Chapitre 11 : Actualités en épidémiologie du VIH/sida, Juillet 2010 – Surveillance des souches de VIH-1 au Canada
Chapitre 11 : Surveillance des souches de VIH-1 au Canada
Surveillance des souches de VIH-1 au Canada (Document PDF - 420 ko – 7 pages)
Points saillants
- Le Programme canadien de surveillance des souches et de la résistance aux médicaments ayant trait au VIH (programme SSR) surveille et évalue les souches de VIH et la transmission de la pharmacorésistance chez les personnes qui viennent de recevoir un diagnostic d'infection à VIH au Canada et qui n'ont pas encore été traitées.
- Bien que la souche B du VIH-1 continue de prédominer au Canada (89,4 % des échantillons cumulatifs analysés), diverses souches non B ont également été détectées.
- À la lumière des résultats du programme SSR, la probabilité d'une infection par la souche non B au Canada est plus élevée chez les personnes originaires de l'Afrique ou des Antilles que chez les personnes de race blanche et est aussi plus forte chez celles qui sont principalement exposées par le truchement de relations hétérosexuelles que chez celles qui sont surtout exposées par des relations sexuelles entre hommes.
Introduction
Le VIH est classé en types, groupes, sous-types et sous-sous-types selon sa variabilité génétique. Deux types de VIH ont été caractérisés chez les humains, le type I du VIH (VIH-1) et le type 2 (VIH-2). Ces deux types peuvent mener au sida et ils possèdent des différences bien documentées au chapitre de la transmission et des caractéristiques biologiquesNote de bas de page 1. Le VIH-2 est moins courant que le VIH-1 et sévit surtout en Afrique de l'Ouest. Le VIH-1, qui est le type dominant et le principal responsable de la pandémie de sida, peut être subdivisé en trois groupes génétiques : « M » (majeur), « O » ( outlier) et « N » (nouveau ou non M, non O)Note de bas de page 2. Les infections par le VIH-1 sont presque exclusivement causées par les virus du groupe M. Ces virus sont classés en sous-types (A-D, F-H, J et K) et en plus de 40 formes recombinantes circulantes ou CRF (p. ex. AB, CRF01_AE)Note de bas de page 3 Note de bas de page 4 Note de bas de page 5 Note de bas de page 6 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Note de bas de page 9 Note de bas de page 10.
Les sous-types de VIH-1 ne sont pas distribués de façon uniforme sur la planète. De nombreuses études ont estimé la distribution régionale et mondiale des sous-types et des CRF de VIH-1Note de bas de page 11 Note de bas de page 12. Selon le Réseau OMS/ONUSIDA pour l'isolement et la caractérisation du VIH, environ 50 % des infections diagnostiquées dans le monde ont été causées par le sous-type C du VIH-1 en 2004Note de bas de page 11. Ce sous-type prédomine en Inde, dans le Sud de l'Afrique et en Éthiopie. Le sous-type A du VIH-1 est à l'origine de 12 % des infections dans le monde. Il occupe une place dominante dans l'Europe de l'Est, l'Asie centrale et l'Est et le Centre de l'Afrique. Dans l'ensemble, le sous-type B du VIH-1 a été responsable de 10 % des infections diagnostiquées dans le monde et est le sous-type dominant au Canada, aux États-Unis, en Europe de l'Ouest, en Australie et dans certains pays asiatiques. Les autres principaux sous-types, tels que G et D, ont été mis en cause dans 6 % et 3 %, respectivement, des infections à VIH-1 diagnostiquées. Les deux principales formes recombinantes du VIH-1, CRF01_AE et CRF02_AG, sont actives en Afrique occidentale et centrale et dans le Sud-Est asiatique, respectivement, 5 % du fardeau mondial de l'infection à VIH-1 leur étant imputable.
La distribution mondiale des souches de VIH-1 évolue constamment. En raison de l'augmentation des voyages et de la migration, des infections par des sous-types non B sont de plus en plus souvent signalées dans d'autres régions du monde, et d'autres sous-types et formes recombinantes ne cessent d'être découvertsNote de bas de page 13. De plus, la proportion de sous-types non B croît constamment dans les régions où l'infection par le sous-type B dominait autrefois, telles que l'Amérique du Nord et l'EuropeNote de bas de page 14 Note de bas de page 15 Note de bas de page 16 Note de bas de page 17 Note de bas de page 18 Note de bas de page 19 Note de bas de page 20.
