convulsions/crise
5 (3,1) 3 (60,0) 0,5 0,3
  • Encéphalopathie/encéphalite
1 (0,6) 1 (100,0) 0,1 0,1
Autres effets d'intérêt Total 14 (8,7) 1 (7,1) 1,3 0,1
  • Arthrite/arthralgie
1 (0,6) 0 (0,0) 0,1 0
  • Syncope avec blessure
1 (0,6) 0 (0,0) 0,1 0
  • Autres événements graves/inhabituels
12 (7,5) 1 (8,3) 1,1 0,1
Événements systémiques Total 69 (42,9) 5 (7,2) 6,2 0,5
  • Fièvre ≥ 38 °C
18 (11,2) 4 (22,2) 1,6 0,4
  • Cris/pleurs persistants
1 (0,6) 0 (0,0) 0,1 0
  • Éruption cutanée
60 (37,3) 1 (1,7) 5,4 0,1
  • Vomissements/diarrhée graves
2 (1,2) 1 (50,0) 0,2 0,1

Effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin RORV

Il y a eu huit déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation confirmés après l'administration du vaccin RORV entre le 8 août 2011 et le 31 décembre 2013. Le taux de déclaration est de 8,7 pour 100 000 doses distribuées. L'âge médian était de 5 ans (fourchette : de 1 à 10 ans). Le vaccin RORV avait été administré seul dans quatre déclarations sur les huit. Les effets secondaires qui ont eu lieu le plus sont la réaction au point d'injection (n=4) et la réaction allergique (n=2) (dont une anaphylaxie). Aucune d'entre elles n'était grave.

Discussion

Cette analyse a mis en évidence la considérable réduction de l'incidence de la varicelle au niveau de la population et le faible taux de déclaration d'effets secondaires suivant l'immunisation à la suite de la mise en place du programme d'immunisation contre la varicelle subventionné.

Déclaration des cas de varicelle regroupés

Le signalement des cas de varicelle regroupés a été utile pour décrire les tendances générales de l'épidémiologie de la maladie en Ontario, malgré les limites en matière de données décrites plus en détail ci-après. La diminution significative de l'incidence de la varicelle au cours de la période étudiée est cohérente avec les conclusions observées aux États-UnisNote de bas de page 27Note de bas de page 28 et suggère que le programme d'immunisation subventionné a eu un effet positif sur la réduction de l'incidence de la varicelle en Ontario. Cette conclusion est renforcée quand on compare les périodes pré-programme et post-programme : l'incidence était plus de 3,5 fois supérieure avant la mise en place du programme. Il convient aussi de noter que la période pré-programme comprend les années où le vaccin contre la varicelle pouvait être acheté par les particuliers au Canada (de 1998 à 2004), ce qui pourrait réduire l'ampleur de la diminution de l'incidence de la maladie entre les périodes pré-programme et post-programme si un recul du fardeau de la maladie a eu lieu à la suite de la mise en vente des vaccins aux particuliers. Les taux de recours aux soins de santé associés à la varicelle n'ont pas été analysés dans cette étude, mais la diminution de l'incidence de la maladie reflète la diminution des hospitalisations associées à la varicelle observées dans les provinces canadiennes, dont l'OntarioNote de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9. En outre, la baisse de l'incidence observée dans tous les groupes d'âge, y compris ceux qui ne sont pas visés par le programme d'immunisation subventionné (p. ex. nourrissons de moins de 1 an), laisse entendre que l'effet est collectif.

Nous pensons qu'un programme de vaccination des tout-petits changerait la répartition selon l'âge des cas en transférant le fardeau de la maladie vers des personnes plus âgées. Dans les périodes pré programme et post-programme, la majorité des cas de varicelle ont été observés chez les enfants de 5 à 9 ans. Cependant, au cours de la période post-programme, un plus grand nombre de cas ont été signalés chez les enfants de 10 à 14 ans que chez les enfants de 1 à 4 ans, contrairement à ce qui a été observé pour la période pré-programme. Nous pourrions continuer à voir ce changement dans la répartition selon l'âge à mesure que la cohorte vaccinée et la population immunisée naturellement vieillissent et que la couverture vaccinale de la plus jeune cohorte augmente. La diminution significative de l'incidence de la varicelle depuis la mise en œuvre du programme de vaccination à deux doses en 2011 mérite d'être étudiée plus en détail pour les exigences futures relatives à la déclaration de la maladie en Ontario.

Déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation

Les effets secondaires signalés en Ontario après l'administration des vaccins contenant le virus de la varicelle entre 2010 et 2013 correspondaient au profil d'innocuité des vaccins contre la varicelle : aucun signe de problèmes de sécurité. Le taux général de déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin contre la varicelle (14,6 pour 100 000 doses distribuées) est comparable au taux de déclaration pour d'autres vaccins administrés aux enfants dans leur deuxième année de vie en OntarioNote de bas de page 29. Toutefois, il est plus faible que le taux de déclaration d'effets secondaires suivant l'immunisation du vaccin contre la varicelle du Système canadien de surveillance des effets secondaires suivant l'immunisation (74 cas pour 100 000 doses distribuées)Note de bas de page 30 ainsi que celui des systèmes de surveillance passive des effets secondaires suivant l'immunisation aux États-Unis et en Europe (30 et 52,7 pour 100 000 doses distribuées, respectivement)Note de bas de page 19Note de bas de page 20. L'augmentation du nombre de déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation entre 2010 et 2013 était prévue étant donné l'expansion du programme d'immunisation contre la varicelle en 2011.

