Un conseiller autochtone fait adopter le changement, une personne à la fois

Le 25 mai 2021 - Nouvelles de la Défense

Par Steven Fouchard, Affaires publiques de l’Armée

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Le premier maître de 2e classe Pat Stevens

Le premier maître de 2e classe Pat Stevens était sur le point de prendre sa retraite des Forces armées canadiennes (FAC) après 18 années de service lorsqu’on lui a offert le rôle de conseiller autochtone de l’aumônier général des FAC.

Il a accepté avec plaisir le poste l’année dernière et a prolongé son service. Au cours d’une entrevue récente, le Pm 2 Stevens a expliqué qu’il n’était pas à l’aise avec sa propre identité autochtone au début de sa carrière et a parlé des progrès réalisés par les FAC et de la valeur de changer les points de vue, une personne à la fois.

L’entrevue suivante a été modifiée pour des raisons éditoriales.

Quand avez-vous assumé le rôle de conseiller autochtone et quelles sont vos responsabilités?

J’ai accepté ce poste en octobre de l’année dernière. En tant que conseiller autochtone de l’aumônier général, je suis chargé de conseiller les commandements, ainsi que les aumôniers, sur la spiritualité autochtone. Des questions sont soulevées – si une certaine cérémonie est appropriée ou au sujet de la reconnaissance de territoire. Je ne possède pas le pouvoir final de décision sur ces questions. Mes connaissances sont fondées sur le fait que je suis originaire de la Première Nation de Nipissing. J’ai un réseau de gardiens du savoir et d’aînés dans l’ensemble du Canada. Avec leur aide, je suis en mesure d’appuyer les commandements concernant la prise de décisions et les militaires autochtones.

Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a demandé d’assumer ce rôle?

Je me suis enrôlé dans les Forces armées canadiennes il y a environ 18 ans, et j’étais sur le point de prendre ma retraite. J’ai eu une bonne carrière, mais j’avais décidé que j’en avais fait assez. Quand on m’a offert de soutenir les peuples autochtones dans ce rôle, je n’ai pas pu refuser. J’ai changé mes plans de retraite et j’ai signé un autre contrat de cinq ans. 

Comment se déroule votre expérience à ce jour?

Je suis très enthousiaste. J’ai déjà conseillé quelques cours d’aumôniers. J’ai conseillé quelques commandements de la Marine. Grâce au modèle de travail virtuel utilisé en raison de la pandémie, je peux être à plusieurs endroits en même temps. Un matin je peux travailler avec l’équipe d’Halifax et en après-midi, je suis avec l’équipe de la côte Ouest.

Qu’est-ce qui vous a tout d’abord poussé vers le service militaire?

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CPO2 Pat Stevens, Conseiller autochtone auprès de l’aumônier général pour les Forces armées canadiennes tient le bâton à exploits du MDN/des FAC avec des membres des Rangers canadiens au Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa.

J’ai grandi à Sturgeon Falls, en Ontario; c’était une petite communauté. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités d’emploi. Je venais de terminer mes études secondaires et je ne savais pas quoi faire. Un recruteur de la Marine est venu dans ma communauté et j’ai dit : « Vous savez quoi? Je vais faire quelque chose d’absurde pour voir si je peux apporter des changements ». Je ne vous mentirai pas en disant que j’ai vécu une excellente expérience pendant toute ma carrière, car il y a eu des obstacles en cours de route, mais j’ai choisi mon cheminement et je n’ai fait que progresser depuis. Avec le soutien des Forces armées canadiennes, j’ai été capable de m’exposer à ma culture.

Au cours des premières années, j’avais très honte de mon identité culturelle. J’ai essayé de cacher qui j’étais. Maintenant, je parle ouvertement de ma culture et je crois que cela témoigne de tous les changements qui ont été apportés. Devons-nous encore parler de l’équité? Oui, sans aucun doute. Je crois que nous devrons toujours avoir cette conversation, mais lorsque nous nous améliorons un peu chaque fois, nous sommes sur la bonne voie.

Vous semblez avoir reçu un bon soutien tout au long de votre carrière.

Il y a certainement beaucoup de soutien pour encourager les gens. Je dis toujours aux gens que lorsqu’il est question de conversations culturelles, il y a beaucoup d’ignorance. Vous pouvez avoir une discussion constructive avec la majorité des gens à qui vous parlez, pourvu qu’ils soient conscients de leur ignorance. J’ai été en mesure de, je ne dirais pas convaincre, mais faire la lumière sur certaines de nos injustices historiques. Cela leur permet de mieux comprendre la situation. En ayant une meilleure compréhension, ils peuvent offrir un meilleur soutien aux peuples autochtones.

Quels sont quelques faits saillants de votre carrière jusqu’à présent?

L’un des moments les plus importants de ma carrière a eu lieu en 2008. À l’époque, je ne parlais pas beaucoup de ma culture, de mon identité. J’étais à bord du NCSM Halifax. Nous participions à ce que l’on appelle la tournée des Grands Lacs. Au cours de cette affectation, à Thunder Bay, une cérémonie a eu lieu pour remettre des plumes d’aigle aux militaires autochtones à bord du navire. Dans ma culture, les plumes d’aigle sont une reconnaissance des réalisations. Cela m’a ouvert les yeux. Les gens me demandent tous le temps : « Pat, pourquoi appuies-tu le gouvernement? N’es-tu pas en colère au sujet de ce qui s’est passé? ». Je leur réponds : « Oui, je peux m’attarder au passé, mais grâce à mon expérience, j’ai été capable d’aller de l’avant et j’ai obtenu du soutien tout au long de ma carrière. »     

Vous êtes-vous fixé des objectifs particuliers pour les cinq prochaines années de service?

Il est impossible pour une seule personne de régler tous les problèmes du monde. Je me concentre donc sur ce que je peux accomplir de façon individuelle chaque jour. Si je peux changer l’avis d’une personne chaque jour, j’aurai atteint mon objectif. Si je peux avoir un effet sur une personne aujourd’hui, 365 personnes par année, l’ampleur des changements sera astronomique. 

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