Le présent chapitre décrit les raisons pour lesquelles la surveillance des souches du VIH est importante et donne un aperçu de la prévalence des différentes souches de VIH au Canada décelées par le programme SSR. D'autres renseignements seront fournis dans la prochaine édition du rapport intitulé Souches de VIH-1 et résistance primaire aux médicaments au Canada (qui devrait être publié à l'automne 2010).
Surveillance des souches de VIH au Canada
Au départ, le programme SSR était constitué d'un ensemble intégré de projets qui visaient à améliorer la surveillance nationale du VIH. Il est le fruit de la collaboration des provinces et de la Division de la surveillance et de l'évaluation des risques et des Laboratoires nationaux du VIH et de rétrovirologie, de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Les échantillons de laboratoire (sérum de personnes jamais traitées qui viennent de recevoir un diagnostic d'infection à VIH) et les données épidémiologiques correspondantes sont transmis par les laboratoires de santé provinciaux à l'ASPC pour que cette dernière caractérise les souches de VIH et en évalue la pharmacorésistance. Les résultats sont ensuite communiqués aux autorités provinciales et autres parties intéressées. Un des principaux buts de ce programme est d'exercer une surveillance systématique des sous-types de VIH au Canada en vue d'atteindre quatre grands objectifs.
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Améliorer le diagnostic et les stratégies de dépistage du VIH
La grande diversité génétique du VIH a des répercussions importantes sur le dépistage dans les dons de sang, sur la capacité des tests diagnostiques de détecter de façon fiable les souches de VIH en circulation et sur la surveillance des patients. La section sentinelle du programme SSR, par l'entremise des services de référence des Laboratoires nationaux du VIH et de rétrovirologie, s'occupe de cet objectif en analysant les échantillons ayant obtenu des résultats atypiques. Grâce aux connaissances acquises sur les souches de VIH en circulation, il est possible de modifier les tests actuels pour qu'ils détectent de façon plus exacte tous les échantillons séropositifs. Cela a aussi une incidence sur la sûreté des réserves de sang, puisque les tests de dépistage utilisés dans les dons de sang devraient permettre de détecter les variants du VIH en circulation.
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Faciliter la mise au point de vaccins
La diversité génétique du VIH-1 vient compliquer la mise au point de vaccins. Il est important de connaître la distribution des sous-types viraux et les variations à l'intérieur des sous-types, afin de mieux cibler les activités de mise au point de vaccins et les tests, étant donné que l'efficacité réelle et possible des vaccins peut dépendre du sous-typeNote de bas de page 21 Note de bas de page 22.
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Évaluer les tendances relatives à la transmission du VIH
Bien qu'on ait eu recours à des analyses génétiques pour évaluer la propagation du VIH dans le monde, on ne s'entend guère sur l'effet des différences dans les sous-types de VIH sur la transmissibilité sexuelleNote de bas de page 23 Note de bas de page 24 Note de bas de page 25.u verticale (mère-enfant) du virusNote de bas de page 26 Note de bas de page 27 Note de bas de page 28 Note de bas de page 29. Certaines études font état de différences dans les propriétés biologiques de sous-types de VIH-1Note de bas de page 25 Note de bas de page 28 Note de bas de page 30. mais il reste à déterminer la signification de ces différences. Le fait de connaître la distribution des variants du VIH au Canada, ainsi que les facteurs épidémiologiques correspondants, contribuera à évaluer les répercussions des différences sur la transmissibilité. Les conséquences de ces observations sur la santé publique, notamment sur les stratégies de prévention et de traitement, sont particulièrement dignes d'intérêt.