Les effets secondaires déclarés étaient principalement bénins (p. ex. réactions au point d'injection) et, comme on s'y attendait, l'éruption cutanée constituait l'effet secondaire le plus signalé (37,3 % des déclarations), ce qui correspond aux observations aux États-Unis et en Europe (32,6 % et 25,7 %, respectivement)Note de bas de page 19Note de bas de page 20. Une recherche par mots-clés a permis de distinguer une éruption cutanée de type varicelliforme (vésiculaire) dans la catégorie des éruptions cutanées, mais on ne sait pas si elle était attribuable à une souche de sauvage ou à la souche vaccinale, car aucun cas n'a été confirmé en laboratoire. En outre, nous avons constaté une déclaration de zona associé à la souche vaccinale confirmé en laboratoire, cas qui, bien que rare, est systématiquement observé dans les rapports de surveillance post-commercialisationNote de bas de page 18Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21. Les déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation graves n'ont pas été fréquentes. Elles étaient généralement liées à des réactions au vaccin contre la varicelle connues, mais rares, notamment l'ataxie cérébelleuse, signalée après la contraction de la varicelle de type sauvage ou après la vaccinationNote de bas de page 18Note de bas de page 19Note de bas de page 20Note de bas de page 21Note de bas de page 31. Le taux de déclaration d'ataxies cérébelleuses à la suite de l'administration du vaccin contre la varicelle était faible (0,18 cas pour 100 000 doses distribuées) et semblable au taux d'autres systèmes de surveillance post commercialisationNote de bas de page 18Note de bas de page 19Note de bas de page 20. Aucun effet secondaire grave nouveau ou précédemment inconnu n'a été signalé.

Les conclusions sur le vaccin RORV sont limitées en raison de sa faible distribution dans le programme subventionné à ce jour. Plus le vaccin sera utilisé, plus les déclarations d'effets secondaires suivant l'immunisation devraient être nombreuses et permettre de mieux comprendre le profil d'innocuité du vaccin dans l'ensemble de l'Ontario.

Limites

Les systèmes de surveillance passive constituent certaines limites comme le manque de données, les biais de déclaration et la sous-déclaration. En outre, la portée de cette analyse se limite à deux des trois composantes de l'évaluation d'un programme de vaccination.

Le fardeau de la varicelle en Ontario pourrait être sous-estimé en raison de la sous-déclaration des cas de varicelle regroupés (absence de signalement au niveau des parents, du médecin ou du bureau de santé publique). Toutefois, on ne connaît pas l'ampleur de cette sous-déclaration. En outre, étant donné que les cas regroupés ne peuvent pas être associés aux données individuelles (p. ex. résultats de laboratoire, données sur l'immunisation), les données peuvent comprendre des cas mal classés ou dupliqués, car signalés dans plus d'une source. Sans les données individuelles, il est difficile d'estimer l'importance des cas dupliqués et des cas dont la classification est erronée.

En ce qui concerne les données de surveillance des effets secondaires suivant l'immunisation, il y a peu de données de référence aux fins de comparaison, l'analyse des tendances temporelles est limitée et il n'existe pas de registre d'immunisation de la population. De plus, un autre travailNote de bas de page 29 a observé que le taux global de déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation en Ontario est plus de deux fois inférieur à ceux du reste du pays, ce qui est probablement lié à une certaine sous-déclaration, ainsi qu'aux différences dans les exigences de déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation entre l'Ontario et les autres provinces et territoires. En ce qui concerne le vaccin contre la varicelle, la consultation avant la vaccination au sujet des effets à attendre à la suite de la vaccination peut aussi entraîner une sous-déclaration des réactions légères notamment (p. ex. fièvre, éruption cutanée, réaction au point d'injection), dont certaines constituent pourtant des effets secondaires suivant l'immunisation à déclaration obligatoire en Ontario.

Conclusion

L'incidence de la varicelle a été considérablement réduite à la suite de la mise en place, en Ontario, du programme subventionné de vaccination contre la varicelle et aucun signe de problèmes d'innocuité n'a été repéré. Ces résultats contribuent à évaluer le programme d'immunisation contre la varicelle en Ontario, ce qui est essentiel pour assurer la réussite de celui-ci. Un suivi est en cours afin d'évaluer plus en détail les tendances de la varicelle et de la déclaration des effets secondaires suivant l'immunisation dans le contexte du récent passage au calendrier de vaccination à deux doses, contre une dose auparavant.

Remerciements

Nous aimerions exprimer nos sincères remerciements au personnel du bureau de santé publique de l'ensemble de la province. Son travail d'enquête et de déclaration sur la varicelle et les effets secondaires suivant l'immunisation est essentiel à l'évaluation du programme subventionné et de l'innocuité du vaccin en Ontario.

Conflit d’intérêts

Aucun

Financement

Ce projet a été financé par Santé publique Ontario.

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