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4. Évaluer la pathogenèse de l'infection à VIH et la progression des maladies associées au virus
Plusieurs études prospectives d'observation ont examiné le rôle joué par les sous-types génétiques dans la progression de la maladie. Certaines études semblent indiquer que le sous-type viral contribue aux taux de progressionNote de bas de page 30 Note de bas de page 31 Note de bas de page 32 Note de bas de page 33 Note de bas de page 34. alors que d'autres études montrent que la progression de la maladie ne diffère pas selon le sous-typeNote de bas de page 35 Note de bas de page 36. Toutes ces études comportent cependant une limite : il était difficile de tenir compte de nombreuses autres variables susceptibles d'influer sur la progression de la maladie, telles que l'accès aux soins médicaux, l'état nutritionnel, les facteurs génétiques liés à l'hôte, le taux plasmatique d'ARN du VIH-1 et le nombre de lymphocytes CD4Note de bas de page 37 Note de bas de page 38 Note de bas de page 39.
Des données récentes laissent entendre que les médicaments antirétroviraux actuellement sur le marché sont d'une efficacité égale contre les différents sous-types de VIH-1, mais que certains sous-types peuvent développer différentes formes de résistance contre des antirétroviraux particuliersNote de bas de page 40 Note de bas de page 41 Note de bas de page 42 Note de bas de page 43.
Sous-type de VIH 1 | Fréquence | Pourcentage |
---|---|---|
B | 4 109 | 89,4 |
C | 258 | 5,6 |
A | 81 | 1,8 |
AG | 39 | 0,9 |
AETableau 1 - Note de bas de page* | 34 | 0,7 |
D | 22 | 0,5 |
AD | 12 | 0,3 |
G | 7 | 0,15 |
BD | 4 | 0,09 |
AB | 2 | 0,04 |
BC | 2 | 0,04 |
F | 2 | 0,04 |
AC | 1 | 0,02 |
B/AG | 1 | 0,02 |
B/A | 1 | 0,02 |
H | 1 | 0,02 |
K | 1 | 0,02 |
K/AE | 1 | 0,02 |
K/AG | 1 | 0,02 |
CRF01_AETableau 1 - Note de bas de page** | 11 | 0,24 |
CRF02_AG | 5 | 0,11 |
CRF06_cpx | 3 | 0,07 |
Total | 4 598 | 100 |
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Sexe | Sous-type de VIH-1 |
Sous-type de VIH-1 Non BTableau 2 - Note de bas de page 2** |
Total n |
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Hommes | 3198 (93,05) | 239 (6,95) | 3437 |
Femmes | 894 (78,2) | 249 (21,8) | 1143 |
Total | 4109 (89,4) | 489 (10,6) | 4598 |
Groupe d'âge | Sous-type de VIH-1 BTableau 3 - Note de bas de page* n (%) |
Sous-type de VIH-1 Non-BTableau 3 - Note de bas de page 2** n (%) |
Total n |
---|---|---|---|
<15 | 12 (40,0) | 18 (60,0) | 30 |
15-19 | 69 (89,6) | 8 (10,4) | 77 |
20-29 | 732 (86,4) | 115 (13,6) | 847 |
30-39 | 1310 (87,7) | 184 (12,3) | 1494 |
40-49 | 1092 (94,3) | 66 (5,7) | 1158 |
50-59 | 395 (91,9) | 35 (8,1) | 430 |
60+ | 158 (89,8) | 18 (10,2) | 176 |
Total | 4109 (89,4) | 489 (10,6) | 4598 |
Origine ethnique | Sous-type de VIH-1 BTableau 4 - Note de bas de page* n (%) |
Sous-type de VIH-1 Non-BTableau 4 - Note de bas de page 2** n (%) |
Total n |
---|---|---|---|
Blancs | 2431 (96,6) | 85 (3,4) | 2516 |
Africains/Antillais | 83 (23,9) | 264 (76,1) | 347 |
Asiatiques/Arabes | 146 (87,4) | 21 (12,6) | 167 |
Autochtones (combinés) | 869 (94,9) | 47 (5,1) | 916 |
Asiatiques du Sud | 59 (66,3) | 30 (33,7) | 89 |
Latino Américains | 118 (96,7) | 4 (3,3) | 122 |
Autres/origine mixte | 23 (85,2) | 4 (14,8) | 27 |
Total | 4109 (89,4) | 489 (10,6) | 4598 |
Catégorie d'exposition | Sous-types du VIH-1 BTableau 5 - Note de bas de page* n (%) |
Sous-types du VIH-1 Non-BTableau 5 - Note de bas de page2 ** n (%) |
Total n |
---|---|---|---|
HRSH | 1452 (98,2) | 27 (1,8) | 1497 |
HRSH/UDI | 136 (95,1) | 7 (4,9) | 143 |
UDI | 1257 (97,4) | 33 (2,6) | 1290 |
Hétérosexuels/ VIH endémique | 20 (10,8) | 166 (89,2) | 186 |
Hétérosexuels/ VIH non endémique | 851 (81,6) | 192 (18,4) | 1043 |
Autre | 70 (69,3) | 31 (30,7) | 101 |
Total | 4109 (89,4) | 489 (10,6) | 4598 |
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Distribution des sous-types de VIH-1 au Canada
En 1995, on a détecté pour la première fois le sous-type A du VIH-1 chez une personne d'origine africaineNote de bas de page 44. Le VIH-1/2 a été détecté au Canada dès 1988Note de bas de page 45.
Les résultats cumulatifs obtenus à partir des données fournies par le programme SSR montrent que le sous-type B du VIH-1 prédomine (taux de 89,4 %) et que seulement 10,6 % de la population à échantillonner (n = 4,598) était infectée par des sous-types non B (voir la distribution détaillée des sous-types au tableau 1).
Les résultats du programme SSR semblent indiquer que les personnes infectées par un sous-type non B du VIH-1 sont plus souvent des femmes, sont jeunes au moment du diagnostic initial, sont d'origine africaine ou antillaise (comparativement aux personnes de race blanche ou d'autres origines ethniques) et mentionnent des relations hétérosexuelles comme principal facteur de risque (plutôt que des relations sexuelles entre hommes) (voir les tableaux 2 à 5 pour connaître la distribution des sous-types selon le sexe, le groupe d'âge, l'origine ethnique et la catégorie d'exposition).
Commentaires
L'introduction de nouvelles souches ou de variants du VIH au Canada est fort probablement liée aux voyages et à la migration en provenance de régions du monde où les souches non B du VIH-1 prédominent. Le risque d'accroissement de la diversité des sous-types de VIH-1 au Canada a un retentissement sur le diagnostic du VIH et la mise au point de vaccins. L'approbation des trousses de diagnostic de l'infection à VIH au Canada dépend en partie de leur capacité de détecter divers sous-types purs et recombinants, et pour être éventuellement utile au Canada, tout vaccin susceptible d'être mis au point devra tenir compte de cette diversité de sous-types. La surveillance des sous-types du VIH-1 permet d'examiner les différences dans la transmissibilité, la pathogénécité et le traitement selon le sous-type. Pour relever les défis associés à ces aspects de la diversité des souches de VIH, il est donc important de poursuivre la collecte systématique et l'analyse des renseignements touchant l'évolution dynamique des sous-types de VIH au Canada.
Remerciements
Il est possible d'exercer une surveillance à l'échelle nationale du VIH et du sida grâce à la participation de toutes les provinces et de tous les territoires aux activités de surveillance et à l'élaboration des grandes orientations en la matière. L'Agence de la santé publique du Canada remercie les coordonnateurs provinciaux et territoriaux de la lutte contre le VIH/sida, les unités de santé publique, les laboratoires, les dispensateurs de soins de santé et les médecins déclarants d'avoir communiqué des données confidentielles non nominales, aux fins de la surveillance nationale.
Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Division de la surveillance et de l'évaluation des risques
Centre de la lutte contre les maladies transmissibles
et les infections
Agence de la santé publique du Canada
Pré Tunney
Indice de l'adresse : 0602B
Ottawa (Ont.) K1A 0K9
Tél. : 613-954-5169
Fax : 613-957-2842
www.phac-aspc.gc.ca
Mission
Promouvoir et protéger la santé des Canadiens grâce au leadership, aux partenariats, à l'innovation et aux interventions en matière de santé publique.